Chers lecteurs,
J'étais sur une autre fic mais je ne vous ai pas oubliés ! Avec le confinement, nous avons encore du temps pour avancer et Nictocris a pu corriger ce chapitre et le suivant (qui est encore sous sa troisième mouture, vous aurez la quatrième). Comme d'habitude, je la remercie de votre part pour la correction et sa patience avec moi. Sachez-le, je suis insupportable.
Aujourd'hui, petit rating K+. Vraiment pas méchant.
Portez-vous bien, passez l'aspirateur, à bientôt,
Al
PS : réponse à Nicto : sans blague, tu as décrit l'être qui peuple tes cauchemars, pas étonnant qu'il t'effraie. comme quoi, le poids des mots, le choc des mangemorts gros (ok pas terrible)
« You had your time, you had the power », Queen, Radio gaga
Une boulette de parchemin lui heurta violemment la tête. Penché sur sa mandragore, Neville haussa les yeux et vit George à l'entrée de son grenier-serre qui armait son bras pour lui jeter une deuxième boulette. Ses lèvres bougèrent. Son colocataire devait essayer de communiquer.
Impossible de le comprendre avec le cache-oreilles monumental qu'il avait sur le crâne.
En même temps, pour manipuler des mandragores, c'est plutôt bon signe que ça me rende sourd…
Il rempota calmement sa mandragore aphone, puis retira ses lunettes de protection et son cache-oreilles. Il leva le sort de silence qui empêchait le son de sortir de sa serre (mesure de précaution bien utile, vu les intrusions des jumeaux dans son domaine à des moments dangereux) et se tourna vers George :
« Quoi ?
- J'ai dit : Verity serait ravie de t'ôter ta tenue de botaniste sexy avec les dents. »
Neville ne put s'empêcher de rougir. George s'esclaffa :
« T'es libre ce soir ?
- Je ne savais pas que j'étais le genre de Verity, bafouilla Neville.
- Non gros bêta, c'est pas pour ça ! Lee a réussi à trouver une plage horaire pour son émission. Ça fait deux semaines qu'il veut émettre à tout prix pour que tu puisses raconter ce que t'as fait en France, donc si t'es pris après dîner, débrouille-toi pour ne plus l'être. »
George disparut de l'embrasure de la porte sans attendre de réponse. Présenté comme ça, Neville allait accepter.
Neville posa son brumisateur par terre et observa, inquiet, la tache noire qui grossissait sur une rosa candida. La fleur était belle, mais il allait falloir la bouturer. Il inspira fermement l'odeur de terre mouillée et d'herbe humide qui imprégnait les murs : depuis que les jumeaux l'avaient aidé à installer sa serre dans le grenier, il se shootait régulièrement à cette odeur. Il avait remarqué que Trevor en profitait aussi : le vieux crapaud vivait les jours calmes de sa retraite près du mini-bassin artificiel que Neville avait installé pour faire pousser des nénuphares, une espèce rare de plante d'eau douce qui diffuse une douce lumière la nuit.
« Trevor, je te laisse. Il y a des mouches séchées près des morelles bleues. À demain ! »
Il ferma la porte de sa serre et descendit les escaliers étroits qui menaient au second étage. Il entra dans sa chambre et ôta le tablier et les gants en cuir renforcé qu'il portait pour manipuler ses plantes. Il les laverait le lendemain. Il jeta un regard amoureux à son basilic pourpre posé près de la fenêtre, qui grandissait quotidiennement malgré la rigueur hivernale, puis rejoignit la cuisine.
« Salut Lee ! »
Lee Jordan était un habitué des lieux, pour preuve ses chaussons vert pomme posés sur le banc qui lui faisait face. Neville avait appris à le connaître et à passer outre son charisme particulier. Mi indolent, mi insolent. Un peu dérangeant.
« Salut Neville ! Content que tu sois libre ce soir pour l'émission !
