Bonjour, bonsoir ! Voici le retour des aventures d'Albert Pichon pour égayer votre été ! Merci beaucoup à ShainaCobra, Adaline's Blue, ViMiKi, Crane de Piaf et Hatsukoi-san pour leur reviews ! C'est vraiment très gentil !
Bonne lecture!
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Monsieur Pichon venait d'ouvrir sa boulangerie. Comme chaque matin, il s'était attendu à retrouver Camus ou Milo sur le devant de sa porte, ensuite il aurait eu une petite accalmie d'une demi-heure avant que les autres clients ne se mettent à arriver dans un flot plus ou moins régulier. Ce jour-là à l'ouverture cependant, une file de personnes patientait gentiment qu'il vienne leur ouvrir. Sans qu'il comprenne trop pourquoi, Albert vit sa boutique complètement remplie et ses produits dévalisés en l'affaire d'une dizaine de minutes. Envolés ses sandwichs aux rillettes, au thon et œufs-crudités, pour les végétariens évidemment apparemment meilleurs que la nourriture de la cantine du sanctuaire. Disparues ses viennoiseries : pains au chocolat, croissants, choco-suisses, chouquettes, même les pains au raisin avaient été dévalisés. Le boulanger les faisait pour la forme, mais franchement personne n'aimait ça. Et ceux qui prétendaient le contraire n'étaient que des gens qui voulaient se rendre originaux.
Le commerçant avait bien essayé d'avoir les raisons d'autant de clientèle mais il n'avait eu que des bribes d'explications dont il n'avait pas réussi à faire complètement de sens. « Marine nous a dit où c'était. » et « Pour une fois qu'il y en a pour nous et pas que pour les chevaliers d'or. » ou encore « C'est quand même bon vos machins. » Monsieur Pichon en avait simplement compris que la femme qu'il avait rencontré hier avait bien partagé ses viennoiseries avec ses amis et que cela lui avait fait un bon petit coup de pub.
Sauf que voilà, Albert se retrouvait avec sa boulangerie totalement dévalisée et absolument plus rien à vendre pour le reste de la journée à part quelques pains. Il allait vite devoir faire d'autres fournées et revoir sa production à la hausse si les affaires continuaient comme ça. Il avait l'air de quoi avec plus rien à vendre avant même huit heure ? Une seconde personne serait la bienvenue pour l'aider mais pour l'instant personne ne lui avait parlé de son offre d'apprentissage ou même posé une candidature spontanée. En même temps il l'avait cherché en s'installant au fin fond de la Grèce où la filière de la boulangerie n'était sûrement pas la plus développée. Toujours en est-il qu'il dû passer une bonne partie de la matinée à refaire ses stocks, s'attirant sur lui les foudres d'un certain français quand il dut lui expliquer qu'il n'avait plus que du pain pour son petit-ami et lui.
« -Ils m'ont tout pris vous vous en rendez-compte ? Même les pains au raisin !"
Camus avait froncé du nez, apparemment lui non plus n'appréciait pas cette viennoiserie clivante.
« - À l'avenir vous devriez prévoir plus de stocks afin de pouvoir fournir toute votre clientèle, constata platement l'autre en payant son pain. »
Il avait eu la chance de pouvoir prendre la dernière baguette restante du magasin dévalisé. Au fond il devait être un peu agacé de voir son habituel petit-déjeuner envolé, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même s'il n'avait pas été là à l'heure de l'ouverture.
« -Ne vous inquiétez pas, assura monsieur Pichon, la prochaine fois je vous garderai quelques croissants de côté pour Milo et vous. C'est bien la première fois que je ne vous vois pas à l'ouverture d'ailleurs, vous avez fait une grasse matinée ? »
Huit heure trente sonnait pour lui comme tel en tout cas, après tout il avait l'habitude de se lever avant le soleil. Sa question sembla presque offenser Camus qui lui répondit immédiatement :
« -Milo et moi étions de garde jusqu'à ce matin, nous ne pouvions pas nous permettre de quitter nos postes. Nous devons protéger le sanctuaire en cas d'attaque. »
Albert commençait à connaître la chanson : le sanctuaire, la déesse, les chevaliers, la guerre… Il voulait bien que Poséidon vienne dans sa boutique acheter son gâteau d'anniversaire tiens, ça lui ferait un super coup marketing. Le boulanger n'aurait plus qu'à afficher ''Boutique officielle des dieux'' dans sa vitrine et les clients accourraient des quatre coins du monde. Si seulement il n'avait pas été dans un village de fou complètement déconnecté du reste du monde où il ne pouvait même pas capter internet !
