« Pathétique… »

Du haut de son trône macabre, Sukuna laissa échapper un terrible soupire, le menton posé contre son poing fermé légèrement crispé, ne pouvant qu'une nouvelle fois se contenter d'observer le gamin se faire rouster par un adversaire pitoyable.

Cette fois ci… C'était un lycéen craintif qu'un seul de ses regards de sang aurait suffit à faire fondre en larmes et une foutue méduse.

Une.

Méduse.

Vraiment… c'était douloureux à regarder.

Le gosse lui servant de réceptacle était en train de se laisser malmener par le brun maigrichon, tentant de le faire baisser les armes en lui servant des mièvreries ridicules. Et s'il comptait sur lui pour réparer son corps qu'il venait de se faire trouer volontairement, il pouvait toujours courir… ça lui ferait les pieds de souffrir.

Le démon ne comprendrait décidément jamais ce garçon… Pourquoi diable ne se contentait-il pas de lui décrocher un bon coup dans les mâchoires afin de mettre un terme à cet ersatz de duel ? Ce n'était pas comme s'il connaissait son adversaire depuis des siècles, les morveux s'étaient à peine rencontrés la veille au soir… C'était tout bonnement ridicule !

« Et le voilà reparti dans un de ses monologues… » siffla le fléau millénaire entre ses dents, exaspéré et lassé. « Si seulement je pouvais lui arracher la langue pour le faire taire… »

D'un coup cependant, une nouvelle énergie se fit sentir tout près, intriguant instantanément l'homme tatoué qui la remarqua bien avant son hôte. Les choses allaient peut être devenir intéressantes en fin de compte…

Un homme fit son apparition non loin des deux adversaires pleurant à l'unisson à même le sol telles des larves, les cheveux longs couleur cendre, des yeux vairons et de multiples cicatrices parcourant sa peau anormalement pâle. Mais se n'était pas son apparence qui fit se redresser un rien Sukuna sur son improbable assise… C'était son aura.

Il n'était pas totalement humain…
Il n'était non plus un fléau.

« Un hybride… » murmura l'homme dans le silence assourdissant de son espace intérieur.

Cette simple remarque lui arracha un sourire machiavélique, dévoilant ses canines acérées. Voilà qui était enfin distrayant…

Le nouveau venu, un certain Mahito, était d'une nature semblable à celle de la crevette. Semblable… Et pourtant très différente. En effet, alors que le maitre des poisons détaillait de son double regard l'étrange personnage, une évidence lui sauta aux yeux : il ne portait aucune marque de cercle d'encrage ou d'orbe démoniaque qui aurait été liée à son âme humaine. Son énergie était parfaitement stable.

Contrairement à sa petite hybride personnelle… Le balafré était donc né ainsi.

Un pur race en quelque sorte…

« Kenjaku, Kenjaku… » s'amusa Ryomen, se laissant nonchalamment aller contre les crânes dans son dos. « Ainsi donc tu as fini par réussir à l'obtenir, ta race idéale, pauvre fou… »

Un sourire en coin aux lèvres, le tatoué continua de détailler l'homme aux cheveux gris, ressentant un certain contentement face à cette découverte. Si l'autre dingue avait finalement accomplis l'un de ses projets contre nature, il n'aurait ainsi plus aucune raison de s'intéresser à l'européenne qui devait être l'un de ses brouillons passés… Et cela l'arrangeait fortement. Kenjaku pouvait se montrer… entêté et capricieux par moment.

Un souci de moins à régler.

« S'kuna… S'KUNAAAA ! »

Le cri du gamin extirpa l'intéressé de ses pensées, le faisant brièvement scruter la scène qui se déroulait devant lui, lui arrachant un haussement de sourcils. Le brun pleurnichard avait été métamorphosé, surement par l'hybride pure race, en une bestiole difforme et grotesque lui faisant penser un peu à un hippopotame… La créature s'était jetée sur le morveux qui la ceinturait de ses bras pour essayer de l'immobiliser, encaissant ses coups de poings lui fracturant progressivement toutes les côtes.

Ce gosse devait être masochiste, en fin de compte…

Prenant son temps pour répondre à son appel, le roi des démons se matérialisé finalement sur la joue du jeune exorciste, savourant d'avance le tour qu'il allait pouvoir lui jouer, un sourire narquois ourlant sa bouche carnacière.

« J'écoute. » se contenta-t-il de lâcher négligemment, maitre incontesté et incontestable de la situation.

« Demande moi n'importe quoi, tout ce que tu veux ! » répondit avec précipitation et désespoir son hôte, sa détresse dégoulinait de son débit accéléré. « Fais comme avec mon cœur le jour où tu l'as reconstitué et rend sa forme à Junpei ! »

Ah… Cette souffrance…

Comme elle lui était plaisante à l'oreille…

Le gamin, qui ne cessait de le prendre de haut, rendu arrogant par sa capacité actuelle à le maintenir lui, le roi des fléaux, prisonnier en son sein, était à présent en train de le supplier…

En plus, sa tirade pitoyable prouvait qu'il n'avait bel et bien aucun souvenir du pacte qu'ils avaient passé ensemble. C'était parfait. Décidemment, entre cette information et l'existence avérée d'autres hybrides plus abouti que la sienne, la journée au final n'était pas si inutile que cela. Et il comptait bien continuer à s'amuser un peu, histoire de se venger de cette situation désagréable que lui imposait le gosse.

« J'ai pas envie. » finit-il par répondre d'une voix trainante chargée de mépris et de cruauté.

« Raclure… » répliqua le jeune exorciste, amusant encore un peu plus son invité démoniaque.

Il pouvait bien l'insulter, le protégé du sixième œil… Il n'était rien sans lui. La force occulte qu'il utilisait piètrement, sa survie face aux fléaux, son corps qui se renforçait de plus en plus depuis qu'il avait commencé à manger ses doigts… Tout ça, l'adolescent le lui devait, à lui et à personne d'autre.

Aujourd'hui, il avait enfin l'occasion de lui montrer qu'il n'était qu'un insecte au creux de sa main, un jouet des circonstances… Et que tôt où tard, il finirait broyer par ses soins.

«Quel plaisant spectacle ! » reprit le démon couronné, avide d'humilier le plus possible son réceptacle irrespectueux. « Ton corps, ton avenir, tu m'offrirais ta vie entière sur un plateau ! Sans moi, tu ne peux rien, gamin ! Tu n'as pas pu sauver la crevette, tu ne pourras pas non plus sauver le pleurnichard ! Tu n'es rien, fais toi à l'idée ! »

Sa pique terminée, Sukuna partit dans un profond et cruel éclat de rire, bientôt rejoint par celui de l'autre balafré. Depuis son espace intérieur, le tatoué pouvait sentir l'âme normalement inébranlable de Yuji vaciller. Hélas pas assez pour qu'il puisse prendre le contrôle de son corps, mais c'était déjà assez jouissif de sentir le gosse flancher alors que le lycéen déformé mourrait littéralement dans ses bras.

La profondeur et l'intensité du désespoir que ressentait le morveux était comme du miel sur sa langue.

Ah… Si seulement il avait pu céder un peu plus, juste un peu plus… Il aurait pu prendre possession de son corps et s'amuser un peu.

Hélas, la colère, la haine et la rage s'embrasèrent trop vite dans son esprit, enflammant son âme pour la rendre à nouveau imperméable à toute possibilité d'infiltration.

Tant pis… Au moins s'était il un peu distrait au dépend du son hôte.

Un combat entre le gamin et l'hybride s'entama alors à travers le lycée, arrachant d'avance un soupire désabusé au fléau. Il allait encore se faire trouer comme une passoire, effaçant déjà un peu de la bonne humeur de Ryomen. Le fait de voir sa future enveloppe se faire ainsi inlassablement malmenée par tous les minables petits adversaires qui passaient était un spectacle terriblement déplaisant pour lui.

Il était le roi des fléaux. Jamais, en son air, il n'avait ne serait ce que plier le genou devant qui que se fut. Et là il se trouvait en position de faiblesse absolue, enfermé dans le corps d'un inculte irrespectueux se faisant botter le derrière comme si c'était son passe temps favori.

D'ailleurs, alors qu'il pensait cela, Yuji s'était à nouveau fait transpercer le torse par le dénommé Mahito, se retrouvant acculé et à bout de souffle sous le regard méprisant de son adversaire.

« Lâche l'affaire, veux tu. » déclara l'hybride, sur de sa victoire. « Appelle donc Sukuna. »

La remarque arracha une grimace mécontente à l'intéressé, le faisant se tendre un peu sur son trône. Que le balafré joue avec le gamin, c'était une chose. Mais qu'il pense visiblement qu'il pouvait faire appel à lui comme bon lui semblait, comme s'il était à son service, lui déplaisait terriblement. Avait il oublié de qui il parlait ? Visiblement, le demi fléau voulait absolument que le morveux lui laisse la place. Il devait avoir un quelconque plan en tête, dans lequel il devait avoir une place de choix.

Quelle arrogance…

« Altération absolue… »

Minute… Il n'avait pas ça, le recousu ?

Venait il VRAIMENT de toucher son réceptacle dans le but de le FORCER, LUI, le roi des fléaux, à se confronter à lui ?

Mais quelle impudence… Quelle folie… N'y avait il donc plus personne dans cette ère moderne pour se rappeler de qui il était et de ce qu'il pouvait faire ? Avaient-ils tous oublié où était leur place ?

Une colère sourde gronda à travers tout l'espace intérieur du démon millénaire, alourdissant l'air comme une chape de plomb. Il relâcha un peu de son aura meurtrière, accueillant l'intrus comme l'insecte qu'il était.

Du haut de son trône, Sukuna toisa l'hybride, l'écrasant de sa présence toute puissante et implacable. « Tu oses toucher mon âme ? »

Sa voix grave et profonde glissait dans l'air telle une lame meurtrière, pétrifiant le cendré sur place.

« On a bien rigolé avec le gamin tout à l'heure, alors ça passe pour cette fois. Mais c'est la dernière… » continua-t-il, n'attendant de toute manière aucune réponse de son interlocuteur statufié. Le poignardant de son double regard assassin, Sukuna se pencha un peu en avant, le toisant de toute sa hauteur. «Pour qui tu te prends… pauvre minable ? »

Sans plus perdre une seconde, il rejeta l'homme aux yeux vairons hors de son espace intérieur, le laissant aux mains de son hôte qui avait profité de cet aparté pour reprendre du poil de la bête. Soupirant lourdement, Ryomen suivit le reste du combat d'un œil mauvais, toute sa bonne humeur s'étant évaporée.