- Les nouvelles vont vite. »
Ils s'assirent autour de la table. Fred posa sur la nappe une plâtrée de pâtes à la carbonara, une tarte à la viande et une carafe de jus de citrouille.
« Bon app' les gars ! »
Le repas fut léger. Les jumeaux rivalisèrent de blagues sur lesquelles Lee rebondissait. Neville écoutait, engrangeant les meilleures répliques pour les transmettre à Ginny dans sa prochaine lettre. Bizarrement, alors qu'il parlait le moins quand il était avec les jumeaux, ce devait être avec eux que Neville avait développé son sens de la répartie.
« Tu t'es trouvé un pseudo pour l'émission ? C'est hyper important. »
Voilà. On attaquait les choses sérieuses.
« Ouais, ça doit être un des premiers trucs dont George m'a parlé quand il m'a proposé de participer à l'émission pour raconter ma virée à Beauxbâtons.
- Et c'est quoi, du coup ?
- Clément Dragore. »
Neville était fier de son jeu de mot.
Lee et les jumeaux éclatèrent de rire.
« T'es grillé dans la foulée, Neville ! Y a que toi pour avoir un pseudo pareil ! »
Lee n'avait pas tort.
« Reda Tura ?, proposa Fred.
- Romain Bulus-Mimbletonia ?, tenta George.
- Phil Édudiable ? »
Ils sortirent encore d'autres noms tirés de plantes, avec des calembours de plus en plus vaseux. Finalement, Lee les calma :
« Il te faut autre chose, un truc qui protège un peu mieux ton identité.
- Tu veux pas que ça commence par un R ? Tous nos pseudos commencent par un R : Rivière, Rongeur, Romulus, Royal… Tu ferais tache, nota Fred.
- C'est parce qu'on est on the air. » répliqua son jumeau.
Ils éclatèrent tous de rire à ce jeu de mot purement franglais.
Dans le calme revenu, Neville réfléchit un instant. Et lui revint en mémoire un nom qui avait toujours eu, pour lui, une connotation magique, un nom qui lui revenait des tréfonds de sa mémoire, d'une histoire que lui racontait sa grand-mère quand il était enfant.
« Yggdrasill. Avec un Y.
- Moins classique, mais plus mystérieux, reconnut George. Ça vient d'où ?
- C'est le nom de l'Arbre monde dans les histoires que se transmettent les Moldus.
- T'as déjà suivi une émission ? »
Neville en avait déjà écouté, sûr. Il se souvenait de sa première fois, un soir, bloqué sous une couette dans la Salle sur demande, coincé entre Ginny et Seamus. Il en gardait un souvenir étoilé. Car oui, c'était l'adjectif qui convenait : étoilé. Hannah avait projeté des étoiles factices au plafond, Lavande s'était blottie contre Michael, Susan dans les bras de Justin, et ils avaient tous écouté, religieusement, les nouvelles du monde extérieur.
Ils étaient ensemble, en vie.
« J'en ai suivi plusieurs. Je la trouve très bien.
- Les règles à respecter, énonça Lee. Jamais le nom d'une personne qui pourrait être menacée d'une manière ou d'une autre ; jamais le nom d'un mineur ; jamais d'indication du lieu où nous pourrions nous trouver.
- Compris. »
Ils finirent leur tarte à la mélasse et George remplit la vieille théière ébréchée qu'il n'avait jamais voulu réparer parce que, tu comprends, c'était Percy qui l'avait cassée et pour une fois que Percy cassait quelque chose, il fallait en garder une trace.
Résultat, la théière fuyait. Et George l'utilisait tout le temps, comme pour se rappeler que son frère aîné était un trou du cul.
« Allez, on descend. »
Ils empruntèrent à la file indienne les marches qui menaient au sous-sol.
