Chapitre 3
Une semaine que Katsa s'était joint temporairement aux Denali pour être avec sa mère, mais elle n'était guère à l'aise, son secret la travaillant, la rendant perplexe, gênée. Tanya n'osait de ce fait pas la toucher, ou trop lui poser de questions craignant de la faire fuir, pourtant elle aimerait tellement profiter d'avoir retrouvé sa fille… Plus de mille ans à avoir ressenti la tristesse et le manque de sa présence avant de découvrir que son enfant était encore en vie depuis tout ce temps, et qu'elle ne le savait pas. Dans un sens, Tanya trouvait ça encore plus cruel. Carmen eut plus de facilité à se rapprocher de Katsa, sa nature avenante, chaleureuse aidant énormément.
— A quoi penses-tu ? demanda Kate en rejoignant sa sœur devant la baie vitrée.
Les bras croisés sous sa poitrine, Tanya observait la forêt à l'arrière de leur maison pensive. Elle revoyait ses six années avec sa fille, leur vie n'était pas riche à cette époque-là, mais elles s'en sortaient, étaient là l'une pour l'autre et c'était tout ce qui leur importait jusqu'à ce fameux jour où Sasha est venue tout brisée. Katsa était souffrante, victime d'une fièvre intense depuis plusieurs jours, Tanya sur conseil de femmes de son village, s'était rendu dans celui voisin voire un guérisseur afin d'avoir un autre remède pour aider son enfant. Mais Sasha la trouva à mi-chemin du retour, ne lui laissant pas le temps de se justifier. Lorsque Tanya retrouva sa conscience après sa transformation « pleura » la perte de sa fille, pensant que la malheureuse eut succombé dans la douleur et l'abandon. Mais il en était tout autre…
— A rien… Je me demandais si on aurait pu faire quelque chose autrement pour Irina… Si je n'avais pas insisté pour qu'elle aille voir les Cullen…
— Tu mens Tanya, je te rappelle que ça fait un siècle que nous vivons ensemble. C'est Katsa ? Et puis, ne te flagelles pas, dans ce cas-là nous aurions pu tous agir autrement…
— C'est moi qui ai insisté pour qu'elle aille les voir, et c'est là qu'elle a vu Renesmée… Quant à Katsa…, souffla Tanya, corporellement c'est ma fille, mais… j'ai le sentiment que ça s'arrête là. Une chaîne de montagnes nous sépare dorénavant.
— Et nous aurions pu nous y opposé mais nous ne l'avons pas fait. Carmen et moi avons trouvé que c'était une bonne idée… Puis au sujet de ta fille, laisse-lui du temps pour digérer le fait que tu es vivante, et pour toi qu'elle l'est. Sans parler du fait Tanya qu'en plus de mille ans, elle en a vécu des choses et toi aussi. Tout ça vous a changé, il faut réapprendre à vous connaître.
— Kate serait devenue la voix de la sagesse, plaisanta Carmen en les rejoignant.
— Tanya s'inquiète et se sent responsable pour Irina.
Les trois sœurs discutèrent entre elles, les deux tentant de rassurer Tanya, la déculpabiliser. Après un moment, des pas légers se firent entendre à l'étage se dirigeant vers le rez-de-chaussée avant que Katsa n'apparaisse dans la salle. La brune se dirigea d'un pas rapide vers Tanya et enfouit son visage dans le creux du cou de la vampire.
— Ma puce, souffla cette dernière en enlaçant sa taille la maintenant contre elle.
Katsa inspira le parfum de sa mère, un parfum doux et sucré, cela changeait de son odeur humaine, mais elle appréciait. Tanya la guida vers le canapé où elle s'assit tirant Katsa à se nicher contre elle. Encore endormie cette dernière se laissa aller dans l'étreinte de sa mère, tentant de faire abstraction de sa peau froide et dure de vampire. Eléazar revint de la cuisine avec un plateau rempli, cappuccino noisette, pancakes maison, jus…
— Hmmm, ça sent trop bon, marmonna Katsa.
— Je suis heureux que mes talents de cuisinier servent à quelqu'un de notre famille, sourit le vampire.
Katsa se mordilla la lèvre inférieure, ils se montrent tous chaleureux et accueillants envers elle sans savoir la vérité… Son cœur se serra, s'en voulant de leur mentir, du moins de dissimuler la vérité.
— Kat', ma douce, dis-nous ce qu'il y a… commença délicatement Tanya en replaçant une mèche de cheveux complétement auburn.
— Je… je ne peux pas… vous me chasseriez…
— Jamais. Katsa regarde-moi, tu es ma fille, peu importe ce que tu caches, ce que tu as, jamais je ne te tournerais le dos !
Les larmes aux yeux, Katsa plongea dans le regard doré de sa mère, avant d'observer les quatre autres buveurs de sang qui hochaient la tête témoignant de leur accord avec leur cheffe. Elle n'avait plus vraiment le choix, elle devait le dire… Quitte à être de nouveau seule, au moins elle aura revu sa mère, bien que la jeune femme doute de pouvoir encaisser une nouvelle perte…
— D'accord…
