Pottertober : As-tu mis ton nom dans la coupe de feu ? (non fait)
Kintober : Ailes


KINKTOBER

16 octobre | Beast. | 499 mots | Bill/Fleur

Créatures.

C'est qu'ils sont tous les deux. Pas complètement humains, pas complètement animaux. Ils sont sur la corde comme deux funambules. À cheval entre deux mondes, oscillant entre humanité et bestialité. Ils passent leur quotidien à lutter contre leurs instincts, contre les voix animales qui chantent sous leurs crânes. Ils s'en débarrassent d'un craquement de la nuque ou des doigts, d'une pression en leur sein qui renvoie l'animalité à sa place loin des hommes, loin des lois, loin des normes.

Il cache ses cicatrices derrière de longues mèches rousses, planque ses crocs derrière des sourires aimables et transforme ses grondements en toux discrète. Elle cache son héritage derrière des robes trop larges, des coiffures sévères et une expression glaciale.

Il se rappelle encore de la première fois qu'il l'a vue. Elle traversait le hall avec la grâce d'un cygne en essayant de se donner l'air d'un vilain petit canard. Il aurait pu s'effondrer sur place tant sous son crâne, le loup hurlait. À moi. À moi. À moi. À moi.

Il lui avait fallu trois mois pour oser ouvrir la bouche devant elle, tant il avait eu peur de n'être incapable de produire autre chose qu'un grondement sourd. Elle avait patiemment attendu. Consciente qu'il fallait du temps au loup pour venir à bout de l'homme.

Leurs sens sont plus affutés, plus précis que ceux du reste du monde et ils se retrouvent dans ces petits riens qui échappent au commun des mortels. Dans les éclats dorés qui viennent teinter leurs prunelles, dans les détails précis d'une constellation de taches de sons, dans la fragrance délicate du désir qui suinte de leurs peaux, dans la saveur délirante trouvée contre le creux d'une clavicule.

Explosion en technicolor, odorama et dégustation complète. Rien ne leur échappe jamais et quand elle enfouit son nez contre sa gorge, quand il laisse sa langue tracer la forme de ses côtes, il n'y a plus rien d'humain chez eux.

Quand elle l'enjambe, le chevauche et laisse s'étaler derrière elle la preuve de son inhumanité, il voudrait pouvoir répondre. Quand elle déploie ses ailes et qu'il effleure ses plumes pâles, il voudrait enfouir son museau contre sa paume et planter les crocs dans sa peau laiteuse. Quand sa voix chante, pour lui, les mélodies les plus délicieuses avec pour seul accompagnement le claquement de la chair contre la chair, il voudrait l'accompagner, la gorge tendue vers les cieux, pour hurler à la lune de concert avec elle. Quand il s'enfonce en elle, plus rien d'humain ne demeure en lui, que l'animal qui doit prendre, prendre, prendre et se repaitre du corps parfait qu'il tient entre ses paumes.

Mais dans ses yeux à elle, il n'y a que l'acceptation la plus totale, que la tendresse la plus intense et il pourrait tout aussi bien s'allonger à ses pieds et attendre patiemment, enfin apaisé. Le Monstre enfin calmé, enfin apprivoisé par la main gracile d'un oiseau fait femme.

Sa femme. Sa meilleure amie. Sa compagne. Son tout. Sa Fleur.