Chers lecteurs,
D'abord ce chapitre n'est pas repassé entre les mains délicates de Nictocris pour la énième correction. Donc si vous voyez des coquilles (ou si toi, Nicto, tu vois des coquilles), signalez-les moi (c'est rigolo ça fait lélémoua) que je les corrige au plus tôt.
Dans le précédent chapitre, Parkinson a avorté du premier héritier de Zabini, ce que personne ne doit savoir (le statut de premier héritier est très recherché dans les familles sang-pur). Neville est resté avec elle.
Aujourd'hui on est sur du T- (pour une allusion, sinon très franchement c'est du K+, voire du K, voire du K-).
Ensuite pensez à vous hydrater. La canicule approche. Vous mêmes vous savez.
Portez-vous bien, bon feu d'artifice pour les Français (bicoze 14 juillet), à bientôt,
Al
PS : (voix de présentateur de match de rugby) J'ai précisé aux Français parce que j'ai l'immense honneur de fêter le retour sur cette fic de ma Québécoise préférée, j'ai nooooomméééé... KATYMYNY !
réponse unique à toutes tes nombreuses reviews, enthousiastes, lyriques, logorrhéiques et charmantes : un bonheur digne du nirvana de bouddha m'étreint à la vue de ta lecture ! merci merci merci ! je prends bonne note de tes conseils lecture, j'irai feuilleter quand j'aurais le temps. c'est un réel plaisir, j'espère que l'histoire te plaît (de ce que j'ai lu, c'est le cas). j'aime beaucoup le nom 'celui qui n'a pas d'ombre tellement il est noirceur', c'est très poétique, je vais essayer de le caser. et je vois que tu as totalement l'esprit pervers d'un jumeau weasley, parce que proposer rapeltout à neville comme pseudo c'est juste parfait, je suis triste de ne pas avoir eu cette brillante idée... BREF. je coupe là ma propre logorrhée et te souhaite une excellente lecture de ce chapitre, où on retrouve d'ailleurs les weasley (et d'autres, bien entendu). merci encore pour tes commentaires qui me vont droit au cœur (j'ai consulté nicto, elle est d'accord avec moi)
« Vous voulez battre Lord Voldemort ? Rejoignez l'Armée de Dumbledore. » inscription trouvée sur un des murs des locaux de la Gazette du sorcier, au matin du 21 mars 1999
Neville aperçut Seamus bien avant Lavande.
« Il est là.
- Seamus ! »
Son exclamation poussa Seamus à tourner la tête vers eux. Un sourire sincère illumina son visage et il plia sa Gazette en les voyant approcher.
« Lavande ! Neville ! Et votre enfant illégitime, je suppose ? »
Lavande était déjà dans les bras de Seamus, à le serrer à l'étouffer. Quand elle le lâcha enfin, Neville et Seamus échangèrent une accolade chaleureuse.
« Je te présente Teddy, l'enfant que je garde.
- Bonjour Teddy, le salua gentiment Seamus en se penchant sur la poussette. Dis, c'est normal qu'il ait les cheveux verts ?
- Oui, il vient de découvrir cette couleur. » répondit Lavande en s'installant à table face à lui.
Neville tira une chaise et ils attendirent la serveuse du Sunday's Sundae en se donnant les dernières nouvelles du monde. Lavande n'arrêtait pas de toucher Seamus, comme pour se prouver qu'il était vivant et à côté d'elle, et de glousser à chacune de ses remarques. Seamus se tenait au courant de ce qui se passait en Angleterre, mais certaines informations ne parvenaient jamais jusqu'à l'Irlande.
« J'ai entendu parler de ton émission il y a deux semaines. Le temps de te prévenir, et voilà !
- C'est trop bien de te revoir, vieux frère. Tu vis toujours chez ta mère ?
