Une nouveau chapitre

Bonne lecture !

Chapitre : perception

Il n'aurait pas dû la remarquer. Elle était d'une grande discrétion et d'une grande prudence. C'était sa troisième année, la rentrée s'était passée sans encombre, alors pourquoi l'avait-il remarquée? Elle cherchait à comprendre ce qui avait pu la trahir, pour mieux se protéger à l'avenir.

Comment aurait-elle pu savoir que c'était justement son calme, sa discrétion qui l'avait attiré?

Alors que les autres adolescents s'agitaient en tous sens, il avait remarqué la tranquille jeune fille qui se tenait toujours à la limite de son champs de vision. Le diable réside dans les détails, Severus Rogue ne négligeait jamais aucun détail. Elle n'était pas marginalisée comme il l'avait été lui-même, mais elle était indéniablement différente, pas par l'excentrisme d'une Luna Lovegood, mais par autre chose qui lui échappait encore. Ce qui l'impressionnait était qu'elle avait l'air totalement indifférente au monde qui l'entourait. Hors des vicissitudes, elle ne cherchait pas non plus à impressionner, et quelque chose dans son regard qu'il percevait si rarement était étrangement sage et distancié. Il prit le temps de l'observer pendant ses cours et commença à noter des bizarreries. Elle n'avait jamais l'air surprise ou dépassée. Ses gestes étaient sûrs, précis, pourtant elle n'avait pas de résultats brillants. La faute incombait souvent à son voisin de classe mais jamais elle n'en faisait la remarque. Jusqu'à la façon dont elle évitait soigneusement son regard, il y avait quelque chose de louche. Elle ne lui donnait jamais matière à s'arrêter sur son cas en mal comme en bien.

Une nuit alors qu'il pensait une nouvelle fois à elle, comme contre-exemple parfait de l'insupportable Miss Granger, il vit quelque chose qu'il n'avait pas remarqué avant : il ne lisait pas dans ses pensées, jamais, alors que tous les esprits lui étaient ouverts, le sien demeurait obstinément fermé. Une troisième année ne pouvait magner aussi bien l'occlumencis ! Il connaissait son propre pouvoir et il était sans conteste un des plus grands legitimens, même s'il ne l'utilisait que superficiellement sur ses élèves. Il se devait de vérifier le phénomène.

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Chapitre : Comment Ron Weasley en apprit plus sur Ann Low que le reste de Poudlard

Ann travaillait à la bibliothèque non loin du trio le plus célèbre de l'école. C'était le plus sûr moyen que personne ne lui prête attention. Ces derniers ne la craignaient pas non plus sauf Hermione qui surveillait de temps à autre ses lectures pour ne pas se laisser distancer en cours. Elle ne s'intéressait pas vraiment à la magie ancienne qui était hors programme. Hermione était très brillante mais aussi très scolaire...

Ann avait eu la bonne surprise de trouver dans la réserve une étude sur la reine et très grande sorcière Ankhesen qui vécut en Egypte. Des textes étaient reproduits ainsi que des représentations ésotériques qu'Ann étudiait avec sa mère pour se familiariser avec ce langage mal connu et parfois déroutant ! La qualité et la fiabilité des retranscriptions des hiéroglyphes et de leur disposition étaient remarquables. Il lui tardait de se rendre elle-même sur les lieux pour voir tout cela de ses propres yeux et d'explorer à son tour tous les pièces du complexe pyramidal. L'auteur dans sa préface mettait en garde toutefois les sorciers intéressés sur les risques de l'entreprise car la tombe était gardée par toutes sortes de sorts étonnants et pour cela difficiles à défaire pour les sorciers modernes. Que de réjouissances en l'occurrence! Cerise sur le gâteau, l'auteur précisait combien il restait à faire et à explorer, durant les mois où les moldus ne fouillaient pas les lieux. L'auteur n'était pas très versé sur cette période mais très pertinent dans ses remarques et très bon dans l'analyse archéomagique. Elle s'absorba totalement dans la lecture du précieux ouvrage dédicacé à Flitwick quand Ronald Weasley interrompit de manière inattendue sa lecture. En effet, il ne lui adressait jamais la parole.

c'est un livre sur la magie dans l'Ancien empire égyptien.

Devant le regard interrogateur de son entourage il précisa.

Nous avons visité plusieurs pyramides dont celles des pharaons sorciers, elles sont toutes de l'Ancien empire, après ils opteront pour des tombes plus discrètes.

