Chers lecteurs,
J'ai menacé Nicto en personne (sans arme blanche, rassurez-vous), et voilà le résultat ! En ces temps obscurs de pandémie internationale, nous avons le temps d'écrire (ou en tout cas de corriger). Aujourd'hui, guide de voyage version sorcier. Revenons chez nous. Donc petit rating K des familles, you know, John Snow.
Portez-vous bien, toussez dans votre coude, à bientôt,
Al
Eisatsa : salut, merci pour ta review qui m'a fait très plaisir ! j'ai rarement des commentaires aussi construits, ça fait vraiment du bien !
Patfol le S : nous privilégions la qualité à la rapidité (enfin, c'est l'excuse préférée de Nictocris, tu sais bien que je lui mets toujours tout le retard sur le dos). merci pour ta review, constructive elle aussi !
« France, mère des arts, des armes et des lois » Joachim du Bellay, les Regrets
L'air frais lui fouettait les joues. Les embruns parsemaient de gouttelettes son visage et heurtaient ses yeux grand ouverts. C'était désagréable, mais pour rien au monde Neville n'aurait fermé les paupières : il voyait, au loin, se dessiner la terre.
Il arrivait en France.
Les transports moldus n'étaient jamais ce qui était le plus confortable, mais ils avaient cet avantage non négligeable d'être méprisés des Mangemorts.
Deux heures de mer. Neville avait craint d'avoir le mal de mer, mais non. Être sur un bateau lui plaisait : le sol tanguait légèrement, le ronronnement sourd du moteur sous ses pieds avait quelque chose de rassurant, comme si le bateau était une grosse créature marine apprivoisée qu'on utilisait pour traverser. Un monstre qu'aurait pu leur présenter Hagrid.
Penser au demi-géant le rappela à ses obligations. Son programme était chargé : en trois jours, Neville devait traverser trois ou quatre fois la France. Grimlen lui avait accordé sans trop rechigner son lundi : Parkinson était passée à la boutique vanter les mérites de Neville et avait expressément demandé au gob de lui accorder un jour de repos. Argument imparable : ça ferait toujours un jour de moins à le rémunérer. Grimlen avait accepté. Toujours près de ses sous. C'était sympa de pouvoir compter sur les traits de caractère d'une race, tout compte fait.
Les jumeaux avaient accepté de le charger d'une mission pour donner un caractère officiel à son épopée française : il devait trouver de la poudre d'escampette française, de bien meilleure qualité qu'en Angleterre. Ça devait cacher ses deux missions officieuses : trouver Beauxbâtons et le jangseung de Parkinson.
La terre se rapprochait. Neville resta accoudé au bastingage pour observer la manœuvre et essayer de repérer des éléments qui pourraient l'intéresser. Il allait falloir passer la douane française, et ça ne l'enchantait pas.
« Quand tu seras en France, à Calais, trouve la Baguette de sourcier. C'est une boulangerie sorcière. Tu pourras prendre un croissant et emprunter une cheminée pour rallier Paris. »
Parkinson et ses conseils… Elle lui avait donné, avant de le quitter, une série de directives, comme si elle connaissait parfaitement les lieux. Quand il lui avait demandé si elle allait souvent en France, elle l'avait vertement rembarré.
Le bateau accosta lentement, comme si le gros animal qu'il était rechignait à se poser là où on aurait voulu l'y forcer. Des gens s'agitaient sur le port, comme d'innombrables fourmis grouillantes. Ça criait, courait, dansait presque. Neville essaya de repérer un chapeau pointu ou une robe trop longue.
Rien. Les sorciers français paraissaient beaucoup plus discrets qu'en Angleterre.
En même temps, ils n'avaient pas un chef qui les encourageait régulièrement à aller chasser du moldu.
Il passa la passerelle et suivit la foule qui entrait dans le cabinet des douaniers.
« Nom ? Prénom ? Objet de votre visite ?
- Londubat. Neville. Affaire de famille. »
Le douanier vérifia trois fois son passeport. Neville se retint de grincer les dents : il détestait les contrôles d'identité depuis qu'il travaillait à Londres. Régulièrement, on lui demandait de montrer ses papiers, pour aucune raison. À toujours vous montrer qu'on se méfie de vous, vous devenez méfiant.
