Ironie du Sort

Genre : Mythologie, Magie, Slash et Crossover.

Disclaimer : Tout m'appartient sauf les personnages.

Univers : Saint Seiya / Harry Potter

Couple : Hadès x Shun

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Remerciez Estelle Uzumaki pour ce mini-crossover défi.

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Merci à AliNoro (Hadès est vraiment à la ramasse pour s'occuper d'Harry. Mais Shun ne lui laisse pas le choix. A lui de s'améliorer ou de risquer la colère de l'ex-chevalier. Aucune de ses possibilité ne lui plait.) et tous ceux qui se sont connectés pour vos reviews !

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Pour ceux qui ne connaissent pas l'autre univers crossover, comme d'habitude, je rendrais la lecture facile et donnerait tout les éléments nécessaire à la compréhension au fur et à mesure.


Chapitre 8 : Promenades

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Assis derrière son bureau, Hadès baissa les yeux vers le petit être qui balbutiait avec excitation sur son tapis. Il soupira, son visage sombre trahissant une pointe d'appréhension alors que l'enfant se mouvait de plus en plus dans la pièce. Les humains de cet âge n'étaient-ils pas censés dormir presque tout le temps ?

Loin des préoccupations du dieu, Harry s'arrêta près d'une étagère et tendit ses mains pâles pour saisir l'objet qui l'intriguait.

« Non ! » le réprimanda sèchement Hadès dès qu'il remarqua ce qui se tramait.

Se levant prestement, il maudit l'imbécile qui avait laissé traîner son arme, puis se lamenta en se rappelant que c'était l'une de ses dagues puisque cette pièce était privée. Shun ne le lui pardonnerait jamais si un mal arrivait à l'enfant.

Une fois la lame tranchante mise en sûreté, Hadès se tourna à nouveau vers l'enfant et sentit la panique le prendre en voyant les yeux émeraudes briller de larmes.

« Pas encore… », se renfrogna le dieu face à la crise qui menaçait de s'abattre.

Harry, confus, et surprit par le mouvement soudain d'Hadès, fondit en larmes inconsolables. Ses gémissements se répercutèrent horriblement dans le bureau.

Hadès regarda la porte, craignant une subite apparition de Shun. Ce dernier lui avait confié l'enfant et bien qu'à contrecoeur, Hadès avait accepté la tâche pour rester dans ses bonnes grâces. Visiblement un échec. Sentant par avance la déception de Shun envers lui, Hadès tenta à la hâte de consoler l'enfant en lui tapant le dos avec maladresse. Sa tentative ne fit qu'exacerber les pleurs.

Pris au dépourvu et face à ses limites pour traiter avec un enfant désemparé, Hadès se remit à fixer la porte avec crainte. Qu'avait-il fait pour mériter ce châtiment ? Laisser Perséphone mourir , lui souffla perfidement son esprit.

Le visage froissé, Harry n'était pas content. Pourquoi la porte semblait-elle plus intéressante que lui pour le grand monsieur ? Il chouina plus fort jusqu'à ce que les yeux de son gardien se posèrent de nouveau sur lui.

Faisant appel à ses réserves de patience - très faibles, mais l'idée de contrarier Shun lui laissait peu de choix -, Hadès conjura une petite boule d'énergie et la fit tournoyer lentement entre ses mains. Un non averti pourrait confondre cette boule avec une âme, mais il n'y avait pas la moindre conscience dans cette sphère. La minuscule manifestation de son cosmos émettait une douce lueur éthérée, jetant une lumière enchanteresse dans la pièce. Hadès poussa la boule lumineuse vers l'enfant et elle commença à flotter autour d'Harry, illuminant son visage larmoyant. Alors que la lueur fit des pirouettes dans les airs, les larmes d'Harry commencèrent à se tarir, sa frustration s'estompant.

Fier d'avoir réussi à le calmer, Hadès fit un geste de la main et la lueur se métamorphosa brièvement en une mini-version de Cerbère. Les lèvres d'Harry se retroussèrent en un sourire hésitant puis rapidement son excitation revint.