Oui en effet.

Ce n'est pas au programme du cours sur l'histoire de la magie ! Ne put Granger de s'écrier.

C'est vrai. Mais je ne m'intéresse pas qu'au programme scolaire.

Hermione rougit jusqu'à la racine des cheveux, furieuse de la remise en cause de sa suprématie. Elle en oublia de saluer les connaissances de Ron qui en fut attristé. Elle tenta de répondre à l'impudente quand soudain la voix du professeur Snape se fit entendre comme un courant d'air froid.

M. Weasley, M. Potter et Melle Granger veuillez respecter la bibliothèque comme un lieu de silence !

Ils partirent avant de voir des points enlevés à leur maison.

Ann s'apprêtait elle-même à battre en retraite dans un recoin quand le professeur saisit son livre et le parcouru. Il était surpris par cette passion pour l'archéomagie, domaine peu prisé d'ordinaire par les élèves. Ce n'était pas une matière enseignée. Cet ouvrage était sans doute difficile et les multiples reproductions demandaient une connaissance des hiéroglyphes.

un ouvrage bien étrange pour une élève de troisième année.

J'aime l'histoire de la magie à l'époque égyptienne.

Il sentait confusément quelque chose mais comme toujours lorsqu'il s'agissait d'Ann, cela lui échappait. Il aurait voulu continuer l'entretien mais il ne pouvait enfreindre lui-même les règles qu'il venait de réaffirmer.

Il reposa le livre d'un coup sec.

Vous devrier montrer le même intérêt pour les matières au programme, vos notes sont médiocres. Vous devriez travailler à les améliorer.

Il repartit sans attendre de réponse. Il fallait qu'il lui parle, qu'il la connaisse mieux. Et toujours le temps fuyait devant lui, Harry Potter et ses tribulations encore et toujours se dressaient entre lui et Ann Low. Il ne la voyait quasiment jamais et même cela le frappa. Il y devint attentif et constata qu'il ne la croisait jamais sauf durant sa classe et lors des repas, et encore dans ce dernier cas il aurait fallu qu'il se torde le cou pour qu'il arrive à la voir dernière les autres membres de Serpentard. C'était impossible ! Elle l'évitait volontairement. Comment faisait-elle ?

Lors d'un repas, il jeta régulièrement des coups d'œil en sa direction puis la vit partir alors qu'il attendait sa tasse de café d'après le repas. Bien à contre cœur il passa outre cette minute de détente et partit à sa suite. Elle se dirigea vers la salle commune de Serpentard ce qui l'arrangeait. Il essaya vainement de lire dans ses pensées. Il dit assez fort :

arrêtez-vous !

Elle s'immobilisa.

Il vint à sa hauteur

suivez-moi dans mon bureau. Elle ne tremblait pas, ne témoignait aucune émotion.

Il lui ouvrit la porte et lui proposa de s'assoir en face de son bureau. Il se place dans son fauteuil et prit la peine de l'observer. Dans ce décor qui lui était familier, il lui était plus facile de se concentrer sur elle.

Elle ressemblait à sa mère, il s'en souvenait à présent. Avec quelque chose de différent, de plus sombre. Mais la même discrétion, la même insignifiance. Cette adolescente sans charme dans sa robe d'école et son écharpe verte, qui pour une serpentard ne lui allait pas du tout. Son teint pâle, son nez minuscule et ses yeux myopes. Un visage figé, sans expression hormis le calme. Des cheveux marrons, raides, retenu dans le dos. Elle n'avait rien qui puisse la faire remarquer, hormis l'étrange silence qui émanait d'elle. Elle se tenait là devant lui sans trembler, attendant sagement qu'il lui parle sans doute. Sur quoi pouvait-il l'engueuler, ses notes ? Elles étaient médiocres comme sa personne, elle n'aimait pas le quidditch, lui non plus...l'attitude ? Si tous les élèves étaient comme elle, il pourrait dormir dans son lit toutes les nuits. Elle ne trahissait aucune agitation alors que les secondes s'écoulaient. Elle aimait l'archéomagie.

Les Egyptiens étaient-ils bons en potions, Melle Low.

Il n'eut pas la joie de voir une seconde de surprise dans ses yeux. Seule la concentration d'une personne qui soupèse le pour et le contre, comme si c'était la chose la plus normale qui soit que son directeur de maison l'interpelle en soirée pour discuter d'archéomagie égyptienne.

