Bonjour tout le monde ! Très bonne lecture à vous !


« Vous espérez accomplir quoi au juste ici ? » demanda Florence, en levant le menton.

Elle était assise depuis presque une heure – elle commençait à avoir des crampes dans les jambes – et il n'y avait toujours aucun changement elle n'avait pas été arrêté et elle n'avait pas été libéré. Tout ce qu'il s'était passé, c'était que son éthique avait été remis en cause, qu'elle avait été réprimandé et que les trois personnes présentes ne faisaient que devenir plus frustrées à chaque minute. Tonks regardait Maugrey comme si elle aussi voulait des réponses. Maugrey la fusilla du regard, mais ses yeux étaient plus doux qu'ils ne l'étaient lorsqu'ils étaient tournés vers Florence.

« Ce que tu as fait est mal- »

« Non, s'écria-t-elle. C'est faux ! J'ai choisi mon camp- »

« Il n'y a pas de camps- »

« Bien sûr qu'il y en a si vous et ce monstre qui m'appelait 'Fille' étiez du même côté, il n'aurait pas été arrêté ! C'est votre travail de ne pas être de son côté ! »

Et de ne pas être du mien, ajouta-t-elle silencieusement, contente du fait que Tonks n'ait pas essayé de la défendre ou qu'elle ait défié Maugrey à cause d'elle. Elle s'était inquiété que Tonks ne la considère pas comme une menace sérieuse à cause de la relation amicale que Tonks entretenait avec cet autre loup, celui qui avait été dans les journaux avec Black.

« On ne peut pas juste te laisser partir. » dit Maugrey, son œil bleu se tournant vers elle.

Son œil foncé resta fixé sur Tonks, dont les épaules s'étaient affaissées. Florence se sentit mal pour la pauvre fille avec Melvin et McKinnon disparus et son propre avenir qui commençait son inévitable descente aux enfers, Tonks n'aurait plus que Ben et Salacia. Devenir Auror n'était pas une chose facile, mais Florence trouvait malgré tout que leur groupe avait eu une première année plus difficile que la plupart des autres.

« Alors c'est direction Azkaban pour moi ? » demanda Florence, les sourcils froncés.

Maugrey resta silencieux pendant un long moment et la respiration de Tonks s'arrêta presque. Florence pouvait entendre son cœur battre et elle lui adressa un petit sourire triste. Le visage de Tonks se contracta et elle baissa les yeux. Maugrey soupira et fixa les deux femmes.

« Ça devrait. Ce serait la bonne chose à faire. Un meurtre est un meurtre. »

Florence se mordit la lèvre pour se retenir de le contredire. Elle avait déjà exposé ses arguments – des arguments convaincants, ou c'était en tout cas ce qu'elle pensait – et ne voyait pas l'intérêt de les répéter.

« Est-ce que je devrais aller faire mon sac alors ? » demanda Florence.

Elle pouvait sentir sa réticence – elle ignorait si c'était parce qu'il savait que l'arrêter n'était pas juste ou si c'était seulement à cause de Tonks – mais elle ne comptait pas jouer là-dessus. Maugrey semblait être le genre d'homme qui avait besoin d'une petite aide dans un sens pour le faire aller dans l'autre.

« Et vous adresser ma lettre de démission ? »

Elle l'observa attentivement, presque sûre que cette approche ne comportait pas de risque. Maugrey lui rendit son regard, le visage malheureux.

« Tu devrais. » dit-il finalement, et le cœur de Florence manqua un battement.

Ses arguments avaient bien trop réfléchis pour que ça se termine ainsi et bien qu'elle savait ce qui se passerait si elle était arrêtée, elle n'aurait jamais cru qu'elle serait véritablement envoyée à Azkaban. Tonks avait fermé les yeux et ses mains étaient serrées si fortement que ses jointures étaient devenues blanches et qu'elles tremblaient légèrement.

« Est-ce que vous allez appliquer ça ? » demanda doucement Florence.

Maugrey s'arrêta à peine avant de répondre.

« Non. » dit-il.

Florence ne put s'empêcher de se sentir un peu satisfaite. Elle pensait que peut-être, il espérait que sa conscience la forcerait à se rendre elle-même.

Bonne chance avec ça, pensa-t-elle tristement. Elle se sentait obligée de servir la communauté magique, mais au delà de ça, elle n'avait pas de conscience. Le peu de conscience qui lui restait après que Greyback l'ait attaqué était morte avec lui, et c'était sûrement aussi bien. Si elle n'avait pas de conscience, elle ne pourrait pas être corrompue. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était assumer les décisions qu'elle avait prise et tout irait bien.

Pour un temps, en tout cas. Elle n'avait pas l'impression d'être un monstre – sauf lors des pleines lunes – mais elle avait grandi en entendant des histoires et elle avait lu assez de livres pour savoir qu'elle se transformerait un jour et blesserait quelqu'un.

Elle n'avait pas de choix là-dessus. Tous les loups-garous étaient comme Greyback – tout le monde le disait – et juste parce qu'elle ne l'était pas actuellement, cela ne voulait pas dire qu'elle ne le serait pas le lendemain, ou la semaine d'après, ou le mois d'après. Tous les livres disaient qu'elle était un monstre et tant d'auteurs ne pouvaient avoir tort. S'ils avaient tort, alors pourquoi les gens avaient tant de préjugés, pourquoi avaient-ils si peur ? C'était seulement une question de temps et elle avait déjà eu deux ans.

