Chapitre 4
Bonjour à tous
Voici un nouveau chapitre.
Est-ce que Drago va pouvoir rencontrer Harry afin de pouvoir enfin éteindre la flamme de son béguin de jeunesse ?
Il le faut n'est-ce pas ?
Thomas a l'air d'un type bien non ?
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J'aime beaucoup le personnage de Drago car je pense qu'il a du potentiel pour devenir un meilleur homme (bon ce n'est pas difficile étant donné le personnage décrit dans le canon !).
Donc mon objectif, c'est qu'il soit heureux dans la vie et en amour. Mais c'est tellement jouissif d'écrire des histoires dans lesquelles son chemin n'est pas si facile, voire je lui mets quelques bâtons dans les roues.
C'est parti pour la confrontation HP-DM
Merci d'avance pour vos reviews
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Drago rentra au Chaudron Baveur complétement épuisé mais son moral était meilleur que la veille et même que ces dernières semaines. Sortir lui avait fait du bien et il avait trouvé plusieurs ouvrages qui semblaient passionnants. Certains ressemblaient pour lui à des pépites d'or et il avait hâte de les feuilleter. De plus il avait très faim et ça aussi c'était une bonne nouvelle. La tenancière lui avait promis du bout des lèvres un diner cinq minutes plus sur le palier de sa chambre lorsqu'il lui avait demandé en rentrant depuis la partie moldue du bar. Evidemment elle se comportait avec lui comme tous les autres sorciers sur le chemin de traverse. Elle ne l'appréciait pas et lui faisait remarquer par son ton sec et froid. Il croyait se rappeler qu'elle était à Poudlard en même temps que lui et il savait qu'il n'avait pas laissé de bons souvenirs à ses camarades d'école. Finalement Granger avait été très gentille et agréable alors que c'est elle qui devrait lui en vouloir le plus. Il réfléchissait à cela alors qu'il prenait une douche rapide. Seul bémol à cette bonne journée, la tenancière du Chaudron Baveur n'avait pas reçu de message pour lui. Aussi il espérait que Granger pourrait contacter Harry au moins ce soir.
Alors qu'il était en train de diner en même temps qu'il lisait la table des matières d'un des livres, il entendit à sa fenêtre le bruit caractéristique d'un hibou demandant à entrer. Il se leva d'un bond et son cœur se mit à tambouriner aussi fort que le hibou. Granger avait transmis le message. Il ouvrit le battant, l'oiseau s'engouffra et vint se poser sur le dossier de la chaise qu'il venait de quitter. Il paraissait très intéressé par ce qu'il restait dans son assiette. C'était une belle chouette, avec des yeux jaune doré magnifiques. Ses plumes blanches et ocres donnaient envie d'y plonger ses mains pour la caresser. Drago lui donna un morceau de son poulet qu'elle prit délicatement sans lui pincer les doigts. Il la caressa et soupira dans la douceur de ses plumes. Puis il prit l'enveloppe qui lui était adressée. « Drago Malfoy » était écrit à l'encre bleue. Il l'ouvrit doucement plein d'espoir. Il y avait juste quelques mots.
« Square Grimmaurd, Londres
7h30, demain matin
Je ferai le petit déjeuner
H »
Drago s'assit sur son lit et son regard passa de la lettre à la chouette qui lorgnait toujours sur le reste de poulet dans son assiette. Il sourit. C'était une chouette gourmande. Il relit à nouveau les mots de Harry, puis regarda à nouveau la chouette qui le regardait plein d'espoir.
- « Il veut bien me rencontrer lui dit-il en souriant. »
La chouette pencha la tête sur le côté comme si elle l'avait écouté. Alors il posa la lettre sur le lit et s'approcha de l'animal pour lui donner de nouveaux morceaux de poulet. Lorsqu'il ne resta rien dans l'assiette, la chouette s'envola pour disparaitre dans la nuit.