Le gamin finit par se faire rejoindre par l'exorciste anorexique, l'hybride ayant reprit malgré tout les rennes de la danse. Un duo de bras cassés franchement… D'un coup, alors que son hôte était aux prises d'humains modifiés, l'énergie d'une extension du territoire se fit sentir, arrachant malgré tout un haussement de sourcil au tatoué. Il savait donc faire ça, l'hybride… Il n'était peut être pas aussi mauvais qu'il le pensait.

Dans tous les cas, s'en était fini du blond.

Alors que l'homme aux yeux rubis fixait ses ongles violets acérés, pensant que le combat allait prendre fin, il entendit le gamin hurler le nom de l'autre exorciste, se précipitant à toute vitesse vers la sphère formant l'extension du territoire du demi fléau. Sukuna releva la tête, comprenant instantanément ce que l'autre imbécile comptait faire, le blasant terrible.

« Mais quel… » commença-t-il, crispant les mâchoires alors que le lycéen traversait l'enveloppe protectrice de l'attaque occulte, se jetant à corps perdu dans le territoire de son adversaire.

L'abruti fini ! Avec son niveau actuel, il ne pouvait absolument pas lutter contre une technique de ce niveau… Lui arrivait il seulement de réfléchir de temps à autres ou ce mono neurone comptait il inconsciemment sur le fait que LUI viendrait à son secours pour sauver son corps qui serait un jour le sien ?

Dans tous les cas, c'était exaspérant au dernier degré ! Lui, Ryomen Sukuna, n'était pas l'ange gardien de cet attardé !

A peine le lycéen eut il posé le pied à l'intérieur du territoire que l'homme millénaire prit les choses en mains, peu désireux d'encore voir son enveloppe se faire malmener éhontemment. Il relâcha à nouveau son énergie, la déversant avec fracas et colère dans l'air ambiant, profitant du fait que ce territoire s'attaquer aux âmes pour attirer Mahito à lui. Vu qu'il ne pouvait pas se défouler sur Yuji, se serait l'arrogant hybride qui paierait la note.

« Je te l'avais dit… » déclara-t-il avec mépris et suffisance, agitant d'un geste sec deux de ses doigts. « Une fois, pas deux. »

Le coup alla profondément trancher l'hybride, le blessant assez pour faire s'effondrer son domaine, sauvant ainsi les fesses de son crétin d'hôte et de son acolyte.

Tout cela était terriblement déplaisant, vraiment…

En être réduit à ça, lui le roi des fléaux, était outrageant. Ce monde était fou. Si cela n'avait tenu qu'à lui, s'il avait eu la possibilité d'user réellement de son pouvoir, il les aurait tous tuer. L'hybride, le blond, tout le monde…

Fushiguro Megumi mis à part… Ainsi que la crevette, qui le distrayait de son ennuie… Ils pouvaient bien tous périr par ses lames…

Alors qu'il pensait cela, le corps de son hôte s'effondra lamentablement au sol, son champ de vision se limitant d'abord à une flaque de sang et aux pieds de l'autre exorciste avant de sombrer dans l'obscurité totale, arrachant une grimace de rage au démon.

Vraiment pitoyable… Cette situation était absolument intolérable…

Le gamin avait mis des jours à se remettre de ses blessures physiques, et cela grâce à l'aide apportée par la fumeuse sachant user du sort d'inversion. Finalement, il était rentré au sanctuaire, les épaules basses, la mine abattue, allant directement se réfugier dans sa chambre en constatant que les lieux étaient déserts. Cela l'arrangeait, pour ainsi dire, car il ne se sentait pas la force de parler à l'européenne, de lui expliquer la perte de Jinpei et les nouvelles cicatrices couvrant son corps.

Sans même prendre le temps de se déshabiller, se contentant de retirer ses baskets, il se faufila sous le draps de son lit, se roulant en boule sur le côté, désireux de se réfugier encore quelques heures dans un sommeil lourd garanti par l'antidouleur que l'avait forcé à prendre Nanami un peu plus tôt.

Tout ce qu'il voulait… C'était un peu de repos…

Sukuna, pour sa part, avait passé ces derniers jours à fulminer et à ressasser le souvenir des récents évènements, assombrissant fortement son humeur.

Que lui, Ryomen Sukuna, puisse se retrouver ainsi dans un corps blessé, l'exaspérait au plus haut point ! Cela le faisait littéralement bouillonner de rage, le plongeant dans une colère terrible contre l'entièreté de sa situation actuelle. Il avait attendu mille ans pour pouvoir être à nouveau incarné dans ce attardé d'Itadori.

Il s'était malgré tout obstiné à ne pas soigner le morveux, jugeant que sa douleur était une punition méritée pour être aussi faible et piètre guerrier… Et, pire que tout, pour lui imposer ses états d'âmes ridicules et pleurnichards par rapport à la perte de l'humain métamorphosé par le balafré.

Que tout ça était inintéressant et contrariant…

Les quelques jours qu'il avait passé hors du sanctuaire, constamment en présence de l'autre exorciste aux lunettes étranges, furent interminables. Il avait du souffrir passivement des discussions mièvres et sentimentales des deux humains par rapport à la fragilité de la vie, de l'inévitabilité de la mort et autre débilités que se racontaient les insectes dans leur genre pour se rassurer, ne faisant qu'alimenter le brasier intarissable de sa contrariété.

Il n'avait, pour dire, même pas eu envie de faire venir la crevette dans son espace intérieur. Il avait bien entendu perçu ses innombrables appels, ressenti sa peur, son inquiétude vibrante à travers leur lien, mais cela n'était pas ce dont il avait eu envie à ce moment précis.

Il aurait voulu avoir un adversaire à combattre, du sang à faire couler, des os à briser de ses mains. Et, il fallait le reconnaitre, malgré le fait qu'il aurait parfaitement pu se battre contre la crevette et soigner ses blessures après, ce n'était ce qu'elle lui inspirait. Imaginer son visage et son corps brisés, broyés, couverts de sang et ses yeux félins dorés noyés de douleur, de désespoir et de larmes ne lui aurait apporté aucun soulagement. Pas qu'il se souciait d'elle, bien évidemment. Elle n'aurait simplement pas été une adversaire suffisante.

Quand, plus tôt dans la journée, le gamin avait enfin récupéré son téléphone, Sukuna avait vu cela comme un signe encourageant, signifiant qu'il allait enfin rentrer au sanctuaire et ne plus passer ses journées et ses nuits aux cotés du blond anorexique déprimant. Il ne l'aurait jamais admit en face de l'étrangère, mais l'idée de la revoir lui avait arraché l'esquisse d'un sourire malgré lui, alors qu'il pouvait encore l'entendre l'appeler à travers le pacte liant leurs âmes…C'était qu'elle avait l'air de vraiment s'inquiéter, la petite…

Il avait fait la sourde oreille à ses innombrables appels depuis des jours, continuer encore quelques heures pour travailler l'effet de son retour ne tuerai surement pas la petite hybride rousse…

A cette idée, un sourire narquois avait éclot sur les lèvres du démon millénaire, le premier depuis presque une semaine… L'effet crevette, à n'en pas douter…

Itadori avait été déposé devant le sanctuaire quelques heures plutôt, en fin d'après midi. Il avait un peu déambulé au milieu des pièces vides, ne trouvant personne, à son grand étonnement, partagé pour une fois avec celui du fléau. Où était donc passée la petite sauvageonne ? Il aurait pensé qu'elle aurait été là, à l'attendre, impatiente de le retrouver, vu l'inquiétude qu'elle avait manifesté pendant son absence.

Elle n'aurait pas préféré aller se balader avec l'autre blondinet lécheur plutôt que d'être là pour l'accueillir quand même ?

Cette idée le renfrogna terriblement, dissipant le peu de bonne humeur qu'il avait récupéré en sachant qu'il revenait ici.

Le gosse, lui, traina sa carcasse blessée jusqu'à sa chambre et se laissa tomber sur son lit tel un poids mort, s'abandonnant au sommeil médicamenteux. Il fallut attendre quelques heures encore pour que son endormissement, troublé par de nombreux cauchemars, permette au démon de prendre la main.

Et ainsi, le voilà, étendu face contre le matelas, le ventre troué et bandé, comme s'il était un faible. Immédiatement, Sukuna se redressa, veillant surtout à ne pas tirer trop sur ses blessures afin de ne pas réveiller le gamin. Ça l'énervait tellement ! La fumeuse aurait quand même pu faire le travail qu'on lui avait demandé correctement ! N'y avait il donc que des incompétents dans cette ère moderne ?

Cependant, alors qu'il maugréait intérieurement tout en s'asseyant au milieu des draps froissés, commençant à se débarrasser de son t-shirt étroit, il s'arrêta dans son geste, fronçant légèrement les sourcils. Il y avait… quelque chose dans l'air… Fixant la porte close de la chambre, le tatoué renifla plusieurs fois, détectant incontestablement une odeur très suspecte, un rien alarmante.

Il y avait… le feu dans le sanctuaire ?

Voilà autre chose…

Intrigué, le fléau millénaire se releva d'un geste souple, terminant d'ôter son haut avant de quitter la pièce pieds nus. Se dirigeant grâce à son odorat, il alla rapidement à la cuisine du refuge de laquelle pouvait lui parvenir également la voix de la crevette. Celle-ci maugréait allègrement dans sa langue étrangère aux consonances si graves, l'intriguant un peu plus encore. Qu'est ce qu'elle avait donc encore inventé, cette petite bestiole improbable ? Avait-elle encore mis le feu à la table à manger ?

A pas de loups, le tatoué se faufila dans l'encadrement de porte, découvrant avec étonnement son hybride s'affairait devant les fourneaux, un tablier noué par-dessus sa robe courte aux fines rayures blanches et mauves. Il ne put s'empêcher de froncer une nouvelle fois les sourcils, se souvenant encore de sa conversation avec la jeune fille où elle lui avait avoué n'avoir des talents en cuisine qu'extrêmement limités.

Et… Une chose était certaine… L'odeur désagréable de brulé venait incontestablement de la casserole que tenait fermement la demoiselle. Quoi qu'elle ait voulu faire… C'était visiblement un échec.

Se calant avec nonchalance contre le montant de la porte, un sourire narquois étirant ses lèvres, Sukuna finit par prendre la parole.

« Les tables, ça ne te suffisait plus, crevette ? Tu essaies de faire brûler tout le sanctuaire maintenant ? »

L'interpellée sursauta en entendant la voix grave de l'homme, se retournant vers lui, sa casserole toujours dans une main, une cuillère en bois dans l'autre. Elle le fixa, muette, le regardant avec une intensité terrible, l'or de ses yeux félins semblant briller d'émotions.

