NDA 04/11/23 : Et nous y voilà. Le grand final de ce tome. Je vous laisse avec ce chapitre et l'épilogue qui suit. Merci à tous ceux qui m'ont lu et soutenus, vous n'imaginez pas à quel point ça me touche. Plus encore, c'est la fiction qui a reçu le plus de reviews, et c'est incroyable pour moi.

Nous allons faire une petite pause, pendant laquelle je posterais sur mes autres histoires. Mais je vous donne rendez-vous sur mon profil le 1 Janvier 2024 pour le tome 2!

Une bonne lecture à tous


Chapitre 32 : Vivre sans toi.

A l'entrée du stade, caché par la tente des membres du jury, Arman se concentrait de toutes ses forces. Sous chaque tribune, et tout autour du labyrinthe, il avait déposé de la poudre d'opale rose, afin d'augmenter son propre contrôle mental. Et il aurait pu réussir, clairement. Il aurait pu garder Séléné sous contrôle si personne ne s'était ajouté à la manipulation.

Il n'avait pas immédiatement saisi ce qu'il s'était passé. Soudainement, alors qu'il tenait bon malgré la volonté monstrueuse de la jeune femme, il avait senti son énergie se dissocier, puis grandir. Et dans cet amas de fils et de perles de jades représentant leurs canaux mentaux, ils n'étaient plus seulement deux. Il y avait un autre individu, un héritier, il le sentait, sans parvenir à déterminer son origine. Mais elle était macabre, funeste, dangereuse… Démonique.

Arman déglutit et reprit son ensorcellement de plus belle, déployant sa volonté sur la Sacha pour écraser la sienne. Il ne fallait pas qu'elle sorte de cette transe, pas tant que Cédric n'était pas mort, et Harry revenu. Elle ne devait pas les rejoindre, sous aucun prétexte.

Le sorcier Norvégien fut soudain obligé de poser un genou à terre. Une vague d'amour et de loyauté venait de le traverser sans ménagement. Elle pulsait comme une étoile, tendre, chaleureuse, égayant l'atmosphère et détruisant petit à petit son contrôle. Qu'est-ce qu'il se passait ? Comment était-ce possible ? Il n'y avait que Sacha comme héritière en ce monde, Sacha et Tom. Mais ce n'était pas la signature de Tom. Il l'aurait reconnu.

Un autre pouvoir se mêla au trois premiers. Virulent comme un orage, miséricordieux et pourtant impossible. Un souffle de printemps vivifiant. Arman se mit à trembler, ça devenait de plus en plus difficile.

Le filet d'Indra s'ébranla.

Une sensation de violence impérieuse frappa les perles autour d'eux. La guerre, le pouvoir… Mêlé à la sagesse et la victoire. Combien d'héritiers existait-il vraiment dans son monde ? Tom le savait-il ou bien l'ignorait-il ? C'était impossible, là ! Il sentait au moins… Quatre forces différentes… Non…Le souffle stellaire de la magie vint faire éclater les perles une à une. Des coups de jus le firent se crisper, et il se mit à tousser, se noyant dans sa propre salive.

Le coup de grâce fut lorsqu'une migraine de tous les diables le frappa de plein fouet, rendant sa double vue complètement floue et ses pensées incohérentes.

L'influence du norvégien faiblit drastiquement. Il n'en fallait que peu pour que Sacha se libère d'elle-même, désormais. Ça n'était pas possible. Il ne fallait pas. Sinon elle risquait de se faire tuer en se rendant sur place. Bloquer les limbes et Little Hangletton. C'était sa priorité. Mais il n'y arrivait plus. Le groupe était définitivement plus fort que lui, et le fait qu'il y ait un maître de l'esprit au milieu fracassait son propre pouvoir emprunté.

Il avait besoin d'aide. Et pour ça, il était obligé de la demander à Tom. Tom qui pourtant, faiblissait aussi, à cause de son corps derrière le voile et de sa mélancolie. C'était risqué de l'appeler dans cet état. Plus que jamais, les deux se mettraient en danger. Mais il n'avait pas le choix, car déjà, il sentait que Séléné papillonnait des yeux.

Le tonnerre gronda.

Albus Dumbledore regardait sa montre à gousset, comptant les minutes qui séparaient le retour de Viktor Krum et les derniers concurrents du tournois qu'ils attendaient tous. Lorsqu'une vague de magie le traversa soudain, il leva la tête de son cadran, et fouilla le ciel. Fronçant ses épais sourcils blancs. D'où provenait cette influence ? Si ce n'est de Poudlard elle-même ? Une telle puissance… Aussi forte que réconfortante, et pourtant… Familière. Il y décela une note de violence ancienne, comme de la rancœur enfouie sous des couches de contrôle.

Le directeur frissonna et rajusta sa robe de sorcier. La seule et unique fois où il avait senti une magie pareille, c'était à la remise des diplômes de 1945. Lorsque celui qui allait devenir Voldemort plus tard, avait grimpé sur l'estrade pour faire son discours en tant que major de promotion. Oh bien sûr, à cette époque, Tom conservait un masque d'étudiant modèle, mais il l'avait senti. Quand le jeune sorcier avait levé sa baguette pour encourager ses anciens camarades, l'amertume sous-jacente l'avait frappée. Poudlard reconnaissait qu'il se passait des choses graves, et ce n'était pas de bon augure.

