Chers lecteurs,

Aujourd'hui, on en apprend un peu plus sur les activités de Pansy Parkinson. Et croyez-moi, quand Nictocris passe par là, on n'a pas envie de la croiser (Parkie, pas Nicto) (Nicto est adorable) (et non, ce n'est pas de la vile flatterie pour être sûr qu'elle continue de bosser pour moi, c'est véridique).
Je dirai T- pour quelques sous-entendus, mais vraiment rien de méchant.
J'ai aussi un appel aux dons à lancer : si vous trouvez des petits surnoms pour Voldy (du type Celui-dont-le-nom-rime-avec-roquefort), je prends. Dites m'en plus. Donnez-moi vos idées. Neville fatigue pour surnommer inlassablement son pire ennemi.

Portez-vous bien, déconfinez dans la joie et la bonne humeur, à bientôt,

Al

PS : Réponses aux vous savez quoi

Ernest le Guest : j'apprécie énormément qu'on reconnaisse mes blagues planquées dans un texte plutôt sérieux. merci !

Nictocris : pour parvati et trelawney, l'élève a dépassé le maître comme la bêta a dépassé le correcteur automatique. tmtc. des bises extrêmes


« C'est une vérité presque incontestable qu'un jeune homme possesseur d'une grande fortune doit avoir besoin d'une épouse. »

Orgueil et préjugés, Jane Austen


« Eh bien, Londubat, ta serre est digne de celles de Chourave ! »

Neville sursauta à cette voix. Il se trouvait dans sa serre, et se faire alpaguer par Pansy Parkinson herself alors qu'il bouturait un camelia jordana qui battait de la feuille était plutôt surprenant.

« Merlin, Parkinson, qu'est-ce que tu fous là ? »

C'était samedi, il avait son après-midi, et elle venait le faire chier jusqu'à chez lui ?

« Les jumeaux t'ont laissé entrer ?

- Disons que j'avais de quoi les convaincre. »

Neville grimaça. Soit elle leur avait proposé un produit illicite, soit elle leur avait montré le parchemin où il s'engageait à lui obéir au doigt et à l'œil.

Elle se tenait dans l'embrasure de la porte et détaillait du regard sa serre.

« Intéressant… J'ignorais que la culture d'hellébore était de nouveau autorisée en Angleterre. Je croyais qu'il fallait une dérogation du ministère. »

Et merde. Parkinson s'y connaissait en plantes. Et elle lui faisait comprendre qu'elle savait qu'il cultivait des plantes contrôlées par le Ministère. Après tout, même Romain Flamel avait dû se fournir sur le marché noir pour se procurer des graines d'hellébore.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Elle lui adressa un sourire mesquin :

« J'ai besoin de tes bons et loyaux services. »

Pas étonnant.

« Qui consistent en ?

- Virée shopping. »

Neville tiqua.

« T'as besoin d'un homme de main pour porter tes sacs ? Un sortilège de lévitation devrait faire l'affaire.

- J'ai besoin d'un protecteur, répondit Parkinson sans relever l'ironie qui transparaissait dans sa voix. Le Chemin de traverse n'est pas sûr. »

Neville retint un rictus. Après tout, la vraie menace venait du camp des Mangemorts, Parkinson n'aurait dû avoir rien à craindre.

« Je sais ce que tu penses, reprit Parkinson. Mais il faut que j'asseye ma position et avoir du personnel sorcier est une des meilleures manières de solidifier une réputation. »

Elle le voulait pour faire vitrine. Pour montrer à tous que les Parkinson avaient les moyens de se payer un sorcier comme larbin. Pas un elfe. Pas un Sang-mêlé, non. Mais un Sang-pur.

De quoi faire rager les autres grandes familles.

« Et concrètement, ça me rapporte quoi ? »

Elle plissa des yeux :

« Nous en sommes encore aux marchandages ? »

Neville ne répondit pas. Elle soupira exagérément :

« Où veux-tu que je t'envoie, cette fois ?

- Poudlard. »

Elle ricana en se rapprochant de lui :

« Voir ta rouquine de petite-amie ? J'ai entendu dire qu'elle déphasait de plus en plus.

- D'où tiens-tu cette info ?