« Su…Sukuna-san… » Elle fit un pas vers lui avant de glisser un regard vers les objets qu'elle tenait encore, allant les reposer sur la gazinière d'un geste un peu brusque, comme bouleversée. La demoiselle déglutit, se tournant à nouveau vers le démon qui n'avait rien dit, se contentant de la regarder faire, amusé par son trouble visible.

« Su… » reprit elle, hésitante, avant de se figer, le scrutant avec effroi en découvrant les bandages couvrant son torse. « Sukuna-san ! Vous… » Elle s'approcha de lui avec précipitation, s'arrêtant juste devant lui, plaquant ses mains délicates contre ses lèvres pulpeuses. « Vous êtes blessé ? Vous allez bien ? Qu'est ce qui s'est passé ?»

Une incommensurable inquiétude emplit brusquement les yeux de l'hybride, vibrant d'une intensité qui surprit un peu le démon millénaire. Elle serra ses mains contre sa poitrine, se retenant visiblement de s'approcher plus de lui, comme si elle craignait de lui faire mal au moindre contact… Après tout l'irrespect qu'il devait subir dans ce monde amnésique, son comportement avait quelque chose… d'appréciable…

« Moi ? Blessé ? » répliqua l'homme millénaire, se penchant un peu vers l'européenne. « Voyons, crevette, as-tu oublié qui je suis ? C'est le gamin qui s'est fait fracasser, pas moi. »

La réponse ne sembla cependant pas soulager énormément la demoiselle qui ne put réprimer une grimace, laisser courir son regard sur les bandelettes enserrant tout son torse et une partie de ses bras.

« Mais… » commença-t-elle, ennuyant déjà un peu son interlocuteur, peu enclin à parler de l'état de son corps ou de ce qui l'avait mis dans ce dit état.

« Tu sais que ton… truc est en train de continuer à cramer ? » la coupa Sukuna, désignant d'un mouvement du menton la cuisinière toujours allumée et la casserole qui s'y trouvait.

« Merdouille ! »

Kali fit instantanément volte face, le tissu fin et léger de sa robe ondulant contre ses cuisses alors qu'elle se précipitait pour récupérer l'objet fumant d'une main, en scrutant, un rien dépitée, le contenu. Ryomen, lui, en profita pour venir se placer à côté d'elle, dégageant une ses épaules de ses lourds cheveux de feu ondulés. Il se pencha vers elle, venant lui murmurer à l'oreille d'une voix coulante et amusée.

« C'est à force de m'appeler sans cesse que tu as oublié de surveiller ce que tu faisais, crevette ? »

Un léger frisson parcourut sa peau de porcelaine alors qu'il se penchait un plus encore, coulant son visage au creux de son cou, faisant courir ses lèvres de sa tempe jusqu'à sa clavicule, respirant à plein poumons, par delà l'odeur du cramé, le parfum de sa peau, de ses cheveux, de son sang palpitant dans sa jugulaire… Elle était tellement alléchante… Il avait envie de la mordre, de la gouter… D'oublier par son corps tous ses désagréments…

Cependant, d'un coup, la demoiselle fit un pas de côté avant de se tourner vers lui, croisant ses bras sous sa poitrine, la rougeur s'épanouissant sur ses pommettes contrastant avec son air boudeur.

« Sukuna-san ! JE LE SAVAIS ! Je savais que vous m'entendiez ! J'étais morte d'inquiétude, vous auriez pu me dire que vous alliez bien quand même ! »

Sa remarque arracha à l'intéressé un ricanement amusé, alors qu'il croisait à son tour ses bras contre son torse. « Vraiment ? Dois-je encore te rappeler qui je suis, crevette ? Dois-je ajouter à la liste de tes pathologies celle d' Alzh… Alme… La maladie de la mémoire ? »

« Pas pour ça que je ne m'inquiète pas… » murmura-t-elle tout bas, faisant se lever au ciel les quatre yeux du démon.

« Idiotie que tout ça… Vas-tu me dire que je t'ai manqué, crevette ? Tu n'étais pourtant pas là à mon retour… » susura-t-il, toujours un peu vexé de l'absence de Kali quand le gamin était rentré au sanctuaire.

L'accusée encra son regard d'or outré dans le sien, visiblement prête à en découdre. Cela le changeait tellement de ses échanges misérables avec le gamin…

« Vous m'aviez pas donné d'heure, que je sache ! Et on était allé faire des courses pour remplir le frigo, pour fêter justement votre retour ! »

« On, dis-tu… » releva immédiatement le démon, une ombre passant dans le feu de ses yeux, faisant tiquer la jeune femme.

« Oui, on. » s'entêta cependant l'hybride, ne voulant décidément pas baisser les yeux face à lui. « Hiroaki était là pour m'aider à porter les sacs. Je n'ai que deux bras, moi, je vous signale ! »

La remarque arracha un léger ricanement au démon, faisant sourire l'européenne. « Comment une si petite chose peut elle être si impertinente… Tu m'as au moins acheté du saké, j'espère… »

« Je ne sais pas si vous le méritez, vu que vous ne m'avez pas répondu ! » répliqua Kali, joueuse.

« Je te maintiens en vie et ne te tue pas, crevette. » rétorqua le démon tatoué, venant se saisir du menton de la demoiselle avec fermeté, soudain plus sérieux. « Ne l'oublie quand même pas. »

« Je le sais parfaitement. » La rousse soutint son regard avec courage, impressionnant un rien l'homme millénaire. « Bien plus que vous ne semblez le penser. »

Son ton un rien solennel prit un peu de court le roi des fléaux, qui fixa son improbable vis-à-vis une poignée de secondes, cherchant à comprendre ses cheminements de pensées lui échappant si souvent. « Vraiment ? Tu ne sais pas le montrer alors… »

« Vous rigolez ? » s'offusqua-t-elle brutalement, ses sourcils roux se haussant ostensiblement sous l'outrage. « Je suis en train de cuisiner pour vous ! »

« … Pardon ? » ne put s'empêcher de laisser tomber le tatoué, jetant un coup d'œil dubitatif vers le contenu en grande partie carbonisé de la casserole abandonnée sur le plan de travail.

« Je… » commença-t-elle, une légère rougeur montant à ses pommettes de porcelaine. « Je vous ai senti… contrarié… Vu que vous aimez la cuisine, j'ai voulu faire quelque chose pour vous… »

Sukuna se tut quelques instants, dévisageant la rousse pour sonder son regard félin où il put trouver cependant qu'une violente et désarçonnant honnêteté. Malgré le léger trouble que cela faisait naitre en son sein, il ne put s'empêcher de faire un sourire en coin, désignant d'un geste de tête l'objet noirci du délit. « J'espère que tu ne parles pas de… ce… truc… brulé, crevette ? Tu penses que je suis déprimé, du coup tu veux m'achever ? Je ne te pensais pas si cruelle…»

Immédiatement, Kali vint enfoncer ses mains sur ses hanches, outrée. « KUWA ? Mais pas du tout ! C'est un geste de… de … Et puis c'est pas un truc, d'abord, c'est un risotto ! »

« Du poison plutôt, non? » s'amusa-t-il, venant passer ses bras autour de sa taille pour la ramener près de lui, taquin. « Même moi qui en suis le maître incontesté, je commence à avoir un peu peur pour ma survie si je venais à gouter cette chose... »

En entendant cela, l'hybride le fixa, la bouche entre ouverte, muette sous la stupeur. Elle ne demeura cependant pas longtemps silencieuse, commençant à gigoter dans tous les sens, arrachant un rire au démon se distrayant à ses dépends.

« MAIS KUWAAAAA? C'est vous qui dîtes ça alors que vous mangez du poisson pourris ? »

« Macéré, crevette, macéré. » corrigea Sukuna, sans pour autant que la demoiselle ne l'écoute.

« On peut pas juger un plat sur son apparence ! » répliqua-t-elle, de mauvaise foi. « C'est vous-même qui l'avez dit, d'abord, avec votre poisson des enfers ! C'est peut être bien meilleur qu'il n'y parait !... »

« Tu veux jouer à ça, crevette ? » s'amusa le roi des fléaux, avide de savoir jusqu'où la petite hybride allait être capable d'aller pour couvrir son désastre culinaire. « Moi, je l'avais gouté du coup, avant de t'en faire manger… »

« Chiche. » lâcha-t-elle, ses yeux ne lâchant pas les siens une seconde, visiblement déterminée.

Sukuna glissa un œil vers le contenu noirci de la casserole, estimant le risque pour la survie de son impétueuse, improbable et entêtée petite hybride. Ça n'avait pas l'air non plus mortel…Juste très mauvais. Au pire, elle passerait une mauvaise nuit. Et, dans ce cas là, se serait juste la punition pour n'avoir pas voulu admettre son échec.

Estimant qu'elle ne risquait pas de mourir quoi qu'il advienne, le tatoué relâcha la jeune femme, lui laissant le champ libre pour sa petite démonstration. La rousse le toisa de toute sa hauteur, amusant terriblement le démon, avant d'aller se saisir d'une cuillère trainant là, la plongeant sans hésiter dans le magma noircis tapissant le fond de la casserole. Elle se retourna vers le démon, enfournant avec détermination son plat. Instantanément, la demoiselle ne put s'empêcher d'afficher un terrible froncement de sourcils, arrachant un ricanement au tatoué. Immédiatement, la petite hybride le foudroya du regard alors qu'elle avalait courageusement sa bouchée, un violent frisson la secouant des pieds à la tête.

« Alors, crevette… Verdict ?» finit par questionner le roi des fléaux, le bras croisés sur son torse, un sourire entendu aux lèvres.

L'intéressée fit un peu rouler ses épaules, déglutissant plusieurs fois, comme si elle essayait vainement de faire passer un gout désagréable au creux de sa gorge, avant de répondre d'une voix quelque peu hésitante.

« Ça a… du caractère… »

Le démon tatoué ne put retenir un franc sourire d'éclore sur ses lèvres, dévoilant ses dents immaculées et carnacières. Elle n'abandonnait visiblement pas. Il se pencha vers elle, la dévisageant avec intensité. « Caractère, ça veut dire immangeable dans ta langue natale de sauvageonne ? C'est de la mauvaise foi, crevette… »

« Pas du tout. » mentit-elle éhontément, soutenant toujours son regard, malgré une vive rougeur s'épanouissant sur ses pommettes.

Le sourire de l'homme s'élargit encore en la voyant continuer à s'entêter de la sorte. Quelle tête de mule elle faisait… Mais, il comptait bien la prendre à son propre jeu. « Si tu dis ça, crevette, je vais le gouter, ton plat. »

« Mais… je vous en prie. » répliqua-t-elle avec un rien d'hésitation, un léger trouble passant brièvement au creux de ses yeux alors qu'elle lui tendait malgré tout la cuillère dont elle s'était servie un peu plus tôt.

