Élie Caldwell

One of us

Chapitre 4

— «Lorne pour Caldwell, à vous! répéta pour la troisième fois le major Lorne dans son talkie-walkie. Caldwell, répondez, bon sang!»

Cadman, quant à elle, continuait d'appeler les membres de l'équipe tango dans l'intercom, en vain. La dernière frappe du vaisseau ruche avait directement atteint l'aile sud de la cité. D'après les estimations de McKay, l'impact, dirigé sur la base émergée de la cité, avait endommagé plusieurs étages, dont le niveau -2.

— «La cité envoie des rapports d'avarie, les informa un technicien penché sur une console juste à côté de Rodney. On détecte des dégâts structurels au niveau-3 de l'aile sud et…

—Poussez-vous, ordonna McKay en pianotant sur la console. Oh là, là… ce n'est pas bon. Pas bon du tout! geignit-il. Carson ?

Oh quoi encore? se lamenta le médecin en retour. Qu'est-ce qu'il y'a encore?

—Oh, rien, je voulais juste vous proposer d'aller boire une bière, railla Rodney en levant les yeux au ciel. Il y a que les Wraiths nous attaquent, triple andouille! Et que si vous ne vous magnez pas de détruire ces fichus canons, on va tous y passer! s'écria-t-il avec des accents hystériques dans la voix. Alors, faites votre job, et faites-moi péter cette foutue ruche de malheur!

Et que croyez-vous que je sois en train de faire, Rodney? Je vous cède volontiers ma place si vous pensez pouvoir mieuxfaire ! répliqua Beckett, cinglant.

—Docteur McKay, ça suffit! ordonna Lorne pour couper court à leur querelle stérile. Carson fait de son mieux, j'en suis sûr. Perdre votre sang froid ne l'aidera pas à détruire ces canons.

— La prochaine frappe pourrait bien faire tomber le bouclier, s'agaça Rodney, la voix de plus en plus aigüe. Et s'ils visent à nouveau l'aile dans laquelle se trouve l'équipe du capitaine Caldwell, il ne restera pas grand-chose d'eux à retrouver! Et quand bien même, ils ne finiraient pas ensevelis sous les décombres, ils pourraient bien tous finir noyés, si on ne les sort pas de là-dessous rapidement. Ce que nous ne pouvons pas faire tant qu'on se fait tirer comme des lapins par des Wraiths! Alors oui, excusez-moi de perdre mon sang-froid, mais là ça devient vraiment urgent! s'époumona-t-il, crispé par l'inquiétude.

Comment ça «noyés»? s'inquiéta Beckett

— Docteur, restez concentré sur votre mission et détruisez ces canons, répondit Lorne. Jumpers 5 et 6, en renfort de Beckett, ordonna-t-il à ses équipes dans le ciel. Il faut mettre leurs armes hors d'état de nuire sans tarder.Noyés? reprit le major à l'attention de McKay, à voix basse.

— Une brèche au niveau -3 de l'aile sud, souffla le scientifique. L'eau s'engouffre et presque tout l'étage est inondé. En temps normal, ce ne serait pas un problème. Vous savez que la cité sait se protéger elle-même. Elle a immédiatement commencé à isoler les secteurs atteints pour éviter d'être submergée, expliqua-t-il.

— Alors quel est le problème, Rodney?

— Juste ici, répondit le canadien en invitant le militaire à se pencher sur la carte. Vous voyez ce truc rouge qui clignote? C'est l'une des portes qui fait le lien entre les niveaux -2 et -3.

— Et si ça clignote rouge, c'est que ce n'est pas bon, n'est-ce pas? Elle ne veut pas se fermer?

— Dans le mille, répondit l'astrophysicien sans joie. Le mécanisme de fermeture a probablement été endommagé par l'explosion.

— Et donc, le niveau -2 n'est pas isolé et sera bientôt inondé, en déduisit le major.

— En fait pas tout le niveau. En vert, ici, ce sont les portes qui ont été scellées par la cité pour empêcher l'eau de gagner les étages supérieurs.

— Et bien sûr, Caldwell et ses hommes ne se situent pas du bon côté de ces portes, supposa Lorne.

— Ou serait le plaisir sinon? ironisa McKay pour cacher son angoisse de ne pas pouvoir venir en aide aux Atlantes piégés dans les sous sols.

Jumper 3 à Atlantis! les interrompit une voix dans les hauts parleurs. Le croiseur ennemi est détruit. Je répète: le croiseur ennemi est détruit. Nous nous dirigeons vers la ruche pour finir le travail! annonça fièrement le soldat.

— Bien joué! s'exclama McKay en poussant un soupir de soulagement.»

Soulagement partagé par tous ceux présent sur la plateforme à cet instant. Des sourires timides s'affichèrent même sur le visage de certains atlantes, qui entrevoyaient dans la destruction du 1er vaisseau wraith, un espoir de survie.

— Impact ! alerta Cadman tandis qu'un nouveau projectile s'écrasait contre la cité.»

