Bonjour ici :)

Et le voilà, le chapitre 14

Je n'ai rien de particulier à dire, à part que vous êtes toujours plus nombreux et que ça fait franchement plaisir :D

Sur ce !

Bonne lecture !

Un grand merci à Andr Le Ntr, mais aussi à LilieMoonlightchild et à Sugarfree pour leurs reviews. Sans vos retour cette fiction ne serait probablement pas la même, alors merci d'être toujours là :)

Chapitre 14

Le reste de sa semaine de repos passa comme une vague de brouillard. Otsu avait peur de sortir, peur d'être arrêtée pour les meurtres, peur de voir la milice débarquer à l'Oeillet avec cris et fracas.

Mais rien ne se passa.

La jeune femme avait déjà blessé par le passé, et même avant l'entraînement militaire. Et des morts, elle en avait vu. Sauf qu'ils n'étaient pas morts de ses mains.

La culpabilité l'avait étouffé au début, et Otsu se sentait prête à assumer ses crimes, elle le voulait même, elle était prête à se laissait passer les menottes, si seulement ça n'aurait pas mis en danger les filles de l'Oeillet.

Mais personne ne vint.

La culpabilité disparût, et l'anxiété d'Otsu s'approcha, d'abord à pas de velours, puis s'accrocha à ses épaules, comme une amie chère. Une amie possessive qui l'éloignait de ses sœurs, l'empêchait de manger, l'empêchait de dormir, l'empêchait de penser.

La jeune femme comprit alors deux choses.

Premièrement, toutes les filles de l'Oeillet étaient passés par là. Et chacune avait trouvé comment ne pas sombrer. Peut-être qu'aucune n'était responsables de d'entative d'empoisonnement, de chantages ou de meurtres, mais le résultat était le même. Travailler à l'Oeillet était un cauchemar, et ce cauchemar vous suivait au réveil, pesait sur votre dos de tout son poids et vous changeait en monstre.

Otsu s'était vu offrir une branche de salut, qu'elle n'avait plus qu'à saisir.

Et deuxièmement, elle allait arrêter de réfléchir, et faire seulement ce que l'on attendait d'elle. Plus tard, Otsu penserait ses plaies, réparerait ce qu'il y avait à réparer et assumerait toutes ses erreurs. Mais pour l'instant, elle allait enfouir tout ça profondément, et se contenter d'être une serveuse, une prostituée et une espionne.

Fini, de s'apitoyer sur elle même. Fini, d'avoir des regrets. Otsu allait simplement avancer un pas après l'autre, sur ce chemin tracé pour elle, mais pas par elle.

Et elle allait survivre.


Imperturbable, les traits résolus et les poings serrés, Otsu, parée de son plus beau kimono, reprit sa place à l'Etage Privé.

Dame Yukari, invisible aux filles, finissait d'arranger le salon avant l'arrivée des premiers clients. On l'entendait aller et venir en maugréant dans les alcôves.

« Tu vas bien Otsu ? S'enquit Fuyu dans un faible murmure.

- Oh, oui, pourquoi ?

- Je ne sais pas... Tu as l'air... Différente ?

- Tout vas bien. Mais dis donc Fuyu, tu es sensée avoir les yeux baissés, comment sais-tu de quoi j'ai l'air ?

- C'est encore un de ses talents cachés ça.

- Mesdemoiselles, dois-je amputer vos salaires pour que vous cessiez vos bavardages ? »

Aussitôt, à l'unisson, les dos des filles se redressèrent et leurs têtes, sans concertation, fixèrent résolument le sol, cachant leurs sourires.

« Bien, que je n'ai pas à vous le rappeler. Ou aucune de vous ne sera payé pour son travail de ce soir. Otsu, je suis ravie de te revoir, j'espère que tu as bien profité de ton congés, tu n'en auras pas d'autres tout de suite. Beaucoup de clients veulent passer une vraie soirée en ta compagnie. Tu te doutes qu'ils veulent surtout partager un lien avec ton... Client particulier. Assure toi qu'ils ne soient pas déçus, et surtout, qu'ils viennent plus souvent. »

La vieille femme s'arrêta sur le palier et attrapa son calepin.

