Bonsoir à tous !

J'ai longtemps hésité avant de publier cette histoire. Mais ne trouvant pas beaucoup de FF sur eux, je me lance !

Bonne soirée.

À ceux qui la liront, j'espère qu'elle vous plaira.

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Tut-Tut-Tut.

Putain, encore ce foutu réveil. Un jour, je finirais vraiment par l'exploser. Quelle idée de se réveiller à cette heure-ci ? Six heures du matin. Je détestais ça. Mais aujourd'hui, c'était un jour spécial d'après l'alpha. D'ailleurs, c'était quand même un peu grâce à moi qu'il l'avait eu, ce titre. Il devrait m'être reconnaissant. Enfin, je l'avais pas mal mis en danger aussi. « Ça compense dirons-nous. Bon allez Peter, lève toi, un peu de nerf. Il me faut un café, noir et bien serré. » M'ordonnai-je. J'allais encore devoir affronter les regards médisants de ces jeunes adultes pré-pubères. Je savais bien que je n'étais pas un exemple à suivre, je les avais déjà presque tous trahis au moins une fois, sauf peut-être Malia. Mais j'avais toujours mes raisons. Je n'étais pas si terrible que ça, si ? En plus, depuis plusieurs années, je faisais tout pour me racheter. Je les aidais, je passais littéralement ma vie à les écouter déblatérer des conneries plus grosses qu'eux.

Toutefois, aujourd'hui, je pouvais bien faire un effort. Aujourd'hui, c'était différent. C'était l'anniversaire de la mort d'Allison. Le dixième. Elle aurait eu vingt-six ou vingt-sept ans, peut-être vingt-huit ? Je ne savais pas trop à vrai dire. C'était une chasseuse mais elle était différente. Plus ouverte d'esprit, plus sage. C'était le grand amour de Scott. Depuis qu'elle était partie, il n'était plus le même. Son innocence l'avait quittée. Dix anniversaires, c'était long. Dix ans que Chris se rendait sur sa tombe. Je n'osais même pas imaginer son état de tristesse. Je n'étais pas le père de l'année mais s'il devait arriver quelque chose à Malia.. Je n'étais pas sûr d'y survivre. Et lui, tous les jours, il trouvait la force d'avancer. Rien que pour ça je l'admirais. Je comprenais son envie de lui rendre hommage après tout ce temps. « Peter, c'est un jour très important. Chris a décidé de faire une journée commémorative. Je compte sur toi. », oui Scott, j'allais me tenir à carreau. Oui Scott, je ne serais pas en retard. D'ailleurs, il fallait que je me dépêche, il était déjà six heures et demie et je voulais aider pour les préparatifs.

À vrai dire, je ne savais pas trop comment m'habiller. L'ambiance risquait d'être pesante. Je pensais que mon costume noir ferait l'affaire. Chic et sobre. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas passé. J'espérais ne plus le faire. Heureusement, il m'allait encore plutôt bien. Il amincissait légèrement mes jambes, les rendant plus longues et étant légèrement cintré, il permettait de mettre en valeur la musculature de mon torse. Bien. Maintenant le visage. « Tu sais que tu fais peur, mon petit Peter ? Tu fais au moins dix ans de plus. » murmurai-je à mon reflet. Si seulement mes cauchemars me laissaient tranquille. Je décidai de laver ma figure à l'eau claire. Son contact me faisait du bien. Elle me revigorait. Mon teint était un peu

plus rosé, le bleu de mes yeux ressortait. En me regardant de plus près, je pouvais l'affirmer, j'avais bien fait de me laisser pousser une petite barbe. Ça me donnait un petit air de loup sexy. Malheureusement, malgré mes tentatives, j'avais beau me regarder encore et encore, je n'arrivais pas à l'effacer de mon esprit. Cette cicatrice qui m'avait défiguré, qui m'avait fait devenir un monstre. Si seulement je n'avais pas… Stop. Je n'avais pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Je finalisai ma tenue par mon long manteau gris et ma longue écharpe. Je les aimais bien, ça me donnait un côté intellectuel.

