Louisa se laissa tomber au sol à la vue de son amie qui était en train de se faire dévorer par un titan. Elle tremblait de tout son corps, son teint était pâle et ses cheveux mouillés par la pluie battante lui retombaient devant les yeux. Elle avait envie de se relever et d'hurler mais elle était comme paralysée, incapable d'effectuer le moindre mouvement.
Soudain, elle entendit une voix s'élever au loin.
- Louisa ! Bordel Louisa ! Relève toi !
La voix se faisait de plus en plus proche, mais rien à faire ... Elle était incapable de remuer ne serait-ce que le petit doigt.
- Louisa ! Putain Louisa bouge de là !
Elle reconnu la voix de Levi Ackerman suivit de bruits de sabots qui résonnèrent à une cadence assez rapide dans sa direction. Mais elle restait figée.
- Louisa ! Qu'est ce que tu fous ?, demanda le caporal chef en sautant de son cheval, une pointe d'agacement dans la voix.
Il se précipita vers sa soldate avant de s'accroupir face à elle. Voyant qu'elle ne réagissait toujours pas il posa une main sur sa joue. Celle-ci était glacée et provoqua un frisson sur tout le corps de la jeune fille.
- Je, je, je, ... essaya-t-elle d'articuler en relevant légèrement la tête.
Levi remarqua alors les nombreuses tâches de sang qui parsemaient la peau de sa recrue. Elle en avait dans ses cheveux blonds ainsi que sur son visage mais aussi sur ses vêtements. Le cœur du caporal s'affola légèrement en voyant cela. Il aurait voulu vérifier si elle n'était pas blessée mais là, il n'en avait pas le temps. Un titan qui semblait avoir terminé de bouffer un humain se dirigeait dangereusement vers eux et trois autres énergumènes de son espèce se trouvaient un peu plus loin. Ils ne tarderaient sûrement pas à arriver, eux aussi, à leur hauteur.
Louisa se sentit alors soulevée dans les airs et se retrouva la tête en bas. Ses yeux se perdirent alors sur le tissu vert, marqué de l'emblème du bataillon d'exploration, qui recouvrait le dos de son caporal chef. Elle était toujours dans l'impossibilité de dire un mot ou de faire quoi que ce soit d'autre que de se laisser faire. Ce n'était pas dans ses habitudes de réagir de la sorte mais là, elle venait de perdre sa meilleure amie sous ses yeux, et dans des circonstances plus que tragiques. Une envie de vomir s'installa subitement dans son estomac mais, n'ayant rien avalé depuis un moment, elle ne risquait pas de remettre quoi que ce soit maintenant.
Levi fit descendre la jeune femme de son épaule comme si elle ne pesait rien avant de l'installer sur le cheval qui avait attendu bien sagement près de son propriétaire. Il monta ensuite derrière elle d'un mouvement souple et contrôlé. Puis, il attrapa les rennes tout en serrant son torse contre le dos de Louisa, qui elle, semblait toujours sans vie. Il donna un petit coup de talon au niveau des flancs de sa monture qui partit au grand galop alors que le titan le plus proche manqua de justesse de les croquer tous les trois.
Louisa était comme spectatrice face à la scène qui se déroulait. Elle sentait la pluie fouetter fortement son visage avec l'aide du vent qui se déchaînait. Elle percevait les bras musclés du caporal qui l'encerclait fermement de chaque côté et son corps qui se frottait contre le sien à chaque mouvement qu'effectuait le cheval. Elle discernait également son souffle chaud et haletant qui frôlait son oreille. Si cela s'était produit à un autre instant, elle aurait certainement apprécié ces dernières sensations mais là , elle est incapable de ressentir quoi que soit. Un était de choc puissant s'était emparé d'elle à la seconde où Sarah s'était faite brusquement attrapée par ce monstre d'une taille gigantesque, avant de se faire dévorer sous les yeux de la jeune fille, impuissante.
