Note de la traductrice : Coucou ! Alors je dois me répandre en excuses pour pas mal de choses, premièrement désolée pour la durée de temps grandissante entre chacune de mes updates, mais comme vous le savez, il est dur de traduire et de suivre des cours en même temps, j'ai également d'autres traductions en cours ^^ Deuxièmement, désolée de ne pas avoir répondu à vos reviews (ce que je vais faire prochainement !), mais sachez que je les lis toutes et qu'elle me font vraiment plaisir ! Merci !

Les chapitres sont vraiment longs, j'espère donc que ça rattrapera les choses !

Sinon, les parties en italique correspondent toujours à l'enfance de Sherlock et Mycroft.

Rappel, Sherlock a à peu près 7 ans, et Mycroft 14.

IMPORTANT ! J'ai décidé de republier ce chapitre, mais entièrement cette fois-ci, donc lisez-le. J'espère ne pas avoir oublié de fautes.

Bonne lecture et donnez votre avis =)


Chapitre 2 :

Sherlock avait fait des recherches concernant les "frères". Et il en avait tellement lu qu'il ne voulait pas ne serait-ce que l'ombre de l'un d'entre eux chez lui.

Apparemment, les grands frères pouvaient vous malmener, se montrer méchants avec vous, vous donner des ordres, vous faire des reproches, et vous faire exécuter des choses pour eux, de plus ils s'imaginaient plus intelligents et tout simplement meilleurs que vous juste parce qu'ils étaient plus âgés, plus grands et ils vous persécutaient jusqu'à ce que vous l'admettiez.

Jusqu'ici, Mycroft n'avait réfuté aucune de ces accusations.

Bon, d'accord, il ne le malmenait peut-être pas, ne lui faisait pas de reproches, et ne lui ordonnait pas de faire des choses pour lui… mais il persistait à se penser plus intelligent et meilleur que Sherlock, et à également croire qu'il avait certains droits, uniquement car il était plus âgé, comme celui de lui faire la leçon, ou de lui dire quoi faire et quand le faire – comme s'il était son chef ou un truc dans le genre. Sherlock Holmes n'avait pas de chef ! Il était son propre chef ! Et il ne recevait certainement pas d'ordres d'un Mycroft stupide et ennuyeux.

Que faisait-il même ici, d'abord ? Les grands frères n'étaient pas supposés surgir de n'importe où comme ça. Bien sûr, Maman avait mentionné un grand frère, une fois ou deux, au fil des ans, bien qu'elle sembla affreusement triste en en parlant. Sherlock avait alors présumé qu'il était mort.

Assis à table, sur une chaise qui n'était pas la sienne, merci à Mycroft qui la lui avait volé avant qu'il n'ait pu s'asseoir dessus (il n'avait pas à lui dire que cette chaise lui appartenait, il était évident que c'était la sienne. Il y avait son coussin dessus, un S gravé dans le bois juste en-dessous, elle était la plus usée de toutes les autre chaises et celle la plus proche de Maman. Qui pensait-il être pour s'y installer ?), Sherlock ne put s'empêcher de penser qu'il aurait peut-être été mieux que Mycroft ait été mort avant que lui, ne soit né.

« Sherlock, assieds-toi droit. » murmura Mycroft alors que Maman descendait dans l'entrée, après un passage rapide dans son bureau, avant le dîner.

Sherlock fit la grimace et s'affala davantage sur sa chaise, prenant un malin plaisir à voir combien cela semblait énerver Mycroft.

Il avait enquêté sur cette arrivée soudaine, évidemment. Mais Maman avait brûlé la lettre que père lui avait écrite, et donc toutes les explications qui y figuraient. Elle avait dit que c'était une idiotie et que Mycroft n'avait rien à voir avec ce qu'elle disait.

Sherlock avait rassemblé les souvenirs de cette nuit et s'était mis à déchiffrer tout ce qui lui passa par la tête.

De ce qu'il put en déduire, son frère avait fait quelque chose, quelque chose de vraiment mal présuma-t-il, ce qui avait poussé père à le renier et à refuser qu'il vive sous le même toit que lui, de peur que l'affaire ne s'ébruite.

Et bien qu'il ne sache pas exactement ce que Mycroft avait fait, cela avait suffi à le faire expulser d'une maison, donc ça justifierait probablement le fait qu'il se fasse expulser d'autre part. Sherlock décida de guetter le moment où son frère répéterait inévitablement son crime atroce, ainsi il pourrait le prendre en flagrant délit. Il lui faudrait vraiment faire attention à ce qu'il ne fasse pas de mal Maman.

« Sherlock redresse-toi, s'il-te-plaît, siffla de nouveau Mycroft.

- Fous-moi la paix, répondit Sherlock.

- Langage, Sherlock, gronda Maman en surgissant dans la pièce Et redresse-toi trésor, tu peux difficilement savourer ta soupe ainsi vautré sur ta chaise. »

En soufflant, Sherlock fit ce qu'on lui demanda et s'installa correctement.

Mycroft était en train de froncer les sourcils, son regard passant de Maman à Sherlock, visiblement troublé.

Qu'est-ce qu'il le troublait ? C'était juste de la logique, la soupe serait tombée partout s'il ne s'était pas redressé.

Oh, bien sûr, ça le troublait que Sherlock ait écouté Maman et non lui. Ridicule. Juste parce qu'il ne l'avait pas écouté. Au diable cette histoire de grand frère, Sherlock n'allait pas se laisser commander par ce malade du contrôle.