Sans rien ajouter, Sukuna lui adressa un regard équivoque avant se saisir du couvert qu'elle lui tendait, allant littéralement gratter le fond le plus brulé de la casserole pour en récupérer un magma carbonisé. Il se tourna à nouveau vers la jeune hybride, un sourire en coin aux lèvres, lui montrant le contenu de sa future bouchée, faisant fuir toute couleur de son visage et disparaitre son aplomb.

« Bon appétit, crevette. » déclara-t-il solennellement alors qu'il approchait lentement sa main de sa bouche, faisant se tendre instantanément l'intéressée.

« NON ! » s'écria-t-elle au dernier moment, bondissant pour venir se saisir de la main du tatoué, l'arrêtant dans son geste.

Un large sourire victorieux s'étira sur les lèvres du démon qui fixa son vis-à-vis, penchant légèrement la tête sur le côté, taquin au possible. « Crevette ? Qu'y-a-t-il ?»

Kali ferma les yeux quelques secondes, respirant profondément, comme pour faire le deuil de son petit jeu. Au bout d'un court moment, elle braqua à nouveau son regard sur lui, ne lâchant cependant toujours pas sa main.

« ….D'accord, je l'admets. C'est infect, c'est cramé, c'est peut être pire encore que votre poisson pourris. »

« Macéré. » corrigea automatiquement le démon, ne pouvant s'en empêcher. « Mais je t'en prie, continue. »

« … Je suis nulle en cuisine, d'accord ? Mais… Je vous sentais pas bien, j'était inquiète et je voulais faire quelque chose pour vous… Je voulais juste… ça partait vraiment d'une bonne intention. » Elle détourna le regard, visiblement un peu blessée dans son ego. « Faites en ce que vous voulez. Moquez vous, si vous voulez, c'était juste… une idiotie de ma part… »

L'homme tatoué la fixa une poignée de secondes, interdit. Lentement elle lâcha sa main tenant toujours la dangereuse cuillerée, venant se frotter doucement les bras comme pour se donner contenance. Elle avait essayé de cuisiner pour lui, juste pour lui changer les idées. C'était certes un fiasco, mais ça avait quelque chose de stupidement… agréable.

Sukuna fixa un bref instant le contenu sombre de son couvert avant de l'enfourner d'un geste rapide, le métal froid de la cuillère heurtant ses dents dans un bruit sourd, ramenant l'attention de la demoiselle sur lui, lui arrachant un regard à la fois surpris et un peu horrifié. Cela lui rappela assurément l'épisode du funazushi, l'amusant terriblement.

Comme il s'y était attendu, bien évidemment, le gout de la mixture concoctée maladroitement par l'européenne était… affreux. C'était juste une bouillie cramée qu'il déglutit le plus rapidement possible pour que le goût ne s'attarde pas trop dans sa bouche. Cependant, l'effet de son geste sur la petite hybride rousse fut ce qui était le meilleur là dedans. Elle le scrutait, bouche bée, ne sachant ouvertement pas comment réagir.

« Mais… » commença-t-elle, perdue. « Pou… Pourquoi vous avez fait ça ? »

Ravi de son effet, le fléau couronné vint donner un coup sec du dos de la cuillère contre le front de l'européenne, un sourire taquin aux lèvres.

« Je voulais juste voir quel gout pouvait bien avoir ta bonne intention… Ca a… du caractère, crevette. Je dirais même que ça te ressemble… »

En entendant cela, le feu monta aux joues de la demoiselle qui se tourna ostensiblement vers la cuisinière pour récupérer la casserole sale, bougonnant faiblement. « Si je comprends bien, vous êtes en train de dire que je ressemble à un plat carbonisé… Vraiment, vous êtes impossible… »

En entendant sa réflexion, il éclata de rire, jetant avec désinvolture son couvert sale dans l'évier dans un bruit métallique. Sa façon de lui parler, comme si le côtoyer était normal, tout en lui témoignant à sa façon du respect avait vraiment quelque chose de… rafraichissant dans ce monde de fou.

Alors que l'européenne commençait à faire couler de l'eau chaude dans sa casserole brulée, le démon s'approcha à nouveau d'elle, se plaçant dans son dos pour venir murmurer à son oreille, en profitant allègrement pour respirer son parfum enivrant. Elle n'était assurément pas une 'pure race' comme l'était le balafré qu'avait affronté le morveux, mais c'était assurément ce qui la rendait si unique…

« Crevette… J'ai faim, appelle les restaurants ambulants … Malgré ta bonne volonté, il est évident que ce n'est pas avec ta cuisine exécrable que je vais me sustenter.»

En entendant sa demande, Kali posa un rien brusquement l'ustensile de cuisine sale au fond de l'évier, respirant profondément.

« Sukuna-san… » commença-t-elle, penchant malgré tout imperceptiblement la tête sur le coté alors qu'il commençait à mordiller la peau de son cou. « C'est… C'est dangereux de vous moquer d'une femme armée d'une casserole, vous savez… »

« Tu ne le feras pas.» s'amusa-t-il entre deux légères morsures, venant saisir entre ses dents pointues le lobe de son oreille, arrachant un soupire brulant à la demoiselle.

« Et le pire, c'est que vous avez raison… » soupira-t-elle doucement, se laissant un peu plus aller contre lui. Elle se tut une poignée de secondes, s'abandonnant aux lèvres avides du démon qui dévorait avec de plus en plus d'intensité sa peau devenue brulante avant de reprendre dans un murmure. « Je me suis vraiment inquiétée pour vous, vous savez… »

La remarque fit s'arrêter net le tatoué qui se redressa un peu alors que l'hybride lui glissait un regard troublé par-dessus son épaule.

« Pour le pacte, tu veux dire. » la rectifia-t-il, un sourire désabusé s'étirant sur ses lèvres.

« Non. » Elle abandonna sa casserole au fond de l'évier, se contorsionnant afin de lui faire face. Kali encra avec intensité son regard d'or dans ses yeux de sang, venant frôler sa joue tatouée du bout des doigts. Pourquoi diable avait-elle l'air aussi troublée ? Et pourquoi, par tous les fléaux du Japon, cela lui importait-il qu'elle le contredise sur ce point ? « C'est pour vous que je m'inquiétais. Pour vous. Je suis contente que vous soyez rentré. »

Petite démone... Se n'était que de jolies paroles, il s'en doutait bien…
Pourtant… Cela aurait-il pu être vrai ?
Mais, au fond… Qu'importait ce qu'elle ressentait, en vérité ?

« Allez, crevette... » finit-il par reprendre, attrapant sa main dans la sienne, l'éloignant légèrement. « C'est quoi ces sottises ? Bientôt tu vas me dire que je t'ai manqué… Commande moi plutôt de la nourriture comestible, veux-tu ? Il faut que je fasse passer le gout de cramer de ton plat.»

Kali le fixa à son tour un bref instant avant de lui offrir un sourire étincelant, un rien espiègle, comme si elle comprenait qu'il s'agissait là de sa manière de clore un sujet qui lui déplaisant.

« Vous êtes terrible, vous savez ?... Je devrais vous commander une pizza ananas, oignon et reblochon, tient... »

En entendant l'énoncé des ingrédients, Sukuna, toujours intrigué à l'idée de gouter de nouveaux plats, tiqua. « Ça dépend… C'est bon, ce genre de chose? »

« Absolument pas. » se contenta de répondre très honnêtement l'hybride dans un pouffement de rire, arrachant un sourire machiavélique à son vis-à-vis qui comprenait à présent le piège.

« Ah... Si c est pour manger un truc suspect, crevette » répliqua-t-il, taquin. «J'aurais tout aussi bien pu manger le reste de ton risotto. »

L'européenne le fixa, faussement outrée, faisant volte face pour retourner à son récurage désespéré de sa casserole sans piper un mot. Amusé, Sukuna alla se couler contre elle, retournant mordiller le cou de sa petite hybride récalcitrante.

« Allez, crevette... J'ai faim maintenant.»

« Il y a des chips dans le placard. » répliqua-t-elle en essayant sans succès de décoller les restes calcinés de riz ayant visiblement fusionné avec le métal de l'ustensile de cuisine.

« C'est pas du vrai 'mangé', ça, crevette… »

En le sentant aussi insistant, la demoiselle comprit bien qu'il était dans l'une de ses phases où il ne lâcherait pas l'affaire tant qu'elle n'aurait pas cédé. Et le pire, c'était que cela lui avait vraiment manqué… Elle devait vraiment être folle, en réalité. Laissant échapper un profond soupire, la rousse glissa un regard à son démon personnel par-dessus son épaule.

« Vous avez gagné. Par contre, d'abord, il faut que je range mon bazar. » Le fléau ouvrit la bouche pour protester, cependant la jeune femme ne lui en laissa pas le temps, devinant ce qu'il allait lui dire. « MAIS, comme je devine que vous n'allez pas vouloir attendre… Donnez-moi votre main, s'il vous plait. »

« Ma main ? » répéta l'intéressé, haussant un sourcil.

« Votre main, oui. » confirma l'européenne, s'essuyant les siennes sur un torchon tout en allant attraper son téléphone portable posé non loin.

« Puis je savoir ce que tu comptes en faire, avant de te la confier ? »

« Vous voulez commander à manger ? » se contenta de demander Kali, un sourire amusé aux lèvres alors qu'elle pianotait sur son mobile, intriguant un peu le démon millénaire.

Ce dernier lui présenta alors ses deux mains, paume vers le bas, ses ongles violets brillants sous la lumière du néon de la cuisine. « Droite ou gauche ? Tu as une préférence, crevette ? Profite, pour le moment je n'en ai que deux… »

Sa réflexion arracha un léger rire à la jeune hydride qui vint se saisir de sa main droite, la plus proche de son téléphone, plaquant son index contre son écran. « En réalité, je n'ai même besoin que d'un seul doigt. »

« Vraiment ? » susurra le roi millénaire en se remémorant des jeux sensuels entre eux deux. « Un seul te suffit ? Je t'ai connu bien plus gourmande, crevette… »

La réflexion fit un peu rougir la demoiselle qui préféra cependant faire la sourde oreille, continuant méticuleusement à tapoter le doigt du démon contre l'écran de son mobile. Au bout de quelques secondes, ce dernier émis une légère vibration, visiblement ravi.

« Et voilà ! » commenta Kali en relâchant la main du fléau, lui tendant son téléphone avec un large sourire. « J'ai enregistré votre empreinte dans mon téléphone pour que vous puissiez le déverrouiller, vous allez pouvoir commander ce que vous voulez pendant que je continue ma vaisselle ! »

En entendant cela, Sukuna ne put s'empêcher de hausser les sourcils, surpris. Le morveux, lui, avait toujours fait un foin par rapport à son téléphone et au fait que, ayant les mêmes empreintes que lui, il pouvait y accéder librement, chouinant par rapport au fait qu'il n'y avait rien de plus privé avec un ordinateur (chose qui lui avait toujours paru stupide, vu qu'il avait quand même accès à ses PENSEES également…..).