Le corps d'Arman, toujours caché par la tente, s'était affiné, il avait un peu perdu en taille, mais pas en charme, au contraire. La cicatrice qui mangeait son torse et le début de son menton avait totalement disparue, et les iris vert luminescent laissèrent place à un chaud ton chocolat noir. Sous ses pieds nus, un immense cercle ésotérique brillait dans un caléidoscope de couleurs.

Tom n'avait besoin que d'une seconde. Il prit une grande et longue inspiration… Puis expira.

Sa volonté fracassa le mur des limbes dans un ouragan de ténèbres et expulsa l'alliance nouvelle dont il ne reconnaissait pas la signature. Il ne devait pas emprunter trop longtemps les pouvoirs de son alter, surtout en cette heure. La dernière ligne droite. Aussi, il se ressaisit, et rendit l'ensemble à Voldemort qui devait être en train de combattre Potter. Des hurlements retentirent dehors.

Trop tard.

Tom perdit l'équilibre. Une boule remonta le long de son œsophage, et il couvrit sa bouche par réflexe. La gerbe de sang qui aspergea sa paume le fit loucher. Il fallait qu'il quitte le corps d'Arman au plus vite. Ça allait dégénérer. Il avait pris trop de temps, utilisé trop d'énergie. Il ne pouvait pas être là. Pas alors que son autre était plus fort. Pas alors qu'il ne devait y en avoir qu'un par monde. Pas alors qu'il était l'originel. Bloqué dans le voile pour l'éternité.

Un autre renvoi sanglant lui fit perdre la notion du temps. Vacillant sur le côté, il sombra dans une inconscience lourde, délaissant le corps d'Arman meurtrit de son passage. Et entre les lèvres de nouveau pulpeuses du norrois, le sang noir s'écoulait encore, signe de l'hémorragie interne qui menaçait sa propre survie.

oOoOoOo

Harry sentit qu'il atterrissait à plat ventre, le nez dans l'herbe dont l'odeur lui emplissait les narines. Il avait fermé les yeux pendant le voyage en portauloin, et il s'autorisa à les garder clos le temps de reprendre ses esprits. Le monde tournait encore trop violemment. Il ne voulait pas bouger, il attendait. Quoi ? Il ne savait pas, qu'on vienne le chercher, peut-être ? Qu'on s'occupe de lui ? De cédric ?

Le vacarme confus, mélange de cris, de voix, de bruits de pas, ne le fit pas bouger pour autant. Il demeura immobile, revivant en boucle le terrible cauchemar qu'il venait de vivre. Sa poigne toujours serrée autour du poignet de Cédric… Cédric qui commençait à devenir froid. Puis deux mains le saisirent brusquement et le retournèrent sur le dos. Il ouvrit les yeux à l'appel de son nom.

Le ciel étoilé, les tribunes qui se vidaient d'ombre floue et désordonnées et la silhouette accroupie du directeur tout près de lui, Harry comprit qu'il était de retour dans le stade. Sa main lâcha la hanse du trophée, mais l'autre resta bien accrochée à Cédric.

« Il est revenu… Voldemort. Il est revenu… » Parvint-il à articuler.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Demanda le directeur. Le visage de Fudge apparut à l'envers au-dessus de Harry. Il était livide.

« Mon dieu, Diggory… Dumbledore, il est mort ! » Ses paroles se répercutèrent dans la foule d'ombre autour d'eux. « Harry, lâche-le. » Et il voulut défaire la poigne de l'adolescent. Mais Harry ne voulait pas. Ne pouvait pas. Ne devait pas le lâcher. Il avait fait une promesse, il la tiendrait.

« Harry, tu ne peux plus l'aider maintenant, c'est fini. Lâche le… » Essaya Dumbledore d'une voix apaisante.

« Il voulait retourner avec Sacha… Il l'a dit… J'ai promis… » Chuchota le garçon, dont les yeux émeraudes s'embuaient d'énormes larmes.

« Ça y est Harry, lâche le maintenant… » Il secoua la tête. Dumbledore se pencha encore et sépara les doigts du Gryffondor du poignet raide, avant de relever l'adolescent avec une force extraordinaire pour un homme de son âge.

Harry chancela. On le retint. Il y eu alors conflit sur qui allait l'emmener à l'infirmerie, et qui annoncerait aux parents de Diggory son décès. Et pendant ce temps, la silhouette de Sacha se faufilait dans la foule pour les rejoindre.

Harry l'observa se figer devant le corps de Cédric et son visage se vider de toutes expressions. Elle lui parut bien plus malade et fragile que lui, qui avait pourtant du sang partout. Une main bourrue l'attrapa, et le noiraud se retrouva écarté du corps et emporté - limite, porté au milieu de la foule. Mais lui, il n'arrivait pas à détacher ses yeux de la Serdaigle. Il sentait sa détresse comme la sienne. Tous avaient luttés, il le savait, il avait essayé.

Ils passèrent devant le lac et le vaisseau de Durmstrang. Harry n'entendait plus que la respiration rauque du sorcier qui l'aidait et le sang qui pulsait sous ses tempes.

« Que s'est-il passé, Harry ? » Lui demanda enfin Maugrey Fol'œil, car c'était lui.

« Le trophée était un portauloin. » S'entendit raconter l'adolescent. « Il m'a transporté avec Cédric dans un cimetière… Voldemort était là… Il… » Ils montèrent l'escalier de marbre, la jambe de bois de l'ancien auror faisant un bruit de tous les diables.

« Le seigneur des ténèbres était là ? Que s'est-il passé ensuite ? »

« Il… Il a tué Cédric… » Gémit Harry.