La cave était une caverne d'Allie Babar à elle seule. On y trouvait tout ce qu'on aurait pu trouver chez cette sorcière persane : des sacs pleins à craquer de poudre instantanée du Pérou, achetée à bas prix, importée d'Argentine ; des bijoux étincelants, volés ou récupérés illicitement pour la plupart ; des caisses remplies de pierres précieuses, en cristaux ou broyées ; des coffres débordant de produits rares mais nécessaires à toute potion vraiment utile. En bref, que des produits rares dont les Weasley pouvaient tirer profit. Et, bien entendu, tous leurs produits Farces pour sorciers facétieux.
Au milieu des caisses rangées contre les murs, des chaises étaient installées en cercle autour d'un micro moldu. Lee n'était pas ami des jumeaux pour rien : il traficotait à peu près tout et n'importe quoi et s'entendait à merveille avec Arthur Weasley, à qui il avait emprunté le microphone pour une durée indéterminée.
Fred brancha les différents câbles à la machine qui gérait les sons. George posa la théière et les tasses sur une petite table.
« Personne d'autre ne doit venir ?
- Angie débarque dans cinq dix minutes pour s'occuper de la prise du son, répondit George en sortant la boîte de petits gâteaux. Et on aura un autre invité que toi. »
Angelina Johnson. Elle sortait depuis quatre mois avec George et c'était une des rares à pouvoir rembarrer les jumeaux avec classe et distinction. Et quelques jurons.
« Pressé de voir Angie Jolie ?
- Ta gueule, Londubat. »
Fred et Lee ricanèrent de concert. Neville avait entendu une fois George surnommer Angelina ainsi, il n'arrêtait plus de le charrier avec.
« Si tu savais, ça fait trois jours qu'il ne l'a pas vue, relança Lee.
- Autant dire une éternité, reprit Fred.
- Elle lui a dit qu'elle aimait bien le rose…, commença Lee.
- Il a affiché des posters de Dolores Ombrage dans sa chambre, termina Fred. Elle lui a dit qu'elle aimait les chats…
- Il a voulu adopter McGo, compléta Neville – se prêtant au jeu, désormais habituel, qui se créait quand on parlait des amours de George. Elle lui a dit que le Quidditch était sa passion…
- Il l'a laissé utiliser sa batte !, s'exclama Lee.
- Il l'a laissé jouer avec ses cognards !, hurla Fred.
- J'espère vraiment que vous n'êtes pas en train de jouer à Angie a dit. » coupa une voix féminine.
Les quatre garçons se tournèrent vers Angelina, qui venait d'arriver. George s'approcha à grands pas d'elle et lui chuchota quelque chose à l'oreille que Neville n'entendit pas. Elle adressa un sourire radieux à George et répondit :
« Si seulement… »
Neville aimait bien Angelina. Avec elle, George était plus doux, plus humain. Plus apaisé. George était toujours plus stressé que Fred, que ce fût pour les recettes des jours maigres, les faits divers de la Gazette, les hausses des prix, les lancements de nouveaux produits.
« Bon, les garçons, on doit être prêts dans dix minutes. Installez-vous. » lança Angelina.
Lee s'installa devant le micro, brusquement sérieux. Fred se servit une tasse de thé et ronchonna :
« Putain de théière fêlée. Putain de Percy. »
George s'éloigna d'Angelina. Les quatre sorciers s'assirent autour de la table. Lee jeta un sort et le micro se démultiplia : chaque participant avait dorénavant un micro devant lui. Un micro se tenait devant une chaise vide.
« Du coup, qui nous rejoint ? »
Les habitués étaient Lee, qui pilotait et avait créé l'émission, au moins un des jumeaux et parfois un autre membre de l'Ordre du Phénix. Neville était un invité hors catégorie, à moins qu'on considérât que désormais un représentant de l'Armée de Dumbledore fût au même niveau que ceux de l'Ordre.
« Sturgis Podmore. »
Neville acquiesça. Le nom que Lee avait donné ne lui était pas inconnu.
« C'est l'Auror qui a essayé de braquer le Département des Mystères ?