Le choc fut brutal, et ceux qui n'étaient pas solidement cramponnés, se retrouvèrent déséquilibrés, voir projetés au sol. Le gémissement désespéré de McKay et les jurons qui suivirent, ne laissaient aucun doute sur le résultat de cette dernière frappe. Le prochain coup ferait tomber le bouclier à coup sûr. Le Major Lorne ne prit pas la peine de demander à McKay quelle zone de la cité avait été touchée. Quelle qu'aurait pu être la réponse du physicien, personne ne pouvait rien pour aider Caldwell et ses hommes. On ne pouvait qu'espérer. Espérer qu'ils étaient toujours en vie. Espérer qu'ils trouveraient un moyen de quitter l'étage avant d'être submergés. Espérer qu'ils tiennent jusqu'à l'arrivée des secours.

OoOoOoOoO

— «Le bouclier va lâcher, annonça Kadiri fataliste lorsqu'un nouvel impact se fit sentir.

— Au moins cette fois-ci, ce n'est pas nous qu'il a visé, tenta de positiver Thornton.

— Super, au lieu de mourir rapidement, on va crever lentement de faim et de soif, peut-être même enterrés vivants sous les décombres! explosa Fuller, au bord de la crise de nerfs. Vraiment, c'est génial! On bouffe qui en premier, alors, parce que moi…

— Fuller, la ferme! gronda Elie à l'adresse du jeune soldat.»

D'un mouvement de tête, elle désigna Jenna Corrigan, prostrée dans un coin. Powell rejoignit l'irlandaise en deux enjambées, et entreprit de la rassurer et de la calmer. La mort du soldat Nichols l'avait bouleversée et les propos catastrophistes de Fuller lui avaient porté le coup de grâce.

— «Abbott? Viens me remplacer, demanda Caldwell. On doit aller explorer les alentours, expliqua-t-elle à voix basse à Simon, tandis qu'Abbott enfilait une paire de gants chirurgicaux. S'assurer qu'il ne reste pas de Wraith. Et trouver un chemin pour sortir d'ici.

— On ne devrait pas se séparer, grommela Brenner sans la regarder, concentré sur sa tâche.

— Je sais. Ça ne me plait pas plus qu'à toi, mais je dois tous vous garder en vie jusqu'à ce que les secours arrivent, répondit-elle, tandis qu'Abbott posait ses mains par-dessus les siennes. Et puis, j'ai entendu les portes se verrouiller, souffla-t-elle si bas que seuls Simon et Abbott pouvaient l'entendre.

— A quoi tu penses?

— Il faut qu'on aille vérifier s'il y'a eu des dégâts majeurs sur la structure, dit-elle en lâchant les clamps quand elle fut sure qu'Abbott les tenaient fermement.

— Une brèche?

— Si c'est le cas, la cité isole les secteurs touchés. Ce qui devrait en théorie nous protéger, expliqua-t-elle d'une voix peu convaincue en jetant ses gants chirurgicaux souillé de sang.

— Sauf si c'est nous le secteur touché. Auquel cas, c'est nous qu'elle aura isolé… déduisit Simon.

— Il faut absolument qu'on fasse un point de la situation et qu'on trouve une issue.

— Sois prudente, lui recommanda-t-il.

— Essaie de le sauver, s'il te plait. Je ne veux pas perdre un homme de plus, le supplia Elie.»

Disant cela, elle couva le Sergent Abrahams du regard. L'homme, étendu sur son brancard de fortune, le treillis découpé et maculé de sang, était livide. Les mains plongées dans l'abdomen du sergent,Simon Brenner faisait tout son possible pour sauver le militaire.

Lorsque le tir wraith avait touché la cité, Abrahams avait été projeté sur le sol. Le corps étranger fiché dans son abdomen, et qui contenait encore l'hémorragie, avait été arraché dans la chute. Et Abrahams, sombrant très vite dans l'inconscience, avait commencé à se vider de son sang sur le sol. Brenner avait compressé la plaie, dans un réflexe. Mais les signes vitaux du sergent déclinaient à une vitesse alarmante.

Brenner avait alors expliqué qu'Abrahams devait être opéré d'urgence. Mais l'opérer ici, dans ces conditions, c'était suicidaire: le risque d'infection était trop grand. A nouveau, Elie et Simon avaient eu un échange tendu et houleux. La militaire avait exigé qu'Abrahams soit opéré, qu'importaient les risques, arguant que si l'on ne tentait rien il mourrait à coup sûr, alors qu'une chirurgie d'urgence lui donnait une chance, même infime, de survivre. Le médecin de son côté avait objecté qu'ouvrir le blessé, sans bloc stérile et avec si peu d'équipement, reviendrait à le tuer, purement et simplement, en lui infligeant d'infinies souffrances. Les deux atlantes s'étaient affrontés plusieurs minutes, jusqu'à ce que finalement, Abrahams reprenne conscience. Ce fut lui qui insista pour que l'on tente le tout pour le tout, promettant qu'il encaisserait la douleur. Brenner s'était donc résigné. Mais avant même qu'il eut approché le scalpel de l'abdomen du militaire, celui-ci avait de nouveau perdu conscience.

— «C'était ton choix d'abandonner Nichols, lança froidement Brenner tandis qu'Elie s'éloignait.»

