Bonjour à toutes et à tous et bienvenu dans cette nouvelle traduction de Dramione.
Après l'avoir lu, j'ai été obligé de vous la traduire tellement elle est géniale. La relation entre Drago et Hermione met du temps à s'installer mais je vous promets que ça vaut le coup.
Bonne lecture à toutes et à tous!
Huki
CHAPITRE 1 : Au-delà
— « Je peux t'aider, Drago, » dit Dumbledore.
— « Non, vous ne pouvez pas, » dit Malefoy, la main de sa baguette tremblant vraiment très fort. « Personne ne le peut. Il m'a dit de le faire, sinon il me tuerait. Je n'ai pas le choix. »
— « Il ne peut pas te tuer si tu es déjà mort. Viens du bon côté, Drago, et nous pourrons mieux te cacher que tu ne peux l'imaginer. De plus, je peux envoyer des membres de l'Ordre chez ta mère ce soir pour la cacher elle aussi. Personne ne serait surpris que vous soyez mort dans votre tentative de me tuer. Pardonne-moi, mais Lord Voldemort s'y attend probablement. Les Mangemorts ne seraient pas non plus surpris que nous ayons capturé et tué ta mère. C'est ce qu'ils feraient. Ton père est actuellement en sécurité à Azkaban. … Le moment venu, nous pourrons le protéger aussi. Viens du bon côté, Drago… tu n'es pas un tueur… »
Malefoy regarda Dumbledore.
— « Mais je suis arrivé jusqu'ici, n'est-ce pas ? » dit-il lentement. « Ils pensaient que j'allais mourir en le tentant, mais je suis là… et j'ai le dessus… c'est moi qui ai la baguette… vous êtes à ma merci… »
— « Non, Drago, » dit doucement Dumbledore. « C'est ma miséricorde, et non la tienne, qui compte maintenant. »
Malefoy ne parla pas. Sa bouche était ouverte, la main tenant sa baguette tremblait encore.
À chaque seconde qui passait, la baguette dans la main de Drago semblait devenir plus lourde.
Fais-le, siffla la voix de Bella dans son esprit. Tue-le, Drago… le sale amoureux des Moldus… regarde sa main malade, regarde comment il se tient debout, comment il respire. Il est déjà presque mort ! Tue-le maintenant !
Drago avait entendu la voix de Bellatrix toute l'année. Dans les jours qui ont suivi l'affectation de sa mission, son énergie fanatique avait été comme un cadeau. Elle savait aussi bien que lui que le Seigneur des Ténèbres lui avait confié cette mission pour punir son père et pourtant, elle avait dit : réfléchis, pense à ce que tu pourrais accomplir, Drago ! C'est une chance pour laquelle tout fidèle serviteur du Seigneur des Ténèbres mourrait, de le servir plus que tous les autres !
Drago s'était répété l'idée tellement de fois qu'elle était devenue une liturgie. Ce n'était pas du tout une condamnation à mort. C'était une invitation pour devenir le bras droit du Seigneur des Ténèbres, et s'il pouvait seulement tuer Dumbledore, il franchirait la ligne d'arrivée, assurerait le statut de sa famille pour toujours et gagnerait un pouvoir et une gloire au-delà de toute imagination. Tuer Dumbledore et mettre enfin fin à cette année sombre.
Mais maintenant, alors que le vent nocturne lui piquait les yeux, alors qu'il frissonnait à l'aube de la victoire, Drago s'autorisait à l'imaginer pleinement. Il se voyait assis à côté du Seigneur des Ténèbres comme son adjoint le plus honoré. Et il vit la vérité, constante et menaçante, comme une faible lumière rouge derrière tout le reste. Il pensait qu'il le savait depuis des mois déjà.
Ce n'était pas une ligne d'arrivée. C'était un commencement. Tuer une fois, et il lui faudrait tuer encore et encore pour survivre. Et même dans ce cas, même s'il rendait au Seigneur des Ténèbres des décennies de services loyaux et absolus, il ne serait pas en sécurité. Il pouvait être brutalement puni à tout moment pour une seule erreur, comme son père l'avait été.
Il pensa à ses parents, puis à Crabbe et Goyle, Pansy et Blaise. Ils souffriraient pour ses échecs comme il avait souffert pour ceux de son père. Sa vie serait une année sombre qui s'étendrait à jamais dans le futur, une vie passée sous un couteau qui ne tenait qu'à un fil.
Drago s'agrippa plus fort à la baguette, s'intimant d'agir, de prononcer l'incantation, de faire un choix. Mais le monde semblait se dissoudre autour de lui. Tout se décomposait en morceaux incompréhensibles de texture et de sensation. Il y avait ceci : la lumière vert pâle qui scintillait de la Marque des Ténèbres au-dessus, ondulant sur la pierre, la chair et les remparts, comme dans un monde sous-marin. Et ceci : le bâton collant et l'odeur de tissu dans le creux humide de son bras droit, là où ses robes s'étaient repliées. Il ne s'était pas douché depuis trois jours, insomniaque à cause des préparatifs. Et ça : le sifflement et le fouet du vent au sommet du monde.
Ça. La profondeur des rides sur le visage du vieil homme. Drago se tenait suffisamment près pour voir où les cheveux argentés se joignaient à la peau ancienne, comme mille fils de soie sortant d'un vieux et doux tissu.
La voix de Bella sembla s'atténuer, remplacée par un écho des douces paroles de Dumbledore. C'est ma miséricorde, et non la tienne, qui compte maintenant.
Le vieil homme avait raison. Il n'y avait aucune pitié ailleurs.