Levi, quant à lui, était concentré sur son but. Fuir ces putains de titans et se mettre à l'abri, pour la nuit, de la tempête qui se préparait. Cependant, même s'il était focalisé sur son objectif, il ne put s'empêcher de se demander comment le plan, élaboré soigneusement avant la mission, avait prit une tournure pareil. C'était pourtant simple. Il devait rejoindre le repère souterrain des Reis en prenant garde aux nombreux titans qu'ils pourraient croiser sur leur route, tout en surveillant une éventuelle attaque de Kenny Ackerman et son escouade. Seulement, un nombre incalculable de monstres bouffeurs d'humains avait fait leur soudaine apparition et avait ainsi décimé une bonne partie de l'équipe qu'ils avaient formé. Ensuite, les pantins de Kenny avait aussi fait leur entrée. Les recrues de Levi et de Hansi avait donc été forcé de se séparer en deux groupes. Le caporal avait massacré un bon nombre de titans avant d'entendre une voix qu'il aurait reconnue entre milles hurler au loin. Celle de Louisa, qui criait le nom de sa meilleure amie à s'en rompre les cordes vocales. Mais une fois arrivé sur les lieux, c'était trop tard. Sa jeune soldate était agenouillée sur le sol, immobile et recouverte de sang. Ses yeux ne transpirait aucune émotion, comme si toute trace de vie l'avait subitement quitté.
- Putain ! Il faut que je nous sorte de là, grogna le Caporal à lui même, en assignant un coup de talon, plus fort cette fois, à son cheval qui allongea encore sa course, la tête braquée vers l'avant.
Louisa n'avait aucune idée de la distance parcourue depuis que le Caporal lui avait sauvée la vie ni du temps passé depuis qu'ils avaient pris la fuite à tout allure sur leur monture.
Ils se trouvaient maintenant au milieu d'une forêt assez danse où la lumière ne passait que très légèrement entre les nombreuses feuilles des arbres qui les entouraient. Le cheval marchait à présent à son aise en essayant de reprendre son souffle pendant que Levi scrutait avec attention les alentours. Le soleil allait commencer à se coucher et il aurait aimé trouver un endroit sûr pour passer la nuit mais aussi pour mettre la gamine en sécurité. Les cheveux blonds de la jeune fille, restée muette depuis l'horrible scène de tout a l'heure, venaient de temps à autre caresser son visage. Levi posa alors les yeux sur la chevelure de sa soldate et la vit frissonner. C'est vrai que la pluie les avait complètement trempé ... et avec le vent qui continuait de souffler et la nuit qui ne tarderait pas à tomber ils risquaient d'attraper la crève.
Soudain, le regard du caporal se posa sur ce qui semblait être un vieux chalet en bois. Il tira légèrement sur la renne gauche, qu'il tenait fermement dans sa main, pour diriger son cheval vers l'abri qui se trouvait à quelques mètres d'eux. Une fois à l'arrêt, Levi mit pied à terre en effectuant un mouvement emplit d'agilité. Il se tourna ensuite vers la jeune fille et la regarda un instant, d'un air plutôt inquiet. La gamine était pâle. Elle grelotait et avait le regard toujours complètement dénué d'émotion.
- Reste là, je vais faire un tour. Si tu vois ou entends la moindre chose suspecte enfuis toi avec le cheval. C'est un ordre, lança-t-il à sa recrue qui resta de marbre.
Levi soupira. Elle devait être en état de choc ou un truc du genre. Sauf que lui, tout cela, ce n'était pas son domaine. Et Hansi n'étant pas là pour prendre le relais ... il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire pour ramener la gosse à un état plus ou moins normal. Soit, il verrait ça plus tard. Là il devait s'assurer que le lieu était bien désert et qu'ils seraient en sécurité jusqu'au lendemain matin.
Il pénétra alors sur ses gardes dans le chalet en bois, une main posée sur une de ses épées, prêt à dégainer si le moindre danger surgissait. Mais il ne se passa rien. La première pièce était assez petite et comportait une cuisine rudimentaire avec une table en bois entourée de quatre chaises. Il y avait une petite chambre avec un lit plutôt grand et une minuscule salle de bain. La poussière avait visiblement assiégé le lieu depuis longtemps mais ça ferait l'affaire. De toute façon c'est pas comme s'il avait plusieurs choix non plus. Il tourna les talons et se dirigea d'un pas décidé vers l'entrée pour rejoindre la jeune fille, toujours assise sur le cheval. Elle n'avait pas bougé d'un millimètre.
- Louisa, tu m'entends ?, tenta le caporal. Mais aucune réponse.
- Bon Louisa ! Secoue toi un peu tu veux ! Tu vas attraper la crève si tu restes là, s'impatienta Levi en croisant les bras d'un air agacé sur sa poitrine. Toujours rien.
