Bon j'ai toujours du mal à me remettre du chapitre 362 donc (déjà SPOILER) encore un autre OS avec Bakugo qui frôle la mort et Midoriya qui est toujours dans les parages. je commence à avoir un faible pour le Bakugo étrangement honnête avec ses sentiments. Un peu mitigée sur la fin, mais faudra faire avec, enjoy !


Noir. Il n'y avait rien d'autre. Juste ce voile sombre, qui l'empêchait de voir quoi que ce soit d'autre. Au début, Bakugo avait paniqué, il avait eu l'impression d'être dans un cauchemar, incapable de voir ou de bouger. Puis, il s'y était fait.

Son corps ne lui répondait pas, il lui semblait à la fois lourd et flottant. Bakugo n'avait pas mal. Du moins, pas tout le temps, la douleur était soutenable. C'était parfois des sensations de brûlure, l'emplacement n'était jamais le même, ou l'impression de ne plus réussir à respirer et d'avoir les poumons comprimés.

Ses yeux aussi, il ne les contrôlait pas. Bakugo devait se contenter de les garder clos. Mais ce n'était plus si grave l'obscurité. Il se sentait constamment épuisé, c'était une bonne excuse pour se reposer. Il n'était obligé à rien, il perdait vite le fil de ses pensées. Depuis combien de temps il était dans cet état, pourquoi, à cause de qui, si c'était dangereux, ces questions ne lui traversaient pas encore l'esprit.

Bakugo se sentait rassuré par cette obscurité.

Du bruit lui parvenait parfois. C'était étouffé, comme venu de loin. Les voix n'étaient jamais les mêmes, certaines parlaient assez distinctement pour qu'il en saisisse le sens, d'autres n'étaient que du charabia. Bakugo n'aimait pas quand elles étaient trop nombreuses, elles prennaient trop de place et l'empêchait de se reposer.

Parmi elles, il y en avait une qui revenait, souvent. Particulièrement souvent. Elle était presque toujours seule, elle ne rendait pas Bakugo nerveux, et était presque aussi apaisante que le silence. Il pouvait l'écouter parler sans se forcer, ses mots étaient clairs pour la plupart, faciles à comprendre.

La plupart du temps, la voix était accompagnée par une chaleur discrète autour de sa main gauche. Rien à voir avec les brûlures qui l'attaquaient parfois, celle-ci était douce, tout aussi réconfortante que la voix. Certains moments, la chaleur remontait le long de son bras, et Bakugo était certain de l'avoir sentit effleurer son visage une fois.

Il y avait aussi les odeurs, plus discrètes, mais elles étaient bien là. Bakugo reconnaissait celle de fleurs, et celle plus imposante de mandarine. La voix était souvent là en même temps que les fruits, elle devait manger. Bakugo n'avait ni faim ni soif, mais parfois il s'imaginait le goût acide dans la bouche, et la sensation de la peau à éplucher entre ses doigts.

Et puis, l'obscurité le laissa partir.

Bakugo était de nouveau capable de décider. Son corps avait perdu de sa masse, il n'était plus figé. Les sensations étaient revenues, plus nettes, plus proches, plus palpables. Bakugo sentait la couverture qui le recouvrait jusqu'à la poitrine. Il sentait ses bras allongés à l'air libre le long de son corps, sa tête légèrement relevée, une chaleur discrète dans sa main. Il avait quelque chose autour de sa tête, il sentait un tissu appuyer contre sa peau.

Après un long moment à ressentir de nouveau ses alentours, Bakugo s'autorisa à ouvrir les yeux. La lumière soudaine le força à le faire progressivement. Quand il put enfin voir sans les plisser, il reconnut le plafond blanc d'un hopital. Sur le côté, il y avait des fenêtres. Personne n'avait pensé à tirer les rideaux, alors il n'y avait rien pour cacher le foutu soleil qui commençait à se lever. C'était à cause de lui que Bakugo avait du mal à voir sans plisser les yeux comme un vieillard.

La douleur aussi s'était réveillée. Bakugo vit une perfusion dans le creux de son coude, il espérait que ce soit de la morphine. Essayer de bouger le fit grimacer, merde, il était beaucoup plus tranquille en étant à moitié inconscient. C'était comme si son corps s'était fait écraser sous un immeuble, à peine pouvait-il remuer ses muscles sans sentir de violents élancements. Son bras droit était le plus douloureux, il préférait le garder le plus immobile possible.

Le soleil de plus en plus éblouissant, Bakugo préféra tourner la tête vers l'autre côté de son lit. Là, il remarqua une seconde respiration. A moitié avachi sur le lit, cet idiot avait l'air de bien dormir. Ses yeux s'habituant doucement à la lueur de l'aube, Bakugo observa Midoriya de longues secondes, ou peut-être même minutes.

Aucune surprise.

Au fond, Bakugo savait très bien à qui appartenait la voix qui revenait si souvent lui tenir compagnie. Ce qui aurait été étrange, c'est de ne pas le trouver ici.

Bakugo n'osait pas essayer de parler. Les cernes sous ses yeux étaient évidentes, Midoriya avait aussi quelques bandages sur les bras, et probablement d'autres sous son t-shirt. Assoupi juste à côté des hanches de Bakugo, il avait pris soin de ne pas le toucher, du moins à part la main qu'il avait emprisonné au milieu des siennes, sous son visage. Bakugo leva les yeux au ciel, il avait intérêt à ne pas baver en dormant. Son haut et son pantalon n'avaient rien à voir avec des habits d'hôpital, il devait déjà être sorti, où s'être remis plutôt vite.

Merde, depuis combien de temps était-il endormi ici ?

A côté, Bakugo remarqua des fleurs sur la petite table de chevet, elles étaient en train de fâner malgré l'eau claire dans le vase. Il y avait aussi une bouteille et une carte.

Oh, c'était sa carte d'All Might. Quelqu'un l'avait nettoyé, il n'y avait plus de trace de boue ou de sang. Il ne restait que ses bords cornés et un coin plié, soigneusement protégée sous un plastique. Ca aussi, ce devait être un coup de Midoriya.

Il dormait toujours, le léger ricanement qui échappa à Bakugo n'y changea rien. C'est plutôt la toux qui suivit qui le fit réagir.

Il n'aurait pas dû tenter de se relever si vite, sa tête le rappela à l'ordre d'une vive douleur. Bakugo aurait bien massé son front d'une main, mais sa seule valide était toujours fermement enfermée dans celles de Midoriya.

Midoriya qui avait enfin les yeux grand ouvert. D'abord il le fixa sans un mot, complètement perdu. Il se redressa dans un sursaut, le regard déjà brillant. Évidemment que Bakugo allait être accueilli par une vague de larmes et de reniflements, Midoriya ne changeait définitivement pas. Il eut beau passer ses mains contre ses yeux, ils restaient humides et déjà gonflés.

- Kacchan-, kacchan, mon dieu, Kacchan-

- Arrête de répéter mon nom, je suis devant toi abruti.

- Kacchan…. Je suis tellement désolé, je-, j'ai pas-

- Ferme là tu veux, tu m'donnes déjà mal au crâne.

Ce qui n'était pas complètement faux, Bakugo sentait son mal de tête s'accentuer. Peu importe, il tenta une nouvelle fois de se redresser, pour mieux faire face à Midoriya. Il avait beau lui parler aussi rudement que d'habitude, sa voix ne voulait pas suivre. Elle n'avait rien d'agressive, et ce n'était pas seulement à cause de sa gorge sèche et sa bouche pâteuse.

- Approche.

Midoriya fit tout le contraire, et se figea en l'entendant. Il avait encore des larmes plein les yeux et la lèvre tremblante. Bakugo grogna, et puisque cet idiot n'avait toujours pas lâché sa main, en profita pour le tirer vers lui. Son bras protesta, mais il ignora le pic de douleur.

- Approche j'te dis.

Sans lui demander son avis, il le coinça contre lui. Midoriya ne se débattit pas, en fait, il ne mit pas longtemps à poser les mains autour de ses épaules.

Bakugo n'avait pas envie de se justifier ou de se trouver des excuses, alors il n'ajouta rien. Tout ce qu'il voulait, c'était être certain de ne pas être dans un étrange rêve éveillé. Il voulait s'assurer que s'était bien Midoriya qui se tenait devant lui, qu'il était vivant, que son cœur battait et que cette chaleur était la sienne. Il voulait pouvoir se persuader que c'était fini.

Le poids qu'il sentait au coin de sa poitrine, décida enfin de foutre le camp, et ce n'était qu'une raison de plus pour ne pas relâcher sa prise.

Bakugo se souvenait étrangement bien du combat. Il avait l'impression de n'avoir passé qu'une journée dans ce brouillard obscur, tout était encore clair dans son esprit. Le combat contre Shigaraki, son bras en lambeaux, la douleur et le sang.

D'un coup, comme s'il prenait finalement conscience de la situation, Midoriya s'agita. Avec prudence, il tenta de se défaire de Bakugo, le regard inquiet et presque paniqué.

- Kacchan- tes blessures, attend tu dois te reposer…

- J'ai-

- La perfusion, c'est dangereux, tu ne dois pas autant bouger. Kacchan s'il te plait le médecin dit que tu dois te reposer, tu-

- J't'ais dit de te taire, Izuku.

Enfin, il ne disait plus rien, et Bakugo pouvait avoir la paix. Puisque qu'il n'avait pas l'intention de bouger, Midoriya céda. Il revint contre lui, et finit par poser la tête contre son épaule. Il n'osait pas s'appuyer complètement, Bakugo sentait son corps encore tendu. Mais au moins, ses sanglots finirent par s'arrêter, ses reniflements aussi.

Dire combien de temps ils étaient restés collés l'un contre l'autre était compliqué. Et surtout Bakugo s'en fichait bien. Il finit par se demander si Midoriya ne s'était pas rendormi après avoir sentit son poids tomber contre lui. L'aube venait à peine de se lever après tout, il avait beau être matinal, même cet idiot avait besoin de sommeil.

La pièce était silencieuse. Depuis le couloir, il pouvait entendre les pas rapides des infirmières. Bakugo ne voulait pas encore en voir une débarquer ici.

- Kacchan. Refais plus jamais ça, s'il te plait.

- Hein ?

La voix de Midoriya le surprit, il était bien réveillé au final. Même si ses mots étaient à moitié étouffés contre son épaule.

- Contre Shigaraki, dit Midoriya en se redressant à peine. Quand je suis arrivé… T'étais-, y avait du sang partout- Ton bras, et ton cœur-

La main sur l'épaule de Bakugo se serra. Et les larmes semblaient prêtent à refaire surface.

- Je comptais pas mourir là-bas.

- T'en savais rien ! On parle de Shigaraki ! T'as foncé sans réfléchir-

- Mh, mon corps a bougé d'lui-même, un truc comme ça. Encore.

C'était presque comique de voir Midoriya être celui à hausser le ton. Il avait même le regard sévère et les lèvres pincées. Bakugo n'avait pas envie de crier, de toute façon sa gorge ne le lui aurait probablement pas permis. Il se contenta de regarder Midoriya se redresser et retourner s'asseoir sur la chaise près de son lit. Il se retenait encore de plus le contredire, c'était évident.

- Pas ma faute, soupira Bakugo. c'est toujours les mêmes conneries qui m'embrouillent quand je finis à deux doigts de crever. A chaque fois, la dernière chose à laquelle je pense, c'est ta sale face d'abruti. Et le pire, c'est que j'me dis que c'est pas si mal si je dois y rester, tant que j'te sauve la peau.

Oh, les mots étaient sortis plus facilement qu'il ne l'aurait cru. C'était peut-être le fait de frôler une seconde fois la mort qui lui donnait envie d'être un peu plus sincère.

Même si, concrètement, Bakugo n'avait pas eu peur de mourir. Les deux fois, il avait eu le sentiment que ce n'était pas la fin, qu'il allait forcément s'en sortir. Il avait encore trop à dire pour bêtement y rester. Contre Shigaraki, il avait fait ce qu'il avait à faire. Il avait gagné du temps, protéger les autres du mieux qu'il l'avait pu, parce que c'était ce que Midoriya aurait fait.

D'ailleurs, cet idiot était bien silencieux. Il le regardait avec ses grands yeux que Bakugo avait toujours du mal à cerner. Mais ça ne le mettait plus en colère, presque plus.

- Ça me fait chier de savoir que je pourrais crever pour toi. Mais je crois que ce qui me fout encore plus les nerfs, c'est que t'as la stupidité de faire la même chose pour moi.

Midoriya était comme ça. Depuis le monstre visqueux du collège, même depuis qu'ils étaient gosses, il ne s'avait faire que ça, se sacrifier pour les autres. Maintenant que Bakugo savait d'où venait sa colère, pourquoi il était tant rongé par sa frustration et sa rage puérile, il comprenait un peu mieux. Il parvenait à voir son ambition un peu trop écrasante de vouloir sauver tout le monde. Cette envie d'être à la hauteur, peu importe que ça lui demande de se détruire à petit feu. C'était cette partie de lui, complètement enragée et absurde que Bakugo avait appris à détester.

- Hein ? Quoi, mais j'ai pas, pour toi c'était-

- Je t'ai entendu, le coupa Bakugo. A chaque fois que tu me parlais. Quand tu ramenais de nouvelles fleurs et que tu me donnais faim à bouffer tes mandarines. Alors essaye même pas de nier.

Il n'avait fait que ça, de parler à côté de lui, il n'avait pas le droit d'avoir l'air si choqué. Bakugo se souvenait de son résumé de la fin de guerre et le combat final contre Shigaraki, il en avait beaucoup parlé, souvent en s'excusant. Puis il y avait eu leur entraînement contre la classe B, pourquoi il avait perdu le contrôle lors de la découverte de l'alter des fouets noirs. Sa perte de contrôle lorsque Shigaraki avait empalé Bakugo lors de l'assaut de l'hôpital, pourquoi il avait fuit l'école juste après ça. Midoriya avait décidément beaucoup parlé oui.

- J'ai rarement été sincère, mais t'es pas mieux depuis que tu te prends pour le sauveur du monde, Bakugo se moqua encore.

Pour la plupart des choses, Bakugo n'en savait rien. Et pour beaucoup il ne savait pas quoi en penser, mais elles expliquaient en partie pourquoi Shigaraki avait l'air si décidé à se focaliser sur lui, pourquoi c'était si important que Midoriya le retrouve dans un état aussi lamentable.

Et Bakugo n'aimait pas ça.

Savoir qu'il faisait partie des raisons qui poussaient Midoriya à s'oublier tant qu'il pouvait sauver, ça l'avait rendu frustré. Frustré, et vulnérable. Mais au final, c'était même pire. Il alimentait cette envie irrationnelle chez Midoriya de se sacrifier, jusqu'à le pousser bien au-delà de ses limites.

- Kacchan. Kacchan, écoute, c'était pas-, ce que j'ai dit, je voulais juste parler sans réfléchir, je pensais pas que tu entendrais, les docteurs disaient qu'il y avait des chances pour que tu sois dans une demi conscience, alors au début je pensais que c'était vrai, mais comme tu ne te réveillais pas-? et puis tu ne réagissais pas, je pensais que, j'en sais rien, que-

Ah, Midoriya paniquait. Il avait presque l'air effrayé que Bakugo en sache autant à présent. Les yeux fuyants, il se massait nerveusement les mains et perdait le fil de ses propres mots.

- Eh.

Bakugo ne pouvait pas lui en vouloir. C'était uniquement de sa faute s'il se sentait obligé de garder tant de choses pour lui. C'était de sa faute s'il n'avait pas envie de les lui dire directement. C'était de sa faute à ne lui avoir jamais donné aucune raison de lui faire confiance.

- Eh, Izuku.

Encore, c'était à Bakugo d'essayer de recoller ce qu'il avait brisé.

- Arrête, il grommela.

Il se pencha et approcha sa main de celles abîmées de Midoriya, sans pour autant les toucher. Ce fut assez pour attirer son attention et qu'il ose enfin lever les yeux vers lui. Bakugo se râcla la gorge, son corps n'aimait pas autant bouger, son bras le tiraillait, son dos aussi à force de ne plus être allongé.

- J'ai pas encore envie de te buter alors pas la peine de partir dans tes monologues. J'ai failli crever. Toi aussi. J'en ai marre d'agir comme un bouffon, alors écoute. Ce que j'ai dit sous la pluie, tout ce que j'ai dit, j'étais sérieux.

Ces quelques phrases semblèrent apaiser Midoriya qui cessa de s'agiter, ou peut-être était-ce la voix de Bakugo qui restait éternellement calme.