Sa main tremblant plus violemment que jamais, Drago baissa la baguette.
Une détonation sonore retentit de la cage d'escalier derrière lui, suivie du fracas lointain d'une pierre frappant la pierre. Les voix qui s'amplifiaient en bas furent soudainement coupées, laissant les remparts silencieux, comme s'ils étaient à des kilomètres du reste du château.
Drago ne réagit même pas. Il chancelait, étourdi.
— « Nous devons agir immédiatement », dit Dumbledore. Semblant puiser sa force dans un endroit dont l'accès lui causait de grandes difficultés, il s'agrippa aux remparts et se redressa lentement, atrocement debout. « Le temps est très court. Ta baguette, Drago… aussi vite que possible, s'il te plaît. »
Drago tendit la baguette à Dumbledore, mais ses yeux étaient fixés sur les dalles. Il ne pouvait pas regarder son propre corps agir, il ne pouvait pas le comprendre pleinement alors même qu'il le faisait.
Dumbledore pointa sa baguette sur les remparts et murmura : « Accio ! »
Un moment de silence. Puis la propre baguette de Dumbledore s'envola hors de l'obscurité, traversa les vents nocturnes d'un seul coup et atterrit dans sa main qui l'attendait. Dumbledore pointa ses deux baguettes vers la porte de la cage d'escalier. Drago tressaillit en arrière au mouvement du directeur. Et la porte se referma, scellant les nouveaux bruits de roches mouvantes.
Drago entendit le verrou se mettre en place.
Dumbledore rendit la baguette à Drago et lui montra les balais qui étaient toujours appuyés contre les remparts.
— « Prend le plus rapide des deux, » ordonna-t-il. « Vole jusqu'à la cabane de Hagrid et attends-y. Nous parlerons bien assez tôt. »
Drago fut ramené à la raison. La cabane de Hagrid ? Était-ce censé être la sécurité promise par Dumbledore ?
— « Mais... je... vous avez dit... »
— « Tu connaîtras bientôt le plan complet, Drago, » insista Dumbledore, ses yeux bleus brillants rencontrant ceux de Drago par-dessus les montures de ses lunettes en demi-lune. « Pour l'instant, nous n'avons pas le temps. Je dois te demander de voler jusqu'à Hagrid…. Si tu ne lui fais pas confiance à mon jugement, ai du moins confiance en mes compétences plutôt prodigieuses. » Dumbledore parvint à esquisser un faible sourire.
Drago hésita. Dumbledore était visiblement affaibli, et les Mangemorts étaient en route, et Rogue avait fait un serment à sa mère. Si quelqu'un d'autre tuait Dumbledore... si personne ne savait que Dumbledore avait promis de le protéger...
Puis un cri étouffé sortit de la cage d'escalier. Drago tressaillit, déglutit et hocha la tête à contrecœur.
— « Bien, » dit Dumbledore. « La touche finale, alors… » Il frappa Drago sur la tête avec sa baguette. Drago sentit quelque chose de froid couler dans son dos tandis que le sort de Désillusion l'effaçait. « Allez, maintenant, » murmura Dumbledore.
Tandis que Drago saisit un balai, Dumbledore en invoqua un autre. Drago jeta un coup d'œil en arrière alors qu'il montait sur le balai et ne put s'empêcher de s'arrêter à cette vue. Sous la baguette de Dumbledore, le long manche du deuxième balai gonflait comme un doigt arthritique, se bombant vers l'extérieur d'abord au hasard, puis pour imiter ce qui était indéniablement des hanches, des côtes et des épaules. Le bois se ramollit, semblant fondre jusqu'à ressembler à une peau pâle. Le manche se fendit en deux jambes, drapées d'un doux tissu noir d'une robe. Les poils du balai se raccourcirent et brillèrent jusqu'à devenir des cheveux blonds et blancs, encadrant une sphère de bois qui s'allongeait en un visage humain : le propre visage de Drago.
En quelques secondes, un autre Drago Malefoy gisait devant eux, immobile, mort de manière assez convaincante. Dumbledore releva sa manche gauche pour révéler le crâne et le serpent qui y étaient entrelacés.
Drago regarda le visage qui l'avait regardé dans le miroir toute l'année, le corps dont il avait souhaité pouvoir s'échapper. Même lui ne pouvait pas faire de différence entre lui-même et la chose qu'il était sur le point de laisser derrière lui, le cadavre avec la marque inscrite sur son avant-bras pâle.
Dumbledore leva les yeux.
— « Allez, » dit-il.
Draco s'élança violemment dans l'obscurité et le vent.
Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé. Le choc de ce qu'il avait fait le submergeait encore lentement, déformant sa perspective. Cela faisait peut-être dix minutes ou une heure qu'il n'avait pas baissé la baguette.
Il s'assit en silence à la table en bois brut de Hagrid et regarda le feu crépiter. Il refusait de regarder Hagrid, qui semblait apparaître du coin de son œil, quelle que soit la direction dans laquelle Drago se tournait.
Dire que le garde-chasse avait été surpris de le voir était un euphémisme. Heureusement, le lourdaud n'avait pas demandé d'informations. Il avait juste grogné, son aversion évidente mêlée de suspicion, et avait tiré une chaise vide pour que Drago s'assoit.
Vaguement, Drago se rendit compte à quel point il était ridicule que quelqu'un de la taille d'Hagrid vive dans un endroit comme celui-ci. C'était le genre de pensée qu'il aurait pu transformer en blague l'année dernière pour faire rire Crabbe et Goyle, avant que des choses comme faire rire ses amis ne deviennent sans importance.
