Combien de temps avait-elle passé dans l'espace intérieur de Sukuna? Elle serait incapable de le quantifier...

Combien de fois le roi des fléaux l'avait-il possédé ? Ça non plus, elle serait bien incapable de s'en souvenir exactement...

Tout ce qu'elle savait, c'était qu'au bout d'un certain temps le démon avait paru être satisfait, aussi bien de son propre plaisir que le stade d'épuisement dans lequel il l'avait mise, la regardant avec son éternel sourire en coin narquois.

« Bien crevette... ça ira pour cette fois ci. Retourne donc de l'autre côté, je te rappellerais plus tard. »

C'était tout ce qu'il s'était contenté de dire, ce mufle, avant de la renvoyer d'un geste nonchalant dans le monde réel, rejetant son esprit dans son corps jusque là assoupis comme on jetait une pierre contre un mur, la faisant se réveiller en sursaut.

Le souffle court, le cœur battant la chamade, Kali mit quelques instants à comprendre où elle était encore tombée, balayant l'espace plongé dans l'obscurité qui l'entourait avec appréhension. Cependant, malgré l'absence de lumière, ses yeux félins parvenaient à voir les contours des objets qui se trouvaient aux quatre coins de la pièce, la rassurant un peu. Tout ça... c'était ses affaires... Ses vêtements, alignés le long du mur sur le coté, son grand miroir, son bureau, son ordinateur... Elle était dans sa chambre, au sein du sanctuaire de Kamakura...

Laissant échapper un lourd soupire, la jeune hybride se laissa lourdement retombée au milieu des draps bouillant de son lit, avant de poser ses mains sur son visage, lessivée.

Il s'était passé tellement de choses en si peu de temps...

Peut être était-ce parce qu'elle était à présent réellement éveillée, mais tout lui revenait progressivement en mémoire, faisant naitre en elle une angoisse grandissante.

Le combat, Kyu, Hiroaki, Gojo, Yuji, Sukuna... Tout se bousculait dans sa tête dans un terrible capharnaüm. Il fallait qu'elle sache ce qui était advenu après qu'elle ait perdu connaissance !

Sans plus attendre, la jeune femme se redressa d'un bond, ne prêtant pas garde au léger vertige que ce geste brusque fit naitre en elle, quittant son lit avec précipitation. Elle traversa sa chambre en quelques enjambées, ouvrant la porte à grands fracas avant de se précipiter dans le couloir, cherchant à repérer l'énergie de potentiels autres occupants.

« Yuji ? Gojo ? » Commença-t-elle, n'entendant que le silence en réponse. « Où vous êtes ? Il y a quelqu'un ? »

« KYU ! »

D'un coup une petite masse volante fondit sur Kali à travers le couloir, se jetant littéralement sur elle. La jeune femme tendit instinctivement les bras vers elle alors que la petite chauve souris se blottissait désespérément contre sa poitrine, poussant de petits cris aigus en agrippant son t-shirt de ses petites griffes.

« Kuy, tu es là ! » Kali étreignit doucement le petit fléau, rassurée de voir qu'il était en un seul morceau. Elle ne l'avait plus vu après leur altercation avec le possédé de la ruelle. « Tu n'as pas l'air trop amoché, quel soulagement… »

Le petit démon volant leva ses yeux couleur sang vers elle, sa truffe jaune triangulaire se dilatant et se rétractant rapidement, preuve d'un profond trouble. Il avait du avoir peur lui aussi…

« Tout va bien, Kyu, tout va bien… Je suis là ne t'en fais pas… » tenta-t-elle de le rassurer, lui grattant le sommet du crâne. « Tu sais où sont les autres ? Je n'ai pas l'impression de sentir leurs énergies. »

En disant cela, l'européenne balaya à nouveau le couloir silencieux de son regard inhumain, une certaine panique commençant à enserrer son cœur. Au bout d'une poignée de secondes, elle finit par repérer une faible vibration dans une des chambres du couloir. Sans réfléchir elle s'y précipita, ouvrant violemment la porte de la chambre avant de se figer sur son seuil, ses yeux s'écarquillant sous le coup de la surprise.

Elle fit quelque pas, relâchant Kyu qui s'envola doucement, la précédant dans la pièce. La demoiselle tituba lentement, incrédule, fixant le corps inerte étendu sur le lit, le doux mouvement du drap témoignant d'une respiration paisible.

Comment cela avait il pu arriver ?

Arriver au chevet de l'individu endormi, elle se laissa tomber sur le matelas, ses yeux s'embuant de larmes difficilement retenues.

« C'est... c'est pas possible... »

Doucement, elle approcha sa main un peu tremblante du visage assoupi, frôlant du bout des doigts la peau de sa joue tiède, complètement déboussolée.

« Hi... Hiroaki ? Mais comment ? » murmura-t-elle tout bas

« La magie de l'hypothermie. »

La jeune femme sursauta violemment en entendant une voix inconnue dans son dos, avant de se retourner d'un mouvement vif, se relevant d'un bond, les pupilles étrécies par la surprise. Elle découvrit alors une femme inconnue sur le seuil de la chambre, la cigarette sur laquelle elle tirait nonchalamment brillant dans la pénombre. Elle portait un jeans étroit, un t-shirt sombre, ses longs cheveux châtain foncés tombant sur ses épaules. Son visage était pâle, ses cernes profondes, et il émanait d'elle un incommensurable épuisement...

« Que... L'hypothermie ? » répéta Kali, incrédule. « Qu'est ce que vous voulez dire ? Il était mort ! Je m'en souviens ! »

L'inconnue tira une nouvelle bouffée de nicotine sur sa clope avant de souffler un petit nuage de fumée sui se dissipa devant elle, prenant le temps de répondre.

« On est mort que quand on est chaud, tu sais... »

« Hein ? » s'étonna l'hybride, ne comprenant pas. « Ça… ça n'a pas de sens ! »

« Bien sur que si... » La fumeuse s'avança dans la chambre, contournant l'européenne pour aller poser sa main sur le front du garçon, le scrutant avec un regard terriblement lasse. « Si tu baisses la température d'un corps très rapidement, c'est exactement comme si tu le mettais en pause. Ça arrête les fonctions vitales, tout en protégeant les organes des lésions diverses. Face à un corps en hypothermie, on ne peut vraiment déclarer sa mort qu'après l'avoir réchauffé, histoire de voir les répercussions réelles. Heureusement pour ton ami, il était récupérable. Ça n'a pas été facile, surtout à cause de tout le sang que tu lui avais pompé... Mais j'ai réussi. »

Kali fixa l'inconnue, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, assimilant doucement les mots qu'elle venait de prononcer. Hiroaki n'était pas mort ce jour là... Enfin il avait faillit, et en partie à cause d'elle... Mais cette femme l'avait sauvé...

« Merci... Je sais toujours pas qui vous êtes... Mais, vraiment, merci... »

Alors qu'elle disait cela, profondément bouleversée, une larme dévala sa joue, faisant briller ses iris bicolores dans l'obscurité. La femme aux cheveux châtains la fixa longtemps, sans un mot, l'étudiant ouvertement de son regard sombre, comme si elle cherchait à la jauger.

« De rien... C'est mon boulot. Je m'appelle Shoko Leiri. Je suis membre de l'école d'exorcisme de Tokyo. Mais ne t'inquiète pas, je suis du coté de Gojo, même si je ne comprends pas toujours ses plans, j'avoue... »

« Vous êtes une amie de Gojo ? » répéta l'européenne, plissant un peu les yeux. « Vous êtes exorciste ET médecin ? »

« C'est exact. Mais sans mon sort d'inversion, jamais je n'aurai pu sauver le blondinet... » lâcha platement Shoko avec un haussement d'épaule, comme si tout ça était d'une extrême banalité.

Kali , de son coté, encaissa l'information comme on recevait un uppercut, lui coupant le souffle. Qu'est ce qu'elle venait de dire ?

« Le... le sort d'inversion ? » répéta-t-elle, incrédule. « Vous savez l'utiliser ? »

L'exorciste tira une nouvelle taf de nicotine, comme pour lui donner le temps de réfléchir.

« Oui... » Finit-elle par soupirer, terminant de troubler la jeune hybride. « Mais… » reprit-elle, comme si elle lisait dans l'esprit de son interlocutrice. « Si ça peut te rassurer, jeune fille, mes talents n'étaient pas suffisants pour te sauver toi. Ton pacte avec Sukuna, c'était la seule chose qui pouvait te sauver. Même Gojo ne pouvait rien... »

« Gojo ne sait pas user du sort d'inversion... » Répliqua immédiatement Kali, croisant les bras sous sa poitrine.

« Alors... Si... Mais que sur lui-même... »

La demi fléau resta silencieuse quelques secondes, complètement sous le choc de cette énième nouvelle la prenant complètement de court. Il… QUOI ?

