Chapitre 4 : Recherches et engueulades.

L'aube fut longue à arriver, et la battue, qui dura des heures, ne donna rien du tout. Jamais Katsuki ne s'était senti aussi impuissant. Il était duc, il avait de l'argent, du pouvoir. Il était intelligent, et avait presque toujours obtenu ce qu'il voulait. Mais aujourd'hui c'était comme s'il avait tout perdu.

Comme s'il n'était plus rien ni personne, comme s'il était déchu de son titre comme l'avait été Deku.

Non c'était pire que ça. Ce n'était pas qu'une question de rang, c'était une question d'humanité. Il avait l'impression de ne plus être lui-même, comme si un gros morceau de néant avait infiltré son corps.

Il oscillait entre rage et inquiétude. Il gueulait plus fort que tout le monde « Deku, Deku », et la minute d'après il avait l'impression que tout cela était inutile. Et son sentiment empira quand Inko s'approcha de lui :

— Mon fils s'appelle Izuku !

Son ton était accusateur et c'était la première fois que la mère d'Izuku faisait sentir à Katsuki qu'elle lui en voulait.

Il avait envie de s'excuser, terriblement envie de demander pardon et de s'effondrer. À la place il se mit à crier plus fort encore :

— Izuku !

Une journée passa. Katsuki avait de la boue jusqu'aux genoux, il tenait à peine debout et sa voix était éraillée, mais il continua ses recherches malgré le soir qui tombait. Il n'avait rien mangé, il n'avait fait que chercher et chercher encore en appelant de toutes ses forces.

Une part de lui-même lui disait « c'est bien fait pour toi Katsuki, t'avais qu'à pas le traiter comme tu l'as fait ». Mais il la faisait taire, culpabiliser ne le ferait pas retrouver Deku. Izuku.

Pour l'instant il devait utiliser toutes ses forces pour mettre la main sur cet imbécile, ensuite il verrait.

— Tu devrais dormir un peu, lui conseilla sa mère, tu es épuisé, cela fait deux nuits que tu restes éveillé.

— Et alors ? Je dormirai quand je serai mort, en attendant je dois trouver Izuku.

Mitsuki resta silencieuse longtemps. Ce n'était pas son genre. Elle fixait son fils, puis finit par dire :

— Moi qui pensais que tu le détestais, il semblerait que je me sois trompé.

Katsuki détourna le regard.

— Je vais faire un tour, dit-il.

— Ne va pas dans la forêt, il fait trop sombre et de toute façon je ne crois pas qu'il y soit.

Le blond haussa les épaules.

Il alla jusqu'à l'écurie. De temps en temps c'était Izuku qui s'occupait de son cheval et Katsuki pouvait presque le voir prendre soin de l'animal, il souriait, il lui parlait, il le gâtait en lui donnant des pommes ou des carottes. Le sourire de l'adolescent était si sincère et beau dans ces moments-là. Katsuki serra les poings.

— Je vais te retrouver Izuku, et si tu es mort, je te tue.

Il refit un tour du manoir, il descendit même à la cave où ne vivaient que des rats, des araignées et des trucs oubliés par tous. Il ronchonna :

— Où es-tu crétin d'Izuku ?

C'est là qu'il entendit le bruit. Quelque chose qui tapait. Toc. Toc. Toc. Katsuki crut que c'était un animal, mais le bruit devint plus rapide et plus fort. Les yeux du duc tombèrent sur un vieux coffre à jouets abandonné là. Il avait servi quand lui et Izuku étaient petits, mais depuis longtemps il ne servait plus. Le bruit venait de là.

L'estomac de Katsuki se tordit de douleur. Il y avait un cadenas au coffre et pourquoi y aurait-il un cadenas sur un coffre vide dont plus personne ne se servait ?

BOUM.

BOUM.

Katsuki attrapa un pied de biche dans les outils qui trainaient dans la cave et il força de toutes ses forces jusqu'à péter le loquet et ouvrir le coffre. Izuku était là, en position du fœtus pour tenir dans le coffre. La bouche bâillonnée.

Le blond tomba à genou, il retira le bâillon.

— Izuku, je t'ai retrouvé, murmura-t-il.

Alors comme un diable qui sort de sa boite, Izuku bondit hors de la caisse et se jeta dans les bras de Katsuki.

— Kacchan ! s'exclama-t-il.

Le duc se recula pour regarder son visage, celui-ci souriait :

— Pourquoi tu souris, idiot ?

— Parce que je savais que tu me retrouverais.

