Chers lecteurs,
Enfin ! Déso pour le retard. Merci pour vos followitudes et commentaires ! Aujourd'hui K+.
Rien d'autre à dire. J'essaie de poster plus tôt la prochaine fois, promis (des promesses des promesses faut qu'ça cesse...)
Portez-vous bien, profitez de la neige si vous en avez, à bientôt,
Al
PS : Réponse à Katymyny : chanceuse ! vous partagez l'espace canadien avec les élans, les érables et justin bieber. quelle joie ! merci pour tes commentaires géographiques, ça m'évitera de faire les recherches moi-même. pendant qu'on en est à faire du tourisme via fanfic, quelle température fait-il chez toi (c'est nicto qui demande) ? vraiment froid ? ou est-ce que c'est un mythe que l'essence gèle dans les réservoirs ? bref, à bientôt chère québécoise.
« Gaulois, ce sont vos dernières bêtises ! » un légionnaire, Le tour de Gaule d'Astérix
La lune brillait aux trois-quarts quand Neville émergea de la Salle-sur-demande. Elle éclairait le couloir d'une lueur blafarde par une meurtrière.
Neville jeta un coup d'œil à la carte du Maraudeur qu'il tenait à la main : personne à son étage. Il chercha fébrilement Ginny sur la carte et la vit dans un souk improbable.
À l'étage inférieur, les éléments de la carte prêtaient à confusion. Les noms de certains membres de l'A.D. et ceux des professeurs Mangemorts se heurtaient, se surmontaient et se rapprochaient devant l'ancienne classe de Flitwick.
A priori, il y avait du grabuge.
Neville vérifia les attaches de son sac sur son dos : il tenait bien. Pas question de perdre ses maigres ressources s'il ne pouvait plus repasser dans le couloir ou la salle avant de repartir.
Il se mit à courir dans les escaliers, ignorant les remarques des portraits sur son passage.
« Regardez, c'est Londubat, l'ancien Gryffondor !
- On le voit beaucoup pour un élève qui devrait avoir fini ses études, non ?
- Va prévenir la Grosse dame.
- Le directeur va déchanter ! »
Il arriva dans le couloir qui menait à la salle de sortilèges.
Les sorts fusaient dans tous les sens. Demelza et Colin évitaient les sorts d'Amycus Carrow, alternant les attaques. À leurs pieds, Dennis, évanoui. Argus Rusard, coincé derrière une armure, tenait dans ses bras Miss Teigne, apparemment blessée. Ginny affrontait Alecto Carrow. Roger Smith parait du mieux qu'il pouvait les sorts que lui lançait Marcus Flint. Vu son habilité à lancer des Doloris, Neville n'avait aucun mal à comprendre pourquoi il avait été choisi par Rogue comme professeur de sortilèges.
« Endoloris !
- Stupéfix !
- Ginny ! Derrière toi !
- Protego !
- Impedimenta ! »
Neville ne réfléchit pas plus : il lança un sort de pétrification à Alecto Carrow avant qu'elle eût le temps de réagir.
« Putain ! Londubat ! »
Le temps qu'Amycus perdit à réagir, Demelza passa outre sa garde et l'assomma. Flint, en infériorité numérique, prit la fuite, suivi de près par Rusard.
Le calme revint d'un coup dans le couloir.
« Neville ! Qu'est-ce que tu fous là ?, lui demanda Ginny en repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille.
- J'ai vu de la lumière et je suis entré. »
Qu'il aimait à voir Ginny comme ça : forte, décidée, puissante. Demelza, penchée sur Dennis, essayait de le réveiller. Colin sortit son appareil photo et, sans se soucier de Neville, immortalisa la porte de Flint sur laquelle s'étalaient des lettres grasses : Encore un mort pour Gryffondor. La guerre est à nos portes.
« Je…
- Disons que j'ai les Mangemorts au cul. »
Ginny eut un sourire radieux :
« Enfin ! Tu n'as plus à te cacher ! »
Neville fronça des sourcils.
