De son côté, Yujii vint presser son téléphone contre son torse, comme pour protéger son interlocutrice virtuelle des dires vénéneux de sa camarade.
"Une... croqueuse de minets ?... Mais... Mais absolument pas !" objecta fermement le porteur de démon. "C'est une chic fille, c'est tout ! Douce et innocente..." continua-t-il avant de murmurer "pas comme certaines..."
"Pardon ?" Vociféra Nobara, vexée. "Tu insinues quoi là ?"
"Elle a dit qu'elle ne devrait pas tarder… Qu'est-ce qu'on fait, on l'attend ? " enchaina Yuuji en se dandinant d'un pied à l'autre, visiblement nerveux, ignorant volontairement sa camarade qui fit volte-face pour bouder.
Megumi regarda son propre téléphone pour s'assurer de l'heure. Il ne faudrait pas qu'ils dépassent le couvre-feu de leur lycée si particulier, le vice proviseur était assez pointilleux sur ce genre de détail. Une idiotie complète à son sens, on les envoyait à 15 ans à peine tuer des fléaux et risquer leur vie mais, hors mission, ils ne pouvaient pas rester dehors après 22h ? Aucune logique là-dedans… Il soupira, ce genre de chose l'exaspérant quelque peu. Cependant tout allait bien, il n'était pas encore 19h, ils avaient largement le temps devant eux. Au fond, si Yuuji voulait être un gentleman pour une fois, il ne voulait l'en empêcher.
« On peut l'attendre, se serait plus poli de toute façon. » déclara le brun d'un ton plat. « Elle ne sait peut-être pas lire le japonais en plus, tu pourras l'aider pour sa commande. »
Le porteur du fléau fixa une poignée de secondes son interlocuteur, assimilant ses paroles, avant de sentir une bouffée de chaleur lui monter aux joues. Il n'avait jamais côtoyé d'européennes jusqu'ici et tout ça lui paraissait presque… exotique. Leurs cultures étaient tellement différentes de la leur ! Il avait, par exemple, entendu dire qu'en France les gens s'embrassaient les joues pour se dire bonjour… Même entre hommes et femmes ! Et si elle était française ? Et si elle essayait de lui embrasser les joues ? Oh mon dieu, c'était trop de rapprochement physique alors qu'il ne la connaissait même pas ! Il sentait son cerveau bouillonner de questions improbables et sans réponse le plongeant dans un état timidité exponentielle, lui qui pourtant était d'une nature des plus sociables.
« Je… euh… oui… bien sûr, l'aider pour sa commande… » balbutia-t-il en se frottant la nuque histoire de se redonner un peu contenance, chassant tant bien que mal ses questionnements sans réponse
'Et si...' se disait-il à lui-même. ' Et si elle veut m'embrasser les joues et que je lui serre la main à la place, est-ce que c'est un drame diplomatique ? est-ce que je l'insulte ? Est-ce qu'elle pourrait en pleurer ? Je n'ai jamais embrassé quiconque en même temps ! Est-ce que ça compterai comme mon premier baiser même si c'est que la joue ?' Continuait-il de mouliner dans son esprit tourmenté.
'Oy, gamin.' Intervint intérieurement Sukuna de sa voix profonde et moqueuse, s'enfonçant avec dédain au milieu des crânes de buffles lui servant de trône. 'Arrête de te comporter comme le puceau nias que tu es, tu me rends malade… C'est juste une femelle…'
Le pic fit mouche et eut pour effet immédiat de métamorphoser la légère rougeur des pommettes du lycéen en un brasier cramoisie lui dévorant l'intégralité du visage, le faisant bégayer alors qu'il tentait de répondre à son fléau de locataire.
Mégumi observait le manège, devinant un coup bas du démon millénaire sous l'explosion de gêne de son camarade. La vie ne devait vraiment pas être aisée tous les jours avec ce taré dans sa tête en continue…
'Vieux misogyne !' finit par cracher mentalement Yuuji à l'adresse du roi des fléaux, qui ne parut pas vexé plus que cela par l'insulte, se scrutant les ongles d'une de ses mains. 'Tu fais ton malin mais t'en a jamais vu de ton temps, des européennes ! '
L'intéressé réfléchit quelques secondes, se remémorant sa lointaine vie d'il y avait 1000 ans. Effectivement, à l'époque, il n'y avait pas encore de contact entre le Japon et tous ces pays étranges formant l'Europe.
