Chers lecteurs,

En ce jour caniculaire où tous nous nous enfermons dans des bunkers climatisés pour contrer la chaleur avoisinant les 53°C (ou dans des frigos américains, partie réservoir à glaçons), j'ose espérer que vous aurez une connexion internet digne de ce nom pour lire ce tout nouveau chapitre de la Divine tragédie.
Oui, on dirait que j'en fais des caisses. C'est la chaleur qui m'oppresse (super rime again, j'espère que Patfol le S le remarquera).
Aujourd'hui K+. On y va mollo.
Merci à vous pour vos followitudes, favoritations et autres commentités qui me vont droit au cœur. Merci à Nictocris pour sa relecture (si elle est moins dispo, c'est qu'elle s'est lancée dans l'écriture de sa propre fic ! Oui vous avez bien lu ! Moi aussi ça m'a fait un choc. Et après comme je suis son bêta attitré sur cette fic, je l'ai lue même pas finie et c'est vachement cool, on l'encourage bien fort, j'ai trop envie de la fin, oui Nicto c'est à toi que je m'adresse, j'ai vraiment envie de lire la suite !)
Déso pour ce looooong chapeau introductif. J'avais envie de parler. Peut-être parce que Nicto ne m'écoute plus parce que je parle trop et que j'ai besoin de m'épancher. Ou peut-être juste sans raison. Juste parce que j'aime bien le contact de mon clavier sous mes doigts. Qui sait...

Portez-vous bien, ne vous tordez pas les chevilles, à bientôt,

Al

PS : Réponse à Katy en myny bykyny : tu retrouves les jumeaux en pleine forme, ça va te plaire. j'ai vu ton sourire par satellite interposé tellement il était grand^^ j'aime bien traiter neville, en fait ça me fait plaisir de traiter des personnages qu'on traite pas souvent (lavande, augusta londubat...). comme rowling nous a quand même plutôt laissé le champ libre, on peut vraiment s'éclater et en faire ce qu'on veut. c'est comme de la pâte à modeler, ces persos, ça prend la forme qu'on veut même si la base est déjà donnée. de l'intérêt d'écrire des fanfics, en fait... bref. merci pour ta review, je te souhaite bonne lecture pour ce chapitre et j'espère que tu n'as pas trop chaud dans le froid pays qui est le tien (#jacquesbrel #blaguefrancophile #chansondanslatête)


« César : Je ne peux pas vous le dire à tous à la fois, et si vite que ça. Parce qu'un secret, ce n'est pas quelque chose qui ne se raconte pas. Mais c'est une chose qu'on se raconte à voix basse, séparément. » M. Pagnol, César


« Monsieur Weasley ? »

La voix à la porte n'avait rien d'agréable.

« Non, son colocataire.

- Auror Watson. Je peux entrer ? »

Neville ouvrit la porte.

Contrairement à Podmore, l'Auror Watson ne pouvait pas passer inaperçu. Une barbe drue lui mangeait le visage et dégringolait sur son torse jusqu'au nombril. Une longue tresse battait ses reins. Ses yeux en amande disparaissaient sous des sourcils broussailleux et un nez pointu émergeait en solitaire hors de cette pilosité faciale comme Azkaban au milieu de la mer.

« Suivez-moi. »

Neville traversa le magasin désert en ce dimanche matin et monta au premier, dans la cuisine.

Fred n'avait pas quitté son bol de thé.

« Monsieur ?

- Auror Watson, répéta l'homme. J'ai des questions à vous poser. À vous et à votre frère. »

Fred plissa des yeux.

« Des questions suffisamment importantes pour nous déranger aux aurores un dimanche ? Pour un Auror, d'ailleurs, c'est pléonastique…

- J'ai pensé que ce serait préférable, reprit Watson en ignorant le calembour. Venir vous interroger devant vos clients aurait été de mauvais goût.

- Et vous avez bien raison, reconnut Fred. Je vous en prie, asseyez-vous, vous serez mieux. Un thé ? Un café ?

- Je prendrai bien un thé avec un nuage de lait, merci. »

Watson paraissait sur la retenue. Presque timide. Néanmoins, quand il ôta sa veste et fit apparaître ses bras poilus sillonnés de cicatrices, Neville revit son jugement.

« Quelle affaire nécessite donc votre venue ?