Il lui tira la langue quand Maman eut le regard ailleurs.

oOoOo

Les choses ne se déroulaient pas aussi bien que Sherlock l'avait espéré.

Maman avait été en réalité bien plus bouleversée que ce que Mycroft avait laissé entendre, et il avait tout simplement été impossible de lui faire entendre raison. Le fait qu'elle ait déjà tout arrangé avec Tante Scarlet n'aidait pas, cette dernière ayant promis de les emmener, lui et Mycroft, à l'aérodrome où ils embarqueraient dans l'un des jets privés empruntés de Mycroft, en direction des faubourgs d'Orne.

Aussi doué qu'il puisse être pour résoudre les énigmes, Sherlock savait reconnaître une cause perdue lorsqu'il en avait une sous les yeux. Ainsi, il irait assister aux funérailles, qu'il le veuille ou non.

Lorsque neuf heures arriva le matin suivant, il se trouvait dans l'entrée, un sac à dos rempli posé à ses pieds, et sur le point d'effrayer son dix-septième passant rien qu'avec son expression (qui pourrait être décrite, au mieux, acariâtre, et au pire, franchement meurtrière). Jusqu'ici il était parvenu à faire mourir de peur six enfants se rendant à l'école, quatre de ses voisins, trois des vendeurs de la boulangerie se trouvant dessous son appartement, deux vielles femmes et un chien aboyant.

« Je vois que tu es de bonne humeur. » fit remarquer Mycroft à l'instant où sa voiture s'arrêta face à lui.

Sherlock lui jeta un regard mauvais.

« Nous nous rendons à des funérailles, cracha-t-il en se laissant tomber sur le siège près de son frère. La jovialité, m'a-t-on dit, est inappropriée. »

L'un des sourcils de Mycroft se courba.

« Quelle traditionalisme de ta part. » murmura-t-il.

Sherlock roula des yeux mais n'ajouta rien.

« Tu n'as donc pas pu t'arranger avec Maman ? demanda Mycroft. Son ton se voulait innocent, mais le rictus amusé dansant sur ses lèvres ne l'était assurément pas.

- Visiblement, grogna Sherlock, étirant ses jambes sur le siège en cuir. Elle a déjà tout organisé. Comme tu le sais.

- Je t'avais prévenu, répondit Mycroft en soupirant.

- Oh, la ferme, rétorqua Sherlock, méprisant, avant de se tourner en soufflant pour regarder par la fenêtre avec un air sombre. »

Il fut évident pour chacun que la conversation s'arrêtait là.

oOoOo

Sherlock avait toujours eu le sommeil léger. En réalité si léger que dormir une nuit complète était un événement rare méritant d'être fêté, puisque le plus souvent, il était forcément réveillé à un moment donné par une voiture passant près de la maison, une branche tapant contre sa fenêtre, ou le chat des voisins feulant après un autre sur leur pelouse.

Cette nuit, ce fut la faute de la machine à laver le linge qui se mis en route.

Se retournant dans son lit, il jeta un œil à son horloge.

Il était trois heures du matin, pourquoi Maman laverait du linge à trois heures du matin ? Elle n'aimait déjà pas le faire à trois heures de l'après-midi.

Ça méritait une enquête.

Enfilant sa chemise de nuit préférée, Sherlock se glissa par la porte entrouverte de sa chambre et descendit à petits pas dans le hall d'entrée pour se rendre dans la buanderie.

Il aurait peut-être dû prendre une arme avec lui, au cas-où quelqu'un s'était introduit chez eux. Ridicule. Qui entrerait par effraction pour laver son linge ? Un psychopathe, sans aucun doute. Bien que peu probable. Tout de même, il devrait remonter récupérer son couteau suisse. Non, absolument pas. Oncle Tiberius lui avait fait promettre de ne pas laisser Maman savoir qu'il était en sa possession avant qu'il n'ait onze ans. Donc, pas de couteau.

Ça ne changeait pas grand-chose de toute façon, il était déjà arrivé.

Sherlock jeta un coup d'oeil.

Évidemment, il fallait que ce soit Mycroft : celui gâchant tout ce qui se montrait intéressant. Il aurait dû retourner chercher son couteau.

Il était assis sur un seau, une serviette autour de la taille.

« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda Sherlock en entrant.

Mycroft leva les yeux, et Sherlock remarqua qu'ils étaient tout rouges.

« Sherlock ?

- Il semblerait. Tu n'as pas répondu à ma question.

- Rien, retourne te coucher, murmura Mycroft. Il est tard.

- Tôt, en fait, répondit Sherlock. Et tu ne fais pas 'rien'. Tu es en train de laver le linge. Donc pourquoi laverais-tu du linge à trois heures du matin, avec rien d'autre sur le dos qu'une serviette ?

- Sherlock, retourne te coucher. »

Un sourire grandit lentement sur le visage de Sherlock.

« Je pense savoir pourquoi, il chuchota. Aurais-tu mouillé ton lit ? »

Mycroft vira au rouge vif, et c'est tout ce dont Sherlock eu besoin pour voir ses soupçons confirmés.

Il n'avait pas été si heureux depuis que ses oeufs de grenouille avaient éclos.

« Tu l'as fait ! siffla-t-il avec enthousiasme. Je vais le dire à maman !

- Non ! cria Mycroft. Non, Sherlock, ne le fais pas. Sherlock non – non s'il-te-plaît… »

Mais Sherlock était déjà parti en courant.