Et il se cramponna à nouveau à Katsuki. Ce dernier se retrouva troublé. Par les paroles d'Izuku, par le fait qu'ils soient si proches l'un de l'autre alors que cela faisait des années qu'ils s'étaient à peine touchés. Il sentit alors le corps d'Izuku trembler entre ses doigts, cette fois-ci, l'adolescent ne souriait plus. Toute sa peur se déversait en larmes contre l'épaule du duc. Il serra fort Izuku contre lui, posa une main protectrice sur ses cheveux, et attendit longtemps qu'il se calme.

— J'ai eu vraiment peur Kacchan, murmura Izuku, mais je savais que tu me retrouverais, répéta-t-il.

— Et comment tu le savais ?

— Parce que tu me retrouves toujours, surtout si c'est pour m'engueuler !

Izuku eut un petit rire à travers ses larmes. Mais Katsuki ne plaisantait pas lui.

— Qui a fait ça ?

Izuku resta silencieux.

— Izuku, dis-moi qui a fait ça ?

— Tu ne m'appelles plus Deku ?

— Ce n'est pas le moment de faire attention à ce détail, je t'ai posé une question.

— Et qu'est-ce que tu vas faire quand tu vas le savoir ?

La voix de Katsuki se fit grave et mauvaise :

— Je vais tous les tuer, bien sûr.

Izuku resserra son emprise sur le duc, et se contenta de murmurer :

— Tu m'as retrouvé Kacchan, c'est tout ce qui compte.

xxx

Comme si Katsuki allait laisser ce crime impuni. Il n'était pas certain à cent pourcent des coupables, mais il convoqua tous les nobliaux qui comptaient comme étant ses camarades. Il avait proposé une simple joute, mais il les avait massacrés un à un, jusqu'à ce que les cinq coupables se mettent à genoux en pleurant pour se faire pardonner. Katsuki cracha :

— Vous ne valez rien à mes yeux, et si je vous revois, je vous tue !

Puis il les regarda tous, ces camarades qui l'avaient suivi pendant des années, et il se sentit écœuré. Comment avait-il pu être si stupide et se comporter comme le premier paon venu ?

— Le prochain qui touchera un cheveu d'Izuku, je le démonte.

Un petit comte leva la voix :

— Mais duc Bakugo, vous avez toujours pris plaisir à humilier Deku, on voulait juste faire pareil.

Katsuki se sentit honteux comme jamais auparavant. Parce que ce mec avait raison. Il avait passé des années à rabaisser Izuku, à faire de lui son serviteur et son bouc émissaire. Tout ça parce qu'un jour son ami d'enfance lui avait tendu la main. Quel con il avait été.

— Izuku est MON serviteur, je le traite comme je le souhaite. Vous vous êtes moins que du caca d'oie pour moi, alors fermez-là et déguerpissez !

Ils avaient tous pris la fuite. Katsuki savait qu'ils parleraient entre eux, le démonteraient, feraient de lui le méchant de l'histoire. Et c'était peut-être tout ce qu'il méritait après tout.

Izuku avait assisté à la scène, bien obligé puisqu'il n'avait plus le droit de s'éloigner de Katsuki. Ce dernier avait trop peur de le perdre à nouveau. L'adolescent aux cheveux verts s'approcha du duc :

— Tu sais Kacchan, ce n'est pas parce que je suis TON serviteur que tu peux me traiter comme tu le souhaites.

— Alors pourquoi tu m'as laissé faire ?

— Parce que je te trouvais incroyable, répondit Izuku, je n'arrivais pas à t'en vouloir, j'espérais juste pouvoir devenir comme toi, même si je n'étais qu'un pauvre roturier.

— Tu es stupide.

— Sans doute, sourit Izuku en penchant la tête sur le côté. Et il y a autre chose.

— Quoi donc ?

— Tu m'as toujours laissé t'appeler Kacchan, même encore maintenant. Alors je me disais que la cause n'était pas complètement perdue.

Katsuki grimaça et râla :

— Tu n'es qu'un idiot Izuku.

Et le sourire que lui offrit Izuku soigna un petit peu la plaie infectée qui gangrenait son esprit depuis tellement longtemps.

Les choses devinrent plus claires pour Katsuki. Izuku ne l'avait jamais pris de haut, s'il lui avait tendu la main c'était en toute amitié. S'il l'avait suivi, c'était parce qu'il admirait Katsuki et qu'il lui faisait encore confiance malgré tout. Et maintenant le duc se trouvait bête, tellement bête.