- Votre frère…

- Est encore au lit. Vous êtes peut-être matinal, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. »

Watson attrapa la tasse pleine qui s'était envolée jusqu'à lui et versa du sucre et du lait dans son thé. Il touilla son breuvage d'une main et sortit de l'autre un calepin chiffonné :

« Des actes de vandalisme ont été commis partout en Angleterre. À Pré-au-lard, à Belfast, à Dublin, à Sussex, à Londres… Depuis un mois, régulièrement, nous sommes confrontés dans toute la Grande-Bretagne à des dégradations.

- Et en quoi mon frère et moi serions-nous concernés ? »

Neville appréciait le sang-froid de Fred, mais il savait que ça ne durerait pas. Si Fred se sentait agressé, il avait tendance à riposter vertement.

« C'est votre peinture qui a été utilisée. »

Ils en avaient parlé, bien entendu. Ils avaient prévu de ne pas impliquer les jumeaux dans leurs soirées tags.

La peinture des jumeaux était une merveille : elle tenait trois jours sans qu'on pût ni l'effacer ni la recouvrir par magie. Si on essayait de la recouvrir manuellement, elle s'accrochait encore plus longtemps. Fred et George avaient commencé à en produire l'année précédente et la gamme, si elle ne rencontrait pas un immense succès, avait toutefois trouvé un public de graffeurs régulier.

« En quoi suis-je responsable de l'utilisation de mes produits par mes clients ? »

Son ton badin était toujours de mise. Neville avait fini son petit-déjeuner, mais voulait avoir la suite de la conversation. Il se mit donc à l'évier et se lança dans la vaisselle, se réjouissant pour une fois de la vaisselle de la veille, en gardant l'oreille tendue.

« Vous gardez bien un registre avec vos ventes et vos stocks ?, demandait Watson.

- Quand bien même vous espéreriez y trouver le nom d'un évadé d'Azkaban, car vraiment je ne vois pas pour quelle autre raison une affaire de détériorations du domaine public nécessiterait l'intervention d'un Auror, je ne peux pas vous laisser y accéder. Seul notre comptable peut jeter un œil sur nos comptes. De toute façon, nous ne fliquons pas nos clients au point de noter leurs achats dans nos registres. Si vous désirez qu'à l'avenir on le fasse, dites-le nous. Nous nous ferons un plaisir d'en avertir nos clients. »

La voix de Fred s'était durcie. Il commençait à s'exciter.

« Écoutez, Mr Weasley, nous travaillons ensemble… »

Neville ne réfléchit pas plus longtemps.

Il quitta la cuisine et monta au deuxième.

La chambre de George faisait face à la sienne. Il toqua et entrouvrit la porte.

« George ?

- Mmpf. »

Clairement, il le réveillait mais ne le dérangeait pas. Il ouvrit en grand la porte et laissa entrer un flot de lumière dans la pièce.

Il vit les yeux de son colocataire braqués sur lui, un peu fixes, et distingua les cheveux d'Angelina sur l'oreiller voisin.

« Y a un Auror qui pose des questions à Fred dans la cuisine à propos de bombes de peinture. Et Fred commence à s'énerver. »

Silence.

« Le con, marmonna George. J'arrive. »

Neville sortit et referma la pièce. Il n'avait vraiment pas envie de voir George en caleçon.

George calmerait Fred. Pas besoin d'y retourner. Neville monta au grenier cajoler ses plantes. Il allait voir sa grand-mère pour le thé de quatorze heures, il en profiterait pour lui refourguer une provision d'hellébore et de saule pour ses rhumatismes. Il entendit les pas de George dans l'escalier. Il allait rattraper la situation.

Au grenier, tout était calme. Sa mandragore bourgeonnait dans son coin, son Mimbulus chantonnait Jingle bells. Neville avait essayé de lui apprendre autre chose, mais la plante n'en démordait pas et ne changeait pas de disque.

Après tout, c'est mieux que Celestina Moldubec…

Il alla vers les étagères remplies de terreau et alla observer ses pousses de champifleur : les jumeaux lui avaient demandé d'en commencer une culture pour tenter des expériences. Il arrosa amoureusement ses plantes, hydrata la terre d'un guernicactus et tapota gentiment les feuilles de son camelia jordana qui reprenait ses couleurs.