Une fois dehors, le froid me glaça le visage. Parfait, il me réveillait. Et il fallait que je sois à cent pourcent de mes capacités. Aimable et courtois, cela ne devrait pas être si compliqué. Je me convaincs d'aller chez Chris à pied. Une petite trotte, mais j'avais besoin de ce temps pour respirer, pour me préparer psychologiquement à affronter le deuil d'un père. Je ne pouvais pas m'empêcher de faire un putain de transfert. Je n'étais vraiment pas à l'aise à l'idée d'écouter des discours interminables sur la douleur que pouvait bien ressentir le chasseur. C'était affligeant, ça me rappelait mes propres démons. Laura… « Et merde, des larmes. Non, non, tu es un Hale, tu es Peter, tu dois rester digne. Souris. » Voilà, je préférais que les gens me pensent imbus de ma propre personne, qu'ils ne découvrent mes faiblesses. Jamais personne ne devait savoir. Je resterai Peter Hale, l'oncle narcissique de Derek à vie. Ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux mais je n'avais pas à affronter les regards compatissants qui me révulsaient. Du moins, c'est ce que je croyais.

J'étais déjà devant la maison. Décidément, j'étais trop perdu dans mes pensées. « Stiles, sort de ce corps... Allez Peter, tu l'as déjà fait des millions de fois, sonne et donne le change. »

- Qui est là ? Demanda une voix familière derrière la porte.

- C'est moi, Peter.

- Entre !

Mélissa ouvrit la porte et me laissa entrer dans la demeure des Argent. Elle était vraiment ravissante. Ses cheveux noirs frisés tombaient autour de son visage un peu trop marqué par la vie. Elle portait une robe noire resserrée à la taille par une ceinture couleur or. Je m'approchais pour lui faire une petite accolade. Elle n'était pas très rassurée mais ne me repoussa pas.

- Je peux me rendre utile ? Lui demandai-je.

- Chris est dans la cuisine… Merci, je ne m'attendais pas à te voir si tôt à vrai dire.

Et voilà, j'étais catégorisé, encore une fois, comme dépourvu de sentiments. C'était pénible. mais j'étais las de me battre contre leur fantasme. Je prenais donc mon plus beau faux sourire et je lui répondis avec un petit air narquois qu'on m'avait forcé à venir sous peine d'être jugé de traître national. Au moins, elle avait décoché un petit sourire en coin. Elle m'orienta vers la cuisine avant de disparaître dans le salon. En tendant l'oreille, je pouvais reconnaître les voix de Scott, Stiles, Noah, Natalie et Lydia. Je passai la tête à travers la porte de la cuisine pour observer les lieux. Chris était là, seul, il observait l'évier devant lui. Il

était perdu dans ses pensées. Je pouvais sentir une odeur de désespoir envahir la pièce. Tout ce que je voulais éviter. Mais je pouvais difficilement fermer les yeux face à son mal-être. Je frappai à la porte ouverte en éclaircissant ma voix. Il se frotta le visage d'un revers de manche et se retourna avec un demi-sourire étrangement éblouissant.

- Salut Peter. Ça va ?

- Bonjour, mmh. Comment tu te sens, toi ?

- Ça va, ça va. Les autres finalisent la décoration. Et moi je… Je…

Il ne put finir sa phrase, alors je tentai de l'aider comme je pouvais.

- Tu te perds dans la beauté naturelle de ce bel évier. Je te comprends, j'ai aussi du mal à en détourner mes yeux.

- Merci, ricana-t-il.

- Tu as besoin d'aide ?

- Ouais, le traiteur ne va pas tarder à arriver. J'essaye d'arranger la cuisine au mieux.

- Je vais t'aider.

Je lui tapotais l'épaule en signe de compassion, il me remercia avec un sourire triste. J'enlevai mon manteau et, sous les ordres du père endeuillé, je commençais à sortir plusieurs boissons.

- Oh tiens, salut Peter, s'exclama une voix derrière moi, je la reconnaissais bien.

- Salut, monsieur l'hyperactif, lui répondis-je sans me retourner.

- Tu vas bien ? C'est rare de te voir si matinal.

- Bien. Et toi ?

- Comme on peut… Merci d'être venu nous aider.

- On m'a forcé la main.

- Mais oui, bien sûr.

Stiles me fit un clin d'œil. Il avait tout compris, c'était vraiment le plus intelligent de la bande.

- Quoi ?! Peter est là ? Oh salut !

- Bonjour Scott. Je… Courage pour aujourd'hui.

- Merci, ça me touche que tu sois venu.

