Chapitre 4 : Eau

[POV Barbe Blanche]

J'entre dans la chambre d'Ariel avec son petit déjeuner, je le pose avant de m'approcher, elle dort paisiblement avec un léger sourire au visage.

J'ai eu tort de la tourmenter ainsi, j'ai été trop pris par ma colère quand elle a accusé Teach.

Je m'en veux.

- Hum…

Ah elle se réveille et se redresse péniblement :

- Tu peux dormir encore un peu.

- Ce sera compliqué maintenant que je suis réveillée, dit-elle en baillant.

- Bien dormi ?

- Oui je vous remercie, j'espère que vous également.

- Pas vraiment.

Elle me regarde surprise, visiblement embêtée pour moi, ce n'est pas possible cette petite est-elle donc si gentille que ça ?

- Ah… je suis désolée pour vous…

- Ce n'est pas ta faute, mais de la mienne.

- Comment ça ? Pourquoi ça serait votre faute ?

Elle est longue à la détente, mais je dois avouer que ça a un côté très adorable :

- Je m'en veux de t'avoir tourmenté comme je l'ai fait, finis-je par dire. Je n'arrive toujours pas à croire que Teach puisse commettre l'irréparable. Et d'un autre côté je n'arrive pas non plus à croire que tu sois malhonnête. C'est compliqué pour moi de faire face à ces deux réalités. Je suis du genre sanguin et impulsif c'est vrai, mais je sais aussi d'expérience que c'est très mauvais et que je regrette souvent des choix et décisions. Il est plus facile de se laisser aller que de se poser et réfléchir.

Un silence s'installe, elle ne dit rien, je zieute vers sa direction, elle est assise et fixe ses mains posées sur sa couverture, devant elle :

- Je ne vous en veux pas véritablement, je vous comprends. Vous êtes un père ici et vous aimez chacun de vos hommes comme si c'étaient vos fils. Evidemment qu'on croit en premier lieu son fils, son enfant plutôt qu'une étrangère. Vous ne me connaissez pas et moi non plus… c'était une erreur de ma part de tout vous déballer ainsi, sans réfléchir.

Cette femme est la bonté et la gentillesse même, ce n'est pas possible. Bon sang mais faites qu'elle me ment ! Teach dit-moi que tu n'as pas de telles ambitions ! Je n'arrive vraiment pas à savoir qui je dois croire, mais pour l'heure :

- C'est quelque chose que je déteste faire par-dessus tout, mais, je te demande pardon, même si ça n'effacera pas tout ce qui s'est passé, je veux que tu le saches.

- Merci de vos excuses, honnêtement je ne les attendais pas vraiment. Je ne les accepte pas, pas dans l'immédiat, c'est encore trop frais, trop vif, mais… je pourrais vous pardonner il me faut juste du temps.

- Tu es la bonté même.

- J'essaye de l'être pour ne pas ressembler à mon géniteur et rendre le monde meilleur.

Son géniteur ? Avec un tel nom elle sous-entend clairement qu'il a commis quelque chose d'horrible. Je suis curieux, mais… je ne me sens pas en droit de lui demander.

La seule chose que je fais, c'est de lui tendre mon paquet.

- Tiens c'est pour toi.

Elle me regarde incrédule, elle ouvre délicatement l'emballage qui laisse place à un lourd livre :

- Vous m'avez vraiment acheté un livre à l'eau de rose.

- Oui… enfin pas trop… non plus…

- Comment ça ?

- Les histoires mielleuses c'est bon pour les enfants…. Alors attend toi à lire une histoire pour adulte.

Je la vois être estomaquée avant de rire nerveusement :

- Je ne sais pas ce qui me perturbe le plus, de voir que vous tentez des blagues et de l'humour avec moi ou bien de comprendre que vous m'avez offert un livre avec des scènes torrides.

- Les deux je dirai, rétorquai-je avec un début de sourire.

Elle lâche un rire plus naturel et détendu à ma réponse.

- Probablement. Bon… euh… merci…

Je lâche un petit rire devant son air embarrassé.

- Bon je te laisse tranquille pour aujourd'hui.