« Je crois que t'as pas bien capté, je vais devoir justement me cacher…
- Tu vas être toi, Neville. Tu vas pouvoir te consacrer à ce que tu dois faire. »
Mais de quoi elle parle ?
« Les gars, désolé, mais là faut qu'on bouge, Flint va revenir. Et si Rogue débarque… »
Ils se tournèrent vers Colin. Neville fut étonné par sa prestance : droit, fier. Il s'était battu frontalement avec deux professeurs et il se comportait comme s'il ne risquait rien.
« T'as raison. Faut qu'on sorte d'ici, répondit Ginny en reprenant la tête des opérations. Demelza, emmène Dennis dans la Salle sur Demande. Demande Dobby : il t'apportera des médocs de Pomfresh. Roger, couvre leurs arrières. Nous, on y va. »
Neville se mit à suivre Colin et Ginny dans les couloirs, sans savoir où ils allaient. Ils arrivèrent tout en bas du château, dans la Grande Salle.
Ginny lança à Colin :
« Vas-y. Je fais le guet. »
Colin alla vers la table des professeurs. Neville, poussé par la curiosité, le suivit.
Arrivé au niveau du siège du directeur, Colin s'assit dessus. Il tapota de sa baguette le bois de la table en murmurant :
« Communicomnibus. »
Un nœud dans le bois de la table parut sortir de la surface et se positionna devant la bouche de Colin, comme le micro moldu que Lee Jordan utilisait pour ses émissions de Potterveille. Colin prit une grande inspiration et commença à parler :
« Avis à tous les élèves de Poudlard ! Les adeptes de Vous-savez-qui ont encore tué un ancien élève de Poudlard, Cormac McLaggen, ancien Gryffondor, vingt ans. Les Mangemorts tuent des Sangs-purs ! Je répète : les Mangemorts tuent des Sangs-purs ! Rejoignez l'Armée de Dumbledore pour défendre vos vies ! Tout le monde est admis ! »
Colin avait toujours été bon en communication. Neville se souvenait de sa propre gêne lorsqu'il avait parlé dans un micro. Il ne put s'empêcher d'être admiratif.
En entendant l'annonce être répercutée dans la Grande salle, il comprit qu'elle devait être transmise dans tous les étages.
« C'est grâce à Rogue, souffla Ginny dans son dos. Lors d'une séance d'occlumencie, il s'est trompé dans sa manip et j'ai vu ce sort dans sa tête. C'est un moyen de communication d'urgence pour les directeurs de Poudlard.
- C'est brillant. »
Neville était ravi : l'A.D. était plus que jamais opérationnelle.
« Colin, Rogue va pas tarder ! »
Colin lâcha dans le micro improvisé : « Honorons nos morts ! Battons-nous ! » puis il quitta le siège directorial et se précipita vers Ginny et Neville.
« Go ! »
Ils remontèrent le long des tables vers la porte de la Grande salle au pas de course. Neville sentit ses côtes tiraillées : la fraîcheur nocturne qui s'installait dans le château commençait à lui brûler les poumons.
Ils parvinrent à l'extérieur, continuèrent leur course vers la cabane d'Hagrid.
« Vite ! Rogue va pas tarder !
- Attends, souffla Neville, t'as prévu une autre action ?
- Bien sûr ! »
Ginny paraissait au bord du malaise, mais une fois arrivée devant la cabane de l'ancien garde-chasse, elle reprit son souffle, courbée en deux. Colin sortit de sa poche une fiole remplie d'un liquide violet et la lui donna. Ginny avala le tout en une rasade.
« Potion de revigoration, précisa-t-elle en surprenant le regard de Neville. J'en ai besoin assez régulièrement. »
Pendant qu'elle s'expliquait, Colin était entré dans la cabane d'Hagrid et farfouillait à l'intérieur. Il ressortit quelques instants plus tard, une cage vrombissant dans les bras.
Neville reconnut très facilement les créatures qui étaient dans la cage.
« Des lutins de Cornouailles ! Mais qu'est-ce qu'ils font là ?
