Heya ! Petite histoire surprise ! \o/

De base je voulais l'écrire pour Halloween mais... eh, la vie est pleine de surprises, donc au final j'ai pas pu la finir jusqu'à maintenant !

Ce chapitre sort tout droit de la bêta-lecture, donc envoyez plein de bonbons à Andromeda pour son travail !

Et merci à Zialema pour le follow-fav, je te nem :)

Maintenant pour le contexte : cette Emerald est en deuxième année à Poudlard et a donc 12 ans, voilà !

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et un joyeux Halloween avec un peu beaucoup de retard !


Emerald se demandait sérieusement à quel point cette forêt était grande. Depuis plusieurs heures déjà, elle marchait au milieu des bois, et la seule certitude qu'elle avait était qu'il ne s'agissait pas de la Forêt Interdite.

Comment pouvait-elle en être si sûre ?

Eh bien parce que l'automne était passé depuis longtemps. Or, les arbres autour d'elle arboraient de belles feuilles brunes, laissant filtrer quelques rayons de soleil au travers des branches à demi-nues. Le fond de l'air était frais et il y flottait l'odeur épicée des feuilles mortes fraîchement tombées.

En soit, le tableau aurait pu être paisible, si elle avait eu la moindre idée de comment elle était arrivée là.

La demoiselle s'arrêta et se laissa glisser le long d'un arbre, elle avait besoin de souffler. Sans compter qu'après des heures entières à marcher, elle mourrait de soif. Malheureusement rien dans sa robe de sorcière ne pouvait l'aider, elle n'avait que sa baguette.

Après quelques minutes un bruissement se fit entendre derrière elle, la faisant bondir sur ses jambes, baguette à la main, prête à se défendre.

Bien qu'il faisait encore jour, le rassemblement de buissons qui lui faisait face était plongé dans l'ombre, rendant difficile d'identifier quoi que ce soit. La demoiselle resserra sa prise sur sa baguette lorsqu'elle aperçut à nouveau un mouvement dans les feuillages, et se tint prête à prononcer la moindre formule de défense qu'elle connaissait, lorsqu'une silhouette commença à s'avancer dans sa direction, émergeant lentement des ténèbres.

La tension qu'avait ressenti la jeune sorcière se dissipa lorsqu'elle posa les yeux sur l'étrange créature qui lui faisait face. Il lui semblait qu'elle avait sous les yeux un hybride entre un hibou et un chat. Quatre pattes, dont les deux à l'arrière étaient dotées de serres, une queue de chat qui arborait un bel éventail de plumage à son extrémité. Son visage était celui d'un félin tout ce qu'il y avait de plus classique : un petit nez, de grands yeux et des moustaches, mais la forme de sa tête était celle d'un Grand-Duc. Pour compléter le tableau, deux ailes sortaient du dos de la créature.

L'animal s'assit tranquillement sur le sol, agitant sa longue queue féline derrière lui et regardant Emerald avec de grands yeux emplis de curiosité.

- Euh... Bonjour ? salua la demoiselle, hésitante.

Le chat-hibou ne répondit pas, mais inclina la tête comme pour lui rendre son salut, avant de produire un son qui ressemblait à un miaulement mélangé à un hululement. Ce n'était sans doute pas le moment idéal pour cela, mais Emerald ne put s'empêcher de trouver la créature mignonne.

Néanmoins, elle n'oubliait pas sa situation et se reconcentra sur le fait que l'animal semblait la comprendre. Peut-être qu'elle pourrait obtenir des informations de sa part.

- Excusez-moi, mais est-ce que vous savez où on est ? demanda-t-elle.

La créature produisit à nouveau ce drôle de miaulement, avant de se mettre à s'éloigner en marchant tranquillement. Après quelques secondes, le chat-hibou se retourna en direction de la jeune sorcière, comme s'il voulait s'assurer qu'elle le suivait.

Ce n'était peut-être pas une situation idéale de faire confiance à une créature inconnue qu'elle venait seulement de rencontrer, mais Emerald n'avait pas vraiment le choix. Sa baguette toujours en main, elle emboîta le pas à la créature.

Pendant de longues minutes un silence presque total régnait alors qu'ils cheminaient au milieu des bois, s'aventurant de plus en plus profondément entre les arbres, la cime laissant passer de moins en moins de lumière. Alors que la demoiselle continuait de marcher, elle réalisa soudain que le chat-hibou n'était plus le seul présent. Il y en avait un autre sur sa droite. Puis un troisième, quatrième, cinquième.