Lorsqu'il réapparut dans la buanderie avec Maman qu'il avait tirée hors de son lit, Mycroft se trouvait au bord des larmes. Il tremblait également, comme une feuille aurait dit Maman, et ses bras étaient étroitement resserrés autour de lui.

Sherlock pensa que c'était assez exagéré. Bien sûr, Maman pouvait parfois abuser de câlins et de bisous lorsqu'elle estimait qu'ils en avaient besoin (il y avait des fois où Sherlock voyait presque ça comme de l'étouffement) mais il n'y avait rien de bien terrifiant là-dedans, et Mycroft semblait terrifié plus que n'importe quoi d'autre.

« Chéri ? » murmura Maman en entrant dans la pièce, s'approchant ainsi de Mycroft.

Mycroft recula.

« Je suis désolé... glapit-il. Je ne voulais pas. J'ai juste– j'ai juste fait un cauchemar et– je suis vraiment désolé. J'ai tout nettoyé et je sais que ça n'excuse rien mais–

- Oh mon chéri, tu n'as pas à t'excuser, s'écria Maman, l'entourant de ses bras. Tout va bien. Ce sont des choses qui arrivent. »

Sherlock ricana. Tout se passait comme il l'avait prévu, là, Maman allait étouffer et câliner Mycroft jusqu'à ce que le soleil se lève et si Mycroft savait ce qui était bon pour lui, il se tiendrait à distance durant les prochains jours, histoire d'éviter que ça arrive de nouveau. Pendant ce temps-là, Maman serait toute à Sherlock.

Et avec cette fin de chapitre satisfaisante en tête, Sherlock décida qu'il était temps pour lui de s'en aller, de retourner dans sa chambre et de profiter de ce qu'il restait de la nuit afin de pouvoir savourer un lendemain plein de câlins et de bisous.

C'est ce qu'il aurait fait, heureux comme jamais, s'il ne s'était pas attardé une seconde de trop, seconde qui, bien qu'il ne l'ait pas voulu, fut tout ce dont il eut besoin pour repérer quelque chose de vraiment alarmant.

Il y avait de petites lignes claires sur les hanches de Mycroft, visibles au-dessus de la serviette qu'il avait enroulé autour. Certaines longues, certaines droites, et d'autres faisant le tour de son bassin. Toutes étaient blanches, claires… des cicatrices, c'était des cicatrices.
Elle n'étaient pas profondes, et Sherlock ne les aurait pas remarquées si elles n'avaient pas brillé à la lumière lorsqu'il avait regardé dans leur direction. Il faudrait qu'il revérifie juste au cas où, mais il était quasiment sûr concernant le fait que ce soit des cicatrices.

Donc d'où venaient-elles ?

Un accident étant plus jeune ? Pourtant, il ne parvenait pas à trouver ce qui aurait pu valoir à Mycroft des cicatrices si variées.

Alors quoi d'autre ?

Eh bien, il y avait toujours… Non… Oui, mais… Non, impossible.

Les images ayant été diffusées aux informations, de ce gamin battu à mort par son beau-père, les cicatrices étaient…bien entendu beaucoup plus sévères, mais… elles auraient probablement ressemblé à ça si elles avaient pu finir de guérir. Il y aurait sûrement d'autres marques aussi, dans ce cas-là. En y repensant, sur les photos le garçon était plus marqué qu'ensanglanté, non ? Marques dues à des blessures donc. Mycroft n'avait aucune blessure ou quoi que ce soit en arrivant, n'est-ce pas ? Pas sur son visage en tout cas.

Mais peut-être, si ça se trou… non. C'était stupide. Stupide. Stupide ! Il s'agissait de Mycroft. Mycroft Holmes. Son grand frère ennuyeux, Mycroft. Ce genre de chose n'arrivent pas aux gens comme lui.

À qui ce genre de choses arrivait ? Il n'en savait rien. Mais certainement pas à Mycroft.

Donc qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Quoi d'autre ? Ça pourrait être… Oh ! Oh, ça y est. C'est parce qu'il était gros, hein ? Enfin bon, pas vraiment, mais il avait pris du poids depuis qu'il était arrivé chez eux. Et il était plus gros que Sherlock. Voilà qui était plus sensé.

« Rhabilles-toi un peu, bouffi… railla-t-il, faisant subtilement passer aux oubliettes ce qu'il restait du malaise apporté par son hypothèse de tout à l'heure. Épargne-nous la vue de tes vergetures. »

L'intensité du rouge partant du cou de Mycroft jusqu'à ses joues conforta Sherlock dans ses souhaits, c'est-à-dire de grandes chances de ne plus jamais se retrouver face à ces marques inquiétantes, peu importe leur provenance.

Il remonta en vitesse dans sa chambre, histoire d'éviter l'habituelle leçon de morale concernant son non-respect de la règle interdisant les insultes.

Se ruant dans la pièce, il extirpa son meilleur livre de sciences (l'un de ceux qu'il avait piqué à la librairie) de son étagère pleine de bouquins, sortit sa lampe torche puis plongea sous sa couette.

Il n'arriverait jamais à s'endormir sans un peu de distraction après ce petit interlude.

C'était complètement stupide de penser que quelqu'un ait pu faire ces marques à Mycroft. Pitié. Comme si ça avait pu arriver… surtout à lui. Il reconnaissait que l'idée de le frapper avait son charme, mais réellement, pourquoi quelqu'un l'aurait-il fait ? Ce genre de choses étaient généralement des histoires de punitions qui dérapent, non ? C'était ce que les gens disent en tout cas "certaines personnes vont juste un peu trop loin pour ce qui est de la discipline". Il fallait faire quelque chose de cool pour être puni, et Mycroft ne savait rien faire de cool, du tout.