- Je ne dévoile pas mes sources, Londubat. »

Quand Neville l'avait vue pendant les vacances, Ginny avait l'air d'aller. Quand elle avait appris qu'Harry et Hermione étaient vivants, elle avait repris des couleurs. Ils avaient fêté Noël ensemble, ou plutôt Neville et sa grand-mère avaient squatté le réveillon des Weasley, pour le plus grand plaisir de Mrs Weasley, qui adorait recevoir.

Il n'avait aucune nouvelle de Ginny depuis deux semaines, depuis son retour à Poudlard. Et la recommandation de Parvati lui trottait toujours dans la tête. Quitte à aller vérifier que Ginny allait bien, autant en profiter pour résoudre cette énigme.

« Donc, c'est oui ou c'est non ?

- Tu partiras début février, répliqua Parkinson juste sous son nez – il discernait les iris des pupilles tellement elle était proche. Mais c'est la dernière fois que tu me forces la main. Je comptais sur toi pour la fête d'Imbolc donnée au Renard doré. »

Il la dépassait d'une bonne tête, alors qu'elle était sur talons hauts. Qu'elle le menaçât ainsi aurait pu être ridicule si elle n'avait pas ce ton glacial.

« Vendu. » répondit-il.

Elle s'éloigna de lui et repartit vers la porte.

« Prépare-toi. Je t'attends dans la boutique. Essaie d'avoir l'air présentable. »

Elle quitta le grenier sans lui jeter un regard. Il ôta son tablier et ses gants de jardinage. Sa robe était tachée de terre. Même avec un Tergeo, Parkinson allait le trouver mal habillé.

Il repensa à ce que sa grand-mère lui avait dit, trois mois avant : en moldu, il aurait plus de classe. Il descendit les escaliers, entra dans sa chambre et revêtit un pantalon noir, une chemise blanche et une veste en peau de dragon, celle que George lui avait offerte pour Noël. Il ne put s'empêcher de penser que sa grand-mère lui aurait trouvé fière allure.

Le regard de Parkinson quand il apparut dans la boutique sembla lui dire la même chose.

« Tiens-toi bien, Londubat, je vais te faire un compliment. Tu es presque potable. »

Neville la remercia d'un sourire.

« Où allons-nous ?, lui demanda-t-il, une fois qu'ils furent dans la rue.

- Chez Tissard et Brodette, en premier lieu. J'ai besoin d'une robe. »

Il la suivit dans le dédale du Chemin de Traverse. Les gens s'écartaient sur son passage. Il happa deux ou trois regards outrés à la vue de Parkinson, mais rien qui nécessitât son intervention. Il carra les épaules en passant devant la boutique de Florian Fortarôme : les regards des deux hommes sur les formes de l'ancienne Serpentard à la terrasse étaient trop insistants pour être innocents.

Une fois dans la boutique, Parkinson disparut dans une cabine d'essayage et Neville se retrouva à comparer le prix des sacs à main brodés de perles de pluie en attendant qu'elle voulût faire appel à lui.

« Londubat, viens voir ! »

Neville passa le rideau de la cabine et faillit s'étouffer avec sa salive. Parkinson, en robe longue moulante, s'observait sous toutes ses coutures dans l'immense miroir en pied qui ornait le fond de la cabine.

Elle était magnifique.

« Nous avons rendez-vous dans trois-quarts d'heure, commença Parkinson, sans paraître remarquer l'hébétude de son interlocuteur. On va parler mariage. »

Elle se tourna de trois quarts et Neville s'aperçut que la robe était ouverte dans le dos et laissait voir le soutien-gorge de Parkinson. Avec sa nuque dégagée et la courbe de son cou, elle était très attirante.

C'était Parkinson, merde !

Il reprit son souffle et se força à la regarder dans les yeux à travers le miroir. Elle lui présenta son dos :

« Une fois que tu auras fini de te rincer l'œil, tu m'aideras à la fermer ? »

Il s'approcha d'elle. Il l'avait toujours vue vêtue de robes de luxe qu'elle portait comme des armures.

« En quoi tu pourrais avoir besoin de moi ?, demanda-t-il, fier que sa voix ne tremblât pas.