« Et ensuite ? » redemanda Maugrey, sans aucune compassion pour le garçon. Harry poursuivit son récit, pleurant à moitié.

Ils avancèrent le long du couloir avant d'entrer dans les appartements du professeur de défense. Là, Harry se retrouva assis de force sur une chaise bancale, et après un bruit de serrure, on lui fila quelque chose dans les mains. Le même sentiment de malaise que lorsqu'il était arrivé dans le cimetière s'empara du garçon. Pourtant, il n'avait aucune raison de se méfier, pas vrai ?

Maugrey l'aida même à tenir le gobelet et à boire. Il toussa lorsque le liquide poivré lui brula la gorge. Pour autant, la potion eu l'effet escompté, et le bureau de Maugrey lui apparut bien plus net. Le sorcier aussi, d'ailleurs, et il lui sembla aussi pâle que Fudge. Les deux yeux fixaient Harry sans ciller. Ce fait perturba le garçon, habitué à voir l'œil magique tourbillonner dans son orbite même lorsque son propriétaire était concentré.

« Voldemort est de retour, Harry ? Tu es sûr ? Comment a-t-il fait ? »

« Il a pris… Quelque chose dans la tombe de son père… Quelque chose à queudver et… Et quelque chose à moi… » Répondit Harry. Sa cicatrice lui faisait moins mal, et il se sentait de plus en plus lucide. Bien que le bureau soit plongé dans la pénombre, il voyait désormais parfaitement le visage de son professeur.

« Que t'a pris le seigneur des ténèbres ? »

« Du sang… » Répondit le garçon en montrant son bras entaillé. Maugrey laissa échapper un long souffle rauque.

« Et les mangemorts ? Tu as dit qu'ils étaient revenus ? »

« Oui… Nombreux… » Murmura le noiraud, qui ne comprenait pas où voulait en venir l'ancien auror. En fait, il aurait même dû prévenir le directeur, lui expliquer.

« Est-ce qu'il leur a pardonné ? » Si Harry n'était pas déjà sur ses gardes, cette phrase, murmurée avec espoir, fit naître des frissons d'angoisse incompréhensible le long de son échine.

« Il y a un mangemort à Poudlard ! C'est lui qui a mis mon nom dans la coupe, qui s'est arrangé pour que je remporte le tournoi. » Il voulut se lever, mais la grande main le colla sur sa chaise.

« Je sais qui est le mangemort. »

« Karkaroff ? » s'exclama Harry, incertain. « Où est-il ? Vous l'avez fait prisonnier ? »

« Karkaroff ? » répéta Maugrey dans un rire étrange, rauque. « Ce couard a pris la fuite cette nuit, dès qu'il a senti la marque le brûler. Il a trahi trop de fidèles partisans du seigneur des ténèbres pour avoir envie de les revoir. » Il parut s'amuser. « Mais je doute qu'il aille très loin, le seigneur des ténèbres sait comment retrouver ses ennemis. »

« Il s'est enfui ? Mais alors… Ce n'est pas lui qui a mis mon nom dans la coupe ? »

« Non. » Répondit Maugrey, et son sourire s'élargit. « C'est moi qui l'ai fait. »

Harry n'en croyait pas ses oreilles. Il voulut protester, dire que c'était impossible. Mais une petite silhouette noire et mauve apparue dans le reflet de la glace à l'ennemie, juste derrière Maugrey. Le sorcier pointa sa baguette sur lui, et répéta sa question à propos des mangemorts et du pardon accordé, ou non.

La porte trembla, avant de voler en éclat. Harry serra les dents. Car l'explosion n'en était pas une. C'était un cri, un cri strident, démentiel, incroyable, à l'image des hurlements des sirènes hors de l'eau.

Maugrey pointa sa baguette magique sur le nouvel arrivant. Qui était une arrivante, et prononça une incantation. Mais l'impéro qui s'échappa de sa baguette fut renvoyé contre un meuble, et le sorcier vola contre un mur. Blessé mais loin d'être inapte, le mangemort se leva avec difficulté.

« J'aurais dû me douter que tu viendrais… Tu sais toujours tout à l'avance, petite oracle prétentieuse. »

Sacha ne répondit pas. Son visage arborait la même expression de vide que lorsqu'Harry l'avait vu près du corps de son cousin. Elle se rua sur le sorcier pour le faire tomber, donnant des coups de poings sans aucune force, mais les enchaînant tout de même. Ne pouvant user de magie, Maugrey donna à son tour des coups de poings, frappant le crâne fragile et les mains qui l'attaquaient. Le bras gauche de la celte fut repoussé d'un coup sec, et un craquement sonore retentit. Il fut suivi d'un gémissement de douleur. Levant son autre bras, la noiraude atteignit le visage du sorcier et le gifla assez fort pour que ses ongles limés en pointe lui entaillent sévèrement la joue.

« Garce ! » Saisissant le bras fautif, il la rejeta sur Harry, et les deux basculèrent en arrière dans un immense fracas. La chaise bancale ayant servi de croche-pieds.

Usant de toutes ses forces pour se redresser en position assise, Harry sorti sa baguette de sa poche et la pointa sur Maugrey. De son autre main, il serrait Sacha, vaseuse et couverte de sang. Un sang qui glissait de sa tempe pour couler sur ses vêtements et sur le bras de Harry. Ce même bras entaillé par Queudver pour nourrir la potion de résurrection.

« Ne vous approchez pas ! »

Un sourire de dément se dessina sur le visage de Maugrey. Il se mit à rire, avant d'approcher malgré la menace du garçon.