C'était, comme ça l'est souvent, l'évidence même.

Se secouant mentalement pour avoir déformé la réalité afin de coller à une supposition absolument ridicule, mais certes fascinante, Sherlock, après avoir fini de lire la théorie de la relativité d'Einstein, éteignit sa lampe torche, remonta sa couverture jusqu'au menton et s'endormit avec son livre serré entre ses bras.

"Bouffi" avait été bien trouvé, c'était déjà ça. Il le réutiliserait à l'avenir.

oOoOo

Le trajet jusqu'à l'aérodrome fut long et tendu. Et le vol, encore plus. Lorsqu'ils touchèrent le sol de Normandie il était midi, et les deux frères se trouvaient déjà épuisés simplement par la présence de l'autre.

L'arrivée de la chère Tante Scarlet, aussi adorable soit-elle, n'arrangea pas un minimum les choses.

« C'est tellement agréable de vous voir tous les deux, s'épancha-t-elle une fois les avoir repérés. Mon Dieu, comme vous avez poussé.

- Concernant Mycroft, c'est certain, se moqua Sherlock en se laissant étrangler par la parente enthousiaste. Bien que ce ne soit pas en hauteur. »

Mycroft soupira et annonça qu'il allait récupérer leurs bagages.

Tante Scarlet, qui avait été bien trop occupée à le serrer à l'en étouffer et à déclarer, dans un français de plus en plus aigu à quel point elle était contente de les voir, n'avait pas entendu son commentaire, il ne reçut donc aucune réprimande, même à moitié pensée. Sherlock décida que ce séjour ne serait peut-être pas aussi désagréable qu'il ne l'avait craint.

La moitié de la famille se trouvait déjà au manoir quand lui, Tante Scarlet et Mycroft arrivèrent. Ils y furent juste à temps pour le déjeuner, qui fut servi à l'extérieur, dans la cour, afin que tout le monde puisse manger ensemble :

« Être autour d'une table est si formel, mon chéri, avait crissé Tante Scarlet. Ce n'est certainement pas une bonne façon de se souvenir du génie si unique qu'était cette chère Aggi. »

Chacun eut son rôle, Mycroft en tant que porte-parole de Maman et Sherlock était la présence solennelle qui le soutenait. Ce dernier pouvait paraître solennel assez facilement, après tout, les gens semblaient toujours confondre l'air d'une personne se sentant exploitée avec un air morne.

Un par un, chacun s'était vu donné une différente version du « Maman est vraiment désolée de ne pouvoir être présente. C'est juste tellement difficile pour elle, comme ça l'est pour tout le monde, bien entendu. Nous faisons tous face à notre manière, n'est-ce pas ? » de Mycroft, parfois agrémenté d'un "hum" ou d'un soupir affligé de la part de Sherlock et les deux frères furent relativement convaincus que leur Mère avait été pardonnée pour son absence.

De deux heures à trois heures ils restèrent dans le salon, échangeant des souvenirs de Tante Agnolia. Sherlock faillit s'endormir quatre fois.

L'heure suivante fut passée à profiter du thé de l'après-midi, brièvement, puis de quatre à cinq heures, tout le monde se mit à siroter du vin en discutant du reste de la famille : quels cousins n'étaient plus à l'école ; qui y était encore ; qui était en train de voyager ou d'étudier ; comment se déroulait le travail de tel et untel ? Oui, j'ai toujours su qu'il ferait un bon banquier.

Sherlock s'endormit vraiment vers le milieu de cette conversation-ci.

Il était prévu que le dîner soit servi vers six heures et demie, et du coup, enfin, Mycroft et Sherlock furent conduit à l'endroit où leurs affaires avaient été placées durant le temps où ils avaient fait le tour de la maison pour se socialiser.

Sherlock avait attendu ce moment avec hâte. Enfin, un petit moment seul.

Naturellement, à la seconde même où cette vision paradisiaque frôla son esprit, sa très chère tante annonça promptement que, due au nombre de personnes passant la nuit au domaine (« Nous devrions rester tous ensemble dans un moment comme celui-ci. »), lui et Mycroft auraient à partager la même chambre.

Mycroft eut à se jeter rapidement sur ses pieds (se les brisant presque, ce crétin obèse) afin d'empêcher Sherlock d'émettre ses plaintes.

« Si tu penses que je vais passer la nuit à dormir à côté de toi... siffla aussitôt Sherlock dès qu'il entendit le bruit des talons de Tante Scarlet claquer dans les escaliers. Tu te mets le doigt dans l'oeil.

- J'ai entendu dire que l'autre moitié du lit de Grand-maman est libre, grommela Mycroft en se mettant à déballer ses affaires. »

Sherlock eut un haut-le-coeur.

« Ça n'est pas drôle du tout.

- Je dois bien l'avouer, le dentier dans le verre et cette manie de dormir nue sont deux choses quelques peu repoussantes, n'est-ce pas ? médita Mycroft, un rictus amusé tirant les coins de ses lèvres.

- Au moins elle ne mouille pas les draps, rétorqua Sherlock. »

Le rictus disparut en un instant.

« Tu ne fais plus ça désormais, dis-moi ? demanda Sherlock, savourant le retournement de situation. Pipi au lit, je veux dire. »

Mycroft lui jeta un regard mauvais.

