Bonjour ! Voici le retour des aventures d'Albert Pichon pour cette semaine! Merci beaucoup à Adaline's Blue, InuTheGlouton et a un guest pour leur reviews. C'est vraiment très gentil d'avoir des petits commentaires positifs sur cette histoire un peu barrée!

Prenez un pain au chocolat ou un croissant et passez une bonne lecture !

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Albert Pichon avait pris plusieurs décisions sur sa pause de midi. Tout d'abord, il ferait tout pour obtenir une explication sur cette histoire de sanctuaire la prochaine fois qu'il croiserait un des énergumènes aux cheveux arc-en-ciel dans sa boulangerie. Ensuite il s'adapterait à l'étrange économie locale qui se basait apparemment sur un étrange mélange de monnaies des tous les pays et d'objets précieux. Ça serait compliqué de remplir ses feuilles d'impôts avec tout ça mais tant pis. Enfin, il allait sérieusement songer à se trouver quelqu'un pour l'aider avec la boutique, que ce soit pour l'état des caisses ou pour surveiller la cuisson des croissants.

Il attaqua directement cet objectif en attrapant un stylo et une feuille pour y écrire de sa plus belle écriture. Pas que monsieur Pichon soit un as de la calligraphie, mais c'était toujours plus vendeur d'avoir le nom de ses produits et leurs prix inscrits d'une jolie façon. Albert se souvient ensuite qu'il devait écrire en grec, ce qui compliquait beaucoup sa capacité d'esthétique puisqu'il ne maîtrisait pas encore correctement l'alphabet. Tout de même résolu, il prit son temps pour inscrire un message simple et direct : ''Apprenti recherché''. Après tout, il s'approchait de la retraite mais il venait d'ouvrir une nouvelle boulangerie, ça lui ferait mal au cœur de la voir fermée quand il rendrait son tablier. Le français avait en plus remarqué que les jeunes du village avaient tendance à trainer dehors à toutes les heures du jour et de la nuit, même à des moments où ils auraient sûrement dû être à l'école. Le boulanger pourrait sûrement permettre un avenir meilleur à l'un deux et l'empêcher de rejoindre le gang local en le mettant sur le droit chemin CAP boulangerie. Une fois son affiche finie, Albert l'accrocha dans sa vitrine, pile à côté de la porte pour qu'elle soit visible à tous.

Il garda la boutique fermée un peu plus longtemps que prévu. Monsieur Pichon se rendit à l'épicerie locale pour leur poser quelques questions sur l'économie de Rodorio mais aussi pour la tester directement par lui-même. Devant de toute façon se ravitailler en légumes, il récupéra quelques oignions et des poivrons sur les présentoirs à l'extérieur. Puis il se rappela que les provisions de sa boutique étaient aussi basses et il se résolut donc à aussi prendre un pack de lait, plusieurs paquets de sucre ainsi que quelques sachets de raisins secs. Portant ses produits dans un équilibre précaire, Albert parvint à atteindre le comptoir de la caisse sous le regard plein de jugement de la propriétaire. Il devait avoir l'air malin en même temps, il n'avait apporté aucun sac et avait tout dû porter à bout de bras. Le boulanger la salua tout de même et plaça devant lui une poignée des objets précieux qu'il avait pu gagner cette semaine : une bague en argent et deux pierres colorées, potentiellement précieuses. L'épicière regarda ce qu'il venait de déposer, puis elle l'observa lui, son regard alla ensuite sur les courses, revient sur lui pour enfin finir sur le paiement une dernière fois. Elle prit le bijou qu'elle inspecta un instant qu'elle rangea soigneusement dans sa caisse, puis elle lui rendit les cailloux. La propriétaire du magasin lui expliqua rapidement que le premier objet était suffisant pour régler ses achats. Il tenta bien de lui poser plus de questions mais elle lui fit comprendre qu'elle n'avait pas le temps d'y répondre et qu'il y avait d'autres clients après lui. Monsieur Pichon fut donc obligé de partir avec ses achats sous le bras sans demander son reste. Il parvient à faire une vingtaine de mètres dans la rue avant de trébucher sur une pierre et de voir ses courses s'éparpiller par terre. Albert se pencha pour ramasser les pauvres oignons, tombés les plus proche des ses pieds, il remarqua du coin de l'œil quelqu'un venir à sa rescousse.