'Non… c'est vrai…' admit-il nonchalamment, posant son menton sur son poing fermé. 'Je veux bien gouter du coup, je suis curieux de savoir si leur viande est différente de celle des japonaises…' ajouta-t-il d'une voix ronronnant et avide, un sourire carnassier aux lèvres.
« Taré ! » laissa échapper tout bas Itadori.
Il soupira puissamment, passant ses mains dans ses cheveux pour retrouver son calme. Il ne devrait discuter comme il le faisait avec Sukuna, il le savait pertinemment. Le professeur Gojo lui avait conseillé de faire la sourde oreille et de fermer son esprit le plus possible au démon et ses délires mais il était plutôt difficile à ignorer. IL. N'ARRETAIT. JAMAIS. DE. PARLER.
L'adolescent ne savait pas si c'était dû à son isolement d'un millier d'années ou si c'était (SURTOUT) dû à son incommensurable égocentrisme le rendant amoureux de sa propre voix mais il piaillait sans cesse dans son crâne, commentant, questionnant, l'enquiquinant sans discontinuité. Quitte à se faire casser les pieds, Yuuji préférait rétorquer, sinon il allait devenir complètement timbré.
« Ça va ? » s'enquit son camarade aux yeux cobalts, sentant son combat intérieur.
« Oui oui… » répondit-il, faisant mine de se boucher les oreilles. « Si seulement ce malade avait un bouton 'mute' ça me faciliterait tellement la vie ! »
Un léger sourire se dessina sur les lèvres fines de Megumi. Personne d'autre que son vis-à-vis n'aurait eu la force mentale de supporter cette torture constante. Itadori ne cessait de l'étonner…
"Elle ne va pas m'embrasser, pas vrai ?" questionna le réceptacle à fléau d'une petite voix, presque à lui-même. "Non, c'est que des mythes tout ça..."
"Mais qu'est-ce que baragouine Itadori?" interrogea Nobara, n'ayant saisi que le mot 'embrasser', fronçant les sourcils. "C'est un burger que tu lui as proposé, pas un resto 4 étoiles et une tournée en limousine. Calme tes ardeurs ! Et puis c'est même pas sure qu'elle se pointe au final, elle te fait peut-être juste mariné pour le plaisir de se moquer de..."
"ITADORI-KUN!" la coupa une voix non loin, un rien essoufflée, ramenant l'attention des trois adolescents vers l'entrée du restaurant.
Juste devant les portes vitrées automatiques du restaurant qui se refermaient dans un doux glissement, la jeune étrangère se tenait debout, à bout de souffle, rejetant en arrière ses longs cheveux aux couleurs d'automne, les fixant de son regard doré improbable. Elle expira quelques secondes avant de traverser d'un pas assuré l'espace les séparant, leur adressant un sourire rayonnant.
"My god!" commença-t-elle en anglais avant d'enchainer dans un japonais un rien formel et empreint d'accent tranchant "vous m'avez attendu pour diner ? Je suis désolée de vous avoir fait patienter ! J'ai eu un... léger contretemps sur le chemin..."
Elle afficha une moue amusée a cette évocation, haussant légèrement les épaules.
"Je veux m'excuser pour mon retard" enchaina-t-elle en joignant les mains, penchant adorablement la tête sur le côté. "Je vous invite ?"
Yuuji la fixait, telle une apparition, perdue entre tous les débats intérieurs et extérieurs qu'il avait eu jusque-là par rapport à son hypothétique venue. Elle était réellement là pourtant... Douce, belle et rayonnante. Elle le regardait avec une intensité déstabilisante, le troublant au plus haut point, un sourire malicieux aux lèvres. Les européennes étaient décidemment redoutables !
'Juste alléchante, n'exagère pas, gamin' rétorqua Sukuna, une moue aux lèvres, détaillant à travers les innocents yeux de son hôte l'étrangère qui leur faisait face.