« Ça n'est pas amusant. » répondit-il avec un calme forcé.

Sherlock sourit. Seul lui avait le pouvoir de faire bouillir le sang de l'Homme de Glace.

« Ça n'est pas une réponse. » répliqua-t-il innocemment.

S'emparant d'un livre se trouvant dans son sac (1984, n'est-ce pas sentimental ?), Mycroft lança d'un ton sec :

« Non, Sherlock, je ne le fais plus. Et cela fait trente ans que ça ne m'est pas arrivé.

- Ça reste à voir.

- Veux-tu bien arrêter ?

- Ça mouille les draps et maintenant ça pique des crises de colères, on régresse frère-chéri.

- Sherlock ! »

Sherlock roula des yeux.

« Oh, je t'ai contrarié, bailla-t-il en se laissant tomber sur le matelas. Je suis si désolé. Dis-moi, pourquoi ne continues-tu pas sur cette voie ? Va lire ton petit bouquin, peut-être que si tu es vraiment sage, Tantine te donnera un biscuit. En voilà un bon garçon. »

Mycroft prit une profonde inspiration, qui le calma.

Sherlock sourit.

« Très bien, dans ce cas... répondit Mycroft d'un ton traînant. Pourquoi ne dormirais-tu pas, pendant que je suis dehors. Tu es toujours si grincheux lorsque tu manques ta sieste »

Sherlock lâcha un rire moqueur.

« Une tentative passable pour ce qui est de ne pas perdre la face, murmura-t-il, s'allongeant sur son ventre, et baillant de nouveau. Mais qui manque de force, j'en ai bien peur.

- Tombée juste, pourtant, fit remarquer Mycroft.

- Peu importe.

- Je viendrai te chercher lorsque le dîner sera prêt, d'accord ?

- Pense à demander de l'aide aux plus grands si tu butes sur certains mots.

- Je prends ça pour un oui. »

oOoOo

Sherlock avait abandonné tout espoir. Mycroft n'était pas un fou criminel ; il était juste aussi ennuyeux que la pluie.

Peut-être avait-il tenté de faire la leçon à leur père et que c'était pour cela qu'il avait refusé de s'en occuper plus longtemps. Sherlock ne pouvait pas le blâmer, s'il le pouvait, il virerait Mycroft lui aussi.

Il était juste si ennuyeux. Il fourrait son nez absolument partout. Par exemple, il disait toujours à Sherlock d'arrêter de courir. Juste parce que lui était fainéant, ça ne voulait pas dire que Sherlock avait à l'être aussi, pour l'amour du Ciel. Qu'y avait-il de mal à courir de toute façon ? Beaucoup de personnes courraient. Les gens faisaient carrière en courant. Sherlock avait l'intention de courir énormément lorsqu'il serait adulte, comme un des inspecteurs de police ou un de ces supers espions qui passaient à la télé, ils courraient toujours après quelque chose ou quelqu'un.

Il essaya d'expliquer cela à Mycroft. Certes, il était quelque peu en colère lorsque qu'il tenta de le lui faire comprendre, mais en même temps cet idiot venait de gâcher l'un de ses coups d'essai les plus prometteurs pour battre son propre record – c'est-à-dire courir autant de fois qu'il le pouvait d'un côté de la maison à l'autre et ce en une seule minute. Il en était presque à son sixième tour lorsque Mycroft se mit en travers de son chemin.

« Ce n'est pas de l'entraînement, dit-il. Ça va te faire avoir des ennuis.

- C'est quoi ton problème ? se moqua Sherlock en lui donnant un coup aux tibias avant de bondir en arrière et de lever ses poings comme son professeur de boxe lui avait appris à le faire. Approche, alors. Je te laisserai lancer le premier coup. »

Mycroft sembla horrifié.

« Je ne vais pas te frapper, répondit-il.

- Dans ce cas, dégage de mon chemin ou je te frapperais, rétorqua Sherlock, lançant quelques coups d'essai pour montrer qu'il le pouvait. »

Mycroft soupira.

« Tu ne peux pas courir dans la maison, Sherlock.

- Si, je le peux. Et j'étais juste en train de le faire, et je recommencerai à la seconde même où tu seras hors de mon chemin.

- J'essaye de t'éviter des problèmes, insista Mycroft.

- Qui va me causer des problèmes ? cria Sherlock. C'est ma maison. Je peux courir à l'intérieur si je le veux.

- Non, ça ne l'est pas, siffla Mycroft. C'est la maison de notre mère. Elle paye les factures. C'est son nom qui figure sur les papiers. Elle impose les règles et nous nous devons de les suivre, que nous les aimions ou pas, c'est comme ça un point c'est tout.

- Tu es tellement chiant Mycroft.

- Sherlock ne jure pas ! chuchota Mycroft, jetant un œil par-dessus son épaule. Si jamais mère t'ent…

- Elle préfère qu'on l'appelle Maman !

- Si jamais Maman t'entendais ?

- Et alors quoi si elle m'entendait ?! grogna Sherlock. Elle me dit de toujours dire la vérité et depuis le temps, elle doit sûrement déjà s'être rendue compte que tu n'es qu'un Stupide. Et. Sale. Emmerdeur !

- Sherlock ! siffla Mycroft en regardant de nouveau par-dessus son épaule. »

Sherlock le bouscula tandis qu'il regardait ailleurs, le faisant trébucher en arrière.

