La soirée.

Les soirées c'était nulles. À quoi est-ce que ça pouvait bien servir de sortir pour se bourrer la gueule, faire la fête, et avoir mal à la tête le lendemain ? D'abord, les soirées s'étaient fait pour dormir, c'était le principe.

Alors Bakugo maudissait Kirishima et les autres pour l'avoir trainé de force à cette putain de soirée ridicule. Ils n'étaient pas censés avoir le droit de boire, mais ils avaient planqué l'alcool dans des gourdes et faisaient croire que c'était de l'eau.

— Tu devrais te détendre, lui conseilla Kirishima.

Kaminari lui tendit un verre plein de coca avec de l'alcool dedans.

— Pour te détendre.

Bakugo les regarda avec tellement de colère que les deux reculèrent. Bakugo ne buvait jamais d'alcool et n'en boirait jamais, même pas juste pour rire. Parce qu'il prenait soin de son corps et de sa santé, il devait toujours, toujours, être sain de corps et d'esprit. Et si jamais on avait tout à coup besoin d'eux et qu'il ne tenait plus sur ses jambes ?

Les deux garçons laissèrent tomber et puisque Bakugo ne voulait ni boire ni s'amuser, ils l'abandonnèrent sur le canapé.

Les autres avaient moins de scrupules. Mineta titubait déjà, essayant de coller ses boules collantes sur les seins des filles comme le pervers qu'il était. Yuga s'amusait à faire des lumières stroboscopes avec son pouvoir, pour rendre la fête encore plus lumineuse. Même Momo qui était du genre sérieuse avait accepté un verre et le sirotait.

Quelle bande de bouffons, grogna Bakugo intérieurement.

Seul Iida tenait bon, il avait essayé de convaincre tout le monde de ne pas faire de bêtises, mais personne n'avait écouté, donc maintenant il s'arrangeait pour que tout se passe bien quand même, malgré les jeux d'alcool qui se mettaient en place.

Shoto n'avait pas bien compris qu'on avait mis de l'alcool dans son verre de jus d'orange et l'avait bu cul sec et depuis, le gars le plus stoïque de la classe se donnait à fond sur la piste de danse.

Finalement, le seul qui comptait dans cette putain de soirée, c'était le petit gars aux yeux verts qui ne savait pas trop où se mettre, refusant tous les verres d'alcool qu'on lui proposait, et qui n'avait pas non plus voulu participer au jeu de la bouteille. (Et tant mieux, quel jeu stupide, forcer deux personnes non consentantes à s'embrasser et s'échanger leurs microbes, quelle horreur).

Deku passait d'un endroit à un autre, tout gêné, il n'avait pas l'air à sa place du tout. Il aimait bien s'amuser, mais apparemment, tout comme Bakugo, l'alcool ne lui faisait pas envie.

Le blond serait bien allé le voir, mais s'il faisait ça, comme ça, gratuitement, et pas pour lui crier dessus, ça allait paraître suspect. Et même si tout le monde était bourré et ne remarquait peut-être rien, il avait trop de fierté pour y aller.

Sauf si…

Bakugo secoua Kirishima :

— File-moi un verre de ta mixture dégueulasse, ordonna-t-il.

Son ami lui servit un verre et Bakugo sans le remercier se dirigea jusqu'aux toilettes. Pas moyen qu'il boive un truc aussi dégueulasse, mais s'il voulait que son plan fonctionne, il allait devoir ruser. Il fit couler l'alcool entre ses lèvres, et sans l'avaler, l'utilisa pour se laver la bouche comme après un brossage de dents. Il recracha tout ensuite et essaya de sentir son haleine. Bon, ça devrait aller, il ne sentait pas l'alcool à plein nez comme d'autres, mais on pouvait s'imaginer qu'il avait bu. Il vida le reste de son verre dans l'évier et jeta le gobelet à la poubelle.

Il aperçut immédiatement Deku en sortant des toilettes, ce dernier essayait d'échapper à Mina qui tentait de l'entraîner avec elle pour participer à quelconque jeu d'alcool. Bakugo marcha droit sur eux, bousculant les gens sur son chemin et il passa son bras autour de Deku et s'affaissa sur lui, comme s'il tenait mal debout, comme si l'alcool lui jouait des tours.

— Deku je te cherchais, dit-il.

Mina écarquilla les yeux.

— On va jouer ensemble tous les deux, viens !

La jeune femme essaya de les rattraper :

— Bakugo tu as bu ?

— Ben ouais, c'était pas le thème de la soirée ? « alcool et jeu en tout genre » ?

Mina ne sut que répondre et c'était trop tard, Bakugo entraînait déjà Deku avec lui.

— Alors poussin, susurra-t-il à son oreille, tu t'amuses bien ?

Deku frissonna et se figea en même temps.

— Tu as vraiment bu Kacchan ?

— Comme je l'ai dit, je me suis vidée des verres, puisque y avait que ça à faire.

— Kacchan, on devrait aller s'asseoir, tu n'es pas dans ton état normal.

— Parce que je t'appelle poussin ou parce que je suis affalé contre toi, te tenant presque complètement dans mes bras ?

— Les deux fit Deku d'une petite voix aigüe.

C'était si drôle que Bakugo eut du mal à rester dans son rôle. Bien entendu, il fallait qu'il ait sacrément bu pour appeler Deku « poussin », c'était ce que le nerd devait se dire. Soudainement Bakugo s'ennuyait vachement moins, enquiquiner Deku était une occupation des plus intéressante.

