Chapitre 3 : Amitiés et mensonges
Le garçon au teint pâle ouvrit la porte d'entrée et conduisit tout le monde au sous-sol.
Lorsqu'ils arrivèrent en bas, Douze prit le temps d'observer les lieux. La pièce devait être à l'origine plutôt spacieuse mais était actuellement encombrée par toutes sortes de choses. Des posters - à l'effigie de films qu'il ne reconnaissait pas - étaient accrochés sur les murs. Ces murs étaient également couverts d'étagères sur lesquelles s'étalaient divers objets. Il y avait quelques jouets, mais il s'agissait surtout de figurines. Un jeu de plateau était posé sur une table. Un bureau était collé contre le mur du fond. L'espace en dessous était aménagé comme une cabane. Un drap servait de porte, un matelas était installé au sol avec une couverture et des coussins étaient répartis dessus.
Le propriétaire des lieux proposa aux deux nouveaux venus de s'y installer puis, une fois que ce fut fait, il s'accroupit devant eux. Ses deux amis restèrent debout derrière lui, les bras croisés. Douze les voyaient échanger régulièrement des regards méfiants, comme s'ils n'étaient pas sûrs de pouvoir leur faire confiance. Il ne pouvait pas les blâmer car la réciproque était vraie. D'autant plus que leurs hôtes étaient des enfants, comme eux, et qu'il ne savait pas comment ils pourraient réagir dans une situation de crise.
Douze fut ramené au temps présent par la voix de leur précédent interlocuteur :
— Et si on commençait par faire les présentations ? C'est quoi vos noms à vous deux ?
— Douze.
Pour toute réponse, la jeune fille montra le chiffre sur son poignet. Le garçon dit :
— C'est un onze…
Puis il demanda :
— Onze ? C'est ton nom ?
Elle acquiesça. Il se présenta à son tour :
— Moi, je m'appelle Mike.
Douze pensait que les deux autres allaient suivre leur exemple mais ils ne semblaient pas décidés à le faire. Il fallut que leur ami, Mike donc, leur lance un regard noir pour qu'ils se présentent à leur tour, à contrecoeur :
— Lucas, répondit laconiquement celui des deux qui avait le teint le plus sombre.
L'autre s'appelait Dustin et parlait avec un cheveu sur la langue. Douze apprendrait plus tard qu'il avait une anomalie génétique rare qui se caractérisait par un retard dans la pousse des dents - ce qui expliquait sa façon de parler - et parfois une absence de clavicules.
Une fois passée l'étape des présentations, le trio dut décider ce qu'ils allaient faire des deux "invités" cachés sous le bureau. Lucas ne cessait de répéter qu'ils devaient s'être échappés de Pennhurst, l'hôpital psychiatrique du comté de Kerley. Il ajouta :
— Ils sont sans doute barjots.
— Le garçon parle, c'est déjà ça.
— Il a juste dit son nom. Ta soeur de trois ans parle mieux qu'elle.
— Il y a un truc qui tourne pas rond chez eux, du genre pas net dans leur tête.
— Ils ont fugué, ils ont sans doute une case en moins. On n'aurait jamais dû les ramener ici. On ne voulait pas d'un autre problème.
— Dis le à ta mère.
— Je suis d'accord, dit Dustin.
Tout en disant cela, il fixait les crânes rasés des deux évadés avec fascination. Le jeune garçon finit par demander, alors que personne ne s'y attendait :
— Vous avez un cancer ?
Ses deux amis lui lancèrent un regard interloqué, comme s'ils ne comprenaient pas comment cette question avait pu lui traverser l'esprit. Il s'exclama :
— Bah quoi ? Ils ont pas de cheveux !
Alors que Douze pensait que Dustin ne pouvait pas aller plus loin dans sa bêtise, il sut qu'il avait tort lorsqu'il le vit s'accroupir devant son amie. Sur la défensive, Douze se prépara à utiliser ses pouvoirs pour protéger la jeune fille qu'il considérait comme sa sœur. Pourtant, il fut tellement surpris par la question que posa Dustin ensuite qu'il ne pensa pas à réagir :
— Pourquoi la fille parle pas ?
Il ajouta :
— Peut-être qu'elle est sourde ?
