Chers lecteurs,

Je m'épate moi-même !
Hier Nicto ; today me.
Rating T-.
Et avant qu'on me le reproche, le nom de l'artiste de la citation qui surmonte ce chapitre c'est Maître Gims. Maître. Pas Gims. Maître. Parce que c'est la version soft de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-la-voice. Et qu'il a beau demander à paraître moins mégalo, il reste mégalo.

Portez-vous bien, tisanez bien, à bientôt,

Al

PS : réponse au commentaire de la commentatrice la plus prolixe de FF aka Katymyny : ta mauvaise foi te perdra. 16 jours d'attente, record battu^^ voilà parkinson encore plus en mauvaise posture hin hin hin. merci pour ton comm, comme toujours !


« On casse ta porte, c'est la Gestapo » Sapés comme jamais, Maître Gims


« Londubat, nœud pap' ! »

Neville haussa les yeux au ciel et se rajusta sous le regard enragé de Parkinson. Elle s'approcha de lui d'un pas pressé.

Le hall du manoir Parkinson bruissait de murmures d'elfes, de bruits de pas hâtifs, d'odeurs tellement flagrantes qu'elles semblaient solides, d'exclamations diverses et de piaillements suraigus. Des plats surmontés de cloches en cristal voletaient pour aller dans la grande salle se poser sur des tables couvertes de nappes damassées. Un elfe passa devant Neville, l'air affairé, un escabeau sur l'épaule.

Neville baissa les yeux vers Parkinson. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour réarranger son nœud papillon.

Pas réarranger, non, triturer.

« Les invités arrivent dans moins d'une heure, t'as intérêt à être prêt.

- Parkinson, ça va bien se passer… »

Quelle ironie. Il tentait de la rassurer alors que lui-même sentait que tout lui échappait.

Elle le regarda et tripota de nouveau son nœud papillon, nerveuse. D'habitude, elle restait stoïque beaucoup plus longtemps. Le stress qu'elle devait ressentir devait être vraiment important pour qu'elle ne fût pas capable de se maîtriser autant qu'elle l'aurait voulu.

« Tu ne sais pas de quoi tu parles, tu ne l'as jamais rencontré. »

Dans sa voix, il entendit un effroi qu'il n'aurait jamais imaginé dans la bouche de Parkinson. Il posa ses mains sur ses épaules et la fixa dans les yeux, essayant d'instiller son regard toute la sérénité dont il était capable.

Elle le fusilla du regard.

« Ôte tes sales pattes de moi, Londubat.

- Tu n'as rien à craindre, dit-il en prenant la voix apaisée qu'il utilisait pour parler à ses mandragores adolescentes. Il n'osera jamais te toucher devant ton père ou une assemblée de Mangemorts.

- Mon père ne me protégera en rien, souffla-t-elle, ses yeux parpalégeant.

- Ton nom, si. Contrairement au mien, qui va m'attirer les foudres de Bellatrix Lestrange. »

Elle haussa les sourcils et parut sortir de ce qu'elle ressassait. S'était-elle rendu compte qu'elle le livrait en pâture aux Mangemorts en le gardant comme homme de main ?

« Bellatrix…, commença Parkinson.

- Invitée d'honneur, qui pour le coup ne respecte ni le sang ni la noblesse,et obéit uniquement à son maître. »

Elle parut figée un court instant puis saisit sa main et l'entraîna dans une pièce vide, à l'abri des regards.

Il eut le temps de reconnaître un petit salon vide, où les fauteuils et les meubles étaient protégés par de lourds tissus, avant qu'elle ne fermât la porte.

« J'ignorais qu'il y avait un salon ici, nota Neville en faisant quelques pas aveugles dans la pièce.

- Tu n'as encore rien vu du manoir Parkinson. » répondit-elle en allumant un chandelier d'un coup de baguette.

La pièce fut immédiatement baignée d'une douce lumière jaune. De la poussière flottait dans l'air et les nimbait tous deux, penchés l'un vers l'autre, faisant penser à ces fées qui peuplent les landes d'Écosse.

Elle posa le chandelier sur une console et se rapprocha de lui.

