Zeleph avait eu du mal à faire comprendre à Natsu qu'il ne pouvait pas venir avec lui au ministère de la Magie. La présence d'Invel semblait lui avoir donné encore plus envie. Le dragon slayer risquait d'entamer le combat avec le ministre, alors il était préférable qu'il ne vienne pas. Le mage noir savait déjà sur quel ton se déroulerait cette rencontre et c'était pourquoi il avait demandé au Spriggan Twelve de venir avec lui : afin qu'il n'oublie pas temporairement la valeur de la vie et commette un massacre. D'autant plus que son consul excellait dans l'art de calmer les tensions.

- Votre Majesté.

Invel s'inclina devant lui lorsqu'il arriva à son niveau.

Ils s'étaient donné rendez-vous à la cabine téléphonique qui était en fait l'entrée des visiteurs du ministère.

- Pourriez-vous me dire comment vous avez prévu d'expliquer le fait que vous ayez enfreint la promesse que vous avez faite au ministère afin que je puisse préparer une défense ?

Zeleph hocha la tête.

- Bien que j'ai toujours préféré dissocier Alvarez de mon passé, je pense qu'il est préférable de révéler au ministre de la Magie ce qu'il en est. Il risque de penser que Dumbledore s'est associé à moi pour pouvoir faire un coup d'Etat c'est pourquoi nous justifierons ma présence par le fait que les démons que j'ai créé s'intéressent à la Grande Bretagne et que j'ai décidé de les arrêter, m'étant repenti de mes actes passés. Il ne pourra pas s'en prendre à moi pour tentative de renversement du gouvernement puisque je suis l'empereur d'une autre nation. Cela pourrait être interpréter comme une déclaration de guerre.

- Il risque de vouloir vous surveiller à Poudlard.

- Alors qu'il en soit ainsi. Mes projets là-bas avancent à un bon rythme. Je devrais avoir fini ce que j'ai à faire avant la fin de l'année.

- Et… concernant Natsu Dragnir ?

Zeleph entra dans la cabine téléphonique.

- Il ne sait rien de nos projets concernant Fairy Heart et j'aimerai que cela reste ainsi pour le moment. Peu importe la situation actuelle, il reste un mage de Fairy Tail avant tout.

Il tapa sur le clavier téléphonique 62442 et aussitôt le code achevé d'être tapé, la cabine s'enfonça dans le sol pour les amener dans l'atrium du ministère de la magie. Il s'agissait d'un hall gigantesque dans lequel les passages étaient nombreux, si ce n'était blindé. Il y avait dans la foule de sorciers autant d'employés que de visiteurs se rendant dans différents services.

A côté de la cabine se tenait un employé dont le rôle était de vérifier l'identité des entrants ainsi que leur baguette magique.

Invel sortit la lettre de convocation que Zeleph avait reçu pas plus tard que ce matin et la tendit à l'agent de sécurité en disant :

- Je suis Invel Yura. J'accompagne Mr. Zeleph Dragnir à sa convocation avec Mr. le ministre.

Zeleph fit comme s'il n'avait pas remarqué le regard étrange que lui adressait le sorcier. Ce ne devait pas être tous les jours que des visiteurs étaient convoqués dans le bureau du ministre. L'homme ne jeta même pas un regard à la lettre tendue par Invel, qui s'empressa de la range dans une poche de sa veste.

Le sorcier prit une longue tige dorée, mince et souple et la leur passa sur le corps, de haut en bas, d'avant en arrière.

- Baguette magique, grommela-t-il une fois cela fait.

Etant donné qu'ils étaient des mages, il n'en avait pas. Cependant, chaque pays de mages distribuait à ces derniers une carte de mage, dans le cas où ils voudraient se rendre dans un pays sorcier. Alvarez ne faisait pas exception, quand bien même les mages de ce pays n'étaient pas connus pour beaucoup sortir des frontières.

Invel sortit donc deux cartes – Zeleph laissait toujours la sienne à Alvarez, n'en ayant pas l'utilisé – et les tendit au vigile qui les prit avec un froncement de sourcil.

- Nous sommes des mages de l'empire d'Alvarez.