Tout autour d'elle des créatures semblables à son guide sortaient de derrière les buissons, racines et troncs d'arbres et rejoignaient la marche, l'encerclant. L'obscurité grandissante lui permit de constater que leurs yeux brillaient, et étaient désormais fixés sur elle, comme s'ils attendaient quelque chose.

- Lumos !

Emerald arrêta de marcher, confuse et toujours méfiante, surtout maintenant qu'elle se retrouvait avec une vingtaine de chat-hiboux autour d'elle. Les créatures imitèrent son geste et continuèrent de la fixer, ce qui l'inquiétait, bien que la demoiselle ne voyait aucune agressivité dans leurs gestes. C'était juste... étrange.

La jeune sorcière décida qu'une confrontation n'était pas nécessaire pour le moment et s'agenouilla sans s'approcher, essayant de comprendre ce que les bêtes lui voulait. Quelques miaulement-hulululements retentissaient de temps à autre dans le groupe, comme si les créatures voulaient son attention. Au fur et à mesure, alors qu'Emerald ne bougeait pas de là où elle s'était agenouillée, les chat-hiboux continuèrent d'émettre leur miaulements, certains commençant à s'approcher d'elle avec curiosité. Bientôt, en plus de produire leur adorable son, pas moins de cinq d'entre eux se frottaient contre la demoiselle, lui tirant un petit rire alors qu'elle se laissait aller à en caresser un ou deux avec sa main libre.

Après encore quelques minutes les créatures commencèrent à s'éloigner pour se positionner en cercle un peu plus loin. Emerald se releva et les rejoignit. Elle comprit enfin ce que cherchaient les chats-hiboux lorsqu'ils firent mine de creuser le sol au centre de leur cercle et commença à les aider de sa main gauche, la droite tenant toujours la baguette qui émettait assez de lumière pour qu'elle puisse y voir quoi que ce soit, maintenant que la nuit semblait être tombée.

Bientôt, elle y découvrit une vieille trappe en bois.

- Si je m'attendais à ça...

Les créatures autour d'elle se contentèrent de la regarder de leurs grands yeux. Un frisson parcourut le dos de la jeune sorcière alors qu'un brouillard commençait à se développer dans la forêt obscure. Et au loin, elle entendit les échos d'une voix chantant un air sinistre.

Come, wayward souls,

And wander through the darkness,

There is a light, for the lost and the meek...

Les chat-hiboux donnèrent des coups de griffes sur la trappe et elle comprit le message alors qu'elle entendait la voix de ténor devenir de plus en plus claire, signe que le chanteur s'approchait, de même que la sensation de danger grandissait. La demoiselle souleva la trappe et se laissa tomber dans l'ouverture.

Sans doute par l'intervention des créatures, la trappe se referma immédiatement et elle entendit la terre être grattée et projetée sur la battant pour cacher la trappe. Emerald était de nouveau seule, mais à l'abri du danger pour le moment.

L'écho du chant sinistre continuait de résonner, bien que étouffé et inintelligible maintenant qu'elle se trouvait sous terre.

En se retournant, elle put constater que son abri était en réalité un long couloir étroit. Heureusement, du haut de ses douze ans elle n'occupait pas assez d'espace pour être dérangée lorsqu'elle commença à s'y avancer.

Le faible écho de ses pas sur la pierre qui constituait le couloir était la seule chose qui brisait le silence, et la lumière émise par sa baguette ne permettait pas de voir très loin devant elle, alors elle marchait lentement, restant prudente. Elle ignorait pourquoi, mais se retrouver dans un tel lieu l'oppressait bien plus que de raison. Sa respiration commençait à se faire difficile, comme si elle étouffait et elle n'osait pas faire le moindre bruit.

Ce n'était pas normal qu'elle se sente aussi angoissée, elle n'avait jamais eu peur des espaces clos auparavant... Un évènement étrange de plus à ajouter à la liste, visiblement.

Après ce qui lui semblait être une éternité, elle arriva enfin au bout du tunnel. Une autre trappe de bois similaire à celle empruntée plus tôt se trouvait au-dessus d'elle, de minces filets de lumière filtrant entre les planches. La demoiselle éteignit sa baguette et souleva la trappe, souhaitant sortir de ce couloir oppressant le plus vite possible.

Elle se trouvait... dans un puits ?