Le lendemain, Drago transplana square Grimmaurd. Il était dans un petit parc typiquement londonien entouré de maisons géorgiennes en briques rouges, collées les unes aux autres. Il avisa un banc public sur la droite sous un grand hêtre et alla s'y asseoir. Il avait presque quinze minutes d'avance et l'air était frais. Le brouillard assourdissait les bruits de la ville et les lampadaires venaient à peine de s'éteindre. La lumière de l'aube était faible, essayant de percer le voile qui entourait les immeubles. Il s'adossa au dossier et ferma les yeux. Quelques minutes passèrent et tout à coup, il était là ! Drago n'avait entendu ni le bruit du transplanage ni celui de ses pas. Harry était juste devant lui. Il était emmitouflé dans un grand manteau noir, coiffé d'un gros bonnet de laine bleu foncé et d'une écharpe rouge brique qui lui masquait le bas du visage.
Drago se leva brusquement et vit tout tourner autour de lui. Sa fatigue provoquait souvent ce genre d'étourdissements depuis quelques semaines lorsqu'il se relevait trop vite. Il tendit la main pour se retenir au banc, mais Harry le reteint en serrant son bras.
- « Bonjour Potter. Je suis désolé, je me suis relevé un peu vite.
- Bonjour Malfoy, il n'y a pas de mal. »
Harry jeta un œil autour de lui pour vérifier qu'ils étaient seuls, puis se tourna vers Drago.
- « Viens, suis-moi s'il te plait. Le petit déjeuner est prêt. »
Drago hocha la tête et ils sortirent du square par une petite porte en métal. Harry ferma derrière lui, jeta encore un œil dans la rue pour s'assurer qu'ils étaient seuls puis se posta face à la façade des maisons en brique. Il sortit alors un papier de sa poche et l'approcha du visage de Drago.
- « Pourrais-tu le lire pour lever le sortilège ? chuchota Harry »
Drago murmura l'adresse et aussitôt les maisons s'écartèrent pour laisser la place au numéro 12. Drago était sans voix. Non pas qu'il ne connaissait pas ce sort mais qu'Harry lui permette de connaitre son lieu de résidence secret le surprenait.
Il suivit Harry qui montait déjà les marches du porche et ouvrait la porte.
L'entrée était éclairée et chaude. Un porte-manteau positionné au milieu du couloir semblait attendre leurs affaires, avec ses grands bras en bois clair, comme les branches d'un arbre. Harry, après avoir enlevé ses chaussures, prit le manteau de Drago et le sien pour les accrocher aux patères, puis posa son bonnet au sommet, laissant ses cheveux noirs complètement en fouillis. Drago enleva ses gants et les mit dans les poches de son manteau et proposa d'enlever ses chaussures aussi. Harry sourit doucement et lui montra plusieurs pantoufles de toutes les couleurs et de plusieurs formes différentes.
- « Choisis celles que tu préfères. Elles se mettent directement à ta taille. Je te conseille les oranges fluos, ce sont les plus chaudes et les plus confortables. Il accompagna ses mots d'une lueur malicieuse dans ses yeux. »
Drago horrifié se tourna vers lui
- « Orange ! Mais je ne peux pas ! ça jurera beaucoup trop avec moi ! Et il enfonça ses pieds dans les pantoufles vert foncé. »
Harry rit immédiatement à ce mouvement et Drago se sentit heureux d'entendre cette musique qui raisonnait dans le couloir. Ce n'était pas le même son que le rire de Thomas. Il était beaucoup plus clair et brillant. Comme la gamme du dessus sur un piano. Harry ne laissa pas le temps à Drago de répondre à son rire et s'enfonça dans la maison. Ils arrivèrent dans une belle cuisine. L'air sentait bon le café, les pancakes et le bacon grillé. Drago en avait l'eau à la bouche.
- « Je t'en prie Malfoy, assis toi, proposa Harry en lui montrant une chaise de bar autour de l'ilot central. Et il posa une petite théière et une tasse devant Drago.
- Merci Potter. C'est gentil de m'offrir un aussi beau petit déjeuner, dit Drago surprit par sa propre gourmandise
- C'est du thé Earl Grey, j'espère que ça te convient ?
- Oui c'est parfait, je te remercie, compléta Drago en souriant. »
Drago promena son regard autour de lui pour détailler la cuisine. C'était propre, moderne et chaleureux mais paradoxalement impersonnel.
- « C'est… ta maison ? hésita Drago »
Harry sourit à nouveau doucement. C'était un sourire doux, profond, apaisant et joyeux.
- « Non. C'est le Square ici. C'est effectivement ma maison au sens qu'elle m'appartient. Mais je n'y habite pas. C'était celle de mon parrain Sirius Black, ton cousin. Il me l'a léguée à sa mort.
