Chers lecteurs,

Aujourd'hui, chapitre d'aventure (un peu en mode hobbit qui part dans la comté se promener). Pas hyper traumatisant, donc rating K+.
Merci à vous pour vos commentaires et vos mises en suivi, c'est un vrai plaisir de découvrir que ce que j'écris peut plaire.
Pensée pour Nictocris qui n'est pas très disponible ces temps ci (et qui n'a pas tout son temps à consacrer à la relecture de mes histoires, fussent-elles génialissimes).

Portez-vous bien, allez luger, à bientôt (dans 10 jours si tout se passe bien),

Al

PS : Petits mots pour petits mots (vu que FF fait toujours iéch, je réponds à tout le monde ici)

Kcaraetmoi : merci ! c'est vrai que je m'éclate à leur créer des questionnements ardus... j'aime torturer mes personnages...

Patfol le S : moi aussi j'aime le titre.

Acajou : merci pour ta review ! j'adore neville, et ça me plaît de creuser un peu sa manière de vivre. et je trouve que lavande est la plupart du temps saquée dans les fics, ce qui est dommage. donc j'essaie de montrer autre chose, tant mieux si c'est crédible !


« Tandis qu'il parlait, des morceaux de houille enflammés, qui, par moments, tombaient de la corbeille, allumaient sa face blême d'un reflet sanglant. » Germinal, Zola


Ç'avait demandé de sérieux casse-têtes, cette histoire là. Demander une dérogation pour aller dans la forêt de Sherwood. L'obtenir. Discuter avec son employeur pour le convaincre du bien-fondé de sa recherche de sidérochryse, un métal très rare, trouvable uniquement dans les mines des nains d'Edwinstowe. Tout ça avait bien pris deux semaines (empêcher les frères Weasley de fournir les gobs en sidérochryse, moins longtemps. On trouvait toujours preneur pour les métaux rares à prix cassé). Persuader les gens concernés de l'envoyer, lui, le paria, l'ami des ennemis publics numéros 1, 2 et 3, et encore une semaine de perdue. Un mois de travail acharné pour parvenir à enfin quitter Londres pour une durée de deux jours, le temps de parlementer avec les nains, depuis qu'il avait lu la Gazette. En un mois, tant de choses pouvaient se passer…

Neville détestait les forêts. Depuis sa première année et son heure de retenue dans la Forêt interdite, il gardait un ressentiment tenace envers les bois et jungles de tous genres. Autant dire que sa dernière escapade sylvestre avait renforcé ce pressentiment… Trouver les corps encore chauds de son ancien professeur, de sa femme et de sa belle-mère dans une clairière défraîchie, ça n'encourageait pas à l'amour fou.

Il saisit sa gourde et avala de grandes rasades d'eau fraîche. La mi-octobre se faisait sentir : au loin, une brume poisseuse couvrait les arbres. L'air humide traversait les différentes couches de vêtements dont Neville s'était enveloppé, comme s'il n'était vêtu que de parchemin. Sous ses pas, le sol craquait : les feuilles glissaient sur les pavés en s'accrochant aux rainures entre les pierres.

Il se trouvait à l'entrée d'Edwinstowe. Grimlen lui avait donné une adresse moldue en banlieue de la ville à laquelle il pourrait trouver un lit et un repas chaud à un prix raisonnable. Tout ça pour éviter de claquer quelques gallions. Alors que Grimlen roulait sur l'or, c'est le cas de le dire.

Malgré la froidure, Neville était réchauffé : la perspective de retrouver Luna le faisait tenir. Il avait envoyé l'entrefilet par hibou à Ginny, qui avait paru beaucoup moins enthousiaste que lui. Il ne fallait pas se faire de faux espoirs : une femme blonde démente, ce pouvait être n'importe qui. Mais elle ne serait pas passée dans la Gazette, avait maintenu Neville. S'il y avait trace dans le journal, c'est qu'on la recherchait. Et une blonde qu'on recherchait, c'était forcément Luna.

Comme s'il ne pouvait pas y avoir d'autres gens sur les listes des gens à exterminer pour rendre service à Tu-sais-qui.

Neville traversa le village, passa devant un tabac presse où des panneaux proclamaient que les tueurs noirs de Londres n'avaient toujours pas été attrapés, mais que la police scientifique avait une piste. Neville grimaça : les Mangemorts s'amusaient régulièrement en zones moldues. Et impunément. Trois Moldus étaient morts cette semaine, à Londres.

