Chers lecteurs,

De retour parmi vous/nous/le monde la fanfic, pour vous servir. Pour la petite histoire, Nicto a eu des bugs d'ordi (RIP la machine infernale) et beaucoup de boulot, donc elle n'a pas pu corriger ce chapitre aussi vite que prévu. Et votre serviteur que voici qui écrit ces mots a du mal à écrire si sa bêta ne vient pas régulièrement lui secouer les plumes. D'où le retard.

J'espère que ce chapitre vous plaira. Nous avions laissé Neville quelque peu secoué, voire carrément traumatisé. Il a été torturé par de méchants Mangemorts qui voulaient savoir ce que faisait Luna. Il n'a rien dit, bien entendu. On l'a donc forcé à tuer Justin Finch-Fletchey (pour le plaisir).

Aujourd'hui, c'est plutôt du K+ ou du T (je sais pas trop). Mais c'est soft.

Un grand merci à Nictocris pour la relecture, un grand merci à vous qui m'écrivez des petits mots.

Portez-vous bien, skiez, à bientôt,

Al

PS : réponses !

Lilatloo : j'aime faire trembler. merci pour ta review !

Patfol le S : eh ouais j'ai toujours trouvé qu'harry ne se salissait pas assez les mains. donc là j'en profite. merci pour ta review de même (quelle originalité)


« Entre nous pas de cadavres » Léon Gontran Damas, Black label


Neville guettait l'arrivée du train. Il ignorait les regards circonspects qui se posaient sur lui. Il savait qu'il faisait peur à voir, merci bien. Sa grand-mère avait essayé de le convaincre de se raser la barbe et de soigner son apparence, mais il n'y arrivait pas. Lavande lui avait fait remarquer que ça servait à rien de porter une robe froissée, une cravate fripée et des bottes tachées, il s'en foutait.

Il s'en foutait de tout, à vrai dire.

Le quai 9 3/4 était bondé et pourtant les gens s'écartaient de lui, comme s'il allait les mordre. Il en était sûrement capable, d'ailleurs.

Les jumeaux lui avaient délégué la responsabilité d'aller chercher Ginny à King's Cross : leurs parents étaient pris par diverses obligations. Neville avait senti qu'ils lui avaient aussi demandé ça pour le sortir de sa léthargie.

Comme si voir du monde et agir allait changer quoi que ce soit.

Il n'avait raconté à personne ce qui s'était passé au Ministère. C'étaient sa peine, sa douleur. Son meurtre. Sa culpabilité.

« Tiens tiens tiens, Londubat… »

Oh non, pas elle…

« Tu m'as l'air dans une forme olympique, mon vieux. J'ai bien conscience que l'élégance n'a jamais été ton point fort, mais aujourd'hui tu te surpasses.

- Et ce n'est pas ta présence qui va arranger les choses, Parkinson. »

La jeune femme mima l'offuscation.

« Quelle agressivité… Nous en avons donc fini avec la moindre politesse ? »

Elle resplendissait, comme d'habitude. Mieux, elle respirait l'assurance. Si Neville attirait l'attention par sa négligence, elle attisait les regards par sa prestance.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Elle fit une moue coquette :

« Je viens récupérer le frère de Blaise, il n'a pas pu se déplacer. Je suppose que tu attends ta rouquine. »

Neville acquiesça. Le frère Zabini, ou son demi-frère, qu'il avait aperçu le jour de sa répartition, était à Serdaigle en quatrième année.

« J'ai entendu dire qu'à Poudlard, l'ambiance était beaucoup plus studieuse que quand nous y étions. À croire que ta copine n'a pas relancé votre petit club de tarés. Ce n'est pas plus mal, il était temps qu'on puisse étudier en paix. Nous avons eu pas mal d'agitation pendant notre scolarité, quand on y pense. Soit une Chambre des secrets ouverte, soit un évadé d'Azkaban en cavale… Et à chaque fois, on espérait que certains d'entre vous allaient y rester, eh non ! Vous vous en sortiez toujours. C'était presque lassant, comme dans les romans où le héros s'en sort. Je t'avoue que l'année dernière a été la seule où je me suis réellement amusée. Enfin, on pouvait vous faire payer votre chance insensée.

