Les premiers jours furent un enchantement pour Lily qui découvrait peu à peu les merveilles du monde des sorciers : les escaliers qui bougeaient n'importe comment, les mille et une chouettes qui volaient tous les matins dans le réfectoire immense, les fantômes de Poudlard.

La plus belle merveille fut son premier cours de vol. Durant toute son enfance, elle avait vu plein de dessins animés et de livres où des sorcières volaient sur leur balai; et à présent, elle se trouvait dans la cour avec toutes les premières années, un balai devant elle. Elle devait se retenir pour ne pas ressembler à une pile électrique, mais son sourire extatique la trahissait.

« Pour appeler votre balai, vous dites : Debout jusqu'à ce qu'il obéisse, indiqua madame Bibine. »

Cela se passa sans mal pour l'apprentie sorcière qui commença ses premiers pas dans les airs. Au début, elle fut un peu effrayée par le sol qui s'éloignait d'elle mais elle s'accrocha bien au manche et apprécia la sensation du vent qui fouettait son visage. Ça y est, elle volait, comme les oiseaux ! Elle était vraiment en train de pourfendre les cieux de son balai – d'accord, elle volait à juste quelques mètres du sol mais ça restait sensationnel. Elle riait, enivrée par cette sensation de liberté…

… jusqu'à ce que dans un fracas de verre, un boulet atterrisse sur la petite sorcière. Poussant un cri de surprise, Lily eut tout juste le temps d'agripper fermement au manche avant de tomber brutalement dans l'herbe, le boulet avec elle. Elle cligna des yeux, hébétée, avant de tourner la tête. Le boulet était… une sorcière ?! Et pas n'importe laquelle.

« R… Rouge ?! »

En effet, c'était bien la Poufsouffle blonde, qui se frottait les fesses en grimaçant de douleur et en se fichant royalement des ricanements des autres élèves.

« Euh… ça va ? Qu'est-ce qui t'est arrivé ? demanda-t-elle, ne comprenant pas ce qu'une troisième année faisait sur le terrain d'entraînement de vol.

-¡Ay ay ay ! gémit-elle. Creo que estoy bien, no te preocupes*. »

Lily la regarda avec des yeux ronds. Mince, elle avait oublié que personne ne parlait espagnol ici ! Elle répéta donc en anglais tout en se relevant.

« Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas te faire tomber, dit-elle, honteuse.

-Ne t'inquiète pas, heureusement que je me ne trouvais pas haut dans le ciel. »

Par précaution, les deux filles furent escortées à l'infirmerie. La petite rousse eut enfin l'explication : les Poufsouffle suivaient à ce moment-là un cours de potions au sous-sol. Tout à coup, le chaudron de Rouge avait émis un geyser tellement puissant qu'il avait expulsé sa propriétaire par le soupirail, d'où les éclats de verre.

« Noooon, sérieux ? »

Lily ne pouvait absolument pas s'empêcher d'éclater de rire en visualisant la scène.

« Oh, ce genre de catastrophe arrive à quasiment tous les cours de potions, répondit Aurora qui venait de tout raconter à la petite avec un air blasé.

-Est-ce que je t'ai demandé ton avis ? grommela Rouge en souriant malgré elle. »

Aurora Sinistra avait débarqué peu après sur le terrain pour voir comment elle allait. C'est ainsi qu'elle avait fini par accompagner les deux filles.

« J'allais oublier : Tergeo, dit-elle en pointant sa baguette sur la blondinette. »

En moins de deux, sa robe de sorcière fut débarrassée de tout le liquide. Ça tombait à pic, elles venaient d'arriver devant l'infirmerie. L'adolescente à la peau sombre toqua avant qu'on ne les autorise à entrer. Une femme assez âgée portant deux paires (deux?!) de lunettes de soleil qui dégageaient ses longs cheveux paille et gris se leva à leur arrivée. Avec son ensemble aubergine dont le style oscillait entre le rock et la tenue de cow-boy, elle paraissait excentrique comme pas mal de gens à Poudlard, songea Lily.

« Bonjour les filles, les accueillit-elle avec un drôle d'accent qui hésitait entre canadien et une autre langue inconnue. Oh, Rouge-chan. Comme d'habitude je suppose ?

-Hai, Kureha-sensei, marmonna-t-elle en s'installant sur un lit. »

Lily ne put empêcher d'émettre un petit rire en voyant que la scène avait l'air d'un gag récurrent.

