Chers lecteurs,
Oui. Je sais. J'ai pris du temps. Mes plus plates excuses. Je suis sur une autre fic vacances pour meubler.
Pour rappel/résumé : Neville, en fuite depuis la trahison de Parkinson, et Luna sont planqués au château du Loch chez McGo. Flitwick les a accueillis. Neville a été attaqué par Luna quand elle était loup-garou et depuis elle considère qu'il appartient à sa meute.
Ce chapitre est un chapitre plutôt théorique. Pas de grande avancée dans l'intrigue. Rating K, sans problème.
Portez-vous bien, je vous promets de faire mieux pour poster plus vite, à bientôt,
Al
PS : réponse à Katymyny : j'aime déposer des indices longtemps avant pour mes fics. le problème, c'est que comme je poste lentement, vous avez le temps d'oublier mes indices. donc le truc tombe à l'eau. donc je ne t'en veux pas pour ton amnésie (je survivrai). merci pour ta review ! toujours un grand plaisir de te lire !
« Feel the magic in the air, allez allez allez ! » Magic System
« Je te jure que je vais te battre, cette fois ! »
Neville accéléra. Crocs à ses côtés sprinta aussi. Ils couraient aussi vite qu'ils le pouvaient. Objectivement, Neville savait qu'il ne battrait jamais Crocs. Mais c'était gentil de sa part de le laisser croire ça.
« Putain… » grogna-t-il entre ses dents.
La piste s'arrêtait dans quelques mètres. Il voyait la poterne, au bout du chemin, qui menait à la cour du château. Il accéléra encore plus, sentant ses muscles le brûler. Crocs allongea sa foulée à côté de lui.
Il avait pris l'habitude d'aller courir tous les matins. Ça le purgeait. Et, finalement, après tous ces jours à vivre dans la nature, ça lui faisait du bien de commencer sa journée par un long footing.
Crocs l'accompagnait parfois ; Raksha, toujours reconnaissante envers lui, pouvait se joindre à eux et essayer de ralentir son louveteau pour faire gagner Neville.
Ce jour-là, elle n'était pas là.
Et Crocs le doubla d'une détente légère.
« Bravo, t'as gagné…, reconnut Neville en reprenant son souffle devant la poterne. Attends deux secondes… »
Il se calma, commença à s'étirer doucement en faisant attention à ne pas trébucher sur Crocs qui sautillait autour de lui. Il prit ensuite la gamelle qui était cachée sous un banc de pierre près de l'entrée et sa baguette. Un Aguamenti plus tard, Crocs se désaltérait à grand renfort de bruits de langue.
« Glouton. »
Neville remplit la gourde qu'il avait pris l'habitude de planquer à côté de la gamelle et avala lui aussi, plus dignement, quelques rasades pour se rafraîchir.
Le soleil de mai était agréable sur ses épaules. Il se sentait bien mieux que lorsqu'il était arrivé, un mois plus tôt. Il avait repris des forces et Luna avec lui. Il avait lu les nouvelles du monde qui lui manquaient et avait planté dans un coin du parc les graines qui poussaient à cette saison, espérant que les loups et les oiseaux n'allaient pas abîmer ses parterres tout neufs. Il s'était remplumé, discutait souvent avec Flitwick et passait de longs moments tranquille, dans la bibliothèque de McGonagall, à feuilleter de vieux herbiers.
Il savait que ces moments de calme n'allaient pas pouvoir durer éternellement. Il allait falloir reprendre la lutte, tôt ou tard. Contacter les Loups d'Odin. Leur faire savoir qu'il était en vie. Renouer avec ses amis outre-Manche. Agir, de nouveau. Mais pour l'instant, il profitait de ce répit inattendu. Il était en sécurité, protégé par le Secret, et c'était si tentant d'ignorer que le monde continuait de tourner sans lui !
« Allez, on va arroser nos plantes et on rentre. »
Crocs, bonne pâte, le suivit jusqu'à ses parterres.
« Reconnais que j'ai bien couru, aujourd'hui. Je pense que j'ai fait un meilleur score. Un jour, je te battrai. »
Neville avait gardé quelques habitudes de son mois passé avec la meute de Luna. Parler aux loups en était une.
Il avait aussi remarqué que les bêtes étaient moins agressives quand il leur parlait régulièrement. Et Neville voulait conserver le lien amical qu'il avait réussi à créer avec elles. Hors de question de recommencer à se faire grogner dessus pour un oui ou pour un non.
