Et comme quoi, on pense être à court d'énergie ou d'inspiration, et hop, un chapitre qui s'écrit tout seul !
Je suis super contente de suivre à nouveau les aventures des filles de l'Oeillet
Pas de petit caporal dans ce chapitre, et j'en suis déçue moi aussi, mais les choses évoluent tout de même pour Otsu en attendant le retour du bataillon
Bonne lecture !
Un grand merci à Maye076 pour son commentaire ! Moi aussi j'ai hâte de voir le rapprochement entre Otsu et Livaï ^^
Chapitre 16
« Vous n'êtes pas d'accord avec moi ? »
Dans la tête d'Otsu, des mains invisibles saisirent la question de Fisherman et s'y agrippèrent, ramenant l'attention de la jeune femme sur son client comme on se hisse sur une corde pour échapper à une chute vertigineuse. Vertigineuse et mortelle.
« Excusez moi mon ami, bien sûr que je suis d'accord avec vous. »
D'accord, très bien, elle ignorait seulement de quoi il s'agissait.
« Je suis désolé, ma conversation vous ennuie sûrement, vous sembliez un peu ailleurs... »
Ca c'était vrai, mais cela n'avait rien à voir avec Fisherman. En réalité, cela faisait un moment qu'Otsu n'écoutait plus un traître mot de ce qu'il disait. Charmant et sympathique, parfois amusant, mais pas toujours très intéressant ce garçon. Il était encore possible de se rattraper pourtant.
« Je vous avoue avoir un peu perdu le fil. J'étais... J'étais en train de vous observer... »
Et elle baissa la tête en portant une main à ses lèvres. Quand elle redressa le museau, elle trouva Fisherman bouche bée, une légère rougeur sur les joues, son verre de vin suspendu à mi-chemin. Mince. Otsu l'avait cassé.
« Pardonnez mon indélicatesse mon ami.
- Oh non, non non... Enfin... Je suis... Je suis très flatté mademoiselle Otsu. Vous êtes vous même une femme charmante et je ne me lasse pas de votre compagnie. »
La catin posa une main sur le bras du client en lui offrant son sourire le plus sincère.
« Nous sommes deux dans ce cas. »
Le sourire de Fisherman avait le mérite d'être rayonnant, et certainement plus vrai que tous ceux qu'elle pouvait distribuer aux grès de ses besoins.
Otsu relança la conversation et se força à rester attentive. Ces absences lui arrivaient de plus en plus souvent, probablement causées par une fatigue saisonnière. Et la soirée ne faisait que commencer.
Elle écouta Fisherman raconter ses mésaventures de jeunesse avec son groupe d'amis, ceux là même qui, de l'autre côté du salon, encourageaient une Emi pieds nus juchée sur leur table. Elle devait danser tout en évitant les verres qu'ils mettaient sur son chemin. Et pour en mettre toujours plus, ils devaient payer davantage de consommation. Dame Yukari serait bien contente à la fin de la soirée. Fisherman était probablement le plus sage de cette joyeuse compagnie, et Otsu appréciait son calme débit de parole et sa voix douce. Il lui parla longuement des terres agricoles qui allaient avec son nom et ses titres, et comme il aimait à s'y promener tous les weekends avec sa famille.
« J'aimerai beaucoup vous y emmener un jour ma chère. Nous pourrions partir tôt le matin, avec un pique-nique, et nous asseoir dans l'herbe, près des champs de coquelicots. Aimez vous ces fleurs ?
- Je les adore ! Ce rouge si intense est un ravissement pour les yeux. Ce sont, je crois, mes fleurs favorites. »
Otsu mentait, bien sûr. Elle aimait les coquelicots, mais pas à ce point. Mais si cela faisait plaisir à Fisherman, elle pouvait bien se décider à les adorer.
« Votre proposition est si tentante mon ami ! Si je pouvais vous dire oui, je vous sauterai au coup et vous embrasserai cher Fisherman, mais malheureusement nous n'avons pas le droit de voir nos amis en dehors de l'Oeillet, soupira la jeune femme, l'air déçu.
- Je le sais bien, je le sais bien... Depuis la fuite de l'une de vos sœurs... Fisherman fixa son verre, les lèvres pincées.
