[Note de l'auteure : Bonjour, bonsoir ! Comme je l'ai expliqué, j'ai eu quelques petits soucis ces derniers mois... mais je vais mieux ! Finis le yo-yo émotionnel et la page blanche ! Ce chapitre est EXTRÊMEMENT LONG ! Cependant je ne me voyais pas le diviser en deux ! C'est un chapitre très centré sur Dicé mais aussi beaucoup sur Acnologia. D'ailleurs j'ai modifié le peu d'histoire que l'on connaît sur lui pour le coller à mon idée. C'est en faisant mes recherches que je me suis rendue compte que mon cerveau avait complètement supprimé le passé d'Acnologia de ma mémoire. En tout cas la version animée car dans le manga le passé d'Acnologia se résume en trois cases et on sait rien de lui. Du coup ne vous fiez pas trop à l'Acnologia de l'anime ! J'espère seulement qu'il vous plaira aussi dans ma version. Sur ce... bonne lecture ! ]
Chapitre 09 : Dicé Nahima
Toute une vie n'aurai jamais été suffisante pour t'aimer tel que tu étais. Un amour inconditionnel, absurde et parfois ridicule. Identique à celui que tu me portais. Tu m'as offert ton cœur lorsque je me suis livrée à toi. Je t'ai donné le mien et tu m'as enlacé. Nos âmes se sont dévoilés l'un à l'autre et j'ai été comblée. Nous étions inséparables, toujours près de l'autre, à s'écouter et à se comprendre… Comme cette nuit où tu as éloigné mes doutes. Notre bonheur éphémère est devenu tragédie. L'ombre de toi même ? Non... Ce stade tu l'as franchis depuis longtemps. Tu n'es plus celui que j'ai aimé... L'homme qui m'apaisait, me soutenait et m'aimait... tu l'as tué, tout au fond de ce corps écailleux au cœur noircit par le sang. Je t'ai aimé, je t'ai crains, je t'ai détesté et aujourd'hui... j'en arrive à te regretter. Elle nécessitait une obsession afin d'être complète. Une tentation suffisamment puissante pour obtenir l'énergie dont elle avait besoin afin de fleurir. J'étais cette obsession. Je l'ai nourrit et je n'ai pas su la déceler plus tôt. Mon plus grand regret est de pas avoir réussit à te sauver à temps et je suis prête à défier les dieux pour réparer cette erreur, même si aujourd'hui, je ne peux plus t'aimer.
Face au dragon, les deux équipes d'expédition maintenant réunis tombèrent de haut. Ils avaient de nouvelles informations sur Dicé Nahima mais la stupeur les empêcha de réagir. Dicé Nahima, la femme qui avait inventé la sphère Dagarath était celle qui jadis avait développé le sort qui avait permis de sauver Earthland d'Acnologia. Ce même homme qui visiblement, était à l'époque, une personne reconnue par ses pairs. Si toutes ses informations avaient créées un flot de questions dans l'esprit de la plupart, Wendy fût la seule à noter un détail important dans le discours de Belserion.
- Vous avez dit que Dicé Nahima était la dragon slayer du temps et de l'espace. Le dragon acquiesça d'un mouvement de tête. Je ne savais pas qu'il existait un dragon du temps et de l'espace. Sa puissance devait être phénoménale !
- Ce dragon n'existe pas. La confusion sur son visage l'amusa. Dicé détenait le pouvoir de deux dragons.
- A-Attendez ! Lucy agita les bras. Vous avez bien dit deux dragons ?
- Dicé faisait parti d'une expérience menée par quelques volontaires humains et dragons. Belserion prit un air sérieux. L'expérience consistait à créer une nouvelle génération de dragon slayer. La création des premiers dragons slayers étant une réussite, notre armée a voulu aller plus loin. Dix jeunes adultes et vingt des plus puissants dragons de notre pays ont participé au projet. Seule Dicé a survécu aux enchantements. Malheureusement, sa transformation a grandement affaibli les deux dragons liés à elle. La première bataille de Dicé a été une réussite. Puissante, logique et déterminée, elle était aux côtés d'Acnologia sur le front pour le protéger pendant qu'il soignait nos alliés. Dicé pouvait retourner la situation à sa guise, cependant ses parents Chronoska et Nova maintenant affaiblis, ont été grièvement blessés lors d'un combat. Au même moment, les dragons slayers ont développé des symptômes.
- La Dragonification.
- Exact... Le danger imminent qu'était devenu Dicé, força ma reine à enchaîner ses pouvoirs. Elle a été éloignée du front pour empêcher sa dragonification. Si elle perdait la raison, ce qui nous avait jusqu'ici avantagé, risquait de réduire nos troupes au néant. Mise de côté et privée de ses pouvoirs. Dicé a consacré son temps à chercher une solution à la dragonification.
- Vous disiez que les volontaires n'avaient pas survécu sauf Dicé. Usopp avança vers le dragon. Qu'est-il arrivé aux autres dragons et à ceux pour qui le lien a fonctionné ?
- Ceux qui n'ont pas réussit le lien, on reprit leur poste initial sur le champ de bataille. Évidemment, le fait qu'un humain soit mort à cause de leur magie les a tous profondément touchés. Ma patrie aimait les petits êtres comme vous. Alors vous voir terrasser à cause de nous, nous a tous profondément touchés. Pour Chronoska et Nova, le lien qui les unissait à Dicé à provoqué chez eux un contre coup. Leurs blessures étaient devenues incurables. Même Acnologia le plus puissant et compétent soigneur de notre royaume n'a rien pu faire pour eux. Notre reine a donc préféré les éloigner du combat pour leur éviter une mort certaine.
- C'est horrible...
- Notre nation n'a pas toujours fait les meilleurs choix. Notre incompétence a bien failli coûter très cher au royaume. Malheureusement, je n'ai pas vécu suffisamment longtemps pour voir la finalité de cette guerre idiote.
- Vous ne savez pas ce qu'il s'est passé pendant la guerre du roi dragon ? Belserion secoua la tête. Il ne comprenait pas non plus d'où venait le terme "roi dragon".
- Le jour de ma mort, Dicé m'a annoncé avoir trouvé un sort contre la Dragonification. Je suis mort avant d'en voir les effets et je sais aussi par le billet des souvenirs de ma reine, qu'elle n'en a pas bénéficié...
- Sans vouloir être indiscrète, comment êtes vous mort, Belserion ?
Nami, de nature curieuse, avait posé cette question sans même s'en rendre compte. Elle avait prit le risque de paraître malpolie car ses questionnements étaient à présent bien trop nombreux.
- Sur le champs de bataille. Les dragons d'Arakitacia prenaient le dessus sur nos troupes déjà épuisées. Les cas de dragonification étaient réguliers maintenant mais nous les contrôlions du mieux que possible. En pleine bataille, un dragon est apparu. Je ne l'avais jamais vu. Il s'est acharné sur nos troupes mais aussi sur les troupes ennemies. Il n'agissait pour personnes et il a réduit en cendres chaque dragons slayers et chaque dragons qui s'opposaient à lui. La magie n'avait aucun effet sur lui... Personne ne faisait le poids et j'ai succombé à la blessure qu'il m'a affligé.
Les membres de Fairy Tail firent tout de suite le lien avec celui que tout le monde nommait le Roi Dragon, mais comment dire à ce noble dragon qu'un soldat pour lequel il avait tant d'affection était devenu un dragon désinhibé de toutes facultés rationnelles ?
- Pouvez vous nous décrire ce dragon ? Lucy avait besoin d'être certaine qu'ils pensaient à la même personne.
- Un dragon titanesque... Recouvert d'écailles rondes de couleur noire décorées de motifs bleus en spirale. Des ailes d'un noir profond, des yeux lumineux ainsi que des cornes des deux côtés de la tête, ses griffes étaient très puissantes et acérées. Sa présence annonçait le début de l'apocalypse. Je me souviens encore de ses hurlements. Il n'a dit aucun mot et ne se contentait que de tuer.
- Vous n'avez pas découvert son identité à travers les souvenirs d'Eileen ? Elle l'a confronté plusieurs fois...
- Comme je vous l'ai dit, les souvenirs partagés avec ma reine ne sont pas toujours clairs. Je ne suis au courant que de certains événements qui la touchait de près. Je n'ai aucune idée de l'identité de ce dragon noir.
- Ce dragon que vous nous décrivez, Lucy inspira pour se donner courage, il s'agit d'Acnologia. Le Roi Dragon.
Belserion écarquilla les yeux face à cette annonce. Non, ça ne se pouvait pas. Ça ne pouvait pas être vrai. Ce jeune homme qui avait passé tant de temps à soigner leurs troupes ne pouvait pas être celui qui avait ravagé le champs de bataille et l'avoir blesser mortellement. C'était impossible...
- Le nom d'Acnologia est dans le registre des dragons slayers. Usopp montra la page en question à Lucy. C'est bien de lui dont vous parler.
- Lors de la guerre, Lucy poursuivit tout en fixant la photographie de l'homme, vous avez eut des cas de Dragonification n'est-ce pas ? Le dragon ne dit rien, fixant le vide. Acnologia en faisait parti n'est-ce pas ? Vous devez savoir qu'il a mit fin à la guerre en massacrant tous les dragons, les dragons slayers et les humains qui lui barraient la route... Seule une poignée de dragons ont survécu et ont éduqué des enfants comme Natsu, Wendy et Gajeel de notre guilde pour tenter de l'arrêter. Nous n'avons vaincu Acnologia que récemment et par la force de nombreux sacrifices...
- Acnologia ne peut pas être ce dragon noir... La dernière fois que je l'ai vu, Acnologia commençait seulement à être atteint par la dragonification. Il n'a pas pu devenir un dragon enragé.
- C'est la vérité, Wendy vit le regard du dragon se charger d'une immense tristesse. Eileen-san s'est aussi transformée en dragon. Acnologia n'a pas échappé à ce fléau.
- Tous les dragons slayers dont la dragonification était avancée, mourraient à petit feu ou sombraient dans la folie. Je pensais que ma reine avait été la seule à subir cette transformation de façon complète...
- Le premier a été Acnologia.
- Quel idiot j'ai été...
- Vous ne pouviez pas savoir...
- Ce n'est pas ça, le dragon ferma les yeux. Avant de mourir, j'ai donné un dernier ordre à Dicé. Je savais que nous ne pouvions pas le vaincre, mais Dicé a insisté pour que je lui en donne l'ordre. Je voulais rentrer avec elle à la capitale pour éloigner notre peuple le plus loin possible avec son aide, mais elle a préféré rester et utiliser sa magie pour le transporter loin de Dragonof. Je n'ai pas eut d'autres choix que d'accepter à cause de ma blessure mortelle... J'ai été distrait pas la voix d'Eileen qui arrivait sur le champ de bataille...
- Et alors ? Natsu sembla indifférent. Elle a survécu à Acnologia, vous avez pas à vous en faire.
- Vous ne comprenez pas... Belserion prit un air sérieux malgré sa voix tremblante. Pauvre enfant... alors qu'elle venait enfin de trouver un moyen de stopper tout ça. Elle n'aurait jamais dû le voir dans cet état.
Quatre cent ans plus tôt. Dans la bibliothèque royale, une jeune femme rangeait minutieusement des ouvrages d'anatomie. Sa journée avait été comblée de nombreuses visites médicales, toutes en liens avec la Dragonification. Ces contre visites de soldats en période de repos ou à cause d'un retour forcé, étaient une source importante dans ces recherches. Alors que le crépuscule tombait, elle observa à travers les fenêtres les étoiles scintiller. La bibliothèque s'était presque entièrement vidée et elle fixa un instant l'horloge. Il était tard... Isolée dans sa bulle, elle vit du coin de l'œil un groupe de femmes encore présentes l'observer sans retenue. Passant d'un rayonnage à l'autre et malgré la distance évidente, elle les entendit.
- Alors c'est elle ?
- Impossible, il ne choisirait pas une femme aussi peu distinguée.
- C'est vrai, cette fille passe son temps enfermée dans le centre de recherche alors que lui fait de son mieux pour sauver nos soldats.
- Un homme de cette carrure et si beau n'a pas pu s'enticher d'une femme aussi inutile.
- Il paraît qu'elle est très puissante. Tellement que la reine a décidé de bloquer ses pouvoirs grâce à ses enchantements.
- Si c'était vraie, elle ferait mieux de combattre pour notre royaume plutôt que de se la couler douce !
- C'est évident que la reine a été manipulée !
Les insultes et le mépris vinrent titiller ses oreilles délicates. La jeune femme aux longs cheveux pourpres attachés en queue de cheval tenta de les ignorer. Ses trois femmes, qu'elle ne connaissait pas intimement continuèrent de baver dans son dos un long moment. Quand elle rangea le dernier objet d'étude, sa patience s'envola et ses sens ne purent en supporter plus. D'un pas décidé, elle quitta les étagères apaisantes pour confronter les trois femmes à peine plus âgées qu'elle. Sa blouse blanche claqua dans son dos au rythme de ses pas. Quand elle arriva en face d'elles, furibonde, son regard couleur émeraude fit pâlir ses persécutrices. Voilà quelques temps qu'elle subissait sans rien dire les critiques de ses paires et ces dernières brimades eurent le don d'achever sa patience.
- Sans vouloir vexer votre petit ego de célibataire. Le groupe devant elle grimaça. Je suis une dragon slayer. Mes sens sont plus développés que les vôtres.
- Et alors ?
- Alors j'étends vos messes basses depuis tout à l'heure. Je n'ai pas choisi d'être écartée du champs de bataille. Si vous pensez que notre reine n'est pas capable de prendre des décisions par elle même avec un sens logique. Je pense qu'il est tant pour vous de vous remettre en question.
- Comment oses-tu ! Fit celle de gauche.
- Qu'avez vous fait depuis le début de la guerre ? Qu'avez-vous apporter à nos troupes depuis la déclaration de guerre d'Arakitacia ? Que pensez vous qu'il se passe sur le champ de bataille ? Des milliers d'humains, de dragons et de dragon slayer combattent jour et nuit pour que vous profitiez de votre petit confort ! Vous n'apportez rien à notre patrie.
- Petite garce mesure tes paroles !
- Je n'ai pas à mesurer mes paroles avec des gens comme vous. Sous prétexte que vos familles sont légèrement plus riches que la moyenne du royaume de Dragonof, vous prenez de haut tout ceux qui vous entourent. Vous n'avez aucune idée de ce que ce royaume sacrifice pour vous donner cette liberté. Si une personne doit mesurer ses paroles c'est bien vous.
Furieuse, la plus âgées de trois menaça de la gifler. Quand elle amorça son geste, les grandes portes de la bibliothèque s'ouvrirent, l'arrêtant. La dragon slayer pivota presque instantanément la tête vers cette nouvelle présence. Elle savait que c'était lui. C'était son odeur. Son cœur se mit à battre plus fort quand au bout de l'allée, elle le vit. Son teint basané, ses cheveux courts en pics bleus et ses yeux bleus la soulagèrent du poids. Sa tenue verte foncée habituellement couverte par sa blouse blanche, il écarta ses bras en la voyant. Son sourire éclairant son visage.
- Je suis rentré Dicé.
Des larmes de joie brouillèrent sa vue alors qu'elle courait vers lui pour se réfugier dans ses bras. À peine en contact avec lui, il la resserra contre son torse pour approfondir cet échange. Les mains de Dicé autour de sa nuque, elle sentit l'homme plonger dans sa nuque pour sentir son odeur. C'était son rituel. Rituel qu'il concluait toujours de la même manière. D'abord il lui disait ça.
- Tu sens bon.
Puis il quittait son cou pour l'observer amoureusement. Il embrassait son front. Chacune de ses joues et enfin sa bouche. Toujours le même rituel. Leur rituel. Sa confrontation avec les trois femmes déjà bien loin derrière elle, elle plongea ses doigts dans ses cheveux pour en apprécier la texture. Ils avaient poussé et elle savait déjà qu'il allait lui demander de les lui couper. Pourtant elle aimerait bien le voir avec les cheveux longs. Elle était certaine que ça lui irait bien.
- Bon retour à la maison. Acnologia.
Le médecin militaire la souleva de terre dans un élan de joie. Dicé se raccrocha à ses épaules pour ne pas tomber. Tout un tas de questions lui vinrent en tête. Notamment une.
- Que fais tu ici ?
- Friedrich a prit le relais sur le champ de bataille. Ma magie commençait à s'épuiser à l'arrière.
- Tu as des cernes. Depuis combien de temps tu n'as pas fait de vraies nuits ?
- Mon sommeil n'est plus réparateur depuis quelques jours. Les événements se sont enchaînés sur le front. Nous avons réussi à faire reculer les dragons d'Arakitacia mais rien n'est encore joué.
- Tu reste combien de temps ?
- Je ne sais pas encore. Eileen me contactera si la guerre s'intensifie.
- Je suis contente de te voir. Tu m'as manqué.
- À moi aussi.
Dans leur dos, elle entendit le groupe de femmes se précipiter vers la sortie. Les laissant seuls. Acnologia les regarda s'enfuir tout en reposant la jeune femme.
- Je t'ai interrompu avec tes amies ?
- Amies ? Ak, tu es bien conscient que toutes les femmes célibataires du royaume me détestent ?
- Pourquoi ces femmes s'en prendraient à toi ?
- Tu n'as pas une petite idée ?
Souriante, elle lui mit sa main gauche devant le nez et lui pointa avec l'autre, l'anneau en argent qu'elle portait sur l'annulaire.
- Ceci est la raison pour laquelle toutes les femmes célibataires me détestent.
- Parce que tu es fiancée ?
- À toi, idiot. Acnologia haussa un sourcil. Parce que je suis fiancée avec toi.
- C'est moi le soucis ?
- Si par soucis tu entends : attiser l'envie de toutes les femmes du royaume. Alors oui, je pense que tu en es la cause.
- Elles ne sont pas simplement jalouse de toi ? De ta beauté ?
- Acnologia ne me dit pas que tu n'as jamais remarqué ? L'innocence dans son regard l'amusa. Tu es le fantasme de toutes ces filles. Elles n'ont qu'une envie, être dans ton lit.
- Sauf que moi je ne vois que toi dans mon lit.
- Je l'espère bien ! Éclata-t-elle de rire. Sinon à quoi bon m'avoir demandé en fiançailles ?
- Je me pose encore la question, dit-il narquois.
Sa fiancée le frappa gentiment à l'épaule, ce qu'il feinta comme douloureux. Le couple s'échangea un regard attendri dans les bras de l'autre.
- Rentrons à la maison.
- Je dois encore voir un patient. Eileen-san m'a prévenue qu'un dernier soldat devait être examiné à son retour.
- Je suis le dernier soldat. Il sourit devant son air perdu. Tu auras tout le temps de m'examiner à la loupe chez nous.
- Tu ne me mens pas n'est-ce pas ? Le regard qu'il lui lança ne mentais pas. D'accord, rentrons. Je prends ton dossier en passant.
Acnologia embrassa son front puis la tira vers le laboratoire. Malgré le désordre ambiant provenant sans nul doute de sa fiancée, il remarqua que ses plantes étaient toujours aussi bien entretenues. Dicé alla fouiller dans ses armoires pour récupérer le dossier pendant qu'il l'attendais sagement devant l'immense miroir collé contre le mur. Alors qu'elle pestait contre elle même, il effleura le miroir qui se déforma sous ses doigts. Son reflet disparu pour laisser place à un champ de fleurs où une maison se distinguait un peu plus loin. La vue le soulagea d'un poids. Rentrer à la maison avait toujours un côté rassurant. Le verre passa de solide à liquide et le miroir se transforma en portail. Permettant au médecin de mieux profiter du paysage. Une bourrasque de vent passa à travers, faisant voler la paperasse de la laborantine. Il ne tarda pas à l'entendre s'égosiller de nouveau. Il avait beau dire qu'il se faisait à sa magie, celle-ci l'étonnait toujours autant. Quand elle revint à ses côtés pour partir, elle observa elle aussi le paysage.