- On a reconnu qu'il avait pu être sous Imperium, il n'a écopé que de quatre ou cinq mois à Azkaban. Il est sorti quelques temps avant la prise de pouvoir de Vous-savez-qui. Il va nous donner les ficelles pour aller faire des visites à Azkaban.
- Antenne dans quinze secondes, lança Angelina depuis sa table de mixage. Podmore vous rejoindra plus tard. »
Lee se racla la gorge et se rapprocha du micro. La théière servit des tasses à tout le monde, puis vola jusqu'à Angelina.
« Merci, Fred. »
Fred adressa un clin d'œil à la jeune fille. Puis Lee coupa court.
« Prêts ? Polynectar ! »
À l'annonce du mot de passe précédemment choisi, des filaments lumineux coururent le long des fils qui reliaient les micros à la table de mixage. Neville observa Angelina agiter sa baguette, et les filaments coururent le long du mur, pour se projeter, Neville le savait, sur l'antenne qui surmontait le toit. Fred la lui avait montrée trois jours auparavant, quand une liane de bégonia grimpant était passée par la lucarne du grenier et s'était attaquée à la toiture.
« Sorciers et sorcières de Grande-Bretagne et des contrées avoisinantes, bonsoir ! Bienvenue à vous, bienvenue à nous, bienvenue à tous sur Potterveille, la radio de l'info souterraine ! »
Neville était subjugué par Lee. Il parlait avec une aisance folle, sans aucune hésitation, avec le même ton d'improvisation contrôlée qu'il utilisait lorsqu'il commentait les matches de Quidditch à Poudlard.
« Nous commençons notre émission par les dernières nouvelles. Vivants comme morts, nous allons vous transmettre ce qui a pu parvenir à nos oreilles, mais peut-être pas aux vôtres. Nous sommes de tout cœur avec les familles des victimes. N'oubliez pas de mettre au courant les familles qui pourraient rater notre émission. »
Lee fit une pause et reprit, la voix plus grave :
« Nous sommes au regret de vous annoncer que les restes trouvés à Godric's Hollow il y a maintenant un an ont enfin pu être clairement identifiés : il s'agissait de ceux de Bathilda Tourdesac. Le corps était chargé d'une forte dose de magie noire. On lui a rendu les derniers hommages. La disparition de Justin Finch-Fletchey, ancien élève de Poufsouffle, a trouvé une explication : il a été torturé à l'étage – 13 du Ministère et achevé parce qu'il était né-moldu. Nous rappelons que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom préconise l'assassinat pur et simple des sorciers qui ne lui conviennent pas, qui tirent leur magie d'autre chose que de leur lignée. Cette semaine encore, une famille de moldus a été assassinée… »
Neville fut content que Lee ne s'attardât pas sur Justin.
« Les assassinats sont monnaie courante, pensez à vous protéger et à protéger ceux qui sont trop faibles pour le faire eux-mêmes. Contrairement à ce qu'a pu prétendre la Gazette, Andromeda et Nymphadora Tonks n'ont pas été assassinées par Remus Lupin, devenu fou lors d'une nuit de pleine lune. Les trois sorciers ont sûrement été assassinés par Bellatrix Lestrange et Fenrir Greyback, même si nous ne pouvons pas vous le certifier, les preuves ayant disparu des dossiers des Aurors. »
Neville frissonna. Il avait enfin décidé d'avouer ce qu'il savait. Le fait que l'anonymat soit conservé l'avait rassuré. Et puis ne pas dire que c'était lui le coupable…
Et ne rien dire sur Teddy. Conserver son existence secrète. Autant ne pas créer de problèmes à Lavande.
« Nous savons enfin ce qui est arrivé à la famille Lovegood. Xenophilius Lovegood, a été assassiné en septembre dernier par un loup-garou. Il semble encore une fois que Fenrir Greyback soit impliqué. Luna Lovegood est actuellement en fuite, n'hésitez pas à lui porter secours, elle ne mord pas. »
Ce message, c'était Neville qui l'avait voulu. Quitte à participer…
« Nous passons maintenant aux messages personnels. »
De ce que Neville en avait compris, les gens pouvaient se passer des messages informatifs codés. Le code n'était compréhensible que par ceux qui l'avaient donné. Même Lee ignorait le sens caché des phrases qu'il énonçait.