Il essaya de ne pas penser à l'endroit où Crabbe et Goyle pourraient se trouver maintenant. Un souvenir indésirable refit surface : le moment où Fenrir Greyback s'était frayé un chemin hors du cabinet de disparition jusqu'à la salle sur demande. Drago ne s'y attendait pas, ne l'avais jamais voulu. Ce n'était censé être que Yaxley, Gibbon, Rowle et les Carrows, tous dangereux, mais au moins tous fiables. L'apparition soudaine de Greyback, la façon dont il les dominait, sa taille et son odeur rance, tout en lui était une invasion et avait rendu la bouche de Drago sèche.
Crabbe, miraculeusement, avait tenu bon alors que Greyback se précipitait sur eux, mais Drago et Goyle avaient reculé de quelques pas, ce qui avait fait hurler de rire le loup-garou. Drago s'était repris presque immédiatement, les joues brûlantes. « Je ne t'ai pas demandé ici, loup-garou, » avait-il dit en serrant les dents. « Retourne en arrière. Tu m'écoutes ? Va-t'en ! »
Mais Greyback et les autres se dirigeaient déjà vers la sortie, parlant à voix basse de manière excitée, ignorant Drago.
Crabbe et Goyle regardèrent Drago, attendant des instructions. Pendant un instant, il ne put que les regarder, se demandant avec un accès de panique où étaient Blaise et Pansy. Drago savait que Greyback les attaquerait comme il attaquerait n'importe qui dans le château, sans discernement.
— « Vous deux, restez ici », ordonna-t-il à Crabbe et Goyle. « Gardez la salle ouverte pour que nous ne perdions pas de temps à y retourner après que je… a… après que ce soit terminé. »
Puis Drago traversa les allées imposantes d'objets oubliés pour rencontrer les autres. Il ne courrait pas.
Courir était une marque de désespoir et le ferait ressembler à un enfant, et ce n'était plus un enfant. Il avait planifié toute cette attaque, n'est-ce pas ? À la fin, il ne serait pas seulement un homme, mais l'un des hommes les plus redoutés du pays et lorsqu'il aurait les faveurs du Seigneur des Ténèbres, il ferait payer à Greyback son renvoi.
Cette pensée l'avait réconforté. Cela lui avait donné un sentiment de puissance.
Maintenant, Drago regardait le feu, les paumes moites. Il se sentait malade. Dans quelques heures, Crabbe, Goyle, Pansy et Blaise penseraient tous qu'il était mort. Demain, Dumbledore ferait un discours grave à ce sujet à l'école, probablement sur le fait que sa mort avait été la faute du Seigneur des Ténèbres, et juste une raison de plus de rester ensemble et de le combattre.
Drago serra les dents. Il ne voulait pas être utilisé comme ça. Son conseil aux autres Serpentards ne serait pas de prendre les armes contre le Seigneur des Ténèbres. Il aurait été de s'asseoir et de garder le silence. Si quelqu'un au pouvoir vous dit quoi faire, faites-le, que ce soit Vous-Savez-Qui ou Dumbledore. Ne soyez pas un héros. N'essayez pas de comprendre ce que vous croyez. Survivre. Disparaître.
Il se répéta qu'il avait pris la bonne décision. Dumbledore était un imbécile quand il s'agissait de choses comme sa confiance envers Rogue et son culte de Potter, mais le directeur avait défié le Seigneur des Ténèbres pendant des décennies. Il pourrait sûrement les cacher. Drago et ses parents pourraient fuir le pays, changer de nom et garder leur héritage caché. Ils seraient en sécurité.
Drago ferma les yeux. Les flammes dansaient sourdement en formes abstraites derrière ses paupières. Si quelqu'un lui avait dit, il y a deux ans, que lui, l'héritier de la Maison Malefoy, avait pu espérer sombrer dans l'insignifiance, il leur aurait ri au nez. Bien sûr, beaucoup de choses semblaient drôles auparavant.
Hagrid brisa le silence après ce qui devait durer des heures.
— « C'est le professeur McGonagall qui arrive maintenant, » gronda-t-il de l'autre côté de la table, les yeux fixés sur la fenêtre.
Draco leva les yeux alors que la porte s'ouvrait et que McGonagall entrait dans la cabane. Son visage était taché de poussière de roche, sa tempe était contusionnée et une fine éraflure rouge était tracée sur sa mâchoire. Elle ferma la porte et vérifia que tous les rideaux étaient tirés avant de se tourner vers lui. Le regard de McGonagall était toujours impitoyable, mais Drago le trouvait encore plus pénétrant que d'habitude, ce soir. Il l'évita.
— « Que s'est-il passé ? dit Hagrid en regardant McGonagall. « Oh, vous avez été blessée ! »
— « Des Mangemorts, Hagrid. » Ses yeux étaient toujours fixés sur Drago. « Ils ont réussi à entrer dans le château. Vous n'avez donc pas vu la Marque des Ténèbres ? »
— « Je dormais jusqu'à ce que Malefoy arrive ! Putain, est-ce qu'ils sont toujours là ? Avez-vous besoin de moi pour vous battre ? »
— « Pas besoin, non. Le professeur Dumbledore est revenu au château à temps pour inverser la tendance, heureusement. »
— « Et… et tout le monde va bien ? »
Elle réussit à esquisser un mince sourire. « Nous avons tous nos membres, Hagrid, oui. »
— « Oh. » Hagrid poussa un long soupir. « Bien. Eh bien, alors. Ouais… ouais, vous voulez une tasse de thé, Minerva ? »
— « Pas le temps, j'en ai peur, » dit-elle, se tournant complètement vers Drago. « Monsieur Malfoy. Le professeur Dumbledore m'a tout expliqué. »
Drago ne leva toujours pas les yeux, mais il pouvait sentir le regard curieux de Hagrid rejoindre celui accusateur de McGonagall.