Il ne savait plus comment agir avec Izuku. Il se sentait maladroit. Il n'osait plus lui ordonner quoi que ce soit, sauf de ne pas s'éloigner de lui. Et il ignorait comment lui parler. Il y avait pourtant tellement de choses à dire.

— Si tu n'as pas de tâche à me donner Kacchan, je vais aller voir Ochaco, fit Izuku alors que Katsuki était assis sur un banc à l'extérieur et réfléchissait. Il essayait de trouver comment combler toutes ces années perdues à s'en prendre à Izuku.

— Qu'est-ce que tu peux bien lui trouver à cette tête d'œuf ? ronchonna Katsuki.

— Elle est gentille, drôle et mignonne, et surtout c'est une amie.

Le duc grinça des dents, se sentant furieux. Il avait envie d'engueuler Izuku et de lui interdire de revoir cette fille. Mais il se contint, inutile de recommencer à envenimer les choses. Katsuki voulait qu'ils redeviennent… Ce qu'ils étaient avant. Avant que tout change. Avant que le roi ne foute la merde dans leur relation en privant Izuku de son titre. Mais peut-être que c'était impossible.

Izuku commença à se diriger vers les cuisines et Katsuki le suivit, l'air nonchalant, comme si de rien. Cela amusa l'adolescent aux cheveux verts. C'était étrange. Izuku avait appris à se méfier de Katsuki, de la prochaine crasse qu'il lui ferait. Et bien qu'il n'ait jamais arrêté de le voir comme un modèle, bien qu'enfermé dans un coffre contre sa volonté il avait attendu que Katsuki vienne le sauver (parce que quelque chose en lui savait qu'il viendrait), il avait été blessé par ces années à se faire rabaisser et humilier par le duc.

Il sentait en son for intérieur que les choses avaient de nouveau changé, Katsuki avait rejeté ses camarades et ne l'appelait plus Deku, il ne lui parlait plus de la même façon et avait baissé le nez ne le regardant plus de haut, mais de face-à-face. Seulement, on ne pouvait pas effacer toutes ces années en un coup de baguette magique.

Ochaco était bien dans les cuisines et un sourire s'afficha sur son visage quand Izuku entra. Ce même sourire disparu quand elle aperçut le duc qui le suivait.

— Deku ? Tout va bien ?

Izuku acquiesça à cette question, les pans de sa bouche relevée.

— Je suis juste passé venu te dire bonjour.

La jeune fille lâcha le chiffon qu'elle tenait à la main et se rapprocha du garçon, et comme ça, sans crier gare, elle le serra dans ses bras.

— J'ai eu si peur, dit-elle, et tu as dû avoir peur aussi.

— Tout va bien maintenant, bégaya Izuku troublé par la proximité d'Ochaco.

Katsuki fulminait, accoudé à la porte de la cuisine, mais il garda ses commentaires désagréables pour lui. Lorsque la jeune fille relâcha enfin l'adolescent aux cheveux verts, elle jeta un regard de mépris au duc. Personne ne l'avait jamais regardé avec aussi peu de courtoisie, tout le monde l'avait toujours traité comme un objet en or, avec convoitise le plus souvent, mais aussi avec envie et fierté. Que cette tête d'œuf montre aussi facilement son désaccord lui fit bizarre. Elle protégeait Deku. Est-ce qu'elle avait des sentiments pour lui ?

— Deku, dit-elle, est-ce que ça te dérangerait d'aller me chercher des chiffons propres dans la buanderie ?

Katsuki allait ouvrir la bouche pour lui dire qu'Izuku n'était pas son serviteur, mais le garçon le devança et avec un grand sourire il accepta la tâche. Quand il fut absent, Ochaco se tourna de nouveau vers le comte. Il était évident qu'elle avait éloigné Izuku pour pouvoir parler à Katsuki.

— Je ne vous aime pas duc Bakugo, dit-elle avec sincérité, et vous pouvez me chasser si cela vous chante, mais rien n'arrêtera ce que j'ai à vous dire. Vous avez maltraité Deku pendant des années, vous avez ris de lui, vous l'avez humilié devant vos petits camarades, et c'est à cause de vous s'il s'est retrouvé enfermé dans un coffre. Tout est de votre faute, si vous ne l'aviez pas traité comme un moins que rien, les autres nobles n'auraient pas essayé de s'amuser avec lui. Vous ne méritez pas Deku, ni son admiration, encore moins son amitié.