- Depuis septembre, oui. Et puis, en décembre, j'ai trouvé un appart à Dublin, un neuf mètres carrés dans le Quartier Korrigan. J'ai mon autonomie ! À moi les soirées trop alcoolisées et les belles Irlandaises ! »
Neville ricana. Il avait longtemps envié à Seamus son aisance avec les filles : c'était un dragueur invétéré, un charmeur dans l'âme. Les filles caquetaient sur son passage et sous son regard depuis sa quatrième année. Et puis Neville avait compris, lors du bal de Noël, que sous ses dehors de séducteur irlandais se cachait un ami indéfectible, un garçon fidèle. Il l'avait aidé à se faire beau pour Ginny, à trouver le bon bouquet pour son poignet, et un des meilleurs souvenirs de cette année-là avait été les nombreuses soirées durant lesquelles Lavande et Parvati leur avaient appris des pas de danse. Seamus était si mauvais que Lavande avait refusé de continuer à danser avec lui : il écrasait trop régulièrement les pieds de sa cavalière.
Et s'il parlait légèrement des filles, il ne leur avait jamais manqué de respect.
Lavande n'était d'ailleurs pas dupe :
« Quelle fille t'a encore brisé le cœur ?, demanda-t-elle en asseyant Teddy, qui gazouillait, sur ses genoux et en lui passant ses clefs pour l'occuper.
- Personne, répliqua-t-il en souriant. Tu sais bien que mon cœur t'est à jamais acquis, sorcière ! »
Lavande lâcha un rire joyeux : ils continuèrent à flirter sous les yeux de Neville, en toute innocence et sans conséquence. Lavande s'épanouissait : qu'un garçon autre que Malefoy lui prêtât de l'attention la ravissait. Se sentir désirable devait lui faire vraiment du bien, et Neville s'en voulut de ne pas avoir remarqué un besoin de Lavande qu'il ne pourrait jamais combler.
Il ne pouvait pas flirter avec Lavande. Il n'avait jamais pu. Elle l'avait toujours tétanisé. Et maintenant qu'elle ne l'effrayait plus, c'était trop tard.
« Alors, passons aux choses sérieuses, lança finalement Seamus en saisissant la bière que la serveuse venait de leur apporter.Où en est-on ?
- Où en est-on de quoi ? »
Neville était perdu.
« Où en est-on ? Qui est revenu dans l'Armée de Dumbledore ? Qu'avez-vous fait ? C'est quoi, le plan ? Comment ça se passe, le recrutement ? Où sont Ginny et Luna ? »
Quel con. Neville lança un Assurdiato autour d'eux.
« Fais gaffe, mec, on a beau être chez les moldus, rien n'est jamais sûr.
- Depuis quand t'es devenu si méfiant, Neville ? » tiqua Seamus.
Neville baissa les yeux sur sa pinte. Lavande posa une main sur son avant-bras et expliqua :
« Pour l'instant, Ernie, Hannah et Susan sont avec nous. Pas de nouvelle de Zacharias Smith, mais son frère Roger en est. Les jumeaux Weasley, bien entendu. Parvati est partante, mais comme elle étudie la divination en Inde, ça risque d'être compliqué pour elle de faire quoi que ce soit pour l'instant. On a les frères Crivey, mais coincés à Poudlard.
- Les trois Poufsouffle vont bien ? »
Neville avait toujours la gorge si nouée qu'il n'arrivait pas à créer le moindre son. Ce fut encore une fois Lavande qui donna les informations complémentaires :
« Susan a eu du mal à se remettre de la mort de Justin.
- Il est mort de quoi ? Vous le savez ? »
Seamus avait toujours été curieux. C'était pas nouveau.
« Je l'ai tué. »
Neville fut étonné d'entendre sa voix, et encore plus étonné de l'entendre ferme et sans appel.
« Quoi ? »
Neville sut qu'il devait répondre à la surprise de Seamus. Mais qu'est-ce que ça lui coûtait…
« Ils m'ont forcé à le faire. »
Pas plus de précision. Le sujet était clos, Seamus le comprit.
« Bon. Les actions. Vous avez fait quoi ? »
Seamus avait toujours été pragmatique. Ni remords, ni regrets. Aller de l'avant, toujours. Avec les filles, c'était plus simple si on ne regardait pas sans cesse en arrière. Avec le reste aussi.