« Vous pouvez y aller. Bon séjour en France, Monsieur. »
Neville, soulagé, récupéra ses papiers et quitta le hall à grands pas.
Une heure plus tard, il était dans Calais. Il entra dans une cabine téléphonique et attrapa le bottin, appelé en France les Pages jaunes, posé sur le rebord. Au fond, il était fier de lui : ses escapades dans le monde moldu à Londres paraissaient porter leurs fruits aussi en France. Il feuilleta rapidement l'annuaire.
Baguette du Sourcier. Rue Magenta. Neville ricana : Enta était un puissant sorcier du XVIIème siècle, qui avait conquis presque toute l'Europe – sauf l'Angleterre. Il faisait passer ses crises d'héliophorie, dues à sa magie trop puissante, pour de la prestidigitation et avait ainsi acquis le surnom de Roi Soleil. Un bien beau personnage.
Neville quitta la cabine, trouva un plan sur un abribus et la rue qui l'intéressait. Quelques minutes plus tard, il poussait la porte de la Baguette du sourcier.
« Bonjour Monsieur, qu'est-ce que je vous sers ? »
Neville grimaça : il avait oublié que les Français parlaient… français.
« Je… Anglais ? »
Le boulanger leva les yeux au ciel. Les touristes devaient pourtant être fréquents dans cette ville frontalière. Neville se rapprocha de la caisse et sortit sa baguette :
« Vous… Vous voyez ? »
Le boulanger plissa des yeux.
« Suivez-moi. »
Il le conduisit dans l'arrière-boutique, où un four monumental embaumait la pièce d'une odeur de pain et une cheminée, plus petite, ajoutait à la chaleur ambiante sa fournaise. Le boulanger expliqua dans un anglais passable :
« Soyez plein d'attention, parce que la cheminée seulement parle français. Répétez après moi : Chaussée des Marais. »
Eh merde… un r. La lettre la moins prononçable pour un palais anglais.
Neville répéta encore et encore jusqu'à avoir la prononciation la plus parfaite possible. Il finit par jeter une pincée de poudre de cheminette dans l'âtre. Les flammes devinrent bleues :
« En Angleterre, elles sont vertes, nota-t-il.
- C'est parce que nous mettons du cyanure dans notre poudre, ça désinfecte les conduits. »
Neville hésita :
« Mais… Personne n'est jamais mort ?
- À cause du cyanure, pas que je sache, répondit pensivement le boulanger. Les gens s'étouffent plutôt avec la cendre. »
Guère rassurant. Neville se glissa dans la cheminée et articula le plus franchement possible : « Chaossey dey Mawais. »
Il atterrit dans une salle vide et lumineuse.
Des boiseries sculptées cirées brillaient au soleil, le plafond haut laissait des poutres apparentes, auxquelles étaient suspendues d'immenses chandeliers éteints. D'immenses cheminées couvraient les murs et des torches vertes brillaient à côté de chacune d'entre elles. Neville en remarqua une passer au rouge lorsqu'un sorcier s'engouffra dans la cheminée correspondante : énormément de monde devait passer, songea Neville. Au Chaudron Baveur, il n'y avait que deux cheminées et aucune signalisation.
Une porte s'ouvrit avec fracas :
« Bienvenue ! Welcome ! Wilkommen ! Bienveni…
- Bonjour, répondit Neville. Je suis Anglais. »
Le sorcier qui lui faisait face était vêtu d'une robe telle que Neville n'en avait jamais vue : toute verte, avec des moirures qui se déplaçaient toutes seules sur le tissu. Il comprit soudain pourquoi Lavande et Parvati parlaient toujours de Paris comme la capitale de la mode. Le vêtement était époustouflant. Le sorcier portait un nœud papillon et un haut de forme qui auraient paru ridicules sur un autre que lui.
« Bonjour Monsieur, reprit le sorcier dans un anglais parfait. Que puis-je faire pour vous ?