- Ah oui je me rappelle maintenant, l'interrompit Drago
- C'était le QG de l'Ordre du Phenix pendant la guerre, reprit Harry. Après celle-ci, je l'ai rénovée et j'y ai habité les premières années lorsque je travaillais au ministère. Mais ce n'était pas un lieu un pour moi. Il me fallait plus de verdure et d'espace extérieur. Je me sentais oppressé ici alors j'ai déménagé. Depuis la maison sert à mes amis proches, pour les fêtes, les diners. Cela nous évite de sortir et ainsi nous évitons la foule et les journalistes.
- Je comprends mieux pourquoi tu m'as fait entrer dans le secret. C'est une peu comme si nous avions partagé un petit déjeuner dans un café mais sans risquer d'être dérangé.
- Oui c'est bien ça. Et j'aime bien cuisiner les petits déjeuners alors j'en ai profité. Harry sourit à nouveau malicieusement et reprit. « Ne sois pas déçu, il n'y a pas tant de personnes qui connaissent ce lieu. Tu n'es pas un privilégié mais presque ».
Drago s'étouffa presque avec sa bouchée d'œuf brouillé.
- « Je… Comment ? Pas du tout, je ne suis pas déçu… Bafouilla Drago.
- Malfoy, laisse tomber, ce n'est pas important. »
Et il fit un geste de la main pour marquer sa déclaration. Un léger sourire restait encore sur ses lèvres alors qu'il commençait lui aussi à manger ses œufs. La gêne de Drago s'éteignit et il apprécia son thé. Le silence n'était pas pesant, c'était calme et paisible. Un moment comme celui-ci n'était jamais arrivé entre eux deux. Harry le laissait se reprendre gentiment. Il buvait son café tranquillement comme s'il partageait le petit déjeuner tous les jours avec Drago sans aucune difficulté, aucune pique, aucun sarcasme, aucune moquerie. Rien, juste un moment simple. Enfin alors qu'il attaquait son deuxième pancake, il regarda Drago et reprit la conversation.
- « Pourquoi voulais-tu me voir ? Hermione m'a dit que tu lui avais semblé stressé et fatigué et que tu me cherchais au département des aurors. Je ne le suis plus maintenant, aussi je ne sais pas si je pourrai t'aider si tu as des ennuis.
- Non ce n'est pas ça. Je pensais juste que je te trouverais là. C'était la dernière information à ton sujet que j'avais. Je voulais…. J'avais besoin de …. »
Drago baissa la tête et regarda fixement son assiette ne sachant pas comment formuler ce qu'il voulait dire. Deux ou trois minutes passèrent sans que Drago ne reprenne et Harry ne faisait aucune remarque. Alors Drago releva les yeux. Harry était attentif, il le regardait calmement et son écoute paraissait bienveillante. Quand Harry Potter était-il devenu cet homme ? Il n'avait plus rien du garçon un peu fou et survolté qu'il connaissait du temps de Poudlard. Au contraire, il n'y avait pas d'attente, pas de jugement dans ses yeux. Il était calme, posé et… il était beau ! Drago ferma les yeux. Il espérait que Harry ne pouvait pas lire dans ses pensées sinon il allait mourir de honte. Il respira profondément et rouvrit les yeux. Harry attendait toujours patiemment.
- « Je voulais savoir comment tu allais. »
Harry ne parut même pas surpris à ces mots. Un sourire glissa à nouveau sur ses lèvres mais sans moquerie.
- « Mieux. Bien même ! Et toi ?
- Je vais … bien aussi, répondit Drago, le mot « bien » avait eu un peu de mal à sortir, comme si sa bouche refusait de dire ce mensonge en face du visage serein et bienveillant de son interlocuteur. Alors Drago baissa légèrement les yeux.
- D'accord. Alors que deviens-tu ? Où étais-tu depuis Poudlard ? reprit Harry le regard perçant.
- Je suis parti en Europe, en Allemagne et en France puis la Bulgarie pour devenir maitre des potions. Ensuite je suis rentré pour tenter de travailler à Sainte Mangouste car mon pays me manquait. Mais ce n'était pas possible avec mon …. passé. »
Le dernier mot s'essouffla au bout de sa phrase. « Le ministère a refusé de valider ma Maîtrise. »
Se tenant bien droit sur sa chaise, il ajouta, « alors j'ai créé mon laboratoire et je fabrique, je modifie et améliore des potions, tout en faisant de la recherche, ici en Grande Bretagne. Je vends ma production à des apothicaires ici mais surtout j'améliore des formules ou en crée et je vends les licences à plusieurs hôpitaux sorciers en Europe et en Irlande. Je produis des potions médicinales pour la plupart.