- Je te rappelle que c'est mon métier, de marier les gens, reprit-elle alors qu'il poussait un à un les boutons à se glisser dans l'autre pan de robe. Je crée les unions les plus intéressantes pour les sorcières.

- Tu…

- Je crée des opportunités pour les jeunes filles sang-pur. »

Neville hésitait à comprendre : le métier de Parkinson, c'était de créer des alliances entre sorciers ? Elle était pas diplomate ?

Elle se mirait dans la glace en défaisant son chignon alors qu'il essayait d'analyser ce qu'il entendait. Elle était donc une de ces marieuses qui décidaient du sort des Sang-pur ! Elle faisait les futures alliances entre familles, nouait les réputations de certains et détruisait les espoirs d'autres ! Elle…

Les pensées de Neville se figèrent lorsque qu'il vit Parkinson défaire les boutons de sa robe seule et laisser le tissu glisser à terre. Il allait la voir nue.

Non, reprends-toi.

Les sous-vêtements noirs de Parkinson tranchaient douloureusement avec la pâleur de sa peau. Elle se tourna vers lui et il se sentit pris au piège. Il baissa les yeux pour essayer de s'éclaircir les idées mais ce fut pire. Il ne voyait que ses jambes nues, fines, et ses pieds coincés dans des escarpins noirs.

Il comprit soudain l'attrait de Zabini pour cette sorcière. Elle était ensorcelante. Sans sa carapace de tissu habituelle, elle paraissait tout autre.

Il fit appel à toutes ses ressources pour ne pas relever les yeux admirer le reste. Elle avança vers lui. Son mouvement l'obligea à la regarder dans les yeux.

Elle le regardait franchement, pas gênée pour une noise, ses pupilles complètement dilatées, les lèvres entr'ouvertes. Ses cheveux lâchés couvraient ses épaules et effleuraient sa peau. Elle se rapprocha encore plus, jusqu'à le toucher.

Pense à déglutir.

Elle se hissa sur la pointe des pieds en appuyant légèrement sa main sur la poitrine de Neville et approcha sa bouche de son oreille. Son autre main se crocheta derrière sa nuque. Il devina qu'elle ne tenait sur ses jambes que grâce à lui, trop instable sur ses talons, penchée vers lui.

Neville ferma les yeux et sentit son parfum, ce parfum qui l'étourdissait, cette odeur qui n'appartenait qu'à elle – dire qu'il pourrait reconnaître les yeux fermés l'odeur de Parkinson ! – envahir ses narines.

C'est bon. Je suis à sa merci. Et merde. Et merde de merde.

Elle lui chuchota suavement à l'oreille, comme si elle lui confiait un secret :

« Première leçon, Londubat : méfie-toi des serpents. »

Sa main se durcit sur sa nuque, ses ongles se plantèrent dans son torse et elle siffla :

« Deuxième leçon : méfie-toi encore plus des charmeurs de serpent. »

Il grimaça sous sa poigne : elle le griffait. Elle finit par le lâcher et recula.

Elle reprit d'un ton normal, comme si rien ne s'était passé :

« Daphné te mangera tout cru si tu n'es pas capable de te tenir un minimum. Reprends-toi ! Tu es comme les autres, finalement… »

Neville rougit et fit un demi-tour sur lui-même. Bizarrement, face aux plis du rideau de la cabine, son cerveau reconnectait. Il entendit des froissements de tissu derrière son dos, signe qu'elle se rhabillait.

Elle ne lui avait pas demandé de sortir. Il se sentit encore plus renvoyé à son insignifiance.

« Je suppose que cette mascarade a servi à quelque chose…

- Sois bon joueur, Londubat, grinça Parkinson. Je t'ai juste montré à quel point tu es faible face au sexe opposé. Je te laisse imaginer ce dont Daphné et Holly sont capables pour arriver à leurs fins… »

Neville ne savait toujours pas si ce qu'il éprouvait était de la honte ou du remords.

« Je peux les lâcher sur toi si tu es incapable de te maîtriser. »

Il devait reconnaître que Greengrass respectait tous les canons de beauté. En revanche, pour la fille Montague, une blonde fluette, elle n'était pas du tout son genre. Mais Parkinson marquait le point.