- C'est une idée que j'ai eue. Ça fait trois mois qu'on les dresse à attaquer Rogue et les Carrow. C'est le bon soir pour les larguer, je pense. Ils vont nous créer un beau bordel.
- C'est brillant ! » répéta Neville, émerveillé.
Colin recula de trois pas. Ginny, rosissante, leva sa baguette et pointa la serrure de la cage :
« Alohomora. »
La porte s'ouvrit et les lutins s'égayèrent dans l'air, puis volèrent vers le château, prêts à en découdre.
« Tous les élèves et tous les profs ont été interpellés par l'appel de Colin, nota Ginny en regardant ses troupes s'éloigner. Ils ont besoin d'un show maintenant. Peeves nous a promis qu'il larguerait des Bombabouses dans les couloirs. On va pimenter un peu le tout. »
Elle se rendit dans la cabane – Neville comprit que l'ancien domicile d'Hagrid devait servir de repaire et de cache secrète, et il savait qu'Hagrid aurait été ravi de voir qu'on logeait toujours chez lui – et bientôt des feux de Bengale illuminèrent le ciel, lancés par elle et Colin. Ils firent un tel boucan que Neville fut certain qu'à Pré-au-lard on devait les voir.
Malgré la soirée affreuse qu'il venait de passer, il ne put s'empêcher de sentir un sourire se dessiner sur ses lèvres. Surtout quand les feux proclamèrent dans le ciel : Vive Harry ! À bas Voldy !
« C'est pas tous les jours qu'on voit des étoiles. Les centaures vont être furieux. »
Neville se tourna vers Luna qui venait d'arriver dans son dos.
Elle était là, comme toujours. Depuis qu'il l'avait retrouvée, il avait l'impression qu'elle se pointait toujours au bon moment. Ginny resta éloignée d'eux, même si Neville sentit qu'elle était contente de voir son amie. En même temps, les cinq grands loups qui rôdaient autour d'elle dissuadaient quiconque de trop l'approcher.
« Salut Luna, lui dit Neville en lui pressant l'épaule. Tu vas bien ?
- On a entendu Colin, répondit-elle sans le regarder. On est venus voir ce qui se passait. »
Elle avait le regard fixé sur le ciel, regardant les big bangs lumineux exploser dans le ciel noirci. Des cris leur parvenaient de Poudlard, des éclats de lumières aussi. Une effervescence prenait le château : des éclats de rire et des hurlements de colère transperçaient les murs épais. Neville eut un sourire en imaginant Rogue attaqué par les lutins de Cornouailles.
« Tu as de nouveaux amis, à ce que je vois. »
Aux dernières nouvelles, Luna était accompagnée de trois loups. Ils étaient dorénavant cinq à ses côtés.
« T'as vu ? Geri et Freki, des jumeaux. Bane les a trouvés à la lisière nord de la Forêt interdite et me les a confiés pour éviter qu'ils attaquent les centaures nouveau-nés. »
À y regarder de plus près, les deux loups qu'elle montrait semblaient en effet plus jeunes. Un peu plus petits que Crocs qui flânait autour de la cabane, flairant les odeurs. Freyr Gris était toujours le loup le plus impressionnant.
« C'est pas trop dur de vivre avec ces bêtes sauvages ? »
La question de Ginny était légitime, mais Neville ne put s'empêcher de la trouver mal placée. Luna répondit tranquillement :
« La sauvagerie est un concept humain. Il n'y a pas de sauvagerie dans la nature. »
Vu comment elle était vêtue, c'était une réponse parfaitement acceptable.
« Cormac est mort.
- Il est normal que les proies se fassent manger. » répondit placidement Luna.
Une explosion monumentale partit dans le ciel et éclaira fugacement le visage de l'ancienne Serdaigle. Elle avait l'air fatigué : l'approche de la pleine lune, sans doute. Ses traces de griffure désormais habituelles étaient encroûtées de terre, dessinant sur ses bras des arabesques obscures. Elles semblaient être de sombres tatouages incrustés dans la peau, comme si Luna se marquait volontairement pour ne pas oublier ce qu'elle vivait.
