Roi des dragons
Chapitre 2 :
La flamme lointaine
Nefrea, anciennement Harry Potter, marchait depuis ce qui lui semblait être des semaines ou des mois dans son nouveau monde. Il prenait son temps, continuant à avancer vers le nord ouest, vers cette énergie qui grandissait au fur et à mesure qu'il s'approchait, plus nette et plus belle à chaque fois qu'il regardait. Cette aura continuait à l'attirer, à attiser sa curiosité, son envie d'être plus près d'elle pour profiter de sa chaleur évidente. Elle faisait figure de soleil en plein jour, de lune en pleine nuit et tout le poussait à aller vers elle. Elle lui donnait l'impression d'un grand feu de cheminée confortable près duquel se blottir en paix, évoquant une sensation de foyer et de sécurité, des choses qu'il recherchait depuis toujours. Il allait donc par là, espérant découvrir quel que chose de véritablement bien pour lui cette fois même si ce n'était que pour le contempler quelques instants et confirmer que ce genre de chose existait.
Mais il n'y avait pas que cela qui attirait son regard. Tout autour de lui était digne d'intérêt. Ce monde avait une aura, une énergie magnifique, libre, pure, sauvage, indomptable. S'il y avait des peuples et des magiciens ici, leur impact sur le monde était bien moindre que dans son ancien. Était-ce parce qu'ils étaient au début de leur développement ? Parce qu'ils étaient respectueux de leur monde ? Autre chose ? Il le saurait certainement un jour ou l'autre. Quoi qu'il en fut, lui profitait pleinement. Il marchait à travers de vastes territoires sauvages magnifiques assez facilement praticables entre plaines et collines basses, verdoyantes et pleines de vie. Il ignorait si les saisons ici étaient les mêmes, si elles existaient mais le temps avait tout d'un magnifique printemps ou d'un début d'été, le soleil souvent présent, le ciel clair et il en profitait complètement.
Il dissimulait sa présence de sa magie, espérant que cela fonctionnerait aussi bien ici. Ainsi, il se laissait le temps d'analyser ce qu'il rencontrait en restant en sécurité. Il projetait sa magie pour voir loin, profitant de ses nouveaux sens extraordinaires pour surveiller son environnement. Il était attentif mais aussi détendu alors qu'il ne percevait plus ce danger constant, lancinant et violent qui l'avait entouré toute sa vie. La sensation était presque irréelle mais assurément bienfaitrice. Il marchait tranquillement, sans se presser, se fichant du temps qu'il prendrait pour arriver où il voulait. Il voyageait majoritairement de nuit, se reposant le jour dans des recoin abrité. Cela ne l'empêchait pas de profiter du paysage, ses nouveaux yeux perçant la nuit avec une maestria parfaite, la vue d'autant plus belle lorsque le ciel était clair et que la lumière des astres baignait la tette.
Il s'intéressait à tout du ciel étoilé radicalement différent de celui qu'il avait connu autrefois, au moindre insecte. Pour le moment, les insectes, les animaux et les plantes qu'il croisait ressemblaient énormément, voir étaient identiques pour certains, à ce qu'il connaissait. Il y avait cependant une différence majeure : tout était imprégné de magie et d'énergie naturelle avec puissance. Il avait d'ailleurs vu sa magie élémentaire se faire plus facile, plus puissante, plus évidente et cela le ravissait. Il s'arrêtait souvent pour observer un insecte, une plante, souriant à ces petites choses simples. Il inspectait tout ce qui passait à portée de ses sens, apprenant, appréhendant son environnement. Il cherchait aussi des sources de nourriture, sa magie l'aidant à trouver ce qu'il pouvait manger sans risque et cette nature riche était une source généreuse. Sa magie de la nature, sa communication avec elle l'aidait à identifier ce qu'il pouvait manger mais aussi ce qui avait des propriétés intéressantes et dans une habitude bien ancrée, il n'hésitait pas à faire des réserves. Il était loin d'en avoir besoin dans l'immédiat mais la magie lui permettait de faire des stock quasiment illimités et la vie lui avait enseigné que l'abondance d'aujourd'hui ne serait peut-être plus là le lendemain. Il prévoyait en conséquence et il ne profitait pas de l'abondance à l'excès, restant raisonnable même lorsqu'il avait beaucoup.
Il ne chassait pourtant pas, cela lui étant désormais interdit. Un enfant de la Mort n'avait pas le droit de tuer quoi que ce soit. Il commençait tout juste avec cela puisque dans son ancienne vie, il avait en quelque sorte eu une permission exceptionnelle parce qu'Elle lui avait confié la mission de chasser et éliminer Voldemort, l'obligeant à prendre part à une guerre et à mener une vie dans laquelle il avait été dans l'obligation de prendre des vies de bien des manières. Lorsqu'il était en mission pour Elle ou qu'il en recevait la permission, il pouvait tuer mais pas le reste du temps. Il n'avait jamais expérimenté cette situation jusque là mais il savait qu'elle arriverait avec cette renaissance. Il le savait depuis qu'Elle lui avait transmis tout ce qu'il devait savoir sur sa nature à sa première mort véritable. Ce n'était pas un problème à ses yeux. Il n'avait jamais voulu être un meurtrier même si la force des choses l'avait obligé à le devenir.
Seulement, avec sa nature, cette règle prenait une immense ampleur. Il ne pouvait pas prendre de vie volontairement ou avoir un geste ayant un haut risque d'entraîner la mort s'il avait conscience de ce risque qu'il l'admette ou non. S'il essayait, il se retrouverait simplement figé sur place sans pouvoir rien faire. Et cela valait pour les êtres conscient mais aussi pour les animaux, les insectes et même les plantes. Tout ce qui avait une âme ne pouvait être tué par lui. Il ne pouvait donc chasser et il devait faire attention. En cela, une habitude prise dans la guerre servait bien. Il usait d'une magie particulière pour marcher sans toucher le sol. C'était un mélange de lévitation, de magie d'air et de maîtrise de la gravité. Cela faisait que ses pieds ne touchaient jamais le sol, s'arrêtant à un ou deux centimètre au dessus. Cela lui avait servi à ne pas laisser de trace physique ou magique de son passage, le contact direct avec le sol nécessaire pour qu'une empreinte magique s'incruste. Ça lui avait permis d'être silencieux et moins repérable. Mais maintenant, cela lui servirait aussi à ne pas écraser malencontreusement une petite bête ou des plantes.