« Le médecin vient demain pour vérifier que tout va bien mesdemoiselles. Otsu, tu iras le voir toi aussi, maintenant que tu as officiellement des rapports avec les clients. Keiko, tu peux attendre dans la première alcôve, l'un de tes protecteurs te veut pour lui toute la soirée. Sache qu'il sera accompagné. Hono, ta rouquine revient ce soir, elle a beaucoup apprécié ta lecture de poèmes. A toi de t'en faire une régulière. Fuyu, tu n'as pas de réservations pour le début de la soirée, alors si tu le peux, reste avec Otsu, tu l'aideras. Après, tu seras avec Dévot et ses amis. »

Dame Yukari reprit son souffle, relut une dernière fois ses notes pour s'assurer qu'elle n'avait rien oublié, et releva la tête en souriant.

« C'est tout. Je compte sur vous Mesdemoiselles. »

En se retournant, la vieille femme s'enthousiasma, tout en grommelant, de tous ces nouveaux clients qui arrivaient dans le sillage du caporal. A cette allure, il leur faudrait bientôt une nouvelle fille, murmura-t-elle distinctement.

« Alors, minauda Otsu, combien de temps allez vous tenir ? Si vous arrivez à les garder jusqu'à ce qu'ils fondent, je répondrai au moindre de vos caprices.

- Haha, mais je paye déjà pour ça ma chère ! Non non, si je gagne, je vous ramène chez moi ! »

Otsu répondit par un rire. Dans sa main, une poignée de glaçons. Elle les suça du bout des lèvres et, lentement, les fit glisser sur la peau du brun bedonnant en face d'elle. Señor, qu'il se faisait appeler. Et si, en effet, à son arrivée il avait quelque chose de régalien, le vin en avait tout fait disparaître. Et les glaçon qui s'infiltraient maintenant sous son col le firent trembler, pouffer et gesticuler. Otsu les lâcha dans son dos, et observa l'homme se débattre avec ses propres réflexes et limites. Jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et retire sa veste et sa chemise pour en faire tomber les cruels glaçons, pas encore tout à fait fondu.

« Haaa, je crois que je n'ai pas encore assez bu pour ce jeu belle Otsu. Resservez moi donc ma chère, et dites moi mon gage ! Un baiser peut-être ? Tenta-t-il en approchant sa face rougeaude d'une Otsu rieuse qui le repoussa gentiment.

- Mais mon ami, j'y ai déjà eu droit toute la soirée, ça n'est pas du jeu ! Non non, je veux quelque chose de plus... Intime. Je sais ! pour vous faire oublier cette défaite, racontez moi donc votre plus grande fierté.

- Haaa, mais avec plaisir... Voyons... C'est qu'il y en a tant ! Je suppose que je devrai vous répondre « mes enfants » ?

- Hahaha, nooon, je veux une vraie réponse, renvoya Otsu en se rapprochant de son client, un petit sourire malicieux aux lèvres.

- Vous m'avez eu ! Haha, vous m'avez eu ! Et bien, sachez que je suis très fier des terres familiales. Nous avons un élevage bovin particulièrement réputé, et nos vignes produisent le meilleur vin de la capitale ! Figurez vous que le Roi lui même en bois ! »

Otsu afficha un air impressionné, exigeant à son client, dans un rire, de pouvoir y goûter un jour. Elle se garda bien d'ajouter qu'il n'était pas le premier à se vanter de fournir le roi. Soit sa seigneurie était un gourmet – ou un ivrogne – soit, ces petits propriétaires prenaient leurs souhaits pour la réalité.

« Haha, promis ma chère, je vous en offrirai une bouteille ! Hmm, c'est difficile cette question, je m'énorgueillis aussi de ma chance au jeu, je gagne très souvent aux paris, surtout les tournois... Oh, et ma collection d'art ma douce, si un jour je peux vous la montrer, vous n'en reviendrez pas ! Je me suis spécialisé dans les statues, je crois bien que mon jardin est l'un des plus beau de la capitale...Par ailleurs, j'ai entendu que votre patron avait remporté cinq peintures très... équivoques ! Puis-je compter sur vous pour me les montrer un soir ?

- Bien sûr très cher. Elles seront accrochées dans les alcôves quand leurs cadres seront finis. Un soir, vous et moi irons les admirer.

- C'est une promesse j'espère.

- C'en est une mon ami. Mais dites moi, je ne vous avais demandé qu'une seule fierté, vous avez largement dépassé votre quota ! Allez, dites moi votre plus grande honte, pour contrebalancer ! Juré, je ne me moquerai pas !