Crocs s'approcha de Colin et le renifla. Neville vit Colin frissonner quand la bête lâcha un grognement sourd. Il se souvint de la première fois qu'il avait vu Crocs. Lui-même n'en avait pas mené large.
« Tu m'as manqué, reprit Ginny – et Neville entendit un sanglot dans sa voix. C'est dur d'être seule face aux Carrow et à Rogue.
- Hé !, râla Colin.
- Le manque est une notion relative. La solitude aussi. » répondit Luna.
Sa solitude, elle la comblait avec des animaux. Elle s'y connaissait plus en désert social que Ginny. Luna se rapprocha de Neville et ignora le reniflement de son amie.
« Je pars. Geri et Freki sont assez grands maintenant. Tu viens avec moi ?
- Comment sais-tu que je suis en cavale, comme toi ?
- Tu sens la liberté. »
Neville acquiesça, un peu troublé par les analyses de Luna. Crocs, bien entendu, meilleur flair d'Angleterre.
Et la phrase de Parvati lui revint en mémoire : Quand ton faux maître te trahira, va vers la Lune.
C'était évident. Il n'y avait pas pensé plus tôt, et ça lui semblait dorénavant si clair ! Elle n'avait jamais parlé de l'astre, mais bien de Luna. Parkinson l'avait trahi – l'avait-elle vraiment fait ? Savait-elle que McLaggen était torturé chez elle ? – , et elle avait toujours fait semblant d'être son maître. Elle n'avait jamais eu le pouvoir total sur lui même si elle faisait croire le contraire.
Neville devait suivre Luna.
« J'en suis. »
Ginny les observa tous deux. Colin, à ses côtés, fixait le château. Il annonça :
« Il va falloir y aller. Ce fut un plaisir de t'avoir revu, Neville.
- On se revoit bientôt. Dans deux mois, après tes ASPIC.
- Je compte sur toi pour nous préparer un nid douillet. »
La blague arracha un sourire à Neville. Il serra brièvement Colin dans ses bras, s'approcha ensuite de Ginny.
« J'ai toujours su que ça se finirait comme ça. Tu pars avec Luna. Sans moi.
- Je ne t'abandonne pas, Ginny. Mais là, il faut que tu restes à Poudlard. Tu es en sécurité auprès de Rogue. Je te jure, j'ai vu les autres, j'ai vu ce dont ils sont capables…
- On voit vraiment bien les étoiles, ce soir, coupa légèrement Luna. Maintenant qu'il n'y a plus de Fuseboums…
- Et je ne veux pas que ça t'arrive. Reste à Poudlard tout le temps que tu pourras. »
Il la serra longuement dans ses bras, fort, en espérant qu'elle sentirait qu'il ne voulait pas la laisser mais qu'il n'avait pas le choix. Il sentit la tête de Ginny tressauter contre son torse.
« Ginny… On se revoit dans deux mois.
- Et si j'ai pas de nouvelles ?, demanda-t-elle dans un sanglot.
- Tu sais bien qu'ils se feront une joie de montrer à tous qu'ils m'ont attrapé ! Tu sauras !
- Les gars… Faut y aller, les pressa Colin.
- Il ne m'arrivera rien, promis. Reste auprès de Rogue : c'est le seul qui pourra te protéger. »
Elle paraissait si désemparée. Disparue, la Ginny qui reprenait les commandes de leur petite armée ! Ne restait que la jeune fille à l'esprit brisé, qui rêvait de Celui-qui-l'avait-possédée toutes les nuits et devait travailler à reconstruire son esprit avec un professeur qu'elle détestait pour éviter de s'effondrer à la moindre émotion.
Neville eut le cœur brisé en la relâchant.
« Ne fais pas comme Ron. Donne des nouvelles. » dit-elle dans un reniflement disgracieux.
Bien sûr. Ginny voyait partir tout le monde. Son ex, son frère, Hermione. Dean qui était toujours aux abonnés absents. Michael Corner qui était mort. Luna qui ne s'approchait jamais trop de Poudlard. Et maintenant lui.