Le passage souterrain menait visiblement à un puits asséché, situé au milieu d'un village à l'air ancien. Tous les bâtiments semblaient faits de bois et étaient éclairés par des lanternes à la lumière vacillante, et si ce n'était pour les lueur qu'elle voyait au fenêtres, elle aurait pu croire que c'était une ville fantôme. Personne ne semblait se trouver à l'extérieur.

La jeune sorcière sortit du puits et commença à marcher au milieu des rues vides et silencieuses, cherchant un endroit où elle pourrait se mettre au chaud et peut-être enfin avoir l'occasion de se reposer et manger quelque chose.

Elle avait soif, faim, et se sentait épuisée d'avoir autant marché.

Enfin, elle entendit quelque chose : de la musique et des éclats de voix. Il y avait bien des gens ici. Suivant le bruit, elle finit par se retrouver devant une vieille auberge d'où provenait l'agitation. Au diable la prudence, elle allait finir par geler si elle restait dehors. Elle n'attendit pas une seconde de plus pour franchir la porte.

Elle poussa un soupir de soulagement en sentant une vague de chaleur l'entourer, réchauffant son corps gelé. Dans la salle se trouvaient toute une bande de villageois qui discutaient, riaient, chantaient ou jouaient de la musique. L'ambiance chaleureuse était un sacré contraste avec la forêt ou le tunnel, c'était certain, mais elle ne pouvait qu'affirmer que ce changement était bienvenu. La plupart des villageois cessèrent leurs activités pour se tourner dans sa direction, l'air surpris.

- Qu'est-ce qui t'amène ici à cette heure, jeune fille ? demanda l'aubergiste de derrière son comptoir. C'est dangereux de se promener dehors la nuit.

- Vous pouvez me dire où est-ce que je me trouve ? se contenta de répondre la demoiselle.

- T'es à Waldstadt. Maintenant rentre vite chez toi, tes parents doivent s'inquiéter.

Si la situation n'était pas aussi grave, elle aurait presque pu s'offusquer de se faire traiter comme une gamine.

- Je ne sais pas comment rentrer chez moi, répondit-elle. Je me suis perdue dans la forêt et j'ai marché toute la journée jusqu'à arriver ici.

Bien sûr elle ne disait pas tout, mais ce n'était pas totalement un mensonge. Ne sachant pas ce qu'il en était concernant les sorciers, elle allait peut-être éviter de parler de la magie ou de son amnésie quant à son arrivée dans les bois.

Les villageois commencèrent à murmurer entre eux avec des airs inquiets, voire effrayés.

- Si tu dis vrai, je peux te dire que t'as une sacré chance, petite. C'est un miracle que la Bête t'ait pas attrapée.

- La Bête ? s'étonna la demoiselle.

- Ne me dis pas que tes parents t'ont jamais appris qui était la Bête ?

Il fronça les sourcils, l'air parfaitement outré, alors qu'Emerald se sentait juste perdue.

- Non ? finit-elle par répondre.

L'aubergiste poussa un long soupir, avant de faire signe à la jeune sorcière de venir s'asseoir.

- La Bête... C'est la créature la plus dangereuse de la forêt. Elle erre en quête d'âmes perdues. Si jamais elle venait à te voir, c'en serait fini de toi.

Emerald sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque alors que le chant sinistre qu'elle avait entendu lui revenait en tête.

- Je garderai ça en tête... murmura-t-elle.

Un grondement sonore retentit et la demoiselle rougit alors qu'une partie des clients se mettaient à rire. L'aubergiste changea son expression grave pour un air amusé, avant de faire glisser un bol de ragoût sur le comptoir jusqu'à elle.

- Cadeau de la maison. De toute façon j'imagine que t'as pas d'argent sur toi.

- ... Merci.

Elle commença à manger et se sentit grandement soulagée lorsque la douleur que la faim provoquait dans son estomac commença à s'estomper.

- Alors, d'où est-ce que tu viens ? demanda l'aubergiste.

- Euh... Poudlard ? répondit la demoiselle.

- Connais pas. C'est ton village ?

- On peut dire ça.

L'homme sembla réfléchir pendant quelques dizaines de secondes, avant de secouer la tête.

- Nan, ça me dit vraiment rien. Hey, les gars ?

- Ouais ? fit un client qui jouait aux cartes à une table proche.

- Poudlard, ça vous dit quelque chose ?

Les joueurs semblèrent en discuter pendant un instant avant de secouer la tête à leur tour.

- Bien ce que je pensais, ce sera pas facile de rentrer chez toi, petite.

- Même si c'est compliqué il faut que je rentre dès que possible, répondit Emerald. Mon ami a besoin de moi pour...

