Nouveau chapitre ! Probablement un de mes préférés.
Bonne lecture !
LilieMoonlightchild : Et oui, et malheureusement Otsu n'est pas au bout de ses surprises !
Chapitre 21
Evonne, comment tu te sens ? Pas très bien. Je suis très fatiguée, je crois. Oui, tu as une sale tête. Oh ça va Otsu, toi aussi tu ne serais pas très fraîche si tu étais au bord de la mort. Ca va Evonne, calme toi, je pense que c'est bientôt fini. C'est vrai ? Tu t'es bien battue, tu m'as beaucoup surprise tu sais, je ne m'y attendais pas. Tu sais quoi ? Moi non plus.
Sourire.
Sourire.
Alors, ça y'est, on est prêtes à mourir ? Oui, il semblerait bien. Pas de regrets ? A part mourir ? Si, plein. Tiens donc, la petite Evonne n'est pas satisfaite de sa vie ? Parce que tu l'es, toi ?L'Œillet va te manquer ? Oui, un peu. Les filles, certains clients. Et toi, qu'est ce qui pourrait t'empêcher de partir ?
Silence.
L'Œillet, peut-être. Les filles, oui. Mais pas seulement, hein Evonne ? De quoi tu parles ? Allons, comme si tu étais capable de me cacher quoi que ce soit, ou de me mentir d'une façon ou d'une autre. C'est vrai, de nous deux, c'est toi qui ment, c'est toi qui a des secrets. Pas tout à fait Evonne, pas tout à fait. Ce sont tes secrets à toi que je garde. Ce sont tes regrets que je ressens jusqu'au plus profond de l'âme. On va mourir, on peut peut-être mettre carte sur table non, petite Evonne ? Tu me fais quoi là ? C'est le moment où je dois observer toutes mes actions passées, les bonnes et les mauvaises, pour savoir quel sera mon sort dans l'au delà ? Perpétuellement dévorée par des titans si j'ai été une vilaine fille, ou au contraire, si j'ai été bien sage, à l'abri de solides murs, en compagnie des trois déesses ? Peut-être oui... Ou peut-être que c'est le moment où tu te regardes en face. Je me regarde déjà en face, Otsu. Je suis littéralement en train de me regarder les yeux dans les yeux. Tu vois très bien ce que je veux dire. Oui oui, c'est bon. Et à quoi ça va me servir ? C'est pour que tu prenne une décision. La quelle ? Continuer à te battre... Ou lâcher prise. Mais je croyais que c'était déjà réglé ça, je croyais que c'était fini. Ca sera fini si c'est ce que tu choisis, Evonne. Tu as refusé de mourir à Shiganshina. Tu as refusé de mourir pour l'armée. Tu as refusé de mourir dans cette ruelle. Tu as refusé de mourir dans la fosse. Et maintenant ? Je ne sais pas Otsu. Tu en penses quoi, toi ? Je ne sais pas non plus. Tu crois que ton père savait, lui ?
Ricanement.
Non, je crois pas. Je crois que jusqu'à la fin, il n'a pas comprit ce qu'il lui arrivait. C'était la première fois que je me rebellais, ça à dû lui faire tout drôle. Tu regrettes ? Non. Ca ne sert à rien. C'était lui ou moi. C'est vrai. Pour ce jour là, tu n'as aucun regret. Ce n'est pas ça qui te ronge. Arrête Otsu. Je me souviens des grenouilles. C'était si amusant de les observer, de nager après elles. Et comme tu pleurais, à l'idée de les ramener à ton père. Et comme tu pleurais, après, quand il découvrait que ta besace était vide. En fait, tu pleurais si souvent.
Silence.
On était si pauvre... Je sais. Faut dire qu'il travaillait pas. Oh si, ça lui arrivait, souviens toi. Pour ce que ça servait, il les gardait jamais longtemps, ses boulots, et il avait mieux à acheter que de la nourriture ou des vêtements. C'est pour ça que tu regrettes. Regretter quoi exactement ? D'avoir attendu si longtemps. Que veux tu, j'avais besoin de plus grand et plus fort que moi. On peut dire que tu as été servie. Et l'armée alors, aucun remords ? Comme quoi, ne pas être partie avec les autres « volontaires » pour reconquérir les territoires perdus ? Si c'était pas l'armée, c'était là bas que j'allais finir, alors non. Comment il s'appelait, ce garçon avec qui tu as fricoté là bas, ton « premier » ? Je ne sais plus Otsu. Et ça n'a pas d'importance. Il a rejoint le bataillon. Doit être mort à l'heure qu'il est. Tu te souviens du nom de tes amis, là bas ?