Romain Flamel lui avait envoyé des graines de chou Kête, une espèce rare de chou qui poussait dans le sud de la France. Neville les sema et les plaça sous la fenêtre pour qu'elles profitassent un minimum du soleil.

Trois heures plus tard, il entrait par la cheminée dans le salon de sa grand-mère.

« Voyez-vous, Pansy, ce nigaud est incapable d'arriver sans mettre de la suie partout.

- Je ne vous dis rien de l'état de mon tapis, Augusta. Pika a beau le nettoyer régulièrement, les traces noires ne partent pas toujours. »

Il n'en crut pas ses yeux : Parkinson prenait le thé avec sa grand-mère.

« Eh bien, mon grand, tu ne salues pas ton ancêtre ? »

Il s'approcha de sa grand-mère et l'embrassa sur la joue.

« Salut, dit-il en se tournant vers Parkinson.

- J'ai pas droit à un baiser, moi ? » répondit-elle, mutine.

Il haussa les yeux au ciel et appela Cupof :

« Tiens, les herbes pour grand-mère. Tu peux les ranger là où il faut. Et tu peux m'apporter du thé, s'il te plaît ? »

Cupof disparut dans un plop. Neville tira une chaise et s'assit à table. Il se tourna vers Parkinson qui sirotait tranquillement son thé.

« Qu'est-ce que tu fous là ?

- Neville, un peu de tenue, c'est pas comme ça que je t'ai éduqué, gronda sa grand-mère.

- Laissez, Augusta, son côté ours est plutôt utile pour ce qu'il a à faire pour moi. » coupa Parkinson en portant sa tasse de thé à ses lèvres.

J'espère que Cupof l'a trop fait infuser, ça lui fera les pieds…

« Pour répondre à ta demande grossière, reprit la jeune fille, je voulais te voir et je n'avais aucune envie de me faire rabrouer par un Weasley. »

Cupof apparut et tendit une tasse à Neville. Pour se donner contenance, il en but rapidement une gorgée et se brûla la langue.

Trop infusé, bien entendu.

Il s'étouffa un peu, reprit son souffle :

« Tu dois me voir pour quoi ?

- Pansy a besoin de tes services pour un thé auquel je ne suis pas invitée, expliqua sa grand-mère. Je ne pourrai pas te chaperonner comme je le désire.

- Holly et Vincent organisent un thé de fiançailles. »

Ben tiens. C'était rapide. Elle avait dû précipiter les choses.

D'un autre côté, Holly Montague avait peut-être suivi les bons conseils de Parkinson et préférait hâter le mariage pour conserver encore un tout petit peu de la fortune Crabbe avant que son fiancé eût tout perdu au jeu.

« Il aura lieu dans le salon carmin du Renard doré. J'ai proposé tes services pour le service. » ajouta-t-elle dans un ricanement.

Neville tiqua :

« Mes services pour le service ?

- Les elfes sont inesthétiques, et je soupçonne cette niaise d'Holly d'en avoir toujours eu peur. On va donc employer des serveurs sorciers pour le thé. Je sais que tu es capable de verser du thé dans une tasse sans en mettre partout et de te tenir droit sans rien dire. Tu as le profil parfait. »

Encore une fois, il essuierait les remarques désobligeantes des copains de Parkinson qu'il devrait servir avec diligence.

Elle lui permettait aussi de laisser traîner ses oreilles dans un repaire sang-pur.

« Holly a compris qu'elle devait très vite tenir son homme, minauda Parkinson en resservant sa voisine.

- Si elle veut être sûre de bien l'accrocher, il faut lui faire un enfant, nota la grand-mère de Neville en grignotant son biscuit au citron. Une fois père, un homme fait beaucoup plus attention à sa fortune : il veut léguer quelque chose à son héritier.

- Et dans le cas de Vincent et Holly, il est le seul à pouvoir apporter quelque chose dans ce mariage, puisque Holly est née après son frère, ajouta Parkinson. Au moins, le sien est vivant. Même mort, un premier né pourrit toujours la vie ! »

Neville sentit l'amertume dans la voix de Parkinson. L'aîné de la famille, Marill Parkinson, était mort il y a longtemps, en même temps que sa mère, la première épouse d'Arceus Parkinson. Ce dernier s'était remarié et avait eu une fille comme héritière. N'étant que puînée, Parkinson ne pouvait pas toucher à l'héritage transmis par son père : il pouvait donc décider de transmettre directement à quelqu'un d'autre.