S'il avait la possibilité de manger de la viande ou des plantes qui avait été tué pour être récoltés, il ne pouvait donner la mort lui même. Aussi, lorsqu'il cherchait de la nourriture, il devait s'assurer de faire en sorte que les plantes ne meurt pas en cueillant simplement les fruits ou une parties de la plante sans mettre sa vie en danger. Il pouvait récolter des graines, de la sève, des racines… Il pouvait prendre le plantes déjà mortes ou dont la vie s'achevait naturellement. Il pouvait aussi prendre le lait d'une vache par exemple ou des œufs qui n'avaient pas été fécondé, sans vie véritable. Tout ce qui était produit par la nature mais qui ne requérait pas de tuer ou qui entrait dans le cycle naturel, il pouvait le prendre pour se nourrir ou pour d'autres choses. Cela impliquait aussi qu'il ne pouvait abattre des arbres, détruire des plantes. Cela lui avait parût très contraignant au début mais en y réfléchissant, ce n'était qu'un mode de vie à prendre à condition qu'une guerre et des monstres sanguinaires ne lui tombent plus dessus pour le forcer à se battre et à tuer. Ce n'était en réalité pas difficile à faire dans une vie normale et cela lui plaisait alors qu'il ne pouvait plus ignorer ces vies, ses âmes que ces pouvoirs lui montraient. Il prenait garde à chacune d'entre elle et elles lui rendaient bien très souvent.
Il scrutait tout autour de lui, prenant son temps, s'arrêtant s'il en ressentait l'envie, prenant le chemin qui lui plaisait même si la direction générale restait là même. Il ne comptait pas les jours ou le temps, s'en fichant éperdument désormais. Il faisait des pauses quand il en avait besoin, avançait selon son humeur. S'il faisait beau et bon la plus part du temps, la météo se dégradait parfois, la pluie s'invitant de temps en temps comme le vent. Cela le faisait pourtant sourire, le contact avec les éléments le faisait sourire alors qu'il ressentait leur magie encore plus fort en ce monde. Sa magie lui permettant de rester à l'aise et de ne pas en subir les inconvénients, il n'y voyait que du positif. Il adorait le vent, l'air. C'était incontestablement son élément préféré et son amour du vol et de la liberté n'y était probablement pas pour rien. En second venait le feu qui cette fois, était son élément naturel inné. Le feu était réconfortant pour lui, sécurisant, apaisant. Pour lui qui avait dû courir en tout sens partout, souvent dehors dans le froid et l'humidité, sa lumière et sans feu pour ne pas se faire repérer, cet élément avait tout un sens. Les flammes lui évoquaient bien sûr la chaleur et le réconfort, le confort qu'elles apportaient. Elles lui évoquaient une cheminée et la maison, le foyer qui l'abritait. Avec cela venait le sentiment de paix et de sécurité d'un chez soi. Si le feu pouvait être un monstre destructeur, pour lui, il était le gardien, le bien-être, la quiétude, la paix, le repos… C'était probablement pour cela que cette présence flamboyante au loin l'attirait. Les autres éléments étaient à égalité à ses yeux, l'air et le feu ayant sa préférence et sa nature profonde.
Il marchait, sentant son âme et son esprit s'apaiser en réalisant qu'il était bien dans cette nouvelle vie désormais. Puis sa route le mena à approcher sa première communauté. Il la sentit de loin, captant de nombreuses âmes et ce qui semblait être un village. Il s'était caché autant que possible de sa magie, faisant disparaître son bâton, s'entourant de sa cape d'invisibilité. Tendu et anxieux, il s'était approché prudemment, observant, cherchant à savoir à quoi s'attendre ici. Il était resté à l'écart, ne voulant pour rien au monde prendre contact ou se montrer et cela s'était affirmé un peu plus lorsqu'il avait découvert un village d'humains. Ils étaient identiques à ceux de sa première vie si ce n'était l'énergie un peu différente de ce monde qui s'y ajoutait. Mais c'était des hommes comme il les connaissait.
Il était tombé sur ce qui semblait être un village agraire qui avait des allures médiévale romantique. C'était beau et ça avait l'air bien plus agréable que ce qu'il avait connu. L'ambiance et l'aura des lieux aussi était belle, paisible, heureuse, prospère. Il y avait des cultures et des fermes autour, des vignes. Il analysa la chose longuement, ayant vraiment l'impression d'un village médiéval en tout, des constructions aux vêtements. Il n'y avait pas trace de technologie avancée, loin de là et sa magie confirma qu'il n'y en avait pas. Il n'y avait d'ailleurs pas un seul magicien ou objets magiques ici. Cela devait être des moldus de ce monde. Il se détendit un peu en regardant. Si les hommes étaient comme ça ici ou approchant, c'était bien mieux que son ancienne vie. Restait à savoir quelle était leur mentalité vis à vis du reste, des autres et en voyant qu'il n'y avait rien qui ne soit pas animal ou humain, il se dit qu'il ne valait mieux pas se montrer, ignorant comment un être comme lui pourrait être reçu ou perçu.
Il finit par reprendre sa route, invisible pour ceux qui vivaient là. Dans les temps suivant, il croisa d'autres villages de ce genre et il espéra qu'il n'y avait pas que des hommes en ce monde. Il n'avait croisé que ça pour l'instant mais ça ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas autre chose ailleurs. . La vie était douce dans son voyage et il finit par atteindre une large rivière, peut-être un fleuve. Elle était splendide, magnifique, son eau pure dénuée des pollutions dégoûtantes qu'il connaissait. Non, ici, elle était pleine de vie, puissante et sauvage. Il sourit en allant y plonger ses doigts, laissant couler sa magie pour prendre contact avec la rivière et son esprit, son âme, sa magie. Il la salua, joua avec elle, savourant. La nature était quasiment entièrement morte dans son ancien monde. Elle était là mais ses âmes, ses esprits et ses magies s'éteignaient inexorablement. Ce spectacle était donc un ravissement sans nom pour lui et il se plut à le contempler.
Puis, s'apercevant que la rivière semblait venir de la direction dans laquelle il allait, il demanda au cour d'eau de lui montrer, de lui faire ressentir d'où il venait et l'esprit de la rivière lui répondit joyeusement. Il activa sa perception magique pour tenter de la superposer aux sensations qu'elle lui envoyait. À toute vitesse, dans une vision étrange pleine d'eau et de quelques paysages furtifs, il remonta avec elle son cour. Il entrevit des plaines et des collines pendant un moment avant de longer une imposante et puissante forêt sombre. Une zone plus rocheuse et montagneuse commença à se montrer, puis un immense lac avec une sorte de ville posée dessus. Il y eut un nouveau cour d'eau, une immense et titanesque montagne unique au pied de laquelle la rivière naissait. Il sourit en s'apercevant que son but se superposait à cette montagne dans ses perceptions. Ce qu'il cherchait était là bas et la rivière y menait. Il arriverait à destination facilement en la suivant même s'il semblait y avoir encore plusieurs centaines de kilomètres à parcourir. Il remercia l'esprit de l'eau, lui offrant un peu de sa magie en cadeau.