« Je vous ai déjà fourni l'équivalent d'une dose annuelle de prunes marinées avant-hier.

-Je considère que ça suffira, mais ne pense pas que cela t'autorise à me rouler jeune fille. »

La petite nouvelle les fixa comme un innocent poisson rouge.

Le médecin revint avec du désinfectant, du coton et une pince pour les éclats de verre qui s'étaient fichés dans sa peau. Elle s'occupa de la jeune fille en un tour de main, puis vérifia que Lily n'avait rien.

« Bon, il va bientôt être l'heure du déjeuner et moi je commence à avoir faim. Alors décampez les gamines !

-Oui oui. »

Juste après le déjeuner, tous les élèves de troisième année avaient l'une de leurs matières optionnelles. Le cours de Runes anciennes se tenait au rez-de-chaussée de la tour Nord. La salle, assez petite, était tapissée sur les murs de cartes du monde et de différents alphabets anciens la lumière du jour rendait des nuances devenues pastel après réflexion sur les murs clairs et des jeux d'ombre peu contrastés. Cela donnait à l'endroit une atmosphère intimiste et chaleureuse. La femme qui avait été présentée comme celle enseignant cette matière se tenait debout devant le tableau.

« Bonjour, je suis votre nouveau professeur d'Études des Runes anciennes, Olvia Nico, lança-t-elle d'un ton dynamique et avec un visage rayonnant. Je suis archéologue et ai enseigné précédemment à l'école des arts occultes de Tenochtitlan. »

Elle avait un accent assez prononcé, sûrement nordique : elle adoptait un accent tonique sur certaines syllabes et insistait sur les r.

« N'hésitez pas à me poser toutes les questions que vous souhaitez, nous ne sommes pas nombreux et ce sera avec plaisir que je prendrai le temps de vous transmettre mes connaissances. »

Avec une enseignante aussi enthousiaste, l'année ne pouvait que bien se passer.

« Si vous n'avez pas encore lu les pages d'introduction, je vous laisse quelques minutes avant de débriefer tous ensemble. Ce sera l'occasion de vous présenter et de dire pourquoi vous avez choisi cette option et ce que vous attendez de ce cours. »

La femme aux cheveux argentés jeta un regard attendri aux élèves. Elle imaginait parfaitement sa petite Robin plus âgée, penchée sur son livre, le front plissé de concentration. Elle avait remarqué qu'elle s'exprimait fort bien pour ses deux ans ; c'était une enfant précoce d'une rare intelligence, elle réussirait partout.

Rouge mit enfin le doigt sur cet air de déjà-vu : sa photo était déjà apparue dans le Courrier de la Marine. Ainsi, à la fin du cours, s'assurant que les autres étaient déjà partis, elle s'approcha d'elle en lui demandant presque en chuchotant :

« Nico-sensei, vous venez bien de la Grand Line, n'est-ce pas ? »

L'interpelée sourit.

« Exactement, mademoiselle Portgas D. Vous êtes la première D que je rencontre, c'est un honneur. »

La D en question ne put s'empêcher de rire légèrement. Cela la rassurait que dans cette école de sorciers, elle ne soit pas la seule originaire de ce monde inconnu de la plupart des mortels.

« Je n'ai encore rien fait d'extraordinaire, répondit-elle d'un air embarrassé.

-Pas encore, mais les D sont la volonté de ce monde. »

Le professeur regarder brièvement le plafond avant de reporter son attention sur elle son ton et son visage étaient devenus rêveurs.

« Viendra le jour où à ta façon, tu t'opposeras d'une certaine manière aux absurdités et injustices de notre monde. Les difficultés, inévitablement, se dresseront sur la route et peut-être que tu n'atteindras pas le but souhaité; mais ce sera à toi de décider si tu es née avec un D ou si tu acceptes de porter la responsabilité du D. »

Songeuse, Rouge passa toute la soirée à réfléchir aux paroles d'Olvia Nico.


Coucou Rouge,

J'espère que ta rentrée s'est bien passée. En ce qui me concerne, Poudlard me manque déjà, mais il faut bien grandir.

Fais de ton mieux pour que mes cours de soutien n'aient pas été vains ! Je passerai un jour te voir à Poudlard, à moins que tu préfères qu'on se capte à Pré-au-Lard.