On racontait plein de choses sur Sir Arceus Parkinson, mais rien n'était plus effrayant que la manière supposée dont il traitait ses femmes. Sa couche était aussi maudite et commentée que celle de Mrs Zabini.

Quand on voyait comment il traitait sa fille, on était en droit de se poser des questions sur la manière dont il avait traité ses épouses.

« Vous savez, Pansy, on a dit beaucoup de choses sur votre père. »

Parkinson lui jeta un regard aigu alors qu'Augusta se resservait une tasse de thé. Neville ne savait pas ce qu'il devait en penser : que faisait donc sa grand-mère ? Elle attaquait Sir Parkinson devant sa propre fille ?

« Et il y a parfois du vrai, dans les racontars, reprit Augusta. Vous n'étiez pas encore née, mais mon mari, qui travaillait à Sainte-Mangouste, a en effet été empêché de faire une autopsie sur le corps de Joanne Parkinson. Le corps a été escamoté, ainsi que celui de son fils. Votre père a avancé la grande contagiosité des deux cadavres pour qu'on ne les étudie pas. L'éclabouille qui les avait tués tous les deux avait été foudroyante. Votre père ne voulait pas faire risquer aux guérisseurs de l'attraper, le virus pouvait incuber trois semaines dans un cadavre. »

Le silence entre eux était étourdissant. Neville n'avait jamais vu Parkinson aussi concentrée. Elle avait toujours sa tasse en l'air et fixait sa grand-mère avec un air froid et distant.

« Il n'y avait pas eu d'éclabouille aussi agressive depuis des années. La réputation de votre père en a beaucoup souffert, et il a eu du mal à trouver femme de nouveau pour avoir un descendant. Votre mère, Katherine, l'aînée de la famille Baccon, a accepté d'épouser votre père car il était le seul à bien vouloir d'une vieille fille de trente-trois ans. »

Ça, Neville le savait. Tout le monde le savait.

« Les bruits laissaient entendre qu'il avait laissé mourir sa première femme et son fils. »

Neville grimaça : s'il y avait du vrai dans les ragots, ça ne se disait jamais aussi abruptement. Parkinson ne réagissait toujours pas. Il aurait donné toute sa paye pour avoir une idée de ce qui se passait dans sa tête.

Parkinson reposa sa tasse :

« Que cherchez-vous à me faire comprendre, Augusta ? »

Sa voix était polaire : Neville eut la brève intuition que si elle avait eu moins d'éducation, elle aurait sorti sa baguette et l'aurait pointée sur la vieille dame.

Sa grand-mère reposa sa tasse.

« Si les rumeurs sont vraies, qui aurait intérêt à faire disparaître son premier héritier ? »

Personne, comprit Neville. Sauf si ce n'est pas son premier héritier.

« À peu près au même moment, reprit Augusta, on a enterré Rodolphe James, un aristocrate des Highlands. Mort d'éclabouille foudroyante. »

La coïncidence était frappante, et Parkinson ne pouvait pas l'ignorer.

« Vous n'avez aucune preuve, avança Parkinson.

- Je n'ai fait qu'énoncer les faits, se défendit Augusta. À vous de comprendre et de les mettre en lien. Ce qui est aussi un fait, c'est que votre père a mis six ans avant de se remarier. Et après la mort en couches de votre mère, il n'a plus jamais pu trouver d'épouse. »

Parkinson avait fermé les yeux. Neville la connaissait assez pour savoir qu'elle construisait à toute vitesse un nouveau raisonnement, comme un château de cartes explosives détruit en un seul souffle qu'on reconstruit différemment.

Si ce qu'Augusta Londubat sous-entendait était vrai, alors Pansy Parkinson était la première héritière de la lignée Parkinson.

Et ça changeait considérablement la donne.

« Pourquoi mon père me priverait-il de mon héritage ? »

Parce que c'était ça, la question primordiale.