Dés lors, il commença à longer la rivière, savourant sa fraîcheur et son champs, s'amusant à aller se baigner un peu dans les zones calmes comme il n'avait pas pu le faire depuis très longtemps. Une nuit, devant une section particulièrement large et profonde, il ne résista pas à l'envie d'une baignade dans sa forme de dragon, déployant une puissante bulle de magie autour de lui pour s'assurer de se cacher autant que possible. Il avait pensé à voyager en volant, la chose le démangeant mais se cacher en volant demandait bien plus de puissance et de magie, la chose épuisante, et il ne voulait pas risquer de se montrer en dragon tant qu'il ne saurait pas si cela était dangereux ou non. Sa forme de dragon était parmi les plus résistante et puissante qu'il connaissait mais il ignorait ce qu'il pouvait y avoir en ce monde et qui pourrait être bien plus puissant que lui. Il préférait ne pas prendre de risque, la prudence étant une règle de vie. Il lui faudrait d'abord savoir si les dragons existaient ici ou non et quelle place on leur donnait, si d'autres êtres pouvaient être à sa hauteur physiquement et magiquement.
Il se contenta donc de s'amuser dans l'eau dans la zone qu'il avait protégé, captant dans un même temps l'énergie astrale bien présente ce soir, le ciel clair. En conséquence, toutes les parties d'argent sur lui s'étaient illuminées, l'eau autour de lui en faisant de même en un magnifique spectacle apaisant. Cela lui fit du bien et ce fut le sourire aux lèvres qu'il reprit sa route. Il longea l'eau sans compter les jours et les nuits, notant cependant que les jours commençaient à raccourcir, indiquant probablement le déclin de l'été si c'était bien l'été ici. Il continua à tout observer, contournant soigneusement lorsqu'il détectait ce qu'il identifiait comme forme de vie intelligente. De petits villages parfois, des groupes de voyageurs à d'autres. Il observait pour se renseigner mais il restait à l'écart. Il ne croisa que des hommes. Peu d'hommes et il se demanda si la population de ce monde était aussi restreinte qu'elle en avait l'air par rapport à son ancien ou s'il était dans une zone sauvage. Il penchait plus pour la seconde solution alors que l'aura générale de ce monde qu'il pouvait voir n'était pas dominée par les peuples. Il sentait qu'ils y en avaient, qu'ils étaient là mais ils ne dominaient pas la nature, loin de là, suggérant un nombre bien moins grand qu'il n'avait pu en voir avant. Et puis, s'il ne savait pas tout des régions qu'il traversait, il les trouvait paisibles, accueillantes, débordantes de vie, propices à l'installation de villages. Donc, soit il n'y avait personne pour avoir envie de venir là, soit il y avait des règles en ce monde pour ça ou alors un obstacle à l'installation qu'il ne pouvait voir. Il pouvait y avoir un tas de raison et il était de plus en plus curieux sur ce monde.
Quoi qu'il en fut, l'ambiance de moyen âge se confirma de plus en plus avec ce qu'il croisait. Il avait même vu un groupe avec des hommes portant des épées tel des guerriers anciens. Ici, on montait à cheval, se déplaçait en charrette, une vie encore simple et rudimentaire. Son ouïe fine avait pu entendre parler et il avait été soulagé de constater qu'il comprenait tout facilement, comme on lui avait promis. Il ne capta que des conversations complètement banales sans grande importance, la chose ne lui offrant pas de réelles information.
Puis, au fil du temps, il put voir de ces yeux cette forêt dense qui s'étendait à l'ouest et dont-il s'approchait de plus en plus. À l'œil, elle était épaisse et sombre. Il devait être difficile d'y marcher et de s'y retrouver. Avec sa perception magique, il lui trouvait une vaste aura sombre et lourde, un peu vicié comme si la forêt avait été empoisonnée par quel que chose. Il y percevait des vies malsaines et froides, violentes. La forêt était vaste et à son point sud, il y avait cette chose atroce qu'il avait déjà vu de loin avant de commencer son voyage. C'était puissant et mauvais, lui donnant nausée et frisson et il se demandait si c'était l'origine de ce qu'il percevait vaguement à travers les bois. Ce point était tout au sud de cette forêt et au plus son regard portait au nord de la zone, au plus les choses s'éclairaient. S'il se fiait à ses sens, il était approximativement au niveau de la moitié de la hauteur de la forêt entre ses extrémités nord et sud. Et au nord, c'était clair, pur et il percevait qu'il y avait un peuple là bas, un peuple intelligent et probablement magique vu l'aura qui s'en dégageait. C'était bien plus attrayant et rassurant, beau par là. Peut-être qu'il aurait pu choisir d'aller voir ça s'il n'y avait pas eu cette présence incroyable dans cette montagne. Il irait peut-être plus tard, cette zone attirante l'intriguant un peu.
Au plus il remontait la rivière, au plus la forêt se rapprochait et elle finit par être là au bord de l'eau. Instinctivement, Nefrea traversa pour gagner l'autre rive. Il était indéniable qu'il y avait des choses déplaisantes entre ces arbres, une magie lourde et forte qui semblait avoir été pervertie, empoisonnée. Il savait qu'il ne ferait pas bon y marcher. Il ne détectait rien qu'il n'aurait pu gérer assez facilement mais il préférait éviter les surprises tant qu'il n'en saurait pas plus. L'arrogance était une chose qu'il avait oublié même s'il se savait très puissant. Mieux valait être humble parce que l'orgueil conduisaient à des erreurs potentiellement mortelles, il le savait. Alors même s'il était pratiquement certain de pouvoir gérer facilement, il ne prendrait pas de risques inutiles. Il gagna l'autre rive pour mettre de la distance, une barrière entre lui et ce qu'il y avait dans ces bois quoi que ce soit. Cela ne semblait pas vouloir quitter l'abri des arbres et il le constata au fil de jours qu'il passa à garder un œil là dessus. S'il sentit des créatures et cette magie de sa perception magique, il ne vit rien de ses yeux, pas de formes ou juste d'aperçu pour avoir une idée de ce que c'était.
S'il resta vigilent, il ne s'inquiéta pas outre mesure et poursuivit sa route. Il avançait lentement dans ses nombreuses distractions et arrêt pour le plaisir ou le repos. Cela n'avait pas d'importance. Son but ne bougeait pas du tout, continuant à flamboyer au loin, de plus en plus net avec la distance diminuant. Et au plus il se rapprochait, au plus il avait envie d'y être. En chemin, il s'amusait aussi à tester un peu plus sa magie et les possibilités ici, se liant à la natures et aux éléments accueillants, vifs et pleins d'énergie sur cette terre. L'automne commença visiblement à pointer le bout de son nez, le temps rafraîchissant alors que la végétation se faisait un peu plus pauvre chaque jour. Les collines commencèrent à se montrer un peu, comme la roche qui constituait le sol.