« Oh merde ! »
Des corbeaux attaquaient ses parterres. Neville se remit à courir pour les faire fuir. Il aurait dû accepter la proposition de Luna de faire un épouvantail ! Crocs le dépassa, ravi de se lancer dans une nouvelle course, et se jeta sur les corbeaux. Les oiseaux s'envolèrent dans un grand froufrou.
« Dégagez, sales bêtes ! » leur lança Neville en faisant de grands gestes des bras.
Crocs sauta et coinça l'aile d'un volatile entre ses crocs. Neville s'agenouilla pour observer ses sillons et respira : les corbeaux n'avaient pas eu le temps de manger trop de graines ni de jeunes pousses.
Il se releva et se tourna vers Crocs :
« Lâche-le. Il a eu suffisamment peur pour ne plus revenir. »
Crocs parut refuser puis il ouvrit grand la gueule pour que l'oiseau pût s'échapper. Le volatile s'éloigna en boitillant, puis s'effondra sur le sol deux sauts plus tard. Il se releva sur une patte, recommença à sautiller puis tomba de nouveau face contre terre.
Neville se baissa vers lui et avança doucement la main. Le corbeau le regarda faire de ses gros yeux noirs et claqua deux fois du bec, comme pour le mettre en garde. Neville ne s'en émut pas et saisit l'animal sous le ventre.
« J'ai l'impression que Crocs t'a blessé, j'ai pas raison ? »
Une des pattes du corbeau était tordue. Neville caressa ses plumes, évita le coup de bec que lui donna l'oiseau et observa minutieusement son aile droite.
« Patte abîmée et aile cassée. Je ne peux décemment pas te laisser là, Freyr te boufferait. »
Et très franchement, il adorait Freyr Gris, vraiment, mais il ne voulait pas l'imaginer manger quoi que ce soit. Il l'avait déjà vu et c'était fort peu ragoûtant.
« Arrête de pincer. »
L'oiseau sembla comprendre ce que lui demandait Neville puisqu'il cessa de donner des coups de bec et de le claquer. Neville le coinça contre son torse pour être libre de ses mouvements pour arroser son potager, puis il repartit d'un pas tranquille, suivi par Crocs qui laissait sa queue balayer joyeusement le sol.
« Désolé mon vieux, mais ce corbeau, interdit de le toucher. »
Crocs gronda, ce que Neville prit comme un assentiment.
Ils parvinrent quelques instants plus tard à la poterne du château du Loch. Neville monta à sa chambre tandis que Crocs se précipitait dans les écuries transformées en salles d'expérimentation – Luna devait s'entraîner à faire de la magie sans baguette.
Une fois dans sa chambre, Neville posa le corbeau sur sa tête de lit.
« Je me douche et je m'occupe de toi après, d'accord ? »
Il jeta quelques graines sur le couvre-lit et quitta la chambre. Quand il revint, propre et dispos, le corbeau blessé grignotait les graines avec contentement. Un autre oiseau, une corneille, lui tenait compagnie.
« Purée mais j'ai la poisse, moi ? »
La corneille paraissait calme. Neville alla à sa commode, en sortit son pot de baume magique du Docteur Jivago et en mit une noisette sur ses doigts. Il s'approcha ensuite du corbeau blessé, ignora l'autre oiseau qui piailla en guise d'avertissement et appliqua sur la patte tordue un peu du baume. Le corbeau croassa brièvement.
« Désolé, ça va pas te plaire. »
Neville saisit l'aile tordue et la craqua de nouveau, pour réaligner les os. Le corbeau lâcha un cri puissant et pinça fortement Neville.
« Aïe ! »
La corneille voleta dans la chambre en croassant, ce qui énerva fortement Neville.
« Hé, c'est pas ma faute si ça fait mal, ok ? »
Il mit une dose de pommade sur l'aile et reposa ensuite le corbeau sur sa tête de lit : l'oiseau ne pourrait pas voler pendant un petit bout de temps – et Neville craignait qu'il ne pût plus voler du tout. Mettant cette pensée de côté, il jeta de nouveau quelques graines sur le couvre-lit, espérant vraiment ne pas y trouver des fientes à son retour.
« Je descends. Je te relâcherai ce soir. »
Il ouvrit la fenêtre pour laisser la possibilité à la corneille de s'en aller si elle le désirait. Il savait depuis les cours de soins aux créatures magiques que les animaux faisaient ce qu'ils voulaient ; avec les loups, il avait appris à respecter ces choix.