- Pourquoi tu t'embêtes à me faire la conversation, Parkinson ? » répliqua Neville, irrité par ce monologue.

Elle ricana et se rapprocha de lui. Il sursauta presque lorsqu'elle enroula son bras autour de son biceps. Comme elle était perchée sur de hauts talons, sa tête lui parvenait à mi-visage. Neville s'aperçut qu'il était habitué à la dureté de son regard. Il s'y retrouvait : lui-même se sentait changé. Plus rude, plus raide.

« Voyons Londubat, chuchota-t-elle, je prouve que tu es fréquentable.

- Et toi, tu y gagnes quoi ?

- J'apprécie ta compagnie, voyons, en douterais-tu ? »

Elle ajouta d'un ton léger :

« Et ton apparence négligée évite aux prédateurs des gares de trop m'approcher. »

Neville plissa les yeux :

« Te fous pas de ma gueule.

- Je ne me moque pas de toi, Londubat. »

Il l'observa à la dérobée : elle jouait donc la comédie ? Elle avait toujours paru si sûre d'elle. Si ce n'est ce fameux moment de dérobade dans la bijouterie, Neville aurait juré qu'elle faisait toujours ce qu'elle voulait. Elle paraissait indépendante et confiante.

Justement, elle paraissait.

Elle remarqua qu'il la dévisageait et se fendit d'un commentaire.

« Je suis la fille d'un des Mangemorts les plus réputés et les plus fidèles au Seigneur des Ténèbres. »

Neville mit une seconde à comprendre ce que Parkinson sous-entendait. Tout Mangemort désireux de bien paraître aux yeux de Celui-qui-pourrissait-sa-vie-et-celle-de-pas-mal-de-sorciers devait vouloir mettre Parkinson fille dans son lit.

« Au moins, tu as le choix. Pas comme d'autres.

- Si tu penses à Lavande, sa situation est presque plus enviable que la mienne, commenta-t-elle en ajustant son écharpe autour de son cou. Au moins, ils ne sont que deux à lui passer dessus. Et pas trop moches, en plus. Pour l'instant, Blaise me protège. Tu aurais vu ce qui a échu à Daphné ou à Astoria, sa sœur, promise à Goyle. »

Elle ajouta :

« Père. »

Neville ne put retenir une grimace. Un silence passa, gênant, mais pas forcément désagréable. Un silence à la Parkinson. C'était étrange de se retrouver encore une fois avec elle sans avoir envie de l'envoyer s'encastrer dans un mur. Et sa présence à ses côtés était semblable à celle qu'elle avait toujours été : mi méfiante, mi confiante. Elle restait elle-même. Et putain qu'est-ce que ça faisait du bien d'être traité comme d'habitude ! Comme si rien ne s'était jamais passé. Comme s'il n'avait pas tué un homme.

« T'es honnête avec moi. »

C'était un simple constat.

« Pourquoi ? »

Parkinson soupira :

« Tu n'es pas de mon camp. En plus, j'ai entendu dire que tu étais bon occlumens. »

Neville se crispa : si elle savait ça, c'est qu'elle savait ce qui s'était passé à l'étage – 13 du Ministère.

« Tu as trop d'honneur pour cafarder. »

Au loin, un sifflement strident annonça l'arrivée imminente du train. Parkinson se rapprocha encore de lui, il put sentir son parfum. Elle lui chuchota dans l'oreille :

« Quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent, ne les laisse pas t'atteindre. »

Il ne put retenir une grimace. Elle se colla à lui, il sentit ses lèvres contre son oreille, son parfum lui fit presque tourner la tête :

« Ne montre pas qu'ils t'ont atteint. »

Elle disparut dans la foule. Le train arriva sans que Neville eût pu analyser ce qu'elle lui avait dit. Les portes s'ouvrirent et une silhouette rousse se jeta dans ses bras. Une odeur réconfortante et des bras solides, tels qu'il les avait quittés.

Ginny était là. Et le monde parut immédiatement plus supportable.