Le reproche lui fit l'effet d'un coup de massue et elle s'immobilisa soudainement. Les poings serrés, Caldwell prit une profonde inspiration espérant contenir sa fureur. Elle ne se retourna pas, craignant que croiser le regard du médecin lui fasse perdre le contrôle.

— «Débrouille-toi simplement pour le garder en vie, siffla-t-elle sans desserrer les dents. Thornton, Powell, vous restez ici, et vous assurez la sécurité des lieux, ordonna-t-elle sèchement. Fuller, Crown, avec moi. On part en reconnaissance.»

Elie vérifia qu'elle avait emporté suffisamment de munitions avec elle, et empocha le chargeur supplémentaire que lui tendait Thornton. Puis elle fit signe aux deux autres de lui emboiter le pas, et ils quittèrent la pièce dans laquelle ils s'étaient réfugiés, tentant de se mettre à l'abri des bombardements.

Le trio progressait en silence, avec la plus grande prudence. D'abord parce qu'il leur fallait esquiver les débris qui jonchaient le sol. Ensuite, ils devaient rester vigilants à ce que rien ne leur tombe sur la tête: toute la structure avait été fragilisée. Enfin, rien ne leur permettait d'être certains que tous les wraiths avaient été neutralisés. Les atlantes ne devaient pas se faire surprendre. Ils étaient fatigués, blessés et abattus, et leur stock de munitions était considérablement amoindri. En cas d'affrontement, ils n'auraient pas l'avantage

Guettant le moindre bruit suspect, les trois militaires avançaient à pas feutrés. Elie tenta à nouveau de contacter la salle de contrôle, d'abord par l'intercom puis par radio, en vain.

— «On réessaiera plus loin, suggéra Crown. Avec les effondrements, le signal peut être perturbé. Si on arrive à atteindre une zone dégagée, on devrait pouvoir récupérer une fréquence radio stable.»

Elie acquiesça, puis reprit sa marche. Cela faisait plus d'une demi-heure qu'ils cheminaient dans ce décor de désolation, attendant qu'un quelconque miracle se produise. La jeune femme commençait à désespérer. Ils étaient coupés du monde et en très mauvaise posture. Elle ignorait ce qu'il pouvait se passer là-haut. A combien d'ennemis faisaient-ils face? Parvenaient-ils à tenir leurs positions? Et si Atlantis était envahie, alors qu'ils étaient coincés ici, sans espoir de secours, sans moyen d'aider leurs amis qui se battaient pour la survie de la cité et la protection de la Terre? Elie se sentait impuissante. Elle ne pouvait rien faire pour ceux qui combattaient là-haut, et rien pour ceux qui s'accrochaient ici-bas. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était avancer et espérer trouver une issue. Un espoir ténu et incertain, mais c'était tout ce qui leur restait.

— «Cela fait un moment que nous n'avons pas croisé de caisse d'hibernation, commenta Crown, tirant Caldwell de ses pensées. Je suis presque sure qu'il ne reste plus de Wraith, osa-t-elle affirmer. Dans notre secteur, tout du moins.

— C'est fort probable, confirma Elie qui en était arrivée à la même conclusion. Restons prudents tout de même. Maintenant, il faut chercher un moyen de remonter, marmonna-t-elle lasse.

— Je crois qu'au bout de ce couloir, on devrait trouver un téléporteur et une cage d'escaliers, indiqua Sharon Crown en pianotant sur la tablette qu'elle avait emprunté à Kadiri. Elle est presque complètement déchargée, se désola-t-elle en désignant l'écran.

— Eteignez-là, on sait dans quelle direction nous devons aller. Mieux vaut économiser le peu qu'il reste. Nous en aurons peut-être besoin pour déverrouiller les portes. Si tant est que la cité nous laisse faire, murmura-t-elle à sa propre intention.

— Vous ne croyez pas si bien dire, Capitaine! lança Fuller qui les avait devancées. C'est bien par là qu'il faut passer? demande-t-il en désignant la porte fermée devant lui.»

Crown confirma d'un mouvement de tête, et commença à dévisser la plaque qui protégeait le panneau de contrôle du système d'ouverture. Tandis qu'elle s'affairait avec les cristaux, Elie et Fuller inspectaient les alentours.

— «Je commence à me les geler, râla Chris Fuller.

— Pareil, répondit Caldwell parcourue d'un frisson. Il fait de plus en plus humide, ça n'aide pas.

— Je n'arrive à rien, maugréa Crown en s'impatientant. Le système me refuse l'accès. J'ai bien réussi à débrayer le protocole de déverrouillage, mais impossible de lui ordonner de s'ouvrir.

— On peut essayer avec ça, proposa Chris en leur tendant un pied de biche.

— D'où tu sors ça? s'exclama Sharon.

— Il était posé à côté des caisses. Je l'ai ramassé en partant tout à l'heure, je me suis dit que ça pourrait servir.

— Alors là, c'est un coup de génie! le félicita Elie.

— A vrai dire, je pensais surtout m'en servir contre les Wraiths, si je tombais à court de munitions, mais ça marche aussi pour ouvrir les portes, s'enthousiasma-t-il, ravi de jouer un rôle décisif.»

Aussitôt, Caldwell et Fuller s'attelèrent à l'ouverture manuelle du sas. La tâche était ardue. Pour commencer, il leur fallait trouver un interstice suffisant pour glisser l'extrémité du pied de biche.