Il arriva finalement à cet immense lac que la rivière lu avait montré et il le longea par l'est. Avec la saison, le temps s'était assombri et fait plus frais, chose qui ne lui plaisait pas réellement. Il préférait la chaleur, chose normale pour un natif de l'élément du feu. Il avait bien sa magie mais elle avait ses limites et était loin d'égaler une ambiance chaude naturelle. Il n'était pourtant plus très loin de son but. Il la voyait désormais. C'était une titanesque montagne majestueuse se dressant seule dans un paysage rocheux. Ce pic couronné de neige avait déjà en lui même une aura, une vie unique mais elle avait aussi son âme qui elle, était inexplicablement faible mais stable. Quel que chose avait fait du mal à cette montagne et cela n'avait pas été rien si son âme était ainsi.
Cependant, ce n'était pas la montagne elle même qui l'avait attiré. C'était une âme, un être qui se trouvait à l'intérieur. Il en était certain maintenant qu'il pouvait voir l'endroit directement. Cette âme, cette aura et cette magie étaient incroyables. Il ignorait quel être avait une telle chose mais il était unique c'était certain. Il rayonnait d'une énergie chaude, ancienne, puissante, dominante, impérieuse. Il était de feu, de terre et d'air, il le percevait nettement maintenant. La terre dominait largement et il avait une magie particulière formidable. Au plus il s'approchait, au plus il en voyait, au plus il était attiré mais l'énergie de la montagne l'empêchait d'être vraiment précis. Il lui faudrait rencontrer la source de tout cela pour en avoir le cœur net. Il était cependant certain pour lui que quoi ce que cela donne, cette rencontre serait très intéressante.
En attendant, alors qu'il s'arrêtait pour une journée de pause après une nuit de marche, il tourna son attention sur la ville présente sur le lac. Une ville humaine plus conséquente qui sentait le poisson de loin, signe qu'il devait y avoir de nombreux pêcheurs. Cela se confirmait avec les embarcation et la localisation, la chose logique. L'endroit n'était pas particulièrement repoussant ou attirant, un peu triste à ses yeux et il s'en désintéressa bien vite. Il trouva aussi une autre rivière se jetant dans le lac, venant de l'ouest et de cette zone claire et attirante à la magie chantante qu'il détectait dans la forêt. Il ne pouvait pourtant en savoir plus. Il voyait loin avec ses sens et ses perceptions magiques mais cela restait assez général. Il préféra donc se recentrer sur la montagne.
Il voyageait déjà depuis des mois au vu des saisons passées mais il n'avait pas réellement compté. Les journées étaient équivalentes à sa première vie, un peu de magie l'ayant aidé à le vérifier. Le début avait été un peu plus éprouvant le temps que son nouveau corps se réveille et trouve son endurance qui s'avérait remarquable mais ensuite, la chose s'était transformée en balade agréable pour lui. Il avait pris tout son temps, flânant, profitant et maintenant, il ne devait lui rester que quelques jours de voyage jusqu'à cette montagne et ce qu'elle abritait, l'excitation et la curiosité montant un peu plus. Ce voyage lui avait donné le temps d'appréhender la nature de cette terre, de ce monde dans son aspect sauvage et fondamental. Il adorait. Tout ici chantait la liberté et la pureté, c'était sauvage et vif, plein de vie et d'énergie, de magie, loin de son ancien monde. C'était très beau et émouvant pour lui. Il n'en n'avait vu que peu mais il était heureux d'être ici, se disant qu'il devait pouvoir se faire une belle vie. Il ne savait pas encore s'il pourrait se mêler aux peuples intelligents mais même s'il devait vivre en ermite pour une raison ou une autre, cela lui allait. Il était plutôt solitaire aujourd'hui même si une présence ne serait pas de refus. Et profiter de cette nature et de cette magie était tentant.
Lorsqu'il arriva au pied de la montagne, il resta stupéfait. La région était désolée, rocheuse, escarpée, pleine de ravins et de crêtes, de montagne ridicule à côté de celle qu'il visait. La terre était faible ici même s'il n'arrivait pas à savoir pourquoi. Tout était de roches et de végétation rase. Le jour se levait alors qu'il arrivait après une nuit de marche. Le pic était très impressionnant, tellement gigantesque. Jamais il n'avait vu telle montagne. Elle était splendide quoi que la voir couverte d'un peu de vie et de végétation serait plaisant. Elle était totalement nue, comme tout autour d'elle. Il y avait une route menant à elle, à une sorte de porte dans la montagne. Et quelle porte. C'était magistral. Il y avait comme un mur de forteresse sculpté dans la paroi. C'était comme un rempart doté d'une immense porte et encadré de deux immenses statues. L'œuvre était splendide, n'importe quelle imbécile pourrait le dire. Alors soit les constructeurs étaient de prodigieux artisans, soit ils avaient la magie, soit ils avaient des moyens dépassant l'époque médiévale qu'il avait constaté jusqu'ici. Ou un peu des trois.
C'était parfait, sans défaut même si c'était abîmé. Mais cela ne venait pas d'un défaut de construction. Cela venait du temps ou d'autre chose, comme s'il y avait eu bataille. Les deux statues encadrant le rempart étaient imposante et la première chose qui lui vint à l'esprit en les regardant fut le mot « nain ». Cela ressemblait à des nains de contes et de légendes, en armure et armée avec leurs barbes et leurs silhouettes trapues et solides. Mais impossible de savoir s'il s'agissait de nain. Si les statues étaient à taille réelle, il s'agissait plus de géant que de nains et si elles ne l'étaient pas, impossible de savoir quelle était leur échelle réelle. Il ne pouvait même pas savoir si ces personnages existaient ou étaient des représentation fantaisistes d'autre chose. La porte gigantesque alors peut-être que le peuple qui l'avait construit était aussi grand mais rien n'était certain.
Il s'avança jusqu'à la porte, y posa sa main, l'autre tenant son bâton. L'entrée était scellée de toute évidence. Il ferma les yeux et se concentra sur ce qu'il était venu voir et dont l'aura brûlait tel un feu ardent et puissant magnifique. C'était à l'intérieur de la montagne. Il semblait y avoir de grands espaces creusés dans la roche et même sous le pic ou la rivière qu'il avait remonté prenait sa source. Cela ne semblait pas naturel mais il ne pouvait en être certain. Au vu du rempart d'entrée, un peuple avait fait de cette montagne son refuge, peut-être une ville vu la taille des espaces. C'était totalement incroyable pour lui, prodigieux. Quelque chose d'aussi gigantesque. Il n'y avait pourtant qu'une seule vie à l'intérieur, même pas un insecte mais la présence grandiose et souveraine qui baignait l'endroit de son énergie tel un roi, revendiquant clairement les lieux comme sien exclusivement aurait fait fuir instinctivement n'importe quelle vie intelligente ou non.