« Les boursoufs sont partis en Patagonie. Je répète : les boursoufs sont partis en Patagonie. On ne fait jamais de veritaserum au mois de mars. Je répète : on ne fait jamais… »
Lee continua ainsi la liste des codes qui lui avaient été transmis. Quand il eut annoncé que les centaures avaient tendance à chanter sous la pluie, Neville reposa sa tasse.
« J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer : nous avons réussi à infiltrer la rédaction de la Gazette. »
Neville sourit : Hannah avait décidé de se rendre utile.
« Vos messages codés pourront dorénavant paraître plus régulièrement dans les entrefilets des petites annonces. N'oubliez pas de les lire avec attention ! »
Lee avait fini les différentes annonces. Ils allaient maintenant passer au vif du sujet.
« Aujourd'hui, Rapière, Râteau et moi-même avons avec nous un invité tout nouveau sur la chaîne : Yggdrasill, bonsoir.
- Bonsoir Rivière, répondit Neville en s'approchant du micro.
- Vous avez de très bonnes nouvelles à nous annoncer en ces temps obscurs, Yggdrasill.
- En effet. Je suis ravi de vous annoncer que j'ai des nouvelles d'Harry Potter. »
Neville laissa une pause, comme convenu : Lee avait dit que les gens allaient s'exclamer à cette nouvelle, autant leur laisser le temps de reprendre leurs esprits avant d'enchaîner.
« Harry s'est exilé avec Hermione Granger en France. Ils sont vivants tous les deux et se portent bien. »
C'était un mensonge. Un Gryffondor ne ment pas, lui aurait dit McGo. Un Londubat ne ment pas, lui aurait dit sa grand-mère.
Un petit mensonge n'a jamais tué personne, lui aurait dit Parkinson.
« Ils ne nous ont pas abandonnés pour autant. Ils remplissent une mission que leur a confiée Albus Dumbledore avant de mourir. Cette mission est capitale pour vaincre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. La résistance doit donc tenir le temps nécessaire à Harry et Hermione de se préparer.
- Et où est passé leur fidèle acolyte, l'autre membre de ce que nous appelons, entre nous, le Trio d'or ?
- Ron Weasley se trouve actuellement en Argentine, en formation pour devenir l'équivalent argentin d'un Auror, Argent secret. »
Neville fit une pause et asséna, pour bien le mettre dans le crâne des gens :
« Ils sont tous les trois vivants et comptent plus que jamais sur nous pour tenir le cap malgré ce que nous vivons.
- Merci Yggdrasill, reprit Lee. Vous avez aussi pu croiser Rubeus Hagrid, sain et sauf. Il a lui aussi quitté le pays, pour cause les lois anti-hybrides qui ont été récemment votées par le Ministère, sur les conseils avisés de Dolores Ombrage. Nous sommes d'ailleurs toujours sans nouvelle de Filius Flitwick, autre professeur hybride. Où que vous soyez, Filius, Minerva vous passe le bonsoir. Nous espérons que vous vous portez bien. »
À l'évocation de Flitwick, Neville ressentit, au fond de lui, ce pressentiment. Un pan de sa mémoire lui échappait. Quelque chose s'était passé à Sherwood. Quelque chose avait été effacé de sa mémoire, et ç'avait un lien avec Flitwick.
« Nous revenons à une autre information que vous pourrez nous communiquer. Apparemment, Celui-que-nous-craignons-tous est loin du pays. Qu'en dites-vous, Rapière ?