Lavande ôta sa main du bras de Neville et il respira plus amplement.
« Pour l'instant, pas grand-chose. Hannah travaille à la Gazette et elle transmet les messages codés dont les familles conviennent. Elle a aussi créé une rubrique pour trouver des producteurs de patronus pour aller à Azkaban, mais cette dernière n'a pas trop de succès. Les gens n'osent plus aller visiter les autres en prison. »
Le récapitulatif de Lavande remonta le moral de Neville : ils n'avaient certes pas fait grand-chose, mais ce qu'ils avaient fait était solide.
« Neville est allé en France, et a vu Hermione, Hagrid et Harry. Ne lui demande pas où précisément, il ne te le dira pas. J'ai déjà tenté de lui faire cracher le morceau, mais c'est une tombe. »
C'était drôle que Parkinson et Lavande fussent capables de lui reconnaître les mêmes qualités. À croire qu'il était vraiment bon pour cacher ce qu'il voulait.
« Les trois vont bien, comme tu as pu l'entendre. Et Neville en a appris un peu plus sur comment vaincre Tu-sais-qui, mais pour l'instant il ne veut pas nous en dire plus.
- Je pense que Lavande ne doit pas trop en savoir. » ajouta enfin Neville.
Sa voix lui parut de nouveau étrangère à lui-même. Pas une voix d'un garçon qui discuterait avec des amis, non. Une voix qu'il avait découverte l'année précédente, à Poudlard, et qu'il n'avait plus entendue depuis un petit bout de temps. Une voix sèche et directe, loin de la timidité qui l'avait si longtemps caractérisé, et qui le caractérisait encore, d'ailleurs, une voix ferme, rude, qui demandait à être obéie.
Une voix de chef de guerre.
« Pourquoi ? »
La voix de Seamus lui paraissait plus habituelle. Seamus ne changeait pas, fidèle à lui-même, et Neville lui en voulut un bref instant, encore une fois.
Contrairement à lui, la guerre ne l'avait pas changé jusque dans ses cordes vocales.
« Je travaille chez l'ennemi, répondit Lavande à la place de Neville. Je ne peux pas être dépositaire de trop de secrets, au cas où ils fouilleraient mon esprit.
- L'ennemi ?
- Malefoy, claqua Neville. Et crois-moi, tu ne veux pas en savoir plus. »
Seamus eut un hoquet de surprise.
« Non, Lavande ? Ne me dis pas que…
- Depuis Noël, c'est plus supportable. Le père s'est lassé, je crois. Ou sa femme l'a rappelé à l'ordre. Il n'y a plus que le fils qui abuse de moi. »
Elle avait dit ça d'un ton tellement détaché… Neville voulut tendre la main pour lui serrer l'épaule, mais Seamus fut plus rapide. Il étreignit Lavande en silence, coinçant Teddy endormi entre eux, et Neville aperçut deux larmes dans les yeux de Lavande qui glissèrent le long de ses joues et tombèrent sur l'épaule de Seamus.
« Je suis désolé. Si je peux faire quelque chose…
- Tu te doutes bien que Neville aurait fait quelque chose s'il l'avait pu, répondit Lavande en se dégageant et en attrapant sa serviette en papier pour se moucher. Ou les jumeaux Weasley. Après tout, c'est parce que je suis sortie avec Ron.
- C'est à cause de ça que tu t'es retrouvée chez eux ? »
L'accent irlandais était de retour, signe que sa colère revenait. Elle lui sourit :
« Bien sûr. Tu as fui en Irlande, Parvati en Inde, Dean a disparu, Neville est le larbin des gobelins et je suis la pute des Mangemorts. Quant aux trois autres, ils sont loin de tout ça. Que veux-tu, notre promo est maudite. »
Ce constat, énoncé aussi clairement, était brutal. Parce qu'ils avaient fréquenté les trois ennemis indésirables pendant sept années, qu'ils avaient dormi dans leurs dortoirs et suivi les mêmes cours, ils avaient accroché eux-mêmes des cibles dans leur dos.