« -C'est bien gentil de votre part de venir m'aider ! S'exclama-t-il en se relevant. »

Il écarquilla cependant en voyant qui était la personne venue à sa rescousse et qui avait réussi à ramasser tous ses achats en à peine trois secondes. Une femme avec une masque sur le visage, des talons hauts et un espèce de justaucorps, elle tenait d'une seule main le lait, le sucre et les raisins secs dans une pile parfaite comme s'ils ne pesaient rien et de son autre bras elle supportait les poivrons. Certaines personnes dans la rue s'étaient arrêtés pour regarder la scène et jetaient des regards d'admiration à l'inconnue masquée. Albert lui était plutôt ahuri de son accoutrement et de ses prouesses de force et de vitesse en ramassage d'objets alors qu'elle se baladait en chaussures particulièrement inconfortables.

« -Je n'allais pas vous laisser dans une situation pareille sans rien faire, l'informa-t-elle comme si c'était la chose la plus évidente du monde.

-Ce n'est pas trop lourd ? Interrogea-t-il ébahi. »

Lui-même sentait déjà le mal de dos poindre le bout de son nez pour avoir porter cette charge trop lourde sans faire attention.

''-Rien qu'un chevalier ne pourrait supporter, rassura la femme. Vous devriez faire attention à ne pas prendre plus que vous ne pouvez porter. »

Un chevalier ? Comment ça un chevalier ? Il voulait bien que la ville soit un peu en retard niveau modernité, mais de là à avoir des chevaliers… Il ne fallait quand même pas de moquer de lui. À tous les coups c'était encore lié à cette histoire de sanctuaire. Sauf que là il y avait une escalade sur l'apparence étrange, même si elle n'avait pas de cheveux bleus, tout le reste de sa tenue était bizarre. Elle aurait pu faire de la figuration dans un obscur film d'art contemporain. Ou bien il s'agissait d'un de ces cosplays que faisaient certains jeunes qui allaient à des fêtes sur les bandes-dessinées japonaises dont le nom ne lui revenait pas. Le boulanger en croisait parfois dans sa boutique très tôt le matin, ils lui achetaient des sandwichs avant de partir prendre le RER en direction de leur Japon Expo. Albert lui aurait bien demandé pourquoi elle portait un masque mais cela n'aurait pas été bien poli et comme toujours il ne voulait pas se mettre les mauvaises personnes à dos. Pourquoi est-ce que chaque jour qu'il passait ici lui faisait un peu plus regretter d'avoir déménagé ? Monsieur Pichon avait vraiment l'impression d'avoir atterri dans une dimension parallèle.

« -Vous venez d'ouvrir le nouveau commerce en ville c'est ça ? Poursuivit-elle. Je vais vous aider à ramener ça là-bas. »

La femme commença à partir sans vraiment attendre de réponse de sa part. Elle n'allait quand même pas trimballer tout ça aussi longtemps tout de même ? Sa boutique se trouvait à un petit quart d'heure à pied et ses courses pesaient au moins dix kilos.

« -Vous êtes sure que ça ne va pas vous faire trop lourd pour vous mademois- madame… ? »

Monsieur Pichon était bien incapable de lui donner un âge exacte vu que son visage était caché, mais elle ne devait pas être bien vieille. Albert n'était en plus bien sûr de comment les jeunes voulaient qu'on les appelle. Peut-être n'était-il pas assez au fait des changements générationnels ? Il s'emmêlait en tout cas les pinceaux avec ces histoires.

-Marine, annonça-t-elle simplement. Vous n'allez pas réussir à porter tout cela par vous-même de toute façon.

-Eh bien merci alors j'imagine. »

Il avait l'air malin quand même monsieur Pichon, incapable de porter ses propres courses. S'il avait eu deux sous de jugeote, il aurait pris un sac avant de partir. La marche de retour jusqu'à la boulangerie se fit dans un silence un peu gênant jusqu'à ce que le boulanger décide d'essayer de faire un brin de discussion.

