Chers lecteurs,

Avant toute chose, je vous souhaite une excellente année parsemée de nargoles et autres énormus à babille !

C'est avec plaisir que je découvre de nouveaux poursuiveurs et autres favoriteurs ! Merci à vous, mes mignons ! Continuez à me poursuivre, j'adore ça : j'ai toujours voulu être un Souaffle, je trouve que c'est un objet magique sous-estimé.
Donc résumé du chapitre précédent (pour ceux qui n'auraient pas tout lu ou abandonné en cours de route ou tout simplement oublié) : McLaggen s'est fait torturer puis tuer (comprendre bouffer) par Nagini à la soirée festive chez les Parkinson, où l'on fêtait l'arrivée à la tête du bureau des Aurors de Sir Parkinson. McLaggen a parlé, mais on ne sait pas ce qu'il a dit : a-t-il vendu Neville à Sir Parkinson (qui a déjà de gros gros doutes, rappelons-le) ? En gros, soirée mouvementée.
Aujourd'hui nous sommes sur du T- je pense. Vraiment pas méchant mais je n'ose pas mettre du K+. On sait jamais.

Portez-vous bien, faites de la luge, à bientôt,

Al

PS : réponse à Katymyny : bonne année québécoise, sans masque ni gel ni attestation (je sais pas si vous avez ça vous au canada, nous en france on a dû remplir des petits papiers pour dire qu'on sortait faire des courses ou poster notre courrier), mais avec justin bieber et céline dion (ça rime avec attestation) ! merci pour ta review, comme d'hab, et j'espère que tu vas aimer ce chapitre !

PPS : Nicto, mate la citation. C'est pour toi.


« Auf wiedersehen
Lili Marlène
Reparlez-moi des roses de Göttingen
Qui m'accompagnent
Dans l'autre Allemagne
À l'heure où colombes et vautours s'éloignent »
P. Kaas, D'Allemagne


Dix minutes.

Elle lui avait promis dix minutes.

Pouvait-il faire confiance à Parkinson ?

Pas cette question là.

Est-ce que fuir était la meilleure option, là, tout de suite ?

Est-ce qu'il allait prendre le risque de rester, mettant tout sur le dos de sa lady ?

Concentre-toi.

Dix putain de minutes. Pas le temps de se poser des questions sans importance.

S'était-il grillé ? McLaggen l'avait-il grillé ? Qu'avait-il dit ?

Concentre-toi !

« Londubat, va chercher de quoi faire boire le serpent du Maître. »

Oui, il était grillé, si c'était Parkinson elle-même qui lui permettait de s'éloigner.

« Oui, Milady. »

Il évita Malefoy, Zabini, Crabbe qui coinçait la porte, et se précipita dans les escaliers.

Parkinson avait paru tellement sûre d'elle, tellement détachée, comme si elle ne remettait à aucun moment l'allégeance de Neville en question.

Il le savait. Sir Parkinson ne ferait jamais d'esclandre. Ils laveraient leurs robes sales en famille. Loin du maître. Après tout, Sir Parkinson avait les moyens de l'interroger en restant inaperçu.

Neuf minutes.

Il arriva devant la cheminée monumentale du hall. Hors de question de débarquer immédiatement dans la cuisine de sa grand-mère, il ne voulait pas l'inclure dans sa débandade. Pas le Terrier, Ginny ne lui pardonnerait jamais. De toute façon, à tous les coups, la maison des Weasley n'était plus reliée au réseau de cheminette. Le 93 Chemin de Traverse n'était lui non plus pas accessible, Fidélitas oblige. Passer par la Tête du Sanglier était dangereux. Quant aux cheminées de Poudlard, c'était hors de question de rester coincé dans l'une d'elles et de se jeter dans la gueule de Rogue.

Il ne restait qu'une solution.

Neville attrapa une pincée de poudre dans le pot posé sur le manteau de la cheminée et la jeta dans l'âtre en disant :

« Appartement de Pansy Parkinson, Eton College. »

Il déboula dans le salon de Parkinson en émiettant des cendres partout. Quel était le sort qui permettait de bloquer temporairement une cheminée, déjà ? Ah oui.

« Obstruo focum. »

Puis il éteignit la cheminée d'un puissant Aguamenti et, pour faire bonne mesure, poussa d'un Wingardium le canapé immonde dans le conduit.

Douce vengeance pour toutes ces nuits inconfortables qu'il avait passées chez elle.

Il espéra que le meuble lui gagnerait quelques minutes en encombrant la cheminée.