- Ouah, félicitation ! J'ai toujours su que tu étais excellent en potion à l'école mais là, c'est une belle carrière et une belle performance. »
Ces félicitations faisaient chaud au cœur de Drago et il se sentait léger tout à coup. Et ce qui était incroyable aux yeux de Drago, c'était que Harry pensait réellement les mots qu'il venait de dire car tout son corps le montrait. Harry avait de la considération pour lui et n'hésitait pas à le lui dire. Malgré sa surprise, qui le laissait presque sans voix, il osa :
- « Et toi alors ?
- Moi, juste après Poudlard, j'ai été auror. Pendant 2 ans, car même si je n'étais pas très emballé par ce travail, le ministre qui était un ami pendant la guerre et membre de l'Ordre du Phénix avait besoin d'aide pour rétablir la paix. Alors je l'ai fait, mais ce n'était vraiment pas mon souhait. Me battre tout le temps, mettre ma vie en danger, j'en avais vraiment assez. Je voulais une vraie vie, celle que je choisirais. Aussi ces 2 ans ont été difficiles, une vie fatigante et quand je n'étais pas en chasse contre des sorciers faisant de la magie noire, des psychopathes ou autres tueurs, il y avait la foule, les fans qui campaient littéralement devant le ministère pour m'attendre et me toucher, attraper mes vêtements, je recevais des courriers de haine ou au contraire de déclarations d'amour, des demandes en mariage, des chocolats avec des filtres d'amour. C'était complètement dingue ! Sans parler des festivités organisées pour tout et n'importe quoi où il fallait que je m'exhibe. Alors au bout de ces 2 années, j'ai organisé ma fuite et je suis parti loin, en Islande, pour étudier les charmes auprès d'un maitre assez réputé mais peu porté sur la célébrité. Je suis revenu discrètement 2 ans et demi plus tard et j'ai contacté Garrick Ollivander qui m'a pris en apprentissage. Je lui ai racheté sa boutique et son atelier. J'ai embauché son neveu qui travaillait déjà avec lui pour la vente des baguettes et je suis devenu fabriquant. Je suis à la boutique 2 jours par semaines avec un déguisement et je suis heureux. Dit-il rayonnant. »
Drago le regardait la bouche ouverte pendant qu'il absorbait ces informations. Ils avaient tous les deux fait un parcours similaire mais pour des raisons totalement opposées. Il était également admiratif car fabriquant de baguettes était un métier très difficile et nécessitait des connaissances très pointues en charmes bien sûr mais aussi en magie ancienne, sur les créatures magiques et évidemment sur l'histoire de la magie. Non, ce n'était pas possible….
Le cerveau de Drago allait à toute allure. Et tout à coup il s'aperçut qu'il n'avait absolument pas fait attention à un élément essentiel : l'odeur de Harry! Simplement parce que celle-ci était celle que son cerveau associait habituellement à Harry. Mais en l'évaluant finement, c'était bien l'odeur de Harry mais sans les agrumes contrairement à Poudlard. Le parfum le plus puissant était la lavande, mais tout de suite après Drago pouvait sentir l'association de l'huile d'olive et du romarin et de l'écorce de cannelier. Il sursauta au milieu de ses pensées, et surprit le regard de Harry qui le fixait avec une légère inquiétude.
- « Drago ? Tu m'entends ? »
Drago ! Il venait de l'appeler par son prénom mais pourquoi ? Il sursauta à nouveau et indiqua à Harry qu'il l'écoutait en maintenant son regard dans sa direction.
- « Pardon Harr… Potter, J'étais ailleurs. Je … Pourtant ce que tu viens de m'apprendre est très intéressant, c'est juste que… Il laissa sa phrase en suspens.
- Je pourrais presque être fâché par ton comportement mais je sais que tu ne t'en fiches pas, en fait ! Je crois que je t'ai surpris, plaisanta Harry. Tu peux m'appeler Harry. On n'est plus à l'école et cette petite manie de nous appeler par nos noms de famille est ridicule. Pourquoi as-tu décroché de la conversation lorsque je t'ai parlé de la boutique ?