« Neville ! Je suis tellement contente de te voir ! Tu m'as manqué ! »

Sa voix contre lui, dans son épaule. Sa Ginny. Il la serra contre lui, comme incrédule.

Ils passèrent la barrière magique et quittèrent la gare. Neville respira plus amplement une fois qu'ils eurent retrouvé le Londres moldu.

« Alors, ta journée ?

- Grimlen veut ma peau, j'en suis persuadé. Aujourd'hui, j'ai dû incruster à la moldue trois cents diamants dans un diadème gobelin. »

Ginny éclata de rire :

« C'est pire que les retenues de Rusard, dis-moi !

- D'ailleurs, ça se passe comment ?

- Ça se passe, répondit Ginny, brusquement sérieuse. Je n'ai pas reformé l'AD, tu t'en doutes. Sans toi ni Luna, j'ai pas le courage. Je bosse mes ASPIC et le Quidditch.

- Des problèmes de discipline ?

- Pas plus que je ne sois capable d'endurer. »

Les crèmes canari avaient dû être utiles.

« Des nouvelles de Luna ?

- Pas ici. »

Ginny parut hésiter.

« Tu es méfiant à ce point ?

- Pas ici, j'ai dit. » coupa Neville, sans reconnaître sa voix. Lui, posséder cette autorité ? Ce calme froid, cette distance ? C'était Ginny, merde ! Il ne pouvait pas commencer à parler comme ça à ses amis.

Ils attrapèrent un autobus moldu. Même chez les sans-magie, l'ambiance était festive. Les vacances permettaient à chacun de relâcher la pression. Et les nombreux attentats aux causes inconnues qui frappaient régulièrement les Moldus devaient sûrement les pousser à vivre à fond le temps qui leur restait.

Neville se rapprocha de Ginny, la tint par la taille et chuchota à son oreille, de manière à ce qu'elle fût la seule à l'entendre :

« Désolé. Je suis surveillé. »

Elle leva les yeux vers lui. Il n'avait jamais remarqué qu'elle avait les yeux aussi bruns. Il comprit soudain ce qui avait plu à Harry chez elle : elle avait les yeux les plus expressifs au monde.

« D'accord. » lui répondit-elle sur le même mode.

Ils descendirent au terminus du bus. Ils se trouvaient en banlieue de Londres. Ils s'enfoncèrent dans le bois qui s'étendait dans le parc : Neville essaya d'ignorer son appréhension grandissante. Une fois à bonne distance de l'orée de la forêt, ils transplanèrent au Terrier.

Si Mrs Weasley n'était pas là pour les accueillir, elle avait tout de même prévu une théière brûlante et des biscuits pour la remplacer.

« Tu veux dormir ici ce soir ? Tu es le bienvenu, tu le sais, j'espère. »

Neville faisait confiance aux Weasley. C'est en sentant comment il devint méfiant en un quart de seconde qu'il comprit ce qu'avait brisé en lui ce qui s'était passé au Ministère. Comment pouvait-il faire confiance aux Weasley, alors que Justin, un camarade auquel il était à peine relié, n'avait pas pu lui faire confiance ? Alors qu'il ne pouvait pas se faire confiance à lui-même ? Où était la confiance quand des Impardonnables entraient en jeu ?

« Ici, pas d'espion. »

Ginny avait raison. Il fallait se faire confiance. La restaurer, la consolider. S'ils voulaient lutter, ils devaient s'appuyer sur ça.

« Vendu. »

Elle lui renvoya un sourire sincère, comme une gamine à qui on vient d'annoncer que Noël s'est avancé d'un mois. C'est vrai qu'elle était encore jeune, à peine dix-sept ans.

T'es pas bien plus vieux…

Ils s'installèrent à table et se servirent en thé et biscuits. Neville était ravi de voir Ginny face à lui, vivante. C'était comme avec Lavande : il savait qu'elles vivaient sans lui, mais ça le rassurait toujours de les avoir en visuel. C'est bien ce qui lui manquait avec Luna. Était-elle en vie ? Comment allait-elle ?

Ginny claqua des doigts devant ses yeux.

« Neville, tu t'égares. »

Il reprit pied dans la réalité.

« Je pensais à Luna.