« Que dois-je faire ?

- Reste impassible, claqua Parkinson. Tu ne peux pas prétendre à les épouser, ne montre à aucun moment un quelconque intérêt pour elles. Sinon, tu sais ce qui peut arriver. »

Neville connaissait ses codes sang-pur, merci bien. Si un sorcier se permettait un comportement irrégulier envers une demoiselle non-engagée, elle pouvait exiger le mariage ou réclamer réparation par un duel sorcier. Et comme il était fort improbable qu'il eût la possibilité d'épouser une aristocrate, si Greengrass demandait à Malefoy ou à Nott de s'occuper de lui, Neville ne donnait pas cher de sa peau.

En l'humiliant ainsi, Parkinson lui avait rappelé à quel point ils jouaient tous deux sur un fil.

« Je ne perdrai pas ma réputation pour un regard déplacé, reprit Parkinson, la voix légèrement moins froide. Si tu m'accompagnes, je dois t'avoir bien dressé – elle ne vit pas la grimace de Neville. À aucun moment tu ne dois fixer l'une de nous. Ce serait considéré comme un regard déplacé, et je n'ai pas besoin de te rappeler ce que ça peut engendrer. »

Elle lui tapota sur l'épaule. Il se tourna : elle avait fini de se rhabiller et de se recoiffer. Son chignon sévère lui parut de trop.

« Tu prends la robe ? »

Neville essayait de retrouver un semblant de naturel ou de normalité, si tant est qu'on pût parler de normalité avec Parkinson. Elle jeta un regard dédaigneux au tissu fluide qui lui échappait des mains :

« Une robe à enfiler comme une moldue ? Non merci. »

Ils quittèrent la boutique, elle, royale, altière, lui, dans son ombre.

Et l'après-midi ne fait que commencer…

Ils parcoururent le Chemin de traverse, repassèrent devant la boutique Weasley et aboutirent au Guerni'café. Neville fut à peine étonné quand Parkinson poussa la porte : il connaissait l'enseigne pour y être passé une fois. L'obscénité des prix l'avait poussé à préférer la Bonne citrouille, beaucoup plus familial, aux prix plus abordables.

Elle s'assit à une table libre, au fond de la salle. Neville se posta derrière elle, debout.

Elle lui glissa :

« Les filles sont censées arriver d'un moment à l'autre. N'oublie pas ta bonne éducation. »

Neville acquiesça. Parkinson saisit la carte et la lut attentivement, comme absorbée par ce qu'elle voyait. Neville en profita pour détailler l'endroit.

Les murs étaient couverts de chêne, les rainures du bois, plus sombres, dessinaient des figures changeantes. Il crut discerner un dragon avant que la forme disparût. Des fenêtres aveugles projetaient une lumière d'été dans la salle. Un bar carré occupait le centre de la pièce, véritable ruche de serveurs et de barmen. Sur les fauteuils rembourrés se trouvait tout ce que le Chemin de traverse comptait de personnes fortunées. Il aperçut Theodore Nott au fond de la salle, plongé dans un grimoire.

Neville se pencha vers Parkinson :

« Y a Nott au fond. »

Elle leva les yeux, parcourut rapidement la salle et répondit :

« Vu. »

À ce moment, une fille que Neville reconnut une seconde trop tard se planta devant leur table :

« Pansy, c'est un plaisir de te voir si bien accompagnée !

- Et moi de te voir seule, répondit Parkinson avec un sourire apprêté. Il devenait difficile de te voir sans ton balourd de frère. »

Holly Montague lâcha un petit rire. Elle était habillée d'une robe rose qui soulignait sa taille, ses cheveux blonds étaient tressés en une lourde natte qui reposait sur son épaule. Elle paraissait sage et délicate comparée à Parkinson. La seule coquetterie qu'elle semblait se permettre était un trait noir de khôl qui soulignait ses paupières et rendait son regard vert encore plus aigu.

Si Neville avait un instant cru que les autres filles de Serpentard étaient à l'image de Bulstrode, il devait reconnaître qu'il s'était lourdement trompé. Holly Montague était l'image parfaite de ce qu'on appelait une jeune fille de bonne famille.