Attaquer des hommes sans magie, quelle lâcheté…

Augusta Londubat avait bien tenté un autre argument pour le dissuader de partir : si c'était bien Luna, que Neville y allât pouvait paraître suspect. De plus, quand il la retrouverait, il mènerait d'autres personnes à ses trousses. Mais Neville s'en foutait : sa grand-mère lui avait dit : « quand tu la retrouveras. » Pas si. Il savait qu'il la retrouverait, même sa grand-mère le savait. Ce n'était même plus un sentiment, d'ailleurs, mais une certitude.

Il parvint à la taverne. L'établissement paraissait miteux. L'enseigne grinçait au vent, la peinture s'écaillait, la porte branlait, et des rires gras et des exclamations diverses franchissaient la porte comme si elle avait été de papier.

Neville poussa la porte.

Il entra et eut un mouvement de recul. Les gens baignaient dans une chaleur confuse et malodorante, où les senteurs de bière, de poisson et de linge mal séché imprégnaient l'air. Ça sentait la pauvreté moldue et la misère sociale.

Il se fraya un chemin jusqu'au bar et posa son paquetage à ses pieds. Le barman se tourna vers lui :

« Qu'est-ce que je vous sers ?

- Un café, s'il vous plaît. »

Il voulait garder l'esprit clair. Le barman se tourna vers son percolateur et fit vibrer la machine.

« Vous venez faire du tourisme ?, lui demanda un vieillard édenté qui puait l'alcool.

- Pas vraiment. Je prépare un travail sur Robin Hood. »

Neville avait lu que les Moldus étaient férus de ce ringard en pantalons moulants à casaque verte. Il pensait que c'était l'excuse parfaite pour justifier sa présence.

« Si vous voulez vous lancer sur les traces de ce bon vieux Robin, faites-le demain. La forêt est pas sûre la nuit, ajouta l'alcoolo en plissant des yeux, sans que Neville sût si c'était pour avoir l'air mystérieux ou pour y voir plus clair.

- Et v'là Bob qui se r'met à raconter d'la merde ! L'écoute pas ! La forêt, elle va très bien ! »

Le vieux se reprit :

« Vous savez bien que c'est faux ! La nuit, on entend des bruits qu'on connaît pas. Comme si la forêt hurlait. Le gibier se comporte différemment. Y a beaucoup moins de lapins dans mes collets. Des choses se passent. Et tout le monde le sait. Et personne ne dit rien parce que personne n'a envie de passer pour un fou. Moi, j'ose ! J'ai plus rien à perdre. »

Le silence s'était fait dans la pièce. Les hommes attendaient, comme suspendus aux lèvres du vieux. La voix macabre, tremblotante, reprit, d'une élocution beaucoup plus assurée, comme si l'homme avait brusquement dessoûlé, comme s'il devenait soudain prophète ou devin d'un futur sombre et tumultueux :

« Une fois, il y a deux mois, je suis rentré chez moi par le sentier de la Donzelle, vous savez ce sentier qui passe près des anciennes mines. J'ai entendu les bruits de la mine, comme toujours.

- Les bruits de la mine ?

- Oui. C'est notre attraction locale : la nuit, on entend des coups de marteaux qui viennent des mines désaffectées. Des lumières et des ombres jouent dans les arbres. »

Ce devaient être les nains, songea Neville. Le secret était ainsi conservé, si les Moldus considéraient que c'était juste leur spectacle surnaturel autochtone.

« Et là, dans les arbres, je l'ai vue. Arduina, la déesse. Une femme blonde, sale. Les vêtements déchirés, le visage couvert de sang, pâle à faire peur. »

Luna.

« Elle avait des yeux immenses. Tellement grands que j'ai pas osé la regarder trop longtemps dans les yeux.

- Arrête, on sait bien que t'exagères.

- Dieu sait que je n'exagère pas, continua le vieil homme d'une voix d'outre-tombe. Je ne suis pas le seul à l'avoir vu. Arduina, car tel est son nom, se déplace de forêt en forêt. Depuis bientôt un an, c'est dans notre forêt qu'elle chasse ceux qui se perdent en pleine nuit. J'ai couru comme un dératé pour rentrer chez moi, je l'ai entendue me suivre. Je me suis enfermé chez moi, je l'ai entendue gémir derrière ma porte, comme si elle voulait que je sorte. Et le pire, c'est que j'avais presque envie de la rejoindre. »

Le vieux ménagea une pause, comme pour augmenter le suspense de la fin de son conte, qu'il fût réel ou non :

« Je n'ai pas dormi de la nuit. Le lendemain, je n'ai trouvé aucune trace de son passage.

