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Notes de l'Auteure :

Comme toujours : mon dernier trauma et mes dissociations ne s'arrangent pas, donc : j'écris !

(En même temps, comme je suis dans le déni, ça risque de durer longtemps ce bordel !)

Voici un autre chapitre pour ma série sur AO3, du nom de :

'La Saga de Buscarron' :

"Une Saga qui ne devrait pas exister mais qui, tel un paradoxe comme son personnage, existe.

Les histoires ici ont toutes quelque chose en commun :
- L'apparition d'un même nom de Pub : 'Le Choix de Buscarron'.
- Mais également, malgré les Mondes bien différents dans lesquels les histoires se déroulent, le même personnage.
Son nom change, son apparence physique, ses traits de caractères, mais pas lui.

Cette Saga existe à cause d'un trauma, et me permet de dissocier dans ces Univers dès que j'en ressens le besoin.
Tout le temps, donc.

Choisissez votre Monde, prenez une Ligne Temporelle et...
... Bon voyage..."

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Aussi, j'ai changé tous les résumés des histoires pour plus de cohérence. Cette histoire fait donc suite aux cinq autres qui la précède :

'Let there be love'

'No place like London'

'With your drums and guns'

'The future belongs to the mad'

'The Baker of Camden Town'

Donc, le personnage reste presque le même, mais ici, je me retrouve dans le film de 2012 :

'This means war'

Dont je vous avais teasé l'univers à la fin de l'histoire précédente.

Je reviens avec mes sempiternelles paroles de chansons.

Ici, une que j'écoute en boucle en ce moment :

'Rose Tattoo' par Dropkick Murphys.

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« The pictures tell the story,
This life has many shades,
I'd wake up every morning and before I'd start each day,
I'd take a drag from last night's cigarette,
That smoldered in it's tray,
Down a little something and then be on my way. »

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Chine, Hong Kong, 2012 :

Je n'avais jamais mis les pieds en Chine, encore moins à Hong Kong en toute logique, et je n'étais pas très jouasse que ma première fois au pays du soleil levant soit pour ça.

Le 'ça' en question était une fichue mission, envoyée par 'The Order', l'organisme ultra-top-secret pour lequel j'avais l'habitude de travailler. J'avais pourtant démissionné un an auparavant, après ma dernière enquête qui m'avait estropié à jamais. Depuis ce jour fatidique, et ce malgré des centaines de rééducations, ma jambe droite était totalement morte. Je boitais avec une canne, je traînais la patte avec douleur et une énorme cicatrice traversait ma jambe, de ma cuisse, jusqu'au genou.

Voilà pourquoi, même si je portais souvent des robes, le pan s'arrêtait bien en-dessous de mes genoux. Pour cacher cette horreur. Et non, je ne supporte pas les collants.

Je suis plutôt petite, la peau blanche, de longs cheveux châtains noués en une grande tresse, des yeux sombres et des Converse All Star blanches aux pieds.

Je ne pouvais, certes, plus travailler comme Espionne à cause de ma blessure, mais Dr Hess me voulait néanmoins sur le terrain, en Chine, pour des questions de logistique. Mon ancienne Boss m'a promis de m'affranchir de 'The Order' après cette dernière mission.

Étrangement, je ne la croyais pas du tout...

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« I traveled far and wide,
And laid this head in many ports,
I was guided by a compass,
I saw beauty to the north. »

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'The Order' avait réservé une superbe Suite dans l'hôtel 'Harbour Plaza Resort City' dans lequel je me suis réfugiée ce jeudi soir, pour lire mes fichiers et me remettre de mon Jet Lag.

Malgré le luxe évident des lieux, je me suis simplement jetée sur l'immense lit King Size, pour enlever mes chaussures et reposer ma pauvre jambe droite. J'ai attrapé ma boîte de médicaments pour gober trois anti-douleurs d'une traite.