- Que voulez-vous dire ?

- Que je ne vais pas te poser de questions.

[POV Ariel]

C'est une première, mais je l'apprécie cette journée de pause.

- D'accord.

Il part et me laisse là.

Je regarde le livre et je repense à notre discussion, c'était lunaire. C'est moi où Barbe Blanche tente de se faire pardonner et de se rattraper ?

Je vois qu'il essaye de faire des efforts, un peu manchot, mais j'imagine que pour un homme avec une telle renommée, qui impose sa loi, ça doit être délicat d'admettre ses torts et d'écouter ce qu'un tiers peut avoir à lui dire. Quand on repense à la discussion qu'il a eu avec Shanks quand il voulait le prévenir du danger que courrait Ace à poursuivre Teach, Newgate l'a envoyé paître et avant c'était son messager Rockstar.

Alors moi, une jeune femme, très, très loin d'être son égale, son égo a dû en prendre un sacré coup. Mais c'est une bonne chose s'il doute, au moins il va surveiller Teach et veiller à la sécurité de Thatch. Ce n'est qu'une question de temps avant que je retrouve ma liberté.

Je soupire, un mélange d'espoir et soulagement.

Bon je n'ai plus qu'à m'habiller.

Je me prépare rapidement avant de petit déjeuner tout aussi vite, j'ai qu'une envie c'est de dévorer cet énorme ouvrage ! Les heures où j'étais seule, sans la moindre occupation étaient longues, donc avoir un peu de lecture est bienvenue.

Voilà j'ai fini de manger, je me lave rapidement les dents, avant de m'emparer de mon ouvrage. Vient dans mes bras cher livre !

Il est magnifique et broché, la première de couverture me rappelle beaucoup celle des éditions Cranford collection avec des fleurs et des dorures. C'était dans la même veine.

Le livre était sur fond rouge avec de belles roses rose grimpantes.

Je regarde au dos, pas de résumé, je n'ai que le titre et l'auteur : Passionnément romantique de Nona. Alors là je ne connais pas… logique tu me diras comme je suis pas de ce monde…

J'ouvre et l'odeur de papier m'envahit, j'adore ce genre de livre, si vintage, si authentique.

Sans plus attendre je commence ma lecture.

Les heures passent et je suis rouge, j'ai rarement lu un roman d'amour avec des scènes torrides aussi bonnes. Il ne m'a pas pris de la merde le Barbe Blanche. Clairement il essaye de se rattraper.

D'ailleurs je l'entends arriver, je planque mon livre sous mon oreiller et file dans la salle de bain pour mettre de l'eau froide sur le visage pour tenter désespérément de faire disparaitre mes rougeurs.

- Alors ? J'entends depuis la salle d'eau pendant que je m'essuie.

Alors quoi ? J'espère qu'il ne veut pas avoir mon avis à chaud sur le bouquin.

Je sors de la salle de bain et le confronte :

- Alors quoi ?

- Tu es longue à la détente, je parle du livre.

- Il… il est bien, dis-je rapidement. Je croyais que vous ne passeriez pas….

Tentons de changer de sujet, je vois qu'il sourit.

- Faut bien que tu manges, dit-il avec un air satisfait de m'avoir perturbée avec sa question.

- Certes…

J'ose plus le regarder dans les yeux, je m'installe à table et commence mon repas avant de le voir partir, j'attends deux petites minutes avant de me jeter sous le coussin. Et je poursuis ma lecture tout en mangeant.

J'ai été coupée en plein moment torride, c'est criminel ça.

Ah… si seulement je pouvais vivre ce que vit l'héroïne…

Je n'ai jamais eu de petit ami… en même temps… qui aurait voulu d'un « monstre » comme moi ? Avec toutes mes cicatrices… et ma grande taille… j'étais laide… affreuse… Je ne sais pas ce que ça fait d'être aimée… ou même désirée.

Et pourtant… quand je lisais des histoires comme celle que je suis en train de lire, ça semblait si… merveilleux même s'il y avait des hauts et des bas.

Je soupire et chasse ces idées noires.

Mon corps a complétement changé, alors peut-être que… je peux… espérer ? Non ?