Haussement d'épaules.
Et de ceux que tu avais avant la chute ?
Sourire.
C'était il y a trop longtemps Otsu, évidemment que je ne m'en souviens pas. Dis plutôt que tu t'en moque. Oui, c'est vrai, tu as raison. Je m'en moque. Alors, si je résume bien, il y a ton père, puis la chute, et l'armée pour éviter de passer derrière les murs. Ensuite quelques semaines d'errance quand tu es partie, et enfin l'Œillet. C'est tout ?
Rire.
L'Œillet, c'est une autre vie, une vie entière. C'est plus que tout le reste, que tout ce que j'ai vécu. C'est ta vie ça, Otsu. Mais je ne suis que toi Evonne. Alors c'est notre vie. J'y ai appris à chanter et à danser, et même à parler et à rire, à marcher aussi. D'autres choses ? On a découvert quoi là bas, que certains homme étaient dégoûtants, ignobles ? Je le savais déjà. Et le plaisir ?
Oui, il y en a eu. Avec Keiko.
Silence.
Oui.
Mais pas seulement hein ?
Je... J'ai l'impression. Certains souvenirs sont plus agréables que d'autres.
Lesquels ?
Je n'y aurai pas cru. Mais je vais mourir tu vois, et c'est fou ce que l'on comprends en mourant. Et... En fait, si je dois être honnête, ce qui me reviens là, maintenant... Ce sont les moments avec lui.
Alors tu as fais ton choix.
Quel choix ?
Ce sera douloureux, mais ça passera.
Mais de quoi tu parles ?
De ce qui t'attends.
Otsu ouvrit les yeux. Ce ne fut pas immédiat. Ce ne fut pas instantané. Le médecin qui l'auscultait à ce moment là, comme elle le faisait chaque jour depuis son arrivée, nota bien les frémissements dans ses paupières. Elle vit que la pâle brune cherchait à se réveiller. Elle entendit un nom filtrer de ses lèvres, même si elle ne le comprit pas. C'était trop bas, trop murmuré, comme un secret. Confiante sur la bonne évolution de sa patiente, elle quitta sa chambre pour voir ses autres malades. Hier encore, elle n'aurait jamais parié sur un proche réveil de la prostituée. Elle pensait même qu'elle ne tiendrait pas un jour de plus. Dans ces moments là, elle aimait avoir tort.
Otsu ouvrit les yeux.
Plusieurs fois. Elle les ferma aussi. La douleur et le froid la retenaient dans cet entre-monde, pas tout à fait celui des rêves, pas tout à fait celui des morts. A moins que ce ne soit la fièvre qui la berçait au bord de la folie.
Et puis, enfin, Otsu sortit du néant, elle revint à la surface, éveillée d'un long et terrible cauchemar. Elle était allongée dans un lit, un petit lit une place aux draps usés mais propres. Son corps était douloureux, mais une douleur lointaine, assourdie. Sa bouche pâteuse abritait une saveur métallique. On lui avait donné du pavot, pour calmer ses souffrances. C'était ça, ce goût un peu lourd qui engourdissait ses sens.
Elle ne savait pas trop où elle avait mal, c'était partout à la fois.
A l'autre bout de son corps, Otsu vit un plâtre autour de la jambe que la titan avait essayé d'avaler. Ca ne ferait pas repousser sa peau, mais ça ressouderait ce qu'il avait brisé. Des bandes enserraient ses côtes et sa nuque, et plusieurs pansements recouvraient des blessures dont elle ne se souvenait même pas.