Le roi des fléaux pouvait malgré tout percevoir des différences flagrantes avec les femmes de son époque. Dans la physionomie déjà, bien plus marquée et sensuelle grâce à des courbes plus généreuses et aguicheuses, appelant à tous les vices. Dans l'attitude ensuite, même soi-disant polie, dans la façon de porter des vêtements amples et consciemment baillant laissant entrevoir une peau de lait et un décolleté avantageux, un regard sans détour empalant son interlocuteur, un rien mutin, un sourire impertinent...
'Les femmes de cette époque ne connaissent vraiment pas leur place' soupira le démon en passant une main sur ses lèvres, sentant son sang s'échauffer dans ses veines. Ah... si seulement il avait eu le contrôle de cette enveloppe charnelle... Il lui aurait appris à baisser ses yeux d'or et aurait effacé ce sourire trop confiant de ses lèvres sensuellement ourlées. Cependant... il y avait une lueur au fond de son regard félin transperçant qui faisait quelque part écho à une sensation familière. Un feu qu'il ne connaissait que trop bien... C'était... intriguant... pour une humaine...
"Itadori? Itadori? Tu es avec nous ?" répéta Megumi, fixant son collègue de ses yeux cobalts.
Ce dernier secoua la tête dans le but de chasser de son esprit la voix grave du fléau. Il reporta alors son attention sur l'étrangère lui faisant face, un doux sourire aux lèvres. Sa respiration s'était apaisée mais il était évident qu'elle avait couru pour les rejoindre au plus vite.
"Vous n'avez pas à vous excuser... Kali-san, c'est bien ça ? On a à peine attendu." finit par dire Yuuji en lui adressant un sourire sincère. "Et puis c'est à moi de vous inviter, c'est moi qui aie quelque chose à me faire pardonner !"
D'un coup il prit un air terriblement sérieux, plaquant ses bras le long de son corps. Il s'inclina profondément devant elle, solennel, prenant un peu de court la jeune femme.
"Encore désolée de vous avoir bousculée et d'avoir taché votre chemisier, Kali-san !" dit-il d'un ton fort et formel, attirant quelque peu l'attention des autres clients.
L'intéressée le fixa, un rien surprise, pendant quelques secondes avant de laisser échapper un léger rire. L'adolescent releva la tête pour la fixer, perplexe, alors qu'elle parcourait les quelques pas les séparant.
"Allons Allons, Itadori-kun." le rassura-t-elle d'une voix douce alors que l'adolescent se redressait, un peu rougissant, plongeant son regard d'or dans le sien. " Tu prends ça bien trop à cœur ! Je n'ai rien de cassé et les vêtements, ça se lave. Tout va bien, vraiment, rassure toi..."
En disant cela, elle tendit la main vers lui comme pour venir lui tapoter gentiment l'épaule. Mais à l'instant où ses doigts frôlèrent l'uniforme d'exorciste du jeune homme, une violente décharge électrique les parcourut tous les deux, les faisant brusquement s'éloigner un peu l'un de l'autre. Kali le fixa, décontenancée, sa main plaquée contre sa poitrine alors que Yuuji avait posé la sienne sur son épaule, également pris de court par la violence du puissant choc énergétique s'étirant encore entre eux. Il y avait là une sensation... étrange, par-delà la simple électricité statique, comme un gout de métal latent, une impression oppressante qui fit tiquer Sukuna intérieurement, le faisant un peu se redresser au milieu de ses crânes... Il était presque sûr de reconnaitre cette sensation...
"Kali-san! Ça va ?" s'enquit le lycéen, inquiet, ne se questionnant pas plus que cela de son coté, inculte à ce genre de détails, s'approchant à nouveau de son interlocutrice.
"oui, bien sûr... Quelle châtaigne ! On dirait que le courant passe plutôt bien entre nous !" s'amusa-t-elle d'une voix légère, lui adressant un clin d'œil complice.
"Bon sinon..." les interrompit Nobara, un rien exaspérée par la scène. "On va commander où on attend le déluge ?"