Il détourna le regard et intercepta celui de Daphné Greengrass :

« Tiens tiens, Pansy, j'ignorais que tu t'accoquinais avec la racaille de Poudlard…

- Et moi que tu avais dit adieu à ta politesse. Bonjour Daphné, comment vas-tu ? »

Neville se força à garder un visage inexpressif. Les avertissements de Parkinson sonnaient encore à ses oreilles. Il ne devait ni réagir ni les regarder. Il ignora le regard perçant de Greengrass, la remarque méchante de Montague, la réplique cinglante de Parkinson.

Elle était définitivement très douée. Elle réussissait à remettre les deux sorcières à leur place tout en raillant la bêtise de Neville.

Un serveur apparut :

« Vous prendrez ? »

Les trois sorcières passèrent commande. Le serveur n'adressa pas un regard à Neville, posté derrière le fauteuil de Parkinson. Il repartit aussi rapidement qu'il était venu.

« Alors, Pansy, qu'est-ce que tu racontes de beau ? »

Les filles papotèrent, ignorant complètement la présence de Neville. Si, au début, Montague lui lança un ou deux regards, il devint tapisserie quand les consommations arrivèrent sur un plateau volant. Neville était tout disposé à écouter leur conversation, prêt à attraper n'importe quoi. Aussi tendit-il l'oreille quand Parkinson, d'une voix plus aiguë que son ton habituel, minauda :

« Nouveau mariage en vue, les filles ! »

Aux oreilles de Neville, la nouvelle sonnait faux. Mais à voir l'air conspirateur de ses interlocutrices, ce petit jeu était apprécié des demoiselles. Elles avaient tout à fait oublié la présence de Neville.

Ou en tout cas, elles semblaient l'avoir oublié.

« Dis-nous tout !

- Je ne suis pas censée vous le dire, mais des bruits courent à propos d'une union diplomatique chez les Malefoy. »

Neville remarqua la légère contraction du visage de Greengrass. S'il se fiait aux quelques rumeurs dont il avait pu être tenu au courant à Poudlard, Daphné Greengrass aurait bien aimé prétendre à des fiançailles avec Drago Malefoy. Mais rien d'officiel, bien entendu. La priorité était l'union de sa petite-sœur, Astoria, au père de Goyle.

« Les Malefoy ont besoin d'appui politique ?, demanda Montague.

- Quel pays souhaiterait s'allier à l'Angleterre ? » demanda Greengrass, en ne tenant pas compte de la réplique stupide de sa voisine.

Si Montague semblait parfaitement sincère, même si la question manquait cruellement de subtilité politique, la voix de Greengrass ne trahit pas une pointe de déception. Elle était presque aussi bonne actrice que Parkinson. Presque.

« Il pourrait contracter une alliance avec les Patil ! »

Les filles se mirent à piailler. Neville n'arrivait pas à déterminer si elles jouaient toutes la comédie ou si elles étaient vraiment aussi hystériques à la mention d'une alliance Malefoy-Pat…

Merlin ! Patil ! Padma, fiancée à Malefoy ?

Il tendit l'oreille.

« J'ignorais que Drago appréciait les lionnes, remarqua Montague avec une naïveté qui ne paraissait pas feinte.

- Holly, voyons, l'aigle et le serpent contractent souvent de meilleures unions, répondit sèchement Greengrass – et Neville entendit une pointe d'amertume dans sa voix.

- Le but serait de nous attacher, si ce n'est la loyauté, les services des Indiens, bien entendu. » conclut Parkinson.

Neville s'obligea à ne pas réagir. Il comprit ce qui se jouait : Celui-dont-ne-doit-pas-prononcer-le-nom recrutait même à l'étranger, et une manière de s'assurer le soutien d'autres populations ou de répandre son idéologie nauséabonde était de conclure des alliances sorcières inter-ethnies. Padma et Malefoy, quelle horreur… Parvati l'avait-elle vu ?

« Et t'as des nouvelles de Drago ? Tu sais quand il fera sa demande ? »

Greengrass reprenait son rôle de commère et le jouait à merveille.

« Pas encore.