- Je ne sais pas.
- Tu mens mal Drago ! Sourit Harry. Enfin ce que je disais après c'est que tout ce que je viens de te dire est secret et que je ne souhaite pas que tu en parles en dehors d'ici. Bien sûr mes amis savent, mais tu comprends que je veux protéger ma vie n'est-ce pas ? Est-ce que je peux te faire confiance ?
- Oui. Murmura Drago. Je ne dirai rien à personne. »
Harry se leva pour faire chauffer de l'eau dans la bouilloire et débarrasser la table du petit-déjeuner. En quelques sorts informulés, tout disparu et la table était propre. Seules restaient deux petites théières et leur tasse respective. Harry buvait toujours son thé comme à Poudlard, nota Drago. Il vit deux boites sortir du placard de gauche, voler vers la table et s'y déposer doucement.
- « Encore du Earl Grey ou souhaites-tu un autre parfum ? Demanda Harry.
- Toujours Earl Grey, merci.
- Je t'en prie, sers-toi. Et il posa une petite cuillère doseuse sur la table devant lui. »
Pendant que Drago se servait, Il fit de même avec du thé vert. Ça non plus n'avait pas changé depuis Poudlard. Thomas aussi prenait du thé vert, nota Drago qui se rappelait leur petit-déjeuner du deuxième jour du colloque alors qu'ils débattaient de l'impossibilité que la momie trouvée dans un sarcophage puisse encore porter le bacille de la peste vivant en son sein et donc permettre un séquençage ADN pour déterminer son origine moyen-orientale.
- « Viens, on va aller au salon, on y sera plus à l'aise, proposa Harry alors qu'un plateau les précédait dans le couloir contenant les deux théières fumantes, les tasses et une petite assiette de biscuits au centre. »
Le plateau se posa délicatement sur la petite table basse devant un grand canapé et deux fauteuils. Un feu brulait doucement dans la cheminée et réchauffait l'atmosphère. Derrière les fauteuils, une bibliothèque débordait de livres de toutes les couleurs. Les murs étaient clairs mais des boiseries couleur chêne couvraient la partie basse tout autour de la pièce. Par la fenêtre, le jour entrait et jetait une couleur grise froide sur le gris plus chaud du canapé.
Drago s'assit sur le canapé et Harry pris le fauteuil presque en face sur la gauche, juste à côté de Drago. La pièce était très impersonnelle, elle aussi et il n'y avait aucun objet décoratif personnel, ni photo. Quelques gravures et peintures de paysages ornaient les murs et quelques cadres en bois mettaient en valeurs des lieux touristiques moldus photographiés. Drago se sentait bien dans ce lieu même s'il savait que ce n'était pas vraiment chez Harry. Mais il avait habité ici auparavant donc c'était sans doute lui qui avait dû choisir la décoration. Et Drago trouvait l'endroit chaleureux et doux. Il se voyait choisir un livre dans la bibliothèque et s'installer dans le fauteuil de droite pour plonger dans une histoire d'aventure. Un léger sourire étira ses lèvres.
Mais la conscience le rattrapa d'un seul coup comme s'il s'était pris une porte en pleine face. A quoi pensait-il ? Il leva les yeux et observa le regard de Harry sur lui et il baissa la tête, mortifié. Il sentait la honte qui lui serrait le ventre, remonter jusqu'à ses joues qui le brulèrent. Il savait qu'il rougissait. Il se sentait accablé même s'il avait eu le temps de voir que Harry riait intérieurement dans les yeux vert pétillant de malice et la petite patte d'oie qui les prolongeaient vers ses tempes. Harry ne se moquait pas vraiment. Il était bienveillant et Drago aurait été tellement heureux s'il n'était pas complétement sous son charme.
Tout se mélangeait car il voulait une réponse à son dilemme, à son béguin de jeunesse et au contraire c'était de pire en pire. Thomas n'existait plus, Harry prenait toute la place dans ses pensées. Pourtant ce qu'il partageait avec Thomas était réel, car c'était du présent et il espérait du futur. Alors que Harry, c'était du passé, des « si », des rêves. La honte disparut au profit de la chappe de plomb qui le comprimait, l'oppressait depuis des semaines.