— « Je suis sûre que vous serez soulagé d'apprendre, » continua-t-elle, « qu'aucun de vos camarades de classe n'a été blessé par les Mangemorts ce soir. Quant au Cabinet de Disparition, il a été démantelé et le passage, fermé. »
Malefoy ne répondit pas. Si McGonagall attendait qu'il pleure de joie pour l'échec des Mangemorts et se repente à genoux, elle attendrait longtemps. Il pouvait entendre le jugement dans sa voix, la colère mal dissimulée, voire l'incrédulité face à ce qu'il avait fait. Elle n'avait alors pas vraiment compris les circonstances.
Il se surprit à penser, à contrecœur, à la façon dont Dumbledore l'avait écouté. Dumbledore, au moins, avait reconnu le danger auquel il faisait face.
Finalement… ses amis étaient indemnes. Un nœud se dénoua dans son ventre.
— « Et ma mère ? » dit-il, plus belliqueusement qu'il ne l'avait prévu.
Les lèvres de McGonagall se pincèrent, mais elle répondit d'une voix neutre. « Remus Lupin et Nymphadora Tonks ont déjà été envoyés pour la récupérer chez vous. »
Il leva les yeux à ce moment. « Ils pensent qu'ils vont entrer comme ça, n'est-ce pas ? Ma cousine, qui est Auror depuis environ sept secondes, et un loup-garou rafistolé qui… »
— « Ça fera l'affaire, » aboya McGonagall. « Je vous assure, Monsieur Malefoy, les membres de notre Ordre sont tout à fait capables d'accomplir la tâche qui leur a été assignée. Et, comme vous êtes vous-même censé avoir attaqué Albus Dumbledore ce soir, les signes d'une lutte chez vous ne feront qu'envoyer une réponse plus claire aux Mangemorts. »
— « Des signes de… vous n'allez pas… » Drago lutta pour trouver ses mots. « Ils ne feront pas… ? »
McGonagall fit une pause. Pour la première fois, elle parut s'adoucir légèrement.
— « Ta mère ne sera pas blessée, bien sûr. Lupin a emporté une fiole contenant le souvenir de Dumbledore des événements de ce soir. On montrera à Narcissa que tu es en sécurité et en bonne santé, et elle sera invitée à venir te rencontrer. » Elle fit une pause. « En ce qui concerne la lutte, Remus et Tonks briseront tous les enchantements protecteurs chez vous et apporteront les preuves d'une lutte à la hauteur de notre histoire. »
Drago détourna le regard. « Très bien, alors, » marmonna-t-il. « Et les Mangemorts ? Les avez-vous déjà tués ? »
Un silence assourdissant se fit entendre. Lorsqu'il se retourna, les deux professeurs parurent choqués par la question. Ou peut-être qu'ils étaient choqués par la façon dont il l'avait dit, sourdement, comme si cela ne lui coûtait rien.
Drago ne pouvait plus retenir le mépris de son expression maintenant. Pensaient-ils vraiment qu'il ressentait de l'affection pour les autres Mangemorts, qui étaient restés en retrait et avaient ri pendant que Drago était menacé, son père calomnié, sa mère maltraitée ? Tuez-les tous, pensa-t-il sauvagement, qu'importe.
— « Non, M. Malefoy, » dit McGonagall avec un froncement de sourcils profond et inquiet. « Un Mangemort a été tué dans des tirs croisés, mais les autres seront transférés sous la garde du Ministère dans l'heure. Nous avons l'intention de permettre à l'un des Carrow de s'échapper de justesse, afin que Vous-Savez-Qui obtienne les détails de votre mort, ce soir. Sinon, il pourrait être enclin à enquêter de trop près sur la disparition de votre mère ». Elle pinça les lèvres. « Il va sans dire que nous préférerions ne laisser aucun Mangemort en liberté. Mais c'est certainement mieux que ce soit Alecto ou Amycus qui s'échappe plutôt que Greyback. »
— « Je ne l'ai pas laissé entrer ici, » dit Drago dans un souffle. Son visage était chaud et plein, comme si son sang s'était transformé en eau bouillante. « Greyback n'était pas censé venir. »
Si McGonagall l'entendit, elle ne fit aucun signe. Elle fouillait dans un sac.
Il éleva la voix.
— « Où m'emmenez-vous ? Quel est cet endroit sûr que Dumbledore dit avoir ? »
— « Vous serez hébergé au quartier général de l'Ordre. Nous allons monter au château maintenant ; vous devez utiliser le réseau de cheminette. Vous venez aussi, Hagrid. Albus aimerait vous donner des informations. Ah, oui, ici. » Quelque chose de doux et argenté s'échappa du sac de McGonagall. Drago reconnut une cape d'invisibilité. « Debout, maintenant, Malefoy. Mettez ça. »
Il se releva automatiquement sur des jambes qui semblaient encore instables et prit la cape. Alors qu'il s'avançait sur le sol sombre, McGonagall continua.
— « Le professeur Rogue s'occupe du professeur Dumbledore à l'infirmerie… »
Draco s'arrêta net, à moitié sous la cape.
— « Rogue ? » dit-il. « Il… il n'est pas au courant, n'est-ce pas ? »
— « Bien sûr qu'il le sait. »
Drago la regarda, consterné. Il avait du mal à croire qu'ils aient pu être aussi stupides.