- C'est où, ça ? demanda le vigile, l'air peu intéressé tandis qu'il examinait minutieusement les cartes.

C'étaient plus un morceau de papier qu'une carte. Dessus, il y avait inscrit le nom du pays d'où provenait la carte avec son insigne, l'identité de la personne et le type de magie qu'elle utilisait en majorité.

- A l'est de l'Australie, en Arakitacia.

L'agent de sécurité rendit les deux cartes à Invel puis leur tendit à chacun un badge. Sur celui d'Invel il était inscrit son nom, suivit de la mention « accompagnateur » tandis que sur celle de Zeleph, il était marqué « convocation ».

Cela lui faisait un peu étrange d'être étiqueté d'une telle manière. Toute personne posant les yeux sur son badge pouvait connaitre immédiatement son identité. Il ne pouvait s'empêcher de se dire que si des mages noirs très intéressés par sa magie se trouvaient ici, ils sauraient de suite à quoi il ressemblait et il pourrait dire au revoir à sa tranquillité durant plusieurs années.

- Le bureau du ministre se trouve au deuxième niveau, à côté du département de la justice magique.

Invel hocha simplement la tête.

Ils prirent la direction des ascenseurs. Heureusement pour Zeleph, il n'y avait pas beaucoup de monde dans ces derniers. Etant donné l'ingérance de sa malédiction ces derniers mois – principalement dû au fait qu'il accordait beaucoup trop d'importance à la vie de Natsu – il était préférable qu'il ne soit pas trop en contact avec des personnes susceptibles de décéder. Commettre une hécatombe n'était, en plus, pas le meilleur moyen pour convaincre le ministre anglais de sa bonne foi sur son territoire.

- Avez-vous l'intention de rentrer prochainement à Alvarez, votre Majesté ?

Afin d'éviter d'ébruiter des informations, Invel s'adressait à lui en magia. Il s'agissait de la langue parlée en Arakitacia et à Ishgar depuis près de cinq cent ans. Depuis qu'il la connaissait, elle avait peu évolué. Si beaucoup de mots avaient changé de signification entre le moment où il était enfant et maintenant, la prononciation et l'orthographe n'avaient pas de si grandes différences, tout du moins, pas au point d'être méconnaissables.

Bien sûr, le parlé du mage noir était très ancien, si ce n'était vieillot et cela ne manquait pas d'attiser la surprise lorsqu'il s'adressait pour la première fois à quelqu'un. Entendre une personne s'exprimer d'une telle manière alors qu'elle paraissait si jeune avait de quoi provoquer l'étonnement. C'était l'une des raisons pour lesquelles les personnes n'étaient pas aussi surprises qu'elles devraient l'être lorsqu'elles apprenaient qui il était et le fait qu'il était toujours en vie. Bien sûr, l'aura magique mortelle qui l'entourait jouait également son rôle. Qui d'autre que le terrible mage noir Zeleph pouvait dégager une présence aussi mortelle ?

- Pas pour le moment, fit doucement Zeleph. Le dieu Ankhseram n'est pas miséricordieux ces derniers temps. Il ne serait pas bon que je rentre.

- Serait-ce à cause de Natsu Dragnir.

Zeleph lui jeta un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait d'Invel mettant le sujet de son frère sur la table. Pourtant, le général de l'Hiver ne se laissa pas intimider.

- J'ai remarqué, lorsque vous m'avez contacté par lacrima, que vous sembliez très proches lui et vous.

- Invel, prévint Zeleph d'une voix froide.

Il vit son consul frissonner. Il était rare qu'il utilise ce ton avec lui.

- Je m'inquiète pour nos projets, votre Majesté, fit néanmoins le Spriggan Twelve. Ne pensez vous pas que votre entente avec votre frère risque de vous faire décidé d'abandonner nos projets de guerre ?

- Ce n'est pas parce que je n'ai pas envie de quelque chose que je ne le fais pas. Quand bien même je préfèrerai ne pas affronter Natsu dans un combat à mort, je le ferai tout de même pour réaliser mes objectifs.