« Tu me donnes accès à ton téléphone ? » questionna-t-il malgré lui, récupérant l'appareil électronique entre ses mains. Il toucha de l'index l'écran qui se dévérouilla instantanément, confirmant le fait que la demoiselle l'avait bel et bien enregistré dans ses codes d'accès.

« Bah oui. » se contenta de répondre l'intéressée avec un haussement d'épaules, comme si il s'agissait là d'une évidence. « Comme ça vous pourrez commander pendant que je range. »

Sans plus attendre, elle retourna à son affaire prioritaire, laissant le démon avec son mobile en mains. Ce dernier l'observa quelques instants avant de commencer à le parcourir, bien décidé à profiter de cette possibilité.

« Crevette… » finit-il par dire après quelques minutes durant lesquelles l'intéressée s'était battue en vain contre le cramé. « Je ne comprends pas… »

En entendant cela, Kali cogita un bref instant avant de percuter, venant se taper le front du dos de la main. « Oh ! Mais oui, bien sur ! C'est pas en japonais, j'avais oublié ! Vous pouvez changer la lan… »

D'un coup son téléphone fut placé à dix centimètres à peine de son visage, faisant mourir la fin de sa phrase au fond de sa gorge. A l'écran, elle pouvait voir une photo d'Hiroaki et elle, les manettes des switch à la main, tout sourire. Elle sentait les problèmes arrivées à grands pas…

« Je peux savoir pourquoi tu as une photo du blondinet baveur ? Tu en as aussi plein du rat volant !» s'offusqua Sukuna, les sourcils froncés.

« Je vous l'ai déjà dit, Sukuna-san… Hiroaki est simplement mon ami et mon garde du corps. C'était pour Prasad, pour lui montrer qu'il allait bien. Pour Kyu, c'est parce qu'il est mignon ! »

« PEUH ! » se contenta d'objecter l'homme tatoué, récupérant le mobile pour continuer à faire défiler les photos de la galerie, une moue mécontente aux lèvres. D'un coup, il arrêta cependant de scroller, une lueur vive ranimant le feu de ses yeux.

« Ca, c'est bien mieux par contre… »

Il lui montra à nouveau l'écran où l'européenne put découvrir un des selfies qu'elle avait pris des semaines plus tôt, presque totalement nue, dans le but de dévoiler son pentacle au démon et attiser son attention. Mission assurément accomplie, vue comment avait évolué la situation…

« A… Attendez ! Vous regardez toutes mes photos ? »

« C'est toi qui m'as donné l'accès, je te signale… » s'amusa-t-il, reprenant son exploration numérique.

« Je pensais que vous aviez faim… » bougonna-t-elle en retournant à son évier, repensant pour sa part à la photo en boxer que le démon lui avait envoyé cette fameuse nuit. Ça avait été… sa première vision de lui, une image qu'elle n'oublierait certainement jamais. Quel gâchis de l'avoir supprimé de la conversation par la suite… Elle aurait du faire une capture d'écran…

« Crevette ? EH, Crevette ! Tu m'écoutes ? »

« Hum ? » La demoiselle releva la tête, extirpée de ses souvenirs par le tatoué qui était venu s'adosser au plan de travail. « Désolée, vous disiez ? »

« Si c'est le récurage de ta marmite qui te met dans cet état, laisse tomber, elle est foutue. Tu n'as qu'à faire comme avec la table et en racheter une neuve. Montre moi plutôt où trouver tes pizzas, j'ai envie de tester ça. »

Laissant échapper un léger soupire, Kali s'exécuta, ouvrant pour le démon millénaire l'application de livraison de repas. Elle sélectionna un restaurant italien bien noté, parcouru rapidement la carte des yeux pour mettre dans le panier virtuel une pizza curry poulet chèvre avant de finalement rendre le mobile à son vis-à-vis impatient. « Voilà, ma carte est déjà enregistrée sur le site, vous pouvez passer commande directement quand vous aurez fini. »

Disant cela, la rousse retourna à sa vaisselle, bien décidée à sauver la pauvre casserole victime de ses expérimentations culinaires. Peut être qu'avec une fourchette ou un couteau, elle parviendrait à entailler le charbon tapissant son fond…

Alors qu'elle pensait cela, une main au poignet tatoué entra brusquement dans son champs de vision, venant se saisir de l'objet du délit, le lui arrachant littéralement des mains.

« EH ! » s'écria la demoiselle, surprise, ne pouvant qu'observer le fléau aux yeux rubis allant jeter d'un geste sec l'ustensile de cuisine dans la poubelle, un sourire narquois aux lèvres.

« Foutu, je t'ai dit, crevette. » s'amusa-t-il en venant se planter devant elle, la toisant de son double regard de feu. « Petite incendiaire en série, une nouvelle victime à ajouter à ta liste. »

« Je suis sure de pouvoir la récupérer ! » se défendit l'intéressée, un peu vexée. « Pour peu que vous me lai…EH ! »

Cependant, le démon avait visiblement d'autres projets en tête que de la vaisselle, venant attraper l'européenne par la taille pour la jeter sans ménagement sur son épaule, l'entrainant avec lui hors de la cuisine.

« Su… Sukuna-san ! Je suis pas un sac à patates ! » s'offusqua Kali, le rouge lui montant aux joues.

« Mais qu'est ce que tu peux couiner, ce soir ! » ironisa le tatoué, venant donner un sec coup de téléphone sur les fesses de sa captive, taquin. « Fais attention, ça me donne terriblement envie de te donner une bonne correction… »

La remarque fit doucement déglutir la jeune fille qui se tendit un rien contre le corps du fléau, visiblement partagée par la proposition de ce dernier. Percevant son trouble, Sukuna ne put s'empêcher de sourire alors qu'il entrait dans le salon plongé dans la pénombre. Il alla d'un coup déposer sans grand ménagement la demoiselle à l'une des extrémités du canapé, venant se pencher vers elle, prédateur.

« Mais… Au fond… peut être que c'est de ça dont tu as envie… Crevette ? »

Il s'approcha encore un peu d'elle, l'emprisonnant dans son aura écrasante, poignardant ses yeux troublés des siens, avides. Il semblait à l'homme pouvoir entendre le cœur de l'hybride s'emballer au creux de sa poitrine alléchante et généreuse, sa respiration se faisant plus lente et profonde alors qu'il continuait à effacer les centimètres les séparant encore. Quand sa bouche fut presque assez proche pour frôler celle de sa vis-à-vis, il vint capturer son menton d'une main, passant langoureusement son pouce pour entre ouvrir ses lèvres sensuelles, la faisant imperceptiblement se tendre d'impatience.

« Petite perverse… » murmura-t-il dans un souffle caressant, à peine audible, faisant s'embraser le minois de sa captive littéralement pendue à ses lèvres.

« Suk… »commença-t-elle, visiblement désireuse d'effacer ces quelques millimètres les séparant encore.

Mais le démon ne la laissa pas faire, venant brusquement s'allonger sur le canapé, posant sa tête sur les cuisses de la rousse figée par la surprise, le regardant avec incompréhension. Il attrapa de sa main libre la télécommande posée sur la table basse avant de la tendre vers une Kali médusée et douchée à froid, un sourire satisfait aux lèvres.

« Mini humains qui se font massacrer, crevette. » se contenta-t-il d'ordonner, recommençant à pianoter sur son téléphone comme si de rien était.

L'européenne vint machinalement se saisir de l'objet en plastique, dubitative, le cerveau en ébullition. Elle avait vendu son âme à un putain de gamin... Laissant échapper un profond soupire, la demoiselle alluma l'écran de la télévision, commençant à chercher une série qui pourrait satisfaire son démon de maitre. D'un coup, son téléphone réapparu dans son champs de vision, lui montrant une photo de Prasad, lui faisant hausser un sourcil.

« C'est lui, le vieil homme qui te gâte trop ? » questionna Sukuna qui, visiblement, avait décidé d'explorer toute sa galerie de photos.

« Oui, c'est Prasad. » Confirma le demi fléau dans un sourire, arrachant une moue à l'homme se servant d'elle comme d'un coussin.

« Hum… » Le tatoué scruta encore une poignée de secondes l'image numérique de l'indou avant de glisser un nouveau regard vers son interlocutrice, un rien boudeur. « Tu as vraiment des photos de tout et de n'importe quoi, crevette. Le seul qui n'y est pas, c'est moi. »

La remarque fit se figer l'hybride qui fixa le démon millénaire, interdite. « Vous… Vous me laisseriez vous prendre en photo ? »

« Si tu le demandes gentiment, je pourrais y réfléchir… »

Quel gosse, franchement… C'était lui qui venait de se plaindre du fait qu'il n'était pas sur le téléphone de Kali, et c'était également lui qui, à présent, faisait comme si l'idée ne lui plaisait pas complètement…

« Je suis toujours gentille, voyons… » s'amusa néanmoins la demoiselle, se laissant aller contre le dossier du canapé, taquine.

« Sauf quand tu essaies de m'empoisonner avec des plats douteux. » répliqua-t-il du tac au tac, arrachant une moue à la personne visée. Ça, elle en était sure, elle allait en entendre parler pendant un bon moment.

Préférant cependant faire la sourde oreille, elle lança le synopsis d'une série de slasher au hasard sur sa plateforme en ligne, visiblement loin d'être terrible vu le jeu d'acteur présenté...

« Ça a l'air presque aussi mauvais que ta cuisine, crevette... » s'amusa Ryomen dans un ricanement, s'attirant un regard étréci d'exaspération de Kali.

S'il voulait la chercher, il allait finir par la trouver !

Sans piper mot, l'européenne lança une nouvelle recherche sur l'écran, pianotant à toute vitesse avant de sélectionner le premier drama coréen guimauve venu, le lançant dans la foulée. Dès les premières notes de piano du générique, dégoulinant de romantisme exacerbé, Sukuna releva la tête du téléphone qu'il avait visiblement décidé de monopoliser, fronçant les sourcils.