— «Ce truc est plus étanche qu'un foutu sous-marin! s'emporta Fuller, agacé.

— Je ne comprends pas pourquoi elle ne s'ouvre pas, continuait à raisonner Crown. Ça n'a aucun sens. Sauf si … commença-t-elle en glissant sa main contre la porte. STOP!»

Le hurlement paniqué de Sharon Crown résonna en écho au cri triomphant de Fuller, quand celui-ci parvint enfin à faire levier avec le pied de biche pour faire céder les portes.

Un véritable torrent d'eau glaciale déferla alors dans le couloir, et la houle furieuse emporta les trois soldats.

OoOoOoOoO

— «Bravo Carson! s'exclama Cadman dans l'intercom tandis qu'un drone s'abattait sur l'un des plus gros canons du vaisseau ruche. Continuez comme ça!

— Ils sont en train de charger un nouveau tir, avertit McKay, blême. Celui-là va nous pulvériser… annonça-t-il fataliste.

— Que tout le monde se mette à couvert! ordonna le Major Lorne, conscient pourtant de l'inutilité de cette consigne.»

Il n'y avait ni cri de panique, ni pleur, ni lamentation dans la salle de contrôle. Juste un intense et pesant silence que seuls rompaient les bruits en provenance des consoles et autres appareils. Les Atlantes s'étaient résignés à attendre l'impact. Seul McKay continuait à s'affairer comme un dément, ses doigts virevoltant de claviers en boutons de commande. Ses yeux, passant d'un écran à l'autre, parcouraient des lignes de codes qui n'avaient de sens que pour lui.

— «Rodney, qu'est-ce que vous faites ? l'interpella doucement Laura Cadman.

— La porte, répondit-il distraitement. Je programme l'autodestruction de la porte, précisa-t-il en jetant un regard entendu au major Lorne. Si jamais… Enfin, il ne faudrait pas que… La Terre, vous voyez… bafouilla l'astrophysicien, avant de replonger dans ses calculs.»

Evan Lorne hocha la tête tristement. Bien sûr, la Porte des étoiles ne devait pas leur survivre. Elle était le seul passage vers la Terre, et personne, surtout pas les Wraiths, ne devait s'emparer d'elle.

— «Une autre fenêtre hyper-spatiale vient de s'ouvrir! s'exclama McKay.

— D'autres Wraiths? demanda Lorne.

—Le vaisseau ruche nous envoie un autre tir, annonça Cadman, sans laisser à McKay le temps de répondre à l'interrogation de Lorne.»

Aucun des Atlantes présents dans la salle de contrôle ne jugea utile de commenter cette assertion.

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— «Qu'est-ce que c'est que ce boucan? s'alarma Abbott en tendant l'oreille.»

L'étrange bruit au loin avait aussi alerté Thornton, sur le qui-vive depuis le départ de ses collègues, une demi-heure plus tôt. Jetant un regard entendu à Abbott, il arma son P90 et fit signe à Powell de lui emboiter le pas.

— «Corrigan, venez prendre ma place, je commence à avoir des crampes et mes mains tremblent, expliqua Abbott à l'anthropologue irlandaise. Kadiri va vous relayer pour la perfusion, insista-t-il, voyant qu'elle hésitait à quitter son poste.»

Tandis qu'Abbott et Corrigan procédaient prudemment à l'échange de place, Simon Brenner adressa un regard inquiet au militaire. L'australien n'avait pas été dupé par la dérobade d'Abbott. L'abandon de poste du soldat n'avait rien à voir avec une quelconque défaillance physique. Et le voir armer son P90, sitôt qu'il se fut débarrassé de ses gants souillés, lui confirma que le contingent militaire de leur équipe s'était mis en alerte.

L'estomac du médecin atlante se noua en songeant que peut-être Elie et les deux autres étaient en mauvaise posture. Que leur était-il arrivé? Etaient-il en danger? Blessés ou même pire. Simon frissonna à cette pensée et se remit à l'ouvrage, tâchant de rester concentré sur son patient.

Abrahams, au grand étonnement de Simon, résistait plutôt bien. Ses constantes étaient relativement stables. Il n'était plus en bradycardie, ce qui signifiait que l'hémorragie était contenue. Simon était soulagé en jetant de nouveau un œil au moniteur de l'électrocardiogramme. Cependant, il avait repéré quelques poussées de tachycardie, et la sueur qui couvrait le visage d'Abrahams montrait clairement qu'il commençait à être fiévreux. Le médecin n'avait pas le moindre doute: le blessé luttait contre l'infection. Dans de telles conditions d'hygiène, il était inutile d'espérer y échapper. Simon contrôla d'un regard le niveau de la perfusion accrochée au bras du patient et demanda à Kadiri de vérifier que l'aiguille dans l'avant-bras du sergent n'avait pas bougé.

Puis le médecin retourna à ses sutures. Il finissait de refermer, et compte-tenu des circonstances, il était plutôt content de son travail.

Tandis qu'il s'affairait, il ne put s'empêcher de laisser son esprit divaguer à nouveau. Est-ce qu'Elie allait bien? Il se fustigea intérieurement de ne pas avoir plus insisté pour l'empêcher de partir. Ils auraient dû rester ensemble, ne pas se séparer.