- Preuve que tu as rêvé, ou que t'avais trop bu de la binouze de Clark !

- C'est trois jours plus tard que j'ai trouvé des cheveux blonds dans mes rosiers. »

Le silence fut brutal quand le vieux se tut. On entendait uniquement sa respiration souffreteuse.

Je sais exactement où je vais ce soir.

Quand des raclements de chaise se firent enfin entendre, Neville demanda au barman si c'était possible de louer une chambre pour quelques nuits.

« Vous savez, faut pas trop l'écouter, le vieux Bob. Tout ça, c'est des histoires pour attirer les touristes. C'est compliqué, en ce moment. Depuis un an, avec toutes ces merdes qui nous tombent dessus…

- Je sais, convint Neville en pensant à la une du journal qu'il avait aperçue en entrant dans le village, vous… nous ne sommes pas épargnés. »

Il décida de jouer son va-tout.

« Je pense aller me balader cette nuit. Son histoire de mines hantées m'intriguent.

- Vous trouverez le chemin à la sortie est du village. Vous pouvez pas vous perdre, y a des panneaux partout pour les touristes. »

Neville remercia l'homme, monta poser ses affaires dans sa chambre et redescendit, prêt à crapahuter dans la forêt.

Peut-être qu'il ne retrouverait pas Luna ce soir-là, mais il en saurait un peu plus en interrogeant les nains.

Il quitta l'auberge, traversa le village au pas de course et passa devant une flèche en bois moussue qui indiquait la direction des mines.

Plus il s'enfonça dans la forêt, plus il se sentit oppressé. Il se concentra sur sa respiration, comme le lui avait conseillé Chourave la veille de son premier examen de botanique.

La forêt était lugubre, presque autant que la Forêt interdite. Les arbres paraissaient presque vivants. Neville vérifia qu'il était seul, sortit sa baguette et murmura :

« Hominum revelio. »

Rien ne se passa. Encore un sort pour lequel il pourrait remercier Hermione : elle le lui avait appris lors de sa cinquième année, lorsqu'il se réveillait en pleine nuit, harponné par des cauchemars innommables, prêt à croire l'ennemi partout. L'évasion de Bellatrix Lestrange l'avait traumatisé : il en avait cauchemardé pendant des mois. Grâce à Hermione, il avait trouvé la parade pour retrouver le sommeil : il lançait le sortilège et pouvait se rendormir, rassuré en voyant que seuls ses amis étaient présents dans le dortoir.

Il avança, en essayant d'oublier les sentiments qui l'assaillaient : les Mangemorts ne devaient pas être dans les parages, eux aussi avaient besoin des nains.

Un bruit lointain attira son attention. Comme un son sourd, des coups de pioche ou de marteau, des roulements sourds, comme des chariots qu'on traîne.

Il approchait.

L'entrée de la mine était sous une immense racine d'arbre recourbée. Le chêne semblait millénaire tant il était immense. Neville dut se baisser pour passer en dessous.

Comme il s'y attendait, la mine paraissait désaffectée. Fallait bien faire fuir les Moldus… Pourtant les bruits d'activité étaient réguliers et puissants, comme si un voile invisible lui cachait la véritable apparence de la mine et que les nains travaillaient juste derrière.

« Lumos. »

Neville éclaira les recoins et chercha un indice qui aurait pu le mener à la mine des nains. Au bout de dix minutes de recherches, il se rendit à l'évidence : il n'y avait pas d'entrée. Ou alors, elle était très protégée. Comme si les nains désiraient repousser l'entrée de certains sorciers.

Neville ressortit.

Maudit Grimlen. Le gobelin lui avait donné des indications pour se lancer sur les traces des nains, mais pas comment entrer dans la mine. Il se retrouvait dans une situation qu'il détestait. Comme s'il était un champion au Tournoi des trois sorciers et qu'il devait résoudre des énigmes à la con pour parvenir à son point d'arrivée.

Neville tenta d'imaginer la voix d'Hermione lui disant de se concentrer, de penser comme des nains. Que feraient des nains ? Où cacheraient-ils l'entrée de leur mine ?

À un endroit incongru.