« Promis. »
Elle approcha uniquement son visage de lui, se hissa sur la pointe des pieds et tira son visage vers le sien. Et elle l'embrassa furtivement sur les lèvres.
« Salut. »
Colin et elle s'éloignèrent avant que Neville eût repris ses esprits. Ginny l'avait embrassé ?
« Allez, faut y aller. »
Luna le tira par la main. Il la suivit, hagard.
« Ginny n'aurait pas dû t'embrasser. » nota-t-elle.
Ainsi donc, il n'avait pas rêvé.
« Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que Colin est amoureux d'elle. La moindre des choses, c'est de ne pas montrer qu'elle s'intéresse à quelqu'un d'autre. »
Neville ne s'était jamais rendu compte que Luna était attentive à ce genre de choses. Elle paraissait tellement dans la lune, tout le temps…
« Je ne savais pas.
- Il y a un truc entre eux. Crocs l'a senti. »
Ah. C'était pour ça, ce grognement.
« Il peut sentir les sentiments ?
- Les sentiments ?, demanda Luna en enjambant une racine. Non, plutôt l'attirance, les hormones, ce genre de choses. »
Ils avançaient dans la forêt, se fiant uniquement aux loups qui progressaient devant eux. Neville n'avait pas allumé sa baguette, ne voulant pas troubler la luminosité ambiante : il avait compris que la lumière agressait les loups. Les loups vagabondaient et se chamaillaient sur le chemin, se tournant autour pour jouer. Seul Freyr Gris restait serein, marchant au pas. Raksha, sombre et féline, trottait à côté de lui, mais jappait à intervalles réguliers comme pour gronder les louveteaux qui s'ébattaient devant elle. Luna suivait avec aisance ses bêtes. Neville, qui fermait la marche juste derrière elle, pouvait voir ses pieds nus, et pour une fois cela ne lui serra pas le cœur : avril était là, et bien qu'il fît encore froid, c'était une température beaucoup plus acceptable pour se promener à moitié nue.
Il ne savait plus trop quoi penser. La première et unique fille qui l'avait embrassé, c'était Lavande, plus d'un an auparavant, quand ils étaient encore à Poudlard, un soir, après que les Carrow les avaient torturés. Il en gardait un souvenir tendre : il n'avait qu'à peine réagi, troublé et timide, et ne se souvenait plus de ce qu'il avait balbutié après qu'elle l'eut embrassé. Il avait toujours trouvé Lavande très belle et désirable mais n'avait jamais envisagé qu'elle pût ressentir une quelconque attraction sentimentale pour lui. Elle restait un fantasme inaccessible, que seuls des sorciers comme Ron Weasley étaient capables de décrocher. Il avait été surpris de voir son attirance partagée, c'était le cas de le dire.
Par la suite, sa relation avec Lavande s'était plus apparentée à des liens fraternels qu'à autre chose. Il ressentait pour elle une amitié indéfectible et un besoin viscéral de la protéger, même si elle lui avait très bien fait comprendre qu'elle était capable de se gérer et qu'il ne pouvait rien faire. Et du désir, oui. Il ressentait du désir. Mais, depuis qu'elle appartenait aux Malefoy, s'il levait la baguette, même pour l'aider, il tombait sous le joug d'une punition de ses maîtres. Personne n'avait le droit de jeter un sort à Lavande sans risquer des représailles de la part des Malefoy. Or, depuis qu'il était sous la protection de Parkinson, cette situation aurait très vite pu dégénérer. Opposer Malefoy et Parkinson, amis de toujours, pour défendre leurs serviteurs était une très mauvaise idée.
Et il avait toujours ressenti à peu près la même chose pour Ginny. Et voilà qu'elle chamboulait l'équilibre qu'il avait atteint. Il ne pouvait pas imaginer tomber amoureux d'elle. Il avait vécu avec les jumeaux, c'était la sœur de Ron et, merde, l'ex d'Harry ! Elle était intouchable !
« Tu… Tu crois que Ginny est amoureuse de moi ? » murmura-t-il en balbutiant, heureux de savoir que l'obscurité cachait le rougissement qui l'avait pris.