« Londubat, jamais un Lestrange n'osera t'attaquer devant moi, reprit-elle en ajustant une énième fois son nœud papillon. Tu m'appartiens.

- Elle est folle, elle n'en a rien à faire des convenances. »

Ils gardaient tous deux un ton bas, sourd, comme s'ils craignaient à tout instant d'être découverts ou entendus. À moins que ce ne fut l'obscurité qui les poussât à chuchoter fébrilement…

Parkinson recula et le jaugea, les flammèches des bougies se reflétant dangereusement dans ses prunelles.

« T'as beau faire deux mètres, t'as toujours une tête d'abruti. »

Il avait beau avoir l'habitude des vacheries, ça lui fit mal.

« Tu es insignifiant, pour eux. T'attaquer comme ça, ce serait reconnaître qu'un gamin est capable de les tenir en échec. Impensable. Jamais Bellatrix ou Rodolphus ne pensera à mettre en doute la puissance du Seigneur des Ténèbres. »

Son raisonnement se tenait. Mais Neville ne se sentait pas rassuré pour autant.

Et puis… La revoir… Elle l'avait torturé au Département des Mystères. Elle s'était foutu de la gueule de ses parents. Elle avait joué avec lui, comme un chat joue avec un souris.

Il n'avait jamais vu quelqu'un lancer un Impardonnable avec autant d'enthousiasme.

À part Fol Œil qui n'était pas Fol Œil en cours… Qu'est-ce qu'il s'était senti mal, durant ce cours ! S'il n'y avait pas eu Hermione...

Parkinson dut sentir qu'il se perdait dans des souvenirs désagréables, puisqu'une certaine douceur transparut dans sa voix quand elle ajouta :

« Prends l'air encore plus ahuri pour te couvrir, ça devrait suffire. »

Il grimaça, ce qui lui arracha un petit rire. Elle le tapa sur le bras, comme un ami le ferait dans une bourrade amicale, et laissa sa main sur son bras. Il se sentit rasséréné.

Elle lui faisait le même effet que Lavande ou Hermione. Elle l'apaisait par un simple contact. Il sourit à l'idée qu'elle appliquait sur lui ce qu'il avait l'habitude de faire avec les autres.

Neville l'observa. Elle était vêtue d'une robe simple, comme une bonne jeune première qui ne chercherait pas à attirer l'attention. Elle avait l'air innocent et pur, dans ses volants discrets. Un air de fille sage. Pas de bijou si ce n'est ses quelques bagues habituelles, peu de maquillage. Elle paraissait plus jeune.

Dans la lueur flavescente des bougies, elle paraissait plus douce et inoffensive qu'elle ne l'avait jamais été. Le fait qu'aucun bijou n'accrochât la lumière le fit tiquer.

« Où sont donc passés tes robes longues et tes bijoux clinquants ? »

Elle plissa des yeux :

« Incroyable. Tu as finalement des bases en toilette, mon pauvre garçon.

- Allez…

- J'ai pas envie que le Seigneur des Ténèbres se souvienne que je suis en âge de me marier, c'est tout. »

Ah. Toujours ce même problème. Zabini ne serait jamais assez titré pour oser prétendre à Parkinson, il fallait donc qu'il passât par d'autres moyens que le sang pour se faire bien voir, et ça prenait du temps. Et du temps, quand on est une Sang-pur célibataire en âge d'enfanter, on en a peu.

Parkinson gagnait du temps.

« Ton maître n'osera pas te marier, tenta de la rassurer Neville sans trop y croire. Il n'y a aucun parti bon à prendre pour une Sang-pur de ton rang. Malefoy est pris et Nott aussi, tu t'es bien débrouillée pour les coincer tous les deux. Crabbe n'est plus sur le marché. Flint est le seul qui pourrait être suffisamment titré mais il a des vues sur la fille Smith.

- On ne sait pas ce qui peut se passer dans la tête du Seigneur des Ténèbres, Londubat. S'il lui prenait l'envie de me marier à n'importe qui, même à un Sang-mêlé, personne ne pourrait s'y opposer. »

Elle avait raison, malheureusement. Celui-dont-on-ne-prononçait-pas-le-nom pouvait vendre Parkinson comme une faveur. Son père ne s'y opposerait jamais, si cela devait convenir à son maître.