- Notre maison m'avait manqué...
- C'est différent sans toi... Je reste souvent au laboratoire pour éviter de me sentir seule...
- Allons y.
Main dans la main, le couple passa à travers l'arche quittant le laboratoire pour rejoindre l'étendue fleuris où ils avaient construit leur maison. À des centaines de kilomètres du palais royal. Un endroit isolé de tout, au dessus des montagnes, loin de la guerre. Derrière eux, l'arche reprit sa forme de miroir et au travers, Acnologia vit le laboratoire. C'était toujours aussi étrange de passer à travers un miroir pour rentrer chez eux. La magie de Dicé était complexe et elle semblait être la seule à comprendre son fonctionnement. Perdu dans ses pensées, il suivit mécaniquement sa future femme jusqu'à leur maison. La petite chaumière en pierre décorée par la végétation et entourée par des centaines de fleurs les accueillit. Leur maison n'était pas grande, suffisamment pour les accueillir tous les deux. Dicé avait peint et décoré chaque pièce. Lui s'était occupé de fabriquer tous les meubles selon ses goûts. Si il devait reprocher une seule chose à sa fiancée, c'était le nombre hallucinant de plantes dont elle s'occupait. La maison en débordait dans tous les coins toujours accompagnées par son amour pour la lecture. En grimpant à l'étage, elle l'invita à prendre une douche sous prétexte qu'il en avait besoin et que se serait plus agréable pour elle de l'ausculter sans la couche de crasse qu'il gardait depuis trop longtemps sur lui. Il accepta sans rechigner et Dicé profita de ses dix minutes pour préparer l'observation dans leur chambre. Quand son fiancé revint enfin vers elle, trempé de la tête aux pieds pour s'effondrer dans le lit, elle fixa un instant celui-ci, seulement en sous-vêtements soupirer de bonheur en se roulant dans les draps.
- Quand tu auras finit de câliner notre lit, dit-elle moqueuse. Tu viendras t'asseoir près de moi.
- Dormir dans un vrai lit me manquait tellement. Viens plutôt te coucher avec moi.
Il ouvrit les bras mais Dicé refusa. Plus vite ils en terminaient avec l'examen, plus vite elle le laisserai se reposer. Finalement, quand elle croisa les bras sous sa poitrine, il capitula. Il bailla bruyamment tout en s'asseyant. Il voulait dormir.
- Pas de changement au niveau de ton corps ?
- Non. Pas d'écailles en plus, rien.
- Donc la Dragonification ne semble pas se propager. C'est plutôt bon signe.
Elle observa chaque parcelle de peau visible et compta une à une les quelques écailles noires présentes sur ses épaules. Elles étaient toutes là, pas une de moins, pas une de plus. Elle sortit de quoi lui faire un test sanguin et vérifia dans un premier temps sa tension.
- Pas de douleurs musculaires ? De difficulté à respirer ?
- Non plus. Juste une fiévreuse envie de retrouver ma femme.
- Soit sérieux un peu. Sa remarque la fit tout de même rire. Pas de voix ?
- Tu t'avances pas un peu ? Le regard inquiet de Dicé lui fit ravaler sa blague. Pas de voix.
- Tout est bon alors.
Dicé nota dans son dossier que tout allait bien. Elle sortit ses tubes et installa le garrot au-dessus de son coude. Elle tâta la veine la plus visible qu'elle trouva avant de la désinfecter. Acnologia l'observa en silence. Dire qu'il était celui qui à l'origine le faisait pour elle et qu'il lui avait appris comme procéder. Quand elle planta l'aiguille dans la veine, il s'étonna de ne rien sentir.
- Tu t'es améliorée...
- À force dans faire tous les jours, elle changea de tube. J'ai finit par maîtriser le geste.
- Tu compte faire les tests sanguins quand ?
- Je peux les faire ici. J'ai le matériel nécessaire à la maison.
- Une vraie petite chimiste.
L'étiquette lui plaisait bien. Quand elle eut suffisamment de sang, elle retira son aiguille et appuya avec un coton imbibé d'alcool. Ces gestes étaient précis, soignés et Acnologia se sentit rassuré de la voir aussi méticuleuse. Au moins il savait qu'elle ne désespérait pas dans ses recherches. Dicé lui donna le relais avec le coton pour retirer le garrot et ranger son matériel. Elle posa le tout vers son bureau où elle fit apparaît d'un claquement de doigt, un laboratoire. Ça aussi, il ne s'y ferait jamais...
- Tu as enchanté la maison entière ?
- Seulement la plupart des meubles... Elle laissa reposer les tubes sur leur socle. Je vais prendre une douche, repose toi. Acnologia voulut parler mais sa fiancée continua. Ensuite je te préparerai quelque chose à manger, tu dois être affamé.
- Deux choses. Dicé l'observa moqueuse, consciente de ce qui allait lui être reproché. Je cuisine, ta cuisine est catastrophique. Ensuite, tu vas prendre une douche ? Pourquoi tu ne l'as pas prise avec moi !?
- Parce qu'on sait très bien tous les deux que tu ne m'aurai pas laisser me doucher.
- Je trouve ça vexant.
Acnologia se leva pour rejoindre la cuisine sous le regard amusé de Dicé. Quand elle l'entendit fouiller dans la cuisine certainement pour préparer le repas, elle s'enferma dans la salle de bain. Le reste de la soirée se poursuivit à un rythme effréné. Le couple mangea. Profita dans les bras l'un de l'autre au milieu des fleurs sous le ciel étoilé. La fatigue trop pesante, ils finirent par aller se coucher. Acnologia sombra presque immédiatement une fois dans les draps. Dicé ne tarda pas à le rejoindre. Il était enfin de retour à la maison. Peut être pas pour longtemps, peut être qu'à son réveil il serait de nouveau loin d'elle. Elle souleva le bras de son fiancé pour pouvoir se caler contre lui. La guerre avait éclaté depuis presque un an. Guerre qu'elle avait commencé au côté de son fiancé avant d'être mise de côté. Acnologia n'avait pas voulu attendre la fin de la guerre pour la demander en mariage. Bien sûr elle avait accepté à la seconde même où il s'était mit à genoux. Eileen-san était prête à les marier le lendemain mais elle, préférait attendre la fin de la guerre pour conclure leur engagement. Parce que ça donnait une excuse à son futur mari de rester en vie. Même si c'était long... Ils prenaient leur mal en patience. Contre lui, elle profita de cette chaleur qui lui manquait tant quand il partait au combat. Il l'apaisait, la réconfortait juste par sa présence. Parce qu'Acnologia était comme ça. C'était un homme bon, consciencieux et foncièrement gentil. Bien qu'un peu naïf sur les bords. Tout le monde l'appréciait, tout le monde le respectait mais lui seul pouvait aimer quelqu'un comme elle. Une casanière qui préférait cultiver son esprit au près des livres, qu'au près des vivants. Sur cette dernière pensée, elle s'endormit. Ces dernières semaines ayant été particulièrement rudes pour son sommeil.
Acnologia ne se réveilla que tard dans la matinée. Son premier réflexe fût de chercher Dicé au milieu des draps. Il ne trouva que du vide. La matelas était froid et son odeur s'était quelque peu effacée, preuve qu'elle était réveillée depuis un certain temps. Mécaniquement, il s'assit dans le lit. Les yeux mi-clos, le corps lourd et la gorge sèche. Ses oreilles entendirent des tintements plus loin dans la chambre. Assise à son laboratoire, sa fiancée travaillait. Sans grande motivation, il bougea du lit pour aller dans son dos. Dicé resta concentrée sur son étude bien qu'elle l'ait entendu. Un baiser sur sa tempe, Acnologia vola sa tasse de thé. Il n'aimait pas ça mais la soif l'emportait sur ses préférences.
- Tu travailles encore ?
- Je dois finir ton évaluation. L'œil dans son microscope, elle soupira de soulagement. Tout va bien. Les cellules de dragon sont constantes. Ton corps n'en produit pas en excès.
- Je t'ai dit que j'allais bien.
- C'est plus compliqué que ça Ak et tu le sais très bien.
Dicé pinça les lèvres. Elle n'aimait pas quand il prenait ce sujet à la légère. Lui qui était au front voyait bien plus qu'elle l'évolution de la Dragonification. Notamment la vitesse à laquelle les dragons slayers pouvaient perdre la tête. De son côté, seuls des cas pré-dragonification venaient la voir pour parler. Même les cas de transformations complètes ne passaient pas par elle. Acnologia lui, les voyait. Tous ses soldats morts ou suicidés à cause de leur maladie. Son fiancé l'observa morde sa lèvre.
- Ce que je sais, c'est que ma chère épouse trouvera bientôt un remède.
- Je n'en suis plus aussi sûre, murmura à demi mot la Dragon Slayer. Mes recherches stagnes alors que nous avons tous cette foutue clef de Damoclès au-dessus du crâne.
Acnologia tira la chaise sur laquelle Dicé était assise pour la tourner vers lui. Celle-ci riva ses yeux au sol, agaçant son fiancé. Pour l'obliger à le regarder, il s'agenouilla devant elle. Ses mains plissant et froissant sa robe de nuit, elle tourna la tête à gauche. Pour la forcer à le confronter, il prit ses mains dans les siennes et les caressa. Cette petite attention fonctionna puisqu'elle le regarda enfin.
- Qu'est-ce qui te fais croire le contraire. Elle resta silencieuse donc il fronça les sourcils. Qui ?
- Le peuple ne semble pas convaincu par ma présence permanente au laboratoire. D'après ce que j'entends, je ne suis qu'une usurpatrice. Mes confrères n'arrangent rien à ma réputation cela dit.
- Le peuple a peur. Leurs paroles et gestes envers toi et envers nous autres ne sont pas mesurés. Je suis persuadé que ce que tu as ici, il tapota du doigt sa propre tempe, trouvera une solution très bientôt. Tes «confrères» ne sont que des vieux idiots trop faignants pour croire une jeune diplômée.
- Tu as raison, je trouverai une solution.
Le regain de confiance de Dicé le fit sourire. Alors qu'elle avançait son front contre le sien, il passa ses doigts sous les bracelets en argent autour de ses poignets. Il les détestait.
- Je ne supporte plus de te voir avec ça.
- Tu parles de mes liens ?
- Je parle des menottes déguisées que l'on te force à porter depuis des mois. Ils t'ont enchaîné, je n'aime pas ça.
- Les effets de la dragonification arrivent plus rapidement lorsque le dragon slayer utilise régulièrement sa magie. Mes antécédents font de moi une menace pour notre pays. Un dragon slayer qui perd le contrôle de son corps est une insécurité pour la bataille. Si moi je perdais le contrôle... il n'y aucun doute que notre monde en souffrirai.
- Eileen pouvait seulement te retirer du champ de bataille au lieu de sceller tes pouvoirs avec ces liens ridicules. Ses doigts se serrèrent sur le métal. Je déteste te voir privée de ta magie.
- Ak...
- Non, laisse moi au moins le droit d'être en colère pour ça. Elle frotta son nez contre le sien. Laisse moi changer leur aspect. Si ses liens ressemblent un peu moins à des menottes, je te promet de prendre mon mal en patience.
Pour lui faire plaisir, Dicé lui laissa ses deux avant bras. Dans le plus grand des clames, Acnologia se concentra. Il imagina l'allure qu'il voulait donner aux bracelets tout en les observant se transformer devant eux. Dicé vit le métal s'allonger, se tordre et se courber dans tous les sens possible pour au final, former de magnifiques brassards argentés aux fines arabesques. Ils étaient magnifiques et pendant un instant, elle oublia leur fonction première qui était de bloquer sa magie. Son fiancé avait raison, leur donner un nouvel aspect permettait de changer son point de vue sur ces objets magiques.
- Quand la guerre sera terminée et ce, grâce à ton remède. Le jour de notre mariage, je te promet que ces menottes anti-magie seront bien loin derrière nous.
- Faisons de notre mieux pour que ce soit le plus tôt possible.
Ils se sourirent tendrement et Dicé observa de plus près ses nouveaux ornements. Elle aimait les arabesques, elle avait déjà prévu de porter des bijoux semblable le jour de son mariage. Acnologia reposa ses bras autour de sa taille et fit de même avec sa tête qu'il installa sur les genoux de sa compagne. Le geste attendrit la jeune femme qui plongea sans hésitation ses doigts dans la crinière désordonnée de l'homme. Gratifiant son cuir chevelu de ses ongles, elle profita de cette étreinte. Acnologia trouvait toujours les mots pour la rassurer. Toutes ses paroles et tous ses gestes illuminaient son quotidien et il était dur de faire sans lorsqu'ils étaient séparés.
- Vivement que cette guerre prenne fin, soupira le dragon slayer entre ses bras.
- Tu es épuisé par le combat. Tu dois profiter de ces moments chez nous pour te reposer mon amour.
- Je ne dis pas ça pour cette raison. Elle lui demanda de poursuivre quand il fixa son regard dans le sien. Je veux fonder notre famille au plus vite.
- Dois-je comprendre que tu es prêt à me partager avec notre futur enfant ?
- Te partager je ne suis pas sûr, elle sourit, mais agrandir notre famille oui. Je voudrai un fils.
- Pourquoi pas une fille ?
- Plus tard. Ses mains vinrent caresser son dos. Si nous avons un fils, notre future fille aura un grand frère pour la protéger. Si je pars avant toi, notre fils pourra te protéger.
- Ne dis pas n'importe quoi, elle l'embrassa quand il haussa un sourcil. Nous mourrons lorsqu'ils seront vieux à leur tour.
- Ahaha je te trouve plutôt optimiste chérie. Il faudrait commencer à faire nos enfants maintenant si nous voulons vivre assez longtemps avec eux.
- Malheureusement, les dieux nous maudiraient si nous attendons un enfant hors mariage.
Acnologia laissa un rictus étirer ses lèvres face à cette absurdité. Dicé le regard emplit de passion, le tentait à commettre un impaire. Les dieux, ils n'en avaient pas. Tous deux n'étaient pas à leur premier enlacement. Ils n'avaient jamais voulu respecter ses règles absurdes sur le mariage. Ses mains quittèrent le dos de sa fiancée pour remonter sa longue robe de chambre et passer ses mains en dessous du tissus qui cachait ses magnifiques jambes.
- Depuis quand tu utilises les dieux comme excuse ?
- Depuis que je prie tous les soirs pour qu'ils te gardent en vie. Acnologia reprit son sérieux. Ils attendent certainement en retour que je sois impeccable dans mon comportement.
- Je t'ai dis que je ne mourrai pas. Fais moi confiance.
Sans qu'elle ne puisse relever, il tira sur ses cuisses pour pouvoir la soulever plus facilement de sa chaise. Si dans un premier temps, l'action l'étonna, Dicé ne tarda pas à l'encercler de ses bras et de ses jambes pour l'aider.
- Ne me lâche pas, ordonna-t-elle sous le ton de l'amusement.
- Seul un fou, lâcherait une femme comme toi.
Acnologia les emmena vers le lit où il la jeta dans les draps en riant. Retrouver sa femme après tout ce temps le rendait euphorique. Elle aussi se prit au jeu quand elle le vit sourire. À chaque fois qu'elle le voyait ainsi, il parvenait à lui faire oublier ses traquas. Ce regard, elle le connaissait bien, il voulait dire : Profite du présent pour ne pas le regretter plus tard. Il avait raison, il reviendrait en vie de cette bataille. Ils avaient trop de chose construire pour en être privés. Quand il s'abaissa sur elle pour l'embrasser à pleine bouche, elle se laissa aller à son rythme. Ses baisers, ses mains sur son corps, tout ça lui avait terriblement manqué. Lui qui prenait toujours son temps pour la cajoler, il ne fût pas surpris de la sentir soulever des hanches contre les siennes et parcourir son torse tout en s'aventurant toujours plus bas.
- Tu es toujours aussi pressée en ce qui concerne nos ébats, dit-il en stoppant ses baisers.
- Ça m'avait manqué, avoua-t-elle tout en le caressant à travers le tissus.
- De m'avoir entre tes cuisses ? Son sourcil haussé, il la fixa avec envie.
- Ne me regarde pas comme ça...
- Comment ?
- Comme si tu allais me dévorer.
- Je ne pourrai jamais m'en empêcher, il voulu retirer sa chemise de nuit mais elle l'en empêcha. Quoi ?
- Pas le temps de se déshabiller.
Ça, ça désarçonna l'homme au-dessus d'elle, à tel point qu'elle dû prendre le relais. Rôle qu'elle ne lui céda pas durant toute la durée de leurs ébats. Ils ne s'arrêtèrent que lorsque que la faim se fit sentir. Leur besoin d'être unis plus fort que le reste. C'était une nécessite pour eux, c'était de cette façon qu'ils se sentaient le plus en vie. Lorsqu'ils s'unissaient pour oublier l'univers tout autour d'eux. Quand Dicé s'écroula sur lui après un dernier orgasme, Acnologia fût obligé de la retenir par le bras pour lui éviter la chute sur le côté du lit. À trop vouloir le dominer, elle n'avait plus de sang dans les jambes. Son fiancé s'assit dans le lit, sa femme toujours sur lui. Une chose l'intriguait particulièrement durant cet échange. D'ordinaire, Dicé ne se privait pas de retirer tous ses vêtements pour le faire flancher... la voir refuser des les retirer n'avait rien de censé. Dicé souleva légèrement les hanches pour le laisser se retirer. Essoufflés l'un contre l'autre, Acnologia embrassa sa nuque lui soutirant un soupire de bien être.
- Pourquoi tu refuses de retirer ce vêtement ? Sa fiancé éluda la question en fourrant son nez dans son cou. Dicé... Montre moi.
La main d'Acnologia remonta le long de son dos pour prendre sa nuque. Après quelques secondes d'hésitation, elle sortit de sa cachette pour lui faire face, le regard fuyant. Sans échanger un mot, il comprit qu'elle lui donnait son accord pour lui retirer son vêtement. Le tissus à peine retiré, il remarqua les écailles de dragon marquant ses clavicules. De très fines écailles. Certaines aussi noir que l'espace au-dessus d'eux, d'autres légèrement pourpres ou bleutées. Il en repéra des blanches immaculées bien moins nombreuses. Elle avait plus d'écailles que lui à présent. Celles-ci n'étaient pas là à son départ et elles n'avaient rien à faire là. Le souffle de son fiancé se bloqua au fond de sa gorge redoutant de lui poser la question qui lui venait en tête. Ses doigts vinrent caresser les craquèlements sur sa peau pour s'assurer de leurs présence.
- Tu as utilisé la magie ?
- Non justement...
- Alors... il fixa un regard inquiet sur elle.
- La transformation ne se limite pas à l'utilisation de la magie du dragon... J'avais raison depuis le début. Les cellules draconiques ne viennent pas de l'utilisation de la magie... La magie ne fait qu'accélérer le processus.
Le silence entre eux revint. Acnologia comprenait enfin par quels états d'âme sa bien aimée était passée pendant son absence. Quand une larme passa la barrière de ses cils, il se laissa tomber vers l'arrière, Dicé dans les bras. Le menton sur le sommet de sa longue chevelure pourpre, il la laissa exprimer toutes ses craintes avec des pleurs. Il détestait la voir pleurer, ça lui détruisait le cœur. Tout était limpide à présent dans sa tête, Dicé n'avait pas peur de ne pas découvrir le remède. Elle avait peur de manquer de temps. Quand elle se calma, Acnologia lui dit qu'il était convaincu qu'elle savait où trouver une solution. Il n'avait pas tord, elle avait une théorie mais pour la vérifier, elle devait obtenir l'accord de la reine.
- La dragonification ne peut venir que d'un mal physique. Quelque chose à l'intérieur de nous détruit notre corps et je dois trouver quoi. Pour ça, je dois aller plus loin dans mes recherches.