- En effet, Rivière, on dit en terres conquises à sa cause qu'il a quitté l'Angleterre, sûrement pour des raisons aussi obscures que son âme damnée. Yggdrasill – et je le répète, votre nom est imprononçable, même pour moi qui suis tout de même habile de ma langue en toutes circonstances, on me l'a dit – a appris de source sûre que notre bien-détesté Seigneur des ombres et Maître de la nuit avait quitté le pays pour prendre quelques jours de vacances, sûrement bien méritées, sur le continent. C'est vrai qu'il n'est pas loin du burn out, vu qu'il n'arrête pas de se dédoubler pour apparaître à des endroits incongrus. »
Neville savait que cette information, décrochée à la volée chez les Parkinson, était à double tranchant : soit c'était vrai, et ils pouvaient respirer un tant soit peu ; soit c'était une ruse d'Arceus Parkinson, et il tombait dans le chaudron.
« N'oubliez pas qu'il y a plus à craindre que notre Despote de l'obscurité national. Contrairement à ce qu'on peut entendre, il ne peut pas se dédoubler. Rappelez-vous qu'il ne peut pas être partout. En revanche, comme vous avez pu l'entendre, sa disciple folle à lier est de plus en plus active. »
Bellatrix Lestrange avait amplement mérité sa place à Azkaban pour avoir torturé ses parents. Qu'elle continuât de sévir…
« On la soupçonne aujourd'hui, depuis son évasion spectaculaire de la prison des sorciers il y a trois ans, d'avoir assassiné seize personnes, les trois dernières victimes connues étant le couple Lupin et Andromeda Tonks, sa propre sœur. Pour la torture, nous n'en savons rien. À notre connaissance, elle ne laisse pas de témoin derrière elle. »
De sa table, Angelina fit un signe à George qui quitta sa place et monta quatre à quatre les escaliers. Podmore devait être à la porte.
« Bellatrix Lestrange a l'art de nous simplifier la vie pour compter ses victimes, reprit Lee.
- En effet, répondit Fred. En gros, comme nous vous le répétons à chaque fois, n'ayons pas peur pour rien : le Grand méchant kraken a autre chose à faire que se préoccuper de vous. Méfiez-vous plutôt des filles décoiffées qui lancent des éclairs verts de leur baguette et rient à l'annonce d'une torture. Si vous êtes prudents et discrets, il y a fort peu de chances que ces deux créatures sans foi ni loi s'intéressent à vous. »
Neville entendit un pas lourd descendre les escaliers. Il quitta son tabouret et vint s'installer à côté d'Angelina pour se resservir une tasse de thé. Très bonne excuse pour se mettre à distance du nouvel arrivant.
Neville restait méfiant envers les nouveau-venus, que voulez-vous.
Fred reprit, brusquement sérieux, alors que George et Podmore s'asseyaient face à leur micro respectif :
« Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a déjà été vaincu dans le passé par Harry Potter, on pourra le vaincre, encore une fois. Il ne faut pas perdre espoir. Jamais. »
Podmore opina gravement. Neville le détailla : un homme d'une quarantaine d'années, blond, au regard pénétrant. Un Auror coincé, en somme. Efficace mais pas charismatique. Passe-partout.
Le parfait espion.
« Merci, Rapière, pour cette exhortation et ces encouragements. Un nouvel ami vient de nous retrouver. Bienvenue, Risotto. »
Neville sourit : encore un R…
« Bonsoir, Rivière.
- Ravi de vous voir ici. Vous aviez plein de choses à nous dire.