« Eh! C est quoi ça ? C est pas ce que j ai demandé ! »

« Ah, vraiment ? » ronronna la demoiselle, ravie de son coup, croisant ses bras sous sa poitrine. « Comment pouvez vous savoir ? Je suis presque certaine que c est une torture, dans un sens...Et puis de toute façon... Vous ne savez toujours pas changer de série...N'eeeeeeest ce pas? »

Elle lui adressa alors un sourire vengeur, soutenant le regard de feu mécontent braqué sur elle. D'un coup il se redressa pour venir récupérer la télécommande mais la demoiselle fut surprenament rapide, se transférant plus loin dans un doux bruissement de flammes, abandonnant le tatoué seul sur le canapé. Sa technique s'était grandement améliorée, depuis qu'ils avaient passé leur pacte, Sukuna ne pouvait que l'admettre. Même si, à cet instant précis, ça ne lui plaisait pas du tout…

« Je ne devrais pas t offrir tant d'énergie... » siffla entre ses dents le démon, scrutant la demoiselle qui se tenait à quelques mètres de là, taquine et victorieuse. Lui, à cause du corps du gamin et au contrôle qu'il ne pouvait avoir que pendant son sommeil, ne pouvait se permettre d'user de son énergie occulte, le frustrant terriblement.

« Croyez bien que j'en fais bon usage. » répliqua la rousse, tapotant la télécommande contre sa joue.

« Là de suite, j'en suis pas convaincu, crevette. » riposta le démon, de mauvais poil, s'asseyant à nouveau sur le canapé pour lui tourner le dos. « Allez, tu as assez joué. Remet moi un truc correct. »

La jeune femme le fixa une poignée de secondes, le sentant plus tendu qu'à l'accoutumée, la mettant sur ses gardes. Elle ne savait toujours pas exactement ce qui s'était passé ces derniers jours, ni ce qui avait causé la terrible colère du roi millénaire… Peut être n'était ce pas le jour à jouer avec le feu… Sans dire un mot, la demoiselle arrêta la lecture de la série romantique pour retourner à la section 'horreur', en sélectionnant un bien noté qu'ils n'avaient pas encore regardé.

Ryomen ne commenta pas son choix, se murant dans un silence boudeur déplaisant terriblement à Kali. Elle devait trouver un moyen de le dérider… Cependant, alors qu'elle se torturait les méninges sans trop de succès, son téléphone se mit à vibrer furieusement entre les mains du fléau qui se tourna vers elle, lui tendant son appareil qu'elle vint récupérer. Les pizzas venaient d'arriver, lui offrant quelques instants de répits.

« Je… Je vais chercher le dîner, je reviens. » murmura-t-elle, se heurtant toujours au mutisme du tatoué.

De son coté, à présent seul dans le salon, l'homme aux yeux rouges laissa échapper un profond soupire contrarié. Etre confronté aux limites imposées par sa condition de résident dans le corps du morveux lui devenait de plus en plus insupportable. Même la crevette était capacité de littéralement lui glisser entre les doigts. Ça lui déplaisait tellement.

Si elle aussi commençait à agir avec lui comme le morveux, il ne pourrait le tolérer…

En pendant cela, il entendit cette dernière revenir dans le salon, précédée d'une odeur plutôt appétissante de pain et de fromages. Manger lui changerait peut être les idées.

« Tu en as mis du temps. » lâcha-t-il de mauvaise grâce alors que la demoiselle réapparaissait dans son champ de vision, déposant les boites en carton rectangulaires contenant leur futur repas sur la table basse.

Elle se tourna ensuite vers elle, le fixant de son regard félin où il pouvait percevoir une foule d'émotions chaotiques, le faisant un peu tiquer.

« Qu'est ce qu'il y a encore, crevette ? »

Sans lui répondre, elle s'approcha du canapé, se penchant vers lui tout en prenant délicatement son visage en coupe entre ses mains, le surprenant un rien. Sans plus attendre, elle posa ses lèvres contre les siennes, initiant un baiser un rien maladroit mais malgré tout appréciable. N'était ce pas la première fois qu'elle prenait les devants de la sorte ?

Sans même s'en rendre compte, Sukuna glissa une main dans les cheveux de feu de son incompréhensible petite hybride, approfondissant un peu cet échange trop chaste à son gout. De son propre chef, l'européenne alla se couler contre lui, venant s'assoir à califourchon sur les genoux du démon, griffant doucement de ses ongles la peau de sa nuque tatouée, sa langue encore un peu timide venant taquiner sa consœur bien plus expérimentée.

« Sukuna-san… » murmura-t-elle entre deux baisers, tout contre sens lèvres, embrasant un peu son sang et chassant plus loin ses pensées déprimantes.

« Hum, crevette ? » il glissa son visage dans son cou, retournant grignoter sa peau, grignoter sa clavicule, savourant sous sa langue le parfum et la douceur de sa peau tiède.

« Désolée… Je ne voulais pas vous contrarier… »

En entendant cela, l'intéressé se redressa un peu, venant encrer son double regard dans celui de son interlocutrice. Elle avait l'air, comme à son habitude, terriblement sincère, lui adressant un de ses regards de chaton maltraité n'ayant pourtant aucun effet sur lui.

« Ces baisers… C'était pour t'excuser du coup ? » questionna-t-il, joueur, venant se saisir de son menton entre deux doigts.

« Pas que… » Avoua la demoiselle, rougissant un peu. « J'avais aussi… Très envie de gouter à vos lèvres, elles m'avaient manquées. »

En disant cela, visiblement un peu gênée, elle se mit à tracer du bout des doigts le tracé des tatouages visibles de son torse, cherchant à se donner contenance. Assurément, elle n'avait rien à voir avec le gamin…

« Seulement mes lèvres… ? » la taquina-t-il, un sourire amusé et un rien rassuré aux lèvres.

« Pas que… » répéta à nouveau Kali, lui souriant en retour, charmante et charmeuse.

« Voyez-vous ça… » ronronna-t-il, ravi. « Mais qu'ai-je donc fait de toi, crevette ? »

A peine eu-t-il finit sa phrase qu'il vint à nouveau capturer les lèvres de son hybride, glissant avec avidité sa langue dans sa bouche. Il fit remonter sa main libre sous le tissu de sa robe rayée, parcourant sa cuisse pour aller griffer la peau souple et rebondie d'une de ses fesses, lui arrachant un soupire brulant.

Ah… La situation était assurément loin d'être idéale. Mais, au moins... Il l'avait, elle, pour le distraire et pour lui changer un peu les idées.

Ryomen relâcha la prise qu'il avait sur la chevelure de la demoiselle pour venir se saisir à deux mains de son vêtement, le passant d'un mouvement souple par-dessus sa tête afin qu'elle se retrouve torse nu contre lui.

« Su… Sukuna… » murmura-t-elle, une légère rougeur montant à ses joues.

N'y prêtant pas attention, Sukuna vint attraper la taille fine de sa prisonnière consentante, la faisant se redresser un peu sur ses genoux afin de lui faciliter l'accès à sa poitrine qu'il commença à dévorer goulument, laissant échapper des grognements rauques appréciateurs. Il s'était passé d'elle seulement quelques jours, et pourtant cette sensation de son être félin contre le sien lui avait incontestablement manqué, le tendant terriblement. Le démon couronné parcourait avec avidité sa peau de pêche, sentant sous ses doigts les tracés presque électriques de son pentacle bancale dans le dos de la jeune femme.

Même s'il se doutait de qui était à l'origine de cette expérience un peu ratée ayant mené à la naissance de sa petite hybride, il s'en foutait en réalité à présent complètement. L'autre avait son jouet avec le balafré, lui avait le sien en la personne de la fougueuse et improbable petite européenne qui agrippait en cet instant ses cheveux courts telle une tigresse, répétant encore et encore son nom alors qu'il s'appliquait à couvrir ses seins dressés de suçons.

Elle était à lui.
Et le resterait aussi longtemps que cela lui plairait.
C'était tout ce qui lui importait.

Alors que le fléau millénaire continuait sa dégustation, il commença à faire glisser une de ses mains vers le bas ventre de la demoiselle, encore dissimulé à ses yeux par un fin string en dentelle pastelle. Immédiatement, Kali eu comme un sursaut, plaquant ses mains sur ses épaules pour le repousser un peu, le surprenant un peu.

« Sukuna-san ! Vous… Vous êtes blessé, on devrait peut être pas… »

« Qu'est ce que tu racontes ? Ces broutilles, se n'est rien pour moi. » objecta immédiatement le tatoué, faisant glisser sa deuxième main contre sa hanche, jouant avec le tissu du dessous de la rousse.

« Et… » continua-t-elle malgré tout, sa gêne empourprant ses pommettes de porcelaine. « Je… Je pensais que vous aviez faim… »

« Oh… Tu ne peux pas imaginer combien je suis affamé, crevette… » s'amusa-t-il immédiatement avec un sourire affamé, allant donner un coup de langue langoureux au sternum tatoué de l'européenne, ne lâchant pas son regard du sien. « J'ai juste décidé… De changer de menu… »

Sans attendre, il vint basculer la demi fléau pour l'allonger au milieu des coussins du canapé, plaquant langoureusement son sexe durci par une violente érection contre le sien, lui arrachant un soupire enfiévré des plus plaisants.

« Doucement, crevette… » la taquina le démon couronné, contrôlant autant que possible sa propre excitation, réitérant cependant son exquis mouvement du bassin. « Je sais bien ce que tu veux, petite obsédée… Mais tu sais bien qu'ici, je ne peux pas te posséder complètement. »

Alors qu'il continuait malgré tout son manège, continuant d'embraser complètement la demoiselle aux yeux d'or, cette dernière ne pouvait s'empêcher de le bouffer littéralement du regard, agrippant ses avant bras puissants comme pour essayer de ne pas perdre complètement pied.

« Quel spectacle tu offres là, sauvageonne… » susurra-t-il en se penchant vers elle, donnant un dernier coup sec de ses hanches toujours protégées par son short sombre devenu trop étroit contre le bassin de Kali, lui arrachant un petit gémissement éperdu et plaintif tout à fait agréable à son oreille. « Mais tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, c'est toi qui a commencé à m'embrasser… »

« C'est cruel… » soupira-t-elle d'une voix rendue brûlante par l'excitation, lui arrachant un sourire des plus satisfaits.

« Pas plus cruel que d'essayer de m'empoisonner, tu ne crois pas ?… » la sermonna Sukuna, venant donner quelques coups d'index sur le front de sa prisonnière, joueur.

« Ça partait d'une bonne intention ! » se défendit-elle, une moue boudeuse apparaissant sur ses lèvres rougies par leurs innombrables baisers, enserrant son torse de ses bras. « Et vous aviez du vrai mangé maintenant, vous n'en voulez même pas ! »

A l'évocation des plats abandonnées, le tatoué glissa un regard vers les boites en carton, attrapant des petits sachets posés à leur sommet, intrigué.