- Il te faut l'accord pour autopsier. Acnologia posa un regard lointain sur le plafond. La reine ne tardera pas à te le donner. La mort se propage de plus en plus rapidement. Elle sera obligée de te laisser étudier les corps.
- Parler avec nos soldats et suivre leur évolution m'a permit pendant un temps de comprendre que les changements de comportements ne pouvaient pas seulement être dû à la guerre. Quelque chose nous ronge de l'intérieur, petit à petit, progressivement. Dicé se redressa sur le torse de son mari. Tout ceux qui ont cédé à la tentation du suicide sentaient quelque chose grouiller dans leur cerveau. Quelque chose de vivant.
- Et tu ne le découvrira qu'en ouvrant le corps d'un allié.
Dicé approuva d'un geste de la tête. Savoir que son fiancé approuvait ses réflexions, lui redonna un peu espoir. La lacrima sur leur table de chevet s'illumina d'un rouge vif. Les deux dragons slayers se jetèrent un regard lasse. Ils allaient devoir reprendre leur activité chacun de leur côté. Acnologia grogna de mécontentement. Il fallait que la guerre reparte de plus belle aussi rapidement.
- Je n'ai pas envie de repartir et de t'abandonner.
Le cœur serré, Dicé se dit la même chose. Elle ne voulait pas qu'il parte. Pas aussi rapidement. Acnologia la serra contre lui, ses jambes toujours en coton, elle profita de son contact. Son fiancé embrassa ses cheveux, respira son odeur et glissa ses mains sur ses fesses. Elle sortit la tête de son torse pour le questionner du regard. Après un sourire, il embrassa ses lèvres le plus lentement possible. Ravivant une flamme récemment éteinte au creux de son ventre.
- Le signal... Il la coupa à l'aide d'un baiser. Tu vas être en retard.
- Même si je te fais l'amour pendant encore deux heures, je serais le premier à arriver au royaume grâce au portail.
- Tu n'es pas sérieux...
- J'ai besoin de t'entendre crier mon prénom. Ses doigts glissèrent entre ses cuisses. En tant que futur époux, je dois aussi te combler. C'est le meilleur moyen d'après moi pour que tu m'attendes.
- N'oublie pas, si tu meures, tu ne pourras plus accéder à ce genre de plaisirs charnels.
- Rassure toi, je reviendrai toujours au près de toi. Pas seulement pour te voir écarter les cuisses.
Elle devint écarlate. Cette fois c'était elle qui était déconcertée. Pour l'embarrasser encore plus, Acnologia s'amusa à passer sa langue le long de sa jugulaire. Un point sensible pour la dragon slayer du temps et de l'espace. Ce fût à son tour cette fois de succomber aux manières de son fiancé. Lorsque qu'il était décidé a tout contrôler, cela n'avait rien à voir avec son agressivité à elle. Lui était doux, il prenait son temps, il la faisait languir... Il la rendait folle et obéissante. Rien à voir avec son côté passif agressif. Rien à voir avec les précédents ébats qu'elle supervisait. Parce que là où elle menait, les ébats s'enchaînaient rapidement. Toujours en fonction de leur résistance et leur endurance. Quand il décidait, ça pouvait durer des heures mais avec une intensité progressive qui la faisait hurler jusqu'à en perdre la voix. Et c'était rageant de voir qu'elle était la seule à s'effondrer une fois terminé. C'est ce qu'elle ressentit quand Acnologia lui donna le dernier coup de rein qu'il manquait à son corps pour se tordre de bonheur. En sueur, elle s'effondra sur la couverture alors qu'il se retirait d'elle pour la dernière fois avant un long moment. Elle au bord du gouffre, lui en pleine possession de ses moyens.
- Pourquoi faut-il toujours que je sois la seule à finir dans cet état ?
- Parce que j'adore te voir comme ça.
Un baiser à l'arrière de sa nuque, il descendit du lit et attrapa sa tenue pour s'habiller. Dicé roula sur le côté, s'emmitouflant dans la couverture. Maintenant qu'il partait, elle était gelée.
- Tu ne te lave pas ?
- Si je prends une douche, je n'aurai plus ton odeur sur moi.
- Tout le monde sera ce que l'on a fait.
- Justement. Laisse moi leur montrer à quel point ma femme est heureuse de me voir.
- Pourquoi ce soudain intérêt de m'exposer ?
- Parce que certains soldats ont tendance à oublier que je suis ton fiancé. Il serra sa ceinture en minaudant. De cette façon, ils comprendront qu'ils n'ont aucune chance de te voir dans cet état.
- Serait-ce de la jalousie ?
- Ça en est.
Acnologia l'embrassa de tout son soul. Elle le savait possessif mais discret. Cette nouvelle facette lui plaisait bien. Savoir cependant que certains soldats fantasmaient sur elle, beaucoup moins. Surtout que si ceux-ci s'en vantaient ouvertement devant son homme, elle devinait facilement la petite intelligence dont ils faisaient preuve. Ce jour là, Acnologia l'embrassa dix fois avant de la quitter. Ce soir là, Dicé mit un certain temps avant de trouver le courage de reprendre le chemin du travail. De toute façon, elle était incapable de se reposer chez eux sans lui. Sans grande conviction, elle ne prit pas la peine de ranger leurs affaires. Elle le ferait plus tard, dans quelques jours... Pour l'heure, elle ne prit que ses documents de travail et s'empressa de passer à travers le miroir. Le laboratoire sombre du château refroidit ses émotions. Ici, tout était froid et lugubre. Elle n'aimait pas cet endroit, ses plantes non plus car sans sa présence, celles-ci fanaient. Morose, la jeune femme déambula dans la pièce pour allumer une à une les bougies presque entièrement consumées. Au passage, elle rangea le dossier d'Acnologia et sortit le registre des dragons slayers ensevelit sous un tas de paperasse. Perdue dans sa routine, elle ne vit pas tout de suite l'ombre au bout du laboratoire.
- Maître Acnologia est repartit lui aussi ?
Dicé se retourna brusquement prête à attaquer. Elle se calma lorsqu'elle devina la silhouette de son invité surprise. Dans l'encadrement du laboratoire, dans la bibliothèque, la reine se tenait debout, une expression d'inquiétude et de solitude sur le visage.
- Vous devriez être au près du roi, Eileen-san.
- Je n'arrivais pas à dormir. Elle avança dans la pièce. Belserion a lui aussi dû retourner au combat.
Eileen laissa sa tresse danser dans son dos au fur et à mesure de sa marche. Dicé profita de son silence pour ranger son bureau sans véritable soin. Elle n'avait pas vraiment envie de parler. D'ordinaire, elle serait heureuse de recevoir la visite de la reine. Seulement ce soir, elle n'en voyait pas l'intérêt. D'autant plus que celle-ci s'était elle aussi vu arracher un être cher ce soir. Dicé capta une odeur inconnue entre celles de la poussière, du vieux papiers et des produits médicaux. Une odeur à la fois inconnue et déjà vu. Elle ressemblait à celle d'Eileen. Sans arrêter ce qu'elle faisait, elle fixa la reine qui rougit.
- Vous êtes enceinte.
Face à elle, la jeune femme aux cheveux écarlates sourit maladroitement. Dicé arrêta tout pour la prendre dans ses bras. C'était une merveilleuse nouvelle et elle ne pût pas s'empêcher de la serrer contre elle en souriant sincèrement.
- Depuis quand êtes vous au courant ! Dicé lui prit le visage dans les mains. L'odeur est si légère que j'ai douté de mon propre odorat.
- Ce matin... Personne n'avait rien remarqué avant vous. Elle s'arrêta subitement. Je n'ai rien dis à personne. J'aimerai attendre d'être certaine que notre enfant est en bonne santé avant de l'annoncer.
- C'est merveilleux Eileen-san ! Je vous promet de garder cela pour moi, je m'occuperai de vous et du bébé avec grand plaisir, si c'est de ça dont vous vouliez me parler en venant ici. Dicé l'invita à s'assoir mais celle-ci refusa.
- Je ne venais pas vous voir pour ma grossesse à l'origine. Dicé perdit son sourire face au sérieux de la jeune reine. Je m'attendais à ce que vous soyez la première à le découvrir mais pas aussi rapidement. Je suis venue pour vous dire que vous pouviez autopsier les corps de nos soldats.
- Pourquoi accéder à ma demande aussi rapidement ?
- Maître Acnologia m'a parlé des récents événements sur le champs de batailles à son retour hier. Mon cher mari refuse toujours que l'on dépouille nos soldats de leur dignité. Cependant, les dragons slayers ne sont pas les soldats de son pays. Vous êtes mes soldats. Je veux vous protéger. Dicé écarta les yeux. Je refuse de perdre plus de mes citoyens sous prétexte que leur dignité en serait tâchée. Leur sacrifice ne doit pas être vain. Si la médecine peut parvenir à trouver la solution, alors je lui en donnerait les moyens. Quitte à me mettre à dos mon propre époux.
- Je vous remercie sincèrement ma reine.
Dicé inclina la tête vers Eileen pour lui prouver sa gratitude. Si le départ précipité d'Acnologia l'avait rendue morose, la confiance de la reine lui donna le coup de boost nécessaire pour reprendre ses recherches. Elle promit à la reine d'être la plus discrète possible pour l'autopsie et s'empressa de prendre son dernier carnet entamé. Elle n'avait pas de temps à perdre. Elle passa à côté de la reine qui sourit de la voir aussi déterminée. Elle ne lui donna qu'une dernière indication alors que celle-ci passait la porte de la bibliothèque.
- Ne vous tuez pas à la tâche. Maître Acnologia me tuerai s'il apprenait que sa merveilleuse femme ne se reposait que trop rarement.
L'attention fit sourire la dragon slayer du temps et de l'espace. Ça lui ressemblait effectivement. Eileen-san avait beaucoup apprit lorsque Acnologia l'aidait à apprendre la magie. Il l'avait initié aux enchantements et grâce à lui et Belserion, leur reine était devenue une magicienne puissante. Elle deviendrait certainement une mage très puissante dans le futur, Dicé en était persuadée. Sur cette pensée, elle ouvrit la morgue en coup de vent. La salle se trouvait bien loin de la surface et elle n'avait pas remarquée à quel point la descente avait été longue. Trop pensive. Elle emprunta des affaires aux personnes qui travaillait ici habituellement pour se protéger et protéger les corps. Son premier réflexe en entrant dans cette pièce fût de chercher les documents des récents corps. Beaucoup de soldats non-mages du roi, un dragon... elle remonta la liste, trouvant au fur et mesure de nombreuses personnes avec qui elle avait croisé le fer pendant les entraînements. Un goût amer d'impuissance coula dans sa gorge. Tant de personne qu'elle n'avait pas sauvé... Son regard s'attarda sur un nom. Drip. Un dragon slayer qu'elle avait rencontré quelques semaines auparavant, s'était suicidé cette nuit... Incertaine, elle se dépêcha de trouver le corps dans les armoires froides. Elle resta un instant sans bouger quand elle vit à l'intérieur du casier ce jeune garçon d'une quinzaine d'année. Drip était récemment devenu Dragon Slayer. Il n'était encore jamais allé au front. Livide, elle mit un certain temps à réagir. Elle l'avait ausculté récemment, il allait bien, il souriait et ne portait aucun signe de déviance. Pourquoi mettre un terme à ses jours peu de temps après leur rencontre ? Elle tira le corps du sas et l'installa au centre de la pièce. Elle n'aimait pas l'idée d'étudier le cadavre d'une personne aussi jeune, mais elle avait besoin de comparer le corps d'un dragon slayer qui n'avait jamais souffert de la dragonification et un autre qui en était mort. Elle tomba sur un autre prénom qu'elle connaissait. Abyssia, une collègue d'Acnologia. La dragon slayer des marrais. Elle protégeait l'arrière du bataillon non-mage. À sa dernière visite au laboratoire, Abyssia montrait un stade avancé de dragonification. Son corps était intégralement recouvert d'écailles mais elle ne semblait pas perdre le contrôle. Encore une fois, Dicé mit un certain temps à accepter la réalité quand elle vit le visage bleuté d'Abyssia. Elle rapporta le corps aux côtés de celui de Drip. Mettant ses émotions de côté, Dicé se lança dans l'autopsie de Drip. Elle passa un temps à observer chaque parcelle de peau très légèrement bleutée, ne trouvant aucune écaille. Rien n'avait changé depuis sa dernière entrevue avec lui. Rien à part la marque violacée qui entourait le cou de ce jeune garçon. Lui qui était plein de vie, elle ne comprenait pas pourquoi il avait mit fin à ses jours aussi précipitamment. Elle chercha une explication dans son dossier. D'après la mère, Drip était devenu froid avec elle après le mort de son père. Celui-ci avait perdu la vie au cours d'une altercation avec une dragon slayer qui avait perdu le contrôle. Dicé referma le dossier. Elle n'avait pas besoin de lire la suite, elle savait déjà que la dragon slayer en question ne pouvait être qu'Abyssia. Le journal d'entrée de la morgue n'avait mentionné aucun autre dragon slayer pour ce motif. Elle soupira. Quel tragédie. Drip en apprenant la mort de son père s'était certainement imaginé à la place d'Abyssia. En voulant probablement protéger sa mère de lui-même, il avait préféré en finir. Elle regarda Abyssia. Couverte d'écailles verdâtres, la femme semblait afin apaisée de ses démons. Elle allait finir comme elle. Eileen-san et Acnologia... Tous les dragons slayers. Dicé frappa ses joues. Elle devait avancer ses recherches. Restant sur l'analyse de Drip, elle finit par devoir ouvrir son abdomen. Si elle ne trouvait rien à l'intérieur du corps, elle n'avait plus aucune chance de découvrir un remède. À l'ouverture, elle ne constata pas grand chose. Un sentiment d'échec vint lui mordre les tripes. Elle commença à perdre foi en son propre instinct. Pourtant, quand elle remarqua que l'aspect de certains muscles et tendon n'avaient rien à voir avec ceux qu'elle avait étudié en médecine, elle arrêta de respirer. Elle n'avait étudié que des corps humains mais Acnologia lui, avait étudier les dragons et ce qu'elle avait devant les yeux ne ressemblaient en rien aux muscles humains. Le corps de Drip se transformait lentement en corps de dragon. Les muscles, les os, les tendons mêmes les poumons lui semblaient complètement différents. Soit l'enchantement avec un dragon provoquait des changements radicaux pour le corps de l'hôte, soit quelque chose d'autre modifiait le corps pour le faire correspondre au besoin de la magie du dragon. Tout ce qu'elle découvrait avait été longtemps théorisé par des scientifiques du royaume, mais personne n'avait jamais vérifié. Aujourd'hui elle en avait la preuve. Le corps s'adaptait à la magie des dragons ou la magie forçait le corps à se transformer. En observant d'un peu plus près les poumons, elle remarqua un étrange amas de filament. Ça ne ressemblait à rien d'humain. Elle regarda de nouveau les muscles proches et remarqua les mêmes fibres inconnues. Elle en préleva une partie et chercha l'origine. Toute convergeait vers le cœur mais aucunes n'étaient connectées à celui-ci, la source se trouvait derrière l'organe. Cachée, Dicé trouva une petite graine marquée d'un symbole. Sous le choc, elle prit soin de l'extraire sans l'abîmer pour la mettre dans l'un des bocaux médicaux qui traînaient dans les étagères. Une fois à l'abri, elle l'observa avec grand intérêt.
- Je t'ai enfin trouvé...
Elle avait murmuré cette phrase dans un profond soulagement. Enfin... Elle avait enfin une piste ! Toutes ses recherches payaient enfin ! Elle avait la preuve devant ses yeux que quelque chose poussait les Dragons Slayers à perdre le contrôle. Cette graine était la clé, elle en était certaine. Pour confirmer ses observations, elle fit subir les mêmes traitements au corps d'Abyssia. La tâche fût cependant plus ardue car elle put confirmer que cette étrange graine, si s'en était bien une, modifiait le corps de l'hôte pour que la magie des dragons puissent être pleinement utilisées. Ce don que les dragons leur avait offert, provoquait la naissance de cette entité qui, pour optimiser leur magie, modifiait tout sur son passage. C'est pour ça qu'elle et ses congénères pouvaient reproduire des souffles du dragons ou encore détruire avec aisance des bâtiments tout comme les serres des dragons. Accéder à la graine qui vivait à l'intérieur du corps d'Abyssia l'obligea à oublier tout ce qu'elle savait sur le corps humain pour l'atteindre. La sienne était plus grosse, elle avait envahit toute sa cage thoracique et elle comprit que là où la graine se faufilait, les écailles apparaissaient. Elle était maintenant convaincu d'une chose la responsable de tous leurs symptômes ne provenait que de son étendue dans le corps. Comme pour la première, elle isola la graine dans une cuve. Elle resta jusqu'au retour du personnel de la morgue pour étudier les corps. Des cernes sous les yeux, le corps à moitié avachie sur le bureau, l'équipe la trouva en pleine étude. Quand elle les remarqua, elle plia ses affaires, sans oublier ses objets d'études et remonta dans son laboratoire. Laissant derrière elle, une salle aussi propre qu'à son arrivée. Au passage, elle glissa à l'un des gardes de prévenir la reine pour une audience. Dicé n'était pas bavarde, tout le monde dans le château l'avait bien comprit et son comportement d'ermite ne choquait plus personne. Ce jour là, quand Eileen lui demanda des explications, un éclat d'espoir naquit entre elles. La reine préféra garder tout cela en privé pour ne pas inquiéter le peuple et Dicé approuva, préférant ne rien ébruiter. Devant ces avancées, Dicé délégua les examens des soldats à ses confrères afin de ne se consacrer qu'à une seule chose, l'étude des graines. Ce jour, avec la reine, elles se mirent d'accord sur le nom de leur nouvelle découverte. En adéquation avec de récentes études sur les démons et la découverte des graines du Mal, elles prirent leur décision. Ainsi, Dicé fût la première et la dernière à étudier la Graine du Dragon. Trois mois plus tard, la dragon slayer du temps et de l'espace fit correspondre de nombreuses caractéristiques végétales avec les graines. Elles évoluaient de la même façon, s'étendaient de la même manière mais pour arrêter la Graine de Dragon, un simple désherbant ne suffirait pas. Maintenant que Dicé savait que le taux de cellules draconiques présent dans le sang de tout dragon slayer provenait de cette graine, elle devait trouver un moyen de contrer son évolution. En opérant plusieurs tests sanguins sur les graines des deux personnes qu'elle avait autopsiée, elle avait confirmé que ces cellules ne venaient pas de la magie des dragons. Elle se souvint encore que grâce à Belserion, qui lui avait prêté son sang au début de ses recherches, elle avait pût convaincre ses confrères que cette nouvelle cellule n'était pas présente chez les dragons. Tous avaient omis l'hypothèse que ce n'était qu'un reflet de la magie draconique, n'écoutant pas ses avertissements. Aujourd'hui, elle pouvait leur montrer qu'elle avait raison sur toute la ligne. Les graines opéraient des transformations sur le corps de l'hôte. Ses transformations créaient des cellules de Dragonification et plus l'hôte utilisait sa magie, plus la graine devait opérer des changements sur l'anatomie du dragon slayer. Libérant de nouvelles cellules. Elle en vint alors à la conclusion suivante. Elle devait trouver une solution pour créer des anticorps. Les anticorps agiraient donc sur la Dragonification, l'empêchant de transformer l'ôte en dragon. Si sa théorie était juste, alors elle pouvait tous les sauver. Elle devait suivre son instinct, lui faire confiance comme cela aurait toujours dû être le cas. Elle se laissa aller contre sa chaise, épuisée. Maintenant qu'elle savait où et quoi chercher, elle se mit en quête de retrouver les cas similaires dans leurs archives. Si sa mémoire était bonne, l'étude des graines du Mal se trouvait quelques part dans la bibliothèque. Elle n'avait jamais eu l'occasion de lire ces écrits et elle était persuadée de trouver des réponses dedans. Sortant de son laboratoire pour rejoindre le hall de la bibliothèque, elle tomba nez à nez avec six civils. Ceux-ci la jugèrent du regard en silence alors qu'elle partait en direction des archives. Dans le tas, elle remarqua les trois femmes qu'elle avait confronté au retour d'Acnologia. Celle qui l'avait menacé d'une gifle chuchota à l'oreille d'un homme. Trop fatiguée par ses dernières nuits blanches, Dicé ne parvint pas à les entendre. Elle les ignora pour passer dans l'allée des archives. Un civil imposant lui bloqua le passage. Il l'obligea à reculer contre l'une des étagères jusqu'à ce qu'elle sente dans son dos un objet vaciller. L'homme aux côtés des trois femmes avança à son tour vers elle, suivit d'un autre. Plus loin, une mère de famille et son fils prirent la tangente. Dicé contracta la mâchoire. Elle avait toujours redouté l'instant où certains civils viendraient s'en prendre à elle. Pas le moins du monde impressionnée, elle croisa les bras et leva le menton.