L'âme qui était là était elle intelligente, très intelligente, il le sentait. Elle était là dans un vaste espace sous la terre, paisible, immobile, endormie. Maintenant qu'il était là, que faire ? Toquer semblait être totalement inutile. Jamais on ne l'entendrait. Envoyer un signal magique pour faire connaître sa présence ? Cela semblait être la seule option. Il fit donc cela, infiltrant sa magie à l'intérieur, espérant que cela ne serait pas vu comme une impolitesse et un intrusion puisque cet endroit semblait être le domaine de cet être. Il fit savoir qu'il était là, répandant son énergie avec douceur et politesse, respectueux, calme, transmettant un appel à la rencontre, à l'échange, à la paix. Il fit de son mieux pour transmettre son envie avec autant de forme que possible. Il espérait être comprit mais cette âme avait une telle puissance magique qu'elle devait pouvoir s'en servir, la sentir.
Ce fut le cas. Il perçut le mouvement à l'intérieur, l'éveil de cet esprit massif. Il se prépara à tout même s'il espérait ne pas être attaqué. Il ignorait à quoi il avait à faire et si lui était enthousiaste, ce n'était peut-être pas le cas de l'autre. Son énergie avait beau le fasciner, il percevait aussi le danger, l'attitude d'un chasseur et d'un guerrier féroce, celle d'un être près à se battre et à tuer si nécessaire. Il y avait une volonté de protéger son territoire et sa possession absolument hors du commun. La possessivité, il avait déjà rencontré un nombre incalculable de fois mais jamais à une telle échelle. Qui ce soit cet être, il était puissant et dangereux, combatif et déterminé même s'il estimait pouvoir se mesurer à lui. L'affrontement n'était cependant pas souhaitable comme toujours et il avait tellement envie de découvrir cette âme. La paix était nécessaire pour ça.
Il sentit l'être s'approcher sentant vaguement sa taille sans détail. Mais rien que cela annonçait qu'il avait à faire à un titan et cela lui prouva qu'il existait des êtres incroyables en ces terres. Il retira son énergie en sentant qu'on l'avait perçu et qu'on venait vers lui. Il laissa simplement sa conscience et sa magie juste de l'autre côté de la paroi pour pouvoir communiquer. Il se sentit un peu nerveux et excité tout à la fois, plein de curiosité. Il fallut un petit moment, la terre tremblant au mouvement de la grande créature à l'intérieur. Mais finalement, elle fut là, dans le vaste espace se trouvant de l'autre côté et il usa de sa magie pour projeter va voix à l'intérieur :
- Bonjour, commença-t-il doucement, veuillez m'excuser pour cette intrusion.
- Qui es-tu ? répondit une voix grave et profonde faisant vibrer les lieux.
Il l'entendit à travers sa magie très nettement, notant le ton suspicieux, méfiant et agressif. Il dérangeait de toute évidence.
- Je m'appelle Nefrea, se présenta-t-il. Enchanté.
- Un nom inconnu. Que viens-tu faire ici Nefrea ? questionna-t-il d'une voix légèrement sifflante.
- Je suis venu pour vous rencontrer, expliqua-t-il avec franchise. J'ai perçu votre âme de loin, votre magie, votre esprit, votre aura et son feu ardent m'a attiré. J'étais curieux de savoir qui pouvait dégager telle énergie alors je suis venu en suivant votre présence.
- Sais-tu qui je suis ? s'amusa-t-il. Ce que je suis ?
- Non. Je suis là pour l'apprendre si vous y consentez.
- Pour cela, il faudrait déjà que tu puisses entrer petit intrus ignorant, ricana-t-il.
- Je le peux. Mais je ne le ferai pas sans votre permission. Nous sommes chez vous si j'en crois ce que je sens. Votre énergie baigne et revendique ces lieux. Je ne me permettrai pas d'entrer chez vous sans votre invitation, fit-il avec sérénité et politesse.
Il sentait la curiosité de l'autre, sa suspicion mais aussi son dédain, comme s'il le jugeait insignifiant, tout juste assez pour l'amuser un peu mais cela lui allait. C'était à lui d'attirer son intérêt et son estime désormais, c'était lui qui s'invitait et qui voulait faire connaissance.
- L'invitation est accordée, fit son interlocuteur. Mais sache que je te dévorerai si cela me plaît ou que tu fais preuve d'une éducation discutable.
Autrement dit, il lui fallait être poli, respectueux, ne pas faire de bêtise. C'était plutôt clair et complètement acceptable. Permission donnée, il mobilisa sa magie de terre, demandant à la roche devant lui de bien vouloir le laisser passer. Et elle le fit, s'écartant juste assez pour qu'il puisse avancer, ouvrant un tunnel donnant, quelques pas plus loin, sur un gigantesque espace sombre. Mais ce qui attira son attention fut celui qui se trouvait là et pour qui il était là. Un dragon. Un immense dragon encore plus grand que lui dans sa forme animagus. Il était incroyable, sublime à ses yeux, dangereux, puissant, ancien. Un dragon à intelligence élevée de toute évidence, doué de parole comme jamais il n'aurait cru le voir. Pas étonnant qu'il ait une aura aussi flamboyante et chaude. C'était un dragon dont-il percevait le feu et même la chaleur physique. Il était bipède même s'il semblait se servir de ses ailes et des serres qui s'y trouvaient comme de bras et de mains. Il était gracile, serpentin, d'un rouge sombre avec des yeux d'or en fusion. Vue en directe, son aura, son âme et sa magie étaient encore plus stupéfiants, attirants, chauds, enivrant… Jamais il n'avait croisé une chose pareille.
Il s'arrêta dés qu'il fut à l'intérieur, la roche se refermant derrière lui alors que ses yeux perçaient facilement l'obscurité. Il stoppa pour le pas offenser le dragon, restant pourtant parfaitement tranquille et calme. Oui la créature était puissante mais il était à la hauteur, il le savait. Au pire, s'enfuir serait aisé. Il pourrait transplaner plus loin vers un endroit qu'il avait traversé, la chose fonctionnant aussi en ce monde. Il admira le dragon qui l'analysait aussi. Et s'il ne laissa rien transparaître dans son attitude, l'istari perçu sa curiosité grandissante et dévorante, son étonnement. Cela lui permettrait certainement d'engager la discussion et de tenter d'établir une relation. Maintenant qu'il l'avait sous les yeux, il voulait encore plus le connaître. Il sentait quel que chose de perverti en lui pourtant, il était persuadé que cela ne faisait pas véritablement partie du dragon, comme si on avait incrusté quel que chose en lui. Il était redoutable et dangereux mais il n'était pas inquiet, espérant s'attirer au moins un statu neutre paisible pour avoir une chance de rester un peu.
- Merci de me laisser entrer chez vous, commença-t-il.