« ... Pardon ? »*

Shoko soupira longuement. « Gojo est extrêmement puissant, c'est certain... Pour ainsi dire, presque rien ne lui est impossible. Mais ses compétences à exploiter son potentiel ont, elles, des limites. Il n'aurait pas pu te sauver pour la simple et bonne raison qu'il n'est pas capable d'extérioriser son sort d'inversion. Enfin je ne l'ai jamais vu faire en tous cas... Ça lui sert surtout à pas se griller le cerveau quand il utilise ses capacités... »

Kali laissa retomber ses bras sur le matelas, aux côtés d'Hiroaki, complètement sonnée. Ça faisait beaucoup trop d'informations à assimiler.

« Je... Euh... Okay... » finit-elle par dire, secouant doucement la tête, comme pour remettre de l'ordre dans ses idées. « L'important… L'important, c'est qu'Hiroaki soit vivant... Il ne méritait pas de mourir à cause de moi... »

« Hum... » Shoko se tut quelques instants, ne lâchant pas Kali du regard. Au bout d'un désagréable moment de silence, elle reprit la parole. « Au fait, un certain Prasad n'a pas arrêté d'appeler, Gojo a décidé de lui répondre de peur qu'il envoie je ne sais quelle armée privée pour te retrouver... »

Oh mon dieu, Prasad... Kali passa ses mains sur son visage, n'osant imaginer le stress et la panique qu'avait du ressentir son mécène face à son absence de nouvelles. Il était tellement protecteur face à elle...

« Ca fait tellement de choses en si peu de temps... J'ai l'impression que ça me donne le tournis... » murmura la demoiselle à voix basse, comme pour elle-même.

« Frôler la mort et passer un pacte avec le roi des fléaux, ça doit pas être de tout repos, c'est certain... Cigarette ? »

En disant cela, l'exorciste tendit un paquet de clopes bien entamé à la jeune femme, comme si aspirer de la fumée nicotinée brulante allait résoudre tous ses soucis.

« Euh…Non, merci... » refusa poliment Kali avant de laisser choir son regard vers le garçon endormi, pensive. « Et non, c'est sur... ça a été… Plutôt intense… »

« Hum… Je vois ça. Il est plutôt du genre sauvage, visiblement... »

La réflexion figea l'hybride sur place, comme statufiée. Elle déglutit faiblement en repensant au temps qu'elle avait passé avec le roi des fléaux, à tout ce qu'il lui avait fait… Comment… Comment pouvait-elle savoir ça ? Faisait-elle une simple hypothèse ?

Au bout d'une poignée de seconde, l'européenne parvint à reprendre la parole, essayant d'être le plus détaché possible.

« Pardon ? »

La médecin aux cheveux chatains d'ajouta pas un mot dans un premier temps, mettant à mal les nerfs de la demoiselle déjà bien à vif. Elle tira une longue bouffée de sa nouvelle cigarette, expirant lentement en la détaillant du regard. Quand elle reprit enfin la parole, un léger sourire étira le coin de sa bouche, une pointe d'amusement s'ajoutant à sa voix morne.

« On dirait que tu as passé la nuit avec un tigre. T'es couverte de griffures et diverses marques, Kali. »

En entendant cela, le feu monta aux joues de la jeune femme qui laissa choir son regard jusqu'à ses bras et ses jambes nues, son sang se glaçant dans ses veines. La remarque de Shoko prenait tout son sens. On aurait VRAIMENT dit qu'elle s'était battue avec un tigre tant sa peau était parsemée de griffures, de suçons, de marques de doigts et de dents… Il avait complètement exagéré ! Elle tira sur son t-shirt, un peu honteuse de l'état où l'avait laissé Sukuna, fuyant le regard de sa vis-à-vis.

« Mais quel… démon ! » siffla-t-elle entre ses dents, le feu enflammant son visage. Elle allait devoir aller s'enfermer dans sa chambre jusqu'à ce que tout cela ait disparu. Elle ne pouvait décemment pas se montrer ainsi. Surtout pas à Yuji…

« Tu veux que je les efface ? » laissa tomber la fumeuse d'un ton plat, comme si elle lui proposait de lui passer le sel à table.

« Vous pouvez? » Kali se releva d'un bond, son cœur tambourinant dans sa poitrine.

Elle oubliait que l'exorciste qu'elle avait en face d'elle savait user du sort d'inversion. Une telle chose lui paraissait tellement improbable qu'elle avait du mal à l'assimiler. Shoko soupira avant de faire le tour du lit, plaçant sa clope entre ses lèvres, pour pouvoir examiner le cou de la demoiselle ses bras, ses jambes.

« C'est rien que du superficiel... » finit-elle par conclure, un léger sourire mutin flottant sur ses lèvres. « Un petit sort d'inversion, et tu seras à nouveau présentable. »

« Je... Je vous avoue que je veux bien... » soupira Kali, soulagée à l'idée de ne pas avoir à rester cloitrer plusieurs jours. « Si cela ne vous coute pas trop d'énergie, sauver Hiroaki n'a pas du être facile »

« Ne t'en fais pas pour ça... » éluda-t-elle avec un nouveau haussement d'épaule désinvolte. « Aller, bouge pas, ça va prendre quelques petites minutes. »

Elle plaça alors ses mains à quelques centimètres de la poitrine de l'hybride avant de laisser s'écouler son énergie occulte. Cette dernière glissa sur le corps de Kali comme de l'eau tiède, un léger pétillement se faisant sentir là où le sort d'inversion s'activait afin d'effacer une des innombrables marques laissées par Sukuna. C'était étrange comme sensation. Pas désagréable. Surement car cela n'étaient que des petites blessures de rien du tout.

« Tu sais... » Reprit Shoko alors qu'elle continuait son soin. « Ce qui se passe dans l'espace intérieur n'a pas forcément de répercussion sur le monde réel... Tout ça, c'était très volontaire de sa part. »

« Ah bon ? » s'étonna Kali, ouvrant des yeux ronds comme des soucoupes.

« Hum... Enfin, c'est quelque chose d'assez peu connu et d'assez difficilement étudiable. Ça dépend apparemment de beaucoup de choses... Mais une chose est sure, c'est que marquer le corps matériel depuis le monde de l'esprit, ça demande beaucoup plus d'énergie et de savoir faire. »

Kali réfléchit quelques instants à ses nouvelles informations, fronçant un peu les sourcils.

« Il voulait que tout le monde le voit... Il voulait que tout le monde sache ce qui s'est passé... »

« Je pense aussi. Heureusement pour toi, il n'y a que moi et le blondinet pour le moment. Gojo et Itadori-kun sont allés je ne sais où, ils ne devraient pas tarder à rentrer maintenant. »

«Je vois...Je vous remercie d'autant plus alors, Shoko-san. »

« Hum… Pas de quoi. Voilà, c'est fini. Comme neuve. Par contre pour les marques du pacte, je ne peux rien faire. »

« Oh, Pour être honnête... » Kali fixa le fin bracelet noir ornant à présent ses poignets, en massant un doucement. « Elles, elles ne me dérangent pas... C'était mon choix après tout. Mais merci pour le reste. Je ne veux pas lui donner tous les droits non plus.»

L'européenne sourit à son interlocutrice, réellement reconnaissante pour ce qu'elle venait de faire. Il allait falloir qu'elle ait une petite conversation avec le roi des fléaux à ce sujet là, et elle devinait déjà que cela n'allait pas être des plus faciles… Il était tellement gamin quand il s'y mettait !

« … Tu devrais aller manger un bout, tu as dormi plusieurs jours. Tu dois mourir de faim. »

La réflexion de la doctoresse extirpa Kali de ses pensées et son estomac de son sommeil, ce dernier se mettant subitement à gargouiller de toutes ses forces, faisant un peu rougir la demoiselle.

« Ahah… Maintenant que vous le dîtes... ça me ferait pas de mal, effectivement. »

« Je vais rester pour ausculter le blondinet. Ne t'inquiète pas. »

« D'accord, merci de veiller sur lui. »

Kali s'inclina rapidement avant de sortir de la chambre, Kyu voletant dans son sillage. Elle se dirigea vers la cuisine où elle prit un paquet de chips et une bouteille de soda avant de retourner dans sa chambre. Elle ouvrit le sachet de disque frit au curry, en avalant goulument plusieurs poignées qu'elle fit descendre à coup de longues gorgées de soda pétillant, lui arrachant un profond soupire de bien être.

La jeune femme glissa un coup d'œil à Kyu qui se trouvait près d'elle, grignotant lui aussi une chips au milieu des draps.

« Si Prasad nous voyait, il nous passerait un de ces savons… » s'amusa-t-elle tout bas, allant chercher un mouchoir sur son bureau pour ne pas avoir à s'essuyer les mains sur son t-shirt.