"Ah..." laissa tomber Kali en se tournant vers l'adolescente, arrachant un pincement au cœur à Yuuji. "Désolée, je vous cause bien du tort aujourd'hui... Je vous suis. Votre aide sera salvatrice, je ne sais pas encore bien lire votre langue !"
Megumi glissa un regard entendu à son camarade qui se tendit brusquement, prenant visiblement cette mission très à cœur, ce qui amusait un peu le brun.
"Ne vous inquiétez pas, Kali-san !" s'emporta puissamment le porteur de fléau, ramenant l'attention de cette dernière sur lui. "Je vais vous servir de traducteur !"
Elle le regarda avec un léger sourire aux lèvres, plaçant ses bras dans son dos en se rapprochant un peu de lui, sans pour autant le toucher cette fois ci.
"Merci... I-ta-do-ri-kun..." susurra-t-elle du bout des lèvres, le troublant quelque peu. " Mais si et seulement si tu arrêtes avec les 'san'... Je suis bien plus jeune qu'il n'y parait."
"Oh..." laissa échapper le futur exorciste. "C'est... Une marque de respect au japon..."
"Je sais." reprit elle. "Mais... tu peux aussi m'appeler Kali tout court, ça ne me gêne pas."
Brusquement, à cette simple idée, un feu incandescent envahi le visage du lycée qui dévisageait, muet, l'européenne.
"Pardon !" s'excusa-t-elle piètrement en constatant la gêne profonde de son interlocuteur "Oublie ça, Itadori-kun... je ne voulais absolument pas te mettre mal à l'aise !"
"Au japon" intervint Megumi, voyant bien que son camarade de classe avait littéralement buggé, attirant sur lui le regard doré de l'étrangère. "On n'utilise les prénoms des gens que lorsqu'on a une certaine intimité avec eux. Kali, c'est votre prénom, n'est-ce pas ?"
La jeune femme hocha la tête, pensive.
"Oui... Mais moi, ça ne me dérange pas ! Et puis... quel gâchis !"
"Un gâchis ?" répéta le brun, perplexe.
"Oui... Le nom de famille, c'est comme... hummm" commença-t-elle en posant son index sur ses lèvres, songeuse "un tronc commun !"finit-elle par laisser tomber, tapant dans ses mains. "C'est ça, un tronc commun à l'ensemble d'une même famille !" affirma-t-elle en se tournant complètement vers le maitre du chien de jade, un rien surprit par son entrain manifeste. "Mais chacun de ses membres est unique." continua-t-elle, enthousiaste. "C'est pour ça qu'on donne des prénoms, pour différencier chaque personne formant cet ensemble. Et un prénom, c'est bien donné pour une raison : il y a de la réflexion derrière, de l'implication, un souhait pour l'être à qui on le donne. N'utiliser que le nom de famille, c'est gâcher toute cette individualité et cette puissance latente qui y est enfermée et qui caractérise celui qui la porte... non ?"
Elle se tut, dévisageant, un rien de candeur enfantine dans le regard, le jeune homme dont le prénom avait été choisi sans distinction de sexe par un géniteur bien moins attaché à ce genre de détails qu'elle ne paraissait l'être. En cet instant précis, Megumi trouvait qu'elle ressemblait terriblement à son camarade souvent trop gamin...
"Surement en Europe..." laissa finalement tomber le brun. "Mais ici, cela ne se passe pas comme ça."
"T'es rude, Fushiguro!" Le coupa Yuuji en s'interposant physiquement entre lui et son interlocutrice, visiblement sorti de sa torpeur. "C'est beau ce que vient de dire Kali-sa... sempai, moi je trouve !"
Il se tourna vers elle, les joues toujours rougissantes mais l'air déterminé.
"Vous pouvez m'appeler Yuuji si vous le souhaitez ! Moi, ça m'ira !"
Elle le dévisagea une poignée de secondes, un rien surprise, avec de pencher légèrement la tête sur le côté, lui adressant un sourire resplendissant.
" Alors qu'il en soit ainsi, Yuuji-kun."