- Très bien !, grogna-t-il en s'avançant vers sa recrue. Il tendit les bras vers elle en se hissant sur la pointe des pieds. Il posa ensuite une main au niveau de sa taille et la tira vers lui. Louisa se laissa aller sans résister. Elle glissa du cheval et se retrouva, comme par magie, sur ses pieds en face du Caporal qui la soutenait toujours fermement. Levi sentit que les jambes de la gamine ne tiendraient pas le coup longtemps, elles commençaient d'ailleurs à flageoler de plus en plus. Il soupira encore une fois en voyant qu'elle ne bougeait pas. Puis, il passa une main dans son dos et l'autre au niveau de l'arrière de ses genoux. Encore une fois, la blonde se laissa faire. Levi la souleva alors, sans devoir effectuer de grand effort, et la transporta jusqu'à l'intérieur du chalet. Il l'emmena directement à la salle de bain et l'aida à s'asseoir sur le petit tabouret qui se trouvait en face de l'évier.
- Je reviens, la prévint-il avant de retourner dans la cuisine.
Il fouilla dans les armoires et, après avoir trouvé ce qu'il cherchait, il fit chauffer de l'eau. Il retrouva ensuite Louisa dans la salle de bain avec une casserole remplie d'eau chaude dans les main. Levi s'assura que le bouchon de l'évier était bien en place avant de vider le contenu du récipient dedans. Il tendit ensuite à la jeune fille un essuie et un gant de toilette pour qu'elle puisse se débarbouiller du sang et des autres crasses qui parsemaient son visage et le reste de son corps mais, encore une fois, elle ne bougea pas.
- Louisa, tu ne peux pas rester dans cet état. Lave toi un peu, on s'occupera de tes vêtements ensuite.
Pourquoi ne réagissait-elle pas ?! Se demanda Levi. "Je suis pas psychologue ni médecin moi ... Putain Hansi t'es jamais là quand il faut" , s'énerva le caporal intérieurement. Mais au fond, il commençait vraiment à s'inquiéter pour la gamine. Il devait bien avouer qu'il l'appréciait beaucoup. Même plus que ce qu'il aurait bien voulu. Elle était toujours de bonne humeur et souriait à chaque seconde de la journée. Elle était bienveillante et chaleureuse. Tout le contraire de lui, en gros. Ces derniers temps il s'était d'ailleurs attachée à elle sans le vouloir. Mais il refusait de lui montrer. Alors ça, plutôt crever tout de suite. Il avait déjà perdu beaucoup trop de monde pour s'abandonner à ce genre de sentiment, qui pour lui était éphémère. Mais voir la morveuse dans cet état lui fendait le cœur qui avait déjà été de nombreuses fois fracturé auparavant.
Il soupira une fois de plus et fit glisser le second tabouret qui se trouvait dans l'étroite salle de bain. Il le plaça en face de Louisa avant de se laisser tomber dessus. Il attrapa le gant de toilette qu'il avait déposé sur le coin de l'évier quelques secondes plutôt et le plongea dans l'eau chaude juste après avoir remonté les manches de sa chemise blanche au niveau de ses coudes. Il comprima dans sa poigne le tissus gorgé d'eau et le posa délicatement sur le front de sa recrue. Il frotta le sang séché de Sarah qui était resté collé à sa peau blanche. Il dut rincer plusieurs fois le gant de toilette avant d'en venir complètement à bout. De ses yeux bleus métalliques, Levi chercha désespérément les grandes pupilles couleur noisette de la gamine, qui d'habitude étaient si expressives. Mais rien. Elles fixaient ses genoux sans aucune émotions. Le cœur du caporal se tordit. Il laissa le gant de toilette dans l'eau et posa sa main droite avec douceur sur la joue de la jeune fille.
- Louisa regarde moi. S'il te plaît, lui demanda-t-il dans un souffle en essayant de masquer son inquiétude dans sa voix.
Toujours rien. Il laissa alors glisser ses yeux sur la chemise blanche de la gamine qui était recouverte de sang. Il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il ne pouvait pas la laisser immaculée du sang de sa meilleure amie.
- Louisa, je vais devoir .. Le caporal déglutit avant de reprendre d'une voix tremblante, enlever ta chemise ... pour la nettoyer. Alors si tu ne veux pas que je le fasse, dis quelque chose. S'il te plaît.
Aucune réponse.
Dans un premier temps, le caporal commença par défaire le harnais qui encerclait le buste de la jeune femme. Pour ce qui était de sa cape du bataillon, elle avait dut la perdre sur le champs de bataille tout à l'heure. Il n'eut pas trop de mal à lui ôter cette partie de son équipement et le déposa derrière lui.
Levi prit ensuite une grande inspiration et tendit les mains une nouvelle fois vers sa recrue. Il posa ses doigts sur le bouton le plus haut. Il essaya de le défaire mais dans un premier temps, il n'y arriva pas.