Avant de dormir, j'ai enfin ouvert la mallette qui contenait ma mission, que j'ignorais encore à ce moment-là. Le dossier couleur parchemin indiquait 'Top Secret' en grosses lettres rouges.

Je l'ai pourtant ouvert et...

… Mon cœur rata un battement.

Oh, non, pas encore !

Ma mission n'était pas quelque chose, mais quelqu'un.

Et, je déteste lorsqu'une mission est une personne. Ça ne se termine jamais bien pour la personne en question. En plus, de ce que je voyais sur sa photo, il était plutôt mignon.

Enfin, un des deux.

Ma mission était deux hommes.

J'ai commencé à lire les informations écrites sur les papiers brunis :

« … Tuck Hansen, Espion au service de la C.I.A... »

Bon, ça commençait mal...

« … sous protection, avec son collègue Franklin 'FDR' Foster... Recherchés pour le meurtre du frère du criminel notoire Karl Heinrich.

Heinrich souhaite se venger, et pour cela, votre mission est de retrouver les deux Espions à Hong Kong et de nous envoyer leur position exacte.

Ne pas tuer les cibles.

Tous les moyens sont autorisés. »

Shiiiiiiiiit...

J'ai laissé ma tête tomber sur les quatre coussins derrière moi.

C'était tout à fait le genre de mission que je haïssais. J'espérais pouvoir définitivement quitter 'The Order' après ça, même si une petite partie de moi n'y croyait pas du tout.

Je devais quand même essayer...

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« I drew the tales of many lives,
And wore the faces of my own,
I had these memories all around me,
So I wouldn't be alone. »

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Ma nuit fut courte et remplie de cauchemars dans lesquels je me noyais dans des yeux aussi bleu que les mers de Chine, et où je naviguais sur une peau recouverte de tatouages, dont un spécial en forme de rose.

Allez comprendre...

Je me suis levée, encore fatiguée de mon décalage horaire, j'ai pris une douche, puis enfilé une robe bleu marine, chaussée mes Converses, prit ma canne et je suis descendue aux cuisines pour boire un litre de café au lait, sans sucre. J'avais enregistré toutes les informations par cœur du dossier dans mon Palais Mental et je savais par quoi commencer :

Par un Pub.

En même temps, c'est moi qui choisis par quoi commencer, il y avait peu de chance que ce soit par une Église !

Il faisait chaud, je ne portais que ma robe et je clopinais sur les grands trottoirs avec ma canne, jusqu'à trouver un bar écrit dans une langue autre que le Mandarin. Après avoir traversé une dizaine de feux pour piétons, et après avoir pris trois fois trop de bains de foule, j'ai trouvé mon phare en pleine nuit, une Taverne pittoresque du nom de :

'Le Choix de Buscarron'

Parfait.

Mon choix n'était pas tout à fait innocent, je me doutais que mes cibles auraient la même idée que moi. Après tout, ils étaient eux aussi des Espions Assassins en territoire inconnu.

Lorsque je rentrai dans le Pub, l'odeur de l'alcool et de la cigarette me chatouilla les narines. L'endroit était plongé dans une semi-obscurité et j'ai trotté jusqu'au bar pour commander ma Guinness. Le Serveur était clairement un Irlandais, ce qui me serra le cœur, puisque mon île verte me manquait cruellement.

Je me suis assise sur la chaise haute du bar et j'ai faussement regardé la télévision en sirotant ma Pinte. Je n'ai dû attendre que trente minutes pour que mon plan se mette en route...

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« Some may be from showing up,
Others are from growing up,
Sometimes I was so messed up and didn't have a clue,
I ain't winning no one over,
I wear it just for you,
I've got your name written here,
In a rose tattoo. »

.

Le Serveur déposa un verre de Whisky devant moi. Après lui avoir dit que je n'avais rien commandé, il marmonna :

- De la part d'un des deux mecs du fond.

Il jeta un coup d'œil dans mon dos et, par logique, je me suis retournée.