- Je recherche le Passage Incertain. »
La poudre d'escampette était une denrée légale, mais suffisamment rare et dangereuse pour être trouvable uniquement dans les boutiques mal famées. Et où les trouver, si ce n'est au Passage Incertain… L'adresse venait d'un collègue des jumeaux qui travaillait dans l'Allée des Embrumes, ce qui poussait Neville à se méfier. Il avait une tendance naturelle à se méfier des gens qu'il ne connaissait pas : il faisait plus confiance à Parkinson qu'à un ami d'ami. C'est dire…
« Vous devez suivre la Chaussée des Marais et tourner à droite après la boutique de fournitures de potions Chez Philou. Le Passage incertain sera la première à droite. »
Neville remercia l'homme et quitta l'hôtel qui servait de lieu d'arrivage de cheminées.
S'il avait toujours été ébahi par le Chemin de Traverse, quel que fût l'âge auquel il y alla, ce n'était rien en comparaison de ce qu'il ressentit en voyant la Chaussée des Marais. Tout paraissait plus beau et plus propre qu'à Londres. Les boutiques pimpantes proposaient des marchandises qui paradaient dans les vitrines, le trottoir pavé reluisait, le soleil tapait avec enthousiasme sur des réverbères lustrés. Neville n'avait jamais vu ça : tout paraissait plus luxueux, plus propre, plus dispendieux qu'en Angleterre.
En même temps, ça fait deux ans que Celui-dont-ne-peut-pas-prononcer-le-nom règne, ça prête pas à la propreté. Ni au tourisme.
Il parcourut la rue, en s'arrêtant presque devant toutes les boutiques. Quand il vit une serre ouverte aux quatre vents qui regorgeait de fleurs, de lianes et de plantes frémissantes, il craqua et entra.
« Vous cherchez quelque chose, Monsieur ? »
Neville se tourna vers le vendeur, un garçon frêle qui devait être à peine plus âgé que lui.
« Merci, je regarde. »
Il parcourut la serre en ouvrant grand les mirettes. Il connaissait très bien la serre de Chourave, il connaissait bien la Grande Serre du Chemin de Traverse, mais il n'avait jamais vu autant de plantes réunies. Il passa une cloison et arriva dans une serre à température régulée, glacée. Des homo sapins et des bourgeons de buis d'Everest voisinaient des houx spilleurs et des spinifex rougissants. Neville ne se contint pas et effleura une plante qui chantonna à son contact.
« Vous êtes anglais ? »
Neville sursauta.
« Quoi ?
- Mon arrière-grand-père connaissait bien l'Angleterre, reprit le vendeur, perdu dans ses pensées. Il y allait souvent. Un de ses amis, directeur d'école, l'invitait assez régulièrement. Papi Nico nous rapportait toujours un souvenir d'Angleterre. »
Neville observait son interlocuteur, sans savoir s'il pouvait lui faire confiance ou pas. Le garçon attirait la sympathie, mais Neville savait qu'il ne pouvait pas se fier à l'air aimable ou non des gens. Pas quand des vies entraient en jeu.
« Vous vous appelez comment ?
- Romain Flamel. Et vous ?
- Neville Londubat. »
Il se mordit la langue l'instant d'après. Il avait parlé trop vite. Mais après tout, un botaniste français… Quelle était la probabilité que les Mangemorts le connussent ?
« Enchanté. »
Ils se serrèrent la main. Romain lui proposa de visiter la troisième serre, où se trouvaient les plantes tropicales. Neville le suivit. C'était si reposant, de se balader entre les plantes vertes et jaunes, de respirer l'odeur de terre et de mousse, de sentir l'humidité chlorophyllée le prendre à la gorge, de ne plus penser à la guerre mais uniquement aux feuilles qui ombrageaient sa route. C'était une sensation qu'il n'arrivait même plus à atteindre pleinement dans la serre qu'il avait installée chez les jumeaux, depuis son passage à l'étage – 13 du ministère.
Ils discutèrent de tout et de rien. Romain était bavard et léger. Rien ne pesait sur lui, si ce n'est un loyer à payer. Pas d'autre préoccupation. C'était si éloigné de sa réalité, à lui !
« Je cherche depuis trois mois du pied de griffon vert.
- J'ai justement un plant qui est arrivé il y a deux jours. Je vous mets des graines de côté ? C'est plutôt rare, c'est pour des potions ? »
Neville ricana : lui, faire des potions ? La question était toutefois légitime, puisque la vente d'hellébore était encadrée par la loi sorcière. Les herboristes ne pouvaient pas en vendre de trop grosses quantités.