"Comment je peux buter des dizaines de titans avec précision et ne pas venir à bout d'un putain de bouton" , pensa-t-il, en colère.
Il observa alors ses mains. Elles tremblaient.
"Putain ! C'est qu'une chemise ! Reprends toi ! S'encouragea-t-il.
Il prit une seconde bouffée d'air et réussit à défaire enfin le premier. Puis le deuxième et le troisième. Enfin, la chemise aux boutons récalcitrants fut entièrement déboutonnée.
- Bien, se félicitât-il content de lui, à voix haute cette fois.
Levi posa alors ses mains au niveau des épaules de Louisa et fit glisser le tissu blanc le long de ses bras. Une complètement retirée, il posa la chemise sur le rebord de l'évier et attrapa une nouvelle fois le gant de toilette. Il frotta le sang qui avait réussit à traverser le vêtement de la soldate. D'abord il commença par ses épaules assez frêles, pour descendre vers ses bras jusqu'à ses mains. Jusqu'ici il avait évité de poser les yeux sur la poitrine de la jeune femme, pourtant toujours recouverte d'un soutien-gorge.
Le caporal se leva alors et ouvrit une petite armoire qui se situait en hauteur, sur sa droite. En faisant des fouilles tout à l'heure, il avait remarqué qu'il y avait un tas de t-shirt et d'autres vêtements qui semblaient propres là dedans. Il en attrapa un et se glissa derrière Louisa qui était toujours assise. En la contournant il avait jeter un regard furtif au sous vêtement de la jeune femme. Il s'était senti alors subitement rougir, une chaleur intense envahissant ses joues.
"Levi tu es vraiment stupide" se dit-il.
Il s'éclaircit alors la voix en se raclant la gorge.
-Louisa, ton ... ton, ton soutien-gorge est taché. Je vais l'enlever et te passer un t-shirt, articula-t-il en vitesse.
Levi laissa alors ses yeux descendre avec timidité vers l'attache du sous vêtement.
"Comment ça se défait ce foutu truc ?!" , grogna t-il au fond de lui.
Après avoir analysé la chose sans vraimentn en avoir compris le fonctionnement, le caporal se lança. Il attrapa de ses doigts, beaucoup moins habiles que d'habitude, l'attache du tissu et essaya à plusieurs reprises de la défaire. Il soupirait, encore et encore.
- Si je trouve l'abrutit qui a inventé ce truc, je le butte !, murmura-t-il.
Puis, sans vraiment le faire exprès, l'attache céda enfin. Un sourire de satisfaction se dessina à la commissure des lèvres du caporal.
"Je t'ai eu ! Saloperie", se dit-il à lui même.
Bon maintenant, il fallait le lui enlever. Levi fit remonter ses phalanges le long des bras de Louisa en frôlant sa peau. Il put remarquer que les poils, qui parsemaient la chair de sa recrue, se redressèrent à son touché étonnamment délicat. Il ne put s'empêcher de caresser furtivement l'une de ses épaules, bien trop tendue par toute l'angoisse accumulée ces dernières heures et par le poids qui reposait sur elle depuis longtemps. Cette gamine l'épatait. Jamais elle ne se plaignait malgré les évènements qu'elle avait eut à affronter jusqu'ici et la perte tragique de toute sa famille avant son entrée au bataillon. La seule personne qui lui restait lorsqu'elle avait franchit les lignes des jeunes recrues était son amie Sarah. À présent, morte elle aussi. Levi se doutait de ce qu'elle devait ressentir, mais cette gamine était forte. Elle s'en remettrait, une fois le choc passé. Du moins, il l'espérait sincèrement. Une fois sortit de ses pensées, dans lesquelles il s'était égaré, il attrapa les bretelles de son ennemi, le fameux soutien-gorge, et les fit descendre jusqu'à ce qu'il lui ait complètement ôté.
Pendant ce temps là, Louisa comprenait ce qu'il se passait mais elle était comme spectatrice de la scène. Elle ne pouvait ni bouger, ni parler. Mais elle avait reprit conscience des événements et voir le Caporal Levi aussi vulnérable face à six boutons lui avait donné envie d'éclater de rire. Lui qui était le soldat le plus fort de l'humanité, jamais elle n'aurait cru le voir aussi désespéré face à l'enlèvement d'une chemise et d'un simple soutien-gorge. Elle avait apprécié tout ce qu'il avait fait jusque maintenant, la façon dont il avait pris soin d'elle l'avait fortement touchée. Elle était d'ailleurs triste de ne pas savoir faire un geste envers lui à cet instant. Mais elle n'en pouvait rien. Elle en était incapable, certainement à cause du choc de tout l'heure.