- C'est toi la scientifique qui a osé insulter ma sœur ?
- Si par insulte tu veux dire remettre une petite idiote prétentieuse à sa place, oui.
Les trois hommes qui lui bloquaient le passage firent un pas de plus. Dicé soupira, elle n'aimait pas le conflit, elle détestait ça. Elle avait détesté se retrouver sur un champ de bataille mais elle n'avait pas d'autre choix que d'y participer. Parce qu'elle était douée pour combattre. Parce qu'on lui avait affublé un surnom ridicule. Parce qu'elle savait frapper là où il fallait. L'homme à sa droite amorça un geste. Sans attendre, elle frappa avec la paume de sa main son plexus. L'impact fût suffisamment fort pour lui bloquer la respiration. Elle le laissa s'écrouler au sol, fixant les deux autres hommes. Elle remarqua qu'ils avaient reculé des plusieurs pas.
- Sachez que je ne suis pas qu'une scientifique. Je suis une dragon slayer. Même privée de ma magie, je reste un soldat à part entière. Je sais mieux que vous, citoyens, ce qu'il se passe lors d'une guerre. Vous ne comprenez pas pourquoi un soldat se retrouve ici à étudier ? Tout simplement pour sauver ses frères et sœurs d'arme. Pour préserver votre petite vie tranquille. Vous qui n'allez pas vous mouiller au combat car papa et maman sont loin d'être fauchés. Elle foudroya du regard les trois femmes, notamment l'investigatrice de ce conflit idiot. Une dernière chose, je n'ai jamais usé d'une quelconque magie pour obtenir ma place aux côtés d'Acnologia. La superficialité est ce qu'il déteste le plus au monde. Contrairement à vous, je n'ai jamais pensé être plus méritante qu'une autre. Sachez une chose, je ne céderais ma place à personne.
La femme en question baissa les yeux, humiliée. Le frère face à elle vira au rouge. Poings serrés, lèvres pincées, le regard sans faille de la dragon slayer l'énerva un peu plus. Alors qu'il allait parler, les portes de la bibliothèque volèrent contre les murs. Le fracas les fit tous sursauter à l'inverse de Dicé. Cette odeur ne pouvait être que la sienne. Acnologia. Le souffle court, elle comprit qu'il avait couru jusqu'ici. Ses cheveux maintenant au niveau de ses épaules, elle vit sa respiration saccadée se calmer. Son regard émeraude percuta le sien océan. Elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine quand il amorça un pas dans la pièce. Son fiancé scruta les environs, il fronça les sourcils quand il vit Dicé entourée. Sans un mot, il traversa la salle. Regard froid, menaçant, Dicé sentit un certain malaise surprendre son corps. Il s'arrêta brusquement une fois proche de sa fiancée.
- Dicé, sa voix lui fit froid dans le dos. Viens ici.
Ce n'était pas habituel venant de lui mais elle obéit. Elle enjamba l'homme qu'elle avait frappé pour avancer vers lui. Il lui présenta sa main qu'elle accepta. Elle remarqua tout de suite les métacarpiens violacés de son fiancé. La blessure était récente mais ne datait pas d'aujourd'hui. Lorsque leurs mains s'unirent, il la tira contre lui. Il fusilla du regard les deux hommes puis les trois femmes. Le groupe souleva leur ami blessé pour prendre la fuite.
- Une civile a accouru avec son enfant pour prévenir la reine. Je ne suis pas étonné de voir que certains privilégier cherchent à montrer leur «puissance» à ceux qui se donne corps et âme dans leur métier. Des personnes qui cherchent un moyen de sauver des milliers de soldats et tous les civils de leur royaume. Acnologia glissa sa main à l'arrière de la nuque de Dicé. Vous êtes des aristocrates du pays du roi... La reine attend des explications. Elle ne sera pas aussi tendre que votre roi. Eileen est du genre à punir ce genre de comportement.
Le groupe baissa les yeux. Dicé, la joue collée contre l'épaule de son fiancé, tenta un regard vers lui. Elle fut surprise de le voir prit d'une telle colère. La mâchoire contractée, il foudroya le groupe. Elle ne savait pas que ces gens venaient du pays allié. Cela expliquait beaucoup de leur comportement. Le pays allié détestait les dragons slayers, les considérant comme des monstres. Ils tremblaient toujours devant eux... Quand ils passèrent à côté d'Acnologia, celui-ci les arrêta une dernière fois.
- La prochaine fois que vous vous en prenez à ma femme. Je vous tue.
Les gardes de la reine arrivèrent au même moment. Ils saluèrent brièvement le couple avant d'embarquer les aristocrates. Une fois seuls, Acnologia s'écarta un peu de sa fiancée pour l'observer sous toutes les coutures. Sa main toujours ancrée dans sa nuque, il ne défronça pas les sourcils. Sans lui laisser le temps de réagir, il l'embrassa. Sa bouche percutant la sienne avec force, elle se laissa aller dans ses bras. C'était si bon de le retrouver. Encore plus lorsqu'il faisait preuve de si peu de retenue. Son étreinte s'intensifia sur elle quand elle manqua d'air. Toujours en colère, il l'a laissa respirer.
- Je ne pensais pas que tu reviendrais aussi tôt...
- Ils t'ont touché ? Dicé écarta les yeux. J'ai fais au plus vite quand cette femme est arrivée...
- Tout va bien ne t'inquiètes pas. Elle glissa une main contre sa joue. Quand as-tu rentré ? Et que faisais tu avec la reine ?
- J'arrive seulement, il prit sa main avec la sienne pour approfondir son touché. Rien d'important. Rentrons.
Acnologia l'invita à le suivre mais elle ne bougea pas. Il agissait de façon étrange. Il n'avait pas fait son rituel habituel, avait prit un peu trop sérieusement ce conflit minime et avait même menacé de mort un civil. D'ordinaire, il aurait prit l'altercation à la rigolade. Il aurait tout réglé avec le sourire. Il agissait avec hâte et elle avait l'impression qu'il cherchait à fuir le palais royal.
- Que s'est-il passé sur le champ de bataille ?
Son fiancé l'ignora. Elle encercla son bras de ses mains pour l'empêcher d'aller plus loin. Il l'inquiétait et elle n'aimait pas voir son visage dépourvu de sourire. Au lieu de lui répondre, Acnologia l'embrassa une nouvelle fois. Elle chercha à reculer pour l'obliger à répondre, mais il la prit par les hanches pour la garder contre lui. Plus elle cherchait à échapper à ses baisers, plus il l'emmenait contre le mur le plus proche. Elle gémit quand la langue de son fiancé força le barrage de ses dents. Elle tapa du plat de la main sur son épaule, le souffle trop court pour respirer correctement. Elle avait besoin d'air et Acnologia ne semblait pas vouloir cracher le morceau. Elle mit sa main pour lui bloquer l'accès à ses lèvres. Mécontent, il fuit son regard plein de questions.
- Ak, dis-moi ce qu'il s'est passé. Son fiancé se cacha dans sa nuque. Ak ?
- Belserion m'a renvoyé du front.
Dicé caressa ses cheveux. La voix de son fiancé était teintée de colère mais aussi de culpabilité. Ça ne lui ressemblait pas et ce qu'il lui dit par la suite ne fit que renforcer son inquiétude.
- Tu te souviens d'un certain Sébastien ?
- Le dragon slayer de la brume ? Celui qui m'a fait des avances au camp d'entraînement ?
- Il n'était visiblement pas au courant de nos fiançailles car il s'est permit de faire une remarque sur toi en sentant ton odeur mélangée à la mienne.
Elle prit son visage en coupe pour l'inciter à continuer. Elle se souvenait parfaitement de Sébastien. Un prétentieux qui n'avait pas apprécié d'être rejeté par un joli petit bout de femme, comme il aimait l'appeler. Tout comme elle avait rencontré Sébastien, elle avait rencontré Acnologia au camp. Elle et lui ne faisaient pas parti de la même division ce n'était que lorsqu'elle a été promu pour devenir une dragon slayer qu'elle a finit par lui parler la première fois. Elle avait refusé de nombreuses avances de la part de Sébastien et lorsqu'un jour celui-ci avait trop bu, il avait une fois de plus tenté quelque chose avec elle. Voyant qu'elle n'arrivait pas à se faire entendre, Acnologia était intervenu. Aujourd'hui encore, elle se souvenait du coup de poing monumental de l'homme avait qui elle allait partager sa vie. Une réflexion de trop de la part de Sébastien lui avait valu un aller direct au travers de la pièce.
- Le jour où tu m'a défendu au camp, elle sourit nostalgique. Tu l'as frappé car il pensait que tu ne le faisais que pour me mettre dans ton lit. Acnologia leva les yeux au ciel. Que c'est-il passé ?
- Il était heureux de voir que j'avais réussit, elle perdit son sourire. Puisque moi, le grand médecin de guerre, j'avais réussi à te faire écarter les cuisses, il serait le prochain. Dicé ne parvint pas à dire quoique soit. Je l'ai tabassé. Elle sursauta. Belserion a dû intervenir pour me calmer. Le visage de son fiancé se déforma sous le poids de la rancœur. Je perds le contrôle Dicé...
Une larme glissa sur la joue d'Acnologia. Sa fiancée se précipita dans ses bras pour le rassurer. Une boule d'angoisse monta dans sa gorge en comprenant où il voulait en venir. Elle tenta de le réconforter, lui expliquant tout ce qu'elle avait découvert. En même temps, son fiancé lui montra l'étendu des écailles qu'il portait sur les bras. Elle angoissa en les voyant mais fit de son mieux pour ne rien montrer.
- Rentre à la maison, je dois terminer une recherche.
- Je ne veux pas rentrer seul. Je veux être avec ma femme. Si ces enfoirés reviennent, si ils s'en prennent à toi et...
- Ak, elle posa son front contre le sien. Rentre chez nous. Repose toi. Je ne rentrerais pas tard. Je rentrerai avec une solution. Promis.
- Promet moi de rentrer tôt.
- Je te le promet.
Elle l'embrassa pour sceller leur promesse. À contre cœur, Acnologia passa par le portail du laboratoire. Dicé resta un instant sans bouger. Tout allait trop vite. Elle partit à la recherche de l'étude des graines du Mal. Elle devait trouver une solution ce soir. Pas demain, ou dans quelques jours... maintenant. Quand elle tomba dessus, elle s'empressa de lire le nom de l'auteur.
- Un étudiant de l'Institut de la Magie ? Elle observa d'un peu plus près le livre. Dragnir Zeleph.
Elle avait le sentiment d'avoir déjà entendu ce nom quelque part... Peut être de ses parents dragons. Maintenant qu'elle pensait à eux, voilà bien longtemps qu'elle ne les avait pas vu. Peut être qu'une visite chez eux ferait du bien à Acnologia. Elle devait l'éloigner de la guerre jusqu'à ce qu'elle trouve la solution et la valide. La reine ne lui en voudrait pas. Elle comprendrait. Quand bien même elle ne comprenait pas, elle refusait de le laisser repartir dans cet état. Remettant à plus tard cette discussion, elle plongea dans les notes de ce jeune étudiant. Ce jeune étudiant qui avait exploré de nombreuses théories sur la vie et la mort, avait découvert à l'issue d'une expérience un peu hasardeuse les fameuses graines du Mal. Il expliquait leur fonctionnement proche des végétaux et Dicé put comparer cela avec sa découverte. Tout était semblable. Leur développement, la volonté de la graine de changer le corps de l'ôte, sa manière de s'étendre. Ces recherches traînant en longueur, elle finit fatalement par atteindre la fin de l'ouvrage. La conclusion lui donna un espoir. Elle s'empara des bocaux pour les emmener chez elle, là où l'attendait sûrement en dormant son fiancé. Si en pratique les graines du Mal ressemblaient parfaitement aux graines du Dragon alors elle espérait pouvoir mettre fin à la Dragonification de la même manière que l'avait théorisé ce jeune étudiant. Parce que tout n'était que théorie, elle devait essayer de vaincre le mal par le mal ! Elle se précipita à travers le miroir pour rentrer. La nuit déjà bien avancée, elle s'en voulu de rentrer aussi tard. Sa lecture avait été si passionnante qu'elle était certaine qu'Acnologia ne lui en voudrait pas. Montant les escaliers en silence, elle déposa les graines sur son bureau et remarqua que son fiancé dormait déjà dans leur lit. Elle devait rester discrète. Elle s'en voudrait de le réveiller. Acnologia avait besoin de repos, elle devait admettre qu'il n'était pas dans son état normal. La colère dont il avait fait preuve tout à l'heure et son renvoi du champs de bataille provenaient inévitablement de la Dragonification. Ce n'était que le début d'une longue descente vers la folie et l'idée de le perdre lui passa à travers l'esprit. Il fallait que la théorie de cet étudiant fonctionne. Pour cela, elle devait en parler avec ses dragons et éloigner par la même occasion son fiancé de la bataille. Il ne devait pas utiliser sa magie, cela accélérerait la Dragonification et elle refusait de laisser une telle tragédie arrivée. Après un passage rapide dans la salle de bain, elle entra lentement sous la couverture. Sa robe de chambre se froissa dans le geste. Acnologia toujours endormi, bougea légèrement. Elle arrêta de respirer pour faire le moins de bruit possible. La guerre l'épuisait et elle ne voulait pas en rajouter en le réveillant en pleine nuit. Son corps se glissa contre le sien le plus doucement possible. Le contact de sa peau avec le sienne fit tourner Acnologia vers elle. Le dragon l'encercla de ses bras pour la coller contre son torse. Muette, elle se laissa faire, pensant qu'il agissait de façon automatique. C'était sans compter la voix sourde qui murmura dans son oreille.
- Tu as dis que tu rentrais tôt.
- Je suis désolée, elle cala sa joue contre ses pectoraux. Je me suis perdue dans les articles de cet étudiant. Les mains d'Acnologia vinrent presser son corps.
- Quel étudiant ?
- Un dénommé Zeleph Dragnir. Je suis certaine d'avoir déjà entendu son nom...
- Tu as trouvé quelque chose ?
La question fit plaisir à la dragon slayer qui débita sans retenu tout ce qu'elle avait découvert. D'ordinaire, Acnologia l'écoutait attentivement tout en souriant devant son air enjouée. Ce soir là, il resta impassible, ne s'attardant que sur un détail futile. Dicé mettait cet homme et ses recherches sur un piédestal et ça l'irritait de plus en plus. Son accrochage avec Sébastien lui avait valu un renvoi immédiat avec obligation de se reposer et voilà qu'il n'aimait pas entendre sa fiancée parler d'un inconnu.
- Ses recherches font échos aux miennes. Je me sens proche de lui lorsque je vois le schéma de pensées qui l'a mené à cette déduction. Il est redoutablement intelligent !
- Je m'en fiche.
La réponse froide de son fiancé la blessa un instant. Vite pardonnée par sa conscience qui lui criait que la graine de Dragon en était la cause. Ses mots lui faisaient terriblement mal, le pire étant qu'il n'en avait pas conscience...
- Moi je ne me fiche pas de ces découvertes, lança-t-elle vexée. Tu sais à quel point ces recherches sont importantes pour moi. Pour nous. Il la serra d'avantage. J'ai trouvé grâce à lui une théorie à explorer.
- Je valide ta théorie, elle sourit. Mais arrête de parler d'un autre homme.
Elle écarquilla les yeux. Alors ça, c'était dérisoire. Qu'elle parle de ces recherches n'étaient pas un problème par contre d'un étudiant de Meldian oui ? Elle s'écarta pour voir le regard agacé d'Acnologia. Par tous les dieux, c'était de la jalousie qui marquait ses yeux ? Elle se souvint alors de la raison pour laquelle il avait massacré Sébastien.
-Tu es ma femme, ne t'intéresses pas à un autre homme.
- De la jalousie envers un inconnu ? Elle avait parlé à voix haute. Ak tu n'es pas sérieux, tu-?!
Son fiancé la plaqua contre le matelas sans ménagement. D'une main, il attrapa ses poignets pour les placer au-dessus de sa tête. Son corps maintenant entre ses cuisses, il écrasa ses mains dans les draps. Ses yeux percutant ceux étonnés de Dicé.
-Tu ne devrais penser qu'à moi.
- Je me fiche de cet homme, commença-t-elle doucement. Je ne devrais pas avoir à me justifier.
- Déshabille toi.
- Je te demande pardon ?
Cette fois, la colère marqua son visage. Cette conversation n'avait plus aucun sens et elle n'aimait pas le ton avec lequel il la commandait là tout de suite. Elle voulut se dégager de son emprise pour lui remettre les idées en place mais il écrasa un peu plus la jointure de ses mains. Si elle ne s'était jamais réellement sentit faible depuis qu'elle portait ses bracelets anti-magie, à cet instant la force de son fiancé lui fit peur. Est-ce qu'il avait toujours été capable d'une telle puissance ou était-ce juste elle le problème ?
- Je veux récupérer ma femme. Elle focalisa de nouveau son attention sur lui. Je ne t'ai pas toucher depuis trop longtemps visiblement, il descendit son visage vers le sien, puisque tu en oublies de me réclamer. Je vais rappeler à ton corps que je suis le seul à devoir occuper tes pensées.
La langue du dragon glissa le long de sa nuque. Le geste la fit gémir mais elle s'inquiéta de la tournure des événements. Elle n'aimait pas la façon dont il l'a traitait, ce n'était pas lui qui parlait, c'était la graine à l'intérieur de son corps. C'était certainement la raison pour laquelle elle arrêta de se débattre pour le résonner. Lorsqu'elle l'appela par son prénom et non par son surnom, il se redressa avant de glisser ses mains sous sa robe de chambre pour lui retirer. Au moins maintenant elle n'avait plus mal aux bras... Complètement nue face au silence de son fiancé, Dicé n'osa pas bouger. Il avait l'air absent, ses gestes presque mécaniques. Ça ne lui ressemblait pas... Elle voulut se dresser sur ses coudes pour lui demander des explications mais il l'obligea à se rallonger avec un peu trop de force. Ça n'avait rien d'un jeu malsain, aucun d'eux n'aimait ce genre de comportement. Elle sentit sa chair se pétrifier sous sa peau. Acnologia jeta au loin sa robe pour enlever à son tour son haut. Si d'ordinaire elle aimait contempler son fiancé lorsqu'il exhibait son torse, cette fois elle trembla devant son regard. Elle ne connaissait pas cet homme. Sa main se leva vers son visage et elle ferma les yeux par crainte. Elle avait peur. Elle n'avait jamais eu peur, pas même au combat. Cette même main glissa sur son corps pour s'emparer de son sein. Le geste l'obligea à rouvrir les yeux.
- Ak ! Elle s'en voulut de gémir quand il pinça son téton. Arrêtes ! Qu'est-ce qui te prend ?!