« Pansy chérie, notre société n'est pas prête à avoir des femmes équivalentes aux hommes. Surtout sans être mariées. Regardez ce qui arrive à Jodaya, la mère de votre ami Blaise, constamment commentée pour ses choix de vie. Heureusement qu'elle a attendu que son mari soit mort pour afficher publiquement ses amants. On peut avoir toutes les maîtresses qu'on veut, tant que nos épouses ne suivent pas notre exemple et qu'on engrosse la femme légitime en premier. C'est pour cela que les Sangs-purs se marient si jeunes, je pensais que vous l'aviez compris. »

L'analyse d'Augusta alluma les yeux de Parkinson.

« Qui pourrait confirmer vos soupçons ?

- Je crains que tous les témoins soient morts. »

Parkinson eut un sourire malsain, un premier sourire depuis le début du récit d'Augusta :

« Pas tous, non. Il faut juste trouver un moyen de le faire parler. »

Neville comprit qu'elle parlait de Gedeon Parkinson, coincé dans l'horcruxe gardé dans un des coffres privés que proposait Grimlen à ses meilleurs clients.

« Quoi que vous fassiez, l'avertit Augusta, vérifiez toujours que vous avez une porte de sortie. Si mes excentricités peuvent amuser la bonne société, je n'en ai jamais été exclue. Vous ne jouissez pas des mêmes libertés de moi. »

Parkinson acquiesça. S'il y en avait une qui avait conscience du fil sur lequel elle avançait, c'était bien elle.

« Ce thé fut délicieux et fort instructif. Je vais prendre congé, je ne vous retiendrai pas : je sais que vous faites la quatrième au bridge de Janet Goyle. »

Neville se leva et la raccompagna à la porte.

« Parkinson… »

Il ne savait pas quoi lui dire. D'être prudente, d'oublier tout ça, de ne pas se mettre inutilement en danger. De ne surtout pas confronter son père. Mais rien ne vint. Elle l'aurait mal pris, il le savait.

Il ne voulait surtout pas briser cette politesse qui s'était créée entre eux.

« Renvoie-moi la date et l'heure de la soirée de fiançailles. J'arriverai chez toi dix minutes avant.

- Achète-toi une robe noire correcte. Hors de question que tu te pointes habillé en moldu. Contrairement à toi, j'ai une réputation. »

Apparemment, elle, la politesse, elle s'en carre…

Elle transplana sur le perron et Neville rejoignit sa grand-mère.

« Grand-mère…

- Neville, il faut que tu me promettes de veiller sur Pansy.

- Tu l'appelles Pansy, maintenant ?

- Je l'aime bien, reconnut Augusta. Ça m'attristerait qu'il lui arrive quelque chose. »

Elle laissa passer un silence.

« Elle me fait penser à moi, quand j'étais jeune. Elle a juste plus de cartes en main. Il me paraissait injuste de la déposséder de l'atout qui lui revient de droit. »

Neville fit la moue et se resservit une tasse de thé :

« Je ne pense pas que ton indiscrétion au sujet des mariages de Sir Parkinson soit uniquement due à ton affection pour elle. »

Les yeux de sa grand-mère pétillèrent :

« Si votre arrangement en venait à disparaître, elle m'en devrait toujours une. »

Ainsi, sa grand-mère donnait des infos capitales pour être sûre que Parkinson continuerait de protéger Neville.

Il finit lui aussi par prendre congé, promit de revenir le dimanche suivant pour le déjeuner, cette fois, et rentra chez lui par cheminée.

Leur maison était étrangement calme. Par réflexe, Neville sortit sa baguette : bien qu'une fois sur deux, ce calme fût dû à une nouvelle invention totalement inattendue d'un des jumeaux, on n'était jamais à l'abri d'une attaque.

Il passa dans le salon qui jouxtait la cuisine.

Angelina était assise sur le canapé en train de lire le dernier Von Mopp. George, allongé sur le canapé, somnolait, la tête posée sur les genoux d'Angelina. Fred était absent.

Neville monta dans sa chambre. Apparemment, il s'était fait du souci pour rien.

La vue de Gnaa le détrompa.

« Fred ! George ! Ma chouette est violette ! Qu'est-ce que vous avez encore fait ? »

Un brouhaha accompagna l'arrivée de Fred dans la chambre de Neville :

« On avait besoin de tester un nouveau produit pour colorer les chouettes. Un gâteau Color'hibou. Un peu sur le principe des dragées surprise de Bertie Crochue. Tu ne sais pas quelle sera la couleur tant que le plumage de ta chouette n'a pas encore changé ! »

Fred paraissait vraiment fier de leur nouvelle invention.