« Allons. Je sais tout de tes progrès en défense. J'en suis à l'origine. J'ai combattu ta stupidité pour que tu puisses réussir chaque épreuve. Baisse ta baguette, petit, car tu ne peux rien contre moi… »

« Mais moi oui. » Prononça une voix que jamais, au grand jamais, Harry ne se serait attendu à entendre dans un moment pareil.

Une petite ombre noire bondit sur l'ancien auror et le coucha au sol dans un feulement enragé. Et s'il voulut récupérer sa baguette pour virer la chose la chose en question, un pied marcha dessus et la fit rouler plus loin. Harry écarquilla les yeux d'incompréhension. Car sur Maugrey se tenait un chat. Un chat écaille de tortue qu'il avait pour habitude de fuir lorsqu'il faisait des tours nocturnes dans les couloirs. Mais Miss-Teigne ne ressemblait pas vraiment à Miss-Teigne non plus.

Légèrement plus haute sur pattes, ses griffes étaient aussi aiguisées que des lames de rasoir et faisaient au moins cinq centimètres. Les oreilles effilées étaient plus arquées, en plus d'être couchées sur le haut de son crâne. Et dans son dos se balançaient furieusement trois queues angoras à pointe noires. Harry leva les yeux et croisa les prunelles fatiguées du concierge. Le visage émacié était le même, à un détail prés. Sur son front, il y avait un symbole étrange, quelque chose qu'il n'était pas certain d'avoir déjà vu. Mais il sentait que sa magie le connaissait.

« Vous… Vous êtes un sorcier ! » Gronda Maugrey, toujours à terre. Il gesticulait au possible, mais c'était comme si la chatte sur son torse pesait plus lourd qu'un lion. L'une des pattes griffues remonta sur la gorge de l'homme.

« Je n'ai pas besoin d'être un sorcier pour vous tenir en joute. Misérable mangemort. Ma Miss-teigne est parfaitement capable de vous tuer si l'envie lui prends. »

Et pour ponctuer ses dires, le félin grogna plus fort encore et enfonça ses griffes dans la chaire pâle. Du sang commença à couler lentement des plaies infligées. Rusard se tourna alors vers Harry et Sacha et les jaugea du regard. Ils étaient tous deux sévèrement blessés, et la demoiselle ne semblait plus répondre présente. Il savait très bien pourquoi. Elle n'agissait plus que par instinct, submergée par la douleur. Ce n'était pas bon du tout. Il faisait d'ailleurs un froid de canard dans le bureau.

Ses yeux verts furent attirés par le sang qui s'écoulait sur le gryffondor, et une idée folle germa dans l'esprit du porteur provisoire de Cerberus. Il se rapprocha encore et s'accroupi avec difficulté.

« Potter, j'ai besoin que tu répètes quelque chose après moi, pour aider Sacha. »

« Aider… ? » Et en baissant les yeux, le noiraud comprit. Il était en train de se passer quelque chose, comme dans les limbes. De la buée sortit d'entre ses lèvres, et il hocha la tête. « D'accord. »

« Deorum cruor. Sanguis hominum. Legatum tuum tuebor. » Récita le cracmol avec aplomb. « Répète, aller. »

« Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« Je t'expliquerai après. Répète le… » Harry ne sut pas pourquoi, mais le concierge qu'il détestait jusque là lui paraissait plus digne de confiance que le professeur qui l'avait pourtant guidé et instruit. En même temps, il venait d'apprendre qu'il s'agissait d'un mangemort. Il écorcha la phrase une première fois, mais se reprit. Et finit par y parvenir.

L'air chaud revint, comme si maitrisé. Et un halo vert empire rendit sa vue trouble l'espace d'une seconde. La douleur dans ses membres commença lentement à s'estomper et il se sentit beaucoup plus à l'aise. Rusard, lui, fixait avec attention le symbole vert qui côtoyait la cicatrice en forme d'éclair sur le front du garçon. Le symbole tabou. Perséphone. Le destin avait un drôle d'humour, pour vouloir offrir au survivant, le don de résurrection.

« Potter, à présent tu es… »

« J'ignorais que votre compagne à fourrure était une Cait sidh, Argus. » Les coupa une voix sévère.

Le cracmol tourna la tête en direction de la porte, mais ne fit pas un geste supplémentaire. Dans l'embrasure se tenaient trois personne. En tête, baguette à la main, Albus Dumbledore, qui avait perdu son sourire bienveillant et dont les yeux bleus ne pétillaient absolument plus de malice derrière ses lunettes en demi-lune. Une fureur glacée animait chaque ride de son visage et une impression de puissance émanait de lui comme un halo.

« Je l'ai su en début d'année scolaire, et entrainée en secret. » Mentit Argus avec un naturel qui en effraya l'adolescent à terre. Il n'y avait plus de symbole bizarre sur le front, et le sien le chatouillait, comme pour cacher quelque chose aussi.

Le directeur pénétra dans le bureau et observa les deux adolescents à terre au milieu des pieux de bois, et du sang. Harry tenait toujours Sacha contre lui, mais cette dernière paraissait plus lucide, bien que toujours impassible. Lui ne sentait plus aucune de ses plaies, pour ne pas dire qu'il se sentait en forme. Le professeur McGonagall fonça droit sur eux.

« Venez, Potter, O'Nigay… Je vais vous conduire à l'infirmerie… » Et la mince ligne de ses lèvres tremblait, comme si elle était sur le point de pleurer.

« Non. » Dit sèchement Dumbledore.