- Je t'ai l'ai dit, je te rappelle pourquoi tu m'as choisi et pas ce petit merdeux d'étudiant.
Le dragon s'empara de sa bouche, la ravageant de baisers. La pression sur son sein s'intensifia quand elle chercha à reprendre de l'air. Elle n'aimait pas ça... Son cerveau lui criait de le frapper, de se défendre mais son corps s'en fichait. Son corps aimait ça et il coupa le lien entre lui et son esprit. Ses mains baladeuses, il caressa l'ensemble de son corps. Ses doigts glissant finalement entre ses cuisses pour la faire gémir son nom. Il avait besoin de l'entendre hurler. Le souffle court, les cheveux en bataille et le corps tremblant, il la délaissa pour la retourner sur ses genoux. Surprise, elle se contorsionna pour approcher ses lèvres des siennes.
- Ak... Elle sentit le sexe de son fiancé caresser le sien. Qu'est-ce que tu as ? Il colla sa tempe contre la sienne. Dis-moi ce qu'il se passe je t'en supplie...
- Je t'aime Dicé.
Dicé se sentit fondre. Son regard sincère écrasa tous ses questionnement et lorsque qu'il la pénétra, elle perdit pieds. Si le début de leurs ébats lui sembla étrange, le sentir en elle lui fit oublier ce détail. La main d'Acnologia claqua sa fesse dans une poussée, la faisant défaillir. Entre deux gémissements, il mordit son épaule pour la marquer. Elle s'écroula sur le matelas quand le dragon slayer termina cette danse entre ses cuisses. Il l'obligea à lui faire face une seconde plus tard. À bout de souffle, la fesse rouge et l'épaule marquée, il s'installa de nouveau entre ses cuisses. Elle frissonna en le sentant de nouveau en elle. Son corps toujours ravagé par l'orgasme, elle poussa sur son torse pour réclamer un peu de répit.
- Ne me repousse pas. Il embrassa sa paupière.
- Ak...
Cette fois, la tristesse marqua le visage de son fiancé. En s'enfonçant de nouveau entre ses cuisses, il lécha la larme qui s'échappait de ses cils. Pourquoi avait-il l'air si misérable quand elle le suppliait d'arrêter ? Pourquoi avait-il soudainement peur de la perdre ? Elle abandonna toute tentative de se faire entendre quand il la supplia de rester la gorge nouée. Colère, amertume, peur et désespoir... voilà tout ce que son fiancé lui montra cette nuit. Ça ne pouvait pas être anodin et ce constat inquiéta Dicé quand elle s'endormit entre les bras écaillés de son fiancé aux aurores. Dicé se réveilla en sursaut après un rêve trop agité. La couverture sur son corps glissa lui laissant l'occasion de découvrir les marques laissé par son fiancé. Les marques de morsures sur sa peau lui rappela à quel point la soirée avait été longue. Leurs ébats l'avait quelque peu dérangé... elle avait l'impression d'avoir passé la nuit avec un inconnu et trompé son fiancé. Sa réaction lui avait fait peur et elle n'était pas sereine à l'idée de constater à quel point ses humeurs pouvaient être changeantes. Dos à elle, nu, elle remarqua de nouvelles écailles sur ses omoplates. Plus la guerre avançait, plus il était marqué. Elle écrasa sa lèvre entre ses dents. Sa théorie devait être la solution. Elle n'avait plus de temps pour chercher une autre solution. Ça devait fonctionner... Sans s'en rendre compte, elle caressa du bout des doigts les récents stigmates de la dragonification. Son geste réveilla l'homme à ces côtés qui, d'une pulsion, l'écarta. Elle ne s'attendait pas à le surprendre de cette façon.
- Je ne voulais pas te réveiller Ak... Je suis désolée.
L'homme ne répondit pas, approchant son visage vers le sien. Quand Acnologia sembla enfin se réveiller ou bien la reconnaître, il recula brutalement. L'inquiétude marqua son visage quand il vit les marques de dents sur la peau de sa fiancée. Maladroitement, il toucha du bout des doigts la joue de Dicé.
- Qu'est-ce que je t'ai fais...
- Tout va bien, elle prit sa main dans les siennes pour approfondir le touché. Il était de nouveau lui-même. Je vais bien mon amour.
Acnologia s'éloigna d'elle, la culpabilité défigurant son magnifique visage. Un sentiment de solitude envahit Dicé qui s'enroula dans les draps. Elle avait froid. Son fiancé resta silencieux, passant à plusieurs reprises ses mains dans ses cheveux, perturbé. Quand il remarqua qu'elle regardait avec tristesse les écailles sur ses bras, il se leva pour s'habiller. Il détestait le regard qu'elle portait sur lui. Il n'aurai pas dû rentrer après sa confrontation avec Sébastien. Il l'a mettait en danger. Dicé le regarda faire, silencieuse. Elle ne savait pas quoi dire. Elle n'avait pas les mots pour le rassurer. Le médecin de guerre s'empressa de lacer ses bottes, fuyant le regard de sa fiancée. Dès qu'il apercevait les stigmates sur la peau de sa femme, le dégoût s'infiltrait dans sa gorge. Il l'avait malmené, mordu jusqu'au sang et il était persuadé d'être responsable des bleus sur ses poignets.
- Je ne devrais pas rester ici.
- Attends !
Elle chercha à le retenir mais il s'écarta. Dicé se leva à son tour alors qu'il s'approchait des escaliers. Sa tête tourna quand elle se mit sur pieds. Elle tangua en le suppliant de rester. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et elle tomba en avant, entraînant les bibelots accumulés sur la commode. Dans sa chute, elle égratigna ses genoux et Acnologia fit marche arrière pour vérifier qu'elle allait bien. Paniquée à l'idée qu'il ne parte, elle agrippa de ses mains les siennes. Le geste força son fiancé à constater qu'il ne l'avait pas seulement mordu jusqu'au sang pendant toute une nuit. Il pouvait parfaitement voir la marque de ses doigts gravée sur sa chair. Pourquoi ne l'avait-elle pas frappé ? Avait-elle crié de douleurs ? L'aurait-il entendu dans sa folie, si cela avait été le cas ? Furieux contre lui-même, il utilisa sa magie pour la soigner. En comprenant, Dicé tenta de le raisonner.
- Non arrête ! Acnologia ne l'écouta pas. N'utilises pas ta magie !
Les larmes aux yeux, elle frappa son épaule. Elle n'avait aucune force dans les bras et l'homme accroupi devant elle refusa d'obéir. Son corps douloureux la rendait impuissante... De nouvelles écailles firent leur apparition et par manque de contrôle, elle le gifla. La main tremblante, elle vit la stupeur coller au visage d'Acnologia. Sa main en suspend, le souffle instable, elle le vit baisser les bras. Elle regretta son geste quand il l'ignora.
- C'était hier qu'il fallait me mettre une gifle, il se leva. La laissant au sol. Quand je te brutalise toute une nuit par pulsion, tu me laisses faire... mais pour te soigner des mes conneries, tu me repousses ?
- Tu ne dois pas aggraver ton cas ! Cette fois elle hurla presque. Je t'ai dis que j'allais bien ! Ce que tu as fais hier, n'est pas de ta faute ! La dragonification s'est étendue et tu dois éviter d'utiliser la magie !
- Ça suffit Dicé ! Elle sursauta. Regardes les choses en face ! Tu n'es pas en sécurité avec moi.
Elle se stoppa net dans ses explications. Acnologia pinça l'arrête de son nez et préféra partir. Dicé lui ordonna de rester mais il ne l'écouta pas. Le voir descendre les escaliers lui donna la force de se relever et de lui courir après. Il accéléra le pas quand elle arriva en bas de ceux-ci toujours en lui criant dessus. Quand il passa la porte de leur maison, sa voix fût étouffée par les larmes. Enroulée dans les draps, elle ignora le fait qu'elle était pieds nus dans le champ de fleurs. Elle ne s'arrêta que lorsque qu'Acnologia atteignit le portail.
- Je t'interdis de retourner au combat.
- Je refuse de te blesser une nouvelle fois.
- Si tu retourne te battre, je te perdrai... Des larmes vinrent brouiller sa vision. Promets moi d'attendre mon retour...
Acnologia se tourna enfin vers elle. Avec espoir, elle fit un pas. Pensant naïvement l'avoir rassuré. Son fiancé passa à travers le portail en lui demandant pardon. La tristesse vint mordre ses intestins, elle retourna à l'intérieur. Elle manquait de temps. De rage, elle prit la première chose qu'elle vit. La plante verte passa au travers de la pièce pour s'écraser contre le mur. Le geste ne la calma pas car elle hurla dans la pièce en ravageant tout sur son passage. Elle ne s'arrêta qu'en sentant son ventre se tordre et l'envie de vomir monter. Elle courut aux toilettes, évitant la catastrophe. Le ventre vide, elle ne cracha qu'une bile jaunâtre qui brûla son œsophage. Voilà qu'elle tombait malade maintenant. La nausée ne s'estompa qu'une fois qu'elle se calma. La rage et la tristesse mélangées, elle prit la décision de quitter la maison pour rejoindre ses parents... Acnologia chercherait de toute façon à l'éviter si elle revenait au château. Attristée par ce constat, elle prit une douche froide, constatant que son fiancé l'avait entièrement guérie... Elle prit soin de dissimuler ses écailles toujours aussi visibles pour ne pas inquiéter ses parents. Elle emmena avec elle les graines du Dragon ainsi que ses notes. Cette fois, elle se chaussa pour franchir le champs de fleur et hésita un instant devant le portail. Elle vit au travers son laboratoire mais aucune trace d'Acnologia. Les lèvres pincées, elle toucha l'arche qui changea de paysage. Devant elle s'étendait une vallée ensoleillée. Un ravin baignant dans la lumière du soleil au-dessus de la forêt d'Aba. Cette forêt était connue pour abriter un ancien sorcier qui veillait au changement de climat au sein de ce labyrinthe de verdure. L'hiver passé, ce vieillard avait visiblement choisit d'apporter le printemps. Elle sentit à travers l'arcade la chaleur du soleil. Au loin, elle vit dans le ciel un dragon voler.
- Chronoska...
Le besoin de rejoindre ce foyer tant aimé, la poussa à sauter le pas. Une fois de l'autre côté, elle fut éblouie par le soleil. Une main en barrage à la lumière, elle vit le dragon changer brutalement de direction pour foncer sur elle. Une autre masse bougea proche d'elle, un second dragon s'étira pour avancer près d'elle. Quand celui dans le ciel atterrit devant elle, les ailes ouvertes, il lui rendit la vue en cachant l'astre jaune. Entourée par la silhouette noire des deux dragons, elle se sentit tout de suite en sûreté. Devant elle, Nova, la dragonne qui dormait à son arrivée frotta sans attendre son museau contre sa joue pour lui souhaiter bienvenue. Dicé profita de ce contacte pour observer de plus près les écailles noires saupoudrées de bleu foncé et de pourpre. Identiques à celles qu'elle portait sur les clavicules. Ses irises aussi profondes que l'espace, elle gratifia d'un sourire sa fille. Elle écarta les ailes en s'étirant dévoilant la blessure qui empêchait aujourd'hui la dragonne de voler. Son aile gauche pratiquement déchirée ne laissait apparaître que le squelette rachitique de son aile. À ses côtés, Chronoska, le dragon du temps souffla par le nez tout en observant sa fille. Majestueux, il abaissa sa tête vers elle pour la saluer. Le soleil se reflétant sur ses écailles blanches força Dicé à fermer l'œil droit. Même œil que le dragon en face d'elle, garderait fermé à jamais après avoir voulu sauver sa compagne. Elle distingua sans peine l'immense cicatrice qui descendait de son œil jusqu'à sa poitrine. Même Acnologia n'avait rien pu faire pour soigner leurs plaies. Chronoska et Nova avaient quitté le bataillon sous l'accord de la reine peu de temps après lui avoir accordé leurs pouvoirs. Dicé ressentit un malaise en repensant à l'étude à laquelle elle avait participé. Elle était la seule survivante parmi les sujets et les dragons face à elle, étaient aujourd'hui très affaibli par leur lien. La fulgurante régénération des dragons ne fonctionnaient plus sur eux et cela avait bien faillit les tuer. Nova ne pouvait plus voler et Chronoska ne verrait que d'un seul œil jusqu'à la fin de sa vie.
- Nous n'attendions aucune visite de ta part, ma fille.
- Acnologia ne t'accompagne pas aujourd'hui ? Dicé se força à sourire pour ne pas inquiéter sa mère. La guerre doit lui demander beaucoup de temps.
- J'aimerai parler d'une théorie avec vous. Je pense avoir trouvé un moyen d'arrêter la dragonification.
Le regard des deux dragons changea, Nova invita sa fille à rejoindre leur nid. Les dragons du temps et de l'espace avaient été très clairs le jour où ils ont accepté de participer à l'expérience. Ils voulaient Dicé. Tous les trois se connaissaient depuis le plus jeune âge de la dragon slayer. Leur rencontre datait du temps où elle n'était qu'une orpheline perdue. Ils l'avaient retrouvés dans cette forêt, à l'endroit même où se trouvait aujourd'hui leur nid. Nova ne pouvant pas porter d'enfants, ils l'élevèrent, lui apprirent à lire, à écrire, à découvrir le monde. Puis ils étaient partit vivre à Dragonof pour qu'elle puisse étudier la médecine. Acnologia étudiait au même endroit qu'elle, mais étant plus âgé qu'elle et plus talentueux que la moyenne, ils ne s'étaient pas croisés. Elle ne l'avait rencontré qu'au camp d'entraînement. C'était drôle de savoir qu'il était si proche et si loin d'elle à cet époque... juste pour une question de temps. Nova s'allongea et Chronoska se posta à côtés d'elle toujours à l'affût du moindre mouvement. Dicé s'assit à même le sol et sa mère constata avec nostalgie que les vieilles habitudes ne s'effaçaient pas. Dicé avait bien grandit, mais s'asseyait toujours de cette façon. Elle posa devant leurs nez, les deux graines de dragon ainsi que ses notes qu'elle éparpilla à même le sol. À travers le verre qui isolait les jeunes pousses, Nova ressentit l'énergie du dragon s'échapper d'elles. Observateurs, les deux dragons laissèrent le temps à leur fille de prendre la parole.
- J'ai découvert ceci dans le corps de deux dragons slayers. Ce sont deux plantes qui se nourrissent du pouvoir du dragon. C'est ce que nous avons tous sans exception à l'intérieur de notre corps. Nous les avons appelé, les graines de Dragon.
- Alors ces choses vivent à l'intérieur de vous ? Chronoska fit mine de réfléchir. As-tu une idée de comment vous en débarrasser ?
- Je crois, ses dragons lui portèrent un regard fier. Ne vous réjouissez pas trop vite, ce n'est qu'une théorie fondée sur la théorie d'un étudiant de Meldian. Zeleph Dragnir.
- Quelle théorie ?
- Cet étudiant a travaillé sur les graines du Mal, des entités en tout point comparable à ce que j'ai découvert. La seule différence est, que ces noyaux ne se forment pas au contact de la magie des dragons, mais celle des démons. Nova fronça le museau. D'après lui, ces graines créent des particules de magie qui transforment le corps de l'hôte en support viable pour utiliser à plein potentiel les pouvoirs des démons. En somme, ces graines du Mal transforme l'hôte en démon.
La révélation de Dicé contraria les dragons face à elle. Si cette idée était juste et s'appliquait à leur situation, alors les dragons slayers morts de part la dragonification, n'avaient jamais atteint le stade final de leur transformation comme ils se l'imaginaient depuis le début.
- Pour que la transformation soit complète, le sujet doit posséder une obsession puissante pour que son corps puisse résister aux modifications provoquées par la graine. Tous les dragons slayers morts de la dragonification ne sont que des sujets sans ambition profonde.
- Ceci ne me rassure aucunement. Nova se dressa légèrement pour fixer son regard sur les graines. Ces choses, se comportent tel un virus n'est-ce pas ? Dicé acquiesça. Qu'a-t-il exposé comme solution ?
- Combattre le mal par la mal. Ses parents ne comprirent pas tout de suite. Je pense et cet étudiant pensait exactement la même chose que moi pour les graines du Mal. Pour détruire ou empêcher leur propagation, seule la magie d'un dragon pourrait en finir avec. J'aimerai tester ça. J'ai utilisé un peu de magie sur elles, mais elles ne font que croître. Peut-être qu'avec vous, ce sera différent.
Nova avança le museau devant l'une des graines. Sans demander plus d'arguments à Dicé, elle laissa sa magie se diffuser. Là où Dicé s'imaginait s'être trompée sur toute la ligne, la graine se mit à flétrir à vu d'œil. Au contact de la magie d'un véritable dragon, le végétal se tordit pour tenter de lui échapper. Puis il fana mais ne mourra pas. Nova arrêta quand celle-ci cessa de dépérir.
- On dirait que je ne peux pas faire plus.
- Je sais que la reine m'en voudra, mais j'aimerai tester autre chose.
Dicé tendit les mains au-dessus de la plante, à son tour, elle usa de la magie pour faire croître cette fois la graine. Face à elle, Nova utilisa la sienne pour l'en empêcher. En diffusant chacune de leur côté, la même puissance, la graine se stabilisa et Chronoska ouvrit enfin la bouche.
- On dirait que la graine est restreinte lorsque nous utilisons notre magie... L'équilibre est parfait.
- Je pense qu'à terme, votre magie peut la détruire complètement. Pour cela, vous devez être à leur contact en permanence. Et pour ça...
- Nous devons sceller notre âme à votre corps...
- Je n'aime pas cette idée... Dicé pinça les lèvres. Cependant, je reste persuadée que c'est la seule façon.
- As-tu travaillé sur le sort ?
- Je l'ai créé... Elle présenta ses notes à Chronoska. J'aimerais que tu le corriges. Si toi tu le valide. Alors j'aimerais présenter mes travaux à notre reine avant de l'utiliser sur moi.
Nova l'observa avec compassion. En tant que mère, elle savait parfaitement pourquoi sa fille refusait de l'utiliser tout de suite.
- Je ne suis pas prête à vous dire au revoir...
- Sache mon enfant, que je lierai mon âme à ton corps si cela peut te sauver. Chronoska effleura la tête de sa femme avec la sienne. Je suis certain que ta mère est de mon avis.
- J'en suis bien consciente mais je veux pouvoir vous parler une dernière fois avant d'utiliser ce sort.
- Ton sort est complexe mais juste. La remarque flatta Dicé. Va prévenir au plus vite la reine. Nous attendons ton retour.
- Merci profondément papa et maman.
- Je me demande si ta découverte pourrait convaincre mon ami Ignir... Chronoska fit sourire Nova. Peut être se décidera-t-il enfin à se joindre à nous...
Dicé reprit ses affaires en vitesse, ignorant le questionnement de son père. Elle devait se dépêcher. Elle salua ses parents tout en sautant à travers le portail. Elle abandonna les dites affaires dans leur maison et prit le chemin du château. Quand la vision de son bureau se montra, elle hésita. Est-ce qu'Acnologia serait là ? Un sentiment d'insécurité lui prit les côtes. Pourquoi ses sens de dragon s'agitaient de la sorte ? Elle espérait se tromper. À peine l'arche passée, elle entendit les bruits de pas des bottes de l'armée royale. Les soldats couraient. Des cris et des ordres lui vinrent aux oreilles. Son inquiétude prit de le dessus sur son corps. Elle se précipita dans le couloir où les soldats défilaient vers l'extérieur du château. Au lieu de les suivre, elle remonta à leur point de départ, la salle du trône. Elle courut tout en bousculant les gardes. Quand elle remonta enfin jusqu'à la salle, l'écho de la voix de la reine fusa dans ses oreilles.
- Tu ne peux pas retourner au front Belserion !
- Je dois aider nos troupes Eileen !