- Comme vous êtes bien informés ! »
Otsu elle même l'ignorait. Elle ne s'était jamais posé la question. Mais après la fugue de Yumi, il n'était que logique que les patrons aient interdits aux filles de se rendre chez leurs clients. Ils auraient même probablement aimé interdire toute sortie définitivement, mais c'aurait été les priver du peu de liberté qu'elles avaient encore. Avec pour seule conséquence une petite révolution et leurs départs du Salon de thé. Les filles ne devaient pas voir l'Oeillet comme une prison, mais comme un lieu de travail où elles étaient en sécurité. A condition d'en respecter les règles, évidemment.
« C'est que nous sommes nombreux à regretter l'époque où il était possible de nous afficher dans le monde en si plaisante compagnie...
- Et quelle était votre compagnie favorite en ce temps là ?
- Hm, aucune mademoiselle Otsu, je venais peu à ce moment là. Il nous arrivait devenir pour fêter nos examens, mais nous étions trop pris par nos études avec mes amis. »
Amis dont deux, justement, se soutenant l'un l'autre, se dirigeaient courageusement vers leur table, chacun riant du pas incertain de l'autre.
« Bah alors Fisher, tu t'amuse bien de ton côté ?
- Nous aussi on a envie de passer du temps avec l'appétissante Mad'moiselle Otsu ! Tu t'es trouvé une compagnie délicieuse dis donc Fisher, bien joué ! »
Prêt à se laisser tomber sur la chaise aux côtés de Mad'moiselle Otsu, le jeune homme s'attarda avant sur la blanche épaule de la courtisane, qu'il s'empressa de lécher. La jeune femme laissa échapper un rire, mais darda dans Fisherman un air de dégoût, de stupeur et de détresse qu'elle espéra suffisamment convaincant.
La prostituée se sentit dans une position délicate. Son travail était de flirter avec les clients, et il s'en trouvait deux potentiels qui étaient tout prêt à tomber sous son charme. Mais si elle jouait avec eux, Otsu risquait de perdre Fisherman. Le pauvre tirait une tête de six pieds de longs, probablement mal à l'aise devant ses compagnons de beuverie, et incapable de leur exprimer le fond de sa pensée. Il ne pouvait intervenir, et pourtant n'appréciait pas de voir sa douce Otsu entre leurs mains.
La prostituée allait devoir faire montre de tous ses talents pour garder l'un, et s'attacher les deux autres. Les mains croisées sur les genoux, la catin baissa la tête et s'écarta légèrement du baveux. Fixant le sol, elle laissa parler la timide ingénue qu'elle avait été un jour, il y a bien longtemps, et de manière très brève.
« Oh messieurs... Je suis flattée de tant d'intérêt pour mon humble personne. Emi est d'une compagnie plus... Stimulante que moi. Mais je vous suis très reconnaissante de votre présence. Je n'aurai jamais passer une si bonne soirée si vous n'étiez pas tous venus nous voir aujourd'hui. »
Et sur ces mots, un léger coup d'oeil appuyé à Fisherman que ses deux amis ne sauraient remarquer, trop imbibés qu'ils étaient. L'allusion fort heureusement n'échappa pas au jeune homme, qui rougit en réponse et rendit à la prostitué un sourire béat.
C'est si simple.
Elle poursuivit ensuite, pour les convaincre de s'éloigner, seulement pour ce soir.
« Je crois qu'Emi n'a pas fini de vous distraire messieurs, et vue les regards qu'elle vous lance, vous devez lui manquer. Mais si vous le souhaitez, un soir prochain, je danserai moi aussi avec plaisir pour vous tous. Je ne suis pas aussi douée qu'elle bien sûr, mais je ferai de mon mieux. »
Puis, tout en remplissant deux verres de whisky, Otsu passa ses bras sous ceux des deux hommes qui ne savaient plus que buter sur leurs mots, mais ne s'arrêtaient pas de rire pour autant, et les ramena à la table d'Emi. Les deux compagnes s'échangèrent un regard de connivence avant qu'Otsu ne regagne sa table, débarrassée des gêneurs.
« Vos amis sont charmant, mais tout de même, je voulais seulement passer la soirée avec vous.
- Et moi donc Otsu. Mais je suis ravie qu'ils vous aient extirpé une danse. J'apprécierai beaucoup vous voir à l'oeuvre, je suis sûr que vous égalez cette charmante Emi.
- Oh non, vous êtes un petit flatteur. Personne n'arrive au niveau d'Emi. Mais vous savez, j'ai mes propres talents. Et si cela vous ferez plaisir, j'adorerai vous en faire profiter. A vous seul.