En attendant des jours plus propices j'ai au moins ce livre pour m'évader et imaginer.

Même si le lire est aussi appréciable que frustrant, comme j'aimerai être le personnage féminin, ça avait l'air tellement merveilleux….

Je soupire, si je retrouve ma liberté, faut vraiment que je me réalise, que je trouve quelqu'un de bien, de gentil et que j'assume pleinement ma sexualité et mes envies, faut au moins que je réalise ça dans cette vie. J'aimerai connaître autre chose que des coups… j'aimerai connaître la douceur et les caresses. Et puis… je veux plaire, je veux être belle aux yeux de quelqu'un, je veux connaître la chaleur dans le regard de l'être aimé, être protégée, épaulée. Cela sonne comme un doux rêve idéaliste…

Pour l'heure ma priorité c'est de sortir de cette prison, ensuite il allait falloir que je trouve un toit et de quoi me nourrir.

Pour le moment j'avais une solution en étant captive ici, mais est-ce que Barbe Blanche me proposerait de rester si ce que je lui ai dit se réalise ? C'est possible qu'il me demande de rester juste pour me remercier et assurer ma protection pour avoir sauvé Thatch.

Mais le souci c'est que je ne sais aucunement me battre, je n'ai pas fruit du démon et je ne maitrise même pas une forme de haki… Donc autant dire que je serai un beau boulet sur ce navire. Donc soit j'arrive à apprendre à me défendre et je reste, soit on me dépose sur une île et après j'aurais tout à construire. Car je n'ai pas d'argent ou de biens ici, donc ça veut dire trouver aussi un travail et un toit.

Et puis… je ne suis même pas sûre de vouloir rester après tous ces traitements subis, même s'il s'est excusé et qu'il avait de bonnes raisons, tout du moins compréhensibles.

Pour le moment je suis loin de tout ça et de ces préoccupations, mais pour combien de temps ?

Je passe le reste de l'après-midi à lire et avec horreur je finis mon livre que j'ai littéralement dévoré.

Il était vraiment… très bien.

Tellement bien que je suis trempée, je décide donc de prendre une bonne douche pour calmer mes ardeurs.

Cela me fait un bien fou.

Je me sèche et je me change avant d'aller retrouver mon lit, au moment où je veux m'asseoir je sens que je perds l'équilibre et je roule sur le sol.

- Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Hurlai-je.

La table venait de me tomber dessus, je me retrouve bloquée entre le mur et la table. J'ai mal, je repousse comme je peux le meuble pour me dégager. Ça bouge ! Ce n'est pas une tempête quand même ?

Je vois le lit glisser et foncer sur moi.

Je l'esquive de justesse, j'essaye de rejoindre la porte :

- Au secours !

Je me sens chuter et mon dos percute violemment un mur.

Aïe j'ai mal.

- Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

La table me retombe dessus, me bloquant et je vois avec horreur le lit foncer, je n'ai pas le temps de me dégager que le poids du lit s'ajoute, ainsi que le choc.

Je n'ai pas la force d'hurler, j'ai le souffle coupé. J'essaye de repousser, mais c'est trop lourd.

Pitié quelqu'un !

On bascule du mauvais côté, le poids des meubles s'appuie sur moi, je mets toutes mes forces dans mes bras pour ne pas me retrouver écrasée :

- A l'aide !

J'entends un bruit de craquement inquiétant et mon regard se fige.

- De l'eau ! Non pas ça !

Une partie de coque vient de céder et l'eau s'engouffre à grande vitesse.

L'eau fait flotter la table et le lit, ce qui a le mérite de me permettre de me dégager.

Je nage jusqu'à la porte et tente de l'ouvrir mais c'est verrouillé. Je tambourine en implorant de l'aide.

Je regarde la table, j'ai peut-être une idée.

Je nage pour aller derrière elle et je la pousse aussi fort que possible vers la porte pour tenter de la défoncer, mais ça ne marche pas. Je réessaye sans succès, pire la table se brise sous ce dernier choc. Et l'eau monte beaucoup trop vite ! J'ai de l'eau jusqu'au niveau de la poitrine.