Harry se pencha et servit le thé. Cela faisait donc déjà cinq minutes de silence entre eux ? Drago avait chaud à cause de toutes ses pensées qui s'étaient bousculées dans son esprit. Il avait l'impression que son cerveau était un champ de bataille. Il avait eu le temps de passer par des émotions aussi contradictoires que fortes : la joie, le désespoir, le chaud, le froid.
- « Drago, chuchota Harry, pourquoi es-tu là ? »
Il s'avança dans son fauteuil et posa son coude sur son genou pour regarder Drago plus près.
- « Est-ce que tu as des ennuis ? Je vois que tu ne cesses de réfléchir. Et tu me cherchais en tant qu'auror, alors je m'inquiète.
- Non, murmura Drago. Il suspendit son souffle et reprit, tu as très bien réalisé ton travail d'auror, je pense qu'il n'y a plus de Mangemort nulle part et les psychopathes ont dû déménager en Antarctique tellement ils ont eu peur de toi. Et il releva la tête avec défi pour montrer son sourire narquois et démontrer qu'il se reprenait. »
Harry sourit mais cette fois-ci son sourire n'atteint pas ses yeux. Il savait que la réponse de Drago n'était qu'une diversion. Il lisait en lui très facilement et la peur reprit le cœur de Drago. Il baissa à nouveau la tête.
- « Drago, comme tu viens de le souligner, j'ai été auror et je sais lire les gens. En réalité, j'avais déjà cette capacité avant, un peu innée mais depuis je l'ai travaillée et maitrisée alors je vois bien que tu es mal, que tu as peur, que tu souffres, que tu es épuisé. Alors même si je comprends ta fierté parce que j'ai moi aussi du mal avec cela, il sourit à ses mots. Vraiment cette fois-ci je ne veux pas que tu te réfugies derrière elle. Il n'y a que nous ici et je peux te jurer le secret si nécessaire. »
Drago resta silencieux. Et Harry reprit immédiatement.
- « Drago, on a tous soufferts dans cette guerre. Toi comme moi, comme nous tous à Poudlard. On a été pris dans une tempête dans laquelle nous n'aurions jamais dû être. Alors rien, je dis bien, rien ne doit nous empêcher de vivre comme on le souhaite maintenant. Et je vais être clair. Je n'accepte plus d'écouter tous ceux qui voudraient me dire comment je dois vivre et c'est valable pour toi aussi. Alors si tu es venu jusqu'ici, je te promets que je suis vraiment là en face de toi et pour toi, pas juste pour me donner bonne conscience. Tu mérites d'avoir la paix, Drago. »
Drago se brisa à ces mots. Son corps s'agita. Il ne sentait plus ses jambes. Ses bras s'engourdissaient de milliers de fourmis, ses mains commencèrent à trembler. L'eau montait, comme une inondation. Elle partait depuis son cœur pour couler partout en lui. L'eau imbibait peu à peu ses yeux. Elle finit par déborder et couler le long de ses joues, goutte par goutte pour finir par chuter arrivées à sa mâchoire. Un long vol en chute libre les emmenait s'écraser sur le tapis épais sous ses pieds. Le sanglot le prit presque par surprise. Son dos vibra sous la secousse.
Il était fou. Il ne pourrait jamais dépasser ses sentiments. Son béguin pour Harry existait toujours. Et c'était bien plus qu'un béguin. C'était inexplicable. Sa raison le prouvait encore et encore, comme une évidence. Harry était un inconnu pour lui, même s'il l'avait observé, analysé, détaillé à Poudlard pendant des années, son portrait avait été peint dans sa jeunesse. Il n'était forcément plus le même.
Harry était comme un puzzle où toutes les pièces s'ajoutaient toujours une à une, plus il le connaissait, plus l'image grandissait. Durant la huitième année, il avait découvert un Harry qui ne correspondait pas à ce qu'il croyait, il avait été obligé de voir le vrai Harry loin de ses préjugés et ce béguin l'avait poussé ensuite à rêver et imaginer l'homme durant de nombreuses années.