Souriant d'une oreille à l'autre, il chantonna un « Bye ! » d'un ton provoquant avant de le dépasser en courant, non sans lui avoir d'abord écraser un pied en lui sautant dessus. Il fut particulièrement satisfait du boitillement résultant de son action. Il lui faudrait penser à recommencer.

oOoOo

Le dîner ne fut pas vraiment fertile en événement et Sherlock refusa de manger ne serait-ce qu'une bouchée de ce qui fut servi.

Mycroft tenta de l'imiter durant une vingtaine de minutes, avant de honteusement succomber à l'envie et de pratiquement lécher son assiette jusqu'à ce qu'elle brille.

« Tu avais si faim, chéri ? demanda innocemment Tante Scarlet. Nous avons déjeuné il n'y a pas si longtemps. »

Mycroft rougit d'un rouge vif et présenta ses excuses.

Un rictus étira les lèvres de Sherlock.

La conversation reprit à peu près là où elle s'était arrêtée lorsque les deux frères s'étaient rendus dans leur chambre. Qui faisait quoi ? Qu'est-ce qu'en aurait dit Tante Aggi ? Qui viendrait le lendemain pour assister aux funérailles ?

Sherlock trouvait tout cela incroyablement ennuyeux. Du moins, jusqu'à ce que l'Oncle Tiberius lâche cette petite bombe, vers la fin de la discussion.

« Votre père devrait également être là les garçons. »

Mycroft s'étouffa avec son vin.

« Oh, chéri, est-ce que tout va bien ? couina Tante Scarlet.

- Parfaitement. Mes excuses. J'ai avalé de travers, haleta Mycroft en s'essuyant la bouche avec une serviette. »

Sherlock s'essuya également la bouche avec sa serviette, principalement pour dissimuler le sourire moqueur destiné à son frère qui s'étalait sur son visage.

« Père, avez-vous dit ? insista Mycroft, se redressant sur sa chaise. »

Sherlock roula des yeux.

« Oui. Je discutais avec lui cet après-midi même, tonna Tiberius. Et il semblait déterminé à venir.

- Je- je ne savais pas du tout que lui et Tante Agnolia étaient proches, balbutia Mycroft.

- Pas très proches, avoua Tiberius. Mais ils ont grandi ensemble après tout, avec nous autres.

- Il habitait au bout de notre rue, expliqua Tante Scarlet.

- Et s'il veut présenter ses hommages à notre merveilleuse soeur, je ne vais pas l'en empêcher.

- Tu l'as dit ! acclamèrent plusieurs parents ayant quelque peu bu. »

Sherlock se mit à sourire.

« On ne sait jamais, Mycroft, vous vous croiserez peut-être. » dit-il.

Quelque chose dans le sourire poli et surtout crispé de Mycroft et dans le fait que ses mains, habituellement aussi immobiles que celles d'un chirurgien, tremblèrent pendant le reste du dîner fit que Sherlock se demanda si, peut-être, ça n'était pas une chose très gentille à dire.

Non. C'était juste Mycroft qui jouait sa drama queen, comme d'habitude. Qu'est-ce qu'il pouvait bien arriver ?

oOoOo

Sherlock avait décidé qu'il en avait assez.

Il avait laissé sa chance à Mycroft.

Maman avait dit qu'il essayait juste de s'ajuster à sa nouvelle maison. Elle avait dit que c'était une chose difficile et Maman avait rarement tort sur ce genre de choses. Du coup, Sherlock avait laissé à Mycroft un mois entier pour s'adapter.

Cependant, le mois venait juste de s'écouler et il était toujours insupportable. Et le pire, c'est que Maman lui prêtait bien plus d'attention qu'il ne le méritait et cela empiétait sur le temps que Sherlock devait passer avec elle, ça n'allait juste pas du tout.

Sherlock avait pris sa décision, le nuisible devait s'en aller.

Il en avait discuté avec des filles de secondes de son école (elles le trouvaient mignon et l'appréciait bien plus que les garçons de leur âge ou que n'importe lequel de ses camarades).

Elles avaient aussi l'avantage d'être des adolescentes. Maman disait toujours des lycéennes qu'elles pouvaient être très cruelles. Apparemment, elles s'étaient spécialisées dans la torture psychologique là où les garçons préféraient la violence physique, ce qui, comme par hasard, se trouvait être la discipline dans laquelle Sherlock voulait se spécialiser.

Il savait qu'il ne réussirait jamais à virer Mycroft en usant seulement de la force. Il était deux fois plus petit que lui et ce crétin refusait tout bonnement de se battre contre lui, ce qui ne facilitait pas les choses.

Mais les filles de seconde étaient un puits d'information... une fois abordées de la bonne manière bien sûr.

Visiblement, l'aliénation était la méthode qui l'aiderait au mieux à atteindre son but. Il devait faire en sorte que Mycroft sache qu'il n'était pas le bienvenu. Et là, si tout allait bien, ça réglerait le problème.

Alors il laissa des brochures proposant différents pensionnats sur le bureau de Maman et demanda à Mycroft de lui rapporter un des livres se trouvant là-bas. Il se mit à préparer la table pour deux au lieu de trois ; Maman mit ça sur le compte de l'habitude donc Sherlock ne s'attira aucun ennui. Il laissait les vêtements de Mycroft sur la corde la linge lorsque Maman lui demandait de les récupérer pour elle. Il fut presque entièrement sûr que Mycroft commençait à saisir le message.

Mais il ne le saisissait pas assez vite.

Après une semaine à tenter de faire subtilement comprendre à Mycroft qu'il devrait se trouver un autre endroit où vivre, il décida d'adopter une approche plus directe.

C'était le week-end et Maman était descendue en voiture sur Londres pour la journée, pour quelque chose concernant son travail.

Elle avait confié les rênes à Mycroft. Sherlock en avait été furieux. Il était là depuis plus longtemps ; il aurait dû être le chef.

Dans sa colère, il décida que trop, c'était vraiment trop. Mycroft devait s'en aller et devait s'en allermaintenant.

Il s'écrasa sur le lit que Maman avait prêté à Mycroft (prêté parce cet arrangement n'était pas définitif) et sur lequel ce dernier était assis, lisant un livre.

Il leva les yeux.

« Bonjour… dit-il doucement, ne sachant clairement pas sur quel pied danser (Sherlock prenait soin de ne jamais se retrouver seul dans la même pièce que lui, à moins que ça ne soit absolument nécessaire). Est-ce tout va bien ?

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Sherlock, ignorant la question lui ayant été adressée. »

Il essayerait l'approche basique ; attirer sa proie avant de la mettre à mort… comme une araignée !

Mycroft (ici : le moucheron) sembla agréablement surpris.

« Je lis, répondit-il, soulevant le livre se trouvant sur ses genoux afin que Sherlock puisse le voir (comme s'il ne l'avait pas vu par lui-même).

- Qu'est-ce que tu lis ?

- 1984, informa Mycroft. Maman a pensé que je pourrais aimer.

- Pourquoi ? demanda Sherlock, luttant contre un sourire tandis que Mycroft fonçait droit dans sa toile. »

Un léger sourire étira les lèvres de Mycroft.

« Je trouve ce genre de choses très intéressantes. J'aime la politique et ceci… eh bien, le concept d'un gouvernement prenant et gardant un contrôle si total sur ses habitants est fascinant. Effrayant, mais incroyablement fascinant. »

Oh mince, il n'était pas supposé donner de véritables réponses, ça allait prendre des siècles ! Cependant, Sherlock persévéra.

« Pourquoi ?

- C'est juste que ça aborde tout un tas de sujets intéressants. Amour, trahison, politique et pouvoir. Tout ça est très astucieux. »

Se battant contre l'envie de rouler des yeux, Sherlock demanda à nouveau « Pourquoi ? ».

Mycroft fronça les sourcils.

Nous y voilà.

« Je viens de te le dire, répondit-il.

- Pourquoi ? »

Là, Mycroft commençait à être frustré.

« Parce que tu l'as demandé, grommela-t-il.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas, Sherlock ! lâcha sèchement Mycroft, perdant son calme. Je pensais que tu étais intéressé, mais visiblement non. »

Sherlock afficha un rictus.

« Pourquoi ? »

Mycroft ferma les yeux.

« Laisse-moi tranquille, Sherlock, ordonna-t-il à travers ses dents serrées.

- Pourquoi ?

- Parce que tu te conduis de façon puérile.

- Pourquoi ?

- Si j'avais vraiment à répondre dans la seconde ; parce que tu es incapable de te comporter comme un enfant de ton âge, marmonna amèrement Mycroft, tournant une des pages de son livre. »

Sherlock grogna et lui arracha le bouquin des mains.

« Rends-le-moi, Sherlock. » siffla le roux.

Sherlock afficha un sourire moqueur et demanda sournoisement :

« Pourquoi ? Ce truc est important pour toi ? »

- Rends. Le. Moi ! aboya Mycroft.

- Oh, alors c'est ça, continua le plus jeune d'une voix traînante. Maman te l'a donné. C'est un cadeau. Probablement le tout premier qu'elle t'a offert. J'ai raison ? »

Mycroft avait l'air en colère, plus en colère que Sherlock ne l'avait jamais vu auparavant. Peut-être qu'il le frapperait du coup. Ça serait génial ; Maman ne le laisserait jamais rester si elle pensait qu'il pourrait lui faire du mal.

« Je te préviens, Sherlock, rends-le-moi, gronda-t-il à nouveau.

- Ou sinon quoi ? répondit l'enfant, ne quittant pas Mycroft des yeux tandis qu'il ouvrait le livre. Tu vas me frapper si je ne le rends pas ? »

Cette phrase eut totalement l'effet inverse de ce qu'il avait prévu. Mycroft eu l'air de s'être pris un bac d'eau glacée.

« Bien sûr que non je te frapperais pas. » dit-il d'une voix éteinte.

Amèrement déçu, Sherlock cracha « Ah oui ? Et si je fais ça ? » avant de se mettre à arracher une des pages du livre, puis de balancer les deux à son frère.

Mycroft eut l'air de s'être fait giflé.

« Tu vas me frapper maintenant ? » demanda Sherlock, un sourire triomphant aux lèvres.

Le plus âgé fléchit.

« Sors, rugit-t-il, les yeux rivés sur le livre.

- Oh allez ! cria Sherlock, plus qu'exaspéré. Pourquoi t'es toujours aussi vieux jeu ? J'ai abîmé ton livre ! Fais quelque chose ! »

Mycroft releva brusquement la tête, et hurla, hurla littéralement :

« Sors de ma chambre, maintenant ! »

Enfin ! Il lui donnait quelque chose à retourner contre lui.

« Ce n'est pas ta chambre ! rugit Sherlock en réponse.

- Si ça l'est, contra sèchement Mycroft, attrapant son frère pour le faire sortir du lit et le portant ensuite jusqu'à la porte, esquivant tous les coups qui lui étaient donné. Mère a dit

- C'est Maman son prénom ! »

Mycroft le déposa sur le sol, juste devant la porte de sa chambre.