"Pour l'amour du ciel !" S'écria sèchement Nobara, de plus en plus exaspérée, faisant sursauter les trois autres. "Prenez une chambre ou venez commander ! Et ici la majorité ici c'est 21 ans ! Sinon ça peut être jugé comme du détournement de mineur !" laissa-t-elle tomber sèchement à l'attention de l'européenne, un rien dédaigneuse.
Kali la dévisagea avant de pouffer de rire en se cachant la bouche d'une main, visiblement très amusée par sa remarque.
"Si tu savais..." murmura-t-elle comme pour elle-même, intriguant un rien les deux jeunes hommes l'encadrant n'ayant pas bien saisi ses paroles. "Votre amie a raison sur un point" enchaina-t-elle d'une voix plus forte. "On devrait aller commander ! Yuuji-kun, je te suis !"
Elle leur adressa une moue innocente, faisant taire les interrogations de l'interpellé. Il la précéda, la guidant vers le comptoir, trop ravi de pouvoir jouer aux gentlemans.
"Suivez le guide, sempai!" Dit-il en souriant, arrachant un éclat de rire à la jeune femme, le ravissant au plus haut point.
Megumi quant à lui demeura quelques secondes immobile, scrutant l'européenne qui s'éloignait d'un pas léger aux coté de Yuuji. Il ne savait pas pourquoi mais il y avait quelque chose en elle qui lui paraissait... familier... Pourtant c'était une humaine, il n'y avait pas une once de force occulte en elle, il en était certain... Alors pourquoi cette étrange sensation... ? Comme... Une incohérence... C'était étrange, peut être juste sa façon d'être, un rien déconcertante par rapport à ses habitudes japonaises... Il sentit alors son téléphone vibrer dans sa poche, l'extirpant de ses pensées. Il vint s'en saisir, reconnaissant immédiatement le nom qui s'affichait sur l'écran lumineux, lui arrachant instantanément un profond soupire. Il n'avait d'autre choix que de répondre... D'un pas trainant, il prit l'appel tout en se dirigeant vers la sortie du restaurant, histoire de mieux entendre ce que l'autre avait à lui dire...
"Ne vous privez pas, sempai" commenta le porteur de fléaux de son coté en pianotant sur l'écran numérique où défilait le menu du restaurant, ajoutant de multiples articles à sa future commande, affamé. "Je vous invite, alors prenez ce qui vous fait envie ! Même une salade, ça m'échappe mais je comprendrais..."
"Tu es adorable, Yuuji-kun" lui glissa la jeune femme, faisant rater un battement à son cœur. "Mais la salade, très peu pour moi, je suis une viandarde invétérée."
'Une femelle qui ne s'affame pas à coup de laitue comme un lapin, elle a bon gout l'étrangère...' intervint Sukuna.
"Je n'arrive pas encore à lire votre langue, si tu peux me prendre n'importe quel burger avec double steaks et fromages, ça m'ira parfaitement."
"Bien sûr..." sourit le lycéen amusé qui tapotait sur le clavier numérique, cherchant quelque chose correspondant à la description. "il y en a un à l'italienne ou à la mexicaine, sauce épicée et guacamole ? Et la cuisson ?"
"Epicé... Et grand dieu, bleu. On peut manger la viande autrement ?" ironisa-t-elle en lui adressant un regard faussement outré.
'Là, elle commence à me plaire...' reprit le démon carnassier, s'enfonçant dans son trône de crânes.
"Frites ? Enchaina Itadori, faisant la sourde oreille.
"Frites." acquiesça-t-elle d'un air entendu. "Eeeeeeet... ce... truc là en boisson s'il te plait"
Elle se pencha contre lui en pointant du doigt une limonade à la pomme, faisant naitre à nouveau une sorte d'électricité entre eux à laquelle elle mit fin en s'éloignant imperceptiblement. Un frisson parcourut l'adolescent de part en part, faisant se dresser ses cheveux rasés dans sa nuque. Il fit semblant de rien, déglutissant discrètement alors qu'il continuait de remplir leur commande commune. Pourquoi chacun de leur contact le mettait-il dans cet état ? Il n'était pas aussi pudibond que ça !