Mmmm... Trop facile.

Celui qui avait payé pour mon verre se leva de son siège, tel un félin, pour glisser vers moi avec tout l'aplomb dont il put faire preuve.

Je reconnus une des cibles, il s'agissait de FDR, qui m'offrit son plus beau sourire aguicheur dans son magnifique costume. Bien coiffé, bien habillé, il pensait réellement m'impressionner. Le pauvre, il ne se doutait pas que pour moi il ressemblait bien trop à Michael Weatherly pour que je daigne lui donner un semblant d'intérêt. Des fois que vous n'aviez pas compris, non, je n'apprécie pas vraiment l'Agent Anthony DiNozzo. Surtout que, de ce que j'ai lu dans le dossier de FDR, comme son sosie, avait une intelligence émotionnelle d'un adolescent de 15 ans, à sauter sur tout ce qui bouge.

Du coup, je n'ai pas bougé.

- Hello... commença-t-il avec une fausse voix sensuelle. Tu parles Anglais ?

- Et Irlandais. Si jamais... raillais-je.

Il sourit. J'ai levé les yeux au plafond.

- C'est triste que tu sois toute seule, assise au bar.

- Mieux vaut être seule que mal accompagnée.

- Outch.

J'étouffai un rire.

Je bus mon verre de Whisky d'une traite, ce qui fit tiquer le grand FDR. Il s'assit à côté de moi, sans me demander la permission, puis essaya de me draguer comme une de ses nombreuses gazelles dans la savane, mais je n'écoutais même pas les phrases qu'il me débitait. Je commandai une autre Pinte de Guinness, qu'il voulut payer. Je l'ai laissé faire, boire gratuitement est toujours bon à prendre.

Je soufflai d'ennui, lorsque le collègue du coureur de jupons se dirigea vers moi pour me demander, dans un adorable accent Britannique :

- Est-ce que tout va bien ? J'espère que mon pote ne te dérange pas trop.

J'allais rétorquer que si, carrément, mais en me retournant, lorsque j'ai aperçu ma nouvelle cible, mon cœur rata un battement...

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« This one's for the mighty sea,
Mischief, gold and piracy,
This ones for the man that raised me,
Taught me sacrifice and bravery. »

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Il était plus petit que son collègue, en taille, mais bien mieux bâti. Malgré l'ample chemise bleu marine qu'il portait, je pouvais facilement discerner ses muscles. Il avait les manches retroussées et je voyais ses tatouages recouvrants ses bras, avant-bras, montant sur son torse et un peu jusqu'à sa nuque. Une chaîne en or avec une croix dorée pendait de son cou, sur sa chemise légèrement ouverte, laissant facilement apercevoir le reste de son corps athlétique. Mais surtout...

… Ses yeux.

Il avait les yeux d'un bleu des mers de Chine.

Et un tatouage en forme de rose.

Oh, shiiiiiit...

Les cheveux courts, châtains, un visage fin et rasé, il semblait si innocent et si gentil.

- Est-ce que tout va bien ? réitéra-t-il en s'inquiétant face à mon silence.

Mon retour à la réalité fut violent. J'ai fait un simple 'oui' de la tête pour ne pas trahir mes émotions dans ma voix. Pour me détendre et m'occuper, j'ai bu de longues lampées de Guinness. Après avoir calmé et engourdi mon pauvre cerveau, j'ai dit :

- Oui, tout va bien. Je m'appelle Alisone. Et vous ?

Je connaissais déjà la réponse bien sûr, mais l'Anglais répondit dans son merveilleux accent :

- Je suis Tuck, et mon pote le dragueur invétéré, c'est FDR.

- Enchantée.

J'essayais de me concentrer sur ma Guinness, qui se vidait bien trop vite, pour ne pas observer Tuck encore et encore. Cela pourrait éveiller les soupçons.

Ou pire...