« -Vous avez pu voir cauchemar en cuisine hier soir vous ? »
Le pauvre monsieur Pichon n'en pouvait plus de ne pas avoir accès à ses émissions habituelles puisqu'il ne captait pas internet ici. Évidemment impossible de faire venir un technicien puisqu'il n'y avait pas de réseau téléphonique correct à Rodorio et il n'avait pas eu le temps d'aller en chercher autre très part.
« -Cauchemar en cuisine ? Répéta le français, sceptique.
-Mais si vous savez, l'émission avec le grand chef qui va sauver des restaurants de la faillite ! C'est quand même un classique ! »
Camus ne pouvait quand même pas vivre à ce point dans une grotte, il lui parlait d'un monument de la télévision française là ! Pourtant son compatriote ne semblait toujours pas comprendre de quoi il parlait, à son plus grand damne.
« -Vous ne voyez vraiment pas ? Avec monsieur Aitcheubaist là, un grand chauve costaud assez costaud .
-Au regret de vous décevoir, je ne peux pas vraiment de permettre de regarder la télévision.
-C'est bien dommage, je suis sûr que ça vous plairait. »
Peut-être était-ce l'un des règles de leur organisation étrange : Interdiction de regarder la télévision. Pour ce bon monsieur Pichon qui appréciait les émissions culinaires et les reportages animaliers, cela semblait déraisonnable. Lui-même se permettait souvent ce genre de fond sonore quand il préparait ses produits dans son arrière boutique quand il était encore en France. Son client ne sembla pas vouloir s'attarder bien plus longtemps puisqu'il le salua d'un simple signe de la tête avant de quitter la boulangerie.
Albert préféra fermer la boutique pour le reste de la matinée, ce qui lui laisserait le temps de refaire un minimum de stock. Il s'en voudrait si les enfants du village n'avait pas un minimum de choses sucrées pour l'heure du goûter. Entre ses pâtes et ses crèmes, son esprit se perdit un peu, légèrement nostalgique. Au fond il restait un francilien dans l'âme, avoir quitté sa banlieue humide et connectée pour un village grec ensoleillé et particulièrement préservé, ça le changeait franchement. S'il avait pu, lui-même aurait voulu pouvoir participer à une émission télévisée. Monsieur Pichon avait même envoyé sa candidature à un concours de boulanger mais on ne l'avait jamais rappelé. Ses Yvelines n'étant sûrement pas assez glamour pour une émission grand public. De toute façon, il était maintenant trop tard pour qu'il reçoive une réponse positive, ils ne viendraient pas filmer à l'autre bout de l'Europe. Peut-être qu'il devrait leur écrire un courrier pour leur proposer un nouveau concept : « Boulangeries du monde entier », le premier épisode pourrait même lui être consacré !
Avant qu'il n'ait pu y penser plus, on le coupa de ses pensées en frappant particulière fort à la porte de son magasin. Albert attendit quelques instants, le client ne s'était sûrement pas rendu compte que la boulangerie était fermée pour l'instant. Les coups de poursuivirent pourtant sans s'arrêter et il fut bien obligé de s'y rendre avant que l'on ne lui casse la vitre de son entrée. De l'autre côté de la glace, il eût le déplaisir de voir celui qui lui avait volé un sandwich quelque jour plus tôt, l'homme avec le pseudonyme ridicule. Le pauvre monsieur Pichon préféra lui ouvrir pour éviter qu'il ne lui fasse une autre crasse. L'énergumène entra en lui offrant un sourire moqueur, il était en plus accompagné par deux autres personnes. L'une d'entre elle apparaissait comme quelqu'un de particulièrement androgyne avec évidemment des cheveux bleus, marque de fabrique du sanctuaire des fous. L'autre homme avait des cheveux noirs et courts qui auraient presque pu lui sembler normaux s'ils n'avait pas été coiffés en piques comme s'il était tombé dans son pot de gel ce matin-là. Outre leurs coiffures étranges dont il commençait finalement a avoir l'habitude, monsieur Pichon fut surtout surpris par leurs tenues.
« -Il y a un carnaval aujourd'hui ? »
Tous les trois semblaient s'être mis d'accord pour s'assortir dans un ensemble d'armures dorées allant des bottes au casque. Monsieur Pichon devait admettre qu'il était impressionné par le travail qu'ils avaient dû y mettre, entre les innombrables détails et le métal qui paraissait vrai, ça avait dû leur prendre des heures. Les gens du coin étaient vraiment des adeptes du Cosplay pour se balader comme ça comme si de rien n'était. On ne lui ferait pas croire qu'il y avait une convention quelconque dans un endroit aussi perdu que Rodorio. Le boulanger n'était pas vraiment capable de reconnaître d'où pouvaient bien provenir leurs costumes. Quoique…
« -Attendez je sais ! S'exclama-t-il en pointant celui qui portait un casque avec des cornes. Vous êtes déguisé en personnage de ce film pour ados où tous les super-héros se réunissent pour empêcher le frère de Thor de conquérir le monde ! Loki c'est ça ? J'ai juste ? »
Pour la deuxième fois de la journée, on le regarda comme s'il était fou. Pourtant entre le casque de chèvre doré et la coiffure, il ressemblait vraiment à ce type qu'il avait vu une fois à la télévision alors qu'il gardait le fils de sa voisine en urgence. Vraiment la ressemblance sautait aux yeux s'il y réfléchissait bien ! Pourtant ce pauvre Albert devait bien s'être trompé.