Il sortit, verrouilla la porte, courut dans la rue pour attraper un bus moldu. Il reprit son souffle, assis au fond du véhicule, après avoir bataillé pour avoir un ticket auprès du conducteur.

Il avait beau avoir agi rapidement, il ne devait plus que lui rester deux minutes.

Il espéra que les Mangemorts seraient déboussolés d'avoir à le poursuivre en milieu moldu.

Alors que le bus se traînait sur le boulevard, il regarda sa montre. Il eut un sourire : la soirée chez les Parkinson ayant commencé tôt, il n'était pas encore l'heure du couvre-feu. Il avait encore une heure pour rentrer chez lui avant que le Cridurut sur le Chemin de Traverse ne fît son office.

Il sentit sur lui les regards étonnés des Moldus. Ah oui, en robe de soirée sorcière. Neville carra des épaules : toujours avoir l'air sûr de soi, ça calme les esprits. Quitte à avoir l'air d'un énergumène, autant l'assumer.

Il essaya de deviner combien de Mangemorts il aurait aux trousses. Sir Parkinson et son propre vassal, Rodolphus Lestrange. Peut-être qu'il demanderait à Lucius Malefoy de l'aider, dans ce cas compter aussi Crabbe et Goyle.

Ou pire, Parkinson elle-même. Secondée par Nott, Zabini et Malefoy.

Il arriva au bout d'une interminable demi-heure au Chaudron Baveur. Il s'éjecta du bus rapidement et avança à pas rapides vers l'entrée de la gargote. Surtout, ne pas courir. Ne pas éveiller l'attention des gens. Ne pas avoir l'air de fuir.

« Bonsoir, Tom. »

Il passa dans la petite salle sans attendre de réponse du barman et tapota rapidement les briques. Il dut s'y reprendre à deux fois, l'impatience le poussant à l'erreur dans le code.

Au moment où il débarqua sur le Chemin de Traverse, l'affluence des derniers badauds, plutôt nombreux, lui redonna espoir. Il pourrait se cacher dans la foule.

Il avança. Il savait qu'il n'avait que cinq minutes pour parvenir au magasin des frères Weasley depuis le Chaudron Baveur. Cinq minutes, c'était à la fois trop court et suffisant.

« Hé Londubat ! »

Neville tourna la tête.

Zabini.

« Merde ! »

Il aurait dû se jeter un sort de camouflage ! Un petite Glamour, un sortilège de Désillusion, n'importe quoi pour être repérable le plus tard possible ! Qu'il était con. Il se mit à courir, éjectant les sorciers qui se trouvaient sur son passage.

« Poussez-vous ! »

Neville profita de l'hébétude des passants pour avancer encore plus vite.

« Stupéfix !

- Protego ! »

Neville avait toujours été bon en bouclier. Toujours.

Le bouclier qu'il avait créé en jetant un coup de baguette dans son dos coupa la rue en deux. Lui d'un côté, Zabini de l'autre. Un sursis.

Il haletait, sentant son cœur affolé battre arythmiquement dans sa poitrine.

Il vit, tout près, vraiment tout près, l'enseigne de Farces pour sorciers facétieux. Plus qu'un effort…

« Impedimenta ! »

Neville s'étala de tout son long dans la rue, se tortillant pour échapper au maléfice d'Entrave. Les gens s'éloignaient de lui, se planquaient dans les portes cochères, se retranchaient dans les magasin. Pas question de prendre parti.

Pas question de risquer sa vie.

« Je t'ai eu, sale teigne… Silencio. »

Neville s'étouffa sur son propre cri, hoqueta, rattrapé par une terreur sans nom, des souvenirs atroces se frayant un chemin douloureux dans sa mémoire. C'était une voix qu'il connaissait. La voix de celui qui l'avait torturé au Ministère. Un certain Steve.

« Le maître sera ravi. La fille Parkinson veut qu'on te ramène vivant, elle veut s'occuper personnellement de ton cas. »

La voix s'approchait. Neville, toujours tressautant, avait la main bloquée dans le dos et était dans l'incapacité de jeter le moindre sort. Il avait toujours été faiblard en sortilèges informulés. Sa baguette hors de portée, ses cordes vocales tues : la situation commençait à sérieusement à dégénérer.

« Nagini sera ravi d'avoir un petit dessert.

- Steve, l'abîme pas, Pansy le veut en bon état. » coupa Zabini.