- Nous, les Spriggan Twelve, préfèrerions que vous nous guidiez sur le front avec la conviction du bien fondé de cette guerre. Nous avons besoin d'un empereur sûr de ce qu'il fait.

Zeleph savait qu'il avait choisi Invel comme consul pas que pour ses compétences pour gérer les conflits diplomatiques. C'était aussi et avant tout parce qu'il était l'un des seuls à oser le confronter et à lui dire ce qu'il pensait tant qu'il estimait que c'était nécessaire. Même si ses Spriggan Twelve ne s'applatissaient pas devant lui, aucun ne remettait jamais en question sa manière de faire ou ses décisions. Invel osait cela. C'est pourquoi il savait que ce qu'il lui disait en ce moment était à écouter.

- Fairy Heart est plus important que Natsu, dit simplement Zeleph.

Et cela suffit à Invel pour être certain de sa motivation.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent à ce moment-là au deuxième étage.

Sans plus tarder, ils se dirigèrent vers le bureau du premier ministre. Invel se chargea de frapper à la porte et d'ouvrir la porte pour Zeleph lorsqu'ils obtinrent l'autorisation d'entrer. Le mage noir passa le premier, suivit de près par Invel. Il pouvait sentir que le mage de glace était tendu, prêt à répondre à une attaque à tout moment. Cette entrevue n'avait rien d'amical, étant donné le motif qui y avait mené.

Il y avait un autre homme que le ministre dans la pièce. Il avait un visage quelque peu familier mais en même temps, différent. Etait-ce le père d'un élève qu'il avait à Poudlard ? C'était fort probable.

Il prit place sur l'une des chaises en face du ministre tandis qu'Invel restait debout derrière lui, les bras certainement croisés dans le dos et le regard glaçant.

Zeleph regarda d'un œil vaguement intéressé l'homme qui lui faisait face, le ministre de la magie dont il avait tant entendu parler depuis son arrivée à Poudlard. Il ne semblait pas être le genre d'homme à avoir la tête suffisamment bien accroché pour gouverner un pays, étant donné la manière dont transparaissait sa nervosité. Il supposait que ce devait être ce que cela faisait d'avoir le mage noir le plus maléfique que la terre ait jamais porté juste en face de lui.

La seule raison pour laquelle il n'y avait pas une multitude d'aurors dans son bureau, c'était parce que le secret de son existence devait être préservé. Il suffisait de voir la situation à Fiore : il y avait tant de guildes qui le vénéraient et causaient des crimes ignobles en son nom. Tous cherchaient à mettre la main sur les démons qu'il avait créé il y a longtemps pour semer la terreur dans tout Fiore.

- Je suis Cornélius Fudge, l'actuel ministre de la magie. A mes côtés, voici Lucius Malefoy qui a aimablement accepté de se joindre à nous.

C'était donc le fameux père de Drago Malefoy. Il comprenait mieux pourquoi ce garçon menaçait tout le monde de dire à son père ce qui se passait autour de lui.

Zeleph hocha la tête pour signifier qu'il avait compris.

- Zeleph Dragnir. Derrière moi, Invel Yura, général de la garde de l'empereur Spriggan et consul de l'empire d'Alvarez.

- Je serai bien curieux de savoir comment un homme tel que vous est parvenu à s'entourer d'une telle personne, susurra Lucius Malefoy d'une voix doucereuse.

- Je vous demanderai d'être plus respectueux, Mr. Malefoy. Vous avez devant vous l'empereur d'Alvarez.

Zeleph supposait que c'était une manière comme une autre de décliner son identité. Il n'avait pas réfléchit à la manière de le faire et était plutôt content qu'Invel s'en charge. Il était assez intéressant de vor la palette de couleur qui passait sur le visage du premier ministre et l'expression ahurie de Malefoy.

- Invel dit la vérité.

Sur ce, il sortit un papier. C'était celui qu'il avait signé à la fondation de son empire. Il s'était dit que cela serait un jour utile – il ne s'était pas trompé. Dessus, il était inscrit que le dénommé Zeleph Dragnir prenait le contrôle de l'empire Alvarez sous le nom d'empereur Spriggan.

Le ministre de la magie prit ce papier, les doigts tremblants.