Il redescendit d'un étage et rejoignit Flitwick dans la bibliothèque. Celui-ci étudiait les potentialités de la magie lupine. Quand Neville lui avait expliqué pourquoi Celui-dont-le-nom-est-tu avait besoin de lycanthropes dans la meute de Greyback et qu'il fallait trouver quelque chose pour que Luna – et potentiellement Bill Weasley – n'appartînt plus à la meute de Greyback, l'ancien professeur de sortilèges s'était jeté dans les livres.
« Ah ! Londubat, vous êtes en retard.
- Je suis désolé, Professeur, j'ai dû m'occuper d'un corbeau blessé par Crocs. »
Flitwick lui jeta un coup d'œil par dessus la bordure de son livre. Il se trouvait à la table du fond, celle qui était la plus éclairée, car la plus proche d'une fenêtre. Il était assis sur une pile de vieilles Gazettes et de livres poussiéreux pour être à la hauteur du plan de travail.
« Vous vous êtes occupé d'un corbeau ?
- Oui, répondit Neville en s'approchant de son propre plan de travail, où trônaient des livres sur les planètes et la lune. Il était en train de manger les graines que j'ai plantées il y a deux jours et Crocs l'a attaqué.
- Vous avez vraiment un potentiel extraordinaire, mon garçon. » répliqua Flitwick, pensif.
Il retourna à sa lecture. Neville s'installa devant ses parchemins couverts de notes, alluma sa chandelle d'un coup de baguette pour y voir plus clair et se remit au travail de la veille.
L'ouvrage vieilli qu'il étudiait était écrit dans un jargon d'universitaire. Il paraissait ne pas avoir été ouvert depuis des lustres. Les lettres jadis dorées du titre s'effaçaient mais avaient quand même accroché l'attention de Neville quand il avait parcouru les rayonnages en hauteur de la bibliothèque de McGonagall : Magies et plantes élémentaires à la nouvelle lune. Il n'était pas sûr d'y trouver des éléments intéressants pour Luna mais quasi certain de trouver des choses qui l'intéresseraient, lui.
Un long moment passa. Ils avaient pris l'habitude de travailler ensemble : parfois une note en forme d'avion en papier atterrissait sur le bureau de Neville, envoyée par Flitwick, lui indiquant une référence intrigante. D'autres fois, Neville posait une question à son ancien professeur et il y répondait au bout de cinq minutes, ayant parfois besoin de temps pour aller farfouiller dans ses livres.
Neville n'avait jamais connu cette camaraderie de lecture. À Poudlard, il passait peu de temps à la bibliothèque, préférant passer son temps libre dans les serres de Chourave. Quand il révisait, c'était en salle commune. Jamais à la bibliothèque : il avait toujours considéré que seuls des élèves comme Hermione Granger étaient autorisés à y travailler.
Toutes leurs journées se passaient sur ce modèle : Neville allait courir avec les loups le matin, puis trimait sur ses ouvrages ; l'après-midi, Flitwick lui faisait bosser ses sortilèges. Il terminait sa journée en s'occupant de ses plantes.
C'était si bien rôdé, si rassurant, que la tentation était grande de faire comme si le monde extérieur n'existait plus et qu'il n'y avait pas de guerre en périphérie du château du Loch.
« Professeur…
- Oui ?
- J'ai trouvé quelque chose. »
Flitwick se leva et s'approcha de lui. Ça leur arrivait de temps à autre de se montrer l'un à l'autre des extraits de ce qu'ils lisaient.
« L'auteur indique ici que les plantes présentent à la pleine lune des capacités magiques minimes, parce que toute l'énergie terrestre est aspirée par les autres créatures, notamment les loups-garous. Les loups-garous utiliseraient pendant leur transformation la même magie que les plantes. Il faut donc couper certaines plantes quand elles sont moins agressives, à la pleine lune.
- Les loups-garous dépendraient de la magie terrestre ? Intéressant. »
Flitwick se pencha sur l'ouvrage, son nez crochu se recourbant en touchant les pages. Il lut à toute vitesse, tourna frénétiquement les pages et commença à pousser des petits cris de ravissement.
« Ah ! Londubat ! C'est incroyable ! C'est fou. Oh ! Mais oui bien sûr ! »
Neville le laissa faire, clairement amusé. Flitwick continua :
« Figurez-vous que je n'y aurais jamais pensé, mais en lisant ça, ça semble tellement évident ! Pourquoi n'y ai-je jamais pensé ? Minerva sera ravie de l'apprendre. C'est fou !