- Tu n'as toujours aucun souvenir de ce qui s'est passé à Sherwood ?

- Si j'en avais eu, je l'aurais dit à Yaxley. »

Encore ce ton coupant, agressif. Il fallait qu'il se surveillât.

Ne les laisse pas t'atteindre. La voix de Parkinson résonnait encore dans ses oreilles.

« Désolé, se répéta-t-il.

- Ne crois pas être le seul à souffrir, Neville. » répliqua froidement Ginny.

Deux fois qu'il se prenait une leçon par une fille en une seule journée. Il avait du mal à imaginer qu'il pouvait y avoir pire que tuer un camarade. Et pourtant.. Il ne connaissait pas la vie des gens. Était-ce pire de se faire violer régulièrement par des hommes haïs ? Était-ce pire d'être coincée dans une école qui ne prônait plus ses valeurs sans pouvoir rien y faire ? Était-ce pire d'attendre de se faire marier au premier Mangemort venu comme un vulgaire objet de transaction politique ?

Y avait-il un pire ? Une échelle des pires ?

Il observa plus attentivement Ginny.

« Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je fais des rêves. Je rêve d'Harry. » avoua-t-elle.

C'était problématique.

« Et alors ?

- Alors rien. Il est allongé, il respire, mais rien de plus.

- Au moins, il est vivant. » remarqua Neville.

Elle rosit :

« Tu crois ?

- Les rêves ne sont jamais anodins, tu le sais, tenta-t-il en se rendant compte qu'il lui donnait de l'espoir. Trelawney nous a toujours dit qu'il fallait faire confiance aux idées des nuits. Les ombres connaissent les secrets de l'univers. »

Elle ricana :

« J'ai pas envie de prendre mes rêves pour la réalité. Tu sais que j'ai parfois du mal à me rappeler le son de sa voix ? Comme s'il s'éloignait de plus en plus… »

Neville sentit que la pente était glissante. Il savait que Ginny avait encore plus mal pris qu'Harry eût disparu sans laisser de trace.

« Et tu rêves d'autres personnes ?

- Hermione, parfois. Et d'autres fois… »

Elle frissonna.

« De lui. Dans la Chambre des secrets. De lui me prenant tout ce que je suis. »

Pour une ambiance plus festive, c'était râpé.

« C'est le pire, tu sais. Être spectateur de ses actes sans pouvoir rien y faire…

- Je sais. »

Ils gardèrent le silence.

« J'ai vu Parkinson aujourd'hui. »

Ginny accepta le changement de sujet de conversation avec un plaisir évident. Ils parlèrent de choses et d'autres, jusqu'à ce que Mrs Weasley revînt.

La sorcière se promenait avec une horloge sous le bras, ce qui intrigua Neville.

« Je peux jeter un coup d'œil ?

- Bien sûr. Je viens de la faire réparer. »

Chaque aiguille de l'horloge était surmontée d'un nom et pointait vers un mot différent. En observant plus attentivement les aiguilles, il s'aperçut qu'elles montraient les membres de la famille Weasley.

« Les aiguilles étaient toutes pointées vers Danger de mort depuis le retour de Tu-sais-qui, expliqua Mrs Weasley. Ça ne m'était pas d'une grande utilité. J'ai donc fait ôter cette option pour pouvoir savoir un peu plus ce que font mes enfants. »

Neville savait que sa grand-mère avait un artefact du même genre : une bague qui changeait de couleur selon son état, à lui. Il continua à examiner le cadran. L'aiguille de Ron indiquait qu'il était en déplacement, mais en vie.

« Et j'ai ajouté Fleur. »

La voix de Mrs Weasley tremblait.

« J'aurais voulu ajouter Harry et Hermione, mais ils ne sont pas liés magiquement à notre famille, c'était donc impossible.

- Maman, on monte. » coupa Ginny.

Elle attrapa la main de Neville et le tira à l'étage.

« Maman est hyper stressée. Je te raconte pas quand l'aiguille de Ron bouge. J'ai l'impression qu'elle hésite toujours entre hurler de joie ou fondre en larmes. »

Neville reçut la remarque sans broncher. Il trouvait déjà dure à supporter la sollicitude de sa grand-mère : celle de Mrs Weasley devait être bien pire.