Elle envoya immédiatement plusieurs messages à son protecteur. Grâce au soin de Shoko, aucune marque indécentes ne défigurait son cou ou ses bras, lui rendant possible le fait d'envoyer une photo à l'hindou pour lui prouver qu'elle était bel et bien réveillée. Avec le décalage horaire, il devait faire nuit chez Prasad, mais cela n'avait pas d'importance. Il verrait les messages à son réveil et cela le rassurerait indubitablement.

Une fois son repas peu diététique achevé, Kali retourna dans la chambre d'Hiroaki. Shoko quant à elle déclara qu'elle allait rentrer et qu'elle repasserait le lendemain. La jeune hybride alla s'installer au cheveux du jeune homme qui dormait paisiblement, l'observant longuement. Elle soupira doucement, remettant délicatement ses cheveux en ordre, caressant entre deux doigts ses mèches roses. Elle était tellement heureuse de le savoir en vie… Elle se souvenait de la colère et du désespoir qu'elle avait ressentit en voyant son corps qu'elle avait cru sans vie. Elle se souvenait du courage du garçon, de son entêtement à vouloir la protéger. Elle avait hâte de pouvoir à nouveau parler avec lui.

« Réveille-toi vite, Hiroaki. Il faut que je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi… » Chuchota-t-elle tout bas, posant avec tendresse une main sur sa joue tiède, un sourire aux lèvres.

« Sempai ! »

Kali sursauta en entendant la voix de Yuji qui déboula dans la pièce à toute vitesse, totalement hors d'haleine. Il avait les cheveux en bataille et les traits tirés, faisant un peu se serrer le cœur de la demoiselle. La demoiselle se releva et fit quelques pas dans la direction de l'adolescent qui reprenait difficilement son souffle, la fixant avec une intensité bouleversante. La dernière qu'il l'avait vu éveillée, elle était mourante, couverte de sang et de traits macabres. Puis quand, Sukuna lui avait rendu le contrôle de son corps, il l'avait retrouvée assoupie, comme une princesse de contes de fées, mais bel et bien vivante.

Il avait beau détester son horripilant colocataire, pour cela, il lui était reconnaissant.

Même si il savait pertinemment que le roi des fléaux n'avait pas fait cela par bonté d'âme… Il le lui avait largement assez répété ces derniers jours, lors de ses interminables monologues…

« Sem…pai… »

Kali le regardait elle aussi, un peu figée. Ça faisait tellement bizarre de le voir. Après tout ce qu'elle avait fait avec Sukuna, qui possédait les traits de lycéen, c'était étrange de voir Yuji. Heureusement, leurs auras étaient complètement différentes, c'était impossible de les confondre. Cependant, malgré tout, c'était troublant…

« Salut, Yuji. » commença-t-elle finalement, lui offrant un large sourire. « Ça va ? »

Sans plus attendre ni réfléchir, le lycéen vint la prendre dans ses bras, la plaquant contre son torse. Kali écarquilla un peu les yeux devant un tel acte de la part du garçon mais se laissa faire, l'enlaçant en retour. Son énergie était tellement… apaisante… douce… bienveillante… Impossible de les confondre tous les deux assurément…

« Vous êtes vivante… Vous êtes réveillée… » murmura Yuji d'une voix rendue rauque par l'émotion, chamboulant un peu plus encore Kali.

« Oui. Rassure toi, je vais bien. » Elle enfouit un peu plus son visage contre son torse, profitant de sa chaleur et des battements sourds et puissants de son cœur.

« Je dérange ? »

Les deux jeunes gens sursautèrent en entendant la voix de Gojo qui entra à son tour dans la pièce, son éternel bandeau dissimulant ses yeux, un léger sourire aux lèvres. Elle le regarda, et lui sourit.

« Salut, Satoru… »

« Ça fait plaisir de te voir dans un meilleur état, pitchoune… » dit simplement l'exorciste, s'approchant des deux jeunes.

« Merci… »

« Par contre… ça… » Il désigna du doigt les bracelets sombres ornant les poignées de l'hybrides « Je dois avouer que j'aime moins… »

Yuji relâcha alors Kali, regardant à son tour ses poignets, une grimace traversant son doux visage.

« C'est… Je… » commença-t-il, hésitant, triturant le bas de son sweat shirt. « Sempai, je suis navré pour ça. »

L'intéressée fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas pourquoi l'adolescent s'excusait. Il n'avait rien à voir avec tout ce qui s'était passé.

« Oh, Yuji, tu n'y es pour rien… »

Le lycéen secoua doucement la tête, visiblement torturé.

« Peut-être… Mais… Lui… »

« Lui est maintenant son maître. » Déclara brusquement la voix grave et profonde de Sukuna qui se matérialisa sur la joue du garçon, faisant frissonner Kali. C'était la première fois qu'elle le 'revoyait' depuis qu'ils avaient couché ensemble dans son espace intérieur.

« Son-Mai-Tre, gamin. » Insista-t-il lourdement d'un ton moqueur, savourant visiblement au plus haut point la situation. « Elle est à moi, faut t'y faire. Et toutes ses marques te le prouve bi… »

Sukuna s'arrêta net quand son regard glissa sur Kali, découvrant que toutes les griffures et les suçons qu'il lui avait fait avait complètement disparu de sa peau, ne laissant plus que les bracelets sombres visibles. Comment diable était ce possible ? Il s'était arrangé pour en laisser partout, histoire de bien montrer au gamin et à l'autre exorciste ce qu'il avait fait avec la crevette des heures durant.

Ça, ça le contrariait fortement…

« Oh, la ferme, Sukuna ! » Yuji se claqua violemment la joue, le feu montant à ses pommettes, faisant disparaitre la matérialisation contre nature du fléau qui ne se réapparut cependant pas pour le moment, boudant du haut de son trône.

Gojo regarda Kali fixement avant de laisser échapper un profond soupire, croisant les bras sur son torse puissant.

« On en parle pas ? » finit il par dire, intriguant Yuji.

« Non. On en parle pas. » confirma Kali, qui elle avait bien compris que Satoru faisait allusion à ce qui s'était passé entre le roi des fléaux et elle, allant réajuster les draps sur Hiroaki avant de quitter la pièce.

« Mais on parle pas de quoi ? » demanda innocemment Yuji, faisant un peu rougir Kali qui continua à s'éloigner, cherchant à repousser le plus loin possible dans son esprit les souvenirs de ses ébats démoniaques.

« De rien, justement. » s'amusa Gojo, s'étonnant même que Sukuna n'intervienne pas à nouveau pour fanfaronner.

« Mais… » tenta à nouveau Yuji, trop curieux.

Ils déboulèrent tous les 4 dans le salon, et l'hybride se laissa lourdement tomber sur le canapé, s'y enfonçant le plus possible, comme pour y disparaitre. Kyu vola jusqu'à elle et vint s'installer dans ses bras, s'y blottissant immédiatement.

« Où vous étiez du coup ? » coupa court l'européenne, bien trop désireuse de changer de sujet.

« Yuji passe à une autre étape de son entrainement ! » répondit l'exorciste avec un clin d'œil, portant ainsi secours à la demoiselle. « Je lui ai fait une petite démonstration pendant que tu jouais à la belle aux bois dormant. »

« Une démonstration ? » répéta Kali, ravit que le sujet de sa vie sexuelle soit enfin clos.

« Oui ! » Confirma Yuji, les yeux pétillant d'excitation alors qu'il venait s'assoir à coté de sa colocataire. « Gojo-sensei a explosé un démon lave en un claquement de doigt ! Il est trop fort ! »

« Dommage qu'il nous ait échappé… » soupira Gojo qui vint à son tour s'assoir, mais en face du canapé, sur la table basse, de sorte de faire face à ses deux protégés. « En parlant de dommage… Kali, ça aurait été peut être plus futé de pas massacrer tes trois agresseurs. Ça nous aurait permis de les interroger et d'en savoir un peu plus sur ceux qui te cherchent… »

En entendant cela, l'intéressée fut un peu piquée dans sa fierté, se redressant en croisant les bras sous sa poitrine.

« Désolée, Satoru » commença-t-elle d'une voix chargée d'ironie. « Désolée de ne pas avoir pensé stratégie alors que j'étais à deux doigts de la mort et que je venais de voir Hiroaki se faire tuer… Enfin, presque tué, et que j'étais aveuglée par la colère et la douleur. »

« Pas faux… » s'amusa l'exorciste, un sourire un peu moqueur aux lèvres. « Mais regrettable quand même ! »

« Humph… » se contenta de répondre l'hybride, tournant ostensiblement la tête vers Yuji.