« Ouaf, ouaf », dit-il en tendant la main, tentant de toucher la créature éthérée.

Hadès se moqua quand la main d'Harry passa à travers la mini-version de Cerbère qui redevint une simple boule de cosmos.

Harry fit la moue en observant sa main, puis la boule et inversement. Ses yeux s'illuminèrent d'un éclat malicieux et une explosion d'énergie magique l'entoura.

Devant les yeux étonnés d'Hadès, un gros chien noir en peluche moelleux se matérialisa.

« Patmool ! » s'exclama Harry en poussant son visage contre la fourrure du cabot.

Hadès regarda Harry avec incrédulité. Oh, il connait les petits tours de magie du gamin. Quand il travaillait à son bureau, ses propres cheveux avaient plusieurs fois changé de couleur quand le petit voulait attirer son attention. Mais la magie pure qui imprégnait encore la pièce lui révélait autre chose. L'enfant n'avait pas fait apparaître un objet existant. Il l'avait littéralement créé.

Le choc d'Hadès laissa place à l'envie. Il observa sous un œil neuf l'enfant qui babillait, apparemment engagé dans une conversation unilatérale avec le chien en peluche.

« Tu deviens intéressant, petit mortel. Comment as-tu fait cela ? » s'enquit Hadès, la voix remplie d'une véritable curiosité.

Comme s'il le comprenait, le babillage de l'enfant devint plus animé, sa petite main s'agitant comme s'il tentait de lui souligner quelque chose. Bien qu'il ne comprît pas la plupart de ses paroles, Hadès accorda à Harry toute son attention. Son expression sévère s'adoucit alors que pendant un instant fugace, le dieu des Enfers se rappela d'un temps lointain, dans le ventre de Chronos, où Poséidon babillait pour lui de la même façon.

Tandis qu'Harry continuait joyeusement son discours, Hadès se laissa porté par la chaleur qu'il ressentait et qu'il avait oubliée depuis longtemps. Comme une braise endormie, lui rappelant l'émerveillement et la joie qui habitaient autrefois son cœur.

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Il faisait froid. Trop froid. Comme si une couverture de glace l'enveloppait.

Il lutta pour bouger, pour s'éloigner du froid, mais il se sentait lourd, comme paralysé. Il n'arrivait qu'à frissonner, de plus en plus fort. Puis soudainement, il se mit à gémir alors qu'une autre indisposition le tourmentait. Il se sentait trop plein, comme s'il allait imploser. Il savait qu'il devait bouger. Il le fallait !

Mais il n'y arriva pas. Pourquoi n'y arrivait-il pas ? Il était pourtant réveillé. Ou peut-être que non. Est-ce un rêve ?

Il prit une profonde inspiration, se forçant à se concentrer sur ses sens. Il connaissait cette impression de paralysie. C'était la même que celle qu'il avait vécu alors que les inferi traînaient son corps brisé dans l'eau. Le froid mordant était celui de cette grotte et de l'eau glaciale qui l'avait submergée. Il se souvenait que trop bien de chaque seconde de cette agonie.

Il se sentait confus. Pourquoi cette souffrance recommençait-elle ? Il était déjà mort !

Ses yeux, trop lourds, s'ouvrirent enfin et comme un enchantement la chape de plomb qui le retenait se dissipa. Il était conscient du bruit de son propre battement de cœur qui tonnait bruyamment. Ouais, c'était nouveau.

Le troisième souffle qu'il prit le fit gémir et il poussa les draps qui le recouvraient, essayant d'atteindre sa poitrine alors qu'elle lui faisait mal et brûlait.

« C'est bien, tu es réveillé. »

Regulus sursauta en entendant la voix du juge des Enfers qui venait d'entrer dans sa chambre. Malgré son instabilité suite à son cauchemar, il tenta de se redresser avant qu'une sensation humide ne le fige. Les joues rouges de honte, il saisit avec panique son drap pour cacher la partie inférieure de son corps et le matelas.