Joignant le geste à la parole, il claqua des doigts juste devant son visage, la faisant sursauter. Dustin lâcha, surpris :
— Ah ben non.
Finalement, alors qu'ils semblaient être dans une impasse, ce fut à nouveau Mike qui débloqua la situation en proposant aux deux enfants installés sous le bureau de leur prêter des vêtements secs. Leurs t-shirts étaient trempés et ce n'était pas agréable.
Mike examina ses invités de la tête aux pieds puis marmonna :
— Ça devrait être bon…
Il s'absenta ensuite, laissant les quatre autres enfants seuls. Un silence pesant s'instaura dès son départ, aucun d'eux n'étant assez en confiance pour prendre la parole.
Mike revint quelques minutes plus tard, les bras chargés de vêtements. Il laissa tomber son chargement au sol. Il y avait des habits masculins, un t-shirt et un jean, qui devaient lui appartenir, ainsi qu'une robe.
Chacun des deux enfants récupéra les vêtements qui lui étaient destinés. Ils voulurent se changer directement mais Mike les stoppa. Dustin était visiblement traumatisé à l'idée qu'une fille ait failli se déshabiller sous ses yeux : il ne cessait de refaire le geste qu'elle avait amorcé.
Le fils Wheeler conduisit le duo jusqu'à une pièce séparée du sous-sol par une porte. Les deux enfants entrèrent. Ils enlevèrent les t-shirt que Benny leur avait donnés et les remplacèrent par les habits que Mike leur avait apportés.
Mike devait faire à peu près la même taille que Douze, car les vêtements qu'il lui avait prêté lui allaient parfaitement. Quant à la robe qu'il avait ramené pour son amie, elle était également à la bonne taille.
Quelques minutes plus tard, le duo rejoignit les trois autres dans la pièce principale du sous-sol. Douze remarqua que Mike s'était encore absenté mais n'eut pas le temps de se demander pourquoi, car le garçon revint à ce moment-là avec une perruque blonde qu'il mit sur la tête de Onze.
Douze devait admettre qu'habillée comme ça et avec la perruque, son amie d'enfance ressemblait à n'importe quelle fille de leur âge.
Après cela, il fallut décider ce que les deux clandestins feraient quand le trio serait en cours, le lendemain.
Après le dîner, tandis que ses amis rentrèrent chez eux, Mike descendit des restes au sous-sol pour les deux autres enfants.
Ces derniers n'avaient pas avalé de vrai repas depuis le petit-déjeuner que Benny leur avait offert le matin même et étaient donc affamés. Ils se jetèrent sur leurs victuailles, sous le regard amusé de leur hôte.
Lorsqu'ils eurent fini de manger, le jeune garçon remonta dans sa chambre pour aller se coucher tandis que les deux autres s'endormirent, chacun la tête sur l'épaule de l'autre.
Ce fut Mike qui les réveilla, le lendemain matin. Il leur descendit des restes du petit-déjeuner qu'il avait réussi à prendre en douce, quand personne ne regardait. Le repas était composé principalement de gaufres. À nouveau, les deux enfants engloutirent leur nourriture.
Mike proposa que, dans la journée, ils sortent par derrière et aillent frapper à la porte d'entrée pour que sa mère vienne leur ouvrir et prévienne les autorités. Il ne s'attendait pas à essuyer un refus catégorique. Onze lui expliqua, avec ses propres mots, qu'ils étaient recherchés par des "méchants" et que révéler leur emplacement les mettraient en danger, lui et ses proches.
Mike décida de sécher les cours ce jour-là. Il fit croire à sa mère qu'il était malade puis attendit que la maison soit entièrement vide. Lorsqu'il fut sûr qu'il n'y avait plus personne, il retourna au sous-sol. Il décida de faire venir le duo dans la maison.
Ils le suivirent et le trio monta dans la chambre de Mike. Le regard de Onze se posa alors sur une photo représentant quatre garçons. Si elle reconnut aisément Mike, Dustin et Lucas, le quatrième, en revanche, lui était totalement inconnu. Elle avait pourtant l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Elle pointa son doigt sur lui.