'Puceau...' se moqua Sukuna, pouvant néanmoins lui-même percevoir cette étrange impression électrique un rien désagréable qui parcourait le corps de son hôte après chaque frôlement avec l'européenne. Ça lui rappelait terriblement quelque chose sans qu'il puisse pour autant mettre le doigt dessus pour le moment, l'intriguant de plus en plus.
"La ferme, vieux taré..." murmura l'adolescent entre ses dents, piqué au vif.
"Pardon ? Tu as dit quelque chose, Yuuji–kun?" S'inquiéta Kali, l'extirpant de ses pensées désagréables.
"Ahah, non, pardon ! Vous voulez un dessert ?" éluda l'interpellé, souhaitant noyer le poisson.
"Non, merci... J'ai déjà l'impression d'abuser de ta gentillesse, Yuuji!"
"Bien sûr que non" rétorqua-t-il. "C'est le minimum que je puisse faire et ça me fait plaisir. La commande est passée, sempai!" continua-t-il en allant au comptoir pour récupérer après quelques minutes l'amoncellement improbable de nourriture qu'il avait acheté, faisant se lever un sourcil à son invité. "on a plus qu'à aller s'assoir et déguster !"
Le lycéen guida la jeune femme à travers la salle du restaurant jusqu'à la table où s'était installée Nobara qui pianotait obstinément sur son téléphone pour ne pas les regarder, visiblement de mauvaise humeur, sirotant bruyamment son soda. Kali s'installa néanmoins à ses côtés, posant son sac au sol, balayant la table du regard alors que Yujii se plaça en face d'elle en disposait son plateau, dispatchant les nombreux mets entre elle et lui.
"Vous n'étiez pas trois ?" questionna-t-elle, en récupérant les serviettes en papiers que l'adolescent lui tendait, faisant visiblement référence au brun qui avait effectivement disparu de la salle.
"Ah, si..." lui répondit Yujii en commençant à déballer un premier burger, récupérant d'une main un des multiples sachets de ketchup qu'il avait demandé, au grand damne de Sukuna qui détestait profondément ce condiment. "Nobarra, Où est passé Fushiguro? Il est aux toilettes ?" lança-t-il à l'adresse de l'adolescente qui demeura muette une poignée de seconde, de mauvaise volonté apparente.
"Il a reçu un coup de fil de notre prof je crois...Il est sorti tout à l'heure" finit-elle par lâcher du bout des lèvres, continuant à harceler son mobile. "Surement par rapport à tu-sais-quoi, Itadori. Tu sais, ce pourquoi on était là à la base. Il y a peut-être eu du changement..."
"Du... changement ?" répéta-t-il, intrigué.
Il ne se rendit pas compte que son invitée, en face de lui, se crispa un rien, jouant distraitement avec l'emballage de son sandwich tout en tendant l'oreille, attentive.
"Je n'en sais pas plus." enchaina la lycéenne. "C'est Fushiguro que Gojo sensei a appelé. Il t'en dira plus en revenant."
"Je vois... D'accord..." murmura Yuuji, un rien préoccupé. Le fléau qu'ils avaient chassé sans succès toute l'après-midi était déjà responsable de plusieurs meurtres, l'affaire était sérieuse. Ils se devaient de le mettre hors d'état de nuire au plus vite pour protéger les jeunes femmes auxquelles il s'attaquait préférentiellement. A cette pensée, le réceptacle démoniaque reporta son regard noisette sur sa vis-à-vis étrangère, se disant qu'elle rentrait hélas dans les critères du monstre leur ayant échappé... Tant qu'ils ne l'auraient pas exorcisé, elle serait en danger, elle qui ne connaissait rien à leur pays et qui semblait si fragile et douce...
"Des soucis ?" intervint Kali innocemment, une lueur inquiète traversant son regard doré, renforçant encore un peu plus le sentiment chevaleresque d'Itadori à son égard.
"Rien qui ne vous concerte, Madame." rétorqua de mauvaise grâce la future exorciste.
"Eh oh, mollo, Kugisagi..." siffla entre ses dents son camarade de classe un rien sur protecteur par rapport à sa nouvelle connaissance, lui arrachant un léger rire.