« Non ? Mais enfin, regardez-les ! Ils sont blessés, éprouvés par toutes les horreurs de ce soir… »

« Ils doivent rester, Minerva. » Répliqua le directeur d'un ton abrupt. « Harry a besoin de comprendre la réalité avant de pouvoir l'accepter. » Et s'il poursuivit ses justifications, le concerné ne regardait plus les professeurs.

Il fixait un coin du bureau, près de la chatte maléfique. Il y avait quelque chose, là, entre le mur et la glace à l'ennemie. Fronçant les sourcils, il parvint à percevoir le visage familier de Cédric et son index posé sur ses lèvres pour lui dire de faire silence. Le garçon de Poufsouffle s'avança jusqu'au duo à terre, mais seul Harry paraissait le voir.

« Tu dois éloigner Sacha d'ici. Harry. Je vais t'expliquer quoi dire, d'accord ? » Le garçon hocha la tête dans une grimace. Cédric l'avait déjà aidé. Dans les limbes, là. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance, même s'il ne savait pas trop pourquoi il devait garder le silence sur sa présence.

« Il faut qu'il sache qui lui a imposé cette épreuve ce soir, et pourquoi. » Termina Dumbledore. Mais Harry lui répondit dans un malaise plus que visible, car il ne savait pas mentir.

« Je le sais déjà… Maugrey… Enfin… » Il jeta un coup d'œil au recoin vide près du miroir. Rogue l'imita, pour comprendre, mais ne vit rien. « Je sais que c'est le fils de Barty Croupton, normalement décédé, qui a remplacé Maugrey. Il… » Il observa alors Sacha. « Sacha me l'a dit quand elle est arrivée. Ils se sont battus. » La noiraude ne lui jeta pas un regard, fixant inlassablement le vide, clignant à peine des yeux.

Mais Harry répéta mot pour mot ce que lui disait Cédric. Dumbledore était surprit, et quelque peu en colère. Mais il ne pouvait nier les capacités d'oracle de la jeune femme. Et tout ce que venait d'annoncer le garçon était logique. Le polynectar, Alastor piégé dans la malle, et les magouilles du mangemort pour obtenir la réussite du survivant à travers les épreuves du tournoi. Le passage au cimetière, Cédric combattant pour le protéger. Cette femme qui l'avait transpercé, puis Queudver qui l'avait tué… Jusqu'à parler du sort qui les avait reliés, lui et Voldemort. Il omit cependant toute la partie dans les limbes, et le chant de Sacha qui les avait réunis, tous ensembles.

« Je me dois de te le répéter, Harry… Mais tu as fait preuve d'une bravoure qui dépasse tout ce que j'aurais pu attendre de toi. Tu as manifesté le même courage que ceux qui sont morts en combattant Voldemort lorsqu'il était au sommet de sa puissance. Ce soir, tu as porté sur tes épaules le fardeau d'un sorcier aguerri et tu t'es montré à la hauteur de l'épreuve. » S'il voulut poursuivre, il fut coupé.

« Est-ce qu'on peut aller à l'infirmerie ? Maintenant ? Je ne me sens pas bien… » Mentit le garçon une fois encore.

« Oui, bien sûr… Monsieur Potter, je vais vous y conduire. » Assura l'écossaise. Mais Albus la coupa.

« Laissons Argus s'en charger. Minerva, auriez-vous l'obligeance d'aller chez Hagrid ? Il y a un gros chien noir assis dans le jardin des citrouilles. Dites-lui d'aller dans mon bureau et que je l'y rejoindrais bientôt, puis revenez ici. » Severus fut chargé d'aller chercher du veritaserum, tandis que le directeur stupefixait pour de bon le faux Maugrey, permettant à Miss-Teigne de le relâcher, non sans ajouter un nouveau coup de griffes sur son torse.

La chatte retrouva son apparence plus fragile, et Argus aida Harry et Sacha à quitter le bureau du professeur de défense dans un pas claudiquant. Pour autant, le premier arrêt fut au troisième étage, où les attendait Nora. La petite elfe avait entre les mains un flacon de potion que Harry reconnu instantanément.

« J'ai amélioré celle-là pour Miss Sacha. Ça devrait la faire dormir un peu… » Nora disparu ensuite, annonçant qu'elle allait ramener le parrain de monsieur Potter à l'infirmerie plus tard. C'est ainsi que Argus, Miss-Teigne, Sacha et Harry se rendirent jusqu'à la salle de soin. Dans un silence absolu. Ou presque.

Le fantôme de Cédric était toujours là et particulièrement remonté contre tout le monde.

oOoOoOo

Harry ne se souvenait pas exactement de ce qu'il s'était passé ces quelques jours. Fudge était parti en lui jetant un sac de mille galions, et puis, Sirius était arrivé à l'infirmerie, et tous avaient parlé de quelque chose qu'il n'était pas sûr d'avoir compris. Les anciens ? En tout cas, son parrain était parti prévenir ces gens, après avoir été contraint de serrer la main à Rogue. Lui-même avait eu une mission qui ne semblait pas le ravir du tout. Plutôt le rendre malade, même s'il maitrisait très bien son masque de mépris habituel.

Il avait reçu une étreinte de madame Weasley, qui l'avait poussé à se rendormir, mais… ça n'avait pas suffi à le calmer. Il se sentait cruellement responsable du décès de Cédric. Même si c'était l'idée du jeune adulte de s'entraider, et de prendre la coupe ensemble, c'était pour le protéger qu'il était mort. Comme ses parents avec lui. Il était responsable… Et ça lui avait échappé.