« Même si c'est dommage… » tenta de temporiser Yuji, peu désireux d'assister à une nouvelle chamaillerie entre son professeur et son amie. « L'important, c'est que Kali sempai soit vivante ! »

« Et que maintenant. » Enchaina Kali en se relevant, pleine d'entrain. « Grâce à Sukuna, si je suis de nouveau attaquée, je pourrais me défendre ! »

A peine eut-elle dit cela, qu'elle embrasa son avant bras devant elle, faisant naitre de magnifiques flammes sombres qui crépitaient vivement le long de sa peau.

« Je ne sais pas à quel point je peux user de mes pouvoir à présent… » continua-t-elle, un large sourire aux lèvres, ne sentant aucune répercussion négative alors qu'elle user de son énergie occulte. « Mais je me sens… différente. Plus forte. Tellement plus vivante ! Je vous jure, j'ai l'impression de voir le monde plus clairement ! Son énergie est tout simplement incroya… »

Elle se tourna vers ses deux interlocuteurs et se tut dans l'instant en découvrant la mine déconfite de Yuji et l'air terriblement grave de Gojo, lui faisant tarir ses flammes. Elle venait visiblement de commettre un énorme impair…

« Je… Pardon… » se contenta-t-elle de murmurer, mal à l'aise, venant enserrer l'un de ses poignets pour cacher l'un des bracelets de son pacte.

« Non, vous excusez pas, sempai… » dit Yuji en lui adressant un sourire qui sonnait faux. « C'est cool que vous alliez mieux. Vraiment.»

« C'est certain. On est vraiment heureux que tu sois en vie. » Enchaina Gojo d'une voix froide qu'elle ne lui avait encore jamais entendu, la tendant dans l'instant. « Juste, ne chante pas ses louanges… »

« Ah… Oui… Bien sur… Pardon… »

Kali baissa la tête, un peu honteuse et tiraillée, ne sachant plus quoi dire ou faire. Elle comprenait la réaction de Gojo et de Yuji… Pour l'exorciste, Sukuna représentait la plus grande menace au monde. Pour Yuji c'était celui qui lui avait volé sa vie et souhaitait lui voler son corps…
Mais pour elle… Aussi mufle et terrible qu'il puisse être, aussi gamin et sadique… Il restait celui qui lui avait sauvé la vie, celui dont l'énergie qui coulait actuellement dans son corps lui permettait d'exister sans plus avoir d'épée de Damoclès au dessus de la tête…

Tout ça était tellement compliqué…

Après cet incident, l'ambiance au sein du sanctuaire se fit plus pesante, malgré les essaies d'Itadori d'animer la discussion. Kali sentait le regard de Satoru sur elle, comme s'il la jugeait coupable d'un quelconque crime dont elle ignorait la nature. Elle sentait bien que le fait qu'elle ait passé le pacte avec Sukuna changeait beaucoup de choses pour lui. Mais au fond, qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Aurait-il préféré qu'elle refuse et meure ?

Qu'aurait-il fait, lui, s'il avait été dans une situation similaire ?

En début de soirée, après avoir rapidement dîné avec les deux hommes, l'européenne prétexta un grand épuisement pour pouvoir aller se réfugier dans sa chambre, suivie de Kyu. Elle s'y enferma et alla s'allonger sur son lit, pensive, caressant doucement le petit fléau qui s'était installé sur son ventre.

Tout était allé si vite… Avait-elle vraiment fait une erreur, comme semblait le croire Gojo ?
Mais alors pourquoi avait-il laissé Sukuna faire ? A n'en pas douter, il aurait parfaitement pu l'empêcher de l'approcher, en demandant à Yuji de garder le contrôle ou en empêchant Sukuna de l'approcher pour qu'il ne puisse pas passer le pacte.

S'il avait laissé les choses se faire… Pourquoi agir de la sorte à présent ?

Kali poussa un long soupire, fixant le plafond de sa chambre.

« Les mecs sont tellement compliqués… » murmura-t-elle dans l'obscurité, comme pour elle-même.

Les heures passèrent, interminables, sans qu'elle ne parvienne à trouver le sommeil. Au bout d'un moment, ne tenant plus en place, l'hybride décida d'aller prendre un bain pour se changer les idées. Lentement, elle déplaça Kyu qui dormait paisiblement sur elle, le déposant avec précaution sur son oreiller. Elle se faufila ensuite à pas de loup hors de la chambre, guettant le lourd silence qui régnait dans le sanctuaire.

Tout le monde semblait dormir. Parfait, elle n'avait envie de voir personne.

Elle se dirigea ensuite vers la salle de bain, ferma doucement la porte derrière elle. Enfin. Seule, tranquille. Sans plus attendre, la demoiselle ouvrit le robinet d'eau chaude de la baignoire et passa son t-shirt par-dessus sa tête. Elle s'arrêta quelques secondes devant le miroir, fixant dans son reflet le tatouage sombre qui ornait à présent son sternum. Le tatouage de Sukuna… Le pire, c'était qu'elle trouvait que cela lui allait plutôt bien.

Face à cette pensée, l'hybride secoua la tête, rougissant un peu. Qu'est ce qui lui arrivait ? Ne devrait-elle pas plutôt être effarée d'être liée avec l'homme ayant soit disant baigné le Japon dans le sang et le feu ?

Y avait-il un problème avec elle ?

Laissant échapper un profond soupire, Kali se dirigea vers la baignoire, s'y allongeant sans attendre que l'eau l'ait entièrement remplie. Elle posa ses mains sur ses yeux, l'esprit en ébullition.

Sukuna…

Quoi qu'elle fasse, ses pensées revenaient indubitablement vers lui.

Le roi des fléaux.

Le Maitre de son âme…

Kali rouvrit les yeux, allant fixer les deux fines lignes noires qui enserraient à présents ses poignés. Les preuves de leur pacte…

Ses bracelets à elle étaient bien plus fins que ceux du démon. Lentement, elle alla les caresser du bout des doigts, les souvenirs du temps qu'ils avaient passé ensemble lui revenant une nouvelle fois en mémoire.

Il lui semblait pouvoir encore sentir la lourdeur de son aura délirante partout sur elle, le parfum de sa peau, boisé et animal, emplir chacune de ses respiration, l'emprise de ses mains sur ses courbes, la sensation de ses griffes parcourant sa peau, l'humidité de sa langue vorace et la présence de son sexe en elle, l'emplissant de feu et d'électricité, lui faisant découvrir des sensations que jamais elle n'avait connu auparavant.

Elle pouvait presque ressentir la pression de son corps sculptural contre le sien, la faisant sienne encore et encore, la faisant gémir et répéter son nom telle une litanie, alors qu'il lui murmurait encore et encore de sa voix de ténor qu'elle était à lui, l'hypnotisant presque.

Rien que de repenser à tout ça, la demoiselle sentait son corps s échauffer, des papillons commençant à battre furieusement des ailes dans son bas ventre. D'un coup, elle regrettait un peu que Shoko ait soigné son corps, sans toutes ses marques, ces courbatures, tout ce qui s était passé entre eux deux lui semblait presque irréel.

Ça s'était pourtant bel et bien produit, elle en était certaine…

Et, pour être honnête, elle avait hâte que cela se reproduise…

Jamais auparavant elle ne s'était sentie aussi vivante. Jamais elle n'avait sentie son corps avec autant d'intensité, aussi brûlant, aussi incandescent, aussi éveillé. Jamais elle ne s'était ainsi brutalement et sauvagement sentie désirée non plus. Elle avait eu l'impression pendant ces quelques heures, que rien d'autre au monde n'existait hormis eux. Tout se résumait uniquement à leurs ébats, à leurs corps unis dans une course effrénée au plaisir, comme si Sukuna avait voulu effacer ce dernier millénaire de frustration et de solitude en une seule fois.

Ah, Sukuna… Son fléau de maitre

Pourquoi l'obsédait-il à ce point ?

Inconsciemment elle glissa sa main vers son bas ventre, se frôlant du bout des doigts avec timidité, fermant les yeux tout en rejetant la tête en arrière. Elle se sentait un peu idiote, mais après l'intensité de leur entrevue, elle avait presque l'impression d'être… En manque de cette force, de cette bulle hors de tout où seul lui existait. Lui, qui était incontestablement doué en ce qui concernait énormément de choses, le sexe en faisant indubitablement partie. Chacun de ses gestes étaient tellement assurés, parvenant à lui faire oublier tout le reste...

C'était de la folie, mais elle aurait eu envie de ressentir cela à nouveau ...

« Besoin d'aide, crevette ? »

En entendant sa voix, Kali sursauta dans la baignoire, rougissant jusqu'aux oreilles, se laissant glisser au fond du bac pour se cacher, morte de honte.

Sukuna… EVIDEMMENT.

Elle devrait lui mettre une clochette autour du cou…

Alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même pour éviter de trop s'exposer, le démon tatoué traversa la salle de bain pour venir surplomber la baignoire, la toisant avec amusement. Une nouvelle fois, il s'était délesté du t shirt de Yuji, se baladant en simple short jaune enserrant ses hanches d'apollon, les mains enfoncées dans ses poches.