"Dans tous les cas" enchaina-t-elle "j'espère que ce n'est rien de grave..."
"Non." laissa tomber Megumi qui venait de faire son apparition à coté de leur table, fixant avec intensité l'européenne. "Rien de grave. Mais d'étonnant, par contre, c'est certain..."
"Fushiguro?" questionna, alerté, le réceptacle du roi des fléaux.
"La mission est terminée. Quelqu'un est passé avant nous..."
"AH?" laissa échapper Yuujii, dévisageant son camarade d'un air un rien ahuri. "Ils ont envoyé une autre équipe sur la même mission ? Ils nous faisaient pas confiance ? C'est moche!"
"Non, Yuuji. Aucune autre équipe n'a été envoyé." Déclara un homme qui se faufila aux côtés du brun, surplombant la tablée de sa haute stature, prenant de court les trois personnes assises. "C'est ça qui est intriguant. Je suis allé sur les lieux, c'était vraiment à coté... et ça valait le détour. C'est pour le moins... très intéressant."
"Gojo sensei!" laissa échapper l'adolescent surpris, se levant à moitié de sa chaise. "Qu'est-ce que vous faites ici ?"
"Yo, les jeunes ! Pour tout dire... Je chasse les incohérences..." répondit d'un ton enjoué l'interpellé aux yeux camouflés sous un bandeau.
Il vint alors se pencher vers Kali, enfonçant nonchalamment les mains dans les poches de sa tenue sombre, approchant son visage à seulement quelques centimètres du sien. Instinctivement elle s'enfonça dans le dossier de son siège, cherchant à rétablir de la distance entre elle et le porteur du 6ème œil. La situation venait incontestablement de lui échapper et c'était très, mais très mal engagé.
"Alors... mademoiselle l'incohérence... " reprit l'homme aux cheveux de neige, la scrutant avec une intensité écrasante à travers son bandeau noir. "ça doit être assez pénible de porter tous ces scellés, non ?... Qu'est-ce que vous êtes exactement... ?"
'ET MERDE' pensa l'intéressée intérieurement, sentant son sang se figer dans ses veines alors que les trois adolescents la dévisageaient, chacun intrigué d'une manière très différente. Sukuna, quant à lui, haussa un sourcil depuis son trône macabre, intrigué par ce rebondissement imprévu qui allait peut-être rendre un peu intéressante cette journée interminable...
C'était EXACTEMENT la situation qu'elle aurait préféré ne pas avoir à affronter... C'était l'heure d'avoir du talent... voir du génie... Sa survie était clairement en jeu...
Mot de l'auteur :
M: Hellooo tout le monde ! J'espère que vous allez bien ! Merci de suivre cette histoire, les choses se mettent doucement mais surement en place ! Je ne sais pas si vous avez vu ce qui s'est produit hier au Japon, mais un rocher sensé maintenir enfermé un démon millénaire s'est fendu en deux, sans raison apparente ! Un démon de mille ans, ça vous dit rien ?
Sukuna, riant aux éclats : AHAHAH, c'est une invitation? vous voulez que je débarque dans votre monde aussi c'est ça ? De ce que je comprends de votre situation actuelle, se serait juste la cerise sur le gâteau, non ?
Megumi: Qu'est-ce que t'as foutu encore, Itadori?
Yuuji: Quoi? MOI? Mais j'ai rien fait!
Nobara: On se calme, se serait plus un renard à neufs queues qu'un vieux timbré à 4 bras qui y aurait été enfermé.
Sukuna, soupirant: Ils sont tellement horripilant ces renards... Avec toutes leurs queues ils mettent des poils partout, un vrai enfer... Il y a qu'en manteau que je les supportais à l'époque.
Nobara, haussant les yeux au ciel: Évidemment, fallait qu'il rajoute tortionnaire d'animaux à la liste de ses innombrables qualités...
Gojo: Yo les jeunes ! Prenez vos clics et vos clacs, on va aller voir ce qui se passe vraiment avec ce gros caillou ! En avant l'aventuuuuuure!
M: Bon allez on vous laisse chers lecteurs, à très bientôt pour la suite!