Dicé força le passage, les coupant dans leur discussion. Eileen, le visage creusé par l'angoisse, vissa un regard désolée sur elle. L'odeur d'Acnologia planait ici, mais elle s'estompait... Il était là, mais ne l'était plus. Plus depuis un long moment... La gorge sèche, elle avança sur eux, la crainte dans les veines.
- Où est Acnologia.
- Je suis désolée.
Eileen laissa une larme glisser le long de sa joue. Dicé trembla. Il était reparti et leur reine n'avait pas pu l'en empêcher. Les autres voix autour d'elle lui firent comprendre la situation. Les troupes ennemies avaient gagné du terrain. C'était leur dernière chance avant la chute du royaume.
- Maître Acnologia n'a pas voulu m'écouter...
- Dicé accompagne moi.
La demande de Belserion choqua aussi bien la reine que la chercheuse. Belserion était le commandant des dragons slayers. Lorsqu'il donnait un ordre, les soldats obéissaient immédiatement. C'est pourquoi Dicé n'hésita pas à monter sur son dos quand il se pencha. Muette, Eileen ne réussit pas non plus à les arrêter quand elle les vit disparaître dans le ciel.
- Je vous en supplie... La rousse entoura son ventre de ses bras. Revenez sains et saufs.
Au-dessus des nuages, Dicé questionna tout de suite son commandant sur le déroulement de la guerre. Le dragon de la sagesse profita de leur virée dans les cieux afin de lui donner tous les détails. La prise de position de l'ennemi, la perte d'un nombre trop important de dragons slayers et l'engagement de plusieurs nouveaux dragons pour l'adversité. En apprenant cela, elle comprit que la situation n'avait jamais été aussi critique. Son fiancé, n'avait pas pu s'y résoudre.
- Acnologia a refusé de laisser nos troupes sous les coups de l'ennemi. Il est parti avec les autres dragons. Nos alliés ont été submergés par l'ennemi... Nous devons absolument les faire reculer où notre royaume tombera. Ton fiancé à tout de suite comprit l'importance de ce combat. Ne lui en veut pas.
Dicé pinça des lèvres. Leur commandant avait toujours été clairvoyant. S'en était rageant. Ce qu'elle ne comprenait pas c'était pourquoi il lui avait ordonné de le suivre.
- Tu as trouvé un moyen d'arrêter la dragonification n'est-ce pas ? Elle sursauta. Comment je l'ai deviné ? Les expressions de ton visage t'ont trahi. Tu étais dévastée et contrariée. Preuve que les événements te dépassent et qu'ils t'ont coupé dans ton élan.
- Qu'est-ce que vous voulez de moi ?
- Je veux que tu combattes. Dicé fut de nouveau surprise par ces mots. Bats toi sans perdre le contrôle. Uses de toute la puissance nécessaire. Retire les liens anti-magie si besoin. Tu es notre seul espoir de retourner la situation.
Le champs de bataille se dévoila à leurs yeux. Belserion avait raison, l'ampleur de cette guerre s'approchait bien trop de la capitale. Leur vol n'avait même pas duré une heure à pleine vitesse et à vol de dragon. Cela ne représentait pas une grande distance... Elle chercha du regard Acnologia mais elle trouva pas son fiancé. À l'arrière du bataillon, elle reconnut Friedrich concentré à soigner les soldats mais aucune trace de lui... Cet idiot avait certainement décidé d'aller vers l'avant pour soutenir les autres. Elle ne vit aucun autre dragon slayer. Peut être les avait-il emmené avec lui. Quand leur commandant n'était pas là, ils avaient prit l'habitude de suivre les ordres d'Ak. Belserion survola les nuages, cachant de ce fait, l'ensemble de la bataille. Dicé eut juste le temps de remarquer cinq dragons s'affronter. Seulement deux d'entre eux appartenait à Dragonof. Elle n'avait pas eut l'occasion de distinguer correctement les ennemis
- Ces trois dragons posent soucis. Occupons nous d'eux dans un premier temps.
- Je vais avoir besoin de vous pour les aligner. Si je dois créer des portails pour chaque dragons, je pourrai perdre le contrôle...
Dicé se mit debout sur le dos de Belserion. Elle fixa un instant ses liens. Devait elle réellement les retirer ? Ses récentes révélations sur le fonctionnement des graines du Dragon, lui criait de les garder. Contraindre ses pouvoirs depuis si longtemps risquait d'aggraver son cas. Créer des portails pour éloigner des dragons ne devraient pas nécessiter leur retrait. Cependant sa tenue elle, risquait de l'encombrer... Belserion sembla comprendre ses états d'âmes car il utilisa sa propre magie pour transformer sa tenue. Dicé se sentit presque nostalgique de se revoir dans la tenue militaire des dragons slayers. La même tenue que portait habituellement son fiancé. Un cri d'outre tombe fendit les cieux. Un hurlement terrifiant suivit d'une détonation... Belserion esquiva la bourrasque de vent provoqué par l'explosion, obligeant Dicé a se retenir à l'une des cornes du dragon de la sagesse. La puissance de l'impact repoussa les nuages sous eux, dévoilant de nouveau le combat sous leurs pieds. Un nouveau dragon avait fait son apparition plus loin, un dragon aussi noir que les ténèbres. Son hurlement fit trembler le corps de la jeune femme. Qui était-ce ?
- Je n'ai jamais vu ce dragon, murmura Belserion. Nous devons connaître ses intentions !
Dicé n'arriva pas à décrocher son regard de ce nouvel arrivant... Il était terrifiant et majestueux. Elle cru pendant un instant, croiser son regard. Son cœur loupant un battement. Il l'attirait. L'ouïe de la dragon slayer perçu le battement des ailes d'un dragon. Elle vit du coin de l'œil, l'un de leur ennemi foncer sur eux.
- Nous devons nous charger de ceux-ci aussi !
Belserion esquiva un souffle du dragon venant de sous eux. Les nuages dispersés, ils n'étaient plus aussi discrets... Malheureusement, leur opposant décida de les poursuivre dans le ciel. Dicé s'accrocha aux cornes du dragon de la sagesse quand il esquiva une seconde attaque. Dans le mouvement, Dicé vit leurs deux alliés dragons tomber au combat. Le dragon qui les pourchassait fût rejoint par un second, laissant le troisième dragon qu'elle reconnu facilement face aux soldats humains. Jilkonis... Sans réfléchir, elle sauta dans le vide, sous l'incompréhension complète de Belserion.
- Je vous rejoins aussi vite que possible ! Elle passa au travers du souffle du premier dragon. Continuez d'avancer ! Je vous ramène le dernier dragon !
La gravité lui imposant une chute rapide, elle orienta celle-ci vers le dragon de Jade qui fidèle à lui-même, s'amusait à terroriser les humains. Elle l'avait déjà confronté une fois et elle devrait faire preuve de réflexion pour pourvoir le téléporter vers Belserion. Après une seconde à réfléchir, elle ne trouva pas de plan. Sa chute se termina sur le crâne du dragon qui dans un gémissement de douleurs, secoua la tête. Elle termina sa descente devant lui, rapidement reconnue par ses alliées.
- Mademoiselle Dicé ! Un soldat se releva. Que faites vous ici !
- J'apporte mon aide.
Jilkonis dirigea son regard sur elle, il papillonna un instant des yeux en la découvrant. Prête à se défendre, Dicé le regarda peu impressionnée. En effet, ce dragon ne l'avait jamais intimidé. Il était bête, malpoli et condescendant. Les deux petites ailes sur son crâne, ses moustaches et sa face aplatie ne le rendait pas plus crédibles.
- Toi ?!
- Ravie de te revoir face plate !
Jilkonis hurla, son souffle du dragon fût bloqué par un ensemble de bouclier créé par les soldats. Derrière lui, le dragon noir rugit de nouveau, sa colère grandissante. Dicé le vit trembler. Cet étrange dragon semblait incommoder le dragon de Jade. Si même un imbécile heureux tel que lui semblait avoir peur, alors elle devait éloigner les soldats. Qu'il soit leur allié ou non, elle devait protéger les soldats comme le souhaitait Belserion. Elle ouvrit un portail derrière les troupes. Les soldats humains fixèrent celui-ci sans bouger.
- Retournez au palais, Dicé ne montra que son dos.
- Nous ne pouvons pas abandonner le champs de bataille ! Vous n'êtes pas sérieuse !
- Hors de mon chemin !
Dicé esquiva le coup de Jilkonis, il ne devait pas passer à travers le portail. Personne d'autre que leurs alliés ne devaient passer ce portail. Si les soldats civils ne voulaient pas quitter le champs de bataille pour retourner auprès de la reine, alors elle leur forcerait la main. Elle réitéra son ordre mais les soldats ne plièrent pas. Elle devait se dépêcher avant que Jilkonis n'atteigne son portail. Ce crétin avait bien compris ses intentions. Elle s'interposa entre lui et les soldats lorsqu'il tenta une percée. Elle réussit à l'arrêter par la force, ses liens l'affaiblissant. Ses pieds bien ancrés dans le sol, la masse musculaire de Jilkonis la repoussa sur plusieurs mètres. Elle pesta, bien trop faible pour l'arrêter complètement. Ses liens lui bouffaient toute son énergie, le dragon de Jade s'approchait toujours plus du portail. Derrière elle, les soldats vinrent à son secours. Elle devait stopper tout ça. Elle puisa dans ses ressources pour former un minuscule trou noir. L'objet céleste tira les soldats vers l'arrière les obligeant à travers le portail. L'attraction tira aussi Jilkonis mais Dicé le repoussa sans relâche pour freiner sa route. Quand le dernier soldat passa au travers, Dicé changea la destination de celui-ci. Elle fit disparaître son trou noir et utilisa la force de Jilkonis pour le faire passer au travers. Elle sauta au-dessus de lui et se cramponna à ses écailles quand il passa ce nouveau portail. Ils s'écrasèrent au sol, proche de Belserion. Légèrement sonnée, Dicé se fit enlever par le dragon de la sagesse, pourchassé par le dragon noir. D'un battement d'ailes, il vira à gauche, laissant le dragon inconnu percuter Jilkonis. Dicé vit celui-ci blêmir avant le choc. Les deux dragons roulèrent un peu plus loin dans les débris. Belserion, Dicé dans ses serres continua de s'éloigner. Le couinement de Jilkonis obligea Dicé à regarder la scène. Derrière eux, le dragon noir enfonçait le crâne du dragon de Jade dans le sol, le dominant. Il lâcha un cri d'outre-tombe, ses crocs à quelques centimètres de son œil. Elle eut juste le temps de voir le regard terrorisé de son adversaire. Une seconde avant de se faire lacérer et réduire en cendres. Le souffle de l'inconnu les atteignit, déviant leur trajectoire. Ballottée dans les airs, la jeune scientifique réclama des explications. Un silence de mort lui répondit. Ses yeux encore rivés sur les restes de Jilkonis, elle croisa le regard vide du dragon noir. Plongée dans les abysses de ses orbes, elle sentit la peur s'emparer de son corps. Le dragon s'élança à leur poursuite. Une aura menaçante s'étendit sur eux, aussi noire que les ténèbres des trous noirs qu'elle pouvait créer... Le dragon accéléra pour les attraper. Belserion vrilla de nouveau, imposant une force écrasante sur le corps de Dicé. La jeune femme s'accrocha à sa poigne, obnubilée par le regard sans vie du dragon. Grâce à ce mouvement calculé, Belserion parvient à rejoindre un groupe de deux dragons alliés et de dragons slayers. Dos à eux, Dicé vit la menace du dragon noir disparaître dans la brume. Les deux dragons passèrent à côté d'eux pour arrêter le dragon. Belserion atterri vingt mètres plus loin, griffant le sol pour freiner son atterrissage. Il ne relâcha pas Dicé donc elle lui jeta un regard. Le visage du dragon était tiré par la peur, ne rassurant pas la jeune scientifique. Son inquiétude transmise, elle renifla les alentours pour trouver son fiancé. Seule l'odeur du sang lui parvint, l'odeur imprégnant tout le champ de bataille. La panique commença à la prendre et elle hurla son prénom sans réfléchir. Le cri du dragon noir lui répondit surplombant ceux des deux dragons qui tentaient de l'arrêter. Un second souffle de celui-ci transperça le corps puissant de leur alliés, les tuant sur le coup. Le dragon plus rapide qu'avant passa au travers la brume et frappa de son crâne le ventre de Belserion. Leur commandant la lâcha en encaissant le choc. Dicé n'eut pas le temps de s'étaler sur le sol, rattrapée par l'ennemi. Belserion voulut la défendre mais le dragon frappa de sa queue la mâchoire du dragon de la sagesse. Manipulée comme une poupée de chiffon, elle vit du coin de l'œil Sébastien attaquer. Cet idiot attaqua délibérément dans sa direction pour atteindre le dragon noir. Celui-ci esquiva l'attaque avec hargne, tranchant en deux le corps frêle du dragon slayer ainsi que celui des plusieurs autres hommes. Pétrifiée, elle assista à la scène. Pendant un moment de flottement, le dragon l'approcha de lui, observant sa réaction. Défigurée par la peur, elle chercha du regard Belserion. Le cri du dragon perdant patience fit trembler son corps. Elle allait mourir. D'une mort douloureuse. Ce n'était ni un allié, ni un ennemi... Il était l'apocalypse. L'approchant encore plus de lui, Dicé ne vit pas son commandant se relever. Dans un nouvel effort, Belserion frappa le poignet de leur ennemi, l'obligeant à lâcher sa proie et donc à récupérer Dicé. Dans l'urgence, Belserion comprit qu'il devait mettre la scientifique en sécurité. Elle ne devait pas tomber dans les mains de ce dragon fou furieux ! Elle était leur dernière chance de préserver leur royaume d'un cataclysme. D'un bond, il prit de la hauteur pour fuir. Dicé ferma les yeux quand une goutte de pluie tomba dans au creux de son œil. Sous eux, l'ennemi rugit de plus belle, enragé par la perte de sa proie. Le tonner gronda à son tour alors que la pluie s'intensifiait.
- Nous devons l'éloigner !
- Je ne trouve pas Acnologia ! Elle hurla pour se faire entendre à travers la pluie.
- Il doit être à l'avant du front ! Rejoignons le ! Nous trouverons un moyen d'expulser ce monstre tous ensemble ! Nous sommes trop faibles à deux !
Belserion légèrement mal au point fonça au travers de l'averse, l'ennemi à ses trousses. Au loin, Dicé vit les derniers remparts de leur armée. Devant eux se trouvait les derniers dragons et dragons slayer encore en vie. Face à eux, l'armée arakitaciennes toujours plus grande les combattait. Derrière eux, les ruines d'un combat perdu d'avance. Acnologia ne pouvait être qu'ici ! Plus aucuns combattants ne les attendaient à l'arrière. Si il n'était pas là... Elle pinça les lèvres, toujours prisonnière des serres de son commandant. Pourchassés, Dicé et Belserion firent de leur mieux pour esquiver le souffle du dragon noir. Le dragon de la sagesse plongea vers le combat afin de gagner quelques secondes de répits. Il tenta une percée dans le combat vite rattraper par le dragon noir. Avec Dicé, ils l'entendirent inspirer au-dessus d'eux, attirant leur attention. Ils virent alors que le dragon était plus proche d'eux qu'ils ne le pensaient. Avec effroi, ils virent le souffle de celui-ci se former dans sa gueule. La désagréable sensation de voir leur magie être absorbée, ils restèrent dans son champ d'attaque. Ce nouvel assaut atteignit Belserion, déchirant son aile droite. La douleur le fit lâcher Dicé, qui chuta dans la boue. Elle roula sur plusieurs mètres, son corps encaissant les débris de destruction. Sonnée, elle chercha le chef des dragons slayers. La vision floue, elle le vit s'écraser à son tour dans les ruines d'une ancienne bâtisse. Les dragons présents sur les lieux, ainsi que les derniers dragons slayers arrêtèrent leurs combats respectifs pour se recentrer sur cet étrange dragon. Sans plus de formalité, la créature s'attaqua à eux, oubliant enfin Dicé et Belserion. Elle profita de ce moment de répit pour rejoindre son capitaine. Elle ignora les cris de détresse et ceux de rage, se concentrant sur Belserion. Au passage, elle chercha du regard Acnologia. Le dragon noir lui barra malheureusement la vue et elle dût se contenter de continuer sa course. Ses pas embourbés par la terre argileuse, elle arriva avec difficulté auprès de lui. Elle s'aida de la force de ses bras pour s'extirper de la boue avec l'aide des débris. Elle trouva enfin le corps de Belserion ensevelit sous les décombres. Une vieille poutre lui barrait le passage mais elle l'entendait respirer. Le dragon bougea un peu en la voyant.
- Belserion ! Elle passa sous les décombres pour s'approcher. Est-ce que vous êtes blessé ?
- Je ne peux plus me servir de mon aile... Où est-il ?
- Je vais vous sortir d'ici ! Un cri perça le champ de bataille. Laissez moi juste retirer mes liens !
Dicé porta ses doigts sur le bracelet ornant son poignet gauche. Elle hésita un instant, pesant le pour et le contre. Finalement, elle le retira d'un coup sec, appréhendant les effets. Dans l'instant-t, elle ne sentit aucune différence. Elle posa ses mains sur Belserion tout en se concentrant. Elle ne pouvait pas remonter suffisamment le temps pour lui rendre son aile, mais elle pouvait au moins espérer réduire la plaie. Récitant les incantations instruites par son père, elle concentra sa magie autour du dragon. Les retour dans le temps avait toujours été la forme de pouvoirs la plus difficile à maîtriser... Elle déforma le temps, le faisant faire marche arrière. Petit à petit, le squelette de l'aile se reconstitua sous les yeux épuisés du dragon de la sagesse. Dicé fronça les sourcils quand elle sentit sa magie augmenter. Elle avait été contrainte si longtemps, qu'elle ne parvenait pas à la contrôler correctement. Le flux toujours plus grand, elle continua ses incantations, les yeux fermés cette fois pour réduire cette instabilité. Belserion riva ses iris sur elle quand le squelette de son aile fût entier. Il ouvrit la bouche mais ne dit rien quand il vit sa sous-fifre contenir avec autant de mal sa magie. Il ne resta pas pour autant silencieux quand il vit apparaître sur ses mains puis ses bras, une flopée d'écailles blanches. À bout de force, elle arrêta tout. D'un geste mécanique, elle remit son bracelet autour de son poignet, calmant sa magie.
- Dicé, tes bras...
- Je sais... elle toucha du bout des doigts la pierre des ruines. Tout va bien.
À son contact, les ruines tremblèrent et s'élevèrent au-dessus d'eux. Hors des décombres et sous la pluie, Belserion vit avec exactitude l'étendu de la dragonification sur Dicé. Ses mains et bras maintenant faits d'écailles nacrées, elle garda le contrôle sur les restes de l'ancienne bâtisse, les orientant vers le dragon noir. Le silence sur le champ de bataille inquiéta Belserion. Face à eux, les corps agonisant des derniers survivants et au centre, le dragon noir encaissant sans aucun difficulté les attaques. Il balaya alliés comme ennemis d'un souffle lumineux. C'était comme si la magie ne l'affectait pas. Comme si chaque attaque le rendait plus fort... Comme si il se nourrissait de la magie des autres pour combattre. Un goût amer imprégna sa bouche lorsqu'elle vit que cette théorie farfelue s'avéra vraie... La magie n'avait aucun effet sur lui. La scientifique sursauta quand le souffle de celui-ci acheva le dernier survivant. Dos à Belserion, elle ne dit rien. Il ne restait plus personne... Il ne restait qu'eux. Un dragon et une dragon slayer contre un ennemi. Le futur ennemi du monde. Acnologia n'était pas là, Belserion ne tiendrait pas longtemps contre ce monstre et elle... elle se transformait. Ses nouvelles écailles la démangeaient... Elle pouvait sentir la graine du dragon grouiller sous sa peau, entre ses veines et à l'intérieur de ses muscles. Elle laissa les ruines s'écrouler derrière eux, attirant l'attention de l'ennemi sur elle. Le dragon hurla, elle, fixa ses émeraudes dans ses iris vides. Elle fit un pas, rapidement questionné par son commandant.