Mais non, encore une fois, elle avait refusé de l'écouter, et peut-être maintenant était-elle en mauvaise posture, ayant entrainé à sa suite ses deux subordonnés. Le fil de ses réflexions fit monter la colère en lui. Il l'avait crûe plus intelligente et réfléchie que ses homologues combattants. Mais force était de constater qu'il s'était trompé sur elle. Elle était comme tous les autres, prompte à la guerre, tantôt suivant des ordres déraisonnés, tantôt imposant des directives à d'autres, contraints alors d'obtempérer.

Il ne parvenait pas à se défaire d'une rancœur tenace concernant le malheureux Nichols. De quel droit l'avait-elle empêché de faire tout ce qu'il pouvait pour sauver le pauvre soldat? Simon en était sûr, il aurait pu sauver Nichols. S'il avait pu agir immédiatement et juguler l'hémorragie, il aurait pu le maintenir en vie en attendant les secours. Abrahams pouvait tenir. Le morceau de métal qui était alors fiché dans son abdomen contenait le saignement. Il aurait pu tenir.

Mais elle avait pris une décision, faisant fi de son avis médical. Brenner ne supportait pas ce genre de situation. Lorsqu'il avait intégré le programme «Porte des Etoiles», cela avait été l'une de ses plus grandes craintes: comment travailler avec le contingent militaire, si prompt à ordonner et décider pour les autres? Ce fut d'ailleurs en accord avec le Docteur Beckett, médecin-chef de l'expédition, qu'il fut décidé de ne pas envoyer Simon en exploration avec les équipes de l'Air Force et des Marines. En effet, Beckett lui aussi, avait perçu chez le fougueux australien une profonde défiance envers l'autorité et une nette propension à la désobéissance. Aussi, ils avaient convenu ensemble que sa place était à l'infirmerie d'Atlantis, plutôt que sur le terrain.

Alors quand Caldwell s'était mise à lui donner des ordres, à chercher à le soumettre à sa volonté, Brenner avait vu rouge. Que cela vienne d'elle, alors même qu'ils avaient une profonde complicité depuis plusieurs mois, cela l'avait mis hors de lui. Elle avait perdu sa confiance et son respect en agissant ainsi, pensa-t-il en appliquant un pansement stérile sur les sutures enfin terminées. Bien sûr, il conservait à son égard une certaine tendresse qui le poussait à s'inquiéter pour elle, mais il savait aussi que quelque-chose s'était cassé entre eux. Et Simon doutât bien que celui puisse être réparé.

— «Kadiri, il faut fermer cette porte, maintenant! hurla Thornton en accourant, l'air paniqué.»

Sans la moindre hésitation, Nassor Kadiri abandonna la perfusion et se précipita vers le panneau de contrôle de la porte. Lorsqu'il vit arriver dans leur direction un torrent d'une eau brune et chargée de débris, il redoubla d'effort et de dextérité pour forcer le système de fermeture de la porte.

— «Les autres sont encore là-bas! s'écria Corrigan effrayée en apercevant les premières vaguelettes d'eau entrer. Si vous fermez, ils seront coincés! paniqua-t-elle.

— Si on ne ferme pas, nous serons tous noyés! répliqua Thornton d'un ton sec. Kadiri, fermez-moi cette foutue porte, bon sang!»

Le technicien obtempéra, et tandis que le ruissellement s'intensifiait à ses pieds et que le grondement sourd du déferlement se faisait plus proche, les portes se refermèrent. L'on entendit alors les vagues s'écraser contre le sas, avec toute la puissance d'une houle en pleine tempête, tandis que des craquements effrayants leur parvenaient lorsqu'un débris venait percuter les murs.

Thornton retint son souffle quelques secondes, attendant de voir si les portes tenaient bon. Mais seul un fin filet d'eau s'échappait des interstices, et le barrage semblait suffisamment solide pour empêcher le raz de marée de les submerger. Atlantis avait été conçue pour résister à tout type d'assaut, même celui redoutable et furieux de la mer elle-même.

— «Caldwell, Crown, Fuller … égrena dans un sanglot Jenna Corrigan. On ne peut pas les laisser là-bas, supplia-t-elle.»

Aussitôt, Powell s'approcha d'elle, abandonnant son arme, inutile contre ce nouvel ennemi qui frappait à la porte, et la prit dans ses bras, la câlinant comme une enfant. Et tandis que l'anthropologue pleurait à chaudes larmes, Powell leva un regard abattu vers Thornton puis Abbott, qui avait repris au pied levé la place de Kadiri à la perfusion.

Les regards résignés des trois soldats n'échappèrent pas à Simon.

— «Il faut aller les chercher, on ne peut pas les laisser là-bas! s'enflamma le médecin.

— Si on ouvre ces portes, nous serons submergés, Docteur, répondit doucement Thornton. Il faut espérer qu'ils aient pu se mettre à l'abri avant que…

— Espérer? Espérer? éructa Brenner, ivre de colère. Etes-vous complètement stupide ou juste dépourvu d'humanité? hurla-t-il. Je croyais que vous n'abandonniez jamais les vôtres! lui reprocha-t-il en se levant d'un bond, oubliant totalement le blessé qui réclamait toute son attention.