- On dit que le diamant Malefoy pèse plus lourd qu'une bourse pleine de gallions, s'extasia Montague.

- Ça dépend de quelle bourse tu parles, gloussa Greengrass.

- Et de qui la remplit. » ajouta Parkinson.

Que foutait donc Parkinson ? Elle transmettait des infos pour que les filles lui fussent redevables ? Elle créait des rumeurs ? Elle rappelait à l'aînée Greengrass qu'il fallait se dépêcher pour décrocher Drago, ou elle la poussait à renoncer ?

Greengrass n'était pas censée être son amie ?

« La liste des prétendants sangs-purs se réduit drastiquement, nota Parkinson d'un ton badin.

- Tout dépend des critères qu'on recherche, dit Greengrass.

- On va devoir taper chez les Weasley ?, s'offusqua Montague. Je ne voudrais pas me retrouver avec une portée de rouquins dans les pattes. »

Les filles rirent de bon cœur à cette méchanceté. Neville comprit que, malgré les apparences et la protection de Parkinson, chacune des piques le visait, lui, sa famille et ses amis.

« Voyons donc, de notre année, il reste qui, s'interrogea Parkinson. Les frères Nott, Zacharias Smith, McMillan… »

Neville apprécia l'art de Parkinson à tisser une toile plutôt mortelle. Il ne voyait pas exactement où elle voulait en venir, mais il savait que la première des deux qui trébucherait dans ses fils serait foutue.

Et vu l'éclat dans les yeux de Greengrass, ce ne serait pas elle qui succomberait.

« T'oublies Vince et Greg ! » dit bêtement Montague.

Greengrass bondit sur l'occasion : puisque son mariage en dépendait, elle ne laisserait pas sa proie s'échapper.

« Ils peuvent être de bons maris si on les éduque bien, dit-elle avec un rire complice. Apparemment, on peut les mener à la baguette.

- Ou par leur baguette. » répliqua Montague avec un gloussement malvenu.

Neville sentit ses joues chauffer : il se maudit de rougir. Montague n'en avait pas fini :

« Vincent a toujours aimé les cris. Il a jeté des sorts d'insonorisation sur sa chambre. Et on dit que les elfes de la famille se baladent près de ses appartements avec du coton dans les oreilles.

- Tu me parais bien renseignée. Saurais-tu la marque de brandy à offrir à Mr Crabbe comme somnifère ?, fit mine de se renseigner Parkinson en sirotant innocemment sa tasse de thé.

- Pas de brandy, du whisky Tou… »

Montague se figea au milieu de la phrase. Elle rougit violemment. Neville savait ce qu'elle venait de comprendre : elle avait vu le piège, et pire, elle était tombée dedans. Elle venait de définir son avenir. Radio-potins-sangs-purs annoncerait bientôt ses fiançailles avec l'héritier Crabbe.

Avant qu'elle se défendît, Greengrass en remit une couche :

« Tu auras bien vite l'occasion de porter le saphir Crabbe ! Il faut qu'il soit offert vite, avant que Vince ait eu le temps de le jouer aux tables d'Uto.

- Ta dot avec les titres de Crabbe annonce un beau mariage, renchérit Parkinson. À moins que ton frère n'hérite de tout.

- Vince n'est pas le plus mauvais parti qu'on puisse espérer sans terre et sans dot, ajouta Greengrass. Après tout, comme dit ma mère, un joueur s'éduque, surtout quand il évite de trop toucher aux cordons de ses bourses.

- Elles peuvent de nouveau se remplir, nota Parkinson. Et puis, Sang-pur, ancien Serpentard, sur la liste d'attente des initiés du Seigneur des Ténèbres, tout de même… »

Neville retint un sourire. Comme d'habitude, Parkinson accomplissait des plans machiavéliques sans sourciller, avec panache.

Montague était coincée. Les deux sorcières s'en donnaient à cœur joie, et la jeune fille ne pouvait trouver ni soutien ni ressource qui infirmât ce qui se jouait devant elle.

Parkinson créait bien les couples : en dix minutes, elle avait fait accepter à Holly Montague des fiançailles avec Vincent Crabbe, qu'aucun des deux partis ne pouvait refuser.