La prostituée resta seule longtemps. A travers la petite fenêtre poussiéreuse de sa chambre, Otsu voyait les étoiles briller. C'était beau. Incapable de se rendormir, la prostituée se laissa charmer par les lumières de la nuit. Quand un infirmier pénétra dans sa chambre et la trouva éveillée, il en lâcha un hoquet de surprise, ravi de la trouver sortit du coma, et lui fit aussitôt subir une batterie de tests à laquelle la jeune femme se plia sans broncher. Mais lorsqu'il lui demanda s'il se souvenait qui l'avait mit dans cet état, Otsu retrouva un semblant de conscience. Les souvenirs éclataient dans sa mémoire, épars. Et les mots voulaient sortir de sa bouche. Mais ce qui restait de lucide en elle ne pouvait rien dire. Si l'infirmier posait la question, c'était que l'existence du titan était encore inconnue.
Plus tard, la prostituée apprit qu'elle avait été retrouvée agonisante à la sortie d'un quartier de plaisir, et que les autorités l'avaient supposé victime d'un client ou de son souteneur, et tant pis pour les imposantes traces de morsure sur son mollet. Ces filles faisaient un métier dangereux, et les clients pouvaient avoir des goûts très créatifs. Otsu ne nia pas. C'était mieux ainsi. La vérité... Personne ne voulait l'entendre, la vérité.
Pendant plusieurs jours, la brune ne vit que les visages du personnel médical. Les jours devinrent des semaines, et Otsu se remit totalement de son séjour dans les limbes. Elle mettrait plus de temps à guérir de sa rencontre avec le titan, mais les médecins, tout en ignorant les vraies causes de ses blessures, restaient confiants sur son rétablissement.
Otsu encaissait tout. Les souffrances, les cauchemars, les médicaments qui l'engourdissaient et les nausées qu'ils provoquaient. Elle supportait la fièvre, se mordait l'intérieur des joues pour retenir des gémissements douloureux quand un muscle tressautait quelque part dans son corps, ou que les médecins l'auscultaient, ou qu'on la bougeait pour changer son lit. Otsu pouvait tout endurer. Tout, sauf la chappe de solitude qui pesait lourdement sur elle, tout autour d'elle, dans sa chambre toute entière où seul le silence lui tenait compagnie. Le personnel médical n'avait pas le temps de tromper son ennui, et Otsu se retrouvait seule à compter les heures. Elle connût bientôt par cœur chaque tâche sur les murs, chaque fissure dans le plafond, et chaque jour, quand la prostituée ouvrait les yeux, elle se rendait compte que les murs s'étaient un peu plus rapprochés. A ce rythme là, c'était sûr, Otsu allait mourir étouffée.
Tout au long du mois où la brune resta alitée, elle ne reçut aucune visite, n'apprit rien du monde extérieur, de ce qu'il se passait chez les élites depuis sa victoire, et chaque questions qu'elle se posait à elle même en entraînait d'autres. Que devenait le couple au donjon, que faisait Arbeit, que se passait-il à l'Œillet depuis son enlèvement, et les projets d'Arbeit de nuire au Bataillon aboutissaient-ils enfin ? Est-ce qu'Hansi allait bien ? Et Livaï ?
Personne ne venait la voir, personne ne pouvait apaiser ses doutes, et Otsu restait là, allongée dans ce lit, avec ses questions qui brouillaient son sommeil et débordaient de son estomac.
A la fin de son séjour à l'hôpital, Otsu fut à la fois libérée de son plâtre à la jambe, et de la prison de ses draps. Le grand jour, un infirmier pénétra dans sa chambre, souriant jusqu'aux yeux.
« Vous nous quittez mademoiselle, vous devez être impatiente ! Tenez, votre ami a déposé ça pour vous en prévision de votre départ. »
Et aussitôt apparût sur son lit, entre ses jambes, une petite valise en cuir.
« Mon ami ?
Eh bien, je ne peux pas dire son nom, par respect de l'anonymat, mais je pense que vous voyez bien de qui je veux parler. Vous pourrez sortir quand vous serez prête. L'hôpital vous fournira une canne pour vos déplacements. Prenez votre temps. »
L'infirmier sourit encore plus et la laissa découvrir son cadeau. Une longue robe blanche, semblable à celle qu'elle portait face au monstre, en moins cérémonieuse cependant. Une paire de bottine souples et légères. Des sous-vêtements, constata-t-elle en rougissant. Et deux enveloppes. Une pleine d'argent, l'autre pleine d'une courte lettre, où, dans une belle écriture fine et déliée, la narguait quelques mots.