Les deux garçons remarquèrent le mouvement et la rejoignirent. Lorsqu'il vit où était posé son doigt, où plutôt sur qui, Mike allait lui demander si elle connaissait Will mais un bruit dans la maison attira leur attention. Il s'empressa de cacher les deux amis dans le placard de sa chambre.
Cela rappela de mauvais souvenirs à Onze, qui fut effrayée. Pour la rassurer, Douze glissa sa main dans celle de son amie et Mike promit qu'il ne parlerait pas d'eux à sa mère.
Les deux enfants attendirent d'être sûrs que la maison soit complètement vide pour sortir du placard, invisibles pour faire bonne mesure. Ils regagnèrent ensuite le sous-sol en silence.
Quelques heures plus tard, les deux enfants discutaient sous le bureau, cachés derrière le drap, lorsque des pas dans l'escalier menant au sous-sol attirèrent leur attention. Douze ne perdit pas de temps et les rendit invisibles, de peur que ce soit quelqu'un qui n'était pas censé connaître leur existence.
Il fut rassuré de constater qu'il ne s'agissait que de Mike, suivi par Dustin et Lucas. L'enfant annula aussitôt les effets de son pouvoir et ils sortirent de leur cachette.
En voyant qu'ils étaient toujours là, Lucas s'énerva contre Mike et voulut aussitôt aller prévenir la mère de son ami. Le garçon ne parvint pas à ouvrir la porte, ce qui les surprit tous les trois. Quelque chose semblait l'en empêcher : à chacune de ses tentatives, le battant se refermait violemment.
Le trio se retourna et vit alors Onze passer sa manche sous son nez pour essuyer le sang qui s'en échappait. À ce moment-là, la même question leur traversa l'esprit : était-ce elle qui bloquait l'ouverture de la porte ? Si oui, comment était-ce possible ?
D'autant plus que Douze n'avait pas l'air surpris, mais ce n'était pas très étonnant : ils devaient se connaître depuis longtemps et peut-être avait-il lui aussi ce genre de capacités.
Mike choisit ce moment pour intervenir :
— Personne d'autre que nous ne doit savoir qu'ils sont là, ce serait trop dangereux !
— Dangereux comment ? demanda Dustin.
Pour toute réponse, son ami forma un pistolet avec ses doigts, qu'il pointa sur Lucas puis sur eux deux. Le message était on ne peut plus clair.
En début de soirée, les garçons furent appelés pour dîner. Lorsqu'ils redescendirent, Mike en profita pour amener de quoi manger au duo resté au sous-sol.
Tandis que les deux évadés dévoraient leur repas, le garçon s'adressa à ses amis :
— Elle connaît Will, dit-il en parlant de Onze.
Lucas fut sceptique :
— Comment c'est possible ?
— J'en sais rien, répondit Mike. Mais tout à l'heure, dans ma chambre, elle l'a montré du doigt sur une photo.
Pendant que les deux autres discutaient, Dustin bloquait sur les possibles "capacités particulières" de Onze. Fasciné, il prit une réplique d'un vaisseau qui traînait sur une étagère, se planta devant elle et laissa tomber l'objet au sol. Il le fit plusieurs fois, sans résultat. Le jeune garçon marmonna :
— Allez, fais le flotter…
Le propriétaire de la réplique finit par remarquer son manège et s'écria, en lui prenant l'objet des mains :
— Arrête ça !
Mike remit le vaisseau à sa place. Mais Dustin n'avait pas dit son dernier mot. Puisque sa première tentative avait échoué, il se tourna vers Douze. En le voyant faire, Douze sut qu'il n'échapperait pas à un interrogatoire. Il se dit que puisque les trois autres avaient été témoins, à leurs dépens, certes, de l'utilisation des pouvoirs de son amie, le mieux était sans doute d'être honnête à son tour.
Ce fut pourquoi, lorsque Dustin l'interrogea à ce sujet, il répondit par l'affirmative. Comme il s'y attendait, son interlocuteur voulut qu'il lui fasse une démonstration. Il fixa le vaisseau du regard et celui-ci disparut totalement, sous les yeux admiratifs du jeune Henderson. Ce dernier allait l'interroger pour savoir comment il en était capable, lorsque des éclats de voix, juste à côté d'eux, attirèrent leur attention.