Minos leva un sourcil. Qu'est-ce que le sorcier avait encore fait ?

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il en désignant le drap.

« Rien ! Je vais m'en occuper », cria presque Regulus, sur le vif.

Minos se rapprocha du lit et tira brusquement le drap pour trouver une tâche humide sur le matelas.

« Je n'ai pas réussi à contrôler suffisamment mon corps », s'agaça Regulus, la tête haute, mais les yeux brillants de honte et de colère.

Il s'attendait à une réprimande ou à une moquerie, mais à sa surprise Minos se contenta de remettre le drap en place.

« Je vais dire à un serviteur de s'en occuper », dit le juge des Enfers comme si de rien n'était.

« Je ne veux pas que quelqu'un d'autre le découvre ! », s'écria Regulus, mortifié.

« Pourquoi ? Il est normal que ton corps se réajuste à comprendre tes besoins physiques. Cela prouve que tu es plus vivant que mort donc c'est une bonne évolution. Dépêche-toi de te nettoyer et de t'habiller où nous allons partir. »

« Partir où ? » demanda Regulus, suspicieux.

Les sourcils froncés, Minos le regarda, comme s'il ne comprenait pas pourquoi Regulus ne se mettait pas en mouvement. Quand il devint évident que le sorcier n'allait vraiment pas bouger, Minos soupira longuement.

« La dernière fois, vous vouliez élargir votre zone d'entraînement. Si tu veux le faire, c'est maintenant. Je n'attendrais que dix minutes. »

A son grand contentement, Minos vit Regulus se lever du lit et se précipiter vers la salle de bain, tout en cachant avec ses mains son pantalon mouillé.

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Marchant en amont de Regulus, Minos, juge vénéré, portait une grande attention à accomplir la tâche inhabituelle que son souverain lui avait confiée.

S'occuper du sorcier qui avait besoin d'aide pour réapprendre à contrôler son corps et ses capacités magiques n'était pas une partie de plaisir. Son seul contentement était que le sorcier s'améliorait d'heure en heure. Bien sûr, le fait qu'en devenant un agent d'Hadès, les Enfers l'aidaient à recharger doublement son énergie facilitait ses progrès. C'était d'ailleurs pour cette raison que Minos avait accepté la requête du sorcier. Il était normal de récompenser les efforts de ce dernier pour s'améliorer.

C'est ainsi qu'il se retrouva à accompagner Regulus lors d'une sortie dans une partie isolée des Enfers. L'air était lourd du poids des âmes et les alentours dégageaient un fort sentiment de malais.

Regulus haleta, le souffle court.

Se mordant les lèvres, il repensa à tous les efforts qu'il avait faits depuis qu'Hadès l'avait plus ou moins ramené à la vie.

La première fois qu'il s'était mis debout, il avait essayé de marcher, désireux de manœuvrer ce corps longtemps perdu. Mais tous ses gestes lui avaient semblé étranges et maladroits, comme s'il était un caneton s'écrasant au sol après avoir quitté sa coquille. Il n'avait pu rester que quelques secondes debout avant que des secousses ne le prennent et qu'il retombe sur son lit.

Si la gêne de cet échec n'avait pas été assez, Regulus se retrouva à affronter de nombreuses crises d'angoisse par intermittence.

La deuxième fois qu'il se leva, ce fut sous l'incitation du juge des Enfers. Minos avait bien vite découvert les contre-effets d'une telle action lorsque Regulus se mit à hyperventiler devant lui à cause d'une nouvelle crise d'angoisse. Depuis, le juge faisait toujours attention aux signes précurseurs d'une crise, mais cela ne l'empêchait pas de pousser Regulus à marcher et bouger de plus en plus pour qu'il puisse améliorer le contrôle de son corps.

Cet entraînement épuisant, autant physiquement que mentalement, avait cependant accompli son objectif : les crises se faisaient moindres et Regulus retrouvait plus d'aisance dans son corps de chair. C'est pourquoi Regulus avait insisté pour élargir sa zone d'entraînement. Gérer la distance était son nouvel objectif.