— « Alors vous allez nous faire tuer ! »
— « Par la barbe de Merlin », dit Hagrid, « baisse d'un ton »
— « Je vous le dis » siffla Draco, regardant frénétiquement entre les deux professeurs, « vous devez m'écouter. Rogue travaille pour le Seigneur des Ténèbres. Il a essayé de m'aider à atteindre Dumbledore toute l'année. Si vous avez dit à dit Rogue le plan, je suis déjà presque mort. »
— « M. Malefoy, s'il vous plaît, » dit sèchement McGonagall. « Severus ne sera pas plus impliqué dans votre dissimulation que n'importe quel autre membre de l'Ordre. Le professeur Dumbledore a juré de veiller personnellement à votre bien-être et à celui de vos parents. Je vous assure qu'il est à la hauteur de la tâche. »
Drago l'entendit à peine. La seule chose qui comptait, c'était qu'elle ne l'écoutait pas, qu'elle ne le croyait pas. Son cœur battait à tout rompre dans ses oreilles, et une nouvelle peur l'envahissait, rendant tout son corps froid. Il avait fait confiance à Dumbledore pour imaginer quelque chose d'avancé, quelque chose d'imbattable et à la place, le vieil imbécile s'était adressé directement à Rogue. Dès l'instant où Rogue serait sans surveillance, il dirait la vérité au Seigneur des Ténèbres. Drago pouvait voir tout cela se dérouler dans son esprit : les Mangemorts battraient les Aurors contre sa mère. Ils la tortureraient et la tueraient, puis son père. Drago serait responsable.
Ses pensées se précipitèrent follement dans le passé, retournant à son propre choix idiot. Il avait eu Dumbledore impuissant devant lui ! Il aurait dû tuer le vieil homme, oui, il le pensait maintenant… il aurait dû le tuer et trouver un moyen de simuler sa propre mort, et s'enfuir… mais il était trop tard maintenant. Il avait réussi là où personne ne le pensait capable de réussir, et à la fin, lui et ses parents mourraient de toute façon dans la douleur et la honte.
Sauf si …
Une lueur d'espoir apparue. Il essaya d'avaler mais n'y parvint pas. La boule dans sa gorge était aussi grosse et pointue qu'un morceau de verre brisé.
Sauf si.
Rogue pourrait-il choisir de mentir pour les protéger ?
Drago savait qu'il était l'élève préféré de Rogue. Il avait toujours été le meilleur de la classe de Potions, à part Granger la Sang-de-Bourbe, de toute façon. Et Rogue n'avait-il pas essayé de l'aider toute l'année ? Rogue, à l'insu même du Seigneur des Ténèbres, n'avait-il pas fait le serment inviolable d'aider Drago ?
Peut-être qu'il y avait une chance.
Si lui ou ses parents avaient constitué une menace pour le Seigneur des Ténèbres, Rogue aurait eu pour devoir de les balancer, ou simplement de les tuer lui-même. Mais ils n'avaient sûrement aucune information que l'Ordre ne possédait pas déjà. Drago n'avait fait confiance à personne, son père était enfermé à Azkaban depuis un an et sa mère n'était pas une Mangemort. Ce n'était pas comme s'ils aidaient l'Ordre du Phénix : ils essayaient de disparaître, rien de plus.
Était-il si impossible que Rogue fasse preuve de pitié, pour permette simplement aux Malefoy de s'évaporer ?
De plus, réalisa-t-il avec un nouvel élan d'espoir, Rogue ne pouvait rien faire tout de suite. Les agents doubles devaient penser tactiquement. Tant que Dumbledore vivrait, Rogue devait garder le secret, sinon sa loyauté serait révélée.
Drago laissa échapper un long soupir. Oui. C'était un raisonnement bon et solide. Il avait donc du temps. Rogue chercherait sûrement à tuer Dumbledore bientôt, pour accomplir son vœu, mais Dumbledore n'avait pas besoin de survivre éternellement, juste assez longtemps pour cacher Drago et ses parents quelque part que même Rogue ne connaissait pas.
Jusque-là, tant que Dumbledore vivrait, il serait en sécurité.
— « Très bien, » dit-il. « Allons-y. » Il laissa tomber la cape d'invisibilité sur lui et suivit McGonagall sur la longue et vaste pelouse menant au château.
Drago n'avait pas vu le château aussi vide de toute l'année. En se faufilant de haut en bas à partir de la Salle sur Demande, il avait eu des dizaines d'accidents évités de justesse avec des membres de l'Ordre en patrouille mal placés, ou des professeurs sortis de leur lit, semblant insomniaques, leurs baguettes tenues lâchement dans leurs mains comme s'ils attendaient une nouvelle attaque.
Maintenant, ils ne sont plus passés pour un fantôme. La plupart des portraits dormaient dans leurs cadres, même si parfois une silhouette bougeait et regardait McGonagall et Hagrid, apparemment seuls, passer dans les couloirs.
La lumière de la torche brillait à travers le corps invisible de Drago alors qu'il suivait les professeurs dans un long escalier. Il ressentait une sorte d'épuisement qui allait au-delà de la fatigue physique. Cette matinée semblait s'être produite il y a un an, lorsqu'il s'était réveillé en sursaut dans le dortoir des Serpentard avec la même peur qui l'envahissait depuis des mois maintenant, le sentiment que son temps était compté. Il se sentait presque engourdi, maintenant, et pourtant, alors qu'il regardait les couloirs de Poudlard d'un air vide, sachant qu'il ne pourrait jamais revenir, ses entrailles semblaient s'enrouler et se tordre comme un nid de serpents.