Votre question peut recevoir diverses réponses en fonction du point de vue dans lequel on se place. En effet, au regard de nos connaissances actuelles sur les potions, ils sont loin d'en posséder de semblables. Néanmoins nous pouvons leur donner le crédit de plusieurs découvertes importantes. J'ajouterai qu'à mon humble avis ils ont exploré d'autres voies aujourd'hui méconnues comme le suggère le Pr Fluidoris de l'école de Beauxbatons.

Il la tenait, son esprit tortueux vit immédiatement tout le partie qu'il pouvait tirer de cette information.

Vous avez lu les travaux de M. Fluidoris ?

Uniquement pour ce qui se rattache à l'usage des potions dans l'antiquité.

Il me semble étonnant, Melle Low, que vous ayez du temps à consacrer à mon imminent confrère alors que vos notes dans mon cours sans être mauvaises n'ont rien d'exceptionnelles. C'est d'autant plus surprenant que votre famille est connue pour la fabrication de potions.

Toujours ce silence.

Je vais vous préparer des documents que vous lirez et vous ferez un commentaire du parchemin que j'ai publié dans la gazette Élixirs et Potions sur l'approche de la matière et ses évolutions. Je vous attends par ailleurs demain dans la classe des potions pour un exercice pratique. Attendez un moment.

Il prépara un certain nombre de parchemins devant elle. Elle semblait une statue tant elle était immobile. Elle n'avait en rien protesté contre ce qui pouvait passer pour une punition. Et toujours ce silence.

Elle prit les documents qu'il lui remit. Elle posa alors sa seule question.

Quand dois-je vous remettre les documents?

Je vous laisse trois jours

Ce qu'il savait être particulièrement court.

Le lendemain, durant le cours il leur fit exécuter une potion assez difficile et il eut la confirmation qu'elle mentait. Elle dissimulait des capacités. Elle faisait exprès de se tromper sur des détails quand il se détournait. Il ne pouvait manquer de découvrir ce que dissimulait ce comportement singulier si peu conforme aux serpentards. Elle possédait l'art de la dissimulation et son esprit était aussi sinueux et inquiétant qu'une vipère mais elle ne cherchait pas la gloire ou la reconnaissance. Elle se terrait mais pour attendre quoi ? Il se posta près d'elle et lui fit sentir le poids de son regard entièrement tourné vers elle.

Attention Melle Low !

Il ne la lâcha plus pendant une heure. Elle ne commis aucune erreur et suivit avec précision ses directives. Son voisin ne tarderait pas à faire une syncope.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de la salle, il la retint.

Pas si vite Melle Low, fermer la porte et venez ici.

Il n'avait pu cacher le petit ton suffisant de celui qui croit avoir triomphé. Elle saurait trouver la parade car Rogue était toujours en proie à l'illusion du pouvoir.

Vous n'avez plus d'excuses Mlle car je sais (et il appuya sur chacun des mots) ce dont vous êtes réellement capable.

Toujours cette acceptation, ce mur de silence. Il voulait savoir pourquoi. Elle maitrisait cela, rien qui ne puisse être remarquable par les autres, lui-même aurait pu s'y laissé prendre s'il n'avait su. Comment une adolescente de 13 ans, si insignifiante en apparence pouvait maitriser et dissimuler toutes ses actions. Aucun à part lui n'avait remarqué, il en était persuadé, même pas Dumbledore, ce dernier étant trop obnubilé par Potter.

Il se sourit à lui-même devant la cheminée de son bureau où un bon feu crépitait. Tout cela l'excitait prodigieusement dans sa petite routine quotidienne ! Quelque chose tilta dans son esprit, sa routine quotidienne... Oui c'est cela, sa petite serpentard lui apporterait un petit défi bien à lui. Et si au bout du compte il se trompait ? Si elle était aussi insignifiante, aussi dénuée d'intérêt qu'elle le paraissait ? Non, il ne se trompait pas, il était certain de son instinct.

Il voulait continuer ses recherches la concernant mais un problème bien plus important se présenta devant lui sous la forme de l'immonde traitre Black.

Il n'avait pas confiance en Lupin. Il n'avait jamais été mauvais avec lui mais il ne le défendait pas non plus. Ce ne pouvait être que lui qui avait aidé Black à s'introduire dans l'école. Comme il détestait cette immonde vermine, aussi détraqué que sa cousine Bellatrix, aussi concupiscent et hautain que Narcissa, un traite à son sang, et dire qu'il avait été la coqueluche de sa promo...Le fils honteux des Black, des sang-purs à la fortune immense. Un soir son attente fut récompensée quand il vit Lupin se diriger à une heure indue hors des limites du domaine.