Je t'embrasse,

Andy

Rouge venait de recevoir cette lettre au moment du petit-déjeuner. Andromeda Black était jusqu'à présent la seule Sang-Pur qu'elle connaissait venant d'une famille intolérante à s'être détachée de cette éducation nauséabonde. Elle lui avait fait jurer de garder le secret de son idylle avec un né-Moldu, Fred Tonks et Rouge comptait bien tenir sa promesse. Après tout, une vraie amie devait honorer la confiance qu'on lui accordait. Et puis, elle avait fait tant d'efforts pour l'améliorer en anglais et en métamorphose. Certes, à l'époque où elle fréquentait encore Poudlard, elle traînait davantage avec ses sœurs toutefois Andromeda lui accordait deux heures par semaine où elle l'aidait et où elle lui faisait découvrir la culture du monde des sorciers, et ce sans condescendance et avec un vrai plaisir.

L'adolescente rangea la lettre dans son agenda et partit pour son cours. Elle venait de monter les escaliers quand soudain, une voix caquetante avec un pseudo-accent espagnol rompit le fil de ses pensées :

« Alors Carmena, on n'a toujours pas retiré son balai du cul ? »

Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle vit le visage spectral aux yeux noirs. L'esprit frappeur commença à jouer des maracas.

« Silence, dit-elle d'un air las. »

Depuis l'arrivée à Poudlard de la jeune Canarienne, Peeves prenait un malin plaisir à l'embêter. Au début, elle s'agaçait face à lui mais en voyant qu'il continuait toujours, elle avait fini par laisser couler. D'ailleurs, dédaignant son ordre, il enchaîna en tournoyant autour d'elle :

Toi ma belle espagnole
Quand tu bouges tes épaules
Je ne vois plus le monde autour
C'est peut-être ça l'amour**

Non seulement il chantait archi mal mais en plus, il le faisait avec une voix de fausset très irritante. Rouge l'ignora et courut le plus vite possible pour quitter le couloir.

« Peeves t'a encore pris pour cible, constata platement une nouvelle voix. »

La sorcière se raidit à la vue d'un garçon de son âge qui arborait un visage sérieux et serein. Elle n'appréciait pas beaucoup Dragon qu'elle trouvait manipulateur et sournois et souhaitait autant que possible avoir le moins affaire à lui.

« Et alors ? Cela ne te regarde en rien, dit-elle tout aussi platement. »

Certes, elle avait toujours trouvé le système de découpage des maisons à Poudlard absolument ridicule : personne n'était seulement rusé ou seulement créatif, chaque personne avait ces qualités en fonction des situations et en différentes proportions. D'ailleurs, Andy-senpai était le contre-stéréotype prouvant que les Serpentard n'étaient pas forcément de vilains méchants. Par contre, elle reconnaissait que c'était bien pratique pour fuir certaines personnes : le Choixpeau avait accepté de l'envoyer à Poufsouffle afin d'éviter autant que possible le garçon louche qui se tenait à quelques pas d'elle. Malheureusement, elle ne pouvait pas esquiver les cours communs avec les Serdaigle. Alors elle l'ignora superbement et alla s'installer à côté de Xenophilius – mille fois plus sympathique ce Serdaigle - en attendant leur cours de Défense contre les Forces du Mal.

Dans la salle pesait une atmosphère palpable mêlée d'excitation et d'appréhension : en effet, en ce beau jour de début octobre, les élèves de troisième année apprirent ce qu'était un Epouvantard et comment se défendre contre lui chacun, baguette tendue, dut passer à la pratique. Lorsque Dragon passa à la casserole, tout le monde soit glapit de terreur, soit sauta au plafond face à l'imposant Marine :

« MONKEY D. DRAGON ! K'SSOU GAKKI ! »

Oh punaise ! Avec des poings qui auraient fait se pâmer n'importe quel pirate de la Grand Line et des poumons qui auraient fait fuir n'importe quelle recrue, on ne pouvait que compatir au sort de son fils qui devait en voir de toutes les couleurs. Pour la première – et elle l'espérait, la dernière fois de sa scolarité -, Rouge ressentit une grande pitié pour ce pauvre garçon qu'elle n'aimait pas vraiment : si son père était comme ça, elle comprenait mieux pourquoi il cherchait à se libérer de son emprise. Comment avait-il fait pour ne pas finir aussi malade que lui ?

Lorsque le « Riddikulus » fut lancé, l'adolescente ne put s'empêcher de rire en voyant le terrifiant Marine… en robe rose froufrouteuse en train de danser le French cancan. Ça aurait fait un carton dans un anime !