— Maintenant ça suffit, Docteur! gronda Thornton en s'approchant dangereusement de l'Australien, le toisant de toute sa hauteur. Nous n'ouvrirons pas ces portes, assura-t-il d'un ton dur et bas. Et oui, j'espère qu'ils se sont mis à l'abri, parce que l'espoir c'est tout ce qu'il nous reste. Nous ne pouvons pas les aider.

— Vous allez les laisser mourir! cracha Brenner avec un air de dégout.

— Caldwell, Fuller et Crown sont des soldats, et que cela vous plaise ou non, ils connaissaient les risques. Ils auraient fait la même chose si les rôles avaient été inversés. Mon travail, c'est de vous garder en vie. Le vôtre, c'est de le garder en vie, lui, dit-il en désignant Abrahams, allongé sur le brancard. Faites votre job, et laissez-moi faire le mien, ordonna-t-il sèchement en tournant les talons.

— Vous aurez leur mort sur la conscience, lança Simon, plein de haine.»

C'en fut trop pour le Caporal Thornton. Perdant son sang-froid, en une enjambée, il rejoignit Brenner, et d'un seul geste, l'attrapa à la gorge et le plaqua au mur, le regard noir.

— «Vous n'avez aucune idée de ce que je ressens, ou de ce que j'ai sur la conscience, Docteur! susurra-t-il venimeux à l'oreille de l'australien. Vous ne savez pas ce que ça me coute de prendre cette décision. Et vous ne le saurez jamais, parce que ce sont toujours les gens comme moi qui prennent les décisions difficiles que les gens comme vous seriez incapables de prendre.

— Eh, Max, repose le doc par terre, veux-tu, intervint faiblement Abrahams. J'ai encore besoin de lui, ajouta-t-il avec une pointe de malice dans la voix, voyant que Thornton ne lâchait pas sa prise.»

Aussitôt, Thornton desserra son étreinte, et s'écarta pour laisser le docteur Brenner s'accroupir auprès du blessé.

— «Vous êtes réveillé! Voilà une excellente nouvelle! se réjouît Simon en reprenant les constantes de son patient. Vous êtes du genre solide, vous! s'exclama-t-il, incrédule.

— Vous ne pensiez quand même pas que vous alliez être débarrassés de moi si facilement, non? Si être membre de SGA2 depuis plus d'un an n'a pas réussi à avoir ma peau, ce n'est pas un malheureux bout de métal qui y arrivera! plaisante-t-il. Pas vrai, Max?

— Et ça fait de toi, le plus ancien des membres de l'équipe maudite d'Atlantis, après le Major Lorne! répondit Thornton enjoué. Une vraie légende!

— L'équipe maudite? demanda Kadiri, bien heureux de cet interlude léger et décidé à l'entretenir.

— SGA2, l'équipe dans laquelle personne ne survit ou ne reste entier plus de quatre mois! répondit Thornton, mi-amusé, mi-contrit.

— Et pour ça, il faut remercier SGA1! grogna Abrahams. C'est toujours à nous d'aller leur sauver les fesses, et à chaque fois, c'est nous qui prenons les coups! expliqua-t-il. D'ailleurs, si SGA9 voulait bien prendre le relais de temps en temps, Capitaine, on ne serait pas contre! ça nous ferait des vacances, un peu, lança-t-il à l'intention de Caldwell.»

La réflexion du sergent-major Abrahams jeta un froid. Voyant que ni Caldwell, ni aucun autre ne répondait, le sourire quitta le visage livide du blessé.

— «Où est le Capitaine? demanda Abrahams à Thornton. Et pourquoi, tu te battais avec le Doc, Max? Qu'est-ce qu'il se passe? insista-t-il envahit par l'angoisse et la pesanteur de l'atmosphère.

— Elle est partie en reconnaissance avec Fuller et Crown, pour essayer de trouver un moyen de nous sortir de là, commença à expliquer Max Thornton.

— Et puis, elle voulait aller vérifier que les tirs wraiths n'avait pas causé de brèche, ajouta Abbott.

— Et visiblement, il y a bien une brèche, confirma Thornton. L'eau est montée jusqu'ici. On a dû fermer les portes pour éviter d'être submergés, avoua-t-il, les épaules ployant sous le poids de la décision qu'il avait prise plus tôt.

— Ils sont toujours de l'autre côté, c'est ça? en déduisit Abrahams, sans vraiment attendre de réponse. Ils ont peut-être réussi à se mettre à l'abri avant de se retrouver à la flotte, conjectura-t-il, se voulant rassurant et optimiste. Fuller, c'est un sacré débrouillard ce garçon, ajouta-t-il avec un entrain forcé. Je suis sûr qu'il leur a trouvé un petit coin bien douillet pour se mettre à couvert. Et tout petit de préférence, histoire d'en profiter un peupour faire du rapprochement! Ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve coincé avec deux superbes filles. Moi, je suis sûr qu'il en profite, le petit veinard, et qu'il ne pense même pas à nous! acheva-t-il avec un clin d'œil appuyé en direction de Jenna Corrigan.»