Neville essaya de trouver un argument irréfutable.

« Tu pourrais…

- Le seul moyen que j'ai de m'opposer à un mariage, c'est de prouver mon statut de première héritière, le coupa Parkinson. Ainsi j'aurai assez de poids politique pour décider seule de ce que je veux. »

Toujours ce fil sur lequel elle funambulait. Si Celui-qui-se-prenait-d'idées-maritales ne voulait pas s'aliéner les Sangs-purs – son fond de commerce – , il ne pourrait jamais s'opposer frontalement à Pansy Parkinson si elle était héritière d'une des familles les plus anciennes et plus puissantes.

« Et ça avance, ce projet ?

- Tu crois que je vais en parler chez mon propre père, de cette histoire ? »

Il savait, pour l'avoir accompagnée faire ses courses Allée des Embrumes, qu'elle cherchait des ouvrages de magie noire. Comme si la bibliothèque de Sir Parkinson ne suffisait pas… Neville ne savait pas ce qu'elle avait en tête, mais ça n'augurait rien de bon.

En effet, mieux valait ne pas en parler dans la demeure ancestrale des Parkinson, où les portraits et les elfes – et même chaque pierre – étaient dévoués au maître de maison.

Et jusqu'à preuve du contraire, Parkinson n'était pas encore dépositaire de l'héritage Parkinson.

« Donc… Tout pour éviter le mariage, c'est bien ça ? Pourquoi tu ne te prends pas un fiancé temporaire, pour être sûre d'être tranquille ? Tu fais durer les fiançailles comme Greengrass le fait avec Goyle père et tu les romps quand Zabini est prêt.

- T'imagines bien que si je prends un fiancé temporaire, le Seigneur des Ténèbres serait capable de me destiner un homme que je n'aurais pas choisi. Qui sait ce qui peut lui passer par l'esprit… Autant ne pas tenter le farfadet. »

Elle n'avait pas tort. Ne pas attirer l'attention sur elle était encore le meilleur moyen de faire ce qu'elle voulait dans l'ombre.

« Comme tu le dis si bien… On ne sait pas ce qui peut se passer dans la tête de ton maître ni de ses disciples… Je sais que je suis sous ta protection, et que Lestrange ne m'attaquera normalement pas, mais… si ça dérape ?

- Ça ne dérapera pas, claqua-t-elle.

- Si ça dérape ? »

Elle cligna des yeux. Il avait trop en tête les mises en garde de Parvati pour croire qu'une soirée spéciale Mangemort allait se passer sans accroc. Et une trahison de Parkinson était bien la dernière chose à laquelle il voulait être confronté sans y être préparé.

Elle dut sentir qu'il était sérieux dans sa demande, puisqu'elle expliqua froidement :

« Le Seigneur des Ténèbres inhibera ceux qui pourraient être tentés de se faire la baguette sur toi. Père et Bellatrix se sont toujours bien entendus, elle ne provoquera pas d'esclandre dans sa propre maison. Les Lestrange, contre toute attente, ont le sens de l'hospitalité. Si elle a vraiment envie de te voir en privé, elle demandera à père et, malheureusement pour lui, il n'a aucun droit sur toi. Je m'en suis assurée lorsque je t'ai fait signer le contrat magique. Tu m'appartiens, à moi. Pas aux Parkinson. »

Neville comprit soudain ce qu'elle avait fait, sans qu'il le sût. Il avait toujours cru qu'elle le protégeait par son nom. Mais en bonne stratège, elle avait renforcé les liens vassaux qui existaient entre eux pour qu'ils fussent exclusifs. Ce n'était pas la maison Parkinson suzeraine de la maison Londubat, par le biais de leurs deux héritiers respectifs. Non, c'était plus subtil.

C'était Neville vassal de Pansy.