« C'est pour ma grand-mère, elle boit des tisanes d'hellébore vert et de saule blanc pour apaiser ses muscles endoloris. »
Depuis que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom était au pouvoir, les Mangemorts avaient fait main basse sur tous les hellébores. Il était extrêmement difficile de s'en procurer, à moins de passer par un réseau souterrain, mais même là la demande était forte et les prix exorbitants. Neville n'y avait pas pensé, mais il pouvait être intéressant de récupérer de l'hellébore français pour le rapporter en Angleterre, pour sa grand-mère ou les jumeaux. Voire d'en faire pousser.
« Je m'en occupe. Il vous faut quelque chose d'autre ? »
La bourse de Neville fortement allégée mais son sac alourdi de sachets de graines, il reprit la route en direction du Passage incertain. Il passa comme prévu devant Chez Philou et s'engagea dans la première à droite.
L'ambiance différait. Les vitrines étaient plus sombres, moins attirantes. Neville guettait une officine d'apothicaire pour trouver la poudre d'escampette. Une enseigne attira son regard : le Bon Marché. Un immense magasin qui occupait l'immeuble entier, avec le nom du magasin placardé en lettres monumentales directement sur les murs. S'il devait y avoir de la poudre d'escampette, c'était forcément là qu'il la trouverait.
Il poussa la porte. Une clochette insidieuse résonna dans l'immense boutique.
« Bienvenue au Bon Marché, où vous pourrez trouver tout ce que vous désirez, et bien plus encore. Vous cherchez quelque chose en particulier ? »
Neville était surpris : devant lui se trouvait un fantôme, qui paraissait être un vendeur du magasin. Il portait une casquette à visière fantomatique et lévitait à quelques centimètres du sol.
« Quatre livres de poudre d'escampette, s'il vous plaît. » se reprit Neville.
L'homme disparut dans les nombreux rayonnages et farfouilla dans les étagères. Neville écouta la rumeur du magasin presque vide : des fantômes avec la veste réglementaire frappée du logo Au Bon Marché et leur casquette ridicule bruissaient dans les rayons, passaient à travers le sol ou le toit en chuchotant et commérant, traversaient les quelques rares clients qui ne protestaient même pas, comme habitués à la vague de froid désagréable qui les prenait au passage d'un esprit. Le vendeur revint avec deux sacs en velours remplis de poudre qui lévitaient eux aussi à trois centimètres du sol. Neville se souvint des conseils de George et vérifia le contenu des deux sacs. De la poudre d'escampette de qualité. Il sortit sa bourse, prêt à payer – enfin, les jumeaux payaient.
« Vous venez d'Angleterre ? »
Neville se rétracta : contrairement à Romain Flamel, le fantôme ne lui inspirait rien qui vaille. Néanmoins, mentir avec son accent était impossible.
« Oui, je suis de passage à Paris. »
Le fantôme ne parut pas réagir, mais Neville n'était toujours pas à l'aise.
« Passez en caisse, vous réglerez à Josiane. »
Neville prit les deux sacs et rejoignit les caisses. Une femme au regard sournois et à la moustache grisonnante lui accorda un sourire aux dents gâtées.
« Alors, grinça la vieille avec une voix qui rappela à Neville de mauvais souvenirs sans qu'il parvînt à mettre le doigt dessus, deux kilogrammes de poudre d'escampette, cela nous fait…
- Pardon, j'avais demandé quatre livres…
- Ici, on est en France, et on vend des kilos ! Si ça vous plaît pas, vous pouvez toujours en acheter en Angleterre ! »
Ombrage. C'est ça, elle le faisait penser à Ombrage. Même voix, mêmes intonations, même humeur de chien.
Ou de chienne…
« Je prends.
- Ça nous fait donc deux fois quinze, trente gallions, débita la femme avec une voix d'automate, avec la promo du jour vous devez au Bon Marché vingt-huit gallions et trente-six mornilles et vous gagnez en prime l'autogluant de l'équipe de France les Aigles de Napoléon. L'album de l'équipe coûte six noises…
- Merci beaucoup, je ne suis pas intéressé. »
Neville décida de se fendre d'un commentaire supplémentaire.