Jenna répondit par un sourire timide. Cet interlude lui avait fait du bien. Personne ne songea un instant à reprocher au sergent-major sa grivoiserie. En vérité, tous lui étaient reconnaissants d'avoir tenté d'alléger l'ambiance et d'insuffler au groupe un soupçon de positivisme.

Tandis que Brenner sortait des bandages pour maintenir le pansement, Daniel Abrahams ne peut s'empêcher de constater que ses plaisanteries n'avaient pas eues l'effet escompté sur Simon. Celui-ci affichait un visage fermé, les traits figés en une expression d'angoisse intense.

— «Je suis sûr qu'ils vont bien, lui dit doucement le soldat, vrillant son regard dans celui du médecin. Elie va bien.»

OoOoOoOoO

— «Sortie de l'hyperespace, dans une minute, annonça Hermiod.

— Préparez-vous à déployer les boucliers. Marks, chargez les canons à énergie, prêt à faire feu à la sortie de l'hyperespace, ordonna le colonel Caldwell.

— A vos ordres! répondit le major Marks. Vous avez reçu une communication d'Atlantis?

— Aucune, mais nous devons partir du principe qu'Atlantis est assiégée et nous tenir prêts à toute éventualité, s'expliqua Steven Caldwell. A tous les membres d'équipage, commença-t-il en appuyant sur l'intercom du vaisseau. Nous ignorons ce qu'il advient d'Atlantis à cet instant. Nous devons nous préparer à essuyer des tirs ennemis et à riposter. Je veux tout le monde à son poste, exigea-t-il. Je vous rappelle également que si Atlantis est tombée, nous avons ordre de tout mettre en œuvre pour la détruire et empêcher les wraiths d'atteindre la Terre.»

Ce rappel était inutile. Chaque des personnes présentes sur le vaisseau avait participé à l'évacuation du personnel non essentiel de la cité. Chacun d'entre eux avait dit au revoir à ses amis restés sur le site béta ou sur la cité, sans savoir s'ils se reverraient.

Le colonel Caldwell inspira profondément, essayant de chasser au loin l'angoisse sourde qui montait en lui à l'approche de la cité. Il devait être parfaitement maitre de ses émotions. Il savait qu'en sortant de l'hyperespace, il pourrait trouver Atlantis en ruine, sachant sa fille sous les décombres. Ou pire, il devait se préparer à faire feu sur la cité si elle était tombée aux mains de l'ennemi, en sachant pertinemment qu'il tuerait du même coup sa propre enfant.

C'était une décision impossible, un choix insoluble pour un père. Mais pour le Colonel de l'Air Force, celui qui avait dédié sa vie à protéger son pays, puis sa planète et même sa galaxie, il n'y avait pas de choix à faire. Il savait ce qu'il devait faire. Et à cet instant, il obligea le père en lui à se taire et redevint le chef de guerre que l'on attendait qu'il soit.

— «Sortie de l'hyperespace dans 10 secondes, annonça Hermiod avec son habituel air détaché de tout.

— Tenez-vous prêts! ordonna Caldwell. Et que Dieu nous vienne en aide.»

OoOoOoOoO

— «Le Dédale! C'est le Dédale! s'écria McKay, euphorique.»

Sur son écran, l'astrophysicien observait le vaisseau terrien sortir de l'hyperespace et déployer ses boucliers. Aussitôt, Cadman et Lorne rejoignirent le canadien, tandis que la salle de contrôle s'emplissait de timides exclamations victorieuses.

Avec angoisse, McKay scrutait la manœuvre exécutée par le bâtiment du Colonel Caldwell. Hermiod ayant détecté le tir du vaisseau ruche, Steven Caldwell avait réagi d'instinct et engagé la bataille. En quelques secondes, le Dédale s'interposa sur la trajectoire des canons wraiths et ses boucliers encaissèrent l'impact à la place de la cité.

— «On est vivants! Bon sang, on est vivants! s'exclama Rodney, incrédule. Le Dédale riposte, annonça-t-il, plein d'espoir.»

Le Colonel Caldwell avait fait preuve de clairvoyance en anticipant le chargement des canons à leur sortie de l'hyperespace et, après avoir été rudement secoués par le tir du vaisseau ruche, il contre-attaqua derechef. Les canons à énergie asgards surpassaient largement en puissance l'armement wraith et, en un seul coup, le Dédale mis la ruche hors d'état de nuire. Une seconde salve suffit à faire exploser le vaisseau ennemi.

Sur Atlantis comme à bord du Dédale, des cris de joie explosèrent, saluant la destruction totale de la flotte ennemie.

— « Atlantis, ici le Dédale, vous me recevez? résonna la voix grave mais néanmoins empreinte d'angoisse du Colonel Caldwell dans les hauts parleurs de la cité.

— Nous sommes toujours là, répondit immédiatement Lorne, sans pouvoir cacher son soulagement.

— Bon sang, je n'ai jamais été aussi heureux de vous entendre, Colonel! s'écria McKay avec sincérité.

Eh bien, aussi étonnant que cela soit, moi-aussi, Docteur! répliqua Caldwell. Quelle est la situation de votre côté?