- Ma plus grande honte ? Alors là je réponds sans hésiter, mes enfants ! »

Un grand éclat de rire répondit à Señor.

« Allons allons, vous ne pouvez pas dire des choses ça comme tout de même !

- Hm, c'est vrai, mes enfants ne sont pas si terribles, je n'ai pas à me plaindre d'eux... Tous vos clients ne peuvent pas en dire autant !

- Tiens, des ragots ? Dites m'en plus !

- Vous êtes incroyable ma chère. Approchez votre oreille que cela reste entre nous. Vous avez un client très âgé ici, je pense au plus vieux, toujours accompagné de son fils. Dites moi ce qui pousserait un jeune homme bien né et bien fait à escorter son père dans ses... Rendez vous galant ?

- Oh. Je l'ignore. L'amour filial je présume ?

- Les dettes, très chère, les dettes. Le fils doit beaucoup au père, tellement que l'or ne suffira jamais. Alors il le sert fidèlement. »

- Señor s'écarta et quitta son air de conspirateur. Otsu ne pourrait en apprendre plus.

« Mes enfants n'ont jamais rien fait dont je puisse me sentir offensé. Rien qui puisse leur nuire, à eux ou à notre nom. Je suis fier d'eux, vraiment. Ma plus grande honte alors ? Haha, je peux bien vous le dire, puisque l'on parle de dettes, j'ai bien failli ruiner notre famille, il y a très longtemps, à cause de plusieurs paris mal placés... Depuis, j'ai heureusement appris à ne plus prendre de risque, et à ne jouer que ce que je peux perdre !

- Sur quoi pariez vous ?

- Les tournois. Des tournois de lutte, très en vogue, surtout quand on est jeune. C'était mes tout premiers, et j'étais vraiment naïf. Et vous alors, un petit secret honteux à raconter ? »

D'abord, le sourire d'Otsu s'élargit. Mais quand les images dans sa tête se teintèrent de sang, ses lèvres tressautèrent, se figèrent dans une grimace. Cela ne dura qu'une seconde, si peu que Señor ne sembla pas s'en apercevoir et la jeune femme retrouva son air joyeux. Mais derrière ses rétines, la vision de la ruelle, d'Arbeit et du sang sur ses mains ne s'effacèrent pas si rapidement.

Enfouis Otsu. Enfouis.

« Oh, je ne saurai en choisir un ! Mais comme vous devez le savoir, j'ai eu un accident de vin rouge un soir, c'était très gênant !

- Haaa oui, j'en ai entendu parler. Mais n'ayez honte de rien ma chère, ce n'était pas votre faute. Un geste malheureux, on peut dire que ça arrive à tout le monde. Bien, il est temps pour moi de vous laisser charmante Otsu, je vous remercie pour cette exquise soirée. Je compte bien vous revoir bientôt et prendre ma revanche sur vos glaçons ! »

Otsu laissa son client partir sur un baisemain et un sourire chaleureux. Quand il eut le dos tourné, ses épaules s'affaissèrent et elle se massa la mâchoire. Elle était enfin seule, pour la première fois de la soirée. Dame Yukari débarrassa sa table tout en l'encourageant à persévérer dans ses efforts. Elle était très fière d'elle, disait la vieille, elle allait probablement décrocher de nouveaux clients réguliers à ce rythme. Faut dire que deux, ce n'est pas assez, surtout quand l'un ne vient plus, et même si l'autre est le plus grand soldat de l'humanité, il était temps qu'elle s'en fasse de nouveau. La jeune femme acquiesça, assura qu'elle ne lésinerait pas pour atteindre le même succès que ses sœurs.

« Je crois que Hono peut se vanter de sa nouvelle cliente elle aussi, ajouta Dame Yukari en se rapprochant d'Otsu."

Discrètement, elle lui désigna sa table.

"Regarde comme elle boit ses paroles. Elle, elle va venir me voir à la fin de la soirée pour la prendre en favorite. »

Otsu suivit son regard et fronça les sourcils. Ces cheveux roux ne lui étaient pas inconnus. Cette coifure... Ces lunettes...

Oh... La soldate qui avait soigné Smith.

Hansi.


Et voilà, un chapitre assez court mais qui annonce du changement

Et le retour d'Hansi. Ici je l'ai genrée au féminin, mais ça ne sera pas toujours le cas. Je ferai un peu au feeling je pense.

J'espère que ça vous a plût.

A bientôt pour la suite !