Mais il avait déjà pris la potion de sommeil sans rêve, alors le reste était confus. Bien qu'il soit presque certain d'avoir entendu Rusard lui dire qu'il n'y était pour rien. Que voldemort aurait tué Cédric avec ou sans lui… Et qu'il devait honorer sa mémoire, plutôt que de pleurer sur une fausse culpabilité. Ça lui avait fait bizarre.

Le pire, ça avait été l'entrevue avec les Diggory, le lendemain matin. Il ne voyait plus le fantôme de Cédric à ce moment-là, et il s'était dit qu'il avait dû partir de l'autre côté - Peu importe ce qu'il se trouvait après la mort. - Alors forcément, il avait eu envie de pleurer. Mais les accusations de Marlène Diggory, sur un prétendu mensonge pour cacher la mort de son fils, qu'il aurait lui-même orchestré, avait fait mal.

Très mal.

Jusqu'à l'intervention de Sacha, probablement plus dévastée que le couple. Elle avait répondu d'une voix glacée que la seule personne dans cette salle susceptible de tuer Cédric, c'était sa mère, Marlène, et qu'elle n'avait plus intérêt à accuser qui que ce soit d'autre que Voldemort, de ces horreurs. La femme rondelette lui avait retourné la tête d'une gifle sonore, et Ron l'avait rattrapé avant qu'elle ne tombe.

Mais O'Nigay, au lieu de paraître choquée ou blessée, s'était mise à rire comme une démente en pleurant. Harry avait frissonné jusqu'à l'intervention des professeurs Chourave et de l'infirmière. Le Dragon avait mis le couple Diggory dehors, malgré les protestations pour récupérer le corps de leur fils, gardé dans une pièce à part. L'ancienne chambre aménagée de la Serdaigle. Le refus de l'infirmière avait apporté de nouvelles informations. Gringotts devait encore délibérer.

La veille du grand départ paraissait encore plus surréaliste. Le cœur lourd, le noiraud préparait ses bagages pour retourner chez les Dursley. Du moins il essayait de préparer ses affaires. Un rien ne cessait de l'interrompre. Seamus qui faisait une tentative de blague, un livre qui tombait d'une étagère, le vent dehors. Attrapant une paire de chaussette, sa main frôla quelque chose de lisse et froid. Fouillant dans son tiroir, il tira le porte-bonheur de Cédric. Sacha lui avait ordonné de le prendre, que si Cédric avait voulu le protéger de Voldemort, alors, garder le chapelet, c'était lui permettre d'exaucer sa dernière volonté.

Harry avait tenté de refuser, mais un regard d'Hermione avait suffi à lui faire comprendre qu'il ne valait mieux pas. Ce n'était pas comme l'or du tournoi, ou quoi que ce soit d'idiot. C'était un présent qu'elle avait elle-même composé et offert à Cédric. Un cadeau pour le protéger du mal. Et Cédric s'était battu pour le protéger du mal à son tour.

Il n'était pas sûr de sa composition. Ça ressemblait à un pendentif, dont la ficelle se composait de trois pierres d'œil de tigre – bien qu'il ne sache pas ce que c'est – et d'une grosse pierre noire légèrement pointue. Un peu comme une flèche préhistorique. L'obsidienne chauffa instantanément au contact de sa main, et il fronça les sourcils. Cédric avait parlé de quelque chose comme ça, dans le labyrinthe.

Reniflant piteusement mais ravalant son sanglot, Harry décida qu'il voulait être fort comme Cédric. Il attacha le pendentif à la ceinture de son pantalon, comme le Poufsouffle avant lui, se frotta le nez, et poursuivit le rangement de ses affaires.

« Ça va mon pote… ? » Demanda Ron en approchant, sa main tapotant l'épaule du plus petit.

« Ça va… ça ira. » Répondit Harry, qui avait honte de vouloir pleurer.

« Tu sais. Même si Dumbledore à ses raisons de vouloir te renvoyer chez les Dursley, on t'écrira. J'écrirais tous les jours s'il faut, jusqu'à ce que tu viennes à la maison. T'es pas seul. » Harry étira un petit sourire reconnaissant.

« Ouais. Je ne suis pas seul. » Murmura le survivant.

En rejoignant la grande salle pour le banquet de fin d'année, Harry croisa de nombreux regards parmi les élèves. Luna lui offrit un petit sourire avant de s'installer chez les Serdaigles avec Sacha. La noiraude hocha simplement la tête en voyant qu'il portait le porte-bonheur de Cédric, comme rassurée qu'il ne l'ait pas jeté. Malfoy aussi, lui avait jeté un regard, mais différent de d'habitude. Ni méprisant ni moqueur. Juste… Inquiet. Et ça le perturba un peu. Mais vraiment un tout petit peu.

Chez les Poufsouffles, la pire était Béatrice Haywood. Tous connaissaient la blonde pour sa langue acérée et ses remarques acerbes, en plus de son intelligence assez remarquable. Elle était la première élève depuis plusieurs générations à avoir réussi à dompter un saule cogneur noir à coup de claquements de langue. Belle, grande, forte, la 6e année faisait la fierté de sa maison avec Cédric et Fawley, dont le savoir encyclopédique naturel frôlait celui des Serdaigles de dernière année.

Béatrice était limite verte, les yeux rouges et gonflés de larmes et se mordait le poing. Ses cheveux habituellement parfaitement brossés étaient en pagaille et un peu gras. Et si Cho larmoyait sur la perte de Cédric, la blonde était dévastée. Harry l'avait vu trembler en entrant dans la grande salle et en constatant les drapeaux noirs.