- Oui, Rivière. Suite à la grande vague d'emprisonnements qui ont eu lieu ces derniers temps, j'ai quelques conseils à donner à nos auditeurs. Pour aller à Azkaban, il faut faire plusieurs choses, et en priorité, s'assurer que vous savez produire un Patronus. Si vous ne savez pas, entraînez-vous. C'est un sort qui vous demande une grande concentration, un souvenir heureux indéfectible et une puissance magique relative, donc mieux vaut s'y coller avant d'être confronté à une situation compliquée. Si vraiment vous n'y arrivez pas, embarquez avec vous quelqu'un qui saura faire. Nous allons créer une nouvelle rubrique dans la Gazette : où trouver un créateur de Patronus. Nous cherchons toujours un titre discret pour cette petite annonce. »
Décidément, Hannah se dévoue…
« Ensuite, vous devez vous assurer d'avoir les autorisations nécessaires. Un parchemin venu du Département de la justice magique, secrétariat de Miss Electra Atres. N'oubliez surtout pas votre baguette. À Azkaban, ne quittez jamais votre baguette : votre Patronus est plus que nécessaire, je ne le répéterai jamais assez. Si vous avez eu la chance de n'avoir jamais croisé de Détraqueur, sachez que cette créature pompe toute votre énergie heureuse.
- Et surtout, n'oubliez pas de prendre du chocolat dans vos réserves, continua George. Je vous rappelle que les soldes chez Honeydukes sont plus qu'intéressantes concernant ces confiseries. »
Angelina se pencha vers Neville :
« Les jumeaux ont conclu un accord avec Zonko et Honeydukes, enfin, Fred est associé à Zonko et George à Honeydukes.
- Ils diversifient tant que ça leur marchandise ?
- Ils développent plutôt leur réseau de distribution, corrigea Angelina. Ça leur permet d'avoir une triple clientèle. »
Neville comprit ce qu'Angelina sous-entendait : les jumeaux cherchaient à écouler leurs produits illégaux. Avoir deux autres antennes dans des magasins déjà développés, c'était s'assurer d'autres moyens d'écouler et d'obtenir leur cargaison.
Pendant qu'ils discutaient à voix basse, Podmore avait terminé sa liste de conseils. Lee avait repris l'antenne, et s'attaquait à son troisième invité, George :
« Râteau, bonsoir.
- Tout ceci n'est qu'un artifice, mon cher Rivière, je suis ici depuis le début, minauda George. Mais ça ne m'empêche pas d'être poli. Bonsoir, Rivière.
- Vous allez nous parler du comportement à avoir en cas de blessures graves ou légères.
- En effet, La Riviera, si vous vous trouvez de temps en temps confronté à une bande de Mangemorts en manque d'action ou à un groupuscule de gnomes extrémistes, quelques réflexes peuvent vous sauver la vie. Le plus efficace contre les blessures, magiques ou non, reste le Vulnera : la formule est Vulnera sanentur, en dessinant un huit au dessus de la blessure à guérir avec votre baguette. Néanmoins, ce sort demande un gros potentiel magique et peut affaiblir celui qui le lance. Ne l'utilisez que si vous n'avez rien d'autre sous la main ou si vous pouvez rapidement être remplacé par quelqu'un d'autre pour éviter que vous vous fatiguiez trop vite. »
Neville écouta d'une oreille distraite George présenter les bienfaits de l'essence de murlap ou du dictame et préconiser l'utilisation de bandages stérilisés pour toute blessure ouverte. Il jetait des coups d'œil à Angelina qui jouait avec les différentes molettes et réglait le son, essayant de retenir les différentes manipulations qu'elle menait de sa baguette.
« N'oubliez pas que vous pouvez trouver dans différents commerces légaux du Chemin de Traverse. Des baumes anti-contusion sont à un prix plus qu'abordable chez les Sorciers facétieux, ainsi que des protections bouclier. »
Instant publicitaire.
« N'oubliez surtout pas de prendre soin de vous. »
Neville se leva et se rapprocha de nouveau de son micro. C'était le moment de lancer son annonce.
« Enfin, une dernière annonce de la part d'Yggdrasill. »
Neville sourit, soudain fier : il rouvrait le feu.
« Chers auditeurs, je vous conseille de regarder vos gallions. L'armée anti-Ombrage reprend du service. Vous saurez quoi faire.
- Et le prochain mot de passe sera Mandragore. Bonne soirée à tous, à bientôt sur les ondes sorcières ! »