Le bouclier avait sauté. Le Mangemort était si proche, Neville le sentait, et son ancien camarade d'école s'agenouilla devant lui. Les chaussures cirées de Zabini étaient à la pointe de la mode, comme d'habitude. C'était drôle, il avait les mêmes goûts que son futur beau-père.

« Alors Londubat ? T'as voulu jouer au plus malin ? »

Neville leva les yeux. Zabini était crispé, furieux, froid, et tellement plus adulte que dans ses souvenirs. Exit le jeune Serpentard qui draguait les filles aux bals d'Uto. Neville faisait face à un tueur, c'était clair et net.

C'était fini, il le savait.

C'est alors que la nuit tomba d'un coup sur le Chemin de Traverse. Il y eut des cris, des gémissements, des coups échangés, des geignements, des éclairs lumineux qui ne parvinrent pas à trancher l'obscurité, et une voix qu'il connaissait bien qui proclama :

« Finite incantatem. »

Et une main secourable le souleva, et le tira loin des jurons et des insultes. Incapable de résister, il suivit le mouvement jusqu'à se retrouver à passer une porte.

« T'es complètement taré, voilà ce que t'es ! »

Neville n'avait jamais été aussi heureux de voir son colocataire. Il se laissa glisser le long du mur, haletant, étonné d'être encore en vie, jouissant incroyablement de l'air qui lui brûlait les poumons. George verrouilla la porte.

« Heureusement qu'on a reçu de la poudre d'obscurité instantanée, que Fred était dehors en train de remettre l'enseigne d'aplomb et qu'il a vu que tu créais des embrouilles ! T'as failli y passer, tu le sais, ça ? »

Neville reprenait doucement son souffle. Son colocataire ne décolérait pas :

« Où est passée la protection de Parkinson ? Pourquoi t'avais son mec sur le dos ? Elle est pas censée te protéger ? C'est bien la peine que tu vendes ton cul si elle est pas foutue de te servir à quelque chose… »

Le lieu était sous Fidelitas. Neville ne craignait plus rien. Il commença à respirer. À se détendre. Il s'en était sorti. Encore une fois.

« Fred et Verity ferment le magasin. Ils font sortir les clients qui se sont réfugiés ici pendant l'attaque. Allez, viens. »

George lui prit le bras et l'aida à se relever. Neville le suivit d'un pas chancelant dans la cuisine. Il se laissa tomber sur une chaise, tandis que George mettait de l'eau dans une casserole. Il s'approcha du placard à thé et l'ouvrit.

« Qu'est-ce que tu me conseilles ?, demanda-t-il, un peu calmé.

- Gingembre et voltiflor. » articula Neville, reprenant toujours difficilement son souffle.

George fouilla dans le placard jusqu'à trouver les sachets de thé voulus.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? T'étais pas à une réunion des soldats noirs, ce soir ?

- Cormac McLaggen est mort. Tué sous mes yeux. »

Le bruit que firent les tasses en tombant par terre sortit Neville de sa torpeur. George avait l'air surpris.

« Impossible. Il était au Terrier. »

Non, pas surpris. Horrifié.

« Il est mort. Je l'ai vu se faire tuer par Nagini.

- Une seconde. » répondit George, blafard.

Il posa tout ce qu'il avait en main et s'approcha de la cheminée. Il s'agenouilla sans prendre en compte les morceaux de porcelaine qui jonchaient le carrelage et jeta une pincée de poudre de cheminette dans l'âtre :

« Le Terrier. »

Les flammes devinrent vertes et il passa sa tête dans le feu. Neville se leva, chercha la théière en écoutant d'une oreille distraite la discussion sourde de George dans la cheminée. Les cheminées des différentes demeures des enfants Weasley étaient toutes reliées à celle de leurs parents. On n'était pas chez les Parkinson.

Au bout de quelques secondes, George repassa la tête dans l'autre sens.

L'air incroyablement rassuré.

« Ils vont bien. »

Le soulagement étreignit Neville avec une force qu'il n'aurait jamais crue possible. Il connaissait finalement assez peu les parents Weasley, mais ils faisaient partie de sa vie. Il avait dîné chez Bill, fait du balai avec Charlie, eu Percy comme préfet, vécu en colocation avec les jumeaux, et Merlin ! avait comme amis Ron et Ginny, les deux rouquins les plus emmerdeurs de la planète.

Savoir leurs parents vivants lui dénoua les entrailles.

« Demande-leur où est passé McLaggen. »

George opina et remit sa tête dans la cheminée. Il la ressortit peu de temps après.