Les nains sont petits. Considérés comme lourds et terrestres. S'ils voulaient rester introuvables pour tous les intrus, quoi de plus logique que de planquer l'entrée de leur mine en hauteur ? Là où personne n'imaginerait des nains cacher leur porte.

Neville se tourna vers le chêne sous lequel il s'était arrêté. Il allait falloir monter, et sans magie.

Il épaula son sac, coinça sa baguette dans la poche de sa robe, saisit la branche la plus proche du sol et commença son ascension.

Plus il grimpait, plus les bruits de la mine résonnaient dans ses mains et ses tempes. L'arbre essayait de le faire fuir. Neville sentait que c'était de la magie beaucoup plus terrestre que ce à quoi il avait déjà été confronté pendant sa scolarité.

Il sentit qu'il fallait apaiser l'arbre. Ne me demandez pas comment il le comprit, lui même ne le savait pas. Il s'assit sur une branche, jeta un regard vers le bas : il se trouvait vraiment haut. Il posa ses paumes à plat contre l'écorce et essaya de caler son souffle sur les respirations légères qui vibraient dans le tronc. Il avait l'habitude : il avait déjà fait ça avec des mandragores adolescentes qui grinçaient trop dans leurs pots. Peu à peu, les souffles se mirent à l'unisson.

Quand Neville reprit son ascension, l'arbre ne paraissait plus menaçant. Il parvint à la cime du chêne sans encombre.

Rien, toujours rien. Pas un indice sur la grande plate-forme qui était cachée dans le feuillage. Un grand espace parcouru de veines et de nœuds, rugueux, mais d'indice pour entrer, bon sang !

Neville s'assit sur ses talons : il se sentait abattu. Devait-il redescendre et guetter des nains à l'extérieur de la mine ? Rester dans la forêt à attendre, peut-être pour rien, ne le tentait guère. Ou tenter le tout pour le tout, et utiliser sa baguette en plein territoire nain ? Il écouta le vent bruisser dans le feuillage et détacher des feuilles.

Un grain de pollen vint chatouiller ses narines et il éternua.

Quand il rouvrit les yeux, un toboggan se déversait à l'intérieur du tronc. Neville raffermit sa prise sur son sac et se jeta dans le vide sans réfléchir : sinon, il aurait hésité.

À peine se fut-il lancé sur le toboggan qu'une alarme retentit et lui vrilla les oreilles. L'écorce lui râpa le cul, sa tête cogna régulièrement sur les nœuds de l'arbre qui apparaissaient dans les différents cernes du tronc. Avant qu'il eût pu se frotter le cuir chevelu, il était parvenu en bas. La descente avait été brève.

Il se trouvait dans une grande salle cernée de stalactites et de nains furieux.

« Un intrus. »

La voix basse de celui qui semblait être le chef fit frissonner Neville.

« Je vous avais dit qu'éternuer, c'est trop facile.

- Ta gueule, Pussycat. Tu sais très bien que le chêne aurait empêché quelqu'un de fondamentalement mauvais de monter. »

Le nain se tourna de nouveau vers lui :

« Qui êtes-vous ?

- Neville Londubat. »

Il se gratta la gorge : sa voix déraillait, il ne voulait pas montrer qu'il était impressionné.

« Et que viens-tu faire ici ? »

Les autres nains avaient l'air menaçant : la pioche ou la masse à la main, les sourcils froncés, le visage noirci de terre. Neville prit tout son courage de Gryffondor qu'il avait en stock en main et répondit :

« Je viens de la part de Grimlen, pour une cargaison de sidérochryse. »

La référence ne parut pas plaire. Un murmure de désapprobation parcourut les rangs.

« On a eu un peu de mal avec les gobs ces derniers temps, grinça le nain qui se faisait porte-parole. Ils sont dévoués à un maître que nous ne reconnaissons pas et qui nous le rend bien. T'as pas autre chose en stock ? »

Neville grimaça : les gobs obéissaient au Maître des ombres et il était de notoriété publique que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom haïssait les créatures qu'il jugeait inutiles. Les géants, les garous, les Détraqueurs et les gobelins étaient jugés certes impurs, mais utiles à la cause. Les autres… Les nains, les elfes, les centaures et les Nés-moldus étaient impurs et inutiles. Donc supprimables.

Neville ne savait que faire. Il sentit des frôlements, comme s'il subissait des sortilèges à son insu. La magie imprégnait l'air raréfié de la mine. Il se sentait comme écrasé.

