Dispositions légales : Les Malheurs de Sophie est une série d'animation appartenant à France 3 et Canal J, d'après l'oeuvre de madame la Comtesse de Ségur. Je ne possède rien dessus.


Mauvaise habiture


Madame de Fleurville passait près de la chambre de Sophie, lorsqu'elle entendit cette dernière marmonner d'un ton un peu paniqué. Elle ne parvenait pas à comprendre ce qu'elle disait, mais cela ne semblait pas bien... Inquiète, elle toqua à la porte et entra. Sophie sursauta et se retourna très vite, cachant ses bras derrière son dos.

« Tout va bien Sophie, demanda Madame de Fleurville ?

- Oui, tout va bien, rougit Sophie. »

Madame de Fleurville fronça les sourcils, sentant bien que sa protégée ne lui disait pas la vérité. Son regard se posa au sol, où elle remarqua une tâche rouge que l'on commençait à essuyer.

« Mon dieu Sophie, mais tu saignes ! Que s'est-il passé ? »

Sophie n'osa pas répondre, rougissant encore davantage tandis que sa gardienne se rapprochait d'elle et commençait à vérifier son état.

« Sophie, s'il-te-plait. Montre-moi où tu es blessée. »

Sans rien répondre, la demoiselle tremblotante lui montra son bras gauche, sur lequel se trouvait une lacération récente, juste sous sa manche. Elle s'excusait à demi-mots, n'osant pas regarder Madame de Fleurville, qui la pria de s'expliquer. Après hésitation, Sophie montra ce qu'elle avait dans la main droite : son petit couteau ouvert, du sang dessus. Madame de Fleurville ne put s'empêcher de pousser un cri d'effroi tandis qu'elle réalisait ce qu'il s'était passé. Ce n'était pas un accident. Sophie s'était volontairement coupée, et avait tenté de le cacher en nettoyant comme elle le pouvait le sang.

« Oh mon enfant... Pourquoi avoir fait cela ? »

Sophie n'osa tout d'abord pas répondre. Elle ne parvenait pas à regarder sa gardienne dans le yeux, honteuse. Puis, avec difficulté, elle dit timidement :

« Pour être sûr que tout cela est réel...

- Comment ?

- Je... Je... Il n'y a pas de douleur dans les rêves – c'est d'ailleurs ainsi que je sais le plus souvent si je suis dans un cauchemar ou non... Et je suis si bien chez vous que j'ai l'impression d'être dans un rêve ! Alors parfois... parfois je me coupe. Comme ça, je sais que c'est bien vrai. Parce que la douleur est vraie. »

Madame de Fleurville releva avec douceur la manche de Sophie, découvrant plusieurs cicatrices encore récentes. Elle en aurait pleuré, mais se retenait pour Sophie, qui la regardait avec inquiétude. Madame de Fleurville la prit dans ses bras, la serrant contre son cœur, lui jurant que tout était bien vrai et qu'elle n'avait plus besoin de faire cela. Lui promettant de lui prouver que c'était bien vrai, même sans cela.

Et Sophie, encore si frêle à cause des mauvais traitements de sa belle-mère, se réfugia dans les bras de sa sauveuse, un petit sourire de soulagement aux lèvres. En voyant cela, Madame de Fleurville, malgré toute son éducation et sa foi, ne put s'empêcher de haïr cette femme qui avait détruit cette enfant au point que celle-ci ne puisse comprendre le bonheur sans douleur...