Bonjour, bonjour! Me voilà de retour avec un chapitre de qualité pour une fic de très grande qualité évidemment !
Merci beaucoup à Dreamingindividual, Eyael, Green Flower Tales et à un guest pour leurs reviews, c'est très gentil !
Bonne lecture à tous! J'espère que la suite des grandes aventures d'Albert vous plaira!
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Albert était totalement désabusé. Son dernier client venait de partir, ayant payé sa commande de nombreux macarons alors que le boulanger était parti dans l'arrière-boutique après avoir senti une suspicieuse odeur de brûlé. Rien de grave, une miche de pain prévue pour son propre repas du soir avait pris un peu chaud, mais aucun risque d'incendie. Lorsqu'il revint dans la partie vente de son établissement, il constata que Saga avait quitté les lieux avec ses achats sans demander son reste, laissant une petite pile de monnaie sur le comptoir.
Monsieur Pichon fronça les sourcils en s'en rapprochant, cela ne suffirait certainement pas à payer les quatre-vingts euros, il lui avait fait un prix d'ami pour un achat pareil. Il devait y avoir une quinzaine de pièce abandonnées, soit une trentaine d'euros au grand maximum.
« -Le compte n'est pas bon du tout mon pauvre Albert, marmonna le pauvre vendeur pour lui-même. »
Puis il en prit une dans sa main pour l'approcher de son visage et l'observer plus correctement. Il plissa les yeux pour mieux la regarder, ses lunettes de vue avaient été oubliés comme presque tous les jours à la maison ce matin-même, et il n'avait pas voulu prendre la peine de remonter l'escalier menant à son appartement qui lui aurait permis de les récupérées.
« -Mais qu'est-ce que c'est que ça ? »
Pas des euros en tout cas… Il venait de se faire avoir là ? La seule fois où quelqu'un lui avait fait un coup pareil, c'était un enfant de six ans qui avait voulu payer des bonbons avec des pièces en chocolat. Mais un adulte, vraiment une première ! Tous ses clients jusqu'ici avaient payé sans aucune problèmes leurs courses, lui fournissant pile l'argent nécessaire au point qu'il n'ait jamais eu besoin de rendre la monnaie. En tout cas personne ne la lui avait réclamée. Il avait juste eu à ouvrir la caisse, y jeter les pièces et la refermer. Cela lui rappelait qu'il devait faire les comptes… Monsieur Pichon détestait la comptabilité, les calculs d'argent et même les maths en général. C'est bien pour ça qu'en France, il n'avait pas travaillé lui-même derrière le comptoir pour vendre, mais il n'avait pour l'instant trouvé personne en Grèce pour accomplir cette tâche. « Un jour il va t'arriver des bricoles si tu continues de faire n'importe quoi dès que tu dois gérer la caisse tout seul ». Un avertissement que lui avait donné Yvette, la vieille boulangère qui l'avait pris en stage un été quand il n'avait que quinze ans. Plus de quarante longues années plus tard, sa prophétie se réalisait apparemment alors qu'Albert jetait finalement un œil au contenu de caisse après une semaine à l'ignorer cordialement.
« -Mon dieu… »
Une catastrophe, il n'y avait que ce mot pour décrire l'intérieur de l'objet honni. Des dizaines de pièces jetées en vrac sans aucune organisation dans les différentes sections, quelques euros oui, mais aussi beaucoup d'étranges comme celles que lui avaient laissé son arnaqueur aux macarons, d'autres pièces dont l'origine le laissait tout aussi perplexe, certaines possédants même des caractères ni grec, ni latin, mais aussi deux bagues qui semblaient en argent, une paire de boucles d'oreilles avec des brillants à la qualité douteuse, et une poignée de pierreries rouges, vertes et bleues semblant étrangement authentiques. Quelqu'un lui avait-il vraiment payé du pain avec des pierres précieuses ?
« -Mais ça ne va pas du tout mon pauvre Albert. »
Il voulait bien reconnaitre qu'il n'était pas assidu quand il tenait la caisse, que compter l'argent tenait de la corvée pour lui. Mais de là à laisser passer des choses pareilles…. Dans quel monde on était ? Ils ne connaissaient pas l'argent utilisé par le reste du pays dans ce village ? C'était quoi cette économie bancale ? Vraiment Albert se demandait où il était tombé avec tout ça, ce village semblait hors des frontières et hors des réalités de manière générale. Peut-être que le gang qui contrôlait la ville le faisait depuis tellement longtemps qu'ils n'avaient pas pu avoir accès à la modernité avec le reste de la Grèce. C'est qu'il commençait à en avoir marre de se chauffer au bois et de n'avoir quasiment aucun contact avec le monde extérieur.