Il se sentait si gêné de poser la question ! Mais il devait savoir. Il se sentait mal à l'aise. Elle ne lui avait rien demandé, aucune question, mais il n'avait jamais envisagé quelque chose avec elle et cela le désarçonnait.
« Je ne pense pas. » répondit Luna.
Pourquoi l'avait-elle embrassé ? Pour un contact masculin ? Neville avait envie de poser des questions, mais Luna était la dernière personne à laquelle il aurait pensé pour lui décrypter les mystères féminins. Il aurait voulu avoir Lavande – ou même Angelina – à ses côtés, prête à lui expliquer le comportement étrange de Ginny.
Lavande n'était pas là, Angelina non plus. Il fallait savoir se contenter de ce qu'il avait sous la main.
« Je comprends pas. Si elle voulait juste vérifier qu'elle plaît, elle aurait pu demander à Colin, non ? Il serait ravi de lui montrer qu'elle est belle.
- Ça ne fonctionne pas comme ça. Le désir féminin ne se commande pas. Même pour mes loups, c'est Raksha qui a choisi Freyr. Elle n'a jamais été intéressée par un autre loup, alors qu'elle vivait dans une meute avant. Ça a beaucoup déstabilisé Crocs quand elle s'est accouplée à Freyr la première fois. »
Il se sentait déboussolé. Il eut soudain un bref rappel de Lavande face à Seamus, la première fois qu'ils s'étaient revus : ils avaient flirté, sans conséquence, mais ça leur avait fait du bien. Ginny venait de lui faire la même chose.
Il ne lui plaisait peut-être pas. Elle avait juste eu besoin de réconfort. Il se sentit bizarrement vexé.
« Je ne comprendrai jamais les filles, conclut amèrement Neville.
- Moi non plus. » répondit Luna avec un petit rire.
Elle avait ri ! Luna avait ri ! Neville sentit une boule de chaleur gonfler son cœur : son amie, qu'il n'avait pas entendue rire depuis un an, avait ri !
Ils arrivèrent quelques instants plus tard au fameux rocher qui servait de lieu de repli à Luna.
« Tu veux bien faire un feu ? Ça attirera les centaures. On pourra les prévenir qu'on part demain. »
Neville obéit. Ils ramassèrent tous deux du bois et bientôt une flamme claire s'éleva entre les arbres.
« Les centaures…
- Seront ravis de voir que je m'en vais. Mais je dois leur dire qu'on libère la place. Notre territoire redeviendra le leur. »
Luna avait vu juste. Quelques instants plus tard, deux grands centaures s'approchèrent d'eux.
« Bonsoir Arduina. » déclara le premier d'une voix grave et profonde.
Ce nom lui disait quelque chose.
« Bonsoir Bane. »
L'autre créature ne dit rien, conservant une attitude hostile. Neville observa en douce le dénommé Bane qui l'ignorait superbement.
« Tu as fait bonne chasse ?
- Les étoiles m'ont donné de retrouver un ami. Nous partons demain.
- Les étoiles vous indiqueront le nord-est. Que ta route soit dégagée, jeune louve. »
Neville comprit, par cette apostrophe, pourquoi Bane ne lui avait pas adressé la parole. Il savait que les centaures avaient toujours méprisé les humains. Mais Luna échappait à la règle, parce qu'elle n'était plus humaine.
« Je te remercie. Puisse la tienne être toujours orientée. »
Le centaure la remercia d'un signe de tête et recula. Il lâcha un hennissement strident. Des cris lui répondirent au loin. Puis, suivi de son congénère, ils quittèrent tous deux la clairière.
« Dormons. Demain, nous aurons un long chemin à parcourir.
- Sais-tu où nous allons ?
- Nord-est, voyons ! »
Neville soupira : ils n'avaient pour destination que les indications bougonnes d'un centaure.
« Bane est un ami d'Hagrid. Je lui fais confiance. »
Hagrid non plus n'était pas humain. Ce fut sur cette idée sombre que Neville réussit à trouver le sommeil : il s'entourait de plus en plus de créatures pour mener la guerre à un homme qui n'en était plus un.