Louisa ferma les yeux lorsque le Caporal lui enfila soigneusement le t-shirt. Il était si délicat dans ses gestes ... cela ne lui ressemblait pas. La jeune femme lui était reconnaissante du respect dont il avait fait preuve lorsqu'il l'avait contourné pour la déshabiller. Elle n'avait senti aucun regard malsain ou curieux de son supérieur. Au contraire, elle avait plutôt décelé de la gêne et de l'embarras. Elle n'aurait jamais imaginé que le Caporal Levi aurait pu être perturbé de cette manière face elle.
Une fois que Levi eut terminé de lui passer le vêtement correctement, il retourna se positionner face elle. Louisa semblait avoir repris quelques couleurs mais ce n'était pas encore ce qu'il espérait. Il laissa alors son regard parcourir le visage de sa jeune recrue. Elle était belle. Ses traits étaient fins et graciles. Ses yeux étaient toujours perdu vers ses genoux mais le caporal pouvait admirer ses longs cils qu'il avait tant regardé sans qu'elle ne s'en aperçoive auparavant. Enfin il l'espérait, ça aussi. Il prit une mèche de ses cheveux entre ses doigts et la replaça avec minutie derrière son oreille afin de lui dégager son regard. Ses iris descendirent ensuite doucement vers le bas du corps de la soldate.
- Louisa, ton pantalon est ... bah il est dégueulasse et c'est hors de question que tu te couche ainsi dans le lit. Tu ne veux toujours pas m'aider ?
A son grand étonnement, Levi vit que les yeux de la gamine remontèrent lentement pour se réfugier dans le bleu métallique qui entourait ses pupilles. Il décela dans son regard une détresse qui le paralysa pendant un court instant. Elle avait besoin de lui. Il le sentait.
Le caporal acquiesça avant d'attraper la main de la jeune femme. Il l'invita à se lever en la tirant doucement vers lui.
-Lève toi, murmura-t-il
Louisa, s'exécuta sans un mot mais difficilement. Ses jambes tremblaient et un vertige lui fit tourner la tête. Quant à Levi il s'accroupît face à elle. Il dégrafa les harnais qui lui serraient les cuisses et finit par lui enlever la totalité de son équipement tridimensionnel. Tout cela sans trembler.
"Beaucoup plus facile à retirer que l'autre bazar à bretelles" , remarqua-t-il
Il ôta ensuite ses bottes avant de s'attaquer à son pantalon. Là aussi le caporal se voulait respectueux. Il n'avait pas lâché Louisa du regard lorsqu'il lui avait fait glisser le vêtement jusqu'à ses pieds. La jeune femme avait levé les jambes une à une, permettant ainsi à Levi de le lui enlever plus facilement.
Il se redressa ensuite à hauteur de sa soldate. Il faisait quasiment la même taille qu'elle. Il devait peut-être la dépasser d'un petit centimètre mais pas plus.
- Bon aller, je t'emmène au lit. Il la souleva encore une fois dans les airs comme si elle ne pesait rien.
- Ne prends surtout pas l'habitude que je te porte gamine ! C'est exceptionnel, ajouta-t-il en grognant.
Louisa laissa alors retomber sa tête contre l'épaule de son supérieur, comme pour s'y réfugier l'espace de quelques instants. Elle sentit son odeur boisée et masculine l'entourer et la chaleur de son corps la fit frémir. Elle aurait voulu rester là le plus longtemps possible.
Le caporal laissa retomber son regard sur la jeune fille, qu'il sentait se blottir contre lui, et la serra alors plus fort dans ses bras. Un sourire tendre illumina pendant une demi seconde son visage avant qu'il se souvienne qu'il s'était promit d'exclure ce genre de sentiment de son existence. Il secoua la tête en tentant de masquer ce qu'il ressentait au fond de lui.
Une fois arrivé dans la chambre, il la déposa sur le lit et la recouvrit de l'épaisse couverture qui se trouvait au fond de celui-ci.
La gamine se blottit contre l'oreiller et ferma les yeux. Levi observa une larme s'échapper de ses paupières et rouler le long de sa joue. Il se pencha vers elle et passa une main délicatement dans ses cheveux.
- Dors, on doit partir tôt demain pour rejoindre le reste du groupe.
"Enfin ... s'ils sont toujours en vie" , se dit-il à lui même en tournant les talons vers la porte de la chambre.