- Que… Que fait l'empereur d'une telle nation ici ? murmura Fudge, pâle comme un linge.

Même chez les sorciers de Grande Bretagne, Alvarez avait sa petite réputation, bien qu'elle ne soit pas aussi impressionnante qu'à Ishgar ou en Arakitacia. C'était un empire reconnu pour former les meilleurs mages qui soient et surtout, pour avoir la meilleure armée jamais créé. Former d'excellents mages allaient avec le talent d'une armée, bien sûr. Etre une personne quatre fois centenaire avait l'avantage qu'il connaissait les méthodes d'enseigner la magie d'il y a quelques siècles et qui n'avaient cessé de prouver leur efficacité.

Zeleph n'était pas tant que cela un génie il y a de cela quatre cent ans. Il était simplement une personne née à la bonne époque. Celle de l'apogée des mages. Il n'était qu'une personne chanceuse dans son grand malheur.

Le mage noir jeta un regard en direction d'Invel. Celui-c sortit un journal et le posa sur le bureau du ministre. C'était celui de ce matin, celui sur lequel apparaissaient Mard Geer et la marionnette de Silver. Le titre qui accompagnait l'article était : « Destruction de Rigourdaf par deux hommes à l'identité inconnue ».

- Je suis venu m'occuper de ceci. A droite se trouve Mard Geer, l'un de mes plus puissants démons. Il est accompagné de la dernière marionnette en date du démon Keith – son pouvoir consiste à ramener les morts en en faisant ses pantins. Cela fait trois cent ans que je ne fait pas grand cas de ce que font mes démons. Ils font ce qu'ils veulent de l'existence que je leur ai accordé. Pour une raison que j'ignore, ils ont développé un intérêt soudain pour la Grande Bretagne. Etant donné que j'ai donné ma parole à votre prédécesseur de ne pas m'immiscer dans les affaires de votre pays, mes démons se trouvant sur votre territoire est embêtant. Je suis donc venu m'occuper d'eux. Les mages ont déjà beaucoup de difficulté à les arrêter, alors les sorciers n'ont pas une chance face à eux…

Zeleph ne pensait pas qu'un homme pouvait pâlir à ce point.

- Des… des démons… murmura Fudge, sur le bord de l'évanouissement.

- Nous avons de grandes chances de penser qu'ils sont à l'origine de plusieurs incidents ayant eu lieu dans votre pays, continua Invel.

- Mais… pourquoi… pourquoi Poudlard ?

- J'aime enseigner. J'ai pensé qu'allier l'utile à l'agréable était une bonne idée. Mard Geer a sûrement entendu parler de votre Harry Potter. Il doit être curieux de tester sa puissance. Je ne vois pas d'autres raisons qui le pousseraient à s'intéresser à la Grande Bretagne alors qu'il ne l'a jamais fait au cours des trois cent dernières années. Il est toujours resté près de Fiore, de ce que je sais.

- Misère…

Fudge se laissa tomber en arrière sur le dossier de son siège.

A présent, Zeleph en était persuadé : la raison pour laquelle Mard Geer s'était laissé prendre en photo, c'était pour qu'il puisse justifier sa présence en Grande Bretagne. Il a dû entendre dire que le ministre savait qu'il était sur ces terres. Ce n'était pas son deuxième démon le plus fort pour rien.

- Vous dites que vous allez arrêter ce… démon ?

Zeleph hocha la tête.

- C'est la seule raison de votre présence ?

Il hocha une nouvelle fois la tête.

- Vous ne comptez pas… aider Dumbledore a renversé le ministère ?

- Si je voulais renverser votre ministère, je l'aurai fait depuis longtemps. Vous ne résisteriez pas à mon armée, ministre Fudge. Vous ne seriez d'ailleurs pas là pour en parler.

- Eh… eh bien, je… je suppose que c'est une bonne chose… que vous soyez ici pour vous occuper de… de… ces démons.

- La marionnette de Keith n'est pas un démon, précisa Zeleph.

Le ministre ne semblait toutefois pas l'avoir entendu, étant donné qu'il s'évanouissait sur son bureau.