On y était, c'était le moment câlin. Il était un peu trop tactile pour moi. Je ne détestais pas ça mais, je n'étais pas dans mon élément. Je me retins de le repousser. C'était un gosse perdu. Je jetai un coup d'œil désespéré à Chris pour qu'il me vienne en aide. Il n'en fit rien, il était trop occupé à s'amuser de la situation. Je lui frappai maladroitement le dos en signe de compassion. Il relâcha enfin son étreinte mais continua de me fixer avec ses grands yeux humides. « Qu'attends-tu de moi Scott ? Tu le sais pourtant, je ne suis pas très sentimental. Les secondes me paraissent interminables quand tes yeux me sondent de cette façon. S'il te plaît, arrête ça. » le suppliai-je intérieurement. Je ne voulais pas que mes sentiments débordent. Puis, comme s'il m'avait entendu, il finit par regarder le père éploré me laissant enfin respirer. Je devais prendre l'air rapidement, sinon j'allais craquer.

- Je reviens, pause salariale sans quoi je crie à l'esclavagisme. Dis-je sur un ton faussement satirique.

Heureusement, personne ne me posa de questions, ils avaient l'habitude de ma nonchalance. Je sortis par la porte de derrière, la fraîcheur me fit frissonner mais me donna, aussi, l'impression de glacer mes émotions. « Ne craque pas. Sois le Peter Hale qu'on attend, froid et manipulateur. »

- Alors, comme ça on a besoin d'air ?

Merde. Pas lui, pas maintenant.

- Cher neveu. Comment vas-tu ?

- Bien et toi ?

- Très bien. Je suis juste un peu fatigué, j'ai profité un peu trop hier soir, si tu vois ce que je veux dire.

Je refusais de croiser son regard, je me contentais de fixer le jardin et de prendre une mine supérieure. « Ne craque pas. »

- Tsss, ajouta t-il seulement.

Je ne voulais pas voir le gris de ses yeux. En tant normal, j'arrivais à combattre toute ma culpabilité mais pas aujourd'hui. Il se plaça à mes côtés et resta aphone. Il était doué pour ça Derek, son silence en disait souvent plus que ses paroles. Là, je me prenais à espérer qu'il s'agissait d'un réconfort muet, d'un « Je te comprends Peter. Je suis avec toi. » retenu. Malheureusement, il fallait que je sois un peu réaliste, j'avais tué sa grande sœur et ça, il ne me le pardonnerait sûrement jamais. J'avais envie de partir et de retourner dans mon appartement trop grand et trop calme. Qu'est ce qu'il m'avait pris ? Je ne serais jamais réellement à ma place ici, à Beacon Hills. Et si… Je m'éloignai ?

- Tout ira bien. Reprit mon voisin en me frottant légèrement le dos.

- Quoi ?

- Viens. On doit au moins faire du présentiel maintenant qu'on nous a vu.

- Ouais.

- Et je crois que Malia est arrivée.

Malia. Ma fille. Je rêvais qu'elle puisse m'appeler « papa » un jour. Je comprenais sa réticence, je n'avais pas été là pour elle. On m'avait volé mes souvenirs et de précieuses années à ses côtés. Elle était devenue si forte et si belle. J'étais fière d'elle. J'aurais aimé avoir le courage de lui dire tout ça, un jour peut-être. Je ne pu retenir un soupir de frustration et je me décidai à suivre Derek à l'intérieur. Effectivement, elle était là, splendide et au bras de Liam. Je ne savais quelle idée saugrenue les avait rapprochée mais attention petit bêta, je te surveillais. Elle affichait un petit sourire triste.

- Bonjour Malia et… Salut toi. Les saluais-je avec un regard inquisiteur.

- Bonjour Peter, me répondit ma descendance avec une joie sincère.

- Euh salut Peter. Tenta timidement de s'immiscer son petit ami.

Il me fixait avec un petit air désolé. J'aimais bien jouer mon côté paternel même si au fond, il avait l'air de la rendre heureuse donc je tolérai sa présence à ses côtés. La situation était assez cocasse, je devais bien l'avouer. Chris nous remercia encore d'être venu nombreux pour le soutenir dans cette journée plus que difficile. Sa voix était profonde et envoûtante. Je pourrais l'écouter parler des heures. Mais ce n'était ni le moment ni l'endroit pour penser à ce genre de choses. Il nous donna quelques petites choses à faire et se retira pour se préparer. Je faisais équipe avec mon neveu pour monter des tables dans le jardin pendant que Stiles et Lydia finissaient de préparer la décoration. Bien qu'un peu sceptique quant à leur relation, je devais bien admettre qu'ils formaient un couple particulièrement intéressants. J'en fis la remarque à Derek qui ne semblait être que très peu passionné par le sujet. D'ailleurs, je ne me souvenais pas de l'avoir vu avec une autre personne depuis son escapade amoureuse avec… miss cicatrices. J'avais oublié son prénom. Super l'oncle. Je me mordis la joue, je divaguais encore, comme si je tentais désespérément de fuir cet endroit.