- Que compte tu faire au juste !? Dicé garda le silence. Nous devons retourner à la capitale et emmener tout le monde à l'abri ! Nous ne pouvons rien faire contre lui !
- Je vais l'éloigner.
- Non, tu en mourras !
Dicé le regarda par dessus son épaule. Elle le savait. Si elle partait à sa rencontre seule, elle était certaine de mourir ou de perdre la tête. Il lui était impossible de contrôler sa magie sans ses liens... Elle n'avait rien fait de particulier et pourtant, les écailles étaient apparues en grand nombre... Maintenant, chaque utilisation de sa magie devait être faite avec parcimonie. Elle ne voulait pas blesser quelqu'un.
- Si vous voyez Ak... Belserion grinça des dents. Dites lui que je suis désolée... Utilisez le portail dans mon bureau pour rejoindre Chronoska et Nova. Ils sont au courant pour Dragon Soul, ils vous expliqueront.
- Je refuse de te laisser seule avec ce monstre !
- Je vous en prie... Donnez moi l'ordre de me battre contre lui.
Elle montra enfin son visage, pivotant sur ses pieds. L'inquiétude marqua le visage de Belserion et Dicé baissa la tête. Elle portait de nouveaux stigmates sur le corps. Les écailles blanches étaient à présent parsemé de tâches bleutées et pourpres. Il vit l'une d'elle éclore sous son œil alors qu'elle se retournait.
- Dicé...
- Je vous en prie.
- Très bien, abdiqua le dragon avec amertume. Charge toi de la protection de notre pays. Je t'ordonne de rentrer saine sauve cependant.
Le dragon noir qui n'avait pas bougé étira ses ailes une seconde, patient. Belserion pensa un instant que leur ennemi écoutait leurs divergences mais il comprit rapidement que celui-ci ne faisait qu'observer sans écouter. Il observait Dicé, il suivait chacun de ses mouvements, obnubilé par elle. Comme si il l'a connaissait depuis toujours. Il ne voyait qu'elle. Certainement avait-il comprit qu'elle était la clef de leur bataillon et qu'il ne devait pas la lâcher du regard une seule seconde. Au loin, des bruits d'armure parvinrent dans l'oreille du dragon de la sagesse. Si lui les avait entendu, alors les deux personnes avec lui aussi. Dicé de son côté écarta les yeux. Elle n'entendait pas seulement la course des soldats humains, elle l'entendait elle... Leur reine.
- Eileen-sama...
Ce prénom mourra dans la gorge de la scientifique. Des sueurs froides le long de son échine, elle tourna le regard vers l'origine du bruit. Elle voulu crier à son commandant d'agir mais le souffle du dragon noir enveloppa sa voix. Le rayon passa à quelques centimètres d'elle, rasant le sol pour se diriger vers la voix de la reine. Son commandant bougea devant l'attaque pour protéger sa reine devant le regard paniqué de Dicé. L'impact de l'explosion brouilla sa vue et lui fit perdre un instant l'ouïe. Quand la fumée s'éloigna, elle vit Belserion debout, un trou béant au centre de sa poitrine. Le dragon cracha une gerbe de sang et elle hurla.
- MAÎTRE BELSERION !
Elle voulut accourir vers lui mais le dragon noir derrière elle chargea une nouvelle slave. Elle se téléporta devant le dragon. L'éclat de son souffle éclairant son regard émeraude, elle frappa de son poing la mâchoire de celui-ci. Le coup fit basculer le corps du dragon et elle ouvrit un portail sous lui, les faisant chuter tous les deux dans les abysses. Quand le portail se referma sur eux, Belserion entendit plus clairement la voix de sa reine. Une seule chose fût laissée par Dicé sur ce champ de bataille. Un bracelet aux arabesques fines.
Dans le noir de l'espace-temps, Dicé se laissa glisser à l'intérieur de ce portail. Sa magie illuminant tout autour d'elle, elle sentit celle-ci vaciller. Elle avait retiré son lien sur un coup de tête et maintenant la magie se diffusait tout autour d'elle sans s'arrêter. Le dragon noir sous elle, passa la sortie de ce portail de dernière minute. De nouveau à l'air libre, elle constat qu'ils avaient été téléportés dans les cieux. Dicé reconnu sous eux la tour de guet, elle s'accrocha au dragon qui depuis leur chute dans le portail, n'avait pas retenté de l'attaquer. Ils passèrent tous les deux à travers la tour, la réduisant en tas de pierre difforme. Proche du dragon, Dicé remarqua les détails de ses écailles rondes. Ces écailles ressemblaient à celles que portaient Acnologia... Cette remarque lui sembla complètement folle et elle arrêta d'y penser quand le dragon se releva pour tenter de l'attraper. Elle esquiva un coup de patte et chercha à stabiliser sa magie pour créer un nouveau portail. Elle devait l'emmener plus loin. En Arakitacia s'il le fallait, mais le plus loin possible des gens qu'elle aimait. Elle espérait seulement que le dragon de la sagesse puisse être sauvé. Acnologia serait peut-être avec eux... Le nouveau portail les aspira alors que Dicé retenait sa magie du mieux possible. Ses pouvoirs instables, elle ne fit pas attention et ne remarqua qu'une fois à l'intérieur du portail que la direction n'était pas la bonne. Elle s'écrasa dans le champ de fleur près de leur maison. Le dragon tomba légèrement en contrebas et observa les alentours avec attention. Agenouillée, au milieu des fleurs rouges et roses, Dicé sentit l'odeur d'Acnologia. Elle le chercha du regard mais son nez pointa vers le dragon noir. Pourquoi son odeur se dégageait de lui... pourquoi maintenant ? Le sang des victimes ne maculaient plus les environs et ne masquaient plus l'odeur d'Acnologia. Pourtant elle ne devrait pas le sentir aussi distinctement ici et encore moins sur ce monstre. De la vapeur s'échappa des muscles puissants de la créature. Caché dans une vague de brume, Dicé vit la silhouette du dragon se déformer et devenir plus petite. Plus...humaine. Toujours au sol, la dragon slayer baissa les bras, vidée de toute son énergie. La silhouette qui se dessinait devant elle... c'était la sienne. Elle trembla quand la silhouette s'avança pour sortir de la brume.
- Qui aurait cru que tu me ramènerais chez nous.
- Ak...
Le médecin militaire s'extirpa de la vapeur, avançant vers sa fiancée mortifiée. Dépassée par la situation, Dicé se contenta de rester dans le déni. Pourquoi ne l'avait elle pas comprit plus tôt ? Pourquoi avait elle ignoré les signes ? Ses écailles rondes noires aux reflets bleus. Son odeur cachée par les effluves de sang... Le regard qu'il portait sur elle... Il n'avait à aucun moment cherché à la blesser... Elle le savait depuis qu'elle avait rencontré ses yeux. Ce n'était pas un inconnu, c'était lui. Celui qu'elle aimait et chérissait le plus au monde... Son propre fiancé. Acnologia s'arrêta devant elle, des écailles toujours présentes sur ses joues, il vit les larmes perler sur les siennes. Le contour de son regard émeraude parsemé d'écailles blanches et bleues.
- Ta transformation est entamée. Il tendit les doigts vers son visage attristé. Ses écailles te vont à merveille.
- Pourquoi ?
Un sanglot étrangla la jeune scientifique. Son corps prit de spasmes, elle enfonça ses doigts dans son épaule. Sa graine de dragon la démangeait et la sensation de cette carapace sous ses doigts lui donna envie de vomir. Acnologia s'abaissa à son niveau, un sourire angélique sur ses lèvres. Cette fois, la nausée fût plus forte. Ce n'était pas possible... ça ne pouvait pas être la vérité. Ce n'était pas lui devant elle...
- Pourquoi ? Répéta-t-elle dans un murmure.
- Pourquoi je les ai tué ? Elle tressaillit quand il prit son poignet nu pour l'observer de plus près. Ses dragons ne méritaient pas de vivre. Leur existence ne sert pas notre monde.
- Tu as tué nos amis... Notre commandant... Tu as menacé notre reine...
- Mon propre mentor nous a trahit. Pourquoi les pleurer ? Sais-tu ce qu'ils ont fait aux nôtres ? Ils les ont massacrés, brûler vivants et dévorer. Je les détruirai tous jusqu'au dernier, la folie passa dans ses yeux. Je tuerai tous ceux qui les aideront.
Dicé comprit pourquoi son fiancé avait basculé dans les ténèbres. Certains dragons alliés les avaient donc trahit... et celui qu'Acnologia considérait comme son mentor en faisait parti. L'incompréhension dans le regard d'Acnologia dévasta sa fiancée. Ses griffes toujours plus profondément ancrées dans sa peau, la douleur qu'elle ressentit en perçant celle-ci ne l'arrêta pas. Du sang commença à couler sur son bras sous le regard avisé de son fiancé. D'un geste calculé, il essuya ses larmes tout en la recoiffant.
- Ne les pleure pas... À cause d'eux, la guerre a éclaté. Ils ont intégré les humains à leurs conflits idiots. Par leur faute, nous sommes devenus des monstres.
- Nos amis n'avaient rien à voir avec cette guerre... Elle serra le poing contre son cœur. Ak... Pourquoi tu as fait ça ?
- C'est pourtant évident... Il pencha la tête. Pour te protéger.
Sa réponse pétrifia la scientifique. La nausée revint plus violente cette fois. Elle recracha ses émotions aux pieds de son fiancé. Quand elle arrêta de vomir, Acnologia l'obligea à se mettre debout en tirant sur son bras. Tel une poupée de chiffon, elle le laissa la traîner vers la maison. Ce n'était pas Acnologia... Ce n'était pas possible. Elle s'emmêla les pieds, ses jambes devenues en coton. Il ne la retint pas, la laissant s'écraser au sol. La nausée combinée à une sensation désagréable dans le corps, elle arrêta de bouger et de penser. Acnologia s'accroupit une fois de plus devant elle, la jugeant de son regard vide. Elle sentait grouiller la graine du Dragon sous sa peau. La sensation était plus distincte, plus forte qu'avant. Sa respiration se bloqua dans sa gorge. Elle sentit sa tête tourner et elle dût prendre celle-ci entre ses mains quand la douleur s'accentua. Souffrante, elle gémit quand la sensation d'un pic à glace lui transperça le crâne. Son fiancé dégagea ses mains de son visage pour voir de nouvelles traces de sa transformation. Une paire de crocs prononcée ornait ses lèvres tremblantes. La terreur et la douleur marquant ses traits.
- Ta transformation est proche. Elle secoua la tête, refusant ses paroles. Bientôt nous serons deux.
- Je ne veux pas... me transformer. Je ne veux pas devenir un dragon...
- Nous ne sommes pas des dragons, il embrassa son front. Laisse toi aller, nous n'avons plus besoin d'eux. Sa main glissa sur son autre poignet, ses doigts se faufilant sous son bracelet. Tu n'as plus besoin de ça.
- Arrêtes... ,elle trembla de plus belle. Je ne veux pas.
- Nous n'avons pas besoin des dragons. Transformes toi. Nous serons ensembles pour toujours, comme tu me l'as souvent répété.
Il était fou. C'était la seule conclusion possible. Irrécupérable. La réalité lui poignarda le cœur, tout était de sa faute. Acnologia n'était pas devenu fou à cause de la graine, elle l'avait nourrit. Par ses gestes et par ses mots, elle lui avait donné une raison. Une raison pour fleurir dans le corps de son propre fiancé. Les yeux embrouillés par les larmes, elle le vit retirer le dernier rempart qui la séparait de cette même folie. Sa magie explosa autour d'elle, les enveloppant de millier d'étoiles. Lui et son regard vide. Elle, consumée par l'angoisse et l'amertume. Son corps se détacha de son esprit, réclamant sa fuite. Sa magie libérée de ces chaînes força l'éclosion d'écailles sur le reste de son corps et elle repoussa au loin son fiancé. Acnologia passa au travers de leur maison, réduisant tout ce qu'ils avaient construit en gravas. Recroquevillée sur elle-même, Dicé pleura en contenant au mieux les vagues de magie. Rongée par la culpabilité, elle brisa le miroir du regard et passa à travers un nouveau portail sous les yeux furieux de son fiancé. Elle se laissa tomber en arrière dans le vide de l'espace, l'esprit ravagé par ses souvenirs et le moment présent. Une seule destination en tête. Elle atterrit dans l'herbe verte de la forêt d'Aba, la silhouette de ses parents se dessinant au loin. Le noir obstrua sa vue et elle entendit au loin la voix de sa mère.
- Dragon Soul
Brusquement, son corps s'agita. Assise dans le nid de ses parents, la jeune femme chercha de l'air. Elle appela ses parents mais aucun son ne sortit de sa bouche. Ses iris s'adaptant à la lumière, elle les bougea frénétiquement à la recherche des dragons. Chronoska se tenait près d'elle, soucieux, mais seul.
- Nova... le dragon dévia son regard vers l'horizon. Où est-elle...
Elle sentit les larmes monter quand le silence lui répondit. Tremblante, elle vit que son corps était de nouveau normal. Sa langue passa sur ses dents, constatant un changement radical. Un mal de crâne s'empara d'elle quand son cerveau se mit à carburer. La disparition de ses écailles, la rétractation de ses canines et sa magie calmée, ne pouvaient signifier qu'une seule chose.
- Pourquoi...
- Nous n'avions pas d'autre choix, Chronoska dénia enfin la regarder. Nous ne pouvions pas laisser notre fille perdre le contrôle.
- Dragon Soul fonctionne... une larme s'échappa alors qu'elle baissait la tête. Quelle ironie...
Lèvres pincées et rage au creux du ventre, elle encercla ses jambes de ses bras. Chronoska lui laissa le temps de pleurer la disparition de sa mère toujours silencieux. La décision d'utiliser le prototype d'un sort de liaison était souvent controversée, mais en tant que parents, celle-ci était une évidence. Quel parent supporterait de voir leur enfant souffrir et partir à la dérive ?
- Que s'est-il passé ? Dicé ravala ses larmes. Qui t'a mise dans cet état ?
Dicé vide de toute énergie, ne répondit pas tout de suite. Comment expliquer à son père qu'elle avait créé un monstre. Elle pesa chacun de ses mots, dévastée et blessée au plus profond de son âme. Chronoska sentit la culpabilité de sa fille mais ne força à aucun moment celle-ci à parler. Quand un semblant de phrase germa à l'intérieur de sa réflexion, elle ouvrit la bouche. Quand elle prononça le prénom de l'homme qu'elle aimait, un cri perça les cieux. Un cri qu'elle reconnut immédiatement. Sur ses gardes, le dragon du temps ne vit pas le visage de sa fille se décomposer.
- Combien de temps ai-je dormi...
- Trois jour, répondit du tac au tac le dragon en dressant le museau vers le cri.
- Impossible...
Dicé rangea son regard dans la même direction que celle de son père. Trois jours à vol de dragon depuis chez eux revenait à parcourir la distance entre leur maison en miettes et le nid de ses parents. Elle se redressa sur ses jambes pour tirer sur le bras de son dragon.
- On doit fuir !
- Qu'est-ce que -? Cette fois, il vit le visage de sa fille. C'est lui n'est-ce pas ?
- Je t'en supplie nous devons partir !
Un nouveau cri la paralysa. Elle ne voulait pas être de nouveau confrontée à lui ! Elle tira plus fort, priant pour que son père accepte de la suivre. Sans grand succès, elle vit sa silhouette noire arriver au dessus d'eux. L'odorat de Chronoska se mit en branle quand il perçu l'odeur de son gendre.
- Pourquoi ce dragon porte l'odeur d'Acnologia ?
Un regard pour sa fille, il comprit la situation. La peur la défigurant, ses yeux ne mentaient pas. Ce regard, elle ne le portait que pour lui. Une aura noire assombrie le ciel et il vit le dragon noir inspirer. Ce fou comptait les pulvériser de là-haut ? Trop concentré sur la dure vérité, il vit Dicé courir vers l'attaque. Subjugué par la témérité de sa propre fille, il l'a vit imiter leur opposant. Acnologia cracha son souffle dans leur direction, vite contré par celui de la jeune femme. L'opposition provoqua une explosion puissante, montrant la puissance des deux combattants. Cachée par la fumée, Dicé haleta. Depuis combien de temps n'avait-elle pas utilisé son souffle ? Cette attaque lui brûla la gorge et instinctivement, elle serra ses doigts contre sa trachée pour la soulager. Quand la fumée se dissipa, Chronoska vit sa fille recouverte d'écailles blanches. Celle-ci ne sembla pas le remarquer, trop préoccupée par le contre coup. Sans attendre qu'Acnologia ne charge une nouvelle attaque, il s'éleva dans le ciel pour s'approcher de lui.
- Qu'est-tu devenu, fils...
Le dragon noir ne répondit rien, préférant le charger en silence. Depuis le sol, Dicé vit son père frapper son fiancé directement dans le ventre. Les deux dragons enchaînèrent les coups, fragilisant le dragon du temps mais laissant intact le dragon de l'apocalypse. Quand Acnologia sembla reprendre le dessus sur le combat, le dragon du temps hurla d'un râle grave. Devant les yeux stupéfaits de sa fille, le dragon figea le temps dans la vallée. Le silence les plongea dans une autre dimension, Chronoska redescendit près d'elle, la nature figée et Acnologia prisonnier du temps.
- Nous n'avons pas de temps à perdre, le dragon blanc montra son dos d'un signe de menton. Ton corps ne possède pas qu'une seule graine de dragon mais bien deux. Sceller l'âme de Nova n'arrêtera pas la progression.
- Tu ne peux pas sceller ton âme à moi maintenant !
- Pourtant je le dois ! S'énerva-t-il. Tu pourrais devenir comme lui si nous ne nous dépêchons pas !
- Je vais bien ! Le tremblement de ces mains lui prouva le contraire. Fuyons je t'en prie ! Retrouvons la reine ! Elle nous aidera à sauver Acnologia !
- Tu ne peux plus le sauver !
Dicé s'arrêta brusquement. Chronoska n'aimait pas non plus cette réalité, mais il n'avait pas besoin de plus d'observation pour comprendre qu'il ne pouvait pas battre Acnologia. Sa fille pétrifiée par la réalité, il lui répéta d'agir. Quand sa demande sembla percuter, il tira sur la manche décrépie de Dicé.
- Dicé regarde moi...
- Que vais-je faire une fois seule ? Une larme roula sur sa joue. Ak... Ak est inarrêtable.
- Ma fille...
Elle dériva son regard sur lui. Tout immaculé de blanc, le dragon frotta son museau contre sa joue. Ce geste doux lui fit fermer les yeux. Elle approfondit le contact, acceptant la demande de son père. Les solutions manquaient... Ce geste d'affection, Chronoska l'utilisait régulièrement lorsqu'elle sa fille était triste. Les yeux clos, elle profita de ce contact, s'imaginant sentir contre elle Nova. Après tout... sa mère était bien présente, leurs âmes accrochées l'une à l'autre. Ses émotions sous contrôle, elle pouvait la sentir sourire. Un craquement lugubre brisa la tranquillité de leur partage. L'odeur du sang s'empara de ses narines, lui donnant la nausée. Sous ses yeux s'ouvrant lentement au rythme de la vie qui reprenait son court, le sang coula sur elle. L'œil dépassé de son père fixant son visage se déformer dans un cri.
- PAPA !
Le cri arracha ses cordes vocales alors que Chronoska s'effondrait à ses pieds. Sa tranchée déchiquetée par une attaque aérienne d'Acnologia elle s'empressa de comprimer la plaie. Ses mains cherchant désespérément à combler celle-ci, elle répéta en boucle son nom, les larmes aux bords des cils. Ça ne pouvait pas être pire... non rien de ça n'était possible ! Acnologia se posa au sol. Muet, il l'observa tenter en vain de sauver un misérable dragon.