« Et Ginny ? Après tout, elle est sortie avec Harry.
- Ginny a d'autres problèmes à gérer, ces temps-ci. »
Devant le regard interrogateur de ses deux amis, Neville raconta succinctement ce qui s'était passé à Poudlard, début février. Depuis, Ginny ne pouvait plus suivre les cours correctement, prise de crises de tétanie en cours. Elle travaillait avec Pomfresh et Rogue à reconstruire sa psyché.
« Rogue ?
- Il a beau être un des salauds de la pire espèce, c'est un des meilleurs Occlumens que la terre ait jamais portés, expliqua Neville. Il s'y connaît en torture psychique – il entendait encore sa voix doucereuse expliquer comment faire parler quelqu'un après une bonne séance de Doloris – et c'est le plus à même pour aider Ginny. Et puis, après tout, McGonagall et Pomfresh veillent. »
C'est ce qu'il essayait de se dire tous les soirs pour se rassurer, et après il pensait à Luna. Qui s'occupait de la psyché de Luna ?
Seamus devait avoir deviné le cours de ses pensées :
« Et Luna ?
- Luna a été mordue par Greyback, dit Lavande en réprimant un frisson. Et je peux vous assurer que vous n'avez pas envie de le rencontrer. »
Neville et Seamus se tournèrent vers elle.
« Tu l'as rencontré ?
- Pas plus tard qu'hier. Il est venu au manoir de mon maître, sur l'ordre de Vous-savez-qui. Il s'intéressait à Teddy. »
Ainsi, Le-mage-noir-dont-tout-le-monde-connaissait-le-putain-de-nom s'intéressait aux demi-garous, comme Bill Weasley l'avait prédit. Et il s'y intéressait dès le berceau. Teddy avait à peine un an !
« Il a parlé à Teddy, ajouta Lavande en serrant contre elle le bébé. Teddy était terrifié. Il est trop petit pour servir Vous-savez-qui, mais assez grand pour comprendre qu'il faut se soumettre à un chef de meute. »
Neville tenta de se calmer. Il s'était attaché au jeune Lupin, malgré lui. Et sa haine de Greyback était si vivace, si forte, ravivée par sa rencontre avec Luna, que si le loup-garou avait été devant lui à ce moment même, il l'aurait torturé pendant des heures, à coups de Doloris, et il aurait même voulu demander à Rogue sa potion magique. Et il aurait pris plaisir à faire durer la chose.
Cette violence latente qu'il ignorait avoir en lui lui fit l'effet d'une douche froide. Il se força à se concentrer de nouveau sur la conversation.
Ils étaient repartis sur l'Armée de Dumbledore.
« Le plus important, c'est montrer qu'on est actif, avançait Seamus. Il faut qu'on fasse un coup d'éclat.
- Si tu pars dans cette direction, je vais devoir vous quitter, annonça Lavande. Il est hors de question que j'en sache trop.
- De toute façon, il va falloir que je file, coupa Neville. Je vous laisse profiter de l'après-midi tranquilles. On se retrouve ce soir ? »
Lavande acquiesça, Seamus sourit. Ces deux-là devaient avoir plein de choses à se raconter, songea Neville en quittant le Sunday's Sundae.
Il prit un bus moldu jusqu'au Chaudron baveur et arriva pile à l'heure chez Grimlen & Co. La certitude de voir Seamus le soir-même lui permit de tenir face aux insultes à peine déguisées des gobelins.
Quand il quitta enfin son boulot, il ne sentait plus ses doigts et avait l'impression que sa dignité avait été foulée aux pieds bien trop souvent pour qu'il pût un jour s'en remettre. Il retourna sur le Chemin de Traverse et arriva au magasin des jumeaux cinq minutes avant la fermeture.
« Tout le monde est en cuisine, lui annonça Verity, l'assistante des Weasley. Mr Weasley s'est lancé dans la confection d'un cake à l'ananas-citron-gingembre. »
Comme George comptait la caisse (ce devait être son tour cette semaine), Neville supposa à juste titre que c'était Fred qui osait des nouveautés culinaires. Il salua Verity et monta au premier étage.