« -Et donc Marine, vous faites quoi de beau de votre vie ?

-Je suis un chevalier au service de la déesse Athéna.

-Ah… »

Elle en tenait une couche donc… Entre la tenue bizarre, le métier médiéval et la déesse antique, rien ne faisait de sens. Si elle était vraiment associée au gang local… Alors il s'agissait plutôt d'une secte ! Et là cela expliquait bien mieux l'apparence bizarre de tous ses membres et l'étrange économie local ! Albert paniqua, il aurait finalement préféré qu'il ne s'agisse que d'une association de malfaiteurs. Parce que les zozos illuminés qui adoraient une déesse antique dans un village coupé du monde et qui se donnaient le titre de chevaliers, ça ne lui annonçait rien de bon du tout. Et puis Athéna c'était la déesse de la guerre non ? Ils ne pouvaient pas choisir quelque chose de moins belliqueux ? Si ça se trouve ces chevaliers étaient une armée pour conquérir le monde !

Ce pauvre monsieur Pichon suait à grosses gouttes alors que le stress montait en lui. Il avait vu assez de reportages à la télévision pour savoir que ce genre de choses finissaient toujours mal !

« -C'est un beau métier ça chevalier, bégaya-t-il.

-Il faut bien s'assurer de la protection de l'humanité et de la déesse Athéna. C'est un honneur et un devoir.

-Je suis bien d'accord avec vous ! »

Albert n'avait aucune envie de se mettre Marine à dos, ni elle ni qui que ce soit de ce sanctuaire. Alors autant jouer leur jeu pour l'instant. Il ferait ses sacs le lendemain à la première heure et taillerait sa route sans rien dire. Pour aller où, il ne savait pas, mais n'importe où serait mieux. Monsieur Pichon voulait même bien aller ouvrir une boulangerie au pôle Nord plutôt qu'ici alors qu'il détestait les températures en dessous de quinze degrés. Il accéléra légèrement le pas et l'autre se cala à son rythme sans aucun soucis. Après quelques minutes ils arrivèrent finalement à la boulangerie, Marine déposa rapidement ce qu'elle portait sur le comptoir et s'apprêtait à partir lorsque le propriétaire l'interpella :

« -Attendez ! »

Albert saisit un grand sachet qu'il remplit avec toute sorte de viennoiseries, puis il les tendit à la femme.

« -Pour vous et vos amis ! On ne vous remercie pas assez de tout ce que vous faites ! »

Marine l'observa un instant, pas qu'il puisse vraiment voir ses yeux vu son masque. Pouvait-elle d'ailleurs vraiment voir avec ça ? Elle saisit cependant finalement le sac tendu, le remercia et repartit. Monsieur Pichon fut légèrement soulagé de la voir partir. Avec un peu de chance, il réussirait à se mettre quelques membres de la secte dans la poche grâce à ces sucreries offertes. Il valait mieux couvrir ses arrières et mettre toutes les chances de son côté pour sa fuite future.

Le reste de l'après-midi se déroula sans trop d'accros. Il vit des habitués et des nouvelles têtes tout en essayant de garder les comptes avec les paiements effectués. Des euros, des drachmes, des roubles, des perles, une paire de sandales neuves apparemment à sa taille et un poulet… Un homme avait absolument tenu à lui acheter un assortiment de gâteaux en échange d'une poule, lui assurant qu'il faisait une affaire et que grâce à cela, il aurait des œufs frais tous les jours. Après la journée qu'il venait de passer, monsieur Pichon n'avait pas eu le cœur de refuser et le volatile se trouvait à présent dans son arrière cour avec quelques bouts de pain et une coupelle d'eau. Cela serait un problème pour un autre jour.

La clochette de la porte d'entrée tinta de nouveau et Albert releva la tête pour voir un visage familier.

« -Saga, comment allez-vous ?

-Non, moi c'est Kanon. »

Et il n'avait étrangement pas l'air content du tout…

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Voilà, voilà, c'est tout pour aujourd'hui! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire ! A bientôt pour la suite des aventures d'Albert Pichon, le plus grand des boulangers !