Voici le fabuleux retour des aventures d'Albert Pichon! La série que tout le monde attendait évidemment avec impatience j'en suis sûr.e!

Merci à Midia-du-scorpio pour ta review sur le chapitre précédant, c'est très gentil de laisser des traces de ton passage après tes lectures, j'espère que la suite continuera de t'amuser! (Et aucune inquiétude pour les fautes, j'en fais pas mal personnellement)

Bonne lecture!

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Albert Pichon sursauta en entendant la clochette de son magasin tinter. Il n'avait pas eu une nuit facile, ses cauchemars avaient été peuplés de gangsters aux cheveux bleus qui décidaient de lui ôter la vie pour une baguette un peu trop cuite. Sortant de son montage de Paris-Brest, qu'il comptait faire découvrir à la population locale, il se dirigea vers sa boutique pour voir qui venait de si bon matin. À sa grande surprise, Camus ne fut pas son premier client de la journée, il y avait à sa place l'homme qui l'avait accompagné le premier jour, Milo, avait-il fini par apprendre. Ce client-là se faisait plus rare que le français mais il lui avait laissé une bonne impression le jour de leur rencontre.

« -Bonjour, je vais vous prendre un pain de campagne tranché et deux croissants, décida le nouveau venu en français. »

En plus il lui parlait, sûrement par pitié, dans sa langue maternelle ! Vraiment celui-là faisait des efforts pour l'aider à s'adapter à sa transition dans ce nouveau pays ! Il avait encore du mal avec les habitants qui commandaient en grec à la vitesse de l'éclair, il n'avait pas le temps de traduire les deux premiers mots que la phrase était déjà finie. Même son compatriote ne s'embêtait des fois pas à lui parler en français !

« -Tout de suite, annonça le boulanger en allant saisir les deux viennoiseries de la commande pour les mettre dans un sachet. Ce n'est pas souvent que je vous vois si tôt le matin, c'est plutôt votre ami qui vient vous chercher le petit déjeuner. »

Son client l'observa avec un air presque surpris, comme s'il ne s'attendait pas à ce que le vendeur ait remarqué leur petite routine matinale. Sauf que chaque fois que l'un des membres du duo venait, il commandait toujours pour deux personnes, c'était donc une évidence pour monsieur Pichon. Ils devaient travailler ensemble et l'un d'entre eux faisait un crochet par sa boulangerie pour ramener de quoi bien commencer la journée au bureau. Enfin… Si les gangsters avaient un bureau… Il ne s'était toujours pas enlever cette théorie de la tête.

« -Camus était occupé ce matin, déclara finalement Milo, j'ai donc fait la course pour lui.

-C'est gentil de votre part ça ! Vous travaillez tous les deux ensembles ? »

Petite question innocente mais qui cherchait en fait à obtenir plus d'informations sur leur secteur de travail. Bien évidemment qu'ils devaient être dans le même milieu eux et l'énergumène aux cheveux en pics qu'il avait rencontré le jour précédant, même tendance aux cheveux bizarres et aux looks décalés. Restait à savoir s'ils étaient plutôt un groupe de rock étrange ou des malfrats d'une organisation au code vestimentaire douteux.
Albert déposa le pochon avec les croissants sur le comptoir près de la caisse et alla récupérer une baguette pas trop cuite dans le panier où elles étaient entreposées, puis il la ramena à côté du reste de la commande.

« -On peut dire ça, lui répondit le grec avec un sourire amusé en lui tendant de quoi payer.

-Et vous êtes dans quel secteur ? Tenta plus franchement le boulanger en récupérant l'argent. »

La question amusa apparemment l'autre qui sourit de plus belle comme pour retenir un rire. Cela ne rassura pas du tout le pauvre vendeur.

« Mon pauvre vous ne savez vraiment pas où vous êtes venu vous enterrez, s'amusa Milo en partant vers la sortie. Disons que nous sommes gardes du corps d'une personne importante… Si vous restez ici assez longtemps j'imagine que vous finirez pas être mis au courant. »

Et il le planta là, fier du mystère et de l'incompréhension qu'il avait instigué, ce n'était pas à lui de révéler les secrets du sanctuaire et de Rodorio au nouvel habitant.

Inquiet, Albert rangea sans le regarder l'argent dans sa caisse tandis qu'il observait son client s'éloigner par la fenêtre de la vitrine. Il venait d'en avoir la confirmation, ses clients réguliers faisaient bien partie d'une sorte de mafia dont le chef devait se cacher quelque part en ville ou dans ses environs. Maintenant qu'il savait cela, devait-il faire ses valises et retourner dans ses Yvelines natales, s'y cacher et espérer qu'il n'avait offusquer aucun des membres du gang ? Pouvait-il même partir maintenant qu'il était au courant de tout ça ?

