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Thème écrit : odorat. Thème image : Image de creatifrankenstein, Pixabay. Défi scénaristique : votre personnage perd ses cinq sens le jour d'Halloween. Défi musique : Sympathy John Carpenter - HALLOWEEN Theme.

Fandom : Harry Potter.

Personnages : Bellatrix (Black) Lestrange.

Ships : Ø

Thèmes/Tags : Texte horrifique, Halloween.

Il y avait un miroir.

On lui avait défendu, depuis toujours, de toucher aux objets du Manoir. Le Square Grimmaurd ne payait pas de mine, au vu de l'extérieur, mais tous les enfants Black l'expérimentaient un jour où l'autre, la douzième maison renfermait, sous ses apparences parfois délabrées et miteuses, sous ses fondations anciennes, les entrailles d'un véritable, terrifiant et gigantesque manoir.

Il s'y trouvait des objets... pour le moins insolites. Des choses qui auraient fait passer la collection de têtes d'elfes de maison d'Elladora Black pour une charmante collection de bibelots de voyage.

Donc, il y avait un miroir.

Elle avait toujours été curieuse. L'inconnu ne l'effrayait point ; l'interdit avait une saveur excitante - le pouvoir de faire battre son cœur, de faire vibrer son âme, de faire résonner tout son être en accord avec son environnement.

Le tout était de ne pas se faire prendre. Sans peur, et sans aucun remords. Jamais.

Bellatrix était prête.

Elle savait qu'il ne fallait jamais regarder directement une glace - on leur avait suffisamment conté d'histoires effrayantes au sujet des miroirs enchantés, à toutes les trois. On avait dit à Narcissa qu'ils flétrissaient la beauté de celui qui tirait trop de vanité de son propre reflet, on avait glissé à Andromeda qu'ils pouvaient deviner l'avenir de ceux qui les scrutaient, qu'ils pouvaient former un passage d'où personne ne pouvait sortir. On lui avait raconté tant de légendes effrayantes à leur propos, mais plus rien n'aurait su lui donner la chair de poule, à présent que sa route jouxtait celle du mage noir le plus puissant de toute l'Angleterre sorcière.

Et puis elle connaissait le véritable secret des miroirs. Ce qu'on y voit à l'intérieur.

Elle tenait le coffre qui l'enfermait entre ses mains, blanches, pures et dignes, prête à en sortir l'objet. Le Maître le lui avait demandé - elle s'empresserait de le lui remettre. La nuit de Samhain. Que comptait-il en faire, c'était un mystère absolu.

Cependant, elle comprenait pourquoi il désirait l'artefact. Cela faisait des jours et des jours qu'elle le tenait dissimulé au fond d'un de ses placards, puis sous son lit. Elle avait l'impression qu'il l'appelait, jusque dans les vagues les plus écrasantes de son sommeil.

A présent que l'aube se levait sur un 31 octobre 1971 particulièrement orageux, quelque chose lui disait que le moment était venu.

Précautionneusement, elle prit le miroir en main. Fronça les sourcils.

C'était lourd. Les dorures semblaient de véritables veines d'or entourant un cadre brumeux, où l'extérieur ne pouvait se refléter qu'en relief. L'objet palpitait entre ses paumes.

Cela sentait la fumée et l'encens, et puis quelque chose qu'elle n'aurait pas su décrire.

Soudain, un visage apparut. Un crâne humain, hurlant en silence.

Elle n'eut qu'un bref sursaut de recul.

Ses yeux ne pouvaient plus se détacher de l'objet.

C'était...

C'était la Mort qui animait les miroirs.

Son visage, hideux, tordu, implacable.

Peu à peu, alors qu'elle se concentrait dessus, hypnotisée par le dessin d'un serpent de brume qui se mit à ramper de la bouche du crâne, la brume évanescente, lourde, s'approchait. Sans y prêter plus attention, Bellatrix inhalait ses vapeurs toxiques comme on se délecterait d'une eau de rose délicate.

Jusqu'à l'annihilation.

Son nez, d'abord. Puis ses yeux, qui devinrent aveugles.

Elle lâcha le miroir, mais n'entendit pas le son métallique de sa chute sur le parquet lambrissé. Peu à peu, tout devenait noir, confus. Elle dérivait dans un océan de ténèbres.

Bellatrix se cogna la tête en s'écroulant au sol, et ne le sentit pas. Son cœur lui semblait s'être arrêté - le temps, l'espace, l'univers - tout se désagrégeait.

Il ne restait plus que la Mort.

Elle n'avait pas peur.