Il porta une main à sa gorge, parler véritablement, physiquement faisant très étrange. Il n'avait parlé ainsi à personne depuis si longtemps. Au pire, il avait crié sous une souffrance ou une autre mais parler ? Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où c'était arrivé. Sa voix et sa gorge fonctionnaient parfaitement sans gêne ni douleur mais cela faisait une drôle d'impression.
- Tu n'es pas effrayé, remarqua le dragon en avançant sa grande tête vers lui pour le voir de près.
- Je ne le suis pas, répondit-il simplement pas du tout perturbé par les grandes dents acérées s'approchant de lui.
- Vois-tu ce que je suis désormais ? s'amusa-t-il. Qui je suis ?
- Ce que vous êtes bien entendu. Un dragon. Mais vous êtes le premier dragon d'une telle ampleur que je rencontre. En revanche, j'ignore qui vous êtes. N'y voyez aucune offense, je viens d'arriver en ces terres et j'ignore encore presque tout.
- Voyez vous cela, susurra-t-il. Et de là d'où tu viens ne t'a-t-on pas appris à faire attention à ne pas aller vers ce que tu ne connais pas ?
- Si on ne va pas vers ce qu'on ne connaît pas, comment pourrait-on découvrir de nouvelles merveilles ? sourit-il. Je n'ai eu que peu de merveilles dans mon passé et votre énergie est une merveille à mes yeux. Cela vaut la peine de prendre le risque et je suis heureux de l'avoir fait.
Il sentit la pointe de satisfaction orgueilleuse du dragon à être qualifié de la sorte, s'en amusant intérieurement.
- Qu'es tu petite créature ? demanda-t-il ensuite. Je n'ai jamais vu d'être comme toi, senti une odeur comme la tienne, dit-il en le reniflant. Tu sens la magie, tu sens le feu et l'air, tu sens les trésors précieux et le mithril pur.
- Le mithril ? releva-t-il intrigué.
- Ignores tu de quoi tu es fait ? rit le dragon. Pauvre petite chose. Qu'es-tu ? redemanda-t-il plus fermement.
- Je ne puis dire que peu de choses. Je sais que je suis unique et que je suis Maia, Istar de Mandos.
- Istar ? Lequel es-tu ?
- Lequel ? répéta-t-il un peu confus. Celui de Mandos.
- Non, ta couleur, ricana-t-il. Es-tu l'un des Bleus ? Le Gris ? Le Brun ? Non, plutôt le Blanc j'imagine, réfléchit-il.
Se souvenant que Mandos lui avait donné une couleur, il commença à comprendre.
- Le Noir, fit-il. Mandos a dit que je suis le Noir.
- Il n'y a pas de Noir. Il n'y a que les cinq et le noir n'est pas une couleur d'istari.
- Je vous crois volontiers mais c'est ce qu'il m'a été dit lorsque je suis arrivé en ces terres.
- Et comment es-tu arrivé ici ? D'où viens tu ?
- D'un autre monde, répondit-il franchement, d'un autre univers.
Il pouvait le dire tant qu'il ne parlait pas de la Mort et de son processus pour les âmes ordinaires. En revanche, il ne lui était pas interdit de parler de lui et de son cheminement.
- Comment cela ? questionna le dragon plus curieux encore en le fixant avec insistance.
- Mon âme est particulière. Lorsque je termine une vie, j'en commence une autre dans un autre monde en me souvenant de la précédente. Je nais adulte. Je suis né en ce monde il y a peu, sous la protection de Mandos en tant qu'istar mais je ne sais même pas encore pleinement ce que cela signifie, j'ignore encore presque tout. Vous êtes le premier avec qui je converse depuis mon arrivée. J'ai été attiré par votre énergie et j'étais curieux de voir à qui elle appartenait. Je suis donc venu vers vous mais je ne sais pas grand-chose de ce monde. Ce que j'ai vu sur ma route n'est que peu.
- Que voilà une histoire intéressante, remarqua-t-il très intéressé. Avais-tu déjà vu un dragon avant ?
- Il y en avait dans mon monde précédent mais si ce n'était par un aspect physique général, ils ne vous ressemblaient en rien. Vous êtes radicalement différent. Rien que par votre taille vous êtes bien au-delà. Ceux que j'ai connus étaient dix fois plus petits et n'étaient pas doués de parole ou d'une intelligence aussi élevée. Vous êtes totalement différent d'eux bien que votre forme soit familière.
- Sais-tu où tu te trouves ? Ce qu'est cet endroit ?
- Votre demeure, répondit-il. C'est tout ce que je sais.
- Dans ce cas, laisse moi t'apprendre ceci, gronda-t-il. Les istari et les dragons ne sont pas amis, bien au contraire.
- Je l'ignorai, avoua-t-il sans vrai surprise ou peur. Pourquoi ?
- La lumière et les ténèbres s'affrontent toujours. Tu es de la première, je suis des secondes.
- Je vois, soupira-t-il fatigué par ces idées récurrentes. Ce concept n'a pas vraiment d'intérêt à mes yeux, dit-il en sentant sa surprise. Les ténèbres et la lumière peuvent parfaitement aller ensemble si elles le veulent et chacune a son rôle dans l'équilibre du monde. Si les istari sont de la lumière, je suis aussi le Noir pour une raison. Je ne m'estime pas être de l'un ou de l'autre mais des deux. Les ténèbres ne me dérangent pas. Seul un chaos fou malsain et destructeur me dérange et il peut être aussi blanc que noir.
- Un concept amusant, ricana-t-il. Mais un concept qui n'a pas cour ici, remarqua-t-il en le faisant soupirer.
- Peu importe ce qu'on a fait de moi, on ne changera pas mon âme. Elle m'appartient et ce concept est vérité pour moi. Cela veut dire que vous n'êtes pas mon ennemi à mes yeux. J'aimerai faire votre connaissance.
- Pourquoi ?
- Parce que je le veux, parce que vous m'intriguez, m'intéressez. Faut-il une autre raison ou plutôt, une autre raison serait-elle une bonne chose ?
Le dragon l'observa, l'air partagé entre l'envie de le dévorer, la curiosité, l'envie de percer un mystère et la surprise.
- Sors de chez moi petite créature, ordonna-t-il en grondant.
Il approuva, sentant qu'il n'y avait pas à discuter mais que rien n'était fini. La créature semblait vouloir y réfléchir et voir ce qu'il allait faire s'il le renvoyait. Il lui donna un signe de tête respectueux en salutation :
- Merci de m'avoir accordé un peu de temps. Au revoir.