- Vous vous répétez, Professeur… »
Flitwick se redressa :
« Londubat, nous avons fait une grande avancée aujourd'hui. Et elle mérite un thé. Venez, je vais vous expliquer. »
Il l'entraîna vers leur cheminée et claqua des doigts. Winky apparut :
« Winky, peux-tu nous apporter un thé, s'il te plaît ? »
L'elfe disparut et réapparut en un temps record, portant un plateau sur lequel une théière oscillait. En sentant la douce chaleur se répandre de la tasse à ses doigts, Neville se rendit compte qu'il était assoiffé et que Flitwick avait pensé exactement à ce qu'il lui fallait. Ils burent chacun une gorgée – Neville apprécia que, contrairement à Cupofty, Winky ne fît pas trop infuser son thé noir – et au bout de quelques instants, Flitwick reprit, frétillant dans son fauteuil, ses pieds ne touchant pas le sol.
« La magie ne sort pas de nulle part. Chaque aspect de la magie, transformation, création, lévitation et destruction, provient d'un des éléments qui composent le monde : terre, eau, air, feu. Chaque sorcier est plus à l'aise avec un aspect de la magie en particulier, même s'il est capable d'utiliser les quatre aspects grâce à sa baguette – la baguette sert de canal aux autres magies que la sienne propre, c'est pour ça que vous ne pouvez pas utiliser n'importe quelle baguette. Mais naturellement, une certaine magie va plus vous attirer. »
Il but une autre gorgée et Neville l'imita. Il n'y comprenait rien mais savait que les explications allaient venir.
« Pour ceux qui utilisent plus facilement la magie de feu, ils sont plus aptes à la métamorphose : le feu transforme sans retour en arrière possible. Pour ceux qui sont sensibles à la magie de terre, c'est vers la botanique et les créatures magiques qu'ils seront appelés, parce que c'est la magie de production, de fécondation, de création. »
L'idée commençait à faire son chemin.
« Pour ceux qui utilisent la magie de l'air, ce sera donc les sortilèges ?
- Exactement ! Une magie qui ne transforme jamais ce qu'elle touche. Sortilèges et divination. »
Ça correspondait aux maisons de Poudlard, cette histoire.
« Est-ce que nous sommes répartis en fonction de nos magies à Poudlard ?
- Je vois que vous comprenez vite, répondit malicieusement Flitwick. Le Choixpeau ne lit pas dans les têtes vos caractères, il lit votre magie élémentaire. La plupart des Mangemorts sont d'anciens Serpentard, parce que l'idéologie de Vous-savez-qui est beaucoup plus apte à s'adresser à eux. Ils utilisent la magie de l'eau, la magie de destruction et d'anéantissement.
- Ce n'est donc pas une question de caractère ?
- Disons que la magie façonne le caractère. Le feu transforme, la terre produit, l'eau détruit, l'air déplace. Quand vous regardez les caractères que ça forge, vous avez des Gryffondor explosifs qui ne font rien à moitié et qui sont les plus actifs et les plus radicaux de tous nos élèves, des Serdaigle qui restent dans leurs pensées et leurs savoirs abstraits mais n'agissent pas ou très peu, des Poufsouffle qui sont joyeux et créatifs mais qui sont quasi incapables de détruire quelque chose et des Serpentard qui sont insidieux et rusés comme l'eau qui s'infiltre partout. »
Il se resservit.
« Quand vous êtes une créature, vous ne correspondez pas à ces critères car vous ne pouvez pas utiliser de baguette : votre magie s'exprime différemment dès le départ. Un gobelin utilise la magie de l'air : il manipule la matière sans la transformer. Vous avez travaillé pour eux, vous le savez : les métaux des objets gobelins sont purs, jamais d'alliage. C'est ce qui agrandit leur puissance magique.
- Je suppose que les êtres de l'eau utilisent la magie de l'eau.
- Et les dragons la magie de feu.
- Bien sûr. Et les loups-garous ? »
Les yeux de Flitwick pétillèrent :
« C'est là que cela devient intéressant. Selon ce livre, les loups-garous changent de magie quand ils sont mordus. Ils touchent à la magie de terre parce que ce sont des créatures des bois et des planètes. Fenrir Greyback était Poufsouffle : quand il a été mordu, ça n'a dû que faire renforcer son côté terrestre. Quand Miss Lovegood a été mordue, alors qu'elle préférait la magie de l'air, son mode magique a changé. Elle est maintenant plus à l'aise avec la magie de terre du fait de sa morsure. »
Mordre quelqu'un était donc bien de la magie noire, comme Neville l'avait toujours pensé : si cela touchait à la magie d'une personne, c'était pas bon.