Le français jeta un regard suspicieux à la baie vitrée face à lui, dévisageant toux ceux qui passait et essayant de déterminer qui d'entre eux étaient corrompus ? La plupart ne remarquait pas son manège mais certains lui répondirent par des regards interrogateurs. Tellement pris dans sa paranoïa, il ne remarqua l'enfant roux qui s'arrêta l'espace d'un instant devant sa boutique, juste le temps qu'une religieuse au chocolat et brioche disparaissent de son étal comme par magie.
Après quelques minutes, monsieur Pichon finit par se calmer et retourna dans son arrière-boutique pour assembler quelques gâteaux. Si l'organisation qui tenait la ville en étaux en avait après lui, il serait sûrement déjà au courant. Il s'occuperait de ses inquiétudes plus tard.
La journée se poursuivit sans trop d'encombres, plusieurs clients franchirent la porte de son magasin et le reste du temps fut occupé par la préparation de pain chaud pour le soir ainsi qu'une veine tentative d'appeler un fournisseur d'électricité pour venir l'installer dans son magasin. A croire que le village se trouvait hors de toute couverture téléphonique. Albert tenterait depuis un endroit plus dégagé un autre jour. Il lui avait semblé voir une colline assez haute au loin lors d'une balade, cela pourrait peut-être faire l'affaire.

Vers dix-sept heure trente, la porte de sa boutique tinta joyeusement pour lui annoncer un énième client de l'après-midi alors qu'il faisait un peu de ménage à l'arrière. Lâchant son balai, il retourna à l'avant pour voir à qui il avait affaire. Un soupir de désespoir faillit lui échapper en voyant son client. Ce n'était pas possible… Encore un… Un bel homme digne d'une statue grec, qui devait chavirer les cœurs de ces dames et de ces messieurs sur sa route, tout en muscle, il devait frôler le mètre quatre-vingt-dix, et évidemment, avec de longs cheveux bleus. Les gangsters avaient-ils des critères de beauté étrange pour leur recrutement ? Une chevelure dans une nuance entre le céruléen et l'indigo semblait déjà de mise pour les rejoindre. Peut-être l'avaient-ils de l'argent avec de la teinture pour cheveux ?
Le nouvel arrivant avait au moins le mérite de ne pas afficher un air d'énergumène comme celui qu'il avait eu le malheur de rencontrer hier, peut-être un peu sévère mais pas antipathique.

« -Laissa moi deviner, lui lança-t-il avant qu'il n'ait eu le temps de parler pour détendre l'atmosphère, vous êtes un ami de Camus et de Milo ? »

Vu l'air surpris de l'autre, il avait vu juste.

« -Comment avez-vous pu deviner ça exactement ? Interrogea l'autre, presque suspicieux.

-C'est les cheveux, répondit Albert en lui désignant sa chevelure d'un geste de la main, vous avez tous de drôles de tignasses dans votre petite bande.

-Certes… »

Voyant que son client n'avait pas été convaincu par sa remarque, monsieur Pichon préféra reprendre une conversation professionnelle pour éviter de se le mettre à dos.

« -Qu'est-ce que je peux pour vous monsieur… ?

-Saga, répondit le grec à sa question silencieuse.

-Très bien, qu'est-ce que je peux vous servir de bon monsieur Saga ?

-Qu'est-ce que vous avez ? »

Qu'est-ce qu'il avait ? Eh bien tout ce qu'il avait et qui se trouvait sur le comptoir et les présentoirs, bien en vue des clients et parfaitement étiquetés. Des pains au blé, au seigle, à l'épeautre, des viennoiseries au chocolat, au beurre, aux raisins, des brioches, des meringues, des pâtisseries et des entremets du café aux fraises, des madeleines, des cannelés, des chouquettes… Tout ce dont on pouvait rêver dans une boulangerie ! Peut-être même un peu trop pour la population du village. Donc ce dont son client pouvait avoir besoin, il l'avait forcément, mais si ce Saga ne savait lui-même pas ce qu'il voulait, ils n'étaient pas sortis de l'auberge.

« -C'est pour une occasion particulière ? Un anniversaire ? Une fête ? Juste pour casser la croute ?

-Ce serait pour présenter des excuses à quelqu'un… Lâcha presque sombrement l'autre après une légère hésitation. »

Eh bien ça devait le miner pour qu'il en parle comme ça… Heureusement, Albert avait la solution idéale pour accompagner les excuses en gagnant l'estomac de l'autre personne. Une belle boite carrée aux tons fuchsias au-dessus comportant un plastique transparent laissant voir son contenu.

« -Je vous conseille des macarons alors ! S'exclama fièrement le boulanger en lui montrant la boite, c'est bon et très fin, ça ravirait le palais de n'importe qui.

-Je vais vous prendre ça alors, accepta le client, pas complètement convaincu.

-Et une boite de macarons pour le monsieur, une !

-Il m'en faudrait plutôt trois, le corrigea l'autre.

-Vous avez tant de personnes qui ont besoin de vous pardonner ? »

Sa dernière phrase avait voulu être un trait d'humour mais vu l'air de chien battu qu'affichait Saga, il avait apparemment réussi à se mettre plusieurs personnes à dos. Pas si impressionnant pour un gangster s'il pouvait se racheter en leur offrant des sucreries.

« -Bon eh bien trois boites, reprit-il guillerettement pour tenter de détendre l'atmosphère cela vous suffira ? »

Un silence lui répondit. Un très long silence alors qu'il voyait l'hésitation prendre place dans les yeux de son vis-à-vis. Le grec soupira, jeta un dernier regard aux boites de macarons et lâcha finalement :

« -Mettez-en moi plutôt une douzaine… »

Mais qu'avait-il bien pu faire ?!

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Voilà, j'espère que ça vous a plu, on se retrouve un jour ou l'autre pour la suite après ce cliffhanger plein de suspens...