« Qui t'a dit comment entrer dans la mine ? Ça peut pas être un enfoiré de gob. Ils savent pas grimper aux arbres.

- J'ai trouvé tout seul, osa Neville. Je ne suis pas stupide. »

L'air fourmilla de cette même magie qu'il avait sentie dans l'arbre. Les nains touchaient à une magie bien différente de celle des humains.

Et cette fois, la magie était dirigée contre lui.

« Jormungand ! Je le connais ! »

Cette voix était trop fluette pour appartenir à un nain. Neville la connaissait. Où l'avait-il entendue ?

« Il connaît notre entrée ! On ne peut pas le laisser partir !

- C'est la preuve que nous ne sommes pas assez protégés, pas qu'il nous poursuit, reprit la voix. Et c'est bien Londubat, je viens de vérifier. »

Filius Flitwick. Il avait dû lancer des sorts de reconnaissance, ce qui avait provoqué les chatouillements que Neville avait ressentis. L'ancien professeur émergea de la foule des nains.

« Filius, tu sais que…, reprit le nain.

- Jormungand, tu sais que tu peux me faire confiance. Et tu peux lui faire confiance. »

Flitwick était crasseux, couvert de boue, amaigri et fatigué, mais ses yeux pétillaient de la même étincelle qu'à Poudlard. Il paraissait se porter bien, songea Neville.

« Vous recherchez Miss Lovegood ? »

La question interpella Neville.

« Vous l'avez vue ? Elle va bien ? Elle est là ? »

Flitwick plissa les yeux :

« Venez, mon garçon, allons nous installer plus au calme. Tu peux venir, Jormungand. Je sais que tu en meurs d'envie.

- Au boulot, vous autres ! » cria le dénommé Jormungand aux nains.

La foule se dispersa. Neville suivit Flitwick dans les galeries, jusqu'à un bureau minuscule où un poêle gardait au chaud une cafetière fumante. Flitwick fit léviter des tasses qui se remplirent de café et en tendit une à Neville.

En buvant le breuvage qui lui brûla la gorge, Neville se réchauffa à un tel point qu'il comprit qu'il était frigorifié. Il s'approcha du feu et demanda :

« Alors ? Vous avez des nouvelles de Luna ? Elle va bien ?

- Elle est vivante, et libre, c'est tout ce que je peux vous dire, Londubat. »

C'était déjà beaucoup.

« Comment va-t-elle ? Dites-moi, je vous en prie.

- Un peu secouée, mais ça ira. Elle a été séquestrée au manoir Malefoy pendant six ou sept mois. Elle a réussi à s'enfuir. Depuis, ils la recherchent. Je ne peux pas vous dire où elle est. Même moi je l'ignore. »

Jormungand, accroupi dans un coin, grogna :

« Tu as oublié de dire que…

- Je n'ai rien oublié, Jormungand, le coupa Flitwick. Miss Lovegood a toujours obéi à la lune. Elle était prédestinée. Et ce que tu lis dans les rainures des arbres et des pierres n'est pas forcément lié aux humains. Il est encore trop tôt pour se prononcer. Je préfère que Londubat n'en sache pas trop. »

Neville voulait en savoir plus, mais la fatigue se faisait de plus en plus sentir. Trop d'émotions en si peu de temps. À poursuivre Luna, il retombait sur l'ancien directeur de maison des Serdaigle. À parcourir l'Angleterre, il avait oublié qu'il ne tenait qu'avec cet espoir. Ne pas la retrouver, c'était déprimant. Et toute la tension accumulée s'évaporait, le laissant vidé.

« Londubat, vous ne pouvez pas rester ici. Vous devez partir. »

La voix de Flitwick bourdonnait à ses oreilles.

« Vous avez sûrement été suivi. Je vais devoir vous lancer un sortilège d'Amnésie : vous ne devez pas vous souvenir de ce que je vous ai dit. Ça mettrait trop de monde en danger, à commencer par vous. »

Neville commençait à voir flou.

« Londubat, j'ai drogué votre café avec une potion de sommeil. Vous allez vous endormir et rentrer chez vous avec une cargaison de sidérochryse. Et vous ne reviendrez pas. De toute façon, nous changerons notre porte d'entrée. »

Neville s'effondra par terre.

Juste avant de sombrer, il entendit :

« Château du Loch, Écosse. »