« Ils ne savent pas. Il est parti avec Padma ce matin, disant qu'il allait mieux et qu'il n'avait rien à craindre. Maman a essayé de le pousser à rester, mais il avait l'air vraiment content et décidé à partir. Il avait quelque chose à faire.

- Tu sais s'il est rentré chez lui ?

- Il est pas aussi con. Il savait que son appartement était sous surveillance. Il a dû vouloir se réfugier ailleurs, et… »

Il ne termina pas sa phrase. Ils savaient ce qui s'était passé.

George tiqua :

« Merde. Padma. »

Il voulut se remettre la tête dans la cheminée mais Neville le coupa dans son élan :

« Laisse tomber. C'est la future fiancée de Malefoy, je l'aurais appris ce soir s'il lui était arrivé quelque chose. »

Bénie soit Parkinson qui créait des alliances à sa convenance !

« T'es sûr de toi ?

- McLaggen a été renié par ses parents, ce qui leur a permis de le tuer. Padma est toujours une Sang-pur d'une grande famille indienne et je vois mal son père la renier, même pour le pouvoir. Il a toute la communauté indienne derrière lui. Elle ne craint rien. »

George se releva, rassuré, et commença à s'affairer dans la cuisine. Neville, toujours un peu sonné, l'entendait s'activer. Ça avait un côté rassurant, d'entendre ces bruits de cuisine habituels.

« Si McLaggen est mort…

- Faut prévenir Poudlard. Je m'en occupe. »

Neville voulut se lever mais la poigne de George le freina sur place.

« Si t'es devenu indésirable en pays sorcier, ce serait pas mal que tu mêles pas Ginny à tout ça. Je m'occupe de la prévenir. Tu fais le thé. »

Il quitta la pièce sans attendre. Neville se retrouva seul.

Étrange comment tout le monde semblait prendre d'un coup conscience des dangers de la vie à l'extérieur. En moins d'une semaine, deux Loups d'Odin étaient morts. Ça commençait à faire beaucoup de cadavres pour une organisation résistante de si petite envergure.

Beaucoup de morts si l'on considérait qu'ils étaient insignifiants.

« George n'est pas là ? »

Fred tira Neville de ses réflexions. Il paraissait épuisé et ses mains étaient noires, tachées de poudre d'obscurité.

« Il envoie un hibou à Ginny. McLaggen est mort. Tué par Nagini.

- Putain. » s'exclama Fred, sonné.

Il n'y avait rien à dire de plus. McLaggen était mort. Ils avaient tué un Sang-pur.

Le sang ne protégeait plus.

Et les Weasley prenaient conscience de ce que Neville avait découvert lorsqu'il avait vu McLaggen se faire dévorer : ils n'étaient plus intouchables.

« Et toi ?

- En fuite. »

Fred plissa des yeux :

« Parkinson va te tuer.

- Si son père ne l'a pas tuée avant. »

Ils se retrouvaient tous deux à attendre comme des cons, à attendre que quelqu'un vînt et leur annonçât une autre mort, celle de n'importe qui. Pas un de plus pas un de plus pas un de plus pas…

La porte de la cuisine s'ouvrit sur George.

« Hibou envoyé. J'espère que les Mangemorts seront trop occupés à te chercher cette nuit pour oublier d'aller voir Abelforth tout de suite. Mais demain, on aura le service des Aurors sur le dos. »

Le cerveau de Neville tournait à plein régime, comme si l'adrénaline qui avait pris possession de son corps chez les Parkinson était encore bien présente. Il avait toujours su que George ferait toujours passer la sécurité de Fred, d'Angelina et de sa famille avant le reste, et que lui n'était qu'un surplus. Si les jumeaux ne voulaient pas couler leur commerce, qu'il fût légal ou non, il allait falloir rompre les liens avec eux comme il l'avait fait avec Parkinson. Des liens trop serrés entre le nouvel ennemi du Ministère et les deux commerçants de farces et attrapes du Chemin de Traverse seraient mauvais pour le commerce et la santé des Weasley. Voire leur vie.

Neville devait quitter Londres.

« On peut pas le laisser partir !, s'exclama Fred, qui devait être parvenu à la même conclusion que lui.

- George a raison, je dois y aller.

- La maison est sous Fidélitas ! Les Aurors ne pourront jamais entrer !

- Demain y aura des affiches partout pour retrouver Neville. Tout le monde sait qu'il habite là. On aura les Aurors et les Mangemorts aux basques, à nous surveiller de près. Je prends pas le risque. » répliqua fermement George.