Elle cessa de parler, fronçant les sourcils. Ces mots étaient sortis tout seul. Potter avait besoin d'elle ? Mais... pour quoi exactement ? Et pourquoi avait-elle l'impression que c'était une urgence ?

La jeune sorcière se pinça l'arrête du nez, essayant de remettre ses pensées en ordre. Il se passait vraiment quelque chose de bizarre...

- Écoute, la seule solution que j'ai à te proposer, c'est d'aller jusqu'à Oudville et trouver Markof. C'est un passionné de cartographie, il saura peut-être où se trouve ton village, dit soudain l'aubergiste, tirant la demoiselle de ses pensées.

- Oudville... et comment est-ce que j'y vais ?

- En sortant d'ici il y aura des panneaux pour t'indiquer la route, tu peux pas te perdre, assura-t-il. D'un autre côté t'en as pour une demi-journée de marche, donc assure-toi de partir assez tôt.

Emerald hocha doucement la tête en guise de réponse. Après quoi elle mangea en silence, sentant la fatigue revenir en trombe maintenant qu'elle était plus ou moins en sécurité et avec quelque chose dans l'estomac. Ses yeux commençaient à papillonner, luttant contre le sommeil.

La demoiselle se frotta les yeux, les gardant fermés quelques secondes pour calmer le picotement qu'elle y ressentait.

La pièce fut soudainement réduite au silence autour d'elle, lui faisant rouvrir les paupières. Il faisait sombre et tout le monde avait disparu.

- Qu'est-ce que...

Emerald se leva de son siège et observa les environs, confuse et profondément surprise. L'endroit semblait comme abandonné. Plus aucune trace de vie, pas un instrument, ni même le bol dans lequel elle avait mangé. C'était presque... comme si elle avait halluciné tout ce monde à peine quelques minutes plus tôt.

Un frisson de peur parcourut son dos alors qu'elle se dirigeait vers la porte à reculons. Lorsqu'elle sortit de la taverne, la ville semblait tout aussi déserte, mais le soleil pointait enfin le bout de son nez, permettant au moins d'avoir un peu de lumière. S'était-il vraiment passé autant de temps ? Est-ce qu'elle se serait endormie sans le réaliser ?

Non, même si elle était tombée de fatigue, tout n'aurait pas disparu aussi brutalement.

La demoiselle commença à marcher le long de la grand-rue déserte, ses pas aussi légers et lents qu'elle en était capable. Elle-même ne saurait dire pourquoi elle faisait autant attention. Lorsqu'elle sortit enfin du village, elle tomba sur le panneau dont lui avait parlé le tavernier. Ou peut-être était-ce son fantôme ?

La Serpentard n'y comprenait plus rien. Le point important était que le panneau existait. Ce n'était pas comme si elle avait d'autres pistes, et elle n'allait certainement pas recommencer à errer dans les bois sans savoir où elle allait, alors elle se mit en route en direction de Oudville.

L'aube arrivait à peine et il faisait froid, la faisant frissonner sous sa cape de sorcière, bien trop fine pour de telles températures. Les feuilles mortes, rendues humides par la rosée, produisaient des sons spongieux lorsqu'elle marchait dessus.

Emerald essayait de mettre de l'ordre dans ses pensées tandis qu'elle avançait. Cette forêt, les chat-hiboux, la Bête et son chant sinistre, sa peur irrationnelle lorsqu'elle se trouvait dans le tunnel souterrain, et les habitants du village qui disparaissaient brutalement...

Elle avait l'impression que son esprit essayait de lui faire comprendre quelque chose, mais elle ne savait pas quoi exactement.

...rald...

La jeune sorcière se retourna d'un bond. Est-ce que quelqu'un venait de crier son nom au loin ?

Elle tendit l'oreille, mais seul le silence se faisait entendre, brisé uniquement par sa respiration lourde. Plus le temps passait, plus elle avait l'impression d'avoir un poids désagréable qui l'empêchait de respirer correctement. Peut-être avait-elle besoin de se reposer.

Néanmoins, les bois n'étaient pas vraiment l'endroit idéal pour une sieste, alors elle se remit à avancer sur le chemin menant à Oudville.

A mesure que le jour se levait, le froid devenait moins mordant, l'aidant déjà à se sentir un peu mieux. Malheureusement le réconfort n'allait pas durer : la forêt semblait s'épaissir tout autour de la route qu'elle empruntait, faisant que bientôt elle se retrouva à devoir sortir sa baguette pour voir devant elle. C'était une erreur.