« Au pire, ça doit pouvoir se réchauffer, non ? Et qu'est ce que c'est encore que ça ? Ne me dit pas que même sur les pizzas vous mettez du ketchup quand même ! C'est obsessionnel à ce stade… »

La remarque arracha un léger éclat de rire à la demoiselle, s'amusant de voir à quel point son démon de maitre ne supportait pas le condiment à base de tomates. Peut être que le fait que Yuji, lui, l'adorait et en mettait partout, même dans ses nouilles instantanées, était l'une des raisons de son aversion. Ces deux là étaient indubitablement pire que de l'eau et de l'huile…

« Rassurez vous, Sukuna-san ! C'est pas du ketchup, mais de l'huile piquante. C'est pour relevé le gout des pizzas. »

« De l'huile…Piquante, dis tu… » répéta-t-il, une lueur mutine enflammant le sang des ses multiples prunelles, mettant immédiatement Kali, qui avait déjà vu cela auparavant, sur ses gardes.

« Sukuna-san, faites p… » commença-t-elle hélas vainement, le fléau ayant déjà fondu sur elle pour lui attraper les poignets d'une main, les plaçant avec autorité au-dessus de sa tête. De l'autre, il tenait fermement un des sachets rouges, l'ouvrant d'un coup de dents assuré avant de le verser, un large sourire aux lèvres, sur la poitrine nue de sa petite hybride gigotant dans de vaines protestations.

N'y prêtant absolument pas garde, Ryomen fondit sur elle, léchant langoureusement l'huile couleur safran s'étant accumulée pile au niveau du centre du tatouage ornant le sternum de la jeune femme, massant un de ses seins devenu brillant de sa main libre.

« Ah… » ne put s'empêcher de soupirer la victime, alors que son tortionnaire martyrisait maintenant avec une application chirurgicale ses tétons dressés douloureusement. « Sukuna…Vous … recommencez… »

« Comme si tu n'adorait pas ça, petite crevette lubrique… » vint-il lui répondre contre ses lèvres, sure de son effet irrésistible sur sa captive. « Et c'était pas toi qui disait que je t'avais manqué ? »

« Vous êtes… impossible… » murmura Kali, dévorant son vis-à-vis du regard, en voulant en réalité tellement plus… «Et oui… Putain, oui, vous m'avez manqué. »

Sukuna la dévisagea quelques instants, interdit, un rien désarçonné par la violente honnêteté de ses mots. Elle devait vraiment être masochiste, la crevette.

« Petite sauvageonne… » lâcha-t-il finalement, relâchant sa prise devenue inutile sur les poignets de l'hybride pour plus librement parcourir ce corps qui était à lui, et à lui seul. Il se plaqua brusquement à elle, lui coupant le souffle, venant capturer sa bouche avec une sorte d'urgence à laquelle l'hybride répondit avec délice. Ses lèvres et sa langue experte avaient le gout de l'huile pimentée, lui arrachant un sourire amusé. Le tatoué passa les minutes suivantes à lécher sa propriété couverte de liquide brillant, à la mordre, à la marquer. Son parfum, sa chaleur, le son de sa voix, la façon quelle avait de prononcer son nom, encore et encore… Tout ça lui avait manqué. Elle effaçait l'espace, elle effaçait le temps, elle éloignait même ses contrariétés de son esprit, aussi longtemps que leurs peaux étaient en contact l'une de l'autre…

Si seulement il avait pu la posséder complètement, là, sur ce foutu canapé…

Mais tant pis, il comptait bien s'amuser encore un peu malgré tout.

Fort de cette optique, le démon finit par se redresser, allant ouvrir un nouvel emballage de piquant liquide qu'il alla verser directement sur le dessous de Kali, horrifiant immédiatement cette dernière qui se recula un peu, choquée.

« Sukuna-san ! Mais qu'est ce que vous faites ? Ça va bruler ! vous êtes fou ! » se défendit-elle, un rien outrée.

Sa remarque arracha un ricanement machiavélique à l'homme qui se pencha vers elle, un rien moqueur. « Comment peux tu le savoir, crevette ? Tu as déjà testé, petite perverse ? »

« Non mais c'est logique… » se défendit l'intéressée, le feu lui montant aux joues. « Vous avez qu'à tester sur le votre arsenal d'abord, avant de risquer le mien ! »

La remarque arracha irrémédiablement un profond éclat de rire à Sukuna. « Arsenal, crevette, vraiment ? »

Il reprit cependant très vite son sérieux, redevenant un prédateur obsessionnel avec une nouvelle lubie en tête. « Et même si ça brûle, je vais faire en sorte que tu en redemandes, crevette… Un peu de douleur ne fait jamais de mal et je sais bien que ça ne te déranges pas…»

En disant cela, il pressa dans son poing un nouveau sachet, le faisant craquer sous ses doigts puissants. L'huile safranée coula lentement entre ses phalanges, allant goutter sur le bas ventre de la demoiselle, l'électrisant complètement. Il était tellement sexy, sur de lui, son charisme millénaire l'écrasant complètement qu'elle aurait été prête à faire n'importe quoi qu'il lui aurait demandé.

Ne la quittant pas de son double regard embrasé, le démon vint lécher du bout de sa langue tatouée son majeur avant de venir le poser contre le tissu sombre du string de Kali, commençant doucement à exercer des pressions expertes contre son intimité trempée.

« Demande le moi, crevette. Je sais que tu en crèves d'envie.»

Devant son silence, il vint appliquer de nouveaux mouvements, son index rejoignant son premier doigt, amplifiant sa caresse contre son clitoris déjà gonflé par le désir et l'excitation qui la parcourait.

« Demande le moi. » ordonna à nouveau le démon, sa voix grave coulant sur l'hybride comme un courant électrique exquis, mettant à mal le simple fait de penser.

Il voulait qu'elle cède. Qu'elle lui autorise à faire n'importe quoi avec son corps. Et putain, elle en avait sacrément envie… Rien qu'imaginer ses doigts puissants aller et venir en elle faisait s'accélérer son cœur dans sa poitrine, la faisant doucement déglutir. Il lui avait manqué, elle ne souhaitait que sentir son pouvoir sensuel sur elle. Et tant pis pour l'huile piquante qui lui servait de lubrifiant (tout à fait inutile vu l'état dans lequel elle se trouvait déjà, d'ailleurs…)

« Sukuna… » soupira-t-elle, éperdue et vaincue, venant tirer d'une main le tissu trempé de son dessous pour guider de l'autre les doigts tant désirés du tatoué vers l'entrée du plus intime de son être. « S'il vous pl… »

« KALI !… T'as commandé des pizzas finalement? Tu devais pas cuisiner ? Il s'est pas réveillé du coup, c'est ça ? Ça sent trop bon en tous cas, ça m'a réveillé !…»

Hiroaki débarqua d'un coup dans le salon, faisant se redresser Sukuna vers lui et sursauter Kali qui alla récupérer en catastrophe sa robe au sol pour l'enfiler à la va vite, complètement douchée à froid. Honteuse, elle se cacha contre le dossier du canapé alors que le démon foudroyait le blond du regard, visiblement très contrarié par cette interruption inopportune. Ce dernier, en découvrant les tatouages ornant le corps normalement vierge de Yuji, se figea, comprenant à qui il avait à faire. Instantanément, le garçon manipulant l'électricité plaqua ses mains sur ses joues, brusquement surexcité.

« OH. MY. GOD ! Su…Sukuna-sama ! C'est vous ! Enfin je vous rencontre ! C'est un honneur, Kali m'a tellement parlé de vous ! »

Face au silence de mort du fléau tatoué, le jeune japonais passa une main dans sa nuque, perdant un peu de son assurance malgré le sourire décontracté de façade qu'il affichait. « Je … Je dérange, peut être ? »

Kali se redresse un peu, sortant de sa cachette, terriblement gênée. « Mais non, Hiro… Ne t'inquiète pas… »

Sukuna lui adressa un regard mécontent avant de venir la plaquer contre son torse bandé, possessif. « Si, complètement ! Dégage, le baveur !»

« Sukuna-san ! » ne put s'empêcher d'intervenir l'hybride, peu désireuse que le démon millénaire ne prenne pour cible son ami.

Hélas, cette simple intervention suffit à faire se renfermer un peu plus encore l'homme millénaire, ses mâchoires se crispant sous sa peau tatouée.

Hiroaki scruta un instant la scène, percevant la tension flagrante que sa présence avait fait apparaitre. C'était qu'il était sacrément jaloux, le roi des fléaux. Il valait mieux pour lui faire machine arrière avant que les choses ne s'enveniment de trop.

« Je ne vous dérange pas longtemps, vous deux… Même si j'adorerai vous poser mille questions, Sukuna-sama ! »

« Auxquelles je ne répondrai pas, impudent ! » siffla l'intéressé entre ses dents, redevenu terriblement bougon.

« Je peux quand mm prendre une part de pizza ? » tenta le garde du corps dans un sourire, pointant du doigt l'amoncèlement de boites délaissées sur la table basse.

« Oui, bien sur Hiro ! » répondit immédiatement Kali.

« Non, hors de question ! » répliqua en même temps le démon, foudroyant du regard la petite hybride toujours plaquée contre lui.

« Il peut prendre un part de la mienne, s'il veut, ça ne m'embête pas. » se défendit faiblement la demoiselle.

« Et qui te dis que je vais pas la manger aussi ? »

La mauvaise foi de l'homme était gigantesque, montrant à quel point son animosité envers le japonais était importante. Le coup du baise main lui demeurait visiblement toujours en travers de la gorge, ayant placé l'ami de l'hybride dans le case des nuisibles détestables.

« Je pensais que vous mangeriez autre chose… » s'amusa dangereusement Hiroaki, un sourire malicieux aux lèvres, s'attirant un nouveau double regard assassin, alourdissant l'air de la pièce. « Non, mais je vais pas vous embêtez plus longtemps, vous deux. Je vais aller prendre un truc dans le frigo. Amusez vous bien ! »

« D'accord… » souffla Kali, un peu rassurée de voir son compagnon quitter la pièce et s'éloigner du danger imminent que représentait l'homme contre elle. « Bonne soirée, Hiro. »

A peine le garde du corps eut il quitter la pièce que le roi des fléaux repoussa la demoiselle contre les coussins du canapé, ouvertement en colère. « Je t'ai manqué, disais-tu ? Visiblement tu as largement de quoi te distraire, vu ta proximité avec lui. »

« Quoi ?! » S'étrangla instantanément l'accusée, essayant de se redresser malgré le regard assassin et intimidant que lui jeter son vis-à-vis démoniaque. « Non ! Mais non, absolument pas ! Je vous l'ai déjà dis, Hiro est mon ami et rien de plus !»