« Eh bien alors ? Tu as perdu ta langue ? Tu pourrais au moins me saluer.» s'amusa le roi des fléaux, son sempiternel sourire narquois aux lèvres.

« Bonsoir, Sukuna-san. » lui répondit-elle de mauvaise grâce, serrant un peu plus ses bras autour de sa poitrine. « Ça ne vous arrive jamais de taper aux portes ? »

« Pourquoi je ferai ça ? Tu es à moi je te rappelle. » éluda-t-il en haussant les épaules, son sourire s'élargissant un peu plus encore, dévoilant ses canines pointues.

« Et ça sous entend que je n'ai plus d'intimité ? »

En entendant cela, la jeune hybride se redressa dans l'eau, venant s'assoir pour défier du regard le démon, refusant de lui laisser tout lui prendre.

« Pas quand j'en ai envie, non… Et puis, visiblement… » Il se pencha vers elle, venant lui attraper le menton d'une main, lui murmurant tout bas alors que leurs lèvres se frôlaient presque. « J'ai bien fait de venir, non ? »

« Que… quoi ? » Kali se dégagea de son étreinte, le feu embrasant un peu plus encore ses pommettes, alors qu'elle se tournait dans la baignoire pour échapper à son regard de lave implacable et moqueur. « Je vois pas de quoi vous parlez !»

Il ricana dans son dos avant d'enjamber le bord de la baignoire, venant surplomber Kali alors que l'eau continuait de monter, ne prenant même pas le temps de retirer son boxer.

« Mais… Mais qu'est ce que vous faites ? » s'offusqua la demoiselle en le regardant faire, sentant bien que le démon était d'humeur joueuse.

« Ce qui me plait, crevette… » S'amusa ce dernier, repoussant la demi démone contre la paroi du bac, s'allongeant à moitié sur elle. « Et ne te plains pas… Je viens te donner… un coup de main ? »

En disant cela il fit glisser une main le long de sa cuisse, faisant tressaillir Kali, se penchant encore un peu plus vers elle, prédateur. Instinctivement, la demoiselle resserra ses jambes et les ramena vers elle, sur la défensive.

« Vous… Qu'est ce que vous pensez faire ? »

« Tu doigter, crevette. » lâcha-t-il simplement, faisant un peu plus encore rougir Kali.

Au moins, c'était clair… Mais quel mufle !

« Je t'avoue que je ne pensais pas que tu en redemanderais si rapidement. Mais ça me va parfaitement. Ouvre-moi tes jambes. »

En entendant cela, une violente chaire de poule parcourut tout le corps de l'européenne, tiraillée entre l'envie de céder à la demande du démon et celle de lui envoyer sa main au travers de la figure pour la traiter comme un simple jouet à ses ordres.

« Vous voulez pas… » tenta-t-elle sans grande conviction, se plaquant autant que possible contre le fond de la baignoire qui continuait à se remplir, tentant ainsi de mettre autant de distance que possible entre elle et le roi des fléaux. « Je sais pas, discuter, avant ? »

En entendant cela, Sukuna sembla tiquer, se redressant un peu, surpris.

« Discuter ? Pourquoi faire ? »

« J'en sais rien… Pour… parler…de trucs… »

Intérieurement, Kali s'insulta elle-même de sa piètre plaidoirie. Hélas, si près du démon et de son aura magnétique, il lui devenait terriblement difficile de réfléchir correctement.

« Si on devait discuter, crevette… » reprit finalement Ryomen, toisant sa captive de son double regard de sang, un sourire mauvais aux lèvres. « Je devrais te dire que tu m'as contrarié en effaçant toutes les marques de nos jeux sur ton corps. Et que ça mériterait bien une petite punition… »

En entendant cela, Kali se redressa d'un coup, offusquée par l'injustice de cette remarque.

« Quoi ? Mais j'en avais partout ! »

« C'était le but, crevette ! » rétorqua Sukuna du tac au tac, plaçant une de ses terribles pichenettes au milieu du front de la petite hybride, la faisant reculer immédiatement. « Et comment tu as fait, d'ailleurs ? »

« … Shoko san m'a aidé… » bougonna-t-elle, se massant le front d'une main, boudeuse. « Elle sait user du sort d'inversion. »

« Ah… » Le démon s'attrapa le menton d'une main, pensif. « Celle qui arrête pas de fumer et qui a soigné le blondinet, je suppose... Quoi qu'il en soit, je te préviens, c'était la dernière fois que tu faisais ça. Compris ? »

« Mais… » commença Kali, prête à débattre.

Cependant, Sukuna lui attrapa le visage fermement, son aura se faisant pesante et menaçante sur le corps de la demoiselle.

« Il n'y a pas de mais qui tienne, crevette ! Joue encore à ça, et je m'arrangerai pour que cette… Shoko ne puisse plus jamais user de quelque sort que se soit. »

« Je peux pas me balader comme ça dans la rue! » s'emporta l'européenne, attrapant le poigner du démon, l'or de ses yeux s'embrasant de colère en pensant qu'il pourrait faire du mal à une innocente juste par gaminerie. « Je peux pas faire de visio avec Prasad non plus, pas couverte de griffures et de suçons ! »

D'un coup, Ryomen attrapa la gorge de Kali, la plongeant sous l'eau quelques instant dans de grandes éclaboussures avant de la ressortir, sifflant entre ses dents.

« Qu'est ce que je t'ai dit, impertinente ? »

Comme elle l'avait prédit, la conversation concernant ces marques n'étaient pas aisée. Elle s'était attendue à ce qu'il se montre intransigeant. Au fond, il n'aimait pas qu'on essaie de négocier avec lui. Il était absolutiste jusqu'au bout des ongles. Cependant… Il aurait pu lui faire bien pire que juste l'immerger quelques secondes. Il y avait peut être là la preuve qu'il n'était pas aussi en colère qu'il ne voulait le faire croire…

« J'ai pas dit mais ! » se défendit alors la demoiselle, rejetant ses cheveux en arrière, encrant courageusement ses yeux dans ceux embrasés de son vis-à-vis.

Ils se dévisagent quelques secondes, dans un silence de mort, se jaugeant mutuellement l'un et l'autre. Elle ne devait pas reculer, elle le savait parfaitement. Il fallait qu'elle lui montre qu'elle n'était pas qu'une poupée malléable entre ses mains.

« Je porte déjà les tatouages qui prouvent notre pacte. Yuji et Gojo sont totalement au courant de ce qui nous lie à présent. Vous avez gagné, je suis à vous. Vous n'avez pas besoin de me faire porter des marques plus équivoques encore, et sur tout le corps. Ça me fera juste ressembler à une dépravée ! »

Sa tirade arracha un ricanement au démon dont l'énergie s'apaisa un peu.

«Une crevette cochonne… » ironisa-t-il en se reculant un peu, un sourire plus franc aux lèvres. « C'est pourtant sympa comme concept.»

« C'est pas drôle ! » répliqua Kali, croisant ses bras fermement sur sa poitrine. « J'ai pas envie d'avoir à me baigner dans du fond de teint de la tête aux pieds pour pouvoir porter une robe ! »

Sukuna roula les yeux et soupira lourdement, comme si ce genre de considération l'ennuyait au plus haut point.

« En plus, si vous effacez vos marques, ça vous permettra d'en refaire pleins d'autres à chaque fois ! Sinon je vais juste finir par ressembler à une fille battue… La police pourrait même intervenir ! C'est un crime dans notre société !»

D'un coup il haussa un sourcil, la regardant avec un sourire en coin.

« Attend deux secondes, crevette… En fait, tes jérémiades là, c'est pas pour que je ne te griffe plus ou que je ne te morde plus à l'avenir… Juste pour que ça ne se voit plus une fois revenue ici ? »

Enfin il avait compris !

« Exactement ! » confirma Kali, pleine d'espoirs.

« …ça me déplait… » Lâcha-t-il hélas, brisant l'entrain de Kali. Il enchaina ensuite en s'asseyant à son tour dans la baignoire qui débordait presque à présent, pensif. « Et puis en quoi 3 suçons regarderaient votre milice ?»

Kali en profita pour ramener complètement ses jambes vers elle, les plaquant contre son torse, passant ses mains sur son visage un instant. Elle avait lancé l'argument de la police au hasard, cependant c'était celui qui semblait avoir retenu le plus l'attention du démon. Il ne connaissait pas bien le monde moderne, elle allait devoir jouer là-dessus. Et mentir. Beaucoup.

« Sukuna- san ! » Reprit-elle, avec le plus grand sérieux du monde. « Le sujet des femmes battues est quelque chose de très grave dans notre société. Les citoyens ont OBLIGATION de rapporter à la police les signes d'une maltraitance. ET la police a OBLIGATION d'intervenir. Ce qui signifie enquête. Ce qui signifie incarcération et éloignement de la victime du suspect. Ce qui signifie procès et peine de mort !»