Harry sorti de sa contemplation lorsque le silence emplit la salle. Dumbledore s'était levé et avancé sur l'estrade. Il ne savait pas ce qui allait être dit, mais il sentait l'agitation aux deux tables du milieu. Qui plus est, pour avoir découvert le Poufsouffle pour de vrai durant les dernières semaines du tournoi, il savait que rien concernant ses années de cours ne pourrait véritablement lui rendre hommage. Personne chez les enseignants ne pourrait le faire.

« Voici donc venu la fin d'une autre année… » Son regard se posa sur la table des jaunes et noires, et Béatrice éclata pour de bon, se cachant contre l'épaule de Truman qui arborait un air tellement sérieux que ça rendait son visage difforme. « Il y a beaucoup de choses que je voudrais vous dire ce soir. Mais je dois d'abord rendre hommage à un garçon de grande qualité qui aurait dû être ici. » Il fit un geste vers la table des Poufsouffles. Et dans le silence, ce ne fut pas difficile d'entendre la voix de Sacha percer. « Quel hypocrite… » Mais Dumbledore l'ignora et poursuivit. « Je vous demande de vous lever et de porter un toast en l'honneur de Cédric Diggory. »

Dans un raclement de chaises et de bancs, tous les élèves se mirent debout et levèrent leurs gobelets d'or. D'une même voix, comme le grondement d'un orage qui se répercute en écho dans la plaine, tous prononcèrent le nom de Cédric. Ils retrouvèrent leurs places ensuite, et le directeur voulu poursuivre.

« Cédric incarnait de nombreuses qualités qui s'attachent à la maison Poufsouffle. C'était un ami loyal et généreux qui… »

« Oh la ferme ! » Cette unique parole fit taire le directeur, qui baissa les yeux sur l'assemblée pour voir Sacha O'Nigay, toujours debout. « Ne parlez pas de lui comme si vous le connaissiez. Vous ne savez rien de Cédric. Vous allez faire son éloge comme on récompense un héros mort au combat, mais vous ne savez même pas ce qu'il voulait ! »

Albus hésita une seconde, il avait plus qu'un simple hommage à faire. Mais la demoiselle à cette table était en effet, la plus légitime pour parler de Cédric Diggory. Et plus encore, elle ne retiendrait pas ses mots. En tant qu'oracle, il avait regardé Sacha O'Nigay évoluer parmi les élèves, leurs évitant des petites brûlures jusqu'au pire des accidents. Elle s'était battue contre les injustices malgré son propre état instable. Et si elle préparait son émancipation, il était évident qu'elle était prête à se battre contre Voldemort aussi. Bien plus que tous ceux dans cette pièce.

Le directeur hocha simplement la tête, et leva son verre en direction de la Serdaigle, avant de se rassoir. Il lui donnait la parole. Et instinctivement, il sut qu'il avait fait le bon choix lorsqu'elle grimpa sur son banc, tandis que son amie plus jeune tendait sa baguette vers elle, ayant sûrement lancé un sonorus pour que tous l'entendent.

« Cédric Diggory… Cédric est irlandais et aime la musique folklorique… Un garçon qui adore lire des BDs avec ses amis, faire des jeux de société et massacrer ses concurrents en hurlant des ''t'es nul !'' à tue-tête. Mauvais perdant, il boude quand il se rate, ou quand il échoue, mais il apprend de ses erreurs et… Il est… » Elle trembla. Elle ne pouvait plus parler de lui au présent, et c'était cruel.

« Cédric était chiant. Vraiment. Il était chiant, parce qu'il n'était pas juste Poufsouffle. Alors oui, il était loyal… Au point de se battre avec lui-même en début d'année scolaire, parce qu'il ne savait pas comment interagir avec moi. Comment faire quand une personne qu'on aime nous a blessé et humilié, et change drastiquement ? est amnésique et agressive ? Est-ce qu'on lui pardonne et on oublie la plaie ? Et bien c'est là qu'il est resté loyal. Mais Cédric n'était pas que ça. Il était travailleur oui, mais il était ambitieux. Vous saviez ce qu'il voulait devenir en sortant de Poudlard ? Il me l'a dit un jour, et je n'ai pas su faire autre chose qu'éclater de rire. Qu'est-ce qu'on répond à un sorcier qui veut devenir Indiana Jones ? » Certains - des nés moldus sûrement - se prirent à pouffer de rire. Sacha étira un sourire moqueur larmoyant, mais se reprit.

« Ouais. Pas facile comme question. Pour ceux qui ne connaissent pas, Indiana Jones, c'est un professeur en archéologie et un chasseur de reliques. Mon cousin voulait être comme lui. C'est-à-dire assez courageux pour aller dans des endroits où personne ne survit, pour voler de l'or, et rendre ça légal en l'offrant aux musées. Oui, c'est sacrément ambitieux et sournois. Serpentard, en fait. Et si vous lui posiez une question d'histoire, quel que soit le pays, ou l'ethnie, il vous répondait en vous donnant envie d'en savoir plus. Sacrément Serdaigle aussi. » Luna dit quelque chose que personne si ce n'est Sacha, entendit, et la noiraude se ressaisit.