« Pour ça que tu le laisses nous déranger en l'accueillant à bras ouverts? Tu trouves peut être sa présence plus importante que la mienne ? »

Sa crise de jalousie était plus forte que celles qu'elle avait connues jusque là, la prenant un peu de court. « Mais pas du tout ! J'ai juste été surprise, rien de plus ! Je n'avais aucune envie qu'il me voit toute nue sur le canapé alors que vous me… vous me… »

« Et pourquoi diable cela te dérange ? » eructa-t-il , de plus en plus hostile. « Je suis le roi des fléaux, si j'ai envie de te posséder devant lui, je le fais, point final ! Tu es à moi !»

« C'est pas la question ! » rétorqua Kali, acculée, ne sachant plus comme raisonner le tatoué pour lui faire comprendre que le soucis n'était pas là, mais surtout dans le fait d'être prise en flagrant délit d'obscénités avec le corps de Yuji dans la réalité matérielle. « Ca me fait honte !»

Le mot était tombé comme une pierre dans l'eau, laissant le démon muet un bref instant, effrayant plus que tout Kali. Elle venait de le blesser, elle le sentait.

« Je… Enfin, c'est pas ce que je voulais dire… » tenta-t-elle maladroitement de rattraper. « Je parlais du fait d'être nue devant d'autres personnes, alors qu'on fait… »

Ne la laissant pas terminer sa phrase, Sukuna vint lui attraper le visage avec brutalité, prenant de court l'européenne, de la glace lui coulant dans les veines.

« HONTE ? Tu oses dire que tu as honte d'être avec moi, devant un rien du tout ? Tu joues avec le feu, hybride. »

Il la relâcha avec brusquerie, la toisant d'un regard assassin. « Tu ferais mieux de réfléchir un peu plus à tes paroles, à l'avenir. Rappelle ton ami, qu'il les mange, ces putains de pizzas. Et qu'il s'étouffe avec. Moi, je t'ai assez vu pour le moment.»

« Su…Sukuna-san ! » s'écria vainement l'hybride, ne souhaitant que mettre au clair les choses avec le fléau vexé. Elle ne voulait vraiment pas qu'ils se séparent ainsi, sur un malentendu idiot, alors que leurs retrouvailles avaient été si agréables.

Hélas, il ne l'écouta bien évidemment pas… Déjà, la jeune femme aux yeux d'or pouvait voir se faner les tracés sombres des tatouages tribaux du démon, prouvant qu'il avait laissé le contrôle de leur corps à Yuji. Comment diable allait-elle pouvoir réparer ça, à présent ?

Alors qu'elle commençait déjà à réfléchir à des plans afin de se faire pardonner du roi millénaire, le lycéen s'éveilla doucement, clignant plusieurs fois des yeux, étonné de se retrouver dans le salon plutôt que dans sa chambre. Il fixa alors l'européenne, ouvertement perdu. « Kali-sempai ? Qu'est ce que je fais là ? »

L'adolescent balaya la pièce du regard, découvrant avec une grimace mal contenue les emballages en carton et les sachets de sauce piquante jetés au sol, comprenant rapidement ce dont il était en réalité question. Il n'était plus dupe sur la relation unissant Sukuna et la jeune femme depuis que Gojo les avait surpris dans la salle de bain, faisant se serrer son cœur au creux de sa poitrine.

« On dirait que votre tête à tête s'est mal passé, sempai… Il est furax, je peux même le sentir faire du bordel dans son coin... »

La pique toucha en plein cœur la jeune hybride qui serra ses poings contre ses cuisses, ne sachant pas quoi répondre à cela. Son sentiment de culpabilité concernant le lycéen l'étouffait presque. Face à son mutisme, le futur exorciste se releva, se dirigeant vers la sortie du salon. Arrivé à la porte, il s'arrêta cependant, se retournant vers la demoiselle, une lueur complexe et torturée animant ses prunelles noisette.

« Kali sempai… » commença-t-il, hésitant.

« Oui, Yuji ? »

« Vous… » Il s'arrêta une poignée de secondes avant de reprendre, comme si cela lui coutait terriblement de poser cette question. « Est-ce que vous l'appréciez ? »

« … Sukuna, tu veux dire ? » Elle savait pourtant pertinemment que c'était de lui dont il était question, mais savait-on jamais...

« Oui… Lui… »

La façon que le jeune homme avait d'éviter consciencieusement de prononcer le nom du démon cohabitant dans son corps était terrible à entendre pour l'européenne, montrant à quel point il le détestait de façon viscérale. Elle ne savait toujours pas ce qui s'était passé ces derniers jours où il avait été absent, mais cela avait forcément dû les impliquer tous les deux…

« Je… » Elle déglutit difficilement, ne sachant, en réalité, pas vraiment comment répondre.

L'appréciait-elle, en réalité ? Ou était il juste la pile qui lui permettait de vivre ? Non, incontestablement, il était bien plus que ça. Elle était attirée par lui, comme un papillon vers une flamme.

Se n'était pas que pour son énergie. Se n'était pas non plus que pour le sexe.

Elle voulait le connaitre, le comprendre, découvrir qui il était vraiment malgré son caractère volcanique et impétueux… Même après ses injustes accusations, faites sous le coup d'une jalousie excessive cachant surement autre chose, même après ses menaces à peine voilées, elle voulait le voir à nouveau.

Elle… l'appréciait… Et bien plus encore…

«Yuji, je suis désolée… » murmura-t-elle finalement, la gorge nouée.

« Non. » la coupa-t-il, secouant doucement la tête. « Ne dites rien de plus. J'ai compris. »

Il fit volte face une nouvelle fois avant de s'arrêter à nouveau, les poings serrés à s'en faire blanchir les phalanges. « Mais… Je ne comprends vraiment pas… Comment pouvez vous… ? Non, laissez tomber… »

Elle hésita avant de se lever, rattrapant l'adolescent pour lui saisir la main.

« Yuji… Tout ça… C'est très compliqué, mais ça ne change rien à l'affection que j'ai pour toi. Tu es quelqu'un de merveilleux, je le pense vraiment. Mais moi… Il faut que tu me vois telle que je suis vraiment. » Elle expira longuement, les yeux fermés, comme pour se donner du courage. « J'ai pactisé avec Sukuna, Yuji. Je suis liée à lui. C'est la réalité, ça ne sert à rien de faire comme si ce lien entre nous deux d'existait pas. »

« Vous n'aviez pas le choix… » répliqua immédiatement le garçon, resserrant ses doigts autour de son interlocutrice, cherchant désespérément une excuse à son acte. « C'était lui ou la mort ! »

« Non, Yuji… » réfuta tristement la demoiselle. « Je l'ai choisi, lui. J'aurai pu choisir de mourir ce jour là. A la place, j'ai décidé de vivre et d'être… à lui. Et je ne veux pas te mentir en te disant que je subis cet état de fait. Je sais que tu le hais. Et tu as des raisons valables de le faire. Mais ce n'est pas mon cas. Et j'espère seulement que tu pourras encore me considérer comme ton amie, malgré ça… »

Itadori encaissa difficilement ses mots, déglutissant faiblement. C'était comme si elle venait de lui porter un nouveau coup et elle se détestait pour cela. N'y avait donc aucun moyen pour elle de préserver le doux garçon de tous les tourments s'abattant sur lui ?

« Je ne sais pas, Senpai… » Finit-il par dire tout bas, faisant se serrer le cœur de l'étrangère. « Là, de suite, je ne sais pas... Il faut que j'aille me reposer, je vous laisse. »

L'adolescent dégagea doucement sa main de celle de Kali, lui adressant un sourire un peu triste avant de quitter la pièce, la laissant seule face à ses pensées. Elle avait vraiment l'impression d'être prise entre deux feux ce soir : il y avait d'un côté Sukuna, et de l'autre le monde humain… Assurément, elle avait besoin de se changer les idées après tout ça…

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Le mot de l'auteur :

M : et Salut tout le monde ! Comment allez vous ? Vous avez passé un bon Halloween ? Personne n'a fait d'overdose de sucre ?

Kali, arrivant dans un body noir, une jupe en tutu dissimulant à peine ses jambes galbée, un chapeau de sorcière sur la tête : QUOI ? C'est déjà passé la fête des bonbons ? Je voulais faire le fameux « des bonbons ou un sort » moi !

Sukuna, scrutant avec grande attention l'hybride, une lueur lubrique au fond de ses 4 yeux : Tu peux toujours me le dire à moi, si tu veux, crevette… J'ai une gourmandise pour toi qui n'attend qu'à être sucée…

Kali, ne comprenant pas l'allusion du démon, toute sourire : Ah bon ? Vraiment ? Trop cool !

Hiroaki, bondissant pour cintrer Kali de ses bras, voulant l'empêcher de tomber dans le piège : C'est un traquenard, Kali ! Il parle de son manche !

Kali, haussant un sourcil : Son… Manche ?

Sukuna, soupirant lourdement du haut de son trône : Encore un trouble fête qui tourne autour de la crevette… C'est un vrai aimant à casse pieds, cette gamine…

Yuji, moqueur : tu t'inclus toi aussi dedans, Sukunaze ?

Sukuna, devenu boudeur en voyant que le blond enfilait de force un pull XXL à Kali pour la couvrir plus, lui gâchant le spectacle : la ferme, le débile. Retourne pleurer sur ton hipo-pote à la noix… Je te rappelle que c'est moi qui arrête pas de te sauver mes futures fesses, ça devient lassant !

Yuji, outré : descend ici pour voir de quel bois je me chauffe ! A moins que t'ais une corne coincée entre les tiennes qui te bloque là haut, blaireau !

Sukuna, s'embrasant de colère : IL DIT QUOI SUR MON ROYAL FESSIER, LE DEMEURE ? La seule qui prend des coups de corne quelque part, c'est la crevette !

Kali, toujours à l'ouest : Quelle corne ?

Hiroaki, haussant les épaules, blasé : il parle toujours de son manche…

M, arrivant dans l'espace post chapitre, jetant des seaux de haribo sur les deux mecs à deux doigts de se jeter l'un sur l'autre : ça suffit ! Mangez du sucre, ça vous calmera tient ! Et finissez tout, maintenant on va passer aux chocolats de noël !

Bref, voilà un nouveau chapitre pour commencer le mois, j'espère qu'il vous aura plu ! On a là le retour de notre susu préféré, qui fait bien entendu des étincelles ! Un grand merci de nous suivre, n'hésitez pas à commenter et tout, ça fait toujours plaisir !

Je vous dis à très vite pour la suite, je vous préviens… Sukuna va sukuner à fond ! Un peu trop peut être d'ailleurs…

Portez vous bien !

PS : Pour celles et ceux qui suivent l'anime, avait vous kiffé l'épisode de cette semaine ? Perso OUI même si j'ai encore plus hâte de voir notre démon préféré vraiment entrer en action !)