« Très bien. Maman a dit que je pouvais l'avoir ; donc elle est en ma possession. CQFD, ceci est ma chambre.

- Noooon, beugla Sherlock, étalé sur le tapis dans le couloir. Elle te la prête jusqu'à ce que tu trouves un autre endroit où aller. »

Le plus âgé s'arrêta net.

Il n'avait pas eu l'intention de le dire, mais ça eut l'air de l'atteindre. Sherlock sentit sa proie vulnérable. Il était temps pour lui d'attaquer.

« Je veux dire, c'est pas comme si tu restais pour toujours, hein ? Tu étais supposé rester avec notre père pour toujours mais il ne voulait pas de toi. »

Sherlock pouvait voir la pomme d'Adam de Mycroft monter et descendre dans sa gorge, tandis qu'il avalait lentement sa salive. Son visage avait perdu toute couleur lui aussi.

« Qu'est-ce qui te fait dire que Maman voudra te garder si même père ne le voulait pas ? Il te connaissait mieux. Qui te dit qu'elle ne te jettera pas une fois qu'elle te connaîtra elle aussi ? Qui te dit que quelqu'un voudra de toi ? »

Durant un long, très long moment, rien ne se produit. Mycroft fixait Sherlock qui était à terre, avec ce qui semblait être une expression qui n'était pas vraiment choquée, mais qui n'en était pas loin.

« Tu ne veux vraiment pas de moi ici, n'est-ce pas ? » soupira-t-il tristement, toute colère et énergie envolées.

Tout en lui lançant un regard noir, Sherlock hocha le tête. Non, il ne voulait pas de lui ici. Il le voulait là où était sa place, c'est-à-dire hors de son chemin et loin de sa mère.

« Très bien, marmonna Mycroft. Je parlerai avec Maman lorsqu'elle reviendra et j'irai ailleurs.

- Bien, siffla Sherlock en se relevant. »

Mycroft hocha la tête avant de faire demi-tour, prêt à retourner dans la chambre d'ami.

« Mais laisse-moi tranquille pour le moment… s'il-te-plaît. »

Ses mains et sa voix tremblaient.

Sherlock fronça les sourcils. Il se sentait tout drôle, comme si on lui enserrait la poitrine, alors que ce n'était pas le cas. Il était tombé à terre pour rajouter un effet dramatique et non pas parce que Mycroft l'avait jeté fort.

Ça n'avait pas été assez pour le blesser alors il ne devrait pas avoir du mal à respirer.

Mycroft baissa les yeux pour le regarder. Ils étaient brillants et rouges, et les bords de ses lèvres tremblotèrent légèrement lorsqu'il murmura :

« S'il-te-plaît Sherlock, va-t'en. »

Une première larme avait coulé lorsque Sherlock s'en alla. Sa poitrine commençait vraiment à lui faire mal et il ne comprenait pas pourquoi. Tout ce qu'il savait c'était que cette sensation était due à Mycroft ou un truc le concernant, et il n'aimait pas ça du tout.

Alors il préféra effectuer une retraite tactique et fut soulagé de voir que même si la sensation ne disparaissait pas complètement, elle diminuait avec la distance. Il courut jusqu'à sa chambre et se cacha sous son lit ; c'était le seul endroit que sa taille permettait et le seul où il était en sécurité.

Il lui faudrait faire des recherches à ce sujet, mais plus tard. Pour le moment, son esprit restait focalisé sur la réaction peinée de Mycroft. Il ne s'était pas attendu à ça. Et ce qui le surprenait encore plus, c'était qu'il n'avait pas apprécié comme il l'avait voulu.

Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Mycroft était un chieur, et il lui gâchait la vie. De plus, il devait avoir fait quelque chose de mal pour que leur père se débarrasse de lui. Il était mauvais. Il le méritait et ça ne devrait rien faire à Sherlock. Il s'en fichait.

Ça ne devrait rien lui faire.

Le seul problème, c'était que ça lui faisait vraiment, vraiment quelque chose.

oOoOo

Ils ne firent soulagés de leurs obligations familiales qu'après dix heures du soir. Les hommes et les femmes s'étaient séparés pour passer la soirée entre eux. Les femmes pour pouvoir échanger les derniers potins et les hommes… eh bien, pour la même chose.

« J'ai entendu dire que le vieux Fenton s'est acheté cette Aston Martin. Elle est tombée en panne non loin de dix kilomètres du concessionnaire où il la eu. »

« Et le petit Tomias va se marier avec une jeune fille brésilienne. Il s'en est plutôt bien sorti je dirais. »

« Nathaniel ? Toujours un artiste à la noix, j'en suis quasiment sûr. Mais tu sais, tant que ça marche. »

Sherlock était prêt à se jeter par la fenêtre du fumoir lorsqu'il fut décidé qu'il était temps de dormir.

oOoOo

« Tu ne viens pas te coucher ? » demanda Sherlock en baillant, plongeant sous la couverture de peur qu'un membre de la famille curieux à la recherche de comparses noctambules ne vienne pour discuter, pour grignoter ou pour quelconque activité toute aussi horrible.

Mycroft, qui s'était montré étrangement silencieux durant toute la soirée, murmura d'un air distrait :

« Dans une minute.

- Peu importe, marmonna Sherlock en se laissant tomber sur son oreiller moelleux. Ne tire pas toute la couverture quand tu viendras. »

À suivre…