Clopinant sur sa canne de bois, Otsu parvint tant bien que mal à l'adresse indiquée sur le papier. Une petite maison, sans aucune prétention, sans rien pour la remarquer. Du bout de sa canne, la prostituée cogna à la porte.
Elle savait, elle savait très bien ce qu'il y avait de l'autre côté. Pourtant, quand il apparût, Otsu sentit une vague de colère incontrôlable la submerger. D'un bond boiteux, la jeune femme percuta le plus grand soldat de l'humanité et claqua le battant derrière eux, furibonde. Elle cogna de nouveau avec sa canne, sur le torse de Livaï cette fois, plusieurs fois et de toutes ses forces de convalescente. Il ne broncha même pas, et Otsu finit par lâcher le pauvre bout de bois pour venir le frapper avec ses poings.
« Vous m'avez laissé seule ! J'étais toute seule à l'hôpital... Et là bas... Dans cette fosse de merde... J'étais seule, j'étais toute seule putain, j'ai failli crever, j'ai failli me faire bouffer, et vous m'avez laissé !
- Vous n'avez jamais été seule mademoiselle Otsu. »
La voix du Major enchaîna sa rage. Otsu se tourna vers lui. Elle ne l'avait pas vu, assis à une table devant une tasse de thé. La jeune femme ramassa sa canne et se dirigea vers lui, le toisant de toute sa hauteur.
« J'étais seule dans la fosse ! J'étais toute seule à me battre contre un... Contre un putain de titan de merde ! Et lui là, et Hange, ils avaient dis qu'ils resteraient pour s'assurer que tout irait bien, et ils m'ont laissés toute seule ! J'aurai pu y rester bordel !
- Tu vas te calmer oui ? T'aurai pas été la première à te faire bouffer par un titan. Tu crois quoi, que t'as droit à un traitement de faveur ?
- J'ai pas signé pour ça !
- Et nous c'est pas notre rôle de protéger une catin écervelée. Et pourtant c'est ce qu'on a fait.
- Ha ouais, vous étiez où ?
- Sur le toit. Prêt à intervenir. Mais ça n'a jamais été nécessaire.
- Pardon ? Vous auriez pu intervenir tout de suite !
- Votre colère est légitime Otsu. Mais réfléchissez aux conséquences, si Livaï s'était montré dès le début. »
La jeune femme ravala les mots bilieux qui emplissaient sa bouche dans une moue dégoûtée.
« Ils auraient compris... Ils auraient deviné que je bosse pour vous.
- Ou tout du moins que vous avez un lien dans nos affaires. Ce qui aurait été très dangereux pour vous, plus tard, ainsi que pour vos collègues de l'Œillet.
- Alors ils sont partis, et vous m'avez récupérés... J'ai crû qu'ils allaient me tuer.
- Et c'était ce qu'ils avaient prévus de faire. Mais l'intervention d'un groupe de soldats de la garnison les en a empêchés. Apparemment, un couple qui se promenait non loin a entendu des cris, et ils ont alertés la garnison. Tu peux remercier Hange pour ça, c'est elle qui a payé le couple.
- Livaï a pu vous récupérer sans dommage et en toute discrétion à ce moment là. Vos spectateurs étaient tous trop occupés à essayés de s'enfuir, mais la plupart on étés arrêtés. Bien sûr ils sont libres désormais, ils ont payés bien plus qu'il le fallait pour sortir, et l'affaire a été étouffée. »
Otsu serra les dents, contentant sa rage, mais trop de choses tourbillonnaient encore en elle. Des sentiments, des questions, elle n'arrivait pas à y voir clair.
« Je me doute qu'il y a encore des zones d'ombres, nous ne comprenons pas tout nous même à vrai dire. Nous ne pouvons que supposer... Comment ont-ils obtenu ce titan, depuis quand était-il en leur possession... Combien de femmes sont passés dans cette fosse.
- Et tous ceux qui jouissaient du spectacle sont libres ?
- Pas tout à fait. »
Otsu se retourna vers Livaï. Le héros prit une chaise dans un raclement aîgue qui crispa la jeune femme et s'installa devant sa tasse de thé fumant.