— « Ah, Minerva. Verrouillez la porte, s'il vous plaît, » dit la voix de Dumbledore alors qu'ils entraient dans l'infirmerie. Il était si tard qu'il était complètement seul. Même Madame Pomfresh s'était endormie.
— « Professeur Dumbledore ! » Les yeux de Hagrid s'écarquillèrent à la vue du directeur allongé sur le lit de l'infirmerie.
Dans sa hâte d'arriver aux côtés de Dumbledore, il frappa accidentellement un lit vide avec l'un de ses énormes genoux, l'envoyant voler sur le côté avec un bruit retentissant comme s'il était fait de paille.
Drago le remarqua à peine. Il s'était arrêté net.
Une deuxième personne gisait immobile dans un lit voisin, une silhouette aux cheveux roux. Weasley. Drago ne pouvait pas dire s'il le connaissait, parce que son visage avait été mutilé et déchiré si violemment que ses traits ressemblaient à une tache rouge.
Drago avait l'impression d'avoir reçu un coup de pied dans le ventre. Il voulait détourner le regard, mais il ne le pouvait pas. McGonagall n'avait-elle pas dit qu'aucun des étudiants n'avait été blessé ? Mais bien sûr, la plupart des Weasley avaient quitté Poudlard… Drago se souvint de la façon dont les jumeaux étaient partis l'année dernière, s'envolant hors du hall d'entrée, Ombrage rageant après eux. Il se souvenait d'avoir ressenti à contrecœur un sentiment d'amusement, voire d'admiration. Il avait dû effacer le petit sourire narquois de son visage quand Ombrage s'était retrouvée, bouillonnante, dans l'escouade inquisitoriale, son visage si brillant et violet qu'elle ressemblait à un oignon pelé.
La bouche de Drago était légèrement ouverte. Il réalisa que sa vision devenait légèrement noircie sur les bords à cause de la vitesse de sa respiration. Il parvint finalement à arracher ses yeux des profondes entailles, de la peau qui avait été délicatement remise en place comme un hideux puzzle, mais ses pensées semblaient désorganisées. L'infirmerie semblait trop éclairée. Il savait sans avoir besoin de le demander que les blessures provenaient de Greyback. Dumbledore l'avait-il invité ici pour qu'il soit forcé de voir les conséquences de ce qui s'était passé ce soir ? Alors était-il censé se sentir coupable, voire responsable ?
Non, pensa Drago avec une sorte de panique furieuse. Non, il refusait de se sentir responsable. À quoi bon ressentir cela, ou même voir le visage détruit ? Il avait tourné le dos aux Mangemorts. Que pouvait-il faire de plus ? Quoi qu'il en soit, il avait dit à Greyback de partir. Il était sûr qu'il serait dangereux. Retourne en arrière, avait-il dit. Dégage …
— « Drago, » dit Dumbledore. « S'il te plaît, montre-toi. »
Toujours respirant, Drago réalisa qu'il ne voulait pas enlever la cape. Il ne voulait pas que Dumbledore le revoie, sans se tenir à quelques pas du corps mutilé, là où la ligne pouvait être tracée de manière si évidente entre eux. Et si Dumbledore changeait d'avis et décidait qu'il ne voulait plus l'aider ? Il savait qu'il ne pourrait pas tenir seul.
— « Maintenant, M. Malefoy, » dit McGonagall avec impatience, lui tendant la main. « Le directeur a besoin de repos et vous devez partir dès que possible. »
Drago déglutit, ôta la cape et la laissa tomber dans la main qui l'attendait de McGonagall.
Dumbledore parut légèrement inquiet à la vue de son visage.
— « Est-ce que ça va, mon cher garçon ? » lui demande-t-il
Drago regarda le vieil homme. Okay ? C'était un test ? Était-il censé se comparer aux horribles blessures de la silhouette dans le lit et se rendre compte qu'il allait bien, mais seulement aux dépens du membre de l'Ordre dont il s'agissait ? Était-ce le jeu psychologique auquel Dumbledore jouait ?
Drago réalisa que son visage s'était tordu.
— « Je n'ai jamais été aussi bien, » dit-il.
McGonagall et Hagrid semblaient irrités, mais Dumbledore était toujours aussi serein, scintillant dans son lit. Drago ne voulait pas les regarder. Tous des Gryffondors, réalisa-t-il, se tenant unis contre lui. Au lieu de cela, il regarda la main noircie de Dumbledore posée contre les draps blancs.
— « Bien ? Quand allez-vous faire sortir mon père d'Azkaban ? »
Hagrid laissa échapper un bruit furieux et étranglé.
— « Sortir… Sortir, … quoi ? »
Même McGonagall ne put retenir un petit son étrange qui ressemblait un peu à celui d'un chat s'étouffant avec une boule de poils.
Dumbledore ne les regarda ni l'un ni l'autre. Il croisa le regard de Drago, et presque immédiatement, Drago sentit un inexplicable sentiment de sécurité l'envahir. Il se détestait de ressentir ce sentiment. Jusqu'à présent, Dumbledore n'avait-il pas fait à peine plus que le rejeter dans le danger avec sa confiance idiote en Rogue ? Et pourtant il y avait quelque chose dans son visage qui rayonnait encore de puissance, et donc de réconfort.