Angelina et Seamus, assis sur un banc dans la cuisine, partageaient un verre en commentant les gestes de Fred aux fourneaux.
« Tiens, Neville, l'apostropha Seamus. Te voilà de retour ! Comment c'était ?
- Atroce. Salut Angie. Ça s'est bien passé, avec Lavande ?
- Au poil ! On est passés chez Fleury et Bott, elle a acheté le dernier Von Mopp et un album pour Teddy. »
Neville s'installa à table tandis qu'Angelina rebondissait :
« J'adore Von Mopp !
- C'est quand même de la littérature de bas-étage, coupa Fred en enfournant son cake. À peine mieux que Lockhart…
- C'est que tu restes insensible à l'art de manier les mots. Il crée de si beaux personnages ! J'adore l'Auror Odin : il est tellement intéressant, tellement torturé…
- C'est parce qu'il est roux, tu as toujours eu un faible pour les roux, railla Fred.
- Je crois me souvenir qu'il est Irlandais, j'ai toutes mes chances, ajouta Seamus. Quand on est jolie comme toi, c'est un crime de se réserver pour un seul homme. »
Angelina rougit, Neville éclata de rire. Le charme de Seamus fonctionnait même avec elle !
Quand George les eut rejoints, Neville proposa son plan d'attaque :
« On en a parlé avec Seamus et Lavande, et j'ai eu le temps d'y réfléchir pendant que Grimlen m'engueulait. Il faut faire de la pub. L'Armée de Dumbledore est toujours active, même si elle est discrète : il faut que ça se sache. Ernie, Susan et Hannah ont eux aussi envie de passer à l'action.
- T'as qu'à les inviter pour la tisane du soir, Neville, ce sera plus simple. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les trois Poufsouffle arrivèrent sur les coups de neuf heures. Ils s'entassèrent tous autour de la table que Fred agrandit d'un coup de baguette magique. Les jumeaux avaient aussi invité Lee.
George remplit la théière ébréchée et remplit les tasses qu'il avait fait apparaître.
« Bon, reprit Fred une fois les salutations faites, comment procède-t-on ?
- On pourrait faire des tags sur les murs du Chemin de Traverse ou de Pré-au-lard, proposa Susan. Ce sont des endroits très fréquentés, ça serait vu.
- Quoi, comme tag ?
- Du même genre que ceux de l'année dernière, quand on recrutait pour l'Armée de Dumbledore pour se battre contre Rogue et les Carrow. Celui de Seamus sur les portes de la Grande salle était pas mal et on avait eu une vague d'adhésions dans la semaine qui avait suivi.
- Rien n'est encore perdu, le recrutement continue ?
- Exactement. »
Seamus coupa :
« Même si je reconnais que celui qui a trouvé ce slogan est un vrai poète…
- Arrête, tu vas avoir les chevilles qui vont enfler, railla Ernie.
- … je me rappelle aussi ce qui a suivi, continua-t-il. Si McGo n'était pas arrivée, j'aurais fini dans les mains des Carrow.
- Il me semble évident que nous devons rester discrets, dit Hannah. Il est hors de question que je me retrouve avec autant de blessés que l'année dernière. »
Neville sourit : elle avait tenu le rôle de l'infirmière l'année précédente. Il avait été étonné de la voir partir dans le domaine du journalisme alors qu'elle était si douée en soins.
« On pourrait en profiter pour faire de la publicité pour l'Ordre du Phénix, proposa Angelina. Autant montrer aux sorciers qu'on est plus nombreux que ce qu'ils pensent. Et ils ont déjà entendu parler de l'Ordre pendant la première guerre contre Vous-savez-qui.
- Dans ce cas, on peut carrément inventer un nouveau groupuscule de résistants, ajouta George à côté d'elle. Comme ça, les sbires de Vous-savez-qui ne sauraient plus où donner de la tête.