Tuck toussota avant de demander, avec délicatesse :

- Est-ce que ça te dérange si je m'assois à côté de toi ?

Ah, au moins un qui pose la question avant de le faire, nom de Dieu !

- Pas de souci.

Il fit exprès d'innocemment pousser son ami un peu plus loin de moi. Ce dernier râla et commanda une nouvelle tournée pour s'occuper, dans son coin.

- Qu'est-ce que tu fais en Chine ? Un voyage entre amies ?

- Le travail... mentis-je à moitié.

Tuck plongea son regard dans le mien et je me noyais littéralement dans ses iris océaniques.

Oh, shiiiiiit...

- Tu aimes ton travail ?

- Pas vraiment. J'espère pouvoir démissionner après ce petit intermède en Chine.

Sauf que... Je ne savais plus comment remplir ma mission, désormais.

Outre le fait que ces deux hommes étaient de véritables armoires à glace, et que je n'étais qu'une fille de 50 Kg toute mouillée, qui marchait avec une canne, je n'avais aucune envie de les dénoncer à l'horrible Dr Hess. Je savais très bien ce qu'elle ferait d'eux : Elle vendrait leurs positions à leur ennemi et ce barbare de Karl Heinrich les tuerait sans sourciller.

Mais, si je ne remplissais pas ma mission, je serais toujours prisonnière de 'The Order'.

J'étais perdu dans mes pensées, jusqu'à ce que le Barman serve la tournée que FDR venait de commander. Je me suis jetée sur ma nouvelle Guinness pour ralentir les tambours dans mon crâne.

Ils cognaient fort et en rythme :

Un, deux, trois, quatre.

- Woooww... lâcha Tuck, surpris. Est-ce que tout va bien ? Tu n'es pas obligé de descendre tout d'un coup, tu sais...

Oh, God... Arrête de parler avec ta voix posée et ton accent Britannique si doux à mes oreilles...

Lentement, Tuck tendit son bras gauche vers moi pour attraper doucement la Pinte de Guinness que je descendais bien trop vite, pour la poser un peu plus loin. Sous ses manches retroussées, j'ai pu voir les lignes noires de ses nombreux tatouages. Il y en avait des dizaines et des dizaines, tous entremêlés ensemble, mais un me sauta aux yeux :

Une rose.

À l'intérieur de cette rose, un prénom était écrit, sauf que mes yeux désormais lourds à cause de l'alcool n'arrivaient pas à déchiffrer les lettres en écriture gothique.

Pour l'instant...

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« This one's for our favorite game,
Black and gold, we wave the flag,
This one's for my family name,
With pride I wear it to the grave. »

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J'ai repris mes esprits durant le reste de l'après-midi. Me persuadant qu'il n'était qu'une mission.

Pardon : qu'ils n'étaient qu'une mission.

Les deux.

Comme à chaque fois que je passe du temps dans un Pub, je traverse un Portail Temporel et, en sortant, le soleil venait de se coucher. Je n'étais pas complètement remise de mon Jet Lag, aussi. FDR arrêta enfin de me draguer lourdement, il avait dû comprendre que je préférais son ami. D'ailleurs, Tuck voulait me raccompagner à mon hôtel, imaginant que j'étais trop ivre pour rentrer seule. Ce qui n'était pas totalement faux, mais je ne devais pas montrer à mes cibles l'endroit où je résidais. Règle numéro une de base de l'espionnage. De fait, j'ai seulement dit 'oui' pour qu'il me dépose dans un taxi.

Une fois arrivé à mon hôtel, j'ai clopiné jusqu'à l'ascenseur pour monter au 8e étage, puis à ma chambre n°815. J'ai pris une douche rapide et je me suis écroulée sur le lit. Je n'ai pu fermer les yeux que dix minutes, avant que la sonnerie du téléphone fixe me réveille en sursaut.

- Allô ? dis-je d'une voix endormie.

- Miss Davies...