Il transplana ensuite pour sortir, réapparaissant juste à l'extérieur de la montagne. Il resterait là, décidé à attendre une réaction du dragon ou de retenter sa chance. Il n'avait pas été dévoré ou réduit en cendre cette fois, c'était plutôt bon signe et il savait qu'il avait éveillé la curiosité du maître de la montagne. Il resta donc juste à l'extérieur puisqu'après tout, il lui avait juste demandé de sortir sans rien de plus. Le dragon était intelligent, très intelligent, c'était clair dans son aura. Il n'avait pas dit cela pour rien. Et il sut qu'il savait qu'il était resté là, la présence du titan restant dans la grande salle comme pour le surveiller un moment. Il s'assit simplement dos à la porte scellée, regardant le soleil levé, se disant qu'il pouvait dormir un peu maintenant. Il prit le temps de manger et de boire avant cela, sortant ensuite de quoi se couvrir dans le froid d'automne, dressant sa bulle de magie protectrice et dissimulatrice autour de lui. Il veilla à rester détectable pour le dragon, ne voulant pas attiser ses suspicions et lui permetant de l'observer s'il le pouvait et le voulait. Un tel être le pourrait sûrement avec toute cette magie en lui.
Il s'installa, souriant. Il était arrivé et ce qu'il avait découvert l'enchantait. Un dragon. Un dragon fantastique comme jamais il n'aurait cru en voir. Cela répondait à la présence éventuelle de cette espèce ici, de sa version animale de lui. Et ici, ils étaient bien plus grandioses que dans son ancien monde de toute évidence. Il avait envie d'en savoir plus là dessus. La rencontre n'était pas décevante, loin de là même si le dragon, dont-il ne connaissait pas encore le nom, semblait avoir son caractère. S'il ne l'avait pas dévoré, s'était uniquement parce qu'il était follement curieux, comme si son mystère était un divertissement de choix pour lui. Il allait en profiter. De près, la présence du dragon était encore plus belle, puissante avec ce feu si tentant pour lui. Il se disait des ténèbres et il le percevait mais il n'était pas mauvais ou malsain au sens où lui l'entendait. Il y avait bien cette chose viciée et déséquilibrée en lui mais ce n'était pas lui, la chose claire à ses perceptions même s'il ne comprenait pas ce qu'il sentait. Il espérait qu'il le saurait vite.
Une chose bien plus décevante était d'apprendre que le concept de noir et blanc, de bien et de mal, de ténèbres et de lumière semblait aussi avoir cour ici. Il avait horreur de ça. Les deux étaient complémentaires. Là où cela dégénérait était quand un chaos fous s'invitait et il pouvait être blanc ou noir. Il pouvait être un esprit de paix et de bien absolu poussé à un tel extrême qu'il en devenait pervers et malsain ou il pouvait être de violence cruelle et sanglante sans limite provoquant la destruction de tout. Le chaos pouvait être dans l'empoisonnement du monde, de la magie, de la nature, de la vie ou de la mort comme Voldemort avait pu le faire avec les horcruxe ou les inferi, comme son ancien monde l'avait fait. Mais tout cela était loin de ce que les gens qu'il avait côtoyé considéraient blanc ou noir, mal ou bien, lumineux ou ténébreux et il était déjà fatigué par ce débat. La vie lui avait durement enseigné qu'il n'y avait pas le mal d'un côté, le bien de l'autre. C'était bien plus complexe et tout avait sa place dans l'harmonie à condition justement de ne pas partir dans un extrême destructeur.
Une autre chose qu'il avait appris était qu'il n'y avait que cinq istari si on l'excluait. Le dragon avait parlé d'un Blanc, d'un Gris, d'un Brun et de Bleus. Probablement deux s'il était cinq comme annoncé. Il serait donc le sixième. Il n'était pas tout à fait sûr que les istari désignaient les magiciens ou s'ils étaient un type de magicien. Mais cela voulait dire qu'il faisait parti d'une sorte d'ordre rare. Ce n'était pas illogique. Mandos avait dit que chaque istari avait un Vala protecteur et les Valar semblait être les maîtres, peut-être les dieux de ce monde. Cela ne devait donc pas être courant. Il avait tellement de question sur tout ceci mais il le laissa sur le côté. Il n'était pas pressé et les choses viendraient en leur temps. Il n'avait pas envie de se prendre la tête pour le moment, juste de se laisser porter par ce qui lui plaisait.
Il se reposa et s'endormit, savourant la présence proche de cette puissante aura agréable pour lui. Rester auprès du dragon et faire sa connaissance semblait ne pas être une chose facile mais il relevait le défi, cela l'amusant un peu et il était aussi curieux que la créature. En plus, si les choses continuaient ainsi, l'hiver arriverait dans quelques temps et le passer dans l'antre chaude d'un dragon était vraiment une idée agréable. Il prit un temps de sommeil, se réveillant à la tombée du jour, boudant en voyant à quel point le ciel était couvert. Il n'y aurait pas d'étoiles et de lune ce soir. Il s'éveilla tranquillement, décidant de faire autre chose cette nuit. Ces derniers jours, il avait pressé le pas pour arriver plus vite, excité et il n'avait plus trop fait attention à la région. Il pouvait le faire maintenant en attendant une réaction du dragon. Il s'assit donc confortablement pour fermer les yeux et étendre sa magie, activant ses perceptions avec puissance. Ainsi, il pouvait aller au contact de tout, tout scanner et toucher pour se faire une idée. Au plus il était précis, au plus il allait loin, au plus cela était fatiguant mais ce n'était pas un problème dans l'immédiat.
Il laissa donc courir son énergie autour de lui, prudent pour ne pas toucher une chose par laquelle il ne voulait pas être vu. Il s'abstint de de faufiler dans la montagne pour ne pas contrarier son propriétaire mais il alla voir la région tout autour. Il fit cela cette nuit là et la suivante, et la suivante, patient alors que rien ne se passait. La région était désolée, sans trop de vie et seulement sous la forme de quelques animaux et plantes pauvres. L'ambiance était étrange. Elle n'était ni bonne, ni mauvaise, comme figée. Il fit le tour de la montagne et de ses alentours, cela prenant plusieurs nuits devant l'immensité de l'endroit. Tout était silencieux avec peu de mouvement et de vie. à première vue, cette région était effrayante, froide, sombre, désertique. Mais ce n'était qu'une vue des yeux et une impression. Lui savait que ce genre de chose pouvait cacher bien plus que ce que les peuples intelligents pouvaient voir ou aimer.