Les rêves de Severus Rogue

Il n'en parlait jamais, pourtant Severus avait des rêves, ce n'étaient pas des rêves conscients mais au cœur de la nuit, dans des contrées qui n'appartenaient qu'à lui seul, il rêvait. Il y avait un rêve en particulier qui revenait depuis des années. Cela avait commencé après la fin de la première guerre.

Il était un enfant dans un parc moldu avec d'autres enfants et Lily. Ils jouaient dans les bacs à sable, ils chantaient en faisant des cercles. Severus ne se sentait jamais très à l'aise sous le regard des autres enfants et surtout de leurs parents. Ses habits, son regard, tout leur semblait un peu étrange. Pourtant il venait souvent dans ce petit parc, avec ses bancs, ses bacs à sable, son tourniquet. Il tient la main de Lily et celle d'un autre enfant, c'est l'automne et les feuilles rouges et dorées tombent sur eux pendant qu'ils forment un cercle en chantant.

C'est dans ce rêve qu'il y a plus de 10 ans, il la vit pour la première fois. Assise sur le banc dans le coin du parc. Il n'arrive pas à discerner ses traits, elle est petite, plus petite que lui. Elle a les cheveux marrons et des vêtements fleuris, rouge, rose, mais tout est un peu flou. Au début, elle est simplement assise, elle semble attendre quelque chose mais quoi ?

Pour une raison inconnue, Severus est attiré par cette petite fille.

Il lâche la main de Lily et quitte le cercle.

-Severus, où vas-tu ?

Il ne répond pas à Lily, toute son attention est tournée vers elle. Elle le regarde et sourit. Et étrangement il lui sourit à son tour. Son premier sourire. Il s'assoit à côté d'elle et ils parlent. De quoi, il ne s'en souvient plus à son réveil, seul un sentiment de bien-être subsiste.

Le même rêve se répète, où il se hâte de retrouver la petite fille, ils jouent ensemble, il s'entend rire, il ne riait jamais enfant pourtant. Il se souvient qu'une fois, il neige, le parc est blanc, il lui montre son bras où un bleu recouvre tout son avant-bras après que son père l'ai battu. Il voit la petite main se poser sur lui et il est mieux instantanément. Quand Lily a-t-elle disparue de ses rêves ? Il y a quelques années. La seule chose qu'il retient est qu'il est heureux à chaque fois.

Il y a deux ans, des variantes se sont introduites. Il se retrouve dans le petit parc mais il est adulte. Elle est là assise comme toujours à l'attendre, petite fille sage. Elle lui sourit et court vers lui dès qu'elle le voit. Il l'a prend dans ses bras et la soulève jusqu'à sa hauteur ce qui provoque des exclamations de joie. Il la repose sur le sol avec précaution.
- tu as beaucoup grandi !
Il sourit.
- Moi aussi je serai grande un jour !
Il rit franchement.

- Alors que je me languis que tu grandisses !

- Tu ne seras plus seul.

Ils rient et il lui raconte une histoire mais il ne saurait dire laquelle et pourquoi c'est si important pour son bonheur.

Un ou deux mois après, son rêve évolue encore alors qu'il se retrouve dans le parc. Elle est là mais c'est désormais une adolescente. Elle n'ose plus le toucher comme avant. Ils sont portant heureux de se retrouver. La conversation devient flou comme les souvenirs qui s'effacent de la pensine.

Désormais c'une jeune femme qui l'attend. Il est bien là, il ne veut plus partir, il veut rester. Ils discutent, regardent l'été qui s'achève. Lily encore enfant vient le chercher avec insistance, elle finit par crier qu'il doit la suivre qu'il a promis. Il ne veut pas la quitter mais déjà elle s'éloigne. Il s'entend l'appeler mais son prénom lui échappe à son réveil.

Il sait que les rêves des sorciers ne sont jamais anodins. C'est une faiblesse car si qui que ce soit s'empare de son doux secret, il sera faible. Sa compagne existe-t-elle seulement ? N'est-ce pas trop tard ? Voldemort est revenu, la guerre recommence. Il sait que Dumbledore le sacrifiera, comme il le fera avec Potter…

C'est trop tard, beaucoup trop tard.