Les derniers préparatifs effectués et les autres convives arrivés, il était temps. La petite sauterie morbide commença. On avait été invité à s'asseoir sur des chaises disposées devant une petite estrade. C'était Chris qui parlait en premier, il ressortait de vieux souvenirs qu'il avait de sa fille disparue, de sa naissance à son adolescence. C'était très émouvant. Certains pleuraient en silence, Scott, Lydia, Stiles et Isaac. D'autres moins expressifs se contentaient de serrer les mâchoires, Noah, Jordan, Mélissa, Malia. Et puis, il y avait nous, les anciens Hale, ceux qui avaient trop d'honneur pour montrer leur sentiments, on restait impassible devant ce flot de tristesse. Vint le tour de mon petit Alpha, ses paroles étaient souvent coupées par des sanglots étouffés. Il raconta leur rencontre, son amour immédiat pour elle, leurs différences qui avaient fini par les rapprocher et son sentiment d'une histoire non achevée, comme si on lui avait arraché une partie de sa vie. Il était doué pour parler.

Bon, pas autant que moi mais je comprenais pourquoi les gens le suivaient. Et pour terminer Isaac. Pauvre gamin mais il avait pris de l'assurance, ça se voyait. Derek grogna, je tournai la tête pour y voir beaucoup de compassion. C'est vrai que ce gosse était son bêta d'origine, le seul survivant. Il ne s'était jamais pardonné de leur décès, je pouvais le lire sur son visage. Alors le voir aussi triste, devait être difficile. Isaac expliqua ses sentiments, sa tourmente qui le suivait depuis quelques années. Toutefois, il laissa également paraître une petite fenêtre d'espoir, comme il le disait si bien, Alisson n'aurait pas aimé qu'on reste accroché au passé. Il fallait avancer pour lui faire honneur. Sur ses dernières paroles, il arborait un sourire charmeur. Je vis mon neveu se détendre un peu. Il était sentimental dans le fond. Quel idiot, ça avait toujours été sa faiblesse. Tout le monde savait que derrière son apparence froide se cachait un cœur tendre, alors que moi, on pensait encore que j'étais un être immorale. Et dans le fond, ils avaient peut-être raison. Enfin Chris annonça que le buffet était ouvert. Je regardai l'heure, treize heures. Bien, je pouvais rester encore trois heures et quitter cette ambiance étouffante. Je me dirigeai vers la nourriture qui était plutôt appétissante je devais l'avouer, quand une main se posa sur mon épaule.

- Tu restes encore un peu Peter ? Demanda le père endeuillé.

- Oui, de la nourriture gratuite, je ne vais pas dire non.

- J'aimerais te parler un peu, me sourit-il.

Il avait vraiment un beau sourire pour un chasseur. Ça devrait être interdit d'avoir autant de charme.

- Si tu veux, répondis-je.

Je me tournai vers la serveuse pour lui demander un verre d'alcool fort. Elle avait les yeux rivés sur Argent et rougissait légèrement. Que ça pouvait bien m'énerver, j'étais beau moi aussi et je n'étais pas qu'un simple humain, pourquoi restait elle obnubilée sur lui ? Désolé Chris mais, celle-ci était pour moi.

- Bien, je fais le tour des invités et je te rejoins Peter ?

- Oui… Mademoiselle, pourrais-je avoir un petit verre de Scotch s'il vous plaît ?

- Bien sur monsieur.

- Appelez-moi Peter, voyons.

- D'accord Peter.

Je lui montrai mon plus beau sourire et je la vis rougir. Touché. Je la fixais pendant qu'elle versait le liquide dans mon verre. Elle était de taille moyenne, blonde, les cheveux longs attachés, des yeux noisettes et des petites fossettes se dessinaient à chaque fois qu'elle souriait. Elle était vraiment jolie. Son cœur battait rapidement et je sentais qu'elle ne restait pas insensible à mon charme.

- Tenez… Dit-elle en me tendant le verre que j'acceptai en frôlant légèrement sa main.

- Merci mademoiselle… ?

- Délia.

- Merveilleux prénom. Et bien Délia, j'espère que nous serons appelés à nous revoir. Je vous laisse travailler.