Malheureusement, cela ne se passait pas aussi bien qu'il l'avait voulu. Alors qu'ils traversaient le paysage désolé et qu'ils atteignirent le bord d'un fleuve, l'anxiété de Regulus recommença à monter et sa panique menaça de le submerger.

« Je ne peux pas respirer », haleta-t-il alors que le fleuve faisait remonter les souvenirs de sa mort.

Minos soupira en regardant l'eau du Styx. L'état fragile du sorcier et ses attaques de panique récurrentes le mettaient à rude épreuve. Cependant son agacement faisait maigre poids face à son dévouement. Il comprenait également l'ampleur de la lutte du sorcier. Il avait consulté les registres sur la vie de Regulus et avait été assez impressionné par les raisons de sa mort.

« Respirez profondément, Regulus. Concentrez-vous sur le moment présent », lui conseilla Minos. « Vous avez le contrôle de votre respiration. Inspirez profondément et soufflez lentement. »

Regulus suivit les instructions du juge, sa respiration se stabilisant progressivement. La panique se calma, remplacée par un sentiment de calme et de fatigue.

Minos hocha la tête, fier que la crise soit passée si vite.

« Nous sommes tous confrontés à nos batailles, mais vous vous en sortez bien. »

Alors que Regulus fit un signe d'acquiescement pour montrer qu'il était à l'écoute, les sons de rire focalisèrent son attention sur un groupe de gardes non loin d'eux. Les gardes le regardaient avec amusement et même à distance, Regulus put les entendre se moquer de sa crise de panique.

Se sentant peu concerné, Minos reprit sa marche s'attendant à ce que Regulus le suive. Il ne s'attendit pas à ce qui se passa.

Regulus, bien que toujours ébranlé par sa crise, retrouva son allure noble et redressa sa posture. Ses yeux brillaient d'une nouvelle détermination, et sa voix avait un ton net alors qu'il s'adressa aux gardes.

« Je vous suggère de cesser de rire sottement. Un tel comportement est digne de paysans », les interpella-t-il, ses mots empreints d'une arrogance venimeuse qui aurait rendue fière sa mère.

Surpris par le changement soudain, les rires des gardes se transformèrent en un silence dubitatif.

« Qui crois-tu être pour nous parler ainsi ?! » s'insurgea l'un des soldats, incapable de contenir son mépris envers le sorcier.

Il tenta de saisir la main de Regulus pour lui apprendre une leçon, mais à cet instant un mur de magie le propulsa en arrière. La puissance brute lui fit faire un vol plané le faisant atterrir dans le Styx. Malgré lui, Minos se retrouva à applaudir. C'était une belle démonstration de puissance. Il avait sous-estimé le potentiel de Regulus.

Regulus prit une profonde respiration et lentement ramena sa magie en lui. La tension qu'il avait ressentie s'estompa aussi vite qu'elle était apparue, laissant derrière elle un mélange d'adrénaline et d'épuisement.

« Je m'excuse pour l'explosion », dit-il, agacé d'avoir fait de la magie accidentelle comme un enfant.

Minos sourit, une nouvelle appréciation pour sa charge brillant dans son regard.

« Votre démonstration était impressionnante. Surtout sans le bout de bois qu'affectionnent vos semblables. Avec des conseils, du contrôle et de la patience, vous pourrez devenir une force à craindre. »

Les yeux de Regulus s'écarquillèrent, une lueur d'espoir s'allumant en lui. Surpasser Sirius avait toujours été un rêve lointain. À force d'être constamment comparé à son frère aîné, Regulus avait voulu montrer à sa famille et aux autres que lui aussi méritait la reconnaissance et le respect. Sa précédente tentative en solo avait malheureusement mal fini. Il en est mort. Mais maintenant la possibilité d'atteindre une telle réalité lui était pratiquement suggérée.

« Comment ? » demanda-t-il, sa voix portant un mélange de désespoir et de détermination.