Mais le pire c'était que les morceaux de puzzles de la personnalité de Thomas qui le différenciaient du Harry de son passé et qui l' avaient tant séduit lors du colloque ou pendant leur correspondance étaient là également. Comme pour lui dire que Thomas n'apportait rien finalement. L'image de Harry qu'il avait superposé à celle de Thomas durant ces dernières semaines se mélangeaient encore et encore. Le Harry assis à côté de lui dans ce salon, c'était bien lui, le vrai, pas une image de lui. Toutes les pièces du puzzle « Harry Potter » qui s'ajoutaient une à une mélangées à celles de Thomas le rendaient dingue et le poussait à l'aimer davantage.
Rien ne pouvait aider Drago à oublier Harry. Et le pire dans tout cela c'est que tout ce qu'était Thomas avait la capacité à construire le même puzzle. Il était incapable de distinguer les deux personnes. Face à Harry maintenant, chaque mot, chaque sourire bienveillant, chaque regard soucieux, chaque confession, preuve de sa confiance en lui, tout dans le Harry en face de lui continuait encore et encore à approfondir ses sentiments. Il ne pouvait pas avancer car il s'interdisait d'aimer un autre qu'Harry. Il restait bloqué dans une sorte de limbes ou son cœur était presque mort de cet amour à sens unique alors que sa vie professionnelle était riche et brillante. Il fallait qu'il brise cette folie pour que sa vie s'écrase et peut-être se reconstruire. Harry et Thomas se mélangeaient trop. Il chercha du courage au plus profond de lui. Après tout il savait que Harry ne le blesserait pas s'il pouvait l'éviter. Il avait confiance en lui.
- « J'ai rencontré quelqu'un, prononça doucement Drago, la voix étranglée. »
Harry s'approcha.
- « Est-ce une mauvaise chose ? D'habitude, c'est une bonne nouvelle. Elle te plait beaucoup ? Laisse-toi vivre Drago !
- C'est un homme. »
Harry recula légèrement surpris.
- « Et alors ? Comme je te l'ai dit, vis, sois heureux, lâche prise. Tu y as droit toi aussi quoi que les gens en disent. »
L'épuisement submergea Drago. La maitrise de soi qu'il maintenait depuis qu'il était entré dans la maison s'effondra totalement. Le déni qui lui servait de fondation, ne soutenait plus rien.
- « Tu ne comprends pas, hoqueta Drago. Je deviens fou, je ne dors plus, j'y pense tout le temps. »
Harry semblait vouloir s'approcher de lui tout en se retenant pour ne pas l'envahir, ne pas le brusquer.
- « Drago, dit-il doucement comme s'il tentait d'apprivoiser un hippogriffe. Ecoute, je ne comprends pas, je l'admets. Je suis content de te voir, ne te méprends pas, je suis heureux que tu te sois construit comme dans tes rêves. Mais depuis le début de notre conversation je vois bien que tu vas mal, que tu tentes de le cacher, que c'est la raison de ta venue. Je ne veux pas te brusquer mais je ne sais pas ce que tu veux de moi. Pourquoi tu n'as pas demandé de l'aide à un de tes amis ? Est-ce que tu en parlé à l'homme que tu aimes ? Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? »
Et Harry s'approcha encore un peu plus et vint effleurer une de ses mains qui retenait sa tête.
Drago frissonna à la tendresse de ce geste. Son odeur était partout. Il était comme dans l'ouate.
- « Je suis perdu, Harry. »
Un moment passa avant qu'Harry reprenne le dialogue.
- « Où l'as-tu rencontré ?
- A un colloque, à Paris, il y a six mois, répondit Drago. »
A ces mots, Harry recula légèrement mais Drago était lancé alors il continua à s'épancher.