« -Mais il est complètement gâteux celui-là, railla immédiatement Masque de mort. On a une tête à être des supers héros.
-Comment savez-vous que nous avons eu des démêlés avec Loki ? S'intrigua l'autre aux cheveux bleus. Vous venez de découvrir le sanctuaire. »
Et rebelote, le sanctuaire et les dieux, ils ne se limitaient même pas aux grecs et allaient taper dans la mythologie nordique. Jusqu'où allaient partir ces histoires ?
« -Vous avez tué Loki ? À vous trois ? Taquina Albert. Je suis impressionné.
-Tous les chevaliers d'or étaient présents, l'informa celui qui ressemblait à Loki mais qui ne l'était pas. Il est bien normal que la chevalerie d'Athéna protège l'humanité.
-Evidemment, vous ne faites que votre devoir. »
Monsieur Pichon commençait à croire que même eux croyaient aux bêtises qu'ils racontaient, ce qui rendait les choses immédiatement bien plus inquiétantes.
« -Et comme toute bonne action mérite salaire et qu'au fond on vous a sauvé la vie, vous pouvez bien nous rendre la pareille pas vrai ? Lança sournoisement le voleur en titre. »
Le boulanger ne s'arrêterait même pas sur son ridicule casque en forme de crabe.
« -Et qu'est-ce que je pourrais bien faire pour vous mon bon monsieur ? Un boulanger ça ne sauve hélas pas des vies.
-Mais sauver des vies, ça creuse, vous pourriez nous fournir les repas.
-Gracieusement ?
-Bien entendu. »
C'est qu'il voulait être nourri gratuitement à vie cet énergumène ! Le boulanger avait peut-être pris Kanon en pitié, mais il n'allait pas couler la boutique en donnant du pain gratuitement à toute leur bande d'illuminés. Et puis de toute manière, il n'avait rien à leur fournir à moins qu'ils ne veulent miches de pain non tranchés, sa découpeuse ne pouvant pas vraiment fonctionner en l'état.
« -Ça aurait été avec plaisir mais comme vous pouvez le voir j'ai été dévalisé ce matin, se désespéra faussement le boulanger.
-Il vous reste du pain, constata celui aux longs cheveux bleus, vous n'avez rien dans votre arrière boutique à mettre dessus ?
-On vous paiera pour le dérangement, assura le dernier. Les chevaliers d'Athéna n'abusent pas de la gentillesse des gens.
-Mais voyons Shura, intervint Masque de mort, tu vois bien qu'il tiens à nous les offrir. On ne peut pas lui refuser ça, pas vrai Aphrodite ? »
Ledit Aphrodite observa ce pauvre monsieur Pichon qui le suppliait du regard et, avec un léger sourire amusé, laissa tomber le couperet de sa fin.
« -S'il y tient, faisons-lui ce plaisir. »
Shura sembla se ranger de l'avis de ses comparses après cette dernière intervention. Vraiment il n'y en avait aucun pour rattraper les autres chez eux. Albert n'osait en plus pas trop intervenir car il avait au fond toujours un peu peur de ce qui pourrait lui arriver s'il se mettait un de ces barjots à dos. Avec toute la mauvaise foi du monde, il partit dans son arrière-boutique préparer à manger à ces profiteurs : trois bons sandwichs camembert-beurre sans rien d'autre, pas de crudités, pas d'œufs, pas de viande. Ils lui en diraient des nouvelles ! Le boulanger emballa soigneusement ses produits de manière à en cacher la garniture et les ramena ensuite aux clients.
« -Voilà pour vous ! Passez une bonne journée messieurs. »
Et espérant surtout qu'ils ne reviennent jamais ! Les trois fameux chevaliers le remercièrent rapidement et quittèrent les lieux. Le pauvre monsieur Pichon put se remettre de ses émotions et reprendre le stockage de ses étagères pour les prochains clients. Bien qu'il s'inquiétait légèrement à chaque fois qu'une nouvelle personne entrait dans la boutique, aucun autre individu louche du sanctuaire ne vint perturber le reste de sa journée.
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Voilà, voilà, c'est hélas fini pour aujourd'hui
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire !
