Aï travaillait dans le labo qu'elle occupait depuis maintenant plus de 6 ans. Selon tous ses calculs, le nouveau remède serait le bon. Enfin. Elle soupira en reposant son poids contre le dossier. Déjà deux mois depuis qu'on l'avait sorti de l'Organisation. À chaque fois qu'elle y repensait, la vision de sa meilleure amie s'effondrant au sol, les vêtements ensanglantés lui revenait en tête. Elle soupira et repoussa de nouveau l'image et le sentiment de culpabilité de n'avoir pas vu la blessure plus tôt dans un coin de sa tête et acheva son travail. Elle rangea avec satisfaction les comprimés dans une boîte et sortit du labo.

-Bonjour Aï-chan... Rassure moi tu n'as pas passé la nuit dans le labo ?

L'aubrune sourit face à l'inquiétude du professeur avant de le rassurer.

-Je me suis juste levée plus tôt.

-Toujours tes cauchemars ?

La scientifique acquiesça. Elle changea soudainement de sujet.

-Je ne serai pas là de la matinée, et je ne serai pas là à midi...

-Tu vas où ?

-Voir une vieille connaissance !

Agasa hocha ma tête, lui tendant une tasse de thé.

-Shinichi devait passer ce matin...

-Je serais de retour cet aprem, avec son remède, il peut bien attendre quelques heures ! Il n'a qu'à en profiter pour que Conan dises au revoir à tout le monde...

Elle but son thé en silence, puis, profitant que le professeur soit occupé avec ses inventions, elle fila dans sa chambre et avala un comprimé qui lui rendrait sa taille adulte pour quelques heures, 6 si elle ne s'était pas trompé dans ses calculs. Elle mit les vêtements qu'elle avait acheté spécialement pour l'occasion, puis se dirigea vers la sortie de la maison en priant pour qu'Agasa ne lève pas la tête vers elle.

-Il sera là d'ici quelques minutes, veuillez patienter Miyano-san...

Shiho acquiesça et s'installa face à la vitre d'un air ennuyé. Elle avait du mal à se réhabituer à son corps d'adulte, ayant passé plus de 4 ans sans prendre le remède une seule fois de peur que l'Organisation ne la retrouve. Et entendre son vrai nom de nouveau lui avait semblait irréel et pas particulièrement agréable, surtout venant d'un inconnu.

-Sherry...

Elle ne dit rien, fusillant la personne qui s'était installé de l'autre côté de la vitre. Le boss de l'Organisation semblait en pleine forme, malgré ses deux mois de prison.

-Si c'est simplement pour me fusiller du regard je n'en voit pas l'intérêt... Pourquoi est tu là ?

-Je voulais vérifier une théorie... Pourquoi êtes vous encore en vie ?

L'homme eut un bref ricanement avant de déclarer tranquillement.

-Je suis donc une de tes souris de laboratoire maintenant ? Quelle substance tentes tu d'étudier ?

-Vous avez été, je ne sais comment, exposer à une autre de mes "merveilleuses créations" comme vous le disiez si bien.

-oh ça ? Cadeau de Dooley... D'ailleurs elle va bien ?

Shiho ne parvint pas à déceler si il était réellement inquiet ou tentait simplement de l'énerver. Dans le doute elle ne répondit pas, revenant sur son sujet de base.

-Cela fait 2 mois que vous n'avez pas accès à l'antidote... Comment êtes vous encore en vie ?

Il sourit, apparemment amusé du questionnement de l'aubrune.

-Qui te dis que je n' en ai pas ici ?

-Personne ne prendrait le risque de donner des cachets inconnus à quelqu'un qui n'a aucun symptôme et aucun problème selon les prises de sang. Bref, légalement c'est impossible. De plus, la prise du remède provoque de très léger tremblements que vous ne subissez pas actuellement.

-Ça ne dois juste pas fonctionner alors.

Elle haussa les épaules et commença à se lever, ayant récupérer les seules infos qu'elle voulait.

-Attends Sherry ! Dis moi comment va Dooley !

Elle se retourna en lui lançant un regard noir.

-Tu veux savoir si elle s'est remise des blessures que tu lui a causée ?

Son ton était chargé d'une haine non dissimulée. Il soutint son regard, cette fois le plus serieusement du monde.

-Exactement. Tu comptes me répondre ?

-Non.

Sur ce mot elle sortit s'éloignant enfin pour la dernière fois de l'Organisation. Elle entendit tout de même l'homme reposer la question dans l'espoir qu'elle se retourne finalement.

-Alors j'ai juste à avaler ça ?

L'aubrune acquiesça devant la femme rétrécie. Entre ces cheveux blond pâle et ses yeux, elle ressemblait énormément à sa mère, ce qui était plutôt perturbant pour elle.

-Et comment je peux savoir que ça ne va pas me tuer ?

Shiho haussa les épaules.

-Je n'ai pas de preuves à vous apporter, ou en tout cas aucunes qui serait suffisante pour vous. Alors si vous ne me faites pas confiance, vous n'avez pas à prendre ce remède. Après tout c'est votre vie, et je n'ai pas particulièrement besoin que vous repreniez votre vie comme avant. Je répare juste mes erreurs.

Mary l'observa attentivement et prit le cachet dans une main.

-Je peux te demander autre chose ? Pourquoi c'est toi qui fais le remède ?

-J'ai créé le poison, comme je l'ai dit, je répare mes erreurs.

-Je peux connaitre ton nom ? Le vrai pas celui qui tu utilise dorénavant ?

-Miyano. Pourquoi cela.

-Tu ne serais pas lié à Elena ?

Shiho fronça les sourcil avant de secouer la tête.

-Tout ça fait partie du passé. Je ne suis plus une Miyano de toute façon à présent. Ils sont tous mort, tués par l'Organisation. Shiho à cesser d'exister il y a plusieurs années.

C'était en partie vrai. Hormis Akemi, elle n'avait plus aucun lien avec ses parents, ne les ayant jamais réellement connu à part sur les photo que sa sœur lui montrait. Dorénavant, elle était Haibara Aï, une simple enfant, certes plutôt mâture pour son âge, qui avait grandi pendant 6 ans dans la peur et qui pouvait enfin respirer. Elle quitta Mary et regarda l'heure. Il lui restait une heure de remède.

Elle rentra chez le professeur Agasa, qui n'avait pas levé le nez de ses inventions. Il leva cependant la tête en entendant l'aubrune fouiller dans le frigo et sortir l'assiette qu'il lui avait tout de même mis de côté.

-Tu es sortie sous cette forme ?

Elle acquiesça, peu attentive, plus concentrée sur sa nourriture que sur les parole de l'inventeur.

-Je croyais que tu comptais rester Aï ?

-C'est le cas.

Il la laissa tranquille comprenant qu'elle n'était pas disposé à discuter. Elle finit son repas, débarrassa et s'enferma dans sa chambre. Elle retrouva avec satisfaction la taille d'une enfant de 12 ans. Elle sourit un instant en pensant que le poison qu'on l'avait forcé à faire avait signé le début d'une nouvelle vie pour elle. Une nouvelle chance de vivre, entourée de gens qui l'appréciait et l'aider, consciemment ou non, à surmonter ses souvenirs et son passé. Lorsqu'elle redescendit, Conan était là. Ell lui tendit la boîte, qu'il ouvrit, et en extrait un cachet.

-Cette fois c'est la bonne ?

Elle ne prit pas la peine de répondre, lui ayant déjà dit plus tôt.

-C'est donc maintenant que l'on dit à adieu à "Conan"...

Il semblait un peu perdu, presque nostalgique. Il attendait cela depuis de longues années, mais il était cet enfant depuis si longtemps que l'idée de retrouver définitivement sa véritable identité lui semblait étrange. Aï lui indiqua que des vêtements à sa taille l'attendait dans la chambre d'ami, il se dirigea donc vers la salle, puis avala le médicament. Shinichi était de retour.

-Dis moi, tu as été voir Mioru ce matin ?

L'aubrune fit non de la tête. La professeur reprit.

-Tu veux que je t'y amène ?

-Il faut qu'on passe chez le fleuriste d'abord...

-Pas de problème...

Agasa observa Aï soupirer avant d'appuyer ses paumes contre ses yeux. Il ne savait pas réellement comment les deux jeune filles avaient pu devenir aussi proche en peu de temps, mais l'aubrune était très affectée par ce qui était arrivée à sa camarade. Lorsqu'il avait abordé le sujet, elle avait détourné la conversation, ou avait tout simplement refusé de répondre. Conan avait cherché également, mais n'avait pas trouvé grand chose, si ce n'est un soupçon sur une potentielle appartenance au réseau criminel qu'ils étaient parvenus à démonter.

-Salut ! J'ai été voir ano kata ce matin ! Je pense que mon poison va le tuer d'ici une semaine. Pour une fois, je me dis que c'est rellement une bonne chose, il le mérite ! Conan a repris sa forme de detective lycéen timoré , bien que l'on ne puisse pas dire qu'il soit encore un lycéen...

Elle laissa un blanc

-Tu manques à tout le monde. Ou plutôt Mioru manque à tout le monde. En revanche, je peux dire que toi, tu me manques... Au fait, Vermouth est partie ! Elle a laissé un petit mot pour dire que plus rien ne la retenait ici... J'ai beau ne pas l'apprécier, tant qu'elle reste loin, j'espère qu'elle va vivre une vie moins compliqué qu'avec l'Organisation.

Aï changea les fleurs du vase, les précédantes commençant déjà à faner. Elle essuya rapidement les larmes qui lui avait échappée et sursauta lorsqu'une voix la sortit du silence environnant.

-Je suis désolée petite, mais c'est la fin des horaires de visites...

-J'ai bientôt finie.

-Essaie de faire vite.

Aï remercia l'infirmière qui sorti de la chambre. L'aubrune observa attentivement la chatain espérant en vain qu'elle se réveille enfin. Elle remplaça une mèche de cheveux châtain avant de poser ses mains sur un des bras de Mioru. Elle murmura.

-Il faut que tu te réveille. J'ai besoin de toi. Tu n'as pas le droit de m'abandonner comme ça après tout ce qu'on a traverser.

Cette fois elle ne tentait plus de retenir ses larmes. Elle finit par s'eloigner vers la porte.

-À la semaine prochaine.

Fin