Sans attendre sa réponse, je fis volte face pour discuter avec diverses personnes. Je félicitai ceux qui avaient eu le courage de parler. Je fis quelques blagues qui soulagèrent légèrement l'ambiance tout en faisant bien attention de croiser régulièrement le regard de la jolie blonde. Mon manège ne passa pas inaperçu aux yeux de Derek qui m'en fit la remarque. Il m'expliqua que ce n'était pas le moment de batifoler. Je lui répliquai que contrairement à lui, loup aigris, j'étais encore émotionnellement actif. Il se vexa et me menaça. Je ne pu retenir un petit rire devant la simplicité déconcertante pour le taquiner. La suite de l'après-midi se déroula simplement. Je n'avais qu'une idée en tête, récupérer le numéro de Délia et rentrer chez moi. Cependant, je devais patienter, le chasseur était bavard et pour ne rien arranger, Mélissa McCall le suivait partout. Je l'estimais beaucoup, elle me faisait penser à Talia. Aussi forte et intelligente qu'elle. Je pouvais comprendre la tendresse qu'Argent lui vouait même si elle en demandait plus.

Vers dix-huit heures, il arriva enfin à se libérer. Il s'approcha de moi pour me demander si je voulais boire quelque chose. Naturellement, je lui proposai d'y aller à sa place, il accepta visiblement épuisé de sa journée. Je me faufilai vers la belle serveuse et lui commandai deux bières. Toujours intimidée, elle me les tendit. Je profitai d'un petit moment de flottement pour lui passer une note avec mon numéro. Sa fréquence cardiaque était haute et le rouge l'inondait. Mission réussie. Pendant que je flattais mon ego, je rejoignis le père éploré. A mon approche il me fit un de ses merveilleux sourires. Elle avait raison Délia. Il ne me laissait pas de marbre non plus. Je me giflai intérieurement, « Tu as déjà la serveuse, tu veux quoi de plus ? » me fustigeai-je.

Il me proposa de le suivre et j'acceptai. Il m'emmena sur un petit bout de terrasse reculé. À l'abri des regards, il s'appuya contre le mur et fixa le soleil qui déclinait.

- Désolé, j'imagine que tu as d'autres choses à faire que de supporter un chasseur en quête d'attention, ricana-t-il. Mais je ne sais pas vers qui me tourner et je ne sais pas pourquoi, tu m'es venu en tête. Peut-être parce que toi, tu ne me regardes pas avec cet air de pitié…

- Ça ne me dérange pas, grognai-je.

- Peter… Je suis fatigué. Tout le monde s'attend à ce que je sois fort, mais… Je n'en peux plus.

Il souriait cependant ses yeux étaient emplis d'une mélancolie désastreuse. Je ne le comprenais que trop bien. Il but une gorgée et continua.

- Le grand chasseur… Je n'ai pas le droit de m'effondrer rien qu'un peu. Scott, Mélissa… Ils comptent tous sur moi. Je n'y arrive plus. J'ai l'impression de mourir à petit feu.

J'avais envie de poser ma main sur son épaule mais je n'étais personne. Je ne me sentais pas légitime d'avoir pour lui un geste de tendresse. Je serrai fort le poing, à tel point que je sentis mon sang s'échapper.

- C'est pathétique hein ? Me demanda t-il tristement.

- Non. Tu te sens seul, tu t'oublies, tu essayes de donner le change. C'est éreintant.

-... Oui.

Des larmes silencieuses coulèrent le long de ses joues. Comment un visage aussi radieux pouvait cacher une telle détresse ?

- Chris. Je suis mal placé pour te dire ça, mais, tu as le droit de montrer tes sentiments et tu as le droit de penser à toi. Nous… Les autres, ceux qui t'aiment, ils t'accepteront comme tu es. Parce qu'au-delà du chasseur téméraire, tu es aussi un homme et tu as le droit d'avoir des faiblesses.

-... Je ne savais pas que tu pouvais être aussi bon conseiller Hale.

- Quand je vous dis que je suis une personne pleine de surprise et incroyablement intelligente.

- Merci !

Il tourna la tête vers moi et le coin de ses lèvres s'étirèrent pour laisser paraître un sourire sincère que je ne connaissais pas. Je ne l'avais jamais vu. Je m'imposai de le graver dans ma mémoire. Juste pour cette fois, j'étais heureux d'être le seul à être spectateur de cette expression.

- On est… Amis ? Hésita-t-il en me tendant sa main.

- Faut croire, lui répondis-je aussi détaché que possible.

Je la lui serrai puis nous restions là un moment. Je respirais son odeur de poudre et de bière en savourant le commencement de cette nouvelle relation.