- Et quand j'me suis retrouvé devant Shigaraki, j'me suis rendu compte que j'avais encore des trucs à te dire.

Ce n'était pas quelque chose qui lui ressemblait de tant parler. Surtout de lui, de ses sentiments, de choses qu'il avait longtemps appris à ignorer et à étouffer. Mais il était fatigué. Las de s'épuiser à les garder au fond de lui, de se laisser bouffer par ces non-dits. Il avait envie d'être sincère. Jusqu'au bout. Bakugo ne voulait pas refaire la même erreur, se retrouver au milieu des combats et comprendre trop tard. Les regrets, il n'en voulait pas, les remords étaient bien suffisant à porter.

- Devant Shigaraki, j'avais envie de me battre avec toi. C'est tout. Je voulais que tu sois là. Je voulais te voir.

Décidément, les mots venaient d'eux-mêmes, Bakugo ne sentait pas la moindre hésitation ou tremblement dans sa voix. Midoriya aussi en était surpris, les yeux ronds, il finit par laisser échapper un faible :

- Vraiment ?

- J'ai une gueule à m'amuser à mentir ? grogna Bakugo. Ça m'fait chier, mais le con à la ramasse c'est moi. T'as gagné.

Il n'y avait aucune honte dans sa voix, il était plutôt satisfait de pouvoir enfin s'en débarrasser, et voir Midoriya aussi ahuri n'était pas désagréable. Il avait l'air encore plus stupide avec ses yeux écarquillés, ses mains figées dans le vide à ne plus savoir quoi en faire et sa bouche qui cherchait quelque chose à dire.

- Tu peux faire c'que tu veux, devenir le pire héros, te jeter devant les pires vilains, faire les pires sacrifices et te faire encore plus de cicatrices, je serais là pour m'assurer que tu crèves pas. J'ai pas envie de me battre pour un monde où j'peux pas voir ta sale gueule. Alors ouais, t'as gagné.

Dans un soupir Bakugo se recula pour se caler de nouveau contre le coussin, il commençait à sentir sa nuque le tirer. Sauf que Midoriya lui attrapa précipitamment la main, alors ça pouvait bien attendre. Ses joues n'étaient pas encore couvertes de larmes, mais ses yeux étaient de nouveau brillants. Il fixait ses mains abîmées entourer celle bandée du blond, sans oser la tenir trop fermement.

- Kacchan… Kacchan, tout ce que j'ai toujours voulu c'est d'avancer avec toi.

Bakugo avait parlé trop vite, il pouvait sentir des gouttes d'eau tomber sur sa main. Midoriya finit par lever les yeux vers lui. Il avait l'air d'hésiter à plus parler. Mais pour une fois, Bakugo n'avait pas besoin de ça pour comprendre où il voulait en venir. Midoriya en avait déjà bien assez dit pour qu'il devine enfin ce qu'il pouvait bien se passer derrière ses yeux verts.

Il affolait Midoriya, dès qu'il frôlait la mort, cet idiot perdait le contrôle de ses alters, ses pensées, son cœur. Bakugo n'était pas mieux, face à la mort, il n'avait que le visage de Midoriya à l'esprit, et c'était assez pour se surpasser le temps d'un instant.

Que pouvait-il bien y avoir à ajouter à ça ?

- S'il te plaît, reste avec moi. J'ai besoin de toi pour devenir le meilleur héros possible. Reste en vie.

C'était bien trop tard pour penser à se détacher et vivre loin de ce pauvre idiot, Bakugo le savait.

- T'as écouté c'que je viens de dire ? Bakugo rétorqua. Comme si je comptais crever aussi facilement avant toi, pauvre id-

Il n'eut même pas le temps de finir de parler, Midoriya s'était soudainement accroché à lui. Sa main ne lui suffisait plus visiblement, il préférait l'écraser de tout son poids contre l'oreiller et l'étouffer entre ses bras. Son dos protesta, ses bras aussi n'aimèrent pas ce nouveau poids, Bakugo s'en fichait bien. Il pouvait sentir le souffle de Midoriya contre son cou malgré les bandages, sa joue humide contre la sienne, et ses cheveux toucher sa peau.