— Nos boucliers sont à 4%, et on note quelques dégâts structurels, mais nous sommes toujours en vie, Monsieur, détailla Cadman.

Les Wraiths à l'intérieur? demanda Caldwell, se retenant difficilement de poser la question qui lui importait vraiment.

— Pour autant que l'on sache, ils ont tous été neutralisés, Monsieur, répondit Lorne.

Et vos hommes?»

Lorne n'était pas dupe. Il n'avait pas fallu plus de quelques semaines pour que la rumeur se répande dans la cité: le capitaine Eleanor Caldwell n'était autre que la fille de l'illustre gradé du même nom. Alors Lorne se doutait bien que le Colonel s'inquiétait pour sa fille, et le Major redoutait d'être celui qui lui annoncerait qu'ils étaient sans nouvelles d'Elie et son équipe depuis plusieurs heures. Pourtant, il fallait bien que quelqu'un s'en charge, et c'est à lui que cela incombait. Tandis que McKay et Cadman lui jetaient un regard compatissant, Lorne reprit la parole, conscient que son silence en disait déjà très long.

— «Les équipes Alpha et Delta sont remontées. Ils ont pris part aux combats en Jumper. Nous avons perdu quatre hommes, Monsieur, dont un civil. Oliver, Spears, Nichols et le technicien Mai, déplora-t-il avec tristesse. Par chance, aucune de nos équipes en Jumper n'a subi de perte.

Et l'équipe Tango? demanda Caldwell sans parvenir à masquer son inquiétude.

— Nous n'avons plus de contact avec Tango depuis le début de la bataille, Monsieur, l'informa-t-il sans détour. Leur secteur a été durement touché par les tirs wraiths et les communications sont coupées. Monsieur, les bombardements ont ouvert une brèche dans la structure de la cité, sous le niveau de la mer. Le niveau -3 est complètement sous l'eau, ainsi qu'une partie du niveau -2.

A quel niveau se trouvait Tango quand vous avez perdu le contact? demanda Steven Caldwell après un lourd silence.

— Au niveau -2, Monsieur, répondit Lorne, désolé. Nous allons envoyer immédiatement une équipe de recherche, et …

Sont-ils en vie? l'interrompit le colonel. McKay? insista-t-il, voyant que Lorne hésitait à répondre.

— Difficile à dire, Colonel, bafouilla le scientifique. Les capteurs dans cette zone étaient déjà défaillants avant l'attaque et … Tous les systèmes ne sont pas remis en marche et …

Docteur! Sont-ils en vie? répéta Caldwell.

— Nous n'en avons pas la moindre idée, avoua Rodney, impuissant. Mais si vous me laissez quelques minutes, je …

Non! interdit fermement le gradé. Sans certitude qu'ils sont toujours vivants, nous ne pouvons pas mobiliser nos ressources limitées dans une mission de recherche incertaine.»

Cet ordre brisait le cœur de Steven. Il l'abandonnait. Purement et simplement, le père abandonnait sa fille. Mais il n'était pas un père à cet instant, il était le commandant à qui il incombait de prendre les décisions dans l'intérêt du plus grand nombre, et cela même au détriment de la vie de sa propre enfant.

— « Docteur McKay, tâchez de savoir si les Wraiths ont eu le temps de transmettre notre position avant d'être détruits, reprit-il, la mort dans l'âme. Et mettez toutes vos ressources sur la remise en route des systèmes de défense de la cité. Lorne, envoyez deux de vos Jumpers s'assurer qu'aucun darts ne traine encore dans les parages et faites rentrer les autres, ordonna-t-il. Je veux que tout le monde se tienne prêt à un deuxième round. Tant que nous ne sommes pas sûrs que d'autres vaisseaux ne soient pas en route pour Atlantis, nous restons en état d'alerte maximum, expliqua-t-il. Le Dédale reste en orbite, prêt à intercepter tout nouvel arrivant. Fin de communication, acheva-t-il.

— Mais… on ne va quand même pas les laisser là-dessous! s'indigna McKay lorsque la voix du Colonel Caldwell se fut tue.

— Il a raison, Docteur McKay, la priorité est de se tenir prêts à l'éventualité d'un nouvel assaut, répondit Lorne, pragmatique.

— Mais c'est sa fille! protesta encore le canadien.

— C'est un soldat, Rodney, et aussi cruel que cela puisse vous paraitre, le Colonel a pris la décision qui s'impose: la vie de sa fille ne doit pas compter plus que celle de n'importe qui d'autre sur cette base.

— Le Dédale ne peut pas simplement les téléporter? s'enquit timidement Piotr Kasprzyk, un technicien de l'équipe Delta.

— Ils n'ont pas de balise, on n'a plus de détecteur de vie dans ce secteur et … de toute façon, les communications radios ne passent pas, inutile d'espérer que le rayon de téléportation asgardien puisse faire mieux, se désola McKay, prenant progressivement conscience de la réalité de la situation.

— S'ils sont toujours en vie là-dessous, je suis sûr qu'ils tiendront bon jusqu'à ce qu'on puisse venir les chercher, assura le Major Lorne. Il faut que vous teniez bon, Caldwell, chuchota-t-il pour lui-même.»