Intrigué, il se concentra sur la terre, la nature, le ciel, sur leur énergie, leurs âmes, leurs auras pour tenter de comprendre pourquoi cette région qui semblait propice à bien plus de vie et d'abondance était ainsi. Il y avait de l'eau, le climat semblait tempéré, l'air était pur… Donc à moins d'un aléas dévastateur ou profondément impactant, il n'y avait pas de raison pour que ce soit ainsi après les étendue vivantes qu'il avait traversé. Le dragon et son pouvoir pouvait certes faire fuir ce qu'il pouvait y avoir dans la montagne, dans son domaine, mais pas ce qu'il y avait autour et pas la végétation. Il se concentra donc là dessus, cherchant à lire précisément les énergies qu'il percevait pour comprendre. Pour une raison ou une autre, tout était en sommeil, traduisant cette inertie qu'il percevait partout ici. La terre dormait, sa force en sommeil ne permettant plus à quoi que ce soit de prospérer ici. Il resta perplexe. Il avait rencontré des contrées morte, à l'agonie ou à divers niveaux de vie mais jamais endormie. Si on était logique, elle dormait parce qu'elle avait besoin de repos, parce qu'elle était blessée ou fatiguée. Peut-être que cela faisait partie d'un cycle normal de la terre en ce monde ? Il n'en savait rien mais ça expliquait l'état de la région. Cela dépendait toujours de sa santé.
Il passa ainsi plusieurs jours et nuits tranquilles même si le froid s'installait toujours plus, assombrissant son humeur. Il n'aimait vraiment pas le froid et l'humidité, cela ne lui rappelant que trop ses cavales incessantes et détestées. Il avait sentit le dragon voyager dans sa demeure, retournant là où il dormait, revenant parfois dans la grande salle derrière lui, humant à travers les rochers pour le sentir. Il se sentait observé par lui, comprenant qu'il avait toujours une part de son attention sur lui. Il percevait sa curiosité aussi dévorante que la sienne et ce fut sûrement pour cela que finalement, les choses bougèrent.
Il se réveillait en fin de journée, roulé en boule dans sa cape et sa couverture contre la paroi de pierre, son bâton dans les mains. Il se redressa lourdement, soupirant lourdement en levant les yeux vers le ciel pour voir qu'il n'aurait pas les astres ce soir non plus. Il n'en n'avait pas besoin tout les jours, très loin de là mais il adorait ça. Immédiatement, il perçut la présence scrutatrice du dragon juste derrière lui. Il se laissa faire et fit apparaître de l'eau pour boire un peu. Quelques instant plus tard, un coup assez brutal fut donné dans la pierre derrière lui. Pas assez pour abîmer la paroi mais bien assez pour tout faire trembler. Le dragon avait toqué de l'intérieur. Il sourit en le réalisant et projeta sa magie de l'autre côté pour parler avec lui :
- M'était-ce adressé ? demanda-t-il avec amusement.
- Entre petite créature, répondit le dragon en grommelant.
Souriant, il se leva, rangea ses affaires d'une pensée et transplana pour arriver là où il avait été à leur premier échange. Le titan parut surpris de le voir apparaître ainsi.
- Bonjour, salua poliment Nefrea. Je suis ravi de pouvoir vous rencontrer à nouveau.
- Comment fais-tu pour apparaître et disparaître ainsi ? questionna-t-il avec intérêt.
- C'est un pouvoir issu de ma vie précédente, répondit-il. Il permet de se déplacer instantanément d'un point à un autre.
- Peux tu aller où bon te semble ainsi ? gronda-t-il avec agressivité et méfiance.
- Non. Je ne peux aller que là où j'ai déjà posé le pied. Certaines magies ou choses peuvent l'empêcher et au plus l'endroit où je veux aller est loin, au plus cela m'épuise. Si votre inquiétude est de savoir si je puis m'inviter chez vous ainsi la réponse est oui mais à des points ou je suis déjà venu. Cela et je vous donne ma parole que je n'entrerai jamais chez vous sans votre permission et que je n'irai pas là où je n'aurai pas été invité à aller. Je le jure autant que cela puisse avoir de la valeur pour vous.
- Je te dévorerai s'il en est autrement, assura-t-il dangereusement. J'ai senti ta présence partout autour de ma montagne, pourtant tu n'as pas bougé de la grande porte. Qu'as-tu fait ?
- J'usai de ma magie et de mon esprit pour explorer les alentours, voir ce qu'il y avait, si je ne risquai pas de visite désagréable et faire connaissance avec la terre.
- Faire connaissance avec la terre ?
- Oui. Avec son âme, avec sa magie, acquiesça-t-il. Je préfère les éléments et la nature en général.
- Tu peux converser avec la terre ?
- Converser n'est peut-être pas le bon mot. Dans mon cas tout du moins. C'est un échange de sentiments purs, d'émotions, d'images, de sensation… Il n'y a pas véritablement de mot.
- Aucun peuple de ce monde ne converse avec la terre. Cela ne les intéresse pas.
- Et bien moi, cela m'intéresse. La terre nous porte, nous accueille et nous permet de vivre. Un peu de considération et d'attention pour elle est la moindre des choses.
- Que voilà une remarque intelligente et sensée, ricana-t-il. Je n'ai que peu de distraction ici et si tu viens d'un autre monde comme tu l'avances, tu dois avoir des histoires intéressantes à raconter.
- J'ai certainement des choses à raconter, sourit-il, mais que cela vous plaise ou non je ne puis l'affirmer.
- Et bien, nous verrons cela, fit-il en se redressant.
Soudain, Nefrea vit la poitrine de la créature irradier de lumière de feu, comprenant ce qu'il allait faire sans pour autant sentir de menace d'attaque dans son aura. Il n'y avait qu'une envie de s'amuser. Malgré cela, il prit soin de dresser une protection solide autour de lui, conscient de la puissance de l'être devant lui. Le dragon se dressa majestueusement avant de déverser sa flamme, illuminant l'immense salle impressionnante et ses piliers massif parfaitement taillés. Le feu du dragon le frôla de près sans pour autant le menacer réellement, dessinant un grand arc de cercle autour de lui contre la muraille de l'entrée, laissant une trace sombre sur la roche. Le feu s'éteignit et il sentit la déception du dragon devant son manque de réaction face à son feu. Il avait certainement espéré l'effrayer puérilement.
- Hum. Courageux, admit-il. Tu n'entreras ici que sur mon invitation et jamais tu ne mettras le pied hors de cet espace, décréta-t-il en désignant la zone délimitée par la trace de ses flammes au sol. Si tu le fais, je te dévorerai. Si tu oses infiltrer ta magie dans ma montagne, entrer sans invitation, aller là où tu n'es pas admis, je te dévorerai. Si tu m'ennuies, je te dévorerai. Est-ce assez clair pour toi petite créature ?
- Cela l'est, sourit-il. Je respecterai ces règles à la lettre.
- Alors il sera certainement amusant d'entendre tes histoires.
- Me raconterez vous les vôtres en échange ? demanda-t-il.
- Non verrons. Si tes histoires le valent, peut-être répondrai-je à tes questions, fit-il l'air moqueur.
- Puis-je au moins connaître votre nom ?
- Je suis Smaug, répondit-il avec force et fierté, dernier des grands dragons de feu de la Terre du Milieu.
- C'est un plaisir, Smaug, sourit-il avec douceur.