« Oui. Cédric était à Poufsouffle, et sa loyauté envers les siens étaient à damner. Mais il était bien plus que juste un élève de cette maison. Cédric était un ami collant, à surveiller les plus jeunes et les siens comme une mère poule. Ma préfète l'a mis dehors à coup de sortilèges au beau milieu de la nuit, parce qu'il avait peur que je fasse un malaise. Vous imaginez ? Carrément mon ombre… Cédric était quelqu'un de bien jusqu'au bout. Parce qu'il est resté lui-même. Il n'a pas voulu devenir quelqu'un d'autre pour nous impressionner, et il n'a pas voulu être une vulgaire copie de ses parents non plus. Il disait ce qu'il ressentait à ceux que ça correspondait. Même quand c'était violent. » Sacha tourna la tête vers Cho Chang. « Je suis désolée que votre couple n'ait pas marché, il t'aimait beaucoup, mais il était têtu. On ne touche pas aux siens… Et en ça, il était impulsif… »

Harry, en écoutant Sacha, se rendit compte que pleurer et rire, c'était sa manière de réagir à tout. Parce qu'elle versait d'énormes larmes tout en riant de ses propres mots. Il avait entendu par Hermione que c'était un signe de dépression chronique.

« Cédric est mort… Il est mort en sauvant Harry Potter. Il est mort, parce qu'il était hors de question qu'un connard de mage noir lève sa baguette sur son ami sous ses yeux. Et il s'est battu jusqu'au bout, non pas juste pour protéger Harry, mais pour tuer celui qui voulait s'en prendre à eux. Voldemort est revenu, et il a assassiné Cédric. »

Il y eut des murmures terrifiés et incrédules, mais cette fois, c'est le directeur qui demanda le silence, pour permettre à la Serdaigle de poursuivre. Et ce serait mentir que de dire qu'il était mécontent de lui avoir cédé la parole.

« Oui, il est revenu. Et on me fera sûrement un scandale plus tard pour l'avoir dit, mais merde. Mon cousin est mort, parce que ce connard est revenu. Mon cousin, qui n'avait même pas dix-huit ans s'est battu contre un mage noir. Est-ce que ce n'est pas gryffondor, ça ? » Elle se mordit la lèvre, et renifla, avant de reprendre. « Cédric n'était pas juste un Poufsouffle. Il était toutes les maisons. Loyal, courageux, ambitieux et intelligent. Il était gentil et drôle, et il se mettait dans des colères noires. Il aimait apprendre de nouvelles choses et faire de nouvelles rencontres. Il voulait apprendre le russe pour parler avec nos nouveaux camarades. Mais plus que tout… Cédric était humain. »

Sacha s'arrêta une seconde avant de se tourner vers la table de Gryffondor. Et même si elle pleurait, il y avait quelque chose en elle qui semblait vouloir sortir et briller.

« Gandhi un jour a dit, soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. Cédric l'a fait, il a été ce changement. Nous allons sûrement plonger dans une période difficile, mais demain, même s'il s'incruste dans ma tête, n'est pas encore écrit. Alors je vous le demande à tous ce soir, Elèves de Poudlard, de BeauxBatons et de Dursmtrang. Soyez comme Cédric. Ne vous enfermez pas dans des rôles qui ne vous appartiennent pas. Rêvez en grand et en couleurs, battez-vous pour vos convictions, et prenez soins de ceux que vous aimez. Soyez juste. Soyez prêts pour demain ! » Etonnamment, tous frappèrent les tables avec leur gobelet. Sacha se passa une main sur le visage, glissant sa chevelure noire en arrière, avant de renifler. Il fallait conclure ça.

« Quand je me suis réveillée de mon coma… je ne me souvenais de rien, et certainement pas de Cédric, encore moins de vous tous. Et… J'ai dit que je détestais mon cousin. Je lui ai dit de dégager de ma vie, de me laisser tranquille. Mais je ne le connaissais pas. Je ne pensais pas ce que je disais ce jour-là. Dites-le. Dites toujours ce que vous ressentez à vos proches, car demain est incertain. N'ayez aucun regret. Dites à vos amis, à votre famille, à vos amours. Dites-le, que vous les aimez. » Elle sourit alors, d'une manière qui ressemblait presque à Luna, et Harry était certain qu'elle pouvait voir son cousin en cet instant. Lui-même sentait l'obsidienne chauffer à sa taille.

« Il est peut-être trop tard pour moi, mais je le dis quand même. Je t'aime, Cédric. Tu es le meilleur cousin qu'on puisse avoir, et je suis désolée de ne pas l'avoir dit avant. » De nouveau, un tour vers gryffondor. « Merci, Harry. D'avoir combattu à ses côtés et tout risquer pour le ramener. C'était dangereux et fou, mais tu l'as fait. Toi aussi, tu es incroyable. » Sacha tendit la main, et Luna, avec la libre, lui tendit son verre, qu'elle avait rempli. Sacha le leva bien haut. « Je vous ait dit que Cédric était irlandais, et c'est pourquoi nous allons respecter sa patrie pour l'honorer. Chez nous, on fête la vie du défunt, on rit, on chante, on danse. Et on se rappelle de la personne incroyable qui nous manque désormais. A toi Cédric ! »

« Et que l'alcool coule à flot ! » Hurla Seamus Finnigan en levant son verre à son tour.

Ce fut reprit par tous les irlandais dans la grande salle, élèves et professeur comprit. Puis tous firent de même. Albus était fier de cette nouvelle Sacha O'Nigay. Car en une année, elle avait réussi à faire ce que lui n'était jamais parvenu à réaliser. Toutes les maisons de Poudlard s'étaient unies sous la même bannière.

Et c'était la seconde fois.