Je bondis d'un seul coup sur ma couette, totalement réveillé, une fois avoir reconnu l'horrible voix de ma patronne.

- Dr Hess ?

- Rapport de Mission, Miss Davies.

J'ai dégluti péniblement, cherchant mes mots dans les méandres de mon cerveau imbibé d'alcool.

- Je... J'ai repéré les cibles.

- Leurs positions ?

Je fermais les yeux et me concentrai sur ma respiration pour ne pas que ma voix tremble :

- Je l'ignore encore, mais je le saurais très vite. Je sais où ils seront demain.

Oui, je le savais, car Tuck m'avait donné rendez-vous au Pub 'Le Choix de Buscarron' à 14h30. Mais ça, je me suis bien gardé de le révéler à ma Boss.

- Bien, Miss Davies. N'oubliez pas, nous avons besoin de leurs positions exactes pour l'envoyer à notre client. Une fois la mission accomplie, vous serez libéré de L'Ordre. Compris ?

- Compris, Dr Hess.

Puis, elle raccrocha enfin, et je pus me laisser tomber sur les coussins.

Mon cœur battait la chamade.

J'avais une décision à prendre et les répercussions allaient être terribles, quelque soit mon choix final...

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« Some may be from showing up,
Others are from growing up,
Sometimes I was so messed up and didn't have a clue,
I ain't winning no one over,
I wear it just for you,
I've got your name written here,
In a rose tattoo. »

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J'ai tourné et retourné dans mon lit, toute la nuit, me perdant dans mes cauchemars, me noyant dans des yeux bleu océan et parcourant des lignes noires qui me conduisaient à une rose tatouée avec, en son centre, un prénom :

'Alisone'.

Je me suis réveillée en sursaut et en hurlant.

Il était 13h.

Foutu Jet Lag.

Fichue Guinness.

Crénom de Whisky.

J'ai rapidement pris une douche, enfilé une robe noire, attrapée ma canne et lacé mes Converses pour quitter ma chambre et demander à la réception de me commander un taxi, sachant que je n'aurais pas le temps de me rendre à pied au Pub.

Durant le trajet, j'ai rongé mes ongles, ou du moins les moignons qu'il en restait, jusqu'à sentir le goût du sang dans ma bouche.

Une fois devant 'Le Choix de Buscarron', j'ai pris une profonde inspiration et je suis entrée à l'intérieur. J'ai directement repéré Tuck, assit autour d'une petite table à côté du bar. J'ai commandé une Guinness, soignons le mal par le mal, et j'ai clopiné vers ma cible.

Il portait une chemise à carreaux sombres, les manches toujours relevées pour que je puisse voir ses tatouages, sa croix en or pendait autour de son cou, et ses cheveux partaient dans tous les sens.

Et ses yeux bleus...

My God, ses yeux bleus...

J'ai secoué la tête pour remettre mes idées en place.

Sans grand succès, j'en ai peur.

Il m'invita à m'asseoir, se leva même pour tirer ma chaise en arrière, tel un parfait Gentleman Anglais. Une fois l'un en face de l'autre, j'ai inspiré un bon coup, cherchant une façon de révéler la vérité. Heureusement que le Barman m'apporta ma Pinte, pour me sortir de mes pensées.

J'ai bu la moitié de ma Guinness d'une traite, sous le regard étonné et inquiet de Tuck, qui marmonna :

- Woow, wooow, Alisone... Est-ce que tout va bien ?

J'ai reposé ma Pinte sur la table et j'ai lâché :

- Non. Non. Non. Et je ne sais pas comment te dire ça, tu vas croire que c'est complètement fou, mais...

- Je sais.

- Non, non, tu ne sais pas, c'est complètement...