« Il y en a un que je me suis chargé d'attraper. Il est là haut, si tu veux aller le voir. Il sera ravi de te dire tout ce que tu voudras. On lui a promit de lui la laisser la vie sauve à cette condition. »
La jeune femme hocha la tête, devinant aisément de qui il s'agissait. Arbeit bien sûr.
Pendant les heures qui suivirent, le Major et le Caporal restèrent au rez-de-chaussée, guettant un bruit de lutte, un éclat de voix, un appel à l'aide. Mais rien de tout ça. A l'étage, Otsu resta très sage face à son ancien client et tortionnaire. Smith devait rejoindre le QG du Bataillon, mais repoussait sans cesse le moment de son départ. Même un haut gradé de l'armée pouvait être trop curieux. Finalement, quand la jeune femme redescendit, Smith crût qu'il pourrait bientôt partir, mais le silence dans lequel resta plongé Otsu ne put que forcément le clouer sur place.
Troublant le silence en raclant à son tour une chaise sur les dalles du sol, la prostituée s'installa autour de la table et se servit du thé qu'elle ne but pas. Mais poser ses mains sur la tasse presque brûlante lui fit un bien fou.
« Alors gamine, tu vas nous partager tes découvertes ou rester là à te morfondre ? Il t'a dit quelque chose au moins ?
- Oh oui, il a parlé. Il croit pouvoir sauver sa vie, alors il a été assez bavard. J'ai appris beaucoup de choses... Et il a mentionné les Altonen, entre autre.
- Les inventeurs ? Sourcilla le Major. Pourquoi donc ?
- Vous savez où se trouve la cité industrielle ? »
Les deux hommes hochèrent la tête.
« J'ai besoin d'y aller. Il m'a conseillé de m'y rendre et de rencontrer l'héritier Altonen. Paraît que ça pourrait m'interesser, et surtout vous être utile, à vous. Il est prêt à m'en dire bien plus si je l'épargne, évidemment.
- C'est ce que tu comptes faire ?
- Il m'a apprit bien assez, je n'ai plus besoin de lui. Par contre, j'ai besoin de bouteilles de vin. Beaucoup de bouteilles de vin. C'est une vieille blague entre nous.
- Une histoire de kimono si je ne m'abuse. Un bête accident.
- Accident, pas tout à fait. Un de mes clients m'a un jour confié que je n'étais pas responsable de ce vin renversé. Je pensais qu'il disait ça pour me rassurer... J'avais tort, et puisque c'est avec du vin qu'il m'a eut, c'est avec du vin que je l'aurai. Que ce soit du rouge, surtout. »
Les bouteilles furent achetées, et Otsu, munie d'un entonnoir et l'alcool coincé sous ses bras, passa une longue soirée en compagnie d'Arbeit.
Plusieurs jours plus tard, le corps d'un notaire fut retrouvé dans le fleuve. Parce qu'il était très riche, une rapide autopsie de circonstance fut réalisé sur le corps bouffie, qui prouva que le pauvre homme était mort noyé après être tombé dans l'eau, chute causée indubitablement par son état d'ébriété avancé. Et par respect pour l'homme influent et ses clients, son décès et ses affaires se réglèrent dans l'intimité.
« Tu pars maintenant ? » demanda Livaï à la prostituée.
Après un dernier coup d'œil à la carte que Hange lui avait dessiné, elle la rangea dans sa besace, avec tous les outils qu'elle connaissait, et son laisser-passer, et vissa une casquette sur sa tête. Enroulé dans un foulard, Otsu ne ressemblait plus trop à la catin de l'Œillet. Ses cheveux si noirs et si lisse qui avaient attirés l'œil de Pavas gisaient maintenant dans une corbeille. Les quelques mèches qu'il lui restait frôlaient son menton, nettement raccourcies.
« Oui, je veux y arriver le plus vite possible.
- Bien. J'attendrai ton compte-rendu. »
La jeune femme hocha la tête et salua le héros d'un vague geste de la main en s'éloignant. D'abord le mystère Altonen. Ensuite, Otsu retournerait à l'Oeillet. Arbeit avait été si bavard... Elle devait voir Keiko. Elle devait lui dire que Yumi était en vie.