Sukuna la fixait, visiblement moyennement convaincu par sa tirade, cherchant dans son visage toute trace potentielle de mensonge. Pourtant Kali ne lâchait rien, soutenant son regard, se répétant intérieurement que ce qu'elle disait été vrai pour se donner contenance.

« La peine de mort pour 3 suçons ? » laissa tomber le démon, haussant un sourcil.

« Je n'avais pas juste 3 suçons, Sukuna-san… » rétorqua Kali, se souvenant bien de l'état de ses bras et de ses jambes… Et du regard amusé de Shoko.

« Tu les as compté ? »

« Et vous ? » rétorqua la demoiselle, reprenant avant que Ryomen puisse la traiter d'impertinente. « Je donnais l'impression de m'être battue avec un tigre, parait-il…»

« Ça ne semblait pas te déplaire, pourtant… » susurra le dit tigre en question, passant ses doigts sur ses lèvres, faisant s'enflammer le sang de Kali.

« Ce… C'est pas la question. » bégaya la jeune femme, essayant de faire taire son irrépressible envie de gouter à nouveau à ces lèvres terriblement sensuelles. « Je n'ai pas envie que l'on ait des soucis avec la justice. Je ne vous demande pas de vous restreindre. Je vous demande juste de me laisser présentable une fois revenue ici. C'est tout. »

« C'est tout ? » répéta Sukuna, un sourire carnassier s'étirant sur son visage tatoué, en comprenant qu'elle ne se plaignait aucunement de sa sauvagerie lors de leurs jeux.

« C'est tout. » confirma Kali, déglutissant faiblement en voyant le feu embraser les yeux de son interlocuteur, sentant qu'il aurait bientôt d'autres jeux en tête que cette joute verbale. « Juste être présentable ici. Rien de plus, rien de moins. »

« Présentable, dis-tu… »

En susurra cela, l'homme tatoué glissa vers la jeune femme, venant à nouveau la surplombé de tout son charisme écrasant, mutin à l'extrême. Lentement, il se pencha vers elle, approchant terriblement son visage du sien, faisant naitre des étincelles au creux du ventre de la demoiselle.

« Et donc… A combien de suçons ai-je le droit, pour que tu demeures 'présentable' ? »

Il fit glisser ses lèvres le long de sa mâchoire, passant une main derrière sa tête pour l'empêcher de fuir, allant doucement mordiller la peau de son cou, assez légèrement pour ne pas laisser de traces, assez fortement pour faire frissonner sa captive.

« A combien de morsures ? A combien de griffures ? Dis-moi, crevette… Combien, pour que tu puisses être 'présentable' ? »

En disant cela, il fit courir son autre main le long d'une des jambes de Kali, qu'elle ne put s'empêcher d'allonger pour lui faciliter la tâche, allant griffer superficiellement sa hanche avec envie et possessivité, lui arrachant un léger soupire.

C'était exactement ça…Cette sensation d'être le centre du monde… De son monde, de son désir… C'était ça qui était encore plus addictif que tout le reste… C'était tellement, absolument et incommensurablement bon…

Doucement, Sukuna alla murmurer à son oreille, mordillant son lobe entre ses dents, faisant naitre des vagues d'électricité dans tout le corps félin de l'hybride.

« Eh bien alors, crevette… Tu as perdu ta langue ? »

Elle se tourna vers lui, encrant ses pupilles dilatées par le désir dans les siennes, le souffle un rien raccourcis, le maudissant autant qu'elle le voulait.

« Autant que vous le souhaitez… Sukuna-san… Faites m'en autant que vous le souhaitez… Pour peu que vous effaciez ce qui pourrait se voir après… »

Le démon dévisagea une poignée de secondes la jeune femme ayant liée son âme à la sienne, la jaugeant du regard, appréciant au plus haut point ce qu'il pouvait voir là. Un sourire ravis s'étira sur ses lèvres alors qu'il se penchait vers elle, affamé.

« Bien, crevette… Très bien. On a un deal alors… »

Sans plus perdre une seconde, il alla capturer les lèvres de l'européenne dans un baiser sauvage et passionné, venant attraper ses seins entre ses mains pour les caresser et les malmener un peu.

« Aaah… Sukuna-san… » soupira Kali entre deux baisers, sentant son corps se liquéfier sous ses caresses, lui faisant perdre complètement pied.

« Alors, crevette… Où en étions-nous déjà, avant toute cette interminable discussion ? »

Il se laissa un peu plus encore aller contre elle, commençant à faire lentement descendre l'une de ses mains le long de son ventre alors qu'il créait une bouche au creux de cette toujours sur son sein, commençant à sucer et mordiller son téton déjà dressé par l'excitation qui la parcourait toute entière.

« Su…Sukuna-san…Non… » Soupira-t-elle à nouveau, rouvrant les yeux pour aller se saisir de son poignet pour l'empêcher d'aller plus bas, le feu embrasant son minois troublé.

« Quoi, crevette ? » demanda le fléau couronné, haussant un sourcil, honnêtement surpris par le fait qu'elle tente de l'arrêter alors qu'elle était terriblement réceptive à ses caresses, l'intriguant. « Ne me dis pas que tu ne veux pas, ton corps hurle le contraire… Tu veux jouer les fausses timides ? Après tout ce que nous avons déjà fait ensemble ?… »

Kali le fixa, perdue, complètement tiraillée entre ses désirs et le fait de savoir qu'elle se trouvait dans le 'vrai' monde. Et ça, ça changeait énormément de choses à ses yeux…

« Je… Sukuna-san…»

« Laisse toi faire, veux tu ? Tu en meures d'envie… »

Il lécha son cou, recommença à le mordiller, certainement pour laisser de nouvelles marques, plaquant son sexe dressé toujours emprisonné dans son short contre son entrejambe, l'électrisant totalement.

Sans même s'en rendre compte, Kali se mordit la lèvre, complètement perdue. C'était mal non ? Dans l'espace interne de Sukuna, ce qui se passait était eux c'était… Comme dans une bulle. C'était entre leurs âmes. Cependant… ici… C'était vraiment le corps de Yuji, quoi que puisse en dire le roi des démons. C'était le corps de l'adolescent qui était plaqué contre le sien. C'était ses lèvres qui parcouraient son cou, ses mains qui jouaient avec sa poitrine…

Pourtant elle pouvait sentir l'aura écrasante et enivrante du félau millénaire, partout sur sa peau, et c'était impossible de réfléchir à autre chose que son être contre le sien. Il l'enflammait. Et elle voulait à nouveau ressentir ces sensations incroyables qu'il pouvait lui offrir.

Doucement, incapable de lutter plus longtemps contre ses envies, Kali lâcha le poignet de Sukuna, détournant cependant le regard, un peu honteuse de sa propre luxure.

« Bien, crevette… Très bien… »

Ne laissant pas le temps à la jeune femme d'hésiter à nouveau, Ryomen termina de faire glisser sa main à présent libre jusqu'au sexe de la demoiselle, commençant immédiatement à le caresser, arrachant un soupire de plaisir à Kali qui se cabra un peu dans la baignoire. Sukuna en profite pour venir saisir de son sein délaissé entre ses lèvres, mordillant son téton déjà dressé, se délectant du parfum enivrant de la peau de l'hydride sous sa langue vorace.

Elle était… exquise, il fallait qu'il le reconnaisse. Entre sa nature rarissime, le gout fabuleux de sa peau, son corps indécent et ses gémissements impudiques, elle faisait une assez bonne partenaire de jeu… Un parfait jouet, qu'il allait façonner selon ses désirs. Et elle s'y plairait, il y veillerait consciencieusement.

« Ah, Sukuna-san… » soupira Kali sous les caresses incessantes du démon, sentant son sang bouillonner dans ses veines. C'était tellement incroyable de ressentir ce genre de choses, elle avait l'impression que son être tout entier était sur le point de prendre feu.

L'eau de la baignoire commença à déborder, mais ni l'un ni l'autre n'en avait quelque chose à faire. D'un coup le tatoué enfonça deux doigts en elle, arrachant un nouveau gémissement à l'étrangère, retrouvant enfin cette sensation à la fois étrange et irrésistible de l'avoir en elle.