Greengrass continua à railler Montague, alors que Parkinson se désintéressait de la situation qu'elle avait créée et retournait à la carte :

« Vous pensez qu'ils ont de la tarte à la mélasse ? Je meurs de faim… »

Montague essaya tant bien que mal de se défendre pendant quelques instants, puis finit par prendre congé. Parkinson et Greengrass échangèrent un regard convenu : elles avaient réussi.

« Je t'en dois une, j'ai cru pendant un instant que tu voulais me marier avec Londubat. Et je ne sais pas si je t'aurais un jour pardonnée de me faire ça. »

Neville ferma les yeux sous le choc.

« T'inquiète, je ne te souhaite pas les services galants d'un tel incapable. S'il est aussi dégourdi au lit qu'en cours, tu risquerais d'envier Holly quelques mois après ton mariage. »

Neville resta impassible. Il se félicita de sa réaction : finalement, les leçons de sa grand-mère et de Parkinson portaient leurs fruits.

« J'avais une autre idée pour assurer ta lignée, avoua Parkinson. Je connais tes goûts. »

Greengrass regarda Parkinson avec des yeux ronds. Elle était tellement en confiance avec son amie qu'elle en oubliait presque la noble froideur nécessaire à tout aristocrate.

« Regarde au bout de la salle. »

Le regard de Daphné Greeengrass se porta discrètement vers Theodore Nott, un peu derrière Neville, qui faisait toujours semblant d'être plongé dans sa lecture.

« Je pense qu'il pourrait te convenir. J'ai vérifié pour toi : sa rente annuelle est de trois mille gallions ; pour sa majorité, il a obtenu l'hôtel particulier de Bristol, et l'usufruit d'une très belle propriété dans le Kent ; et il n'est pas connu aux tables de jeux de Londres. Ah oui, détail important : rappelle-toi que Chang était toujours ravie quand il l'invitait pour la nuit. »

Quand Nott au fond de la salle se leva pour se joindre à elles, visant la place qu'occupait Montague, Neville eut l'impression, sûrement vraie, que toute cette mascarade de la part de Parkinson n'avait eu pour unique but que de coincer deux potentielles rivales avant qu'elles se préoccupassent de Zabini.

Parkinson en profita pour filer. Elle embrassa Nott sur la joue, familièrement, comme si elle était de sa famille, pressa l'épaule de Greengrass et quitta les lieux. Neville la suivit.

« On ne paye pas ?

- Theodore nous invite. »

Neville fit la moue : Parkinson était riche à gallions, mais elle demandait à son ancien camarade de classe de payer pour elle. Après tout, c'étaient leurs histoires…

Elle paraissait contente d'elle, ce qui était suffisamment rare pour être remarqué. Neville hésita à lui poser des questions. Et puis… Il n'avait rien à perdre, non ?

« T'as l'air ravie… »

Elle lui jeta un regard qu'il n'aurait su définir.

« Je prédis un mariage entre Theodore et Daphné, ça me convient.

- Le mariage entre Padma et Malefoy aura vraiment lieu ?

- Je ne sais pas, ce sont des bruits de couloir. En tout cas, Theo m'en doit une. » se réjouit-elle.

C'était donc ça ! Nott était présent pour que Parkinson créât une rencontre entre lui et Greengrass, rencontre durant laquelle la jeune sorcière reconsidérerait la possibilité de l'épouser, si son mariage avec Malefoy était mis en doute.

À tous les coups, c'est Nott qui lui a demandé de créer cette situation…

« Et tu as soigneusement évité le nom de Zabini, remarqua-t-il.

- Blaise est à moi, grinça Parkinson avec un ton de possessivité qui fit tressaillir Neville. Personne n'y touche. »

En un après-midi, Parkinson avait créé deux futurs couples et protégé le sien. Elle était redoutablement efficace.

« Tu me ramènes chez moi pour faire bonne mesure. Je t'envoie une dispense dans les jours qui viennent. »

Neville acquiesça en silence. Même si elle ne le voyait pas, elle connaissait sa réponse. Si elle était capable de lui décrocher un passeport pour Poudlard, il la suivrait jusqu'à l'autel qui la lierait à Zabini.