- Forge, t'es un génie, heureusement que tu n'es pas unique et que j'existe, ta perfection mérite d'être doublée !, s'exclama Fred. On invente deux ou trois groupes ! On sera la résistance à plusieurs têtes ! Comme une hydre ! »
Fred et George trinquèrent avec leurs tasses de verveine sous le regard amusé d'Angelina.
Seamus reprit :
« C'est pas mauvais, comme idée. On pourrait les répartir par régions, comme si tout le monde ne travaillait pas au même endroit. On aurait un groupe en Irlande, un autre en Écosse.
- Définitivement l'Armée de Dumbledore en Écosse, ajouta Ernie.
- L'Ordre en Angleterre, du coup ?, proposa Susan.
- Je propose les Farfadets de Leanan sidhe en Irlande. »
Lee étouffa un gloussement à la mention d'une spécialité locale de Seamus.
« Je ne pense pas que ça fasse sérieux, nota diplomatiquement Susan. Ça prête plus à rire qu'à paraître important.
- On voit bien que tu n'as jamais vu de farfadet en vrai, s'insurgea Seamus. C'est super agressif !
- Écoute, le but, c'est d'avoir un nom qui impressionne, reprit-elle. Les Mangemorts, le nom de Tu-sais-qui, ce sont des noms qui font peur. Nous devrions faire de même. »
Le silence se fit. Susan n'avait pas tort, comprit Neville. Tout n'était qu'affaire d'apparence.
« Les Lutins de Cornouailles ?
- Les Gnomes du Terrier ?
- Les Strangulots offusqués ?
- Les Scroutts prouteurs ? Ou les Prouts scroutteurs, au choix…
- Je sais ! Je sais ! Les Hobbits farfouilleurs ? »
Là, ils ne réussirent pas à garder leur calme. Quand tout le monde eut repris son souffle, Neville proposa :
« Vous pensez quoi des Loups ? »
Tous le regardèrent. Pris d'une gêne qu'il n'avait plus ressentie depuis longtemps, il se justifia :
« Le loup est un animal qui fait peur, travaille en meute et est dangereux. En plus, il ne renvoie à aucune maison à Poudlard. Ça peut inclure tout le monde.
- Aucun Serpentard ne se joindrait aux Loups. » nota Hannah.
Qui sait ?
« Ça me plaît, répondit enfin Lee. Mais à développer un peu.
- Pourquoi pas les Loups d'Odin ?, dit Angelina.
- Toujours Von Mopp, râla Seamus. Je ne comprends pas comment un personnage fictif peut déchaîner autant de passion.
- T'es jaloux. »
Neville sourit : ça lui plaisait. Et inclure des loups dans leur entreprise le rapprochait de Luna.
« Vendu pour les Loups d'Odin. »
Finalement, ils convinrent de créer une branche fictive de la résistance en Irlande appelée les Banshee et répartirent les quatre groupes sur le territoire entier de l'Angleterre.
« Il nous faudrait un signe de ralliement, un emblème, un symbole, nota Fred. C'est très important d'avoir une marque de fabrique.
- C'est vrai que nos produits sans notre logo se vendent moins bien, ajouta George. Tout est une affaire de marketing. »
C'était drôle de penser que des branches fictives de la Résistance avaient besoin des mêmes atouts qu'une entreprise réelle.
« On pourra demander à Katie, dit Angelina. Elle adore dessiner. Il faut qu'ils soient reconnaissables rapidement. Une tête de loup pour les Loups d'Odin, un oiseau et une flamme pour l'Ordre… »
De quoi contrer la Marque des Ténèbres…
Neville sentait une douce euphorie l'envahir. Ils passaient à l'action, à petite échelle, certes, mais ils allaient se faire connaître, montrer qu'ils n'avaient pas peur. Angelina prenait des notes sur un parchemin pour les passer à Katie Bell. Neville la connaissait moins, ainsi qu'Alicia Spinnet : elles étaient des promos précédentes. Mais il savait que c'étaient des amies des jumeaux, comme Olivier Dubois : les amitiés liées grâce au Quidditch semblaient vaincre les années. À croire que se prendre des cognards dans la tête renforçait les liens !
George en profita pour proposer une nouvelle tournée générale de tisane et jura dans sa barbe quand la théière fuita.