« Et vous avez décidé de tester votre produit sur ma chouette ? »

Il parut surpris :

« Bien entendu ! On n'allait pas utiliser un de nos hiboux de livraison ! On n'est pas fou ! »

En effet. Ça paraissait tellement évident.

« Et ça dure combien de temps, cette coloration ?

- J'en sais rien, Neville ! C'est le principe même d'un test ! »

Neville ne savait plus qu'en penser. Il avait envie de s'énerver, de leur dire de garder leurs inventions pour leurs propres animaux, mais il devait reconnaître que les jumeaux produisaient vraiment de la belle magie, même si elle était complètement inutile.

« En revanche, un effet secondaire qu'on n'avait pas prévu, c'était que Gnaa allait dormir.

- Attends, parce que là…

- Elle dort depuis qu'elle a pris le gâteau. C'est George qui chronomètre, c'est à lui que tu dois poser ce genre de questions. Moi, je m'occupe de la colorimétrie. »

Fred prit en effet quelques mesures avec sa baguette et quitta la chambre.

Neville soupira. Il espérait que Gnaa n'aurait pas de séquelles. Les jumeaux étaient capables de fabriquer des produits dangereux. Heureusement, il n'avait pas besoin d'envoyer du courrier immédiatement. Ça l'aurait vraiment gêné d'emprunter un hibou Weasley pour envoyer une lettre à Lavande. Les Malefoy s'étaient habitués à voir Gnaa – ils ne pouvaient pas empêcher Lavande d'avoir des contacts avec l'extérieur – mais ils n'apprécieraient sûrement pas qu'un hibou étranger vînt chez eux.

C'est drôle, comme on dépend des hiboux…

Et ça devint évident.

« J'ai une putain d'idée ! »

Neville dévala les marches et entra en trombe dans le salon.

« Vous sauriez refaire les mêmes gâteaux ?

- Ceux qui colorent ?, demanda George en se redressant. Fred nous a pourtant dit que tu paraissais pas hyper partant…

- Oui, mais on s'en fout de la coloration.

- C'est pourtant la base du truc…

- Des gâteaux qui feraient dormir. »

Neville eut l'impression d'être une bête curieuse : les trois sorciers le dévisageaient comme s'il était fou.

« Tu veux des gâteaux somnifères ?

- Pour chouettes et hiboux, oui.

- Pour quoi faire ?

- Faire un attentat journalistique. »

Cette fois, Neville sut qu'il avait l'attention totale des jumeaux.

« Imaginez que les hiboux dévolus à la distribution du courrier officiel ou à celle de la Gazette soient tous endormis à l'heure de la tournée ! »

Ils le regardèrent, légèrement hébétés. Puis :

« Mais c'est tout simplement génial ! On aurait dû avoir l'idée, Forge !

- On va mettre un bordel monstre ! Et on peut les faire dormir plusieurs jours de suite !

- On va faire dormir les hiboux de livraison de nos concurrents !

- Non, ça, Fred, c'est de la concurrence déloyale, coupa Angelina.

- On pourra même s'attaquer aux volières publiques, proposa Neville. Empêcher la communication entre sorciers. »

S'il avait été dans un livre de Von Mopp, il se serait frotté machiavéliquement les mains. Au lieu de ça, il ajouta :

« Et on signera l'action. Les gens sauront. On ne fait pas que taguer les murs. On agit. »

Angelina lui sourit, radieuse :

« Le frère de Katie est zoomage dans une volière publique. On peut lui demander de travailler pour nous ! S'il est certain que ces gâteaux ne nuisent pas à la santé des hiboux, il sera ravi d'aider ! »

George grimaça :

« S'ils ne sont pas nuisibles, c'est bien le problème. On le saura quand Gnaa se réveillera. Si elle se réveille… »

Neville espéra profondément que Gnaa ouvrirait les yeux. Non seulement, elle lui manquerait si elle mourait, mais elle venait, sans en avoir conscience, d'acquérir une utilité toute nouvelle.

Elle était testeur de produits Weasley et déclencheur d'actions terroristes.