— « Comme je l'ai dit plus tôt, » dit calmement Dumbledore, « Lucius est suffisamment en sécurité à Azkaban pour le moment. Il n'y a pas lieu de craindre pour sa vie, surtout maintenant que Lord Voldemort va le considérer, après la mort apparente de son fils et femme, plus que suffisamment punis. En fait, » ajouta-t-il doucement, comme s'il commentait la météo, « si nous simulons sa mort immédiatement après celle de votre mère, cela rendra les deux morts un peu moins convaincantes, je pense. »
— « Mais vous savez comment vous allez faire ? Vous avez un plan ? »
Dumbledore inclina la tête.
— « Bien » dit Drago avec impatience. « Qu'est-ce que c'est ? »
— « Malfoy, » aboya McGonagall, qui pensait clairement qu'il était trop exigeant avec un homme en convalescence de plus d'un siècle. Mais Dumbledore la fit taire en levant sa main saine, qui, remarqua Drago, ne tremblait plus autant maintenant qu'au sommet de la tour.
— « Dans les semaines à venir, » dit calmement Dumbledore, « des membres de l'Ordre rendront visite à Lucius à Azkaban sous prétexte de l'informer de votre mort. Bien sûr, ils lui diront la vérité à la place. Ils lui fourniront une dose de potion du Mort-Vivants à boire peu de temps après leur départ. » Un coin de la bouche de Dumbledore se souleva. « Après son enterrement, j'ose dire que nous pourrions le retrouver sans toute la surveillance autour de lui. Ensuite, il pourra également être amené au quartier général. »
Hagrid ne semblait pas pouvoir se contenir.
— « Mais professeur Dumbledore, monsieur, » éclata-t-il, « comment pouvons-nous savoir que Lucius Malefoy ne retournera pas immédiatement vers Vous-Savez-Qui après être sorti d'Azkaban ? »
Drago craqua. Une partie de lui n'attendait que ça, attendant d'exprimer une infime fraction de sa peur et de sa colère.
— « Parce que, » grogna-t-il, « mon père est assez intelligent pour ne pas retourner vers le Seigneur des Ténèbres alors que vous nous gardez, ma mère et moi, pratiquement captifs dans votre quartier général. Dieu merci, je ne compte pas sur votre cerveau pour nous garder en vie. »
La couleur rouge inonda les joues de Hagrid. Drago voulait qu'il rétorque, il voulait une excuse pour se battre, mais avant qu'Hagrid ne puisse répondre, Dumbledore intervint.
— « A votre question, Hagrid, » dit-il, la voix légèrement élevée, « je ne crois pas que Lucius risquerait sa femme et son fils pour quoi que ce soit, en particulier pour une loyauté envers Lord Voldemort qui a vacillé si peu de temps après que son maître ait perdu son corps. »
Maintenant, il regarda Drago, avec un visage sévère pour la première fois depuis que Drago avait prononcé le mot « Sang-de-Bourbe » au sommet de la Tour d'Astronomie.
— « Drago, » dit-il avec une touche d'acier. « Pas seulement ici, mais pendant que vous serez au quartier général, je dois vous demander de ne plus jamais parler à un membre de l'Ordre de cette façon. Vous protéger les met tous en danger. Vous leur devez, sinon votre gratitude, votre respect. »
Drago serra la mâchoire. Toutes sortes de pensées lui traversaient l'esprit, à savoir qu'il n'avait pas demandé l'aide de ce lourdaud et qu'il ne ferait pas confiance à Hagrid dans la mesure où il pourrait vendre la mèche par pur négligence. Ce serait un miracle absolu que cela n'arrive pas.
Mais il savait qu'insulter Hagrid ne ferait rien. C'était Dumbledore qu'il devait garder heureux, alors il secoua la tête au plus petit hochement de tête qu'il pouvait.
Dumbledore n'avait pas l'air totalement convaincu.
— « Vous promettrez de traiter avec respect tous ceux qui entrent dans le quartier général de l'Ordre ? »
Drago ferma les yeux. Il ne pouvait qu'imaginer ce qui allait affluer dans cet endroit l'été prochain. Harry Potter, supposa-t-il, le Roi des Belettes, et l'Encyclopédie de Sang-de-Bourbe. Sans parler des loups-garous et des traîtres à leur sang et les Aurors et généralement personne qu'il ne voulait voir sous aucun prétexte.
— « Pourquoi cela vous importe » grogna Drago.
— « Oh, c'est très important, Drago. » Dumbledore soupira et souleva un gobelet du chevet. Il sirota la potion à l'intérieur, grimaça, puis se redressa légèrement contre ses coussins. « Se respecter les uns les autres », dit-il avec plus de force, « quelles que soient nos différences, est la distinction la plus fondamentale entre ce que l'Ordre pratiques et ce que le Seigneur des Ténèbres préconise parmi ses disciples. Nous aurons beaucoup à accomplir cet été, et… »
— « Je ne travaille pas pour vous. » Les mots étaient sortis de la bouche de Draco avant qu'il ne les ait pensés.
Dumbledore le regarda avec un intérêt poli.
— « Oh ? »
Draco sentit les regards désapprobateurs de Hagrid et de McGonagall sur son visage, mais il leva le menton d'un air de défi.
— « Vous m'avez entendu, » dit-il froidement. « J'ai dit que je ne travaillais pas pour vous. Rogue pourrait se taire s'il pense que mes parents et moi nous nous cachons, mais s'il pense que nous travaillons contre les Mangemorts, il n'y a aucune chance qu'il ne le dise pas au Seigneur des Ténèbres. »
— « Le professeur Rogue a reçu pour instruction de ne pas révéler votre survie à… »
— « Il ne travaille pas pour vous ! Que dois-je faire pour que ça passe par votre … »
— « Ça suffit, Malefoy ! » cracha le professeur McGonagall. « Vraiment ! »
Draco se tourna vers elle, mais avant qu'il puisse réagir, Dumbledore intervint à nouveau.