Sukuna la dévorait du regard alors qu'il allait et venait en elle avec sa main, la faisant se tendre un peu plus à chaque va et vient, la menant doucement vers le summum du plaisir. Quel dommage… A cause du corps de Yuji, il ne pourrait pas la posséder entièrement dans ce monde ci… Mais rien ne lui empêcherait de la faire venir dans son espace intérieur après cet encas. Cependant, c'était assez… agréable de sentir son corps félin frissonner et bouillonner contre le sien, d'entendre le timbre de sa voix alors qu'elle gémissait son nom…

« C'est ça que tu voulais, crevette ? » susurra-t-il en se redressant un peu, accélérant encore le rythme de ses allers et venues en son sein, la sentant se resserrer autour de ses doigts. « Moi, en tous cas, je ne m'en contenterai pas, je te préviens… »

Sans plus attendre, il se redressa à nouveau aller embrasser la jeune femme, quand, brusquement, la porte de la salle de bain s'ouvrit à grand fracas, faisant sursauter Kali qui s'enfonça à nouveau dans la baignoire, faisant déborder encore plus l'eau sur le carrelage déjà bien inondé.

Gojo pénétra alors dans la pièce, une aura plus que menaçante l'enveloppant, Kyu posé au sommet de son crâne à la chevelure de neige. Il portait seulement un jogging, laissant paraitre son torse à la peau de porcelaine parfaitement dessiné ainsi que ses yeux nus, jetant comme des éclairs furibonds. Jamais la jeune femme ne l'avait vu dans un tel état de rage, la faisant instantanément revenir sur terre, loin des plaisirs charnels qu'elle avait ressenti jusque là. Il resta dans un premier temps silencieux, les fusillant de son regard improbable, avant de pointer les deux amants d'un doigt accusateur.

« Certainement pas, fléau de mes deux ! » éructa-t-il d'une voix chargée de colère. « Si tu crois que je vais te laisser abuser encore plus du corps de Yuji dans cette réalité, tu te fourres le doigt dans l'œil ! »

En entendant cela, Sukuna se contenta de venir s'assoir dans la baignoire, venant plaquer Kali contre son torse, un sourire carnassier aux lèvres.

« Tient… qui voilà ? » s'amusa-t-il avec une ironie non dissimulée. « L'inutile exorciste de rang S… Tu viens mater ? Je ne t'aurai pas cru à tendance voyeuriste… »

Gojo serra les poings, visiblement fou de rage. Son énergie crépitait presque littéralement autour de lui, faisant légèrement trembler Kali. Mais Sukuna resserra un peu son étreinte autour de son corps, relâchant à son tour son énergie occulte. La salle de bain se retrouva rapidement saturée d'ondes occultes, rendant l'air presque irrespirable. Ryomen ne lâchait pas Satoru du regard, attrapant d'une main le visage de Kali, venant donner un langoureux coup de langue le long de sa joue.

« Espèce de… » siffla l'exorciste entre ses dents, ses phalanges blanchissant à vue d'œil tant la tension de ses poings étaient importante.

« Quoi ? » Sukuna alla se caler nonchalamment cotre la paroi de la baignoire, maintenant toujours l'hybride contre lui, possessif à l'extrême. « Elle est à moi. Elle a accepté mon pacte. Je ne fais que jouir de ce qui est mien. Je ne vois pas en quoi ce qui se passe entre elle et moi regarderait quelqu'un d'autre… »

Kali ne savait pas quoi faire… Elle glissa un regard vers le professeur de l'école de Tokyo, ne le reconnaissant qu'à peine tant ses traits étaient déformés par la colère. Il lui faisait presque peur…

« … Kali ! » l'interpella-t-il justement, la faisant sursauter contre le démon. « Tu te rends compte que c'est le corps de Yuji, là ? Comment peux tu… Comment oses-tu…»

« Eh ! » Sukuna se leva d'un coup, son énergie occulte devenant de plus en plus lourde autour de son être tatoué. « Ce corps, c'est le mien. Le gamin n'est qu'un désagrément temporaire. »

« Tu peux toujours rêver… » Cracha Satoru, l'air mauvais. « Tu n'es qu'un parasite, obligé d'attendre que ce pauvre gosse tombe d'épuisement pour ramper dans l'ombre et abuser de son corps. Un simple légo suffit à te renvoyer de là où tu viens… Il est bien beau, le démon le plus puissant du monde ! »

Sukuna serra à son tour les poings, visiblement hors de lui. La colère grondait en lui, son envie de meurtre aussi. Kali pouvait le sentir jusque dans ses os, aussi. L'énergie du démon parcourant son corps semblait bouillonner, prête à s'enflammer d'une seconde à l'autre. La situation était désastreuse, elle le sentait.

« Tu vas voir, misérable petit exorciste… » siffla le fléau millénaire entre ses dents, s'apprêtant à enjamber le rebord de la baignoire pour aller se confronter à l'homme au cheveux de neige se tenant à seulement quelques mètres de lui, le narguant de toute sa hauteur.

« Non ! » Sans réfléchir, Kali se leva, attrapant à bras le corps le démon couronné pour l'empêcher d'aller plus loin, se plaçant entre les deux hommes. « Sukuna-san, Satoru… Arrêtez ça ! »

« TU LE DEFENDS ? » crièrent les deux, presque en même temps, la foudroyant de leurs regards inhumains.

Sukuna repoussa brutalement l'hybride dans la baignoire, visiblement contrarié au plus haut point, la faisant heurter la paroi sans ménagement. Elle aurait du s'y attendre… Cependant, elle ne se laissa pas démonter pour autant, refusant de les voir se faire du mal inutilement. Elle se releva un peu, attrapa la serviette qu'elle avait laissé non loin pour l'enrouler autour de son corps, histoire de pouvoir parler sans avoir à se cacher.

Faisant fi du danger, l'européenne enjamba rapidement le rebord de la baignoire pour aller se planter courageusement entre les deux hommes, la chair de poule parcourant sa peau à cause de l'énergie occulte folle qu'il y avait dans cette salle exigüe.

« JE NE DEFENDS PERSONNE. » reprit-elle, regardant alternativement les deux ennemis. « Je dis juste qu'en l'état actuel des choses, ce que vous faites ne sert à rien ! Satoru, tu ne vas pas faire le moindre mal au corps de Yuji et vous, sukuna-san, quoi que vous tentiez ça va juste réveiller Yuji. Tout ce que vous allez réussir à faire, à ce rythme, c est détruire le sanctuaire sans même pouvoir vous taper dessus ! »

Un bref silence suivis la tirade de la jeune femme. Kyu s'envola doucement, allant se planter sur le crane de Kali. Alors qu'il la fixait, le regard de Gojo tomba sur le tatouage qui ornait à présent la poitrine de Kali, le faisant crisper les mâchoires. Sukuna, de son coté, la regardait, incrédule. Elle venait vraiment de se mettre entre deux des êtres les plus puissants de ce monde, juste pour les arrêter ? Etait-ce de l'inconscience, une tendance suicidaire ou de la dévotion ?

Satoru soupira longuement, comme s'il tentait de retrouver son calme, avant de s'adresser à la jeune femme d'une voix froide et tranchante.

« Kali… Dans tous les cas, je ne te laisserai pas faire n'importe quoi avec le corps de Yuji. Tu devrais avoir honte.»

« C'est mon corps ! » objecta immédiatement le roi des fléaux, plus que lasse que l'on continue à dire que ce corps appartenait au gamin.

« Mai-mai-mai… » bégaya Kali, prise de court par cette violente et cruelle accusation. « Je ne fais pas n'importe quoi ! »

« Et ça ! » Continuait le démon, pointant du doigt l'européenne. « C'est MA crevette ! J'en fais ce que je veux ! »

« Ça ? » s'offusqua l'intéressée, se retournant vers Ryomen, choquée. Décidemment, c'était ça fête ce soir !

« Kali… Tu ne pas pas… » Gojo reprit à son tour, ignorant complètement les réflexions de Sukuna. « Yuji est… Tu sais qu'il est… Enfin… »

« Le plus niais des Puceaux ? » acheva le tatoué, croisant les bras sur son torse, visiblement ravis de faire enragé l'exorciste en se moquant de son cher protégé.

« La ferme ! » S'écria l'homme aux yeux d'infinis, visiblement à bout de nerfs. « Enfin bref. Kali, je suis sérieux. Tu ne peux pas abuser de lui. »

« Mais je n'abuse de personne ! » se défendit l'accusée, outrée, de l'eau glacée coulant le long de sa colonne vertébrale.

« Et ce que vous faisiez dans la baignoire, c'était du tricot ? » répliqua du tac au tac Satoru, serrant à nouveau les poings, faisant monter le feu aux joues de la jeune femme.

Comme si elle-même ne se posait pas assez de questions à ce sujet là… Yuji, son corps, Sukuna… Comme si elle avait besoin d'un Satoru furieux dans l'équation !

« C'est qu'il en a pas perdu une miette, l'exorciste… »

Sukuna enjamba le rebord de la baignoire, allant enlacer lascivement Kali, glissant son visage contre le sien.

« C'est pas plutôt une crise de jalousie, que tu nous fais là, l'albinos ? » susurra le fléau, jetant volontairement de l'huile sur le feu, fixant Gojo avec un sourire moqueur.