- Dicé...
Le voix draconique d'Acnologia caressa ses oreilles, intensifiant le soulèvement de son cœur meurtrit. Elle l'ignora, forçant sa magie à stopper net l'écoulement du sang. Elle répéta sans aucune hésitation les incantations pour refermer l'hémorragie. Le regard fier de son père posé sur elle. Concentrée devant l'urgence de la situation, elle ne vit pas son fiancé avancer vers eux. Sa magie toujours restreinte bien que plus puissante, elle saisit son bracelet dans l'objectif de le retirer. Elle n'avait plus peur de perdre le contrôle si cela pouvait les sauver tous les deux. Dans son dos, l'ancien dragon slayer comprit ses intentions. Déterminée à ne pas le laisser s'imposer, elle créa une sphère protectrice qui éclata au contact de son poing. L'explosion coupa son incantation, les brides de son bouclier éraflant son visage de porcelaine. D'un coup de paume, l'ancien médecin l'envoya voler au loin. Elle roula sur plusieurs mètres, ses ongles s'enfonçant dans la terre pour arrêter sa course. Elle chercha à se relever quand elle vit son fiancé écraser Chronoska au sol. Pourquoi son père ne cherchait pas à s'extirper ? Pourquoi la regardait-il d'une telle façon ? Pourquoi souriait-il ?
- Arrêtes.
Son sourire s'agrandit, son gendre toujours plus menaçant au-dessus de lui. Dicé glissa sur ses avants bras. La cage thoracique en miette après la dernière frappe d'Acnologia, elle se mit à genoux. De nouveau, elle sentit la graine prendre plus de place sous sa peau, la démangeant. Des milliers d'écailles blanches sur le corps, elle sentit ses racines pousser sous omoplates. Une main sur sa tempe pour garder l'esprit clair, elle supplia Acnologia d'arrêter. Quand la lumière de son souffle se dessina au-dessus de son père et elle arrêta de frissonner.
- Arrêtes.
Son père souriait face à la situation. Elle ramena sa main sur son poignet, ses doigts encerclant son lien. Elle devait le stopper, par tous les moyens. Ses pensées noires prirent de plus en plus de place au fur et mesure qu'elle voyait cette lumière destructrice illuminer les crocs de l'homme qu'elle avait aimé. Son cerveau arrêta de fonctionner un instant. Plus rien de rationnel ne lui vint en tête. Cette fois elle le supplia en murmurant. Cette vision insupportable devant elle. Le sourire de Chronoska qu'elle ne pouvait pas comprendre... Elle allait le tuer. Dans une crispation, ses doigts virent briser le bracelet en morceaux.
- ARRÊTES !
La magie libérée par son dernier rempart avant la folie oscilla en elle avant d'exploser. Cette vague d'énergie mélangée à la colère expulsa le corps draconique d'Acnologia, libérant Chronoska. Un rugissement strident s'empara de la scène de combat. Un cri provenant de Dicé qui toujours à genoux, fixait le ciel en hurlant. Une plainte douloureuse qui l'obligea à recroqueviller son corps sur elle-même. Ses mains griffant ses omoplates, elle se tordit de douleurs. Chronoska eut le temps de voir ses os glisser sous sa peau avant de contempler l'éclosion des deux ailes majestueuses blanches et noires l'envelopper. Il croisa son regard furieux et meurtrier alors qu'elle fonçait sur Acnologia. La jeune femme attaqua son fiancé, sa magie pulsant dans ses veines. Sa folie s'emparant de chaque muscle de son corps. Ses cris déchirant les cieux à l'aide de ses complaintes. Elle se propulsa sur lui, une masse sombre et inquiétante grossissant au creux de sa main. L'explosion assombrit le ciel et pour la première fois depuis sa transformation, Acnologia fut blessé. Titubante, Dicé se tint la tête luttant contre l'emprise de la Graine du Dragon. Des millions de racines se frayant un chemin dans son corps, elle se cambra en arrière, ses cris toujours plus sinistres. Des millions de voix dans sa tête, elle frappa ses tempes pour les faire taire. En vain.
- Dragon Soul.
Encore ses mots... La douce voix de son père stoppa celles de la Graine. Projetée dans une salle blanche et silencieuse, Dicé laissa ses mains retomber le long de son corps. Où était-elle ? Elle chercha dans chaque recoin une issue mais ne trouva rien. Soudain, devant elle, la silhouette de Chronoska et celle de Nova se dessinèrent. Floues, elle les reconnues tout de même.
- Tu dois vivre mon enfant.
- Je ne peux pas vivre sans vous... Dicé sanglota. Pas sans Acnologia.
- Acnologia n'existe plus. En face de toi se tient l'ennemi de l'humanité. Dragon Soul doit être enseigné. Toi seule peut sauver ce monde.
- Nous te confions nos pouvoirs. L'avenir ne peut pas se construire sans ta survie.
- Nous t'aimons mon enfant. À jamais et pour toujours.
Dicé rouvrit les yeux de nouveau présente dans la réalité. Le corps de Chronoska avait disparu, tout comme l'ensemble de ses transformations draconiques. La disparition de ce qui lui semblait avoir été des ailes, brûlait la peau de ses omoplates. Dragon Soul fonctionnait et elle se surprit à vouloir le contraire. Face à elle, Acnologia reprit forme humaine à son tour, le visage chiffonné par la désillusion.
- Pourquoi as-tu empêché ta transformation ?
L'agacement accompagnant chacun de ses mots, elle le contempla. Un mélange de culpabilité, de volonté, de crainte et de désespoir longea ses veines. Le destin était parfois si cruel... Même animé par la folie, elle ne pouvait pas s'empêcher d'aimer cet homme.
- Es-tu contre moi ou avec moi ? Elle ne répondit pas, préférant prendre une pose défensive. Peu importe ta réponse... La magie autour de lui devint écrasante. Tu resteras à mes côtés que tu le veuilles ou non.
Le regard de Dicé changea et un rictus amusé s'étira sur les lèvres trop sérieuses du dragon de l'apocalypse. Ce regard, lui avait manqué. Ce regard déterminé. Son regard.
- Je regrette de ne pas t'avoir transformée, il trembla d'excitation, mais par les dieux... QUE CE REGARD PEUT M'EXCITER !
Acnologia lui fonça dessus, un sourire macabre altérant son magnifique visage amical d'antan. Elle bloqua son coup, répliquant par un crochet qu'il esquiva. Son corps programmé par le combat, elle se laissa emporter par son coup l'obligeant à bloquer le coup de coude qu'elle s'apprêtait à lui mettre. Collés l'un à l'autre, le dragon slayer plongea son regard surexcité dans le sien.
- Quel effet ça fait de redevenir cette femme puissante ? Hein ?! Pourfendeuse de dragon !
- Tu devrais savoir que je déteste cette étiquette.
Il perdit son sourire, n'appréciant pas le ton qu'elle utilisait. Il la retourna sur ses appuis pour la frapper en plein plexus. Le choc l'obligea à reculer. Elle pensait vraiment pouvoir le battre ? Lui qui lui avait tout appris ? Lui qui avait été son aîné ? Il aimait sa détermination et son acharnement. Ces deux éléments qui animaient actuellement son regard furibond. Un instant, il s'imagina se lier à elle, la seconde d'après, elle l'avait frappé au visage. Il porta sa main à son nez pour constater que celui-ci saignait.
- Il semblerait que je doive te rappeler lequel de nous deux domine l'autre.
- L'homme que j'aimais ne voudrait pas me dominer. Il tiqua. Je ne te laisserai pas détruire l'avenir de ce monde.
- Tu penses pouvoir m'arrêter ? Fit-il dédaigneux.
- Je me dois de le faire.
Agité par ses propos, il enchaîna les attaques, ne négligeant aucun point faible. Dicé dansa entre ses coups, cherchant une faille. Acnologia lui avait tout appris, il était plus fort qu'elle sur un grand nombre de domaines, mais elle était maligne. C'était d'ailleurs de ça qu'il se méfiait le plus. Quand elle reprit ses distances, il resta aux aguets. Il la regarda se concentrer, curieux de voir ce qu'elle lui réservait. Une main tendue vers le ciel, elle aspira l'air pour gonfler ses poumons au maximum avant d'expirer. Une vive lumière l'entoura, enveloppant son corps dans un cocon lumineux.
- Savais-tu que nous autres dragons slayers possédons ce que les dragons appellent Dragon Force ?
- Où veux-tu en venir ?
- La graine du dragon nous transformait en dragon avec l'aide de cette capacité endormie. Sans Dragon Soul celle-ci, si l'hôte possède une volonté suffisante, peut atteindre un stade de transformation parfait. Créant ainsi un dragon, tel que toi. Acnologia fronça le nez alors qu'elle ramenait sa main le long de son corps. Si la progression de la graine est stoppée. Que devint Dragon Force ?
- Une puissance stable, suffisante à elle seule pour tuer les dragons.
- Toujours aussi perspicace...
Un sourire triste sur ses lèvres, Dicé laissa sa magie se diffuser en elle. S'installant dans chaque os, muscles et tendons. Cette fois, elle ne paniqua pas et se sentit bien lorsque des écailles blanches prirent formes sur la moitié de son corps, l'autre se parsema de noir aux touches pourpres et bleus. Ses canines légèrement plus allongées ne gênaient pas l'ensemble de sa bouche et Acnologia la fixa d'un regard noir. Il qui voulait tant la voir devenir comme lui, n'apprécia pas de la voir devenir ce qu'il considérait comme faible. Soit, les humains, les dragons et les dragons slayers. Après tout son épouse n'était pas censée être faible, aujourd'hui elle le devenait de son plein gré et le rejetait viscéralement. La trahison dans l'esprit, il balança une onde noire sur elle qu'elle esquiva avec agilité. Ses mouvements plus rapides, elle l'atteignit aux niveaux des côtes. Le dragon noir agrippa son poignet pour la frapper mais elle le bloqua aussi sec tout en lança sa jambe dans son foie pour l'obliger à la lâcher. Elle ne savait pas combien de temps elle pouvait tenir cette transformation, mais les effets étaient là, elle pouvait le confronter. Contrairement aux autres dragons, Acnologia ne semblait contraint par aucun élément. C'était pour cette raison qu'il pouvait absorber sans aucune difficulté n'importe quel type de magie. Une capacité monstrueuse, désespérant tous ceux qui avaient la force de le combattre. Une cause perdue qui n'étonnait pas Dicé. Après tout... Acnologia était le dragons slayer des arcanes. Cette magie puissante, secrète et dangereuse pour son utilisateur. Si son fiancé était un médecin aussi puissant, c'était grâce à sa maîtrise minutieuse des arcanes. Une magie qui se perdrait certainement dans le temps. Une raison suffisante pour la dragon slayer du temps et de l'espace pour ne pas tergiverser et passer à l'action. Se souvenant des apprentissages de Nova, elle concentra toute son énergie à créer un cercle de magie sans que son adversaire ne s'en aperçoive. Elle devait l'enfermé entre deux mondes, elle devait au moins essayer. Chaque coup qu'elle encaissait, faisait voler en éclats ses écailles. Chacun d'eux l'épuisaient de plus en plus et lorsqu'Acnologia frappa de plein fouet son mollet, la douleur l'obligea à s'agenouiller devant lui. Un vieux souvenir refit surface. Au camp, lorsqu'il l'entraînait, il gagnait toujours de cette façon. Sauf qu'aujourd'hui, il la tirait par les cheveux pour lui redresser le visage plutôt que de lui tendre la main. Elle mordit sa lèvre, rageant contre ses propres sentiments. Il l'entendit murmurer quand elle plongea son regard dans le sien, déterminée.
- Qu'est-ce que tu marmonnes ? Il l'approcha plus près. Cesses de me résister...
- Limbes temporelles.
Une force s'abattit sur les épaules d'Acnologia, paralysant son corps. Le sort permit à Dicé de s'extirper de sa poigne. Le mage poussa un râle de douleur. Des liens sortirent du cercle magique pour s'enrouler autour de lui et l'empêcher d'amorcer le moindre geste. Paumes au sol, la jeune scientifique continua ses incantations. Un puits de lumière tomba sur lui et quand elle termina de réciter la formule, son fiancé disparu dans un éclair. Elle avait réussit. À bout de souffle, Dragon Force s'effaça et elle reprit son apparence. Des hématomes commencèrent à apparaître sur ses bras. Se battre contre l'homme qu'elle aimait la détruisait petit à petit. Savoir que leurs alliés les avaient finalement trahi et menacé leur pays, elle comprenait pourquoi son propre fiancé avait succombé aux idées noires de la graine. Le corps en miette, elle se redressa pour avancer. Elle devait rejoindre la reine. Elle devait vérifier que Dragonof était en sécurité. Une douleur se présenta à l'intérieur de son crâne. Elle se dit que c'était probablement le contre-coup du sort. Nova lui avait bien précisé que cette prison dimensionnelle demandait une grande quantité de magie à son utilisateur. Elle manqua de trébucher sur une pierre mais retrouva l'équilibre. Un flash s'alluma devant ses yeux, un second et enfin des centaines de flashs créant une flopée d'images saccadées. À l'endroit où Acnologia avait été scellé, le voile des dimensions se fissura. Cassant comme du verre, elle vit la main de son fiancé surgir. Elle avait déjà vu ça... dans les flashs une seconde auparavant. La main vint écraser sa trachée sans qu'elle ne puisse esquiver. La violence du geste la fit basculer en arrière, jusqu'à percuter douloureusement le sol. Sol où il l'enfonça, la surplombant sans relâcher la pression sur sa gorge. Une gerbe de sang s'éclata sur le bras du dragon faisant tousser la femme qu'il maintenait à terre.
- Aucune magie ne fonctionne sur moi. Je me suis approprié tes limbes. Elles m'appartiennent... tout comme toi.
Dicé grimaça quand le pied d'Acnologia vint écraser sa jambe, l'ancrant un peu plus dans le sol. Elle chercha à gagner de l'air en pressant son bras de ses mains. La peur sur son visage n'affecta pas l'air neutre de son amant. Perturbée par les images qui défilaient encore dans son esprit, elle ne l'entendit pas lui reposer cette question.
- Ta réponse...
- Tu ne peux pas en finir par toi même.
Il fronça les sourcils. Elle ne répondait pas à sa précédente question. Allait-elle lui dire si elle le suivait oui ou non ? Quand les flashs s'arrêtèrent, elle sourit. Un sourire dévasté qui ne fit aucun effet à l'homme en face d'elle. L'odorat d'Acnologia se mit soudainement en marche. Dicé ne dit rien quand il la souleva finalement de terre pour sentir l'odeur de son cou. Son visage changea. Prenant un air sérieux, il la dévisagea avant de l'observer sous toutes ses coutures. Pourquoi n'avait-elle rien dit ? Pourquoi continuait-elle à s'opposer à lui de cette façon.
- Rentres à la maison avec moi.
- Je ne peux pas, une fois de plus les larmes montèrent. C'est impossible.
- Je n'hésiterais pas à te priver de tes pouvoirs. Ni à te briser les deux jambes.
La seconde main d'Acnologia remonta sur sa mâchoire pour la presser. Sa bouche s'écrasa contre la sienne. Forçant l'accès à sa bouche, Acnologia sentit Dicé se débattre pour échappé à cet échange. Elle poussa sur sa poitrine, griffa sa nuque mais il ne s'arrêta pas. Sa langue rencontra ses dents qui se resserrèrent dessus pour se défendre. Il recula la tête pour passer son pousse sur ses lèvres tâchées de sang. Son doigt appuyant dessus pour la forcer à ouvrir la bouche. La ravageant ainsi de baisers appuyés, il la sentit abandonner et se relâcher contre lui.
- Je suis désolée.
La voix de Dicé apparue dans son dos. Entre ses doigts, sa fiancée s'effaça pour ne laisser que du vide. Une hallucination ? Ou, seulement une vision d'un futur alternatif. Derrière lui, Dicé, en piteux état se tenait devant un portail. Trop loin pour qu'il puisse l'arrêter cette fois, seule la tristesse marqua ses traits. Elle lui tourna le dos, avançant un pied dans le portail.
- Tu ne pourras pas m'échapper. Elle resta silencieuse. Je t'ai marqué.
Dicé baissa la tête sur ses poignets, deux marques s'illuminèrent autour. Il avait marqué sa peau d'un enchantement. Elle n'était donc pas la seule à avoir berné l'autre ? Ce constat la démoralisa une fois de plus. Elle redressa la tête pour fixer le chemin éclairé par des lanternes à travers le miroir.
- C'est la dernière fois que tu me vois.
- Je massacrai tous ceux qui tenteront de te cacher.
- Ça n'arrivera pas. Une larme glissa sur sa joue. Je ne compte pas me faire aider.
- Je connais ton odeur par cœur et la mienne est profondément ancrée dans ta chair.
- Tu te trompes. Je sais quoi faire pour disparaître complètement.
Dicé glissa ses mains autour d'elle. Il avait raison. Elle l'avait dans la peau. Elle aurait seulement aimé que les choses se déroulent autrement. Elle entra à moitié dans le portail. Toujours dos à lui, elle l'entendit serrer les poings. Son attention s'attarda un instant sur sa bague de fiançailles. L'anneau qui auparavant lui semblait magnifique était maintenant devenu lugubre. Sans un mot, elle retira l'anneau de son doigt. Le bijou ne lui procurant qu'une désagréable sensation de brûlure. Leurs initiales gravés à l'intérieur, perça son cœur. Leur avenir était maintenant aussi sombre que le vide spatial qu'elle rencontrerait sous peu. Elle perçu le son des dents de son fiancé grincer l'une contre l'autre, alors elle lui jeta un regard. La détermination mélangée à l'obsession dans les irises de l'homme qu'elle aimait tant, elle ne parvint pas à l'observer d'un œil triste ou tendre. Elle était tout simplement dévastée... L'anneau quitta ses doigts pour tomber dans l'herbe. Mettant un terme à leur union, elle lui tourna le dos. Lui, fulmina. Grondant une dernière menace pour l'arrêter, l'ancien amant s'enveloppa d'une aura encore plus sombre.
- Tant qu'il sera dans ton ventre, tu ne pourras pas m'échapper. Elle hésita un instant à se retourner. Tu ne peux pas me fuir.
- Adieu, Acnologia.
Tu sais bien ce qui ne tournait pas rond entre nous. Les fêlures sont profondes, alors ne t'accroche pas si fort. Je suis certaine que tu as douté... alors ne t'accroche pas si fort... Si ça te coûte, ne me laisse pas te quitter. J'aurai aimé pouvoir te dire cela avant de partir. On s'est aimé plus que tout, seuls dans notre bulle, animant cette flamme entre nous.
Tu sais, il te ressemble. Il a le même sourire que toi. Je le vois clairement de mes yeux baignés par mes pleurs... Tes mains ont saccagé nos instants les plus précieux et mon cœur reste captif de tes mains barbares. Je te hais au plus profond de moi mais cet enfant... raccroche nos liens déchirés par la tragédie. Je ne vieillirai certainement pas suffisamment longtemps pour le voir devenir adulte. Je ne saurai jamais si notre fils deviendra un homme convenable. Je n'en ai pas besoin, puisqu'il le deviendra. Parfois, je regrette que notre amour se soit terminé ainsi. Je regrette de ne pas avoir réussit à remonter le temps. Je regrette de ne pas pouvoir t'oublier, car je t'aime. Je t'aime plus fort que je ne peux le supporter.
[Note de l'auteure : Voilà pour la première partie de l'histoire de Dicé ! Je pense refaire au minimum un second chapitre pour expliquer comment elle en est arrivée à fabriquer la sphère Dagarath et la suite de sa vie !]