- Heu... Eh bien... Oui. Oui cela me plairait beaucoup. Je... Peut-être, je pourrai réserver une alcôve un jour prochain...
Si vous en avez envie mon ami. Sachez que pour moi, ce serait un réél plaisir. »
Otsu noya sa gêne feinte dans son verre de vin et tortilla une mèche de cheveux malencontreusement échappé de sa coiffure.
Au départ de Fisherman, elle était certaine qu'il ne tarderait pas à revenir, seul cette fois ci, et qu'il aurait réservé une alcôve pour toute la soirée.
Otsu n'avait pas d'autres réservations après lui, mais Dame Yukari la dirigea vers une femme qui venait d'arriver. Seule à sa table, elle se languissait de son fiancé, soldat du Bataillon d'Exploration, et avait besoin de se changer les idées. Très rapidement, trop rapidement, Otsu se retrouva une main glissée dans le pantalon de sa cliente, discrètement, à tenir seule une conversation sensée couvrir ses gémissements. Après son départ, la courtisane se lava les mains puis rejoignit Fuyu, occupée à jouer aux cartes avec trois hommes d'un âge déjà avancé. Le perdant devait non seulement vider son verre, mais également payer la tournée suivante. Autant dire que plus personne n'avait bien les idées claires, mis à part Fuyu qui faisait seulement semblant de boire. Si au début de la soirée la technique s'avérait compliquée, la petite femme ne s'embarrassait maintenant d'aucune discrétion, ses clients n'étaient plus assez sobre pour remarquer quoi que ce soit.
Quand enfin la nuit s'acheva, Pavas et Monsieur récupérèrent les derniers ivrognes et les hissèrent dans leurs voitures, pendant que les filles, retenant des gloussements dans les manches de leurs kimonos, vidaient leur bol de riz en observant cette distraction bienvenue. Otsu prit conscience qu'avant l'Oeillet, elle aimait boire et même se saouler. En observant le laborieux départ des derniers clients, la prostituée comprit qu'elle ne serait plus jamais capable de boire pour le plaisir. Mais qu'elle pouvait toujours s'en amuser par procuration.
« Les filles, un peu de tenue tout de même, les admonesta Dame Yukari, non sans elle même retenir un sourire.
L'ambiance était agréable songea Otsu. Sans la présence pesante d'Arbeit ou du caporal-chef, il était finalement possible de passer un... Un moins mauvais moment.
Alors que les filles finissaient leur dîner dans un calme tout relatif, Pavas vint les interrompre, un pli dans les mains.
« Madame, un valet vient de nous donner ça pour vous. »
Habituée aux messages à tout moment du jour et de la nuit, Dame Yukari s'en saisit nonchalamment et le parcourut d'un seul coup d'oeil.
« C'est à ton attention ma petite Otsu. Fisherman m'informe qu'il te réserve pour demain. Toute la soirée. Et il souhaite te prendre pour favorite. C'est du bon travail ma fille, je suis contente de toi. »
Par dessus leurs bols, les autres courtisanes lui échangèrent des sourires et des clin d'oeil. Otsu elle même se sentait grisée par cette bonne nouvelle. Elle avait presque hâte d'être au lendemain.
Et voilà un nouveau client pour Otsu. Nous verrons bien où la mènera ce rapprochement :)
J'espèce que ce chapitre vous a plut. Vous avez été plus nombreux à rejoindre l'aventure d'Otsu ces derniers jours, et je vous remercie infiniment de m'avoir lu jusqu'au bout.
N'hésitez pas à laisser un commentaire, vous n'imaginez pas comme c'est apprécié, même si c'est court, même si ce n'est pas toujours positif, vos retours sont vraiment importants.
Etre lu, mais ne recevoir aucun avis, ça nous donne juste l'impression d'être consommé puis jeté.
Il n'est bien sûr pas question de laisser une review à chaque chapitre, vous faites comme vous le sentez, mais juste un petit message pour laisser vos impressions, positives et négatives, ça fait toute la différence pour nous, les auteurs. Ca nous motive et nous donne l'impression de ne pas écrire nos histoires pour rien :)
J'écris pour moi avant tout, bien sûr, mais je publie pour partager cette histoire avec vous.
Et sinon, le chapitre suivant est déjà écrit, et en cours de correction, il ne devrait donc pas être trop long à sortir.