Lucas, de son côté, avait d'autres préoccupations. Si la fille savait où était Will, il fallait qu'elle le leur dise. Il se posta devant elle et lui demanda :
— Tu connais vraiment Will ? Tu sais où il est ?
Comme elle resta silencieuse, il haussa la voix :
— Est-ce que tu sais où est Will !?
Elle ne répondit pas mais les trois autres garçons purent voir qu'elle avait eu un mouvement de recul lorsqu'il avait élevé la voix. Sans réfléchir, Douze déploya son bouclier devant elle, juste au cas où.
Lucas recula d'un pas, choqué. Il ne s'y attendait pas. Sa réaction eut pour effet de déclencher l'hilarité de Mike et Dustin, tandis que la jeune fille lança un regard reconnaissant à son ami.
Mike, justement, décida de tenter sa chance. Il expliqua aux deux anciens cobayes :
— Will est notre ami. Il a disparu en forêt il y a quelques jours, on est très inquiets pour lui.
Onze demanda sur un ton incertain :
— … Ami ?
Les trois garçons acquiescèrent. Elle ajouta :
— Qu'est-ce que c'est… Un ami ?
Le trio échangea un regard perdu. Ils ne s'attendaient pas à une telle question. Mike fut le premier à répondre :
— Un ami, c'est…, commença-t-il en cherchant ses mots. Il trouva finalement un moyen de formuler ce qu'il voulait dire. Un ami, c'est quelqu'un que tu aimes beaucoup. Comme toi et Douze, par exemple.
Dustin ajouta :
— C'est quelqu'un à qui tu vas prêter tes affaires préférées, comme des figurines où des bandes dessinées.
Mike redemanda :
— Est-ce que tu sais où est Will ?
Onze se leva, marcha jusqu'au plateau de jeu que Douze avait repéré la veille et le retourna, sous les protestations du trio qui ne comprenait pas son geste, en disant :
— Caché…
Contrairement aux trois enfants originaires de Hawkins, le jeune garçon comprit aussitôt où elle voulait en venir : le monde à l'envers. Will devait être là-bas. Lui-même n'avait jamais visité ce monde, parallèle à Hawkins, mais grâce aux descriptions qu'il en avait eu par ceux qui y avaient mis les pieds, il en savait assez sur le sujet pour avoir une certitude. S'il s'y trouvait, le jeune disparu courait un danger beaucoup plus grand que tout ce que ses amis pouvaient imaginer.
Après cette discussion, Lucas et Dustin rentrèrent chez eux et les autres allèrent se coucher, Mike dans sa chambre et le duo sous le bureau.
Le lendemain matin, avant de partir en cours, Mike leur expliqua qu'après sa journée de cours, ils iraient tous les cinq chercher Will. Puis il leur donna rendez-vous derrière chez lui à 15H15. Il leur indiqua à quels chiffres cela correspondait. Il attacha ensuite sa montre au poignet de la jeune fille.
Une fois qu'ils furent seuls, les deux enfants décidèrent d'explorer un peu la maison. Ils n'avaient pas eu l'occasion de le faire la veille puisque la mère de Mike avait failli les surprendre.
Ils commencèrent par aller dans le salon et s'installèrent dans le canapé, devant la télé. Onze alluma l'appareil avec ses pouvoirs et commença à naviguer entre les chaînes, jusqu'à tomber sur une qui diffusait une publicité pour une marque de soda.
Onze se mit à trembler et à haleter, sous les yeux inquiets de Douze qui se doutait que cela devait lui rappeler de mauvais souvenirs. Le garçon ne tarda pas à réagir. Il se mit à genou devant son amie, posa ses mains sur celles de la jeune fille et lui dit d'une voix douce, rassurante :
— Calme-toi, on est plus là- bas. On y retournera plus.
Je m'en assurerais, personnellement s'il le faut, pensa-t-il.
Au bout de quelques minutes, elle cessa de trembler et sa respiration revint à la normale. La journée se déroula sans autre incident. Lorsque l'heure approcha, ils rejoignirent le point de rendez-vous fixé par Mike.