Excédé par ce qu'il venait de découvrir, le boulanger décida de fermer boutique plus tôt que prévu. Il était temps de partir en ville et de découvrir ce qui s'y tramait ! Que des gangsters y fassent office d'accord ! Mais ils avaient intérêt à payer leur pain avec de l'argent valable ! Monsieur Pichon n'allait pas les laisser couler sa boutique comme ça, son métier c'était sa vie ! Il fourra rapidement le contenu de sa caisse dans les poches de son tablier et quitta la boulangerie sans même fermer la porte. Albert se précipita ensuite dans les rues, à la recherche d'un énergumène à la coiffure bizarre, clairement un signe de reconnaissance des criminels locaux. Les habitants lui jetèrent des regards étonnés alors qu'il patrouillait dans le village avec un air meurtrier. Le boulanger habituellement bon vivant donnait plus froid dans le dos qu'un spectre aux enfers. Après une bonne trentaine de minutes alors qu'il approchait d'un chemin menant à l'extérieur de Rodorio, une voix l'interpella :
« -Tout va bien monsieur Albert ? »
Le boulanger tourna la tête pour voir qui l'avait interpellé : l'enfant à qui il avait offert une viennoiserie quelques jours plus tôt, celui avec des gommettes à la place des sourcils. Il était accompagné par quelqu'un aux longs cheveux parme qui avait aussi des points au milieu du front. Organisation de malfrats ou secte religieuse, la question commençait à se poser… En tout cas ils embrigadaient des mineurs dedans. Ça monsieur Pichon ne pouvait pas le cautionner ! Il se rapprocha des deux autres, bien déterminé à dire le fond de sa pensée au plus vieux des deux.
« -Monsieur ! Je ne sais pas ce que vous faites avec cet enfant ! Mais sachez que je vais finir par appeler la police ! »
Il n'allait pas laisser ce pauvre gosse en danger ! Quitte à risquer sa propre peau, parole de Pichon !
L'autre homme le considéra un instant du regard, pas vraiment sûr de quoi on l'accusait. Il échangea alors quelques mots avec l'enfant dans une langue qui n'était certainement pas du grec. Le gamin prit soudainement un air coupable et l'énergumène se retourna alors vers Albert, voulant finalement bien le reprendre dans la conversation.
« -Je suis vraiment désolé du comportement de Kiki, je vous promets que cela n'arrivera plus.
-Désolé monsieur Albert ! »
Là, ils avaient perdu ce pauvre Albert… C'était le plus vieux qui devrait s'excuser de son comportement, pas le gamin. Kiki donc, ne lui avait rien fait de mal, il avait même été très sympathique. L'autre adulte lui saisit soudainement la main pour y fourrer quelque chose et lâcha :
« -J'espère que cela suffira à compenser ce qu'il vous a volé. Un nouvelle fois, je vous présente toute nos excuses.
-Promis je ne le ferai plus monsieur Albert ! »
Kiki lui avait volé quelque chose ? Quand ça ? Il avait bien semblé au boulanger qu'il lui manquait des pâtisseries dans ses présentoirs, mais il n'avait jamais vu l'enfant en train de les voler. Comment aurait-il pu le faire en plus ? Il était moins grand que le comptoir.
Monsieur Pichon observa un instant ce qu'il avait dans la main et ouvrit de grands yeux.
« -Vous me payez avec ça ?! »
Les drôles d'oiseaux aux gommettes frontales avaient tous les deux disparu la demi-seconde où il avait cessé de les regarder. Un bref coup d'œil aux alentours lui fit comprendre qu'ils étaient bien partis. Il y avait vraiment quelque chose de pas net dans ce village.
On venait tout de même de lui rembourser des pâtisseries volées avec une poignée de pépites d'or, du moins ce qu'il tenait y ressemblait furieusement.
« -Village de fous, marmonna-t-il. »
Albert fourra le paiement dans sa poche avec le reste de sa fortune aléatoire. C'était beaucoup trop pour aujourd'hui… Il allait rentrer chez lui, prendre une bonne douche et aller se coucher. Il aviserait le lendemain ce qu'il devrait faire. Peut-importe l'heure et le soleil encore haut dans le ciel, sa journée était terminée.
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Voilà, voilà, c'est tout pour aujourd'hui! Merci d'avoir pris le temps de lire!