« Putain de théière.
- Putain de Percy. » compléta Fred.
Neville voulait régler la répartition.
« Il ne faudra pas tous taguer nos messages d'encouragement et de soutien au même moment. On n'est pas censé être la même équipe. Donc pas agir en même temps.
- On peut se répartir les territoires et les semaines d'action tout de suite, si tu veux, répondit Seamus. Je prends l'Irlande. »
Évidemment.
Angelina décida qu'elle prenait le pays de Galles avec Alicia et annonça qu'elle transmettrait au plus vite les dessins de Katie. Ernie choisit l'Écosse : il taguerait avec Susan ; l'Angleterre échut à Neville. Il refusa catégoriquement d'inclure Lavande. Lee, Hannah et les jumeaux restèrent neutres : ils risquaient de perdre leurs avantages non-négligeables si on les attrapait.
« On fournit la peinture, proposa Fred. On en a une nouvelle peinture indélébile qui dure 48 heures.
- Attendons peut-être que nos bombes de peinture soient plus répandues sur le marché, coupa George. Voire que même les Mangemorts les utilisent. Sinon on nous accusera trop rapidement. Si on a vendu de la peinture à plus de monde, on remontera moins facilement jusqu'à nous.
- Je peux vous fournir des alibis et des faux-papiers s'il le faut, ajouta Lee. Et parler de ces nouveaux groupes sur Potterveille. »
La proposition fut accueillie avec enthousiasme.
« Et si nos campagnes fonctionnent ? Si des gens cherchent à se joindre à nous ? C'est quand même le but, non ? »
La remarque d'Hannah calma les esprits.
« On verra ça en temps voulu, répondit finalement Neville. Pour l'instant, il faut que les gens soient conscients que tout n'est pas joué et qu'on lutte contre Vous-savez-qui. La priorité, c'est se donner de la visibilité. »
Merlin, il avait encore utilisé sa voix autoritaire. Il ne s'en rendait même pas compte ! Il jeta un coup d'œil aux autres, s'attendant à ce que quelqu'un réagît et remît en question l'autorité dont il usait sans s'en apercevoir. Mais non, personne ne s'offusqua.
Personne ne contredisait son poste de chef.
Il avait été le leader de l'Armée de Dumbledore, c'était acquis. Mais il était le plus âgé de l'A.D. à cette époque, il avait la légitimité de l'âge ! Et voilà qu'il se retrouvait leader de trois autres groupes !
Il avait envie d'en parler à Lavande. La dernière fois, c'était elle qui avait réussi à mettre les mots sur ce qui se passait. Il allait faire ça, en parler à Lavande.
Il revint au moment présent alors que Fred sortait une boîte décorée du sigle d'Honeydukes et une bouteille aux trois-quarts pleine de whisky Pur-feu.
« Allez, trinquons à notre nouveau plan d'action ! Les affaires reprennent ! »
La soirée continua sur un mode plus léger, les langues ayant été déliées par l'alcool.
Une fois les invités partis, Neville montra à Seamus sa chambre.
« Tu ne dors pas là ?
- J'ai à faire.
- Cherche pas, Neville a une meuf ! Ça fait une semaine qu'il découche ! »
Fred rata la rougeur qui apparut sur les joues de Neville. S'il savait ! Il laissa Seamus s'installer pour la nuit et redescendit dans la cuisine.
Depuis une semaine, il calmait les terreurs nocturnes de Parkinson. Celles-ci devenaient moins fréquentes, il avait bon espoir que la sorcière pût bientôt se passer de son aide. Les potions de sommeil ne l'aidaient pas, et elle refusait de demander à Zabini de venir. Neville n'arrivait pas à savoir si c'était par honte ou par instinct de survie, pour lui cacher ce qu'elle avait fait.
Il passa dans la cheminée et arriva chez Parkinson. Elle n'était pas dans son salon. Il supposa qu'elle devait déjà être couchée. Il s'installa dans le canapé et s'endormit en quelques instants, heureux. Un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis bien longtemps.