C'était la deuxième fois que Neville voyait les jumeaux ne pas être d'accord. Ça le blessa plus que ce qu'il pensait.

« Fred, de toute façon, ça commençait à sentir le roussi pour moi, cette histoire. On ne sait pas tout ce que McLaggen a dit. Tant que les Mangemorts peuvent profiter de votre marché noir, ils ne vous attaqueront pas. C'est pas à moi de faire couler votre business. »

Fred grimaça.

« T'as raison mais…

- Je trouverai, t'inquiète. On a la preuve qu'on leur fait peur, putain ! Ils ont tué un Sang-pur pour faire l'exemple, on leur fait peur ! »

Neville ne s'était pas rendu compte qu'il s'était mis debout. Il se racla la gorge :

« Je vais préparer mes affaires. »

Il quitta la cuisine, entendant au moment de fermer la porte les jurons et les cris qu'échangeaient les jumeaux.

Parvenu dans sa chambre, il rassembla dans son sac quelques vêtements, des sachets de graines et de feuilles séchées, quelques parchemins. Il rafla la cape d'invisibilité rangée dans sa penderie, le crochet de basilic qu'il avait conservé de son épopée dans la Chambre des Secrets – hors de question de laisser le crochet traîner avec Fred et George dans les parages – et fourra son gallion de l'A.D. dans sa poche.

Il hésita en voyant la bague Parkinson à son doigt : devait-il la garder ? Si on l'attrapait avec ça sur lui, elle serait grillée, non ? Il avait beau être en colère contre elle, qu'elle lui eût caché McLaggen dans sa cave, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait joué avec des cartes dont il n'avait pas connaissance. Si ça se trouve, elle n'a pas pu faire autrement. Il prit un lacet de cuir, ôta la bague, la glissa sur l'attache et glissa le collier improvisé autour de son cou. Caché sous ses vêtements, il sentirait la chaleur de la bague si Parkinson l'appelait mais personne ne pourrait voir au premier abord qu'il lui était relié.

Il se changea, quitta la robe de soirée que Parkinson lui avait fait acheter et ses chaussures cirées. Il enfila ses vieilles baskets moldues, faites à son pied, et renouvela l'Impervius qui était dessus. Pas question de marcher les pieds humides. Il prit sa cape la plus chaude et ses gants de botaniste : il se sentait nu sans eux.

Il monta au grenier, dans sa serre, et choisit rapidement des plantes qui pourraient lui être utiles. Bien sûr, il n'aurait pas de quoi tenir un jardin de sorcier, mais avoir quelques simples sur lui ne pouvait pas lui faire de mal. Et il se sentait toujours plus rassuré quand il se promenait avec des graines. Il mit une poignée de mouches séchées dans la gamelle de Trevor.

« Salut vieux frère. »

Il s'apprêta à fermer la porte quand il se ravisa. Il retourna à son établi, saisit un parchemin et nota les différentes formes d'arrosage pour les différents coins de sa serre. Fred arroserait. Ou Angelina, elle aimait bien sa serre. Depuis que son nom était sorti dans la Gazette dans les adhérents aux Loups d'Odin, elle passait le plus clair de son temps chez les jumeaux, planquée sous Fidelitas, et la vie clandestine lui pesait. Une nouvelle occupation ne pourrait pas lui nuire. Comme elle adorait passer du temps dans la serre de Neville – apparemment plus calme que le reste de l'appartement – , il ne se sentit pas trop gêné de lui donner des consignes.

Il quitta finalement ses plantes, le cœur serré. Il ne savait pas où il allait, ni s'il allait un jour revoir ses chers végétaux.

Il redescendit dans la cuisine, où la dispute entre Fred et George s'était calmée.

« J'y vais.

- Où ça ?

- Chez Abe. Il pourra me mettre au vert au moins un jour de plus avant qu'on s'intéresse à lui. »

Fred semblait résigné, George apaisé. Neville expliqua :

« J'ai laissé des consignes pour arroser mes plantes. Je sais que c'est pas votre tasse de thé mais…

- T'inquiète. On s'en occupe. »

La voix de George était calme et assurée, comme si ce qui allait se passer n'était rien. Après presque un an de colocation, ils se séparaient à l'amiable. Les jumeaux avaient tout intérêt à conserver ses plantes en bonne santé pour leurs potions et autres farces, mais Neville apprécia le fait que George se sentît si impliqué.

« J'espère que vous aurez pas d'emmerdes.

- C'est nous, les emmerdes, répondit Fred.

- Les Mangemorts n'ont qu'à bien se tenir. » répondit George.