Quand ce fut son tour, le placard explosa pour dévoiler un homme vêtu d'un uniforme militaire, au visage dur et au regard sans pitié. Ceux qui avaient un peu de culture générale se chargèrent d'expliquer brièvement à leurs camarades qui était cet homme tandis que la sueur coulait dans le dos de la jeune fille. Elle n'avait toujours pas de nouvelles de ses parents depuis qu'ils étaient partis en mission pour la résistance et elle craignait pour leur vie s'ils étaient capturés, cet homme les ferait exécuter sans pitié ! Personne n'était parvenu à le faire tomber depuis tant de décennies !

Elle serra fermement sa prise sur sa baguette. Bon sang, elle avait hérité de la volonté du D, elle n'allait pas laisser la copie de ce Cracmol l'abattre ! Rouge inspira fortement avant d'énoncer d'une voix forte et ferme « Riddikulus ».

Crac !

Le Caudillo se mit à courir à quatre pattes d'un air paniqué dans une roue géante de hamster. Rouge rit, fière d'elle.

L'adolescente devait reconnaître que le cours avait été particulièrement instructif elle sortit de la salle, satisfaite – il fallait dire que cette année, leur professeur était vraiment bon et pédagogue. Elle se dirigeait vers les escaliers quand elle entendit le bruit d'un corps et de livres qui chutaient suivi d'un juron grommelé. Rouge leva les yeux vers le haut des marches. A en juger par le ricanement du meneur du quatuor et sa baguette tendue vers la victime, il n'était pas difficile de faire un plus un. Elle s'approcha d'elle et lui tendit la main.

« Tu vas bien ? »

Le garçon grommela. Elle tiqua devant son visage, puis se souvint.

« Je t'ai vu dans le Poudlard Express.

-Tu viens me voir par pitié ? demanda-t-il d'un ton farouche.

-Non, parce que je suis humaine et que je n'ai aucun plaisir à me moquer des gens, répliqua-t-elle fermement. »

Le brun hocha la tête et prit sa main pour se relever.

« Ne fais pas attention à ces imbéciles, ils n'en valent pas la peine. »

Un petit sourire se dessina sur le visage cireux.

« Je t'apprécie bien, Portgas D. Rouge. »


« Ohé Rouge ! »

La jeune fille se retourna et reconnut celle qui l'avait interpelée avec ses cheveux roux et sa voix et également celui qui l'accompagnait, le brun renfrogné.

« Oh, salut vous deux ! Alors, le bilan des deux premiers mois ?

-C'est trop génial Poudlard ! s'exclama Lily, des étoiles dans les yeux. C'est comme dans mes rêves : les cours sont géniaux, les gens trop sympas. Et ce château !

Elle voyait seulement le côté merveilleux du monde des sorciers. Ce n'était que le début, mais elle finirait par apprendre que rien n'était entièrement rose…

« Et toi Severus ?

-Non, les gens ne sont pas tous aimables et gentils ici mais sinon les cours sont très instructifs et les professeurs enseignent vraiment bien. »

Soudain, une clameur d'applaudissements et de cris de supporters en provenance de l'extérieur retentit dans le hall même du château. Les deux premières années ouvrirent de grands yeux surpris.

« Qu'est-ce que c'est ?

-Venez, il y a le premier match de Quidditch de l'année. C'est quelque chose à voir au moins une fois dans sa vie même si on n'aime pas, c'est un phénomène dans le monde des sorciers. »

Les deux enfants découvrirent que ce n'était pas une hyperbole en voyant le stade bondé et en entendant les hurlements fanatiques des sept promotions de l'école. Les yeux verts de Lily s'ouvrirent tous ronds alors qu'elle laissait échapper une exclamation admirative :

« Ouah, c'est ça le Quidditch ?! »

On lui avait décrit le Quidditch comme étant le sport le plus apprécié chez les sorciers, mais elle n'aurait jamais pensé que ce serait aussi grandiose. En ce moment, il s'agissait du match de novembre, Gryffondor contre Serpentard.

« Serpentard l'emportera, c'est sûr ! On est les plus forts !

-Ne te prononce pas trop vite Sev, rigola Lily. »


* : Je crois que je vais bien, ne t'inquiète pas (source : DeepL mais hésitez pas à me corriger).

** : désolée, j'ai pas pu m'empêcher de mettre du Kendji Girac XD

NB : si vous êtes harcelé( e ) comme Severus, vous ne restez pas dans votre coin et vous en parlez à quelqu'un, c'est clair ? Sinon ça va finir par s'aggraver.

Voilà voilou, rendez-vous au prochain chapitre.