— « S'il vous plaît, Minerva. Ayez de la patience. Draco a subi une terrible épreuve, et Severus, après tout, joue son rôle de manière suffisamment convaincante pour tromper même Lord Voldemort. Il est tout à fait naturel que Draco se soucie de son bien-être et de celui de sa famille."
Drago se contenta de fixer Dumbledore. Il n'avait aucune idée de ce qu'il était censé ressentir en entendant cette série de phrases. Étaient-ils condescendants ? Oui. Apaisant ? Oui aussi, d'une manière ou d'une autre.
Draco ne comprenait pas du tout le vieil homme. Il semblait tellement compréhensif envers tout le monde et tout que c'était comme s'il n'était pas du tout une personne, juste une entité fantomatique qui dérivait entre mille points de vue, reconnaissant qu'ils étaient tous parfaitement naturels sans jamais vraiment ressentir quoi que ce soit qui lui soit propre. Il a même parlé du Seigneur des Ténèbres avec une sorte de compréhension bizarre.
Draco voulait décider que c'était pathétique, mais il ne pouvait pas aller au-delà du fait que c'était complètement incompréhensible. Quoi, Dumbledore n'a-t-il jamais jugé personne ? N'a-t-il jamais préféré ou détesté quelqu'un ? Comment pouvait-il être de son côté et dire que Draco avait « subi une terrible épreuve » ? Draco aurait presque préféré que Dumbledore le regarde avec dégoût, au moins cela aurait eu du sens.
Quoi qu'il en soit, il avait fait taire McGonagall, il le remercia intérieurement.
— « Je ne m'attends pas à ce que vous aidiez l'Ordre du Phénix, Draco, » dit Dumbledore avec légèreté, comme si rien n'avait interrompu son discours initial. « C'est une victoire suffisante, en termes de nos objectifs, pour que trois personnes proches du Seigneur des Ténèbres cessent de travailler contre nous. Et il sera déjà assez difficile pour vous de laisser derrière vous tout ce que vous avez, sachant que vous allez être considéré comme mort. »
Draco n'eut aucune réponse à cela non plus. L'expression de Dumbledore était un peu trop complice, comme s'il avait deviné ce que Drago imaginait. Les visages de ses amis lorsqu'ils ont appris ce qui lui était soi-disant arrivé. Le silence dans leur compartiment du Poudlard Express pour retourner chez eux.
— « Qu'est-ce que vous allez leur dire ? » marmonna-t-il en regardant le sol.
— « J'annoncerai à l'école que vous avez prêté serment au service de Lord Voldemort et que vous avez reçu l'ordre de me tuer au risque d'être assassiné vous-même. Je leur dirai aussi que vous avez admis les attaques qui ont blessé Katie Bell et Ron Weasley. Oui, Drago, » ajouta-t-il plus doucement, « J'ai bien peur que l'école mérite de connaître la vérité à ce sujet. Plus ils comprendront votre comportement cette année, plus ils seront capables de comprendre le genre d'avenir qui les attend sous le règne de Voldemort. »
— « Alors, vous allez m'utiliser comme avertissement, n'est-ce pas ? » Toujours en train de regarder les sols nettoyés de l'infirmerie, Draco ne pouvait pas retenir un ricanement dans sa voix. « Soyez prudent ou vous finirez comme Draco Malefoy. Rejoignez-vous maintenant et résistez au Seigneur des Ténèbres, ainsi nous n'aurons plus de Draco Malefoy dans le monde. Sauf que vous les faites toujours tuer de cette façon, n'est-ce pas ? »
Dumbledore ne répondit pas un instant. Lorsque Draco leva les yeux, il sentit une émotion incertaine face à l'expression du visage de Dumbledore. Les yeux du vieil homme étaient brillants et pleins de douleur.
— « Oui, » dit doucement Dumbledore. « Pour ceux comme toi, Draco, qui atteignent la majorité dans des moments comme ceux-ci, j'ai bien peur que ce soit le seul choix qui reste à faire : soit s'opposer au mal, au risque d'être abattu par ses nombreuses armes terribles, soit venir tranquillement et se laisser faire, sans voix.
Drago ne pouvait pas répondre. Sa gorge s'était serrée.
— « Y a-t-il autre chose que vous souhaitez me demander avant de partir ? » demanda Dumbledore.
— « Qui… qui est-ce, » dit Draco, incapable de regarder l'autre lit.
— « Bill Weasley. Il était préfet en chef ici à son époque, et préfet comme vous. Je crois que vous connaissez son plus jeune frère, Ron, et sa sœur Ginny. Il s'en remettra, même si sa vie sera, bien sûr, différente. » Dumbledore fit une pause. « Si c'est tout, alors s'il vous plaît, lisez ceci. »
Il tendit à Draco un bout de parchemin. On y lisait : Le quartier général de l'Ordre du Phénix est situé au numéro 12, Place Grimmauld.
A peine Draco avait-il lu les mots que le parchemin éclata en une flamme sans chaleur. En quelques secondes, il avait disparu.
— « Bonne nuit, Draco, » dit Dumbledore en ôtant ses lunettes. Son visage paraissait étrangement doux et nu sans elles. « Merci pour ce que vous avez fait, ce soir. »
Il est fou, pensa Draco.
— « Bonne nuit », marmonna-t-il, puis il laissa McGonagall l'emmener une dernière fois à travers les couloirs jusqu'à son bureau, où il jeta une pincée de poudre verte scintillante sur une grille vide, prononça l'adresse et laissa sa vie derrière lui.