Je regarde avec terreur la fissure où l'eau entre.

Soit on vient me secourir maintenant… soit… soit… soit je dois passer par la mer !

Mais si je fais ça j'ai tous les risques de me noyer… tout comme rester ici si personne ne vient.

Je sens mes larmes montées.

Je prends une planche en bois assez grande issue de la table ou du Moby Dick, qu'importe, je la teste, j'arrive à flotter avec.

Je m'en saisis et m'approche avec terreur du trou, je n'ai plus que quelques centimètres d'air, je touche le plafond avec facilité, ça monte beaucoup trop vite !

Je prends une profonde inspiration et zieute la porte une dernière fois, mais personne ne vient.

Je respire un coup puis je me lance en tenant ma planche.

Puis je plonge, je lutte, le courant me pousse, mais ça cesse, car l'eau a dû complètement envahir la pièce. Je sens les mouvements des vagues, je m'accroche désespérément à ma planche.

Je nage et je sens que je monte vers la surface grâce à ma planche.

J'arrive à la surface et je respire un bon coup et j'entends le grondement terrible d'un orage, j'ouvre les yeux difficilement, gênée par l'eau salée qui coule sur mon visage.

Je vois le Moby Dick qui dérive, j'essaye de le rejoindre à l'aide de mes jambes uniquement, je crains trop de lâcher mon bout de bois qui est pour l'heure ma seule garantie de ne pas me noyer.

Je crie à l'aide, mais ma voix que je peine à entendre est couverte par l'orage, le bruit déchirant des vagues et le vent.

Je suis ballottée et je bois la tasse, fort heureusement je reste en surface.

Je bataille pendant de longues minutes à essayer de rejoindre le navire qui malheureusement s'éloigne de moi.

Je lutte pour rien, il faut que j'arrive à survivre à cet enfer ! Je n'ai pas le choix, il faut que j'abandonne l'idée de rejoindre le Moby Dick. Le plus important c'est que je conserve mes forces, que je m'agrippe à ma planche et que je reste consciente !

Je resserre ma prise et cesse de lutter contre les éléments, je me concentre que sur ma survie, aussi je me sens divaguer par la force des éléments.

Les minutes sont longues, le temps passe et petit à petit je sens que je dérive vers des eaux plus calmes. La mer me porte loin de la tempête, si bien qu'à un moment donné, je vois celle-ci au loin gronder.

Je cherche le Moby Dick des yeux, sans succès, cela faisait de toute façon un moment que je l'avais perdu de vue.

La lune perce les nuages et m'offre un peu d'éclairage, je regarde autour de moi attentivement et je vois au loin de la terre une fois mes yeux pleinement habitués à l'obscurité.

- Bon… essayons de rejoindre la terre ferme.

Je me mets à battre des jambes, je tends mes bras, tenant toujours mon morceau de bois droit devant moi et je fixe l'horizon.

Je ne sais combien de temps passe, je m'arrête régulièrement faisant la planche pour me reposer et reprendre mon souffle. Je guette toujours la tempête plus loin, pour l'instant elle semble s'éloigner, c'est une bonne chose.

Je reprends la nage, entrecoupée d'innombrables pauses.

Cela fait des heures que je lutte pour atteindre le rivage, je le sais car le ciel s'éclaire de plus en plus, le matin se lève.

Malgré cela je touche au but, je suis à quelques centaines de mètres du rivage, il faut que je tienne.

Les minutes qui suivent me sont pénibles, je n'ai plus de bras et de jambes.

Mais j'arrive enfin sur la terre ferme, je me laisse glisser par l'eau sur les derniers mètres avant de me retrouver étalée sur le sable que j'enserre doucement dans mes doigts tout en versant des larmes de soulagement et de bonheur.

Ça y est je suis sauvée, je suis sur la terre ferme.

Je rampe sur quelques mètres avant de m'effondrer au sol et de sombrer dans le sommeil après cette nuit blanche épouvantable.


Bon ! Il est temps que l'histoire d'Ariel commence véritablement =D.

Suite au chapitre 5 ! Hâte de lire vos commentaires ^^