Et ainsi, personne ne pourrait se risquer à l'attaquer, lui, sans prendre le risque de se faire tuer par elle. Il était prêt à mourir pour elle, certes, mais elle était autorisée à tuer pour lui, sans risque de retombée judiciaire.

C'étaient les lois sorcières féodales. Toujours d'actualité pour ceux qui se targuaient de faire du droit médiéval.

C'était pour cela qu'aucun Mangemort ne se risquerait ce soir-là à enfreindre les règles de vassalité. S'exposer à la baguette vengeresse de Pansy Parkinson n'était pas envisageable, surtout quand c'était elle l'hôtesse.

Quand Neville comprit ça, il comprit aussi qu'il devait lui dire. Lui avouer, tout. Avant qu'ils ne rencontrassent tous deux le Seigneur des Ténèbres.

« Milady. »

Elle eut un léger sursaut. Il l'appelait par son titre de suzeraine comme si elle était à la tête d'un château et d'une maison, ce qui n'était pas le cas – du moins pas encore. Il lui assurait son allégeance par une simple apostrophe.

« Je suis impliqué dans les Loups d'Odin.

- Je sais bien, coupa-t-elle. Dès qu'il y a un club pour défendre la Sang-de-bourbe et l'orphelin, t'en es…

- Je suis à leur tête. »

Cette fois, elle recula, comme frappée par un Cognard. Il pouvait lire ses pensées sur son visage. Londubat, ce minable, ce gigantesque avorton, à la tête d'une organisation résistante qui s'opposait à son propre père ?

« J'ai déjà affronté Bellatrix Lestrange par le passé, il y a trois ans. Au Ministère. »

Elle gardait le silence, ses yeux écarquillés.

« Je sais où sont Luna Lovegood, Hermione Granger et Ron Weasley. Et plus important que tout, je sais où est Harry Potter. »

Elle posa vivement sa main sur sa bouche et siffla, effarée :

« Londubat, je ne suis pas occlumens, moi ! S'il fouille dans ma tête, tu ne seras plus en sécurité nulle part ! Tais-toi ! »

Il attrapa son poignet et dégagea sa bouche :

« Je n'ai pas fini. Je sais que Bellatrix et Greyback ont tué les Lupin et Andromeda Tonks. Je sais que Yaxley, qui est invité à ta petite fête, m'a fait tuer Justin Finch-Fletchey.

- Tais-toi… »

Et cette fois, c'était un gémissement.

« Parkinson… Si ça dérape… »

Elle flanchait. Pour la deuxième fois de sa vie, Neville voyait Parkinson flancher. La première fois, c'était dans la cheminée du Renard doré. C'est dire si elle avait un caractère forgé dans l'acier. Elle n'avait pas hésité un seul instant à affronter son père, alors qu'il la torturait dès qu'il discutait plus de cinq minutes avec elle. Elle n'avait pas reculé au moment d'avorter du premier héritier Zabini. Elle avait toujours gardé son sang-froid, en toutes circonstances. Sauf une fois.

Et voilà la deuxième.

« Tu aurais fait une parfaite Gryffondor, tu sais ?

- Ne sois pas grossier. »

Elle avait retrouvé son aplomb, comme toujours quand il lui offrait la possibilité de le rembarrer, et remit ses idées en place d'un mouvement d'épaules. Elle s'éloigna de lui, deux pas, trois, lui tourna le dos, s'arrêta, reprit sa marche, revint dans le halo projeté par le chandelier. Il savait qu'elle réfléchissait à toute vitesse, qu'elle passait en revue toutes leurs options, comme elle l'avait toujours fait et la récolte semblait bien maigre. Elle alla vers le bureau qui trônait dans un coin de la pièce et ouvrit un tiroir pour en extirper un paquet de cigarettes moldues. Neville sortit sa baguette et fit voler jusqu'à elle d'un Wingardium leviosa léger le briquet des Temple.

Une fois qu'elle eut inhalé sa première bouffée, elle se tourna vers lui. Dans l'obscurité, des ombres dansaient sur son visage, maquillant ses yeux et ses pommettes d'ocres sombres passagers.

« Tu te doutes bien qu'il est trop tard pour que je te renvoie chez toi. Ça paraîtrait trop suspect.