Personne ne lui avait jamais parlé ainsi, pas même Inko la mère d'Izuku. Il en resta cloué au sol. La tête d'œuf n'avait pas bougé, mais il venait de se recevoir une sacrée gifle. Les mots l'avaient touché tant ils étaient empreints de vérité. Pourquoi personne ne l'avait arrêté ? Pourquoi tout le monde avait-il suivi ? Pourquoi sa mère, dont les colères étaient si bien connues, ne l'avait pas secoué pour qu'il arrête de maltraiter Izuku ? Pourquoi Izuku lui-même avait-il continué de le suivre ?

Il s'en voulait tellement, il détestait celui qu'il était devenu, mais Ochaco avait raison. Il ne méritait ni l'admiration ni l'amitié d'Izuku. Alors il baissa la tête.

— Aucune excuse ne sera jamais suffisante, continua-t-elle, vous feriez mieux de le laisser tranquille !

Le duc fit un pas en arrière, puis un autre, jusqu'à ce qu'il ait quitté la cuisine. Que croyait-il ? Qu'il suffisait de dire « pardon » et que cela allait effacer toutes ces années ? Certes il avait sauvé Izuku, mais c'était aussi sa faute si sa vie avait été en danger. Il n'oublierait jamais l'étreinte de l'adolescent quand il était sorti du coffre, mais cela n'était pas une absolution de tout le mal que Katsuki avait fait.

Il s'éloigna, le cœur dans les bottes. Ochaco avait trouvé les mots, lui avait ouvert les yeux. Lui qui pensait bêtement pouvoir retrouver son ancienne relation avec Izuku avait compris que c'était trop tard, qu'il avait tout gâché.

Lorsqu'Izuku revint dans la cuisine avec le linge, il regarda autour de lui :

— Où est Kacchan ?

— Il avait sans doute mieux à faire plus loin, marmonna Ochaco. C'est un duc, il doit faire des trucs de duc.

Izuku entendit dans la bouche d'Ochaco le mépris qu'elle ressentait pour Katsuki.

— Tu le détestes, constata-t-il.

— Et toi non ? Comment tu fais pour le supporter encore après tout ce qu'il a fait ?

Izuku haussa les épaules.

— C'est Kacchan, dit-il comme si ça expliquait tout.

— Et alors ? insista Ochaco.

— Il était un peu lourd c'est vrai, mais il est incroyable, tu sais.

— Incroyable pour harceler les autres, ça, c'est sûr.

Izuku secoua la tête.

— Je ne sais pas comment t'expliquer Ochaco. Bien sûr que je lui en veux pour plein de choses, mais ça reste Kacchan. Regarde, j'ai toujours eu le droit de l'appeler comme ça et personne d'autre n'aurait pu. Je me souviens d'un petit baron qui avait essayé et qui s'était fait hurler dessus parce qu'il lui avait parlé avec familiarité.

— Tu as le droit de l'appeler comme ça et alors ?

— Ce n'est pas tout. Il m'embête, mais il n'a jamais refusé que je suive des cours avec ses précepteurs. Une fois il m'a même mis une épée dans les mains pour tenter de me rendre plus fort – même s'il a essayé de tourner ça au ridicule. C'est comme s'il essayait de se faire mousser tout en me gardant auprès de lui quand même. S'il me détestait tellement, pourquoi est-ce qu'il m'aurait laissé le suivre partout ? Il n'aurait eu qu'un mot à dire et nous aurions été séparés lui et moi, il aurait été débarrassé de moi. Mais il voulait garder un œil sur moi.

— Ce n'est pas suffisant.

Mais Izuku n'écoutait plus.

— Et enfermé dans ce coffre, j'ai repensé à tout ça pour ne pas sombrer dans la folie, pour ne pas que la terreur me détruise. J'attendais en me disant « Kacchan va te trouver, parce qu'il te trouve toujours ».

Ochaco l'écoutait et réalisa quelque chose que même Izuku n'avait sans doute pas compris lui-même. Il n'y avait pas que de l'admiration dans sa voix, il y avait autre chose.

— D'accord, j'ai compris, marmonna-t-elle, mais ne lui pardonne pas trop vite, laisse-le mariner, après tout il l'a mérité.

Izuku lui sourit.

— Je le ferai, dit-il avec un clin d'œil.

Ochaco lâcha l'affaire. Après tout c'était Izuku de décider de la suite.

À suivre.

L'autatrice : voilà un Deku sauvé par un Kacchan qui se prend une engueulade par Ochaco. J'espère que ce chapitre vous aura plu.