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle cheminait dans le noir quand quelque chose la percuta de plein fouet, l'envoyant valser hors du chemin et pile dans les buissons qui le bordait. Désorientée, sans sa baguette qui lui avait échappé des mains sous le choc, elle commença à se débattre dans les feuillages pour tenter de s'en dégager, avant de sentir le sol se dérober sous ses pieds.

Emerald !

La chute ne fut pas très longue, mais l'atterrissage fut brutal, la demoiselle se retrouvant à rouler le long d'une pente de manière incontrôlable, jusqu'à ce qu'enfin elle s'arrête. Elle resta allongée au sol pendant de longues minutes, essayant de reprendre son souffle qui se faisait de plus en plus difficile, comme si on lui comprimait la poitrine.

Elle tenta de se relever, mais une douleur se mit à irradier dans sa jambe gauche, lui tirant un grognement avant qu'elle ne renonce à se remettre debout. Génial, une jambe cassée.

La jeune sorcière scruta les bois sombres autour d'elle avant de repérer au loin une petite lueur. Sa baguette. Doucement, et avec précaution, elle se mit à ramper sur le sol en direction de la lueur, plus près, toujours plus près.

- Te voilà enfin.

Emerald se figea, la main à moins d'un mètre de sa baguette qui reposait au sol et tourna la tête sur sa gauche, les yeux écarquillés.

- Je t'ai cherchée pendant des heures, petite sorcière.

La... chose qui venait de parler ne semblait être rien d'autre qu'une silhouette humanoïde obscure, aux membres anormalement longs, munie de bois qui ressemblaient à des branches d'arbres entremêlées plutôt qu'à ceux d'un animal, et de deux yeux d'un blanc lumineux qui perçaient les ténèbres sans rien révéler de leur propriétaire. Sa voix était grave. Sa voix était celle dont elle avait entendue le chant.

La créature qui se trouvait devant elle n'était autre que la Bête.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? demanda-t-elle d'une voix rocailleuse.

- Voyons, je ne cherche qu'à t'aider, répondit la Bête.

La créature commençait à s'approcher calmement de la demoiselle.

- J'aurais aimé te trouver plus tôt, cela t'aurait évité d'être blessée.

Une douleur soudaine prit Emerald à la tête alors qu'elle entendait comme le bruit d'une explosion suivi d'un éboulement. Mais lorsqu'elle leva les yeux vers la pente qu'elle avait dévalée, il n'y avait rien de changé. Qu'est-ce qu'il lui arrivait, bon sang ?!

- Malheureusement, reprit la Bête alors qu'elle s'arrêtait à moins d'un mètre de la jeune sorcière. Il n'y a déjà plus rien à faire.

- Pitié, oubliez les monologues maléfiques et tuez-moi sur-le-champ, grinça la demoiselle avec défiance.

- Te tuer ?

La créature s'agenouilla devant Emerald.

- Je crois que tu n'as pas compris la situation, petite sorcière, dit-il posément. Tu es déjà morte.

La demoiselle sentit son sang se glacer alors qu'elle relevait les yeux vers ceux de la Bête.

- ...Quoi ?

- Tu es morte, petite sorcière. C'est pour cela que tu es arrivée dans cette forêt, dans l'Inconnu.

- Mais je...

Emerald déglutit difficilement, la respiration devenant de plus en plus douloureuse.

- Je ne peux pas être morte...

La Bête ferma les yeux et secoua doucement la tête.

- Te souviens-tu de ce qui est arrivé juste avant que tu n'arrives dans l'Inconnu ?

Emerald voulut répondre, mais se retrouva incapable de le faire. De nouveau un éclair de douleur lui traversa le crâne alors que les sons d'explosion et d'éboulement résonnaient dans sa tête. Le tunnel... La difficulté à respirer... Non...

- J'étais avec Potter et Weasley... en route pour la Chambre des Secrets... souffla-t-elle, ses yeux s'écarquillant de plus en plus à mesure que les souvenirs remontaient. Il y a eu une explosion... Un sort qui a mal tourné et... le souterrain s'est effondré au-dessus de moi...

La demoiselle laissa son front reposer dans la terre alors qu'elle sentait des vertiges lui venir.

- Je suis vraiment morte ? demanda-t-elle dans le vide.

- Malheureusement, oui, petite sorcière, répondit la Bête. Tu n'es qu'une âme perdue parmi tant d'autres, et il est temps de te laisser guider vers la lumière.