- Ils fouilleraient dans ta tête ? »

Elle se mordit la lèvre.

« Je ne sais pas. Normalement, non. Un Sang-pur a le droit de garder ses pensées secrètes. Mais je ne suis pas à l'abri d'une attaque cachée. Rogue a toujours été bon pour ne pas se faire repérer quand il pratique la légilimencie.

- Rogue n'est pas là, ce soir, commenta Neville.

- Ce qui nous laisse deux jours de battement si ça tourne mal. »

Le temps nécessaire à son père pour trouver une excuse et l'envoyer à Poudlard.

Il acquiesça d'un signe de tête, laissant dans le silence l'espace nécessaire au développement de son raisonnement. Elle tira une bouffée de nicotine et reprit :

« Si tu restes dans un repaire de Mangemorts, si tu restes quand notre maître même est là, ça accrédite l'idée que tu as tourné ta cape. Qu'en tant que Sang-pur, tu as rejoint le camp qui t'était destiné. Tu seras plus en sécurité ici que nulle part ailleurs. »

Il n'avait jamais vu les choses sous cet angle.

« Néanmoins, comme tu as si bien soulevé le problème, certains invités, à commencer par mon père, pourraient se poser des questions, légitimes d'ailleurs, sur ton adhésion à notre politique. Surtout quand on connaît tes parents… »

Il ne cilla pas. Il avait appris depuis plusieurs mois à ne plus réagir aux allusions à ses parents.

« Si je peux empêcher Bellatrix de t'interroger, je ne pourrai rien faire pour empêcher ses provocations. Et elle est tout à fait capable de te pousser à bout. Et je ne pourrais m'opposer à elle bien longtemps, sans paraître immédiatement suspecte. Et ce n'est pas un risque que je suis prête à prendre. »

Elle exhala un nuage de fumée et laissa passer un temps. Si ça venait à tourner mal, elle ne se rangerait jamais à son côté : elle avait trop à perdre, notamment son rang. Et si elle restait alors qu'elle avait embauché un opposant au Seigneur des Ténèbres, elle serait interrogée, suspectée, torturée. Emprisonnée.

Le seul moyen d'échapper à ça, c'était de couper les ponts entre eux.

Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier qui trônait sur le bureau et revint vers lui. Il vit dans son regard qu'elle était parvenue à la même conclusion que lui.

« Je ne peux te garantir que dix minutes si ça dérape, Londubat. Le temps nécessaire à ce que je demande qu'on te poursuive.

- Tu ne romps pas les liens magiques entre nous ?

- Autant ne pas perdre le dernier avantage de notre relation, non ? »

Il eut un petit rire.

« Je croyais qu'on avait dépassé ce stade, Parkinson.

- Dix minutes, Londubat, pas une minute de plus. »

Elle avait ignoré sa remarque avec trop de froideur pour qu'il se permît une autre blague.

« C'est amplement suffisant.

- Après ça, ils pourront te courser jusqu'à la mort. »

C'était une promesse. Il en savait suffisamment sur Sir Parkinson pour être certain que ce dernier mettrait tout en œuvre pour le coincer si l'occasion se présentait.

Elle ôta une des bagues qui ornaient ses doigts.

« Tiens. Porte-la. Personne ne s'offusquera de voir un bijou Parkinson à la main d'un serviteur sang-pur. C'est un usage rare, mais convenable. »

Neville observa le bijou qu'elle venait de glisser dans sa paume. C'était une chevalière vieillotte, frappée aux armoiries Parkinson, deux lévriers noirs sur fond pourpre. Les couleurs avaient presque disparu : quelques résidus sur l'argent luisaient encore dans la lumière tremblotante des chandelles. Les contours même des animaux s'estompaient, tant la gravure était ancienne.

« Si cette soirée en venait à mal finir, nous aurions toujours un moyen de communication. Quand tu sentiras la bague chauffer, c'est que j'aurais besoin de toi.

- Donc tu ne me fous pas à la porte. »

Elle haussa un sourcil.