- « J'ai cru que c'était toi, souffla dans un murmure Drago. Mais il est plus âgé que nous et je ne sais rien de lui. Je veux dire sur sa vie personnelle. Nous nous écrivons beaucoup depuis ce colloque. On a passé tout le week-end du colloque ensemble, à parler, échanger, partager des recherches mais il ne s'est rien passé sentimentalement. Nous avons juste parlé encore et encore entre chaque conférence. Il est passionnant. Il faut que tu comprennes que jamais personne ne se comporte naturellement avec moi d'habitude. Tout le monde garde une certaine réserve en ma présence, personne n'est jamais à l'aise car je suis toujours à leurs yeux, un ancien Mangemort. Et lui, il m'a parlé sans recul. Il s'est montré sans masque, tout comme toi. Il est doux, gentil, presque tendre et paternaliste. Il est abordable et pourtant d'une intelligence brillante. Il est cultivé et en même temps très simple dans son caractère. Il est soucieux des autres sans être envahissant. Je me souviens de chaque détail de ce week-end parce que je te voyais à travers lui, pour tout, dans ses rires, dans sa démarche, dans ses emportements, dans son regard perçant même s'il est bleu et non vert, jusque dans sa façon de tenir sa fourchette. Depuis ce colloque, nous nous écrivons de longues lettres complètement professionnelles et pourtant dans chaque mot choisi, chaque phrase, il y a cette douceur, cette tendresse que j'aime tant. Cependant je sens dans ses dernières lettres qu'il s'inquiète. Mais je n'arrive plus à lui écrire. D'une part parce que je n'ai pas assez avancé dans mes recherches pour entretenir un échange de bon niveau parce que je suis épuisé à force d'insomnies et de travail de production et d'autre part je meure d'envie de lui écrire des choses personnelles et enfin je lui mens.
- Tu lui mens ?
- Oui car lorsque je lui écris, ce n'est pas son visage que je vois, c'est le tien. Dit Drago d'une voix éteinte.
- Le mien ? Répéta Harry
- Oui…. , murmura Drago. Au cours de notre dernière année à Poudlard, j'ai réalisé que toute cette jalousie, ces batailles contre toi, c'était juste parce que j'étais attiré par toi. Oh, je te détestais parce qu'avant la fin de la guerre, ressentir cela et tout ce que tu étais, m'était interdit. La vie ne m'appartenait pas. C'était ma famille qui était le destin à suivre. Je n'avais aucun choix. Je devais accomplir ce pourquoi j'étais né. Mais quand tu as tué Voldemort, ma famille était finie et j'ai pu enfin avoir le choix de ma vie, j'ai pu être Drago et j'ai pu me rendre compte à quel point j'avais un béguin pour toi qui était presque une obsession depuis tout ce temps. Durant toute la dernière année, j'ai rempli chaque instant à Poudlard avec des images et des sensations de toi. Pour en profiter car je savais qu'il faudrait que je t'oublie, que je vive sans toi. Et c'est ce que j'ai fait. Tu as servi de fondation à la construction de ma vie. J'ai cru que j'étais passé à autre chose, j'étais tellement fier de ce que j'avais accompli et puis au milieu de la première conférence du colloque, tu étais là et je me suis transporté des années en arrière, en salle de potion quand on faisait des préparations ensemble. Depuis c'est un tsunami qui me ballotte dans tous les sens. Je ne tiens plus debout et je deviens fou. Je te vois partout quand je suis avec Thomas et également lorsque je lui écris. Et depuis ce matin, c'est l'inverse, c'est comme si j'étais avec lui alors que c'est toi devant moi. Cette sagesse dans le regard, cette façon que tu as de me protéger, de m'entourer avec ta voix, tes mots. Je voudrais qu'il soit toi parce qu'il te ressemble tant et je voudrais que tu sois lui pour tout ce que je partage avec lui dans nos recherches, nos travaux, nos échanges intellectuels. Mais le pire pour moi, c'est l'odeur.
- L'odeur ? Souffla Harry de plus en plus bouleversé
- Oui, il a exactement ton odeur, celle que tu avais à Poudlard. Je suis Maitre de Potions, je peux distinguer chacune des fragrances entre elles et les doser au nez. C'est pour cette raison que j'ai pensé que c'était toi dans cette salle de conférence, dans le noir, car je suis sûr de moi. Et puis ce matin, ton odeur à toi n'est pas exactement la même. Mais la seule différence, c'est qu'à la place des agrumes, il y a la lavande, sinon le reste, l'odeur corporelle, l'huile d'olive, le romarin et l'écorce de cannelier, les dosages, tout est identique. Tu comprends pourquoi je n'en peux plus, j'ai l'impression d'étouffer, de devenir fou. »
Pendant tout ce temps Drago avait regardé le bout de son pied mais après avoir déballé tous ces mots, il releva la tête doucement vers Harry. Ces yeux étaient encore brillants et il battit des paupières pour éliminer un reste de larmes. Harry était juste en face de lui, très pâle, abasourdi.
Voyant Drago le regarder, il se passa une main sur le visage et s'adossa au fond du fauteuil et ferma les yeux.
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à suivre ...