Il me prit la main, ce qui me fit sursauter. Pourtant, la chose qui m'effraya le plus, fut la longue explication qui s'en suivit :

- Alisone Davies, tu es notre mission pour retourner aux États-Unis, la C.I.A garde encore un œil sur Karl Heinrich et sur 'The Order'. FDR et moi devions rester à Hong Kong pour rencontrer l'Agent que Dr Hess enverrait contre nous, sauf que... Nom de Dieu... Nous ignorions que cette Agente serait toi...

Mon cœur rata un battement.

Mon souffle se coupa.

Le Monde s'arrêta quelques secondes.

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« This one means the most to me,
Stays here for eternity,
A ship that always stays the course,
An anchor for my every choice.

A rose that shines down from above,
I signed and sealed these words in blood,
I heard them once, sung in a song,
It played again and we sang along. »

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Le choc ne passa pas totalement, mais ma mémoire musculaire attrapa ma Guinness pour la terminer d'une traite. J'avais du mal à tout comprendre. Tuck gardait sa main dans la mienne, puis murmura, en se rapprochant de moi :

- Alisone... Je ne veux pas te dénoncer à la C.I.A...

- Et je ne veux pas te dénoncer à 'The Order'... avouais-je enfin. C'est ce que je voulais te dire. FDR et toi deviez être ma dernière mission, pour que je puisse enfin quitter Dr Hess. Mais, si je fais ce que je dois faire, Heinrich vous tuera et... Je refuse.

- Si tu ne remplis pas ta mission, Dr Hess te tuera, ou te fera tuer.

Je terminai ma Pinte.

Tuck en commanda une autre.

Il serra ses doigts plus fort dans les miens.

- Alisone... Je devais te rejoindre ici, aujourd'hui pour te proposer de venir avec nous. La C.I.A pourra te donner une nouvelle identité.

Je me suis mise à rire. À rire aux éclats.

Les nerfs, sûrement.

Tuck sourit, par mimétisme. Une fois que ma nouvelle Guinness arriva, j'avouai avec timidité et humeur :

- Dommage, je pensais que tu souhaitais un rencard avec moi.

Tuck tiqua.

Je sentis sa main trembler dans la mienne, puis il rougit, en avouant :

- Eh bien... C'était l'idée, en vrai... Mais avant, je voulais d'abord te sauver la vie.

- Quelle coïncidence... Je voulais sauver la tienne...

Un ange passa.

Tuck but quelques lampées de Whisky, avant de reprendre :

- La C.I.A pourra te protéger, en échange d'informations concernant 'The Order'. Nous avons des indices au sujet de cette organisation secrète et de Dr Hess. Des indices assez... Horribles. Si tout cela s'avère vrai, nous voudrions y mettre un terme.

Je perdis mon sourire et lâchais-je, malgré moi :

- Oh... Tout est vrai. Et pire encore... Bien, bien pire...

Tuck sursauta et un voile de terreur traversa ses magnifiques yeux océan.

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« You'll always be there with me,
Even if you're gone,
You'll always have my love,
Our memory will live on. »

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Nous avions quitté 'Le Choix de Buscarron'. Tuck m'emmena dans son hôtel, plus exactement, dans la Suite qu'il partageait avec son collègue FDR, qui s'y trouvait déjà lorsque nous sommes arrivés. Je ne voulais pas les dénoncer, et comme Dr Hess ne me laisserait jamais démissionner, leur offre était la seule option qui pouvait potentiellement me sauver la vie, et...

… Je ne vais pas vous mentir, me permettre de mieux connaître Tuck.

J'ai donné à mes nouveaux amis les dossiers Top Secret de 'The Order', tandis que j'avais récupéré mon sac à mon hôtel pour rester avec eux. Leur résidence, bien moins luxueuse que la mienne, possédait néanmoins un bar, dans lequel nous parlions enfin tous les trois, sans codes, autour d'une table ronde d'un blanc trop clair.

FDR ne me draguait plus et la conversation était sérieuse.