« Arrête ça. Immédiatement. » siffla le jeune homme, visiblement hors de lui.

Kali se mit à gigoter dans les bras du fléau, vraiment désireuse d'apaiser la crise.

« Sukuna-san… ça aide pas… » chuchota-t-elle en direction de Ryomen, le fusillant à son tour du regard.

Il la regarda, malicieux au possible, lui offrant un de ses sourires narquois inimitables. Au moins, l'un d'eux semblait s'amuser en cet instant…

« Satoru… » reprit Kali, tentant sincèrement d'apaiser la colère du professeur. Elle souhaitait tellement qu'il puisse comprendre à quel point cette situation n'était pas facile pour elle non plus… « La situation est … compliquée… »

« Je ne pensais pas que tu serais de son côté… » Lâcha l'intéressé, d'une voix dure et cassante, faisant l'effet d'une gifle à la jeune femme. « Surtout en sachant ce que Yuji ressent pour toi. »

Elle déglutit faiblement, misérable, se sentant complètement acculée. Elle n'avait jamais voulu faire de mal à qui que se fut. Elle essayait juste de survivre, avec sa nature bancale, sasn souvenir, et une groupe de personnes la traquant comme une bête. Les faits l'avaient mené à passer un pacte avec Sukuna. Elle l'avait fait pour ne pas mourir, après seulement quelques mois d'existence. Jamais elle n'avait voulu par ce biais faire de mal à Yuji…

« Je… Je ne suis pas… Je suis… »

Les mots moururent dans sa gorge serrée alors que sa vue se troublaient de larmes, la faisant baisser la tête, honteuse. Etait-elle une personne aussi horrible que ça ?

« Ça suffit, exorciste. »

La voix de Sukuna était aussi cassante que celle de Satoru avait été dure. Il resserra son étreinte sur le corps de l'hybride, la plaquant un peu plus contre lui. « Si tu n'es pas content de la situation, tu n'as qu'à t'en prendre qu'à ton incompétence. Maintenant, dégage. Notre bain refroidit. »

Gojo demeura silencieux un bref instant, fixant le démon et l'hybride qui lui faisant face. Kali fuyait son regard, une larme dévalait sa joue alors qu'elle se blottissait contre le torse du roi millénaire, son regard de lave le foudroyant littéralement. Qu'est ce qu'il avait fait ? En vouloir à Kali ne servait à rien, il le savait pourtant… Mais il avait été incapable de s'en empêcher. La peine de Yuji le rendait fou, il n'y pouvait rien. En partie, il devait se l'avouer, parce qu'il était incapable de l'aider. Comme il avait été incapable d'aider l'hybride…

Lui qui devait être l'être le plus puissant du monde se retrouvait à nouveau confronter à ses limites. Et il détestait ça…

L'exorciste aux yeux d'azur soupira lourdement avant de s'approcher des deux autres, faisant Sukuna encore un peu plus resserrer ses bras autour de Kali.

« Tu as raison, démon de malheur… » souffla douloureusement Satoru, jetant un regard vers l'européenne. « Pas la peine de perdre plus de temps… »

Il sortit alors son téléphone de la poche arrière de son jogging, se mettant à tapoter dessus avant de le tendre vers eux, appuyant d'un coup sec du pouce sur l'écran.

Brusquement, un son hyper strident se fit entendre dans la pièce, faisant sursauter Kali qui alla se plaquer les mains sur les oreilles.

« Sa… Satoru ! Arrête ça, c'est infernal ! » cria l'européenne, ayant l'impression qu'une folle était en train de griffer frénétiquement un tableau avec ses ongles acérés juste à coté de son oreille.

D'un coup Kali rouvrit les yeux, comprenant le stratagème de l'exorcist, sentant l'énergie de Sukuna s'évaporer à ses côtés. Elle se tourna alors et put voir les tatouages caractéristiques du roi millénaire disparaitre, laissant place au visage immaculé de Yuji qui plaqua soudainement ses mains lui aussi sur ses oreilles, visiblement perdu.

« Qu'est… Qu'est ce qui se passe ? » Cria-t-il à son tour, choqué. « Sensei ? Kali sempai ? C'est quoi ce bruit ?»

Kali se retourna vers Gojo qui arrêta enfin le son supplicié, avant de ranger son portable, l'air impassible. Son regard était lourd et fermé, ne laissant rien paraitre de ses pensées. Sans dire un mot,il se pencha, attrapa le poignet de Yuji et l'entraina à sa suite, ne laissant pas à l'adolescent le temps de comprendre ce qui venait de se produire.

« Vient, Yuji. » se contenta-t-il de dire, n'accordant pas un regard à la jeune femme. « Il faut que tu te reposes. Je t'expliquerai tout plus tard. »

« Sen…Sei ? »

Yuji lança alors un regard perplexe à Kali qui resserra sa serviette autour de sa poitrine, terriblement gênée et perdue.

Arrivé à l'encadrement de porte, Satoru s'arrêta un bref instant, s'adressant à l'hybride par-dessus son épaule, sans même se tourner vers elle.

« Juste, Kali… Essaie de réfléchir à ce dont on a parlé. C'est important. On te laisse tranquille maintenant. »

Puis il quitta la pièce, Yuji sur ses talons, laissant seule l'étrangère avec toutes ses pensées contradictoires.

Kali resta quelques instants immobile, regardant ses pieds baignant dans l'eau ayant débordé du bain, fixant les bracelets noirs enserrant ses chevilles, serrant dans les mains le tissu immaculé de sa serviette.
Au bout d'une poignée de secondes, elle laissa échapper un sanglot avant de se laisser glisser sur le carrelage de la salle de bain, enserrant ses genoux de ses bras, y posant son front, plus écartelée encore qu'elle ne l'avait jamais été avant de passer le pacte avec Sukuna.

Si elle avait su que tout cela serait si compliqué…

Si Gojo avait raison…

Si elle ne faisait que blesser Yuji par ses actions….

Elle allait devoir faire un choix radical pour le protéger d'elle-même…

Même si cela lui couterait bien plus qu'elle ne souhaitait se l'avouer…

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Mot de l'auteur :

M : EEEEET salutation tout le monde ! Très bonne 2023 à vous tous ! Bonne année du lapin ! Je vous souhaite mes meilleurs vœux, le bonheur, la santé, la réussite, l'amour…

Sukuna : LE SEXE !

M : Le s… Euh… Oui, allez, aussi, pour ceux qui veulent, le sexe !

Gojo : pauvre dépravé…

Sukuna : Alors le coton tige frustré, il va aller voir ailleurs si j'y suis pas !

M : Et la paix ? On se souhaiterait pas la paix aussi ? C'est cool, la paix…

Sukuna, pointant satoru du doigt : C'est un gros naze !

M : Tu dis ça parce qu'il a fait pleurer Kali ? c'est migno…

Sukuna, jetant à Gojo un crâne : IL A INTERROMPU MA PARTIE DE JEUX SEXUELS !

M : ah… Bon… Moins mignon du coup… boulet…

Sukuna : Hein ?

M : Quoi ?

Sukuna, suspicieux : …. Je sens qu'il y a anguille sous roche…

M : Kali, choupinette, ça farte ?

Kali, se mouchant pour la 1000ème fois au chevet d'Hiroaki : Je passe à 2 doigts de la mort, je me fais massacrer, je crois perdre un amis, je passe un pacte et maintenant je me fais malmener par Satoru parce que soit disant je viole Yuji! Tu parles que j'ai besoin de vacances !

Sukuna : Au moins tu connais l'extase physique, crevette !

Yuji : Qui c'est qui me viole ?

Kali, se mouchant pour la millième fois : J'veux rentrer chez prasaaaaad ! Lui au moins, il me traite bien !

Yuji, choqué : Qui vous traite mal, sempai ? Je les fracasse !

Kali, incapable de lui dire que c'est le démon dans sa tête et son professeur adoré qui la malmène : T_T

Prasad, depuis son domaine, grâce à son 6ème sens hyper protecteur : Maharani a besoin de moi, affrété le jet, on part pour le japon ! Et chargez les bazookas !

M, blasé : J'AI DIT LA PAIX POUR 2023, BANDE DE MOULES !
Bon, bah c'est pas gagné, visiblement.
Encore une fois, bonne année à toutes et à tous.
Que votre année future se passe au mieux et vous apporte tout ce qui peux vous apporter du bonheur.
Un immense merci de suivre notre histoire !
ça me fait très plaisir ! Et si vous avez 30 secondes pour laisser un petit commentaire pour nous dire ce que vous en avez pensez, ça nous fera chaud au cœur !

J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Et que le retour de Hioaki aussi lol (nan dans le dernier chapitre de l'arc 2 je me suis trop attachée à ce couillon, il pouvait pas mourir aussi vite T_T)

On se retrouve très vite pour la suite !

Kissou kissou !