« Je suis pour l'Angleterre.
- Grand bien vous fasse ! »
Il empocha sa monnaie, glissa dans son sac les marchandises qu'il venait d'acquérir et quitta le Bon Marché.
Bon, il fallait maintenant chercher l'hôtel particulier de Millicent Bulstrode. Parkinson avait planqué son jangseung dans le coffre-fort de son amie. Normalement, elle habitait pas trop loin de la Chaussée des Marais. Il remonta le Passage Incertain et retourna aux rues plus animées.
Il trouva l'endroit à l'adresse indiquée. Il sonna.
« Londubat ?, dit une voix étouffée de l'autre côté de la porte.
- C'est Parkinson qui m'envoie. »
Bulstrode entrebâilla la porte et l'observa par dessous ses cils. Neville ne put s'empêcher de se faire la remarque qu'il s'était toujours faite : elle était laide.
« Pansy m'a dit que quelqu'un viendrait. Je m'attendais pas à ce que ce soit toi. »
Bulstrode ouvrit plus franchement la porte. Neville remarqua immédiatement son maquillage mal mis. Elle portait une robe qui moulait trop ses bourrelets et qui ressemblait étrangement au tailleur de Parkinson quand elle était venue le voir la première fois chez Grimlen. Son chignon lui tirait le front et faisait ressortir ses sourcils trop épais. Elle aurait pu être jolie.
À l'évidence, Bulstrode voulait imiter Parkinson, sans grand succès.
« Bonjour, je peux entrer ? »
Bulstrode s'effaça et le laissa passer. Il la suivit dans le couloir majestueux, au parquet brillant d'être trop ciré. Un grand chien à trois têtes apparut au détour d'un couloir et vint renifler par trois fois la main de Neville.
« C'est ton chien ? »
Harry et Ron lui avaient parlé de Touffu, le chien à trois têtes d'Hagrid, mais il ne l'avait jamais vu. Ce molosse là paraissait agressif et dangereux. Enfin, les trois têtes du molosse paraissaient agressives et dangereuses.
« Mon père m'a offert Jean-Marie-Gustave pour mes dix ans. Ce sont de vraies teignes. »
Neville retint un ricanement.
Qui se ressemble s'assemble…
Il passa à côté du molosse et une tête s'approcha dangereusement de lui.
« Fais gaffe à Jean, il a les canines chatouilleuses. »
Un silence.
« Remarque, t'es pas mon invité le plus appétissant. »
Ils entrèrent dans un salon spacieux meublé avec goût.
« Reste-là. »
Busltrode alla jusqu'au bureau qui encombrait un coin de la pièce et s'installa derrière. Elle ouvrit un tiroir et saisit une bourse au cuir esquinté.
« Pansy ne m'a pas dit pourquoi elle voulait que je lui garde ça. Elle t'a dit pourquoi elle voulait le récupérer ? »
Bulstrode n'était pas la sorcière la plus intelligente de Poudlard, mais elle pouvait être une vraie pipelette. Parkinson avait mis Neville au parfum : moins Bulstrode en sait, mieux ça vaut.
Étrange d'être plus au courant qu'un Serpentard des desseins d'un Serpentard.
Il prit un air humble de circonstance et répondit :
« Je ne sais pas. Je n'ai pas de question à poser à ma maîtresse. »
Bulstrode eut un reniflement dédaigneux et revint à Neville. Il avait insisté légèrement sur le mot « maîtresse », ç'avait eu l'effet escompté Elle lui tendit la bourse.
« Tiens, et dégage, répliqua-t-elle – il s'était lui-même remis à sa place, elle ne faisait donc rien de mal à lui parler comme à Jean-Marie-Gustave. Je n'en peux plus de ce parfum de Gryffondor. »
Neville fila sans demander son reste. S'il y avait bien une chose sur laquelle il était d'accord avec Parkinson et Lavande, c'était que l'époque de Poudlard était révolue. Que Bulstrode ne l'eût pas compris ne montrait qu'une chose : elle n'était pas prête pour ce qui se passait en Angleterre.