« La magie se transmet par le sang, du coup ? Et la magie de quelqu'un changerait s'il est mordu par un loup-garou puisqu'il y a transfert sanguin…
- Oui. C'est pour cela que les grandes familles sangs-purs vont toujours dans la même maison : ils se transmettent le même mode magique de père en fils. Tous les Weasley sont allés à Gryffondor, les Black et les Malefoy à Serpentard, les Abbot à Poufsouffle. Être accepté dans la maison familiale, c'est une preuve que vous utilisez le même mode magique. Parfois, il y a quelques dysfonctionnements : par exemple, Sirius Black est allé à Gryffondor. Mais la plupart du temps, vous allez dans la même maison que vos parents. »
Toute cette histoire expliquait aussi pourquoi, dans les milieux sangs-purs, il était si important de rester dans la même maison : on s'éloignait de sa famille si on échouait dans la mauvaise maison. Être considéré comme un bâtard parce qu'on aurait récupéré du sang d'un autre mode magique ne devait pas aider à la bonne compagnie aux dîners de famille.
« Il y a aussi d'autres dysfonctionnements. Parfois, certaines personnes présentent une habilité à deux modes magiques égale. On les appelle les Choixpeauflou : le Choixpeau hésite. Il ne sait pas dans quelle maison les envoyer. Albus était de ceux-là, il a failli terminer à Serdaigle, et finalement le Choixpeau l'a envoyé à Gryffondor. Je suppose que pour votre amie Hermione Granger, il s'est passé la même chose. Et maintenant, je me pose des questions pour vous. »
Le regard de Flitwick se fit pénétrant et Neville se trémoussa, soudain mal à l'aise. Il sentit qu'il n'allait pas apprécier ce qui allait suivre.
« Je pense que votre habilité en botanique, avec les loups de Miss Lovegood et avec les créatures magiques est due au fait que, vous aussi, vous êtes Choixpeauflou, Londubat. Je pense que vous auriez pu terminer à Poufsouffle. Ça expliquerait aussi que Miss Lovegood vous ait adopté aussi vite dans sa meute.
- Elle m'a marqué ! Je porte son odeur !
- Elle vous a reconnu, parce que votre magie est sur le même mode que la sienne. En tout cas, c'est ma nouvelle hypothèse. Si la magie des lycanthropes est bien liée à la terre, et non pas à la lune, alors elle a reconnu en vous un congénère. »
La voix flûtée de Flitwick lui paraissait énoncer des concepts absurdes. Et pourtant, il s'était toujours demandé s'il n'aurait pas dû terminer à Poufsouffle, tant il était différent des autres Gryffondor. Il se sentait parfois si impuissant par rapport à Harry et Ron, si nul par rapport à Seamus. La situation s'était un peu arrangée quand il avait changé de baguette : celle de son père avait été cassée au Département des Mystères et il en avait acheté une nouvelle. Et cela prenait un nouvel éclairage : si la baguette de son père, Gryffondor, était destinée à de la magie de feu, alors il était beaucoup plus compréhensible qu'elle n'ait pas convenu à quelqu'un qui maniait la magie de terre et de feu.
« Donc je suis… sur deux modes magiques différents ?
- Ce qui est plutôt rare. On en compte peu. Bizarrement, votre génération en a fourni, je pense, au moins deux, je pense : Miss Granger, vu ses aptitude en sortilèges et son aisance avec la magie de transformation, et, du coup, vous. Albus pensait en avoir dégotté un troisième, mais il ne m'a jamais dit qui. Sûrement un Né-moldu, comme Miss Granger : souvent, les lignées sangs-purs ont un mode magique familial héréditaire et ne transmettent qu'une seule forme de magie. »
Vraiment, ça faisait beaucoup d'informations alors qu'il n'avait mangé qu'une pomme pour son petit déjeuner. Tout à son estomac, Neville prit quelques secondes avant de se rendre compte que Flitwick était toujours en train de parler.
« C'est vraiment bien, se réjouissait-il. Je commençais justement à trouver nos exercices de sortilèges répétitifs ! On va travailler la magie de terre, ça va être intéressant ! J'ai toujours aimé ce mode magique, je suis si content de l'expérimenter ! Et comme ça, Miss Lovegood pourra participer ! Si ça se trouve, ses loups seront plus réceptifs à une magie qui leur correspond. »
Neville reconnaissait bien là l'esprit scientifique de son professeur, à vouloir expérimenter ses connaissances, en bon Serdaigle. Et son enthousiasme faisait plaisir à voir. Néanmoins, il n'avait pas vraiment envie de se faire harceler par d'autres exercices.
« Professeur…
- Londubat, nous allons bien nous amuser ! »