« Ne sois pas stupide. Tu ne survivrais pas dix minutes en cavale sans une infiltrée. »

Il reconnut qu'elle avait raison.

Elle se considérait comme infiltrée dans son propre camp. Mais qui servait-elle, à part elle ?

« Promets-moi que quand la bague chauffera, tu me trouveras le plus vite possible à la Tête du Sanglier. »

Il opina.

« Promets, Londubat.

- Je promets. »

Elle respira, comme soulagée. Puis :

« Maintenant tu dois me jeter un sortilège d'Amnésie.

- Je suis nul en…

- Tu vas me jeter un sortilège d'Amnésie pour que j'oublie le dernier quart d'heure et que mon père ou Rogue ou Malefoy ne trouve jamais trace de ce que nous nous sommes dit s'ils outrepassent leurs droits et viennent fouiller dans ma tête. Et tu vas le réussir, ce sortilège, parce que tu n'as jamais été aussi nul que ce qu'on a bien voulu penser. Et que j'ai vraiment besoin d'avoir toute ma tête dans moins d'une demi-heure pour recevoir notre maître. »

Il saisit sa baguette et la pointa sur la tête de Parkinson. La confiance qu'il lut dans ses yeux lui parut identique à celle qu'il éprouvait pour elle. Malgré leur possible rupture, ils continuaient à avoir foi l'un en l'autre.

Il repensa à tous les conseils de Flitwick et se promit de lever le sort le plus rapidement possible.

Elle le coupa dans ses souvenirs :

« Allez. J'ai autre chose à faire. »

La voix coupante, froide. Parkinson restait fidèle à elle-même depuis qu'il la connaissait. Depuis l'enfance. Depuis Poudlard.

Depuis ce quai 9 3/4 où elle avait reconnu pouvoir compter sur lui.

« Pourquoi tu m'aides, Parkinson ? »

Elle le fixa sans ciller et eut un léger sourire, un sourire doux comme il n'en avait jamais vu sur ce visage.

Elle était magnifique quand elle souriait comme ça.

« La vérité ?

- La vérité.

- Parce que, s'il n'y avait pas eu Blaise, j'aurais pu envisager de me rapprocher de toi : tu es un des rares de mon rang. »

Quoi ?

« Tu me fais penser à Drago : vous êtes tous les deux enfermés dans des situations qui vous dépassent, que vous n'avez pas choisies et sur lesquelles vous n'avez aucun contrôle, mais vous essayez de faire face. Il suffit d'un rien pour nous faire basculer d'un côté ou de l'autre. Tout s'est joué sans qu'on puisse rien décider. »

Elle n'avait pas tort. Une suite de hasards l'avait placé à Gryffondor quand il avait autant de chances de terminer à Poufsouffle. Une suite de riens l'avait mené à être à la tête de l'Armée de Dumbledore puis des Loups d'Odin. Il n'avait jamais recherché sa position. Elle lui était tombée dessus, parce qu'il avait été assez fou pour croire pouvoir changer les choses, et parce que d'autres étaient assez fous pour mettre leurs espoirs en lui.

Elle se rapprocha de lui et lui souffla :

« Fais ce que tu as à faire. »

Il serra sa baguette au point que ses jointures blanchirent et murmura, pour atténuer au maximum l'effet de ses paroles :

« Oubliettes. »

Le regard de Parkinson devint vide. Elle s'éloigna brutalement de lui, hébétée, comme si elle retrouvait ses esprits.

« Ça ne dérapera pas, Londubat. Arrête de faire ta fillette et va aider Pika à allumer les feux de la salle de bal. »

Elle lui jeta un regard perdu :

« Je… J'ai perdu une de mes bagues, non ? »

Neville ne répondit rien.

Elle s'éloigna de lui d'un pas moins vif qu'à son habitude, encore ébranlée par le sort qu'il lui avait lancé.

Neville sentit une fierté sans pareille s'emparer de lui.

Il avait réussi son sortilège d'Amnésie.

Il vérifia dans un miroir que son nœud papillon était bien placé et quitta la pièce, presque prêt à rencontrer le Seigneur des Ténèbres.