Ils attendaient derrière la maison lorsqu'un grognement les fit sursauter puis se retourner. Douze constata avec soulagement qu'il ne s'agissait que d'un chat mais la présence de l'animal sembla faire à nouveau remonter de mauvais souvenirs chez son amie, qui eut la même réaction que devant la télévision. En revanche, cette fois-ci, elle parvint à se calmer sans son aide.
Tandis qu'ils attendaient le trio, qu'il commençait à voir comme leurs amis, Douze jeta un coup d'œil à sa voisine et se demanda à quel point Brenner l'avait traumatisée pour qu'elle réagisse aussi violemment face à de simples éléments du quotidien.
Douze avait assisté à une partie des expériences qu'elle avait subies après sa sortie du coma mais pas à toutes. Brenner avait refusé qu'il en voit certaines, pour des raisons qui lui étaient propres.
Cela l'inquiétait d'autant plus que c'était la première fois qu'il la voyait avoir ce genre de crises. Il avait su comment l'aider cette fois mais serait-ce toujours le cas ? Serait-il toujours là pour la calmer ?
Douze en était à ce stade de ses réflexions lorsque Mike, Dustin et Lucas les rejoignirent.
Le garçon remarqua que Mike avait une croute sur le menton mais ne dit rien.
Le groupe d'enfants se mit en route en direction de la forêt. Pendant qu'ils marchaient, Douze entendit la conversation qu'eut le fils Wheeler avec Onze :
— Mike… Tu es blessé ?
— Euh… Non, non, c'est rien. Je suis juste tombé, c'est tout.
Elle lui jeta un regard appuyé, pas dupe, et demanda :
— Mike, la vérité ?
Le brun finit par admettre :
— Les brutes de l'école m'ont bousculé.
Il ajouta embarrassé :
— Désolé d'avoir menti…
Les cinq enfants marchèrent dans les bois, jusqu'à arriver devant une maison située à l"écart de la ville. Mike s'exclama :
— C'est la maison de Will !
Il demanda à Onze :
— Tu es sûr qu'il est là ?
Elle répéta ce qu'elle avait déjà dit la veille :
— Caché…
Ils cherchèrent autour et à l'intérieur de la maison mais ne trouvèrent rien. Lucas s'énerva :
— Il est pas là ! Elle a menti !
Douze, qui savait son amie incapable de mentir, qui plus est lorsque la vie d'un enfant était en jeu, allait répliquer. Mais, au même moment, ils virent des ambulances et des voitures de police passer en trombe devant eux, sirènes et gyrophares hurlants.
Le groupe se remit en route et les suivit. Le cortège les conduisit jusqu'à une carrière au centre de laquelle se trouvait un grand lac. Les enfants se cachèrent derrière une ambulance, attendant de voir ce qui allait se passer.
Ils virent, sous les regards horrifiés de trois des garçons, des plongeurs sortir un corps du lac et le placer dans ce qui ressemblait à une barque en plastique. Le corps, bien qu'ayant pris l'eau, était aisément identifiable comme étant celui d'un jeune garçon.
Mike et ses deux amis se penchèrent afin de voir si le corps était où non celui de Will. Et, même s'ils étaient loin, ils n'eurent aucun problème à reconnaître leur ami, qui portait les mêmes vêtements que le jour de sa disparition.
Les trois enfants, dévastés, se tournèrent alors vers le duo. Le fils Wheeler hurla sur la jeune fille, qui ne sut quoi répondre :
— Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi !? Pourquoi tu as menti ? Pourquoi tu as dit que Will était vivant !? Ils viennent de retrouver son corps, il est mort ! Mort !
Sans que les autres aient le temps de réagir, Mike partit en courant mais tous purent voir les larmes sur son visage. Dustin et Lucas lui emboitèrent le pas pour rentrer chez eux. Bien qu'ils tentèrent de le cacher, eux aussi pleuraient.
Douze vit que les paroles de Mike avaient choqué son amie. Il prit doucement la main de Onze et la reconduisit jusqu'à la maison des Wheeler, en faisant attention à ce que personne ne les voit. Pour cela, sa capacité à se rendre invisible fut très utile.
Arrivés au sous-sol, ils se couchèrent directement et, pour la première fois depuis leur arrivée en ville, s'endormirent avec le ventre vide.