Le contact cessa aussi soudainement qu'il était apparu, Bakugo croisa le regard paniqué de Midoriya, qui sembla se souvenir qu'il sortait tout juste d'un coma. Pourtant, il ne repartit pas s'installer sur la chaise, il resta là, face à Bakugo, son visage à quelques centimètres du sien.

- Kacchan-, Kacchan, désolé…

Il continua de s'excuser, jusqu'à ce que Bakugo ne soit plus certain de la raison à force de le voir se rapprocher. Leurs fronts se touchaient maintenant, Midoriya avait les yeux rivés sur lui, et puisque le blond ne le repoussait pas, il n'avait aucune raison de s'arrêter là.

Bakugo fut étonné de ne pas avoir le goût des larmes au bout de la langue en embrassant Midoriya. Sa main libre posée contre sa joue, il pouvait pourtant les sentir sous ses doigts.

La sensation lui rappela la chaleur qui lui parvenait parfois durant son long sommeil, sauf que cette fois elle ne se limitait pas à sa main. Elle se retrouvait un peu partout, le long de son bras, contre sa bouche, ses joues, son visage entier, son cou, sa poitrine. Le côté discret, presque diffus, il pouvait l'oublier aussi. Bakugo se sentait bouillant, comme s'il avait de la fièvre, sauf que il ne se sentait pas mal, loin de là.

Midoriya finit par s'éloigner, à peine, juste assez pour pouvoir respirer. Et là encore, ses grands yeux se noyèrent dans la panique. Prévisible. Il agissait toujours avant de réfléchir.

Bakugo attrapa fermement le col de son T-shirt avant qu'il ne trouve le temps de s'éloigner, ou même de s'enfuir en courant. Il avait les joues écarlates, ses grains de beauté le faisait ressembler à une stupide fraise.

Midoriya n'osait pas lui faire lâcher prise, il ouvrit la bouche pour parler, mais Bakugo n'avait pas envie de l'écouter se perdre dans un autre flot d'excuses inutiles. Alors il le tira à lui et l'embrassa de nouveau, simplement pour s'assurer de le faire taire.

La chaleur était de retour dans sa poitrine, et cette fois, il eut l'impression de sentir une larme contre ses lèvres. Midoriya finit par poser une main sur son épaule, et quand il se recula pour reprendre son souffle, il fut incapable de faire autre chose que de fixer Bakugo.

Il resta miraculeusement silencieux, les yeux brillants, les larmes n'avaient pas l'air de vouloir s'arrêter. Mais au moins, à présent, il avait un énorme sourire aux lèvres.

- Abruti, murmura Bakugo en passant une main sous ses yeux, même s'il savait que c'était inutile.

Un hoquet secoua Midoriya, qui laissa sa tête s'appuyer contre les doigts du blond. Puis il se laissa tomber contre lui, un peu plus prudemment. La chaleur de retour contre son cou et ses épaules, Bakugo se contenta de grogner en le sentant l'entourer de ses bras. Ce n'était pas désagréable.

- Kacchan je te fais mal ?

Il en oubliait que son corps était rempli de courbatures. Il avait dû s'habituer, Bakugo ne sentait plus son dos le tirer ou son épaule le lancer.

- Nan.

- Tu es sûr ? J'appuie pas sur tes bandages ?

- Nan.

De son bras libre, il serra un peu plus Midoriya contre lui. Simplement pour ne pas que cet idiot tombe du lit.

- Je suis pa-

- Le doc a dit que j'devais me reposer, mh ?

Il avait fermé les yeux, même en sortant d'un long sommeil, la fatigue le rappelait déjà à l'ordre.

- Oui-

- Super, alors laisse moi pioncer, si tu bouges j'te bute. T'as des sales cernes, dors aussi.

Bakugo ne comptait pas s'endormir, même si ce n'était que quelques heures, sans cette chaleur réconfortante à laquelle il avait fini par s'habituer. Peut-être qu'il avait envie de se persuader qu'il allait se réveiller au même endroit, dans le même lit et avec exactement le même regard qui ne l'avait jamais lâché.

- Dors bien Kacchan.

Après tout, il ne demandait pas grand chose. Tant qu'il était en vie, et que Midoriya l'était aussi, le reste, ce n'était que des détails.