Emerald resta silencieuse un long moment. La mort avait toujours fait partie de la vie, elle le savait et se devait de l'accepter, mais... C'était si difficile. Son premier ami avait besoin d'aide et elle ne pourrait rien faire. Son père attendait en prison et ne la reverrait plus jamais. Qu'arriverait-il à Hel sans la Serpentard ?

Come, wayward souls,

And wander through the darkness,

There is a light, for the lost and the meek...

Sorrow and fear,

Are easily forgotten,

When you submit to the soil of the earth...

Le chant de la Bête lui apportait un certain réconfort malgré son ton sinistre et mélancolique. Elle se redressa de son mieux pour la regarder dans les yeux.

- Qu'est-ce que je dois faire, maintenant ? demanda-t-elle avec résignation.

- Tout ce que tu as à faire est de te laisser partir. Abandonne ton corps à la terre, répondit la créature.

D'une façon amère, la jeune Serpentard se dit au moins que c'était facile. Alors elle se rallongea et ferma les yeux.

Emerald !

Elle sursauta et rouvrit immédiatement les paupières pour voir la silhouette sombre de la Bête penchée au-dessus d'elle comme un veilleur.

- Je sais que c'est difficile, petite sorcière. Mais il faut que tu le fasses.

La demoiselle se mordit la lèvre inférieure, avant de fermer les yeux une fois de plus.

Emerald !

Cette fois-ci, elle se força à ne pas réagir, cependant elle ne put s'empêcher de se dire qu'il était étrange qu'elle entende la voix de Potter si elle était déjà morte...

La jeune sorcière se redressa à nouveau. C'est vrai, elle ne serait pas capable d'entendre la voix de son ami si elle était déjà morte. Cela voudrait donc dire qu'elle n'était pas encore partie...

Elle tourna son regard vers la Bête qui continuait de l'observer.

- Non, déclara-t-elle fermement.

- Non ? demanda la créature en retour.

- Je ne suis pas encore morte, j'ai encore une chance.

- Petite sorcière, ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles n'ont besoin de l'être...

Cette fois-ci, le ton posé de la Bête avait laissé place à de l'agacement.

- Je rendrai les choses aussi difficiles que possible, parce qu'il est hors de question que j'abandonne Potter ! répliqua la demoiselle.

- Espèce d'idiote !

La Bête approcha ses mains aux longs doigts de la jeune Serpentard comme s'il voulait l'attraper. Emerald tendit la main et attrapa rapidement sa baguette, reposant toujours sur le sol, avant de la pointer en direction de la créature. Un cri d'horreur lui échappa.

Il ne se passa qu'une fraction de seconde avant que la Bête ne recule dans les ombres, mais ce fut suffisant pour qu'elle voit de quoi elle était réellement faite. Ce n'était pas une ombre. C'était un amalgame de visages tordus par la souffrance qui semblaient presque taillés dans du bois. La main de la demoiselle se mit à trembler alors qu'elle gardait sa baguette pointée sur la créature, la vision cauchemardesque l'ayant profondément secouée.

Néanmoins, elle était maintenant persuadée qu'elle avait une chance de s'en sortir, et que la Bête avait menti sur son sort.

- Ne fais rien que tu ne puisses regretter, petite sorcière, dit-elle sur un ton d'avertissement.

- Je ne regretterai rien, répliqua Emerald. Je vais rentrer chez moi que ça vous plaise ou non.

Il se passa un long silence, avant que la Bête ne semble se retirer lentement, allant à reculons. Lorsqu'elle fut enfin hors de vue, la demoiselle baissa enfin sa baguette, respirant difficilement.

Emerald !

- J'arrive... souffla-t-elle.

Elle tenta de se remettre à ramper en direction de la voix, avant de constater que des branches d'arbres semblaient avoir poussé autour de son corps. Elle les brisa d'un coup de baguette avant de se remettre à avancer. Peu importe qu'elle doive se traîner dans la terre ou même plonger dans un lac, elle rejoindrait Potter coûte que coûte.

- Emerald ! Ron !

La demoiselle ouvrit difficilement les yeux et se retrouva agitée d'une quinte de toux alors qu'elle voyait le Survivant s'approcher d'elle, rendu pâle comme la Mort par l'inquiétude.

- Je suis là, murmura-t-elle.

Alors que Potter s'assurait que tout allait bien du côté de son camarade de maison, elle serra les poings et afficha un très discret sourire.

- Je suis toujours là...