— Tu préfères chaton ?

— Kacchan ! cria Deku.

L'adorable adolescent essayait de guider Bakugo jusqu'à un canapé pour s'asseoir, mais pas de chance, ils étaient tous occupés.

— On va aller dehors, l'air frais va te faire du bien, décida Deku.

— Ce qui me fait du bien c'est d'être avec toi.

Bakugo se surprenait lui-même de son audace.

Mais vous savez ce qui marche le mieux dans les mensonges, c'est quand ils sont vrais.

Il ne s'attendait pas à ce que les joues de Deku deviennent rouge écrevisse.

Oh.

Oh

Bakugo se laissa entraîner dehors et quand Deku chercha à s'éloigner de son étreinte, Bakugo fit semblant de trébucher et se retrouva en face de lui, les bras autour de son dos, son visage tellement près du nerd qu'il pouvait compter ses taches de rousseur.

— Tu as trop bu Kacchan, tu n'es plus du tout toi-même, constata Deku dont les joues gardaient leur jolie couleur écarlate.

— Et si j'étais moi-même, qu'est-ce que je ferais ?

— Tu me gueulerais dessus, tu te disputerais avec les gens qui veulent te faire boire, tu bouderais dans ton coin. Et tu ne m'appellerais ni poussin ni chaton, et tu ne dirais pas des trucs bizarres. Mais qu'est-ce qui t'as pris de boire ?

— Je croyais que Kirishima me servait seulement du coca, mentit-il.

Les sourcils de Deku se froncèrent et il fit une moue mécontente :

— Tu veux dire qu'il t'a forcé à boire ? Il va m'entendre celui-là !

C'était mignon de voir Deku se mettre en colère pour lui. Tellement mignon que Bakugo-qui-n'était-pas-bourré eut envie de l'embrasser. Mais il savait se tenir, et comme il n'avait pas bu du tout, il n'était pas assez inhibé pour faire un truc pareil.

— Deku reste avec moi, réclama-t-il.

— Je reste avec toi, je vais rester avec toi jusqu'à ce que tu dessaoules et te sentes mieux.

Deku se montrait protecteur, c'était mignon.

— Alors je ne dessaoulerai jamais, décida Bakugo.

Et il appuya le dos de sa main sur la joue de Deku qui chauffait, chauffait, chauffait.

À la base ce n'était qu'un jeu, mais Bakugo qui n'avait pas bu une goûte commençait à se sentir ivre et pris au piège de sa propre farce.

Peut-être qu'au final c'était ce qu'il voulait depuis le début. Il s'emmerdait à cette soirée à la con et pensait s'amuser un peu, mais peut-être que ça n'avait été qu'une excuse pour se rapprocher de Deku, pour pouvoir montrer un peu ce qu'il ressentait sans avoir besoin de gueuler pour le cacher.

Il approcha son visage encore et encore, jusqu'à ce que sa bouche atteigne l'oreille de son ami d'enfance.

— Deku, souffla-t-il.

Et il put sentir à travers ses doigts posés sur le dos du garçon les frissons qu'il lui procurait.

— Izuku…

Son propre cœur battait à tout rompre. La situation devenait glissante, très glissante. Bakugo perdait le contrôle et quand il entendit Deku dire d'une voix étranglée :

— Kacchan…

Bakugo envoya tout balader.

Il se redressa d'un coup, regarda Deku droit dans les yeux, et lui fit son plus joli sourire sanguinaire.

— J'ai pas bu une goûte, lâcha-t-il. Tu penses quoi de mon jeu d'acteur ?

Les yeux de Deku s'écarquillèrent et il sembla vouloir lui crier dessus, avant de se reprendre et de détourner les yeux :

— Je suis content que tu ailles bien, dit-il.

Bakugo attrapa son menton pour le forcer à le regarder :

— Combien tu noterais mon jeu d'acteur ?

— Je vais t'en coller une, grogna Deku vexé.

— Comme si j'avais peur de tes petits poings.

Le regard de Deku se fit plus sombre, mais Bakugo commença à monter ses doigts sur ses joues, qui reprirent leur jolie couleur rouge.

— J'ai pas bu une goûte, répéta Bakugo, mais ça ne veut pas dire que tout était faux.

Deku tremblait sous ses doigts, mais pas de peur ni de froid.

Bakugo se rapprocha et embrassa sa joue. Deku se retrouva figé comme une statue, il arrêta même de respirer.

— Calme-toi le nerd, si tu réagis comme ça pour un simple baiser sur la joue, qu'est-ce que ça va être ensuite.

Deku reprit ses esprits :

— La ferme Kacchan, je suis pas un jouet, je…

Bakugo embrassa son autre joue.

— Je… bugga Deku.

Bakugo le regarda bien droit dans les yeux et dit :

— Tu n'es pas un jouet. Je ne suis pas en train de jouer. Et je ne suis pas bourré non plus. Tu captes le message ?

Deku, dont les mots restèrent bloqués dans sa gorge acquiesça.

— Bien. Parce que là je ne vais pas me contenter de t'embrasser sur la joue, si tu n'es pas prêt, tu peux partir en courant tout de suite.

Deku ne s'enfuit pas. Au contraire son air se fit plus décidé, et il ne laissa pas le temps à Bakugo d'agir, il posa lui-même sa bouche sur celle de son Kacchan.

Finalement, cette soirée n'était pas si merdique.

Fin.

L'autatrice : cette fic est peut-être un peu OOC, mais j'espère quand même que l'idée vous aura plu.