Avec un soupçon de sourire jouant au coin de ses lèvres, Minos répondit :

« Je vous aiderais à affiner vos capacités. Mais rappelez-vous que maintenant vous servez le seigneur Hadès. Vos pouvoirs serviront, avant tout, aux missions qu'il vous confiera. Pour le reste, tant que vous ne bouleversez pas l'équilibre du royaume souterrain, vous êtes libre d'affirmer votre place ici. »

À la suite de ses paroles, le regard que Regulus adressa aux gardes à proximité les fit suer d'avance.

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« C'est l'heure de la promenade ! Est-ce que papa a été bon avec toi ? » demanda Shun en faisant des grimaces pour faire rire Harry.

« Bien sûr que oui », répondit rapidement Hadès, avant que l'enfant ne puisse dire quelque chose de compromettant. Comme parlé de la dague… « Mais maintenant il veut passer du temps avec toi. »

Shun lui lança un regard non impressionné.

« Je passe beaucoup de temps avec Harry tous les jours. Contrairement à toi », siffla Shun en baissant la voix. « Tu n'as passé qu'une matinée avec lui. Et je ne compte pas là fois où j'ai eu des échos d'Harry se promenant seul dans les couloirs. »

Hadès sut immédiatement que les choses allaient s'envenimer s'il ne se montrait pas assez complaisant.

« Je vais le faire », déclara-t-il à contrecœur.

« Faire quoi ? »

« L'emmener en promenade », soupira Hadès.

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Shun prit un soin particulier à préparer Harry pour sa première promenade avec Hadès. Il l'habilla avec amour d'un manteau chaud, s'assurant qu'il était bien emmitouflé et protégé contre le froid du royaume, puis fit apparaître une pivoine qui alla s'incruster, tel un imprimé, sur le vêtement.

Il toucha la pivoine qui se mit à briller légèrement avant de reprendre son apparence normale.

« Je ne serais pas loin », dit-il, sa voix remplie de chaleur.

Harry gargouilla joyeusement en réponse.

Quand Hadès les rejoignit, Shun plissa les yeux et croisa les bras, attendant de voir ce qu'allait faire le dieu ronchon.

Avec une profonde inspiration, Hadès se pencha et prit l'enfant dans ses bras. Il s'arma de courage, déterminé à faire de son mieux, et posa l'enfant dans la poussette que Shun avait préparée.

L'air était lourd alors qu'ils s'aventuraient dans les chemins sinueux des Enfers. Hadès choisissant intentionnellement un itinéraire qui lui évitera de croiser ses employés. L'enfant, cependant, semblait inconscient du malaise du dieu. Au lieu de cela, il se délectait des apparitions fantomatiques qui voltigeaient autour d'eux. Harry tendit la main vers une silhouette spectrale, ses doigts minuscules effleurant la brume fantomatique. Des éclats de rire jaillirent de ses lèvres, se mêlant aux chuchotements étonnés des âmes.

« C'est déconcertant » murmura Hadès, mal à l'aise face au sentiment de légèreté qui s'était créé autour de lui. Il était fait pour être craint, mais le rire de l'enfant semblait remonter le moral des morts. Quelle perte.

Une âme s'approcha plus près d'eux. Sa forme changea pour reprendre la forme humaine translucide d'une vieille femme.

« C'est tellement réconfortant de voir un duo si charmant », leur dit-elle.

Hadès se retourna, cherchant de qui elle parlait.

« Il ressemble à son papa », continua-t-elle en s'approchant d'eux pour saluer Harry.

Hadès roula des yeux. Bien sûr que l'humain devait ressembler à son père. C'était de la pure biologie.

« Est-ce votre premier enfant ? »

Hadès sentit son cœur rater un battement. Son expression habituellement stoïque faiblit. Il essaya de conjurer une réponse, mais les mots se coincèrent dans sa gorge. Son esprit s'emballa, réfléchissant à la manière de résoudre le malentendu évident.

Avant qu'il ne puisse formuler une réponse cohérente, il se rendit compte qu'une odeur soudaine flottait dans l'air – une odeur distincte qui ne pouvait être ignorée. L'enfant avait sali sa couche.