Il lui tendit un sac :

« Voilà de quoi t'amuser un peu. »

Neville y jeta un coup d'œil : il reconnut les boîtes d'oreilles à rallonge, de poudre d'obscurité instantanée du Pérou, de gâteaux Color'hiboux, de bombes de peinture et d'autres nouveautés des jumeaux. Il sentit sa gorge se nouer de reconnaissance.

« Merci. »

Il décrocha sa cape suspendue au porte-manteaux de la cuisine et s'approcha de la cheminée, essayant de fixer du mieux possible la cuisine, l'ambiance décontractée malgré les événements et les deux Weasley inquiets, qui le fixaient.

Neville jeta une pincée de poudre dans la cheminée et s'avança.

« Les gars, ça a été un plaisir de vivre avec vous. »

Il se glissa dans la cheminée en annonçant sa destination.

« Je me doutais que tu viendrais, petit con.

- Salut, Abe. »

Abelforth Dumbledore avait l'air fatigué. Las, plutôt. Il se tenait droit dans son tablier, prêt à verser des œufs brouillés dans une poêle.

« Je viens de fermer mon bar. À tous les coups, t'as pas mangé, j'ai pas raison ? »

Neville sortit de la cheminée et s'épousseta. Il commençait à en avoir sa claque de passer par des cheminées. Il avait l'impression désagréable d'être toujours couvert de suie. Mais transplaner… Il avait toujours peur de se désartibuler, et maintenant, de nombreux endroits étaient interdits au transplanage pour des soi-disant mesures de sécurité.

Il posa son sac sur le carrelage de la cuisine et s'approcha d'Abelforth.

« T'as besoin d'aide ?

- Ouais. Mets le couvert. »

Neville fit quelques gestes de sa baguette et deux assiettes se posèrent sur la table. Dans un silence relatif, rompu par les grésillements des œufs dans la poêle, Neville essayait de faire le point. Parkinson le faisait poursuivre par les siens, ce qui signifiait que son père n'était pas impliqué, ou en tout cas qu'il la laissait faire ses preuves.

« Du coup, tu dépends toujours de Parkinson ?

- Oui, répondit Neville. Mais c'est censé être un peu secret, si tu vois ce que je veux dire. »

Devant l'air interrogateur d'Abelforth, il précisa :

« Je suis en cavale.

- Oh. Merde. »

Neville savait ce qui allait suivre. Il le savait depuis qu'il avait pris la fuite du manoir Parkinson.

« Tu vas pas pouvoir rester ici. »

Chacun pour soi. C'était sûr. Il était un paria, et si les gens étaient prêts à prendre des risques pour le garder au chaud une nuit ou une semaine, ça n'irait jamais jusqu'à le protéger pour de vrai.

Il était exclu de la société sorcière, au même titre que les Sangs-de-bourbe ou les loups-garous.

« Je peux te garder une nuit.

- C'est amplement suffisant, merci beaucoup. »

Que répondre à ça ? Le culpabiliser ne servirait à rien, si ce n'est à le rendre agressif. Le jeu n'en valait pas la peine, et contrairement à ce qu'on aurait pu penser, Abelforth avait plus à perdre qu'à gagner en le protégeant. De plus Neville était bien trop conscient de l'aide que la Tête du sanglier apportait à Poudlard pour l'ignorer.

« Tu peux dormir dans la chambre 17, Regina est partie ce matin. »

Neville le remercia de nouveau.

Une fois qu'ils eurent fini de dîner, il monta au troisième étage. Abelforth louait quelques chambres dans son bar, pour les parias que Rosmerta n'acceptait pas. Ça arrondissait ses fins de mois, Neville en était conscient.

Il posa son sac sur le lit et alla à la fenêtre observer le paysage. Il aperçut au loin la silhouette crénelée de Poudlard, et s'imagina être dans les couloirs, à fuir Rogue, les Carrow et Rusard, avec les membres de l'A.D. C'était dur, mais ils étaient ensemble. Là, Neville avait l'impression d'être plus seul que jamais.

C'est alors qu'il la vit naître. Une immense forme nuageuse, comme un fantôme argenté, un patronus colossal, qui se mit à grimper dans les airs et à surplomber Poudlard. Il crut un instant que c'était la Marque des Ténèbres. Un très court instant. Avant de comprendre ce que c'était.

Une forme de loup.

Neville sauta sur ses pieds et se précipita dans l'escalier.

Poudlard entrait en guerre et il ne devait pas rater ça.