Ils n'avaient aucune idée d'à quel point exactement 'The Order' était un cauchemar. Comment, depuis des décennies, Dr Hess récupérait des orphelins aux quatre coins du Royaume-Unis pour les embringuer dans ses missions, suicides, la plupart du temps. Si nous ne finissions pas six pieds sous terre, nous finissions estropiés, comme moi. Mais, les démissions n'existaient pas. Nous l'espérions tous, cependant. Jamais personne n'avait réussi à le faire. Je pensais être la première.

Dr Hess était une barbare sadique et machiavélique.

Tuck tiqua et toussota avant de me demander, timidement :

- C'est... Hum... C'est comme ça que tu t'es blessé... À la jambe ?

Mon silence et mon regard fuyant lui donnèrent la réponse.

- Bloody Hell... marmonna-t-il avant de siroter son Whisky.

FDR feuilletait consciencieusement les dossiers couleur parchemin, puis avoua :

- Je vais transmettre tout ça à la C.I.A. Pendant ce temps, Alisone, ne contacte plus 'The Order' et ne répond plus à Dr Hess. Nous allons t'aider à disparaître.

Il termina son verre d'alcool d'une traite, puis se leva sous le regard interrogateur de son collègue :

- Où tu vas comme ça, FDR ?

L'Agent garda les documents puis expliqua, le sourire aux lèvres :

- Je vais téléphoner à notre Boss depuis notre Suite, je vous laisse tous les deux en tête-à-tête. Quelque chose me dit que vous avez des choses à vous dire...

Je ne compris pas sa phrase, mais au moment où il commença à partir, il lança une dernière énigme à son ami :

- Oh, Tuck, n'oublie pas de lui montrer la rose...

What ?

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« Some may be from showing up,
Others are from growing up,
Sometimes I was so messed up and didn't have a clue,
I ain't winning no one over,
I wear it just for you,
I've got your name written here,
In a rose tattoo. »

.

Tuck rougit.

Comme il ne dit rien, je me suis levée à mon tour pour partir vers ma propre chambre, mais entre les Pintes de Guinness, l'absence de nourriture dans mon estomac et ma jambe qui me faisait souffrir, je fus prise d'un violent malaise. J'ai bien failli tomber sur le sol froid du bar, mais c'était sans compter sur les réflexes quasi-surnaturels de Tuck, qui se leva d'un bond pour me rattraper avant ma chute. De fait, je me retrouvais présentement dans ses bras, fichtrement bien musclés, et à plonger mon regard dans ses yeux océans.

- Est-ce que ça va ? demanda-t-il, sincèrement inquiet.

Je souris :

- Yep. Juste des vertiges. J'ai l'habitude.

Il se tut derechef.

Instinctivement, j'ai baissé mon regard vers ses bras, qui me tenaient toujours debout. Il avait ses manches relevées et je pouvais voir ses tatouages. Néanmoins, l'un d'entre eux piqua ma curiosité. Lentement, j'ai posé mes mains sur sa peau pour tirer encore plus sa chemise vers le haut et ainsi apercevoir entièrement le dessin gravé à l'encre noire.

C'était une rose. Comme dans mon rêve.

Et, au cœur de la rose, il y avait un prénom, écrit en lettres gothiques.

En lisant le nom, mon cœur rata un battement et mon souffle se coupa.

'Alisone'

Tuck trembla légèrement en expliquant :

- Ce tatouage est vieux. Il vient d'un rêve. Un ancien songe qui m'est apparu une nuit, sans que je n'en comprenne la signification... Jusqu'à aujourd'hui...

J'ai de nouveau admiré le bleu de ses yeux puis, lentement, il s'est penché vers moi pour m'embrasser amoureusement...

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« With pride I'll wear it to the grave for you,
In a rose tattoo,
I've got your name written here,
In a rose tattoo,
Signed and sealed in blood I would die for you. »

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FIN

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PS : Le film, pour l'histoire suivante sera :

'Legend' de 2015.

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02.11.2023

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