Le premier réflexe du dieu fut de lâcher la poussette et de se reculer. Il serait déjà parti s'éloigner de la puanteur si la pivoine sur les habits d'Harry ne s'était pas mise à briller. Hadès regarda autour de lui, s'attendant à voir Shun apparaître. Mais après de longues minutes où la pivoine devint dangereusement d'un rouge luminescent et que des lingettes et une couche se matérialisaient près de lui, Hadès écarquilla les yeux de réalisation. Shun ne viendra pas.

« Je n'arrive pas à croire que je doive faire ça », marmonna-t-il avec résignation.

Avec une forte réluctance et de nombreux efforts, il mit la poussette en position allongée et entreprit de changer la couche souillée.

Le nez plissé de dégoût, il pouvait sentit le regard de la grand-mère sur lui, un mélange d'amusement et d'empathie émanant de sa présence éthérée. C'était extrêmement humiliant, songea-t-il. Quid de sa stature divine face aux réalités de s'occuper d'un enfant ?

Avec des mouvements maladroits, Hadès nettoya l'enfant et remplaça la couche souillée par une autre propre.

Si la nouvelle couche était de travers et que le nombre de lingettes utilisées fût trop important, cela n'était pas son problème. Il venait de vivre un vrai supplice. Peut-être devrait-il considérer la couche souillée comme une arme offensive où comme un châtiment pour l'un de ses champs de punitions ? Ou un cadeau pour Athéna ?

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Shun se tenait dans les quartiers privés, qu'il avait autrefois appelés maison. Dans ce lieu, quand il était encore Perséphone, il avait espéré une vie emplie de bonheur et de liberté loin la protection étouffante de sa mère. Mais ses espoirs s'étaient effondrés lorsque la trahison avait frappé. L'un des disciples d'Hadès, l'avait trahi.

Dans le silence oppressant de la chambre, Shun laissa éclater sa douleur. Les chaînes de son armure surgirent autour d'elle et déchirèrent tout sur leur passage. Les meubles volèrent en éclats, les murs se fissurèrent, et le sol trembla sous la puissance de sa colère. S'il avait récupéré tous ses pouvoirs divins, il savait que des racines et des lianes se seraient ajoutées au chaos.

Les larmes coulaient sur son visage, mélangent de la tristesse et la fureur qui serraient son coeur. Il avait espéré qu'Hadès fasse plus d'effort pour venger sa mort maintenant qu'il savait que le traître se trouvait aux Enfers, mais au lieu de cela, Hadès semblait agir comme si leur séparation n'avait pas eu une cause brutale.

Il se sentait piégé, seul et doublement trahi. L'idée qu'Hadès puisse être derrière sa mort la tourmentait de plus en plus. Était-ce possible ? L'avait-il abandonné sciemment ? Ses chaînes s'enroulèrent autour de lui, comme pour le réconforter. La pièce dévastée reflétant parfaitement son propre tourment intérieur.

Shun finit par retrouver son calme et utilisa ses pouvoirs pour faire disparaître les objets endommagés et cassés. À peine eut-il achevé sa tâche que la porte s'ouvrit, révélant Hadès qui poussait la poussette contenant leur enfant.

« Que s'est-il passé ? » s'inquiéta immédiatement Hadès.

Plus que la pièce dépouillée, ce furent les yeux rougis et les traces de larmes sur le visage de Shun qui le préoccupa.

Ignorant la question, Shun se précipita vers la poussette. Il prit Harry dans ses bras, l'enlaçant avec une tendresse désespérée.

« Ma ? » demanda Harry en bâillant avant d'appuyer sa tête contre la poitrine de Shun.

« Oui mon cœur », murmura Shun en le berçant doucement

Hadès observa silencieusement le comportement de Shun. Quand Harry s'endormit, Hadès fit un pas en avant, prêt à demander à son aimé ce qui le tourmentait. Mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, Shun s'en alla avec l'enfant.

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A suivre !

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