« Ah Ginny ! Tu es là ! »

Un rouquin venait d'apparaître devant eux. Neville ne l'avait jamais vu : il supposa que c'était Charlie, le seul frère de Ginny qu'il n'avait encore jamais rencontré.

« Ça te dit une partie de Quidditch ? »

Ils passèrent le reste de l'après-midi à voler dans le jardin.

« Ton frère m'a tué, avoua-t-il le soir, en se lavant les dents. Il devait être un super bon attrapeur.

- Le meilleur après Harry, reconnut Ginny. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit. Je ne l'ai vu jouer qu'en famille, après tout. »

Ils s'installèrent pour dormir. Mrs Weasley avait cédé : un matelas était posé par terre pour accueillir Neville dans la chambre de Ginny. Neville avait compris que cela arrachait des poils au sens moral de son hôtesse de le faire dormir dans la chambre de sa fille, mais elle devait préférer contrôler un minimum ce qui se passait dans sa maison, plutôt que d'avoir un Neville baladeur ou une Ginny aventureuse.

Ils se couchèrent. Ginny éteignit la lampe de chevet.

Dans le noir, les confidences et les confessions viennent toujours plus facilement.

« Ils sont venus me chercher au travail. » commença Neville.

Il se mit à raconter ce qu'il avait vécu au Ministère. À la mort de Justin, il était sous la couette de Ginny, profitant des pieds glacés qu'elle avait glissés sous ses mollets. Leurs deux têtes posées sur l'oreiller, les yeux brillants de Ginny grand ouverts face à lui. Ses yeux pleins de compassion et de compréhension.

« Ils m'ont relâché peu après et m'ont mis dehors, sans rien me dire de plus. Ils ont laissé au moins trois heures avec le corps de Justin dans la même pièce que moi. Je ne sais même pas s'il a eu un enterrement correct. »

Ginny se rapprocha de lui et caressa doucement son visage pour le réconforter. Sa chaleur se communiqua à lui. Il avoua, à voix plus basse que jamais :

« Et le seul truc auquel je pensais, c'était que comme j'avais le sang pur, ils n'oseraient pas me tuer. Je lui en veux, à Justin, d'être un né-moldu. Parce qu'il est mort à cause de ça. Je l'ai tué à cause de ça. »

Les bras de Ginny sur ses épaules, sa main qui massait sa nuque déliaient sa parole.

« Ils ont réussi leur coup. Je suis comme eux, je juge sur le sang… Ils ont gagné… »

Il se mit à pleurer, sans pouvoir s'arrêter. Il entendait le souffle irrégulier de Ginny : elle aussi pleurait.

« Ils n'ont pas gagné ! Ils n'ont pas eu ce qu'ils voulaient. Ils n'ont pas eu l'info ! Ils ne savent pas ce que tu as fait à Sherwood !

- Moi non plus. »

Il essuya ses larmes, se frotta les yeux, se moucha. Ginny paraissait songeuse :

« Ils n'ont pas eu ce qu'ils voulaient, répéta-t-elle. Et ce qu'ils voulaient... »

Et brusquement :

« Pourquoi veulent-ils savoir si tu as vu Luna ? Pourquoi veulent-ils savoir où elle est ?

- Peut-être pour le Chicaneur, osa Neville.

- Ne sois pas bête, personne ne le lit. Depuis que Lovegood s'est rangé à ce que dit Tu-sais-qui, plus personne n'ose l'acheter. Et depuis qu'il est mort, la publication s'est arrêtée. »

Il voyait sur le visage de Ginny les rouages de son intellect se mettre en branle.

« Luna est vivante, c'est sûr. Et elle doit savoir quelque chose, quelque chose de primordial. Si on la recherche au point de te torturer, c'est qu'elle est en fuite et qu'ils ne savent pas comment la trouver ! Elle leur échappe ! Elle les mate ! »

L'enthousiasme de Ginny lui fit plaisir. S'il fallait retenir une chose de sa garde-à-vue au Ministère, c'était que Luna leur mettait la misère.

C'était presque réjouissant.