Elle savait qu'il ne lui en restait plus beaucoup, mais elle allait faire en sorte que son temps compte et pour faire cela, elle avait besoin de son boulot. Elle avait besoin de sauver des innocents et d'enfermer les méchants et avec un peu de chance, elle serait tuée en capturant un criminel. De cette façon, ses collègues n'auraient pas à s'occuper d'elle quand elle serait devenue mauvaise. Ses yeux se posèrent sur Tonks, qui regardait fixement la porte. Florence se demanda si elle ne serait pas mieux à Azkaban.

Probablement. Mais elle n'était pas encore prête. Se débarrasser de Greyback était une bonne contribution, mais il y en avait encore d'autres dehors. D'autres qui avaient choisi d'être des monstres, plutôt que d'y avoir été forcé. Et elle voulait qu'ils se retrouvent derrière les barreaux ou qu'ils meurent, de façon à ce que lorsqu'elle les rejoindrait, elle serait la pire des êtres en ce bas monde. Elle déglutit et leva les yeux vers Maugrey.

« Alors je peux y aller ? »

« Tu peux … Jusqu'à la fin du mois d'août. » dit Maugrey.

Trois semaines. La mâchoire de Florence se serra, mais elle inclina la tête et ne répondit rien.

« Tu peux passer tes examens et finir l'année pour ne pas attirer l'attention sur toi. Après ça, les cours obligatoires s'arrêteront. Tu devras toujours te débrouiller avec Finch, mais mieux vaut un seul Auror que tout le service. Rends-toi, fuis … La façon dont tu gères la chose dépendra de toi, mais si tu reviens le 1er septembre, je devrais t'arrêter. Je suis clair ? »

« Parfaitement. » confirma Florence.

Elle savait que les chances de récupérer sa baguette étaient minces, alors elle ne s'embêta pas à la demander. Elle se leva et se dirigea vers la porte, cherchant déjà d'éventuelles failles. Sortilège d'Amnésie … ? se demanda-t-elle, sa bouche se tordant un peu. Elle tendit la main vers la poignée et Tonks agita sa baguette pour annuler le sortilège qu'elle y avait placé. Florence hocha la tête en guise de remerciement et ouvrit la porte.

Dawlish et une femme trapue vêtue de rose, qui avait été impliqué dans le procès de Black, regardèrent dans sa direction en passant près d'elle. Florence n'aimait l'odeur d'aucun des deux – manipulateur et avide dans le cas de Dawlish et maladivement sucré comme du poison dans le cas de la femme – et décida de partir de l'autre côté, mais Maugrey s'éclaircit la voix bruyamment avant qu'elle n'ait pu faire plus de quelques pas.

« Attends un moment. » dit-il depuis l'encadrement de la porte, l'air pensif.

Elle se retourna, arquant un sourcil, mais Maugrey resta silencieux un moment, comme s'il pesait ses options. Alors il regarda par-dessus son épaule.

« Nymphadora, accepterais-tu d'être notre témoin ? »

Florence se raidit et sentit l'odeur de sinistre satisfaction émanant de Maugrey.

« Tout ce que tu vas promettre, c'est de ne blesser personne, dit-il. Ou d'effacer nos mémoires. »

Florence pinça les lèvres.

« Je ne crois pas que ce soit ton genre, mais- »

« -mais j'ai tué Greyback et on ne peut pas me faire confiance. » répondit-elle avec légèreté.

Maugrey regarda autour d'eux, comme si elle était folle de parler de ça aussi facilement et Florence se maudit elle-même. Le couloir était vide – sauf Dawlish et sa camarade – mais ils avaient disparu à un angle … Ils étaient silencieux, en tout cas. Florence fronça les sourcils et fit plusieurs estimations mentales. Après hésitation, elle décida qu'ils ne s'étaient pas trouvés assez près pour avoir entendu. Ou du moins, elle l'espérait elle était un peu incertaine à propos de l'audition humaine après deux ans avec des oreilles de loup. Elle jeta un œil vers le bout du couloir, mais aucun d'eux ne réapparut.

« Je suis obligée ? » demanda-t-elle à Maugrey.

« Vigilance constante. » dit Tonks depuis l'intérieur du bureau, d'une voix plus ferme que Florence s'y était attendue.

« En effet. » murmura Florence.

Elle rentra à nouveau dans le bureau et tendit sa petite main à Maugrey.


« … avoir ça de nouveau, grogna l'Auror Maugrey. Merci pour ta participation, Prewett. »

Il y eut un silence et Dolorès tendit l'oreille, même si la magie faisait déjà son œuvre. Et par Salazar, elle avait entendu des choses dont elle pourrait avoir l'utilité.

« Désolé qu'on ait du en arriver là. »

« Tout comme moi, dit l'apprentie – Prewett – bien qu'elle semblait plus fatiguée que désolée. A ce soir. »

Dolorès jeta un œil au coin du couloir et vit la fille qui avait admis avoir tuer Greyback sortir du bureau de Maugrey. La fille se dirigea lentement vers le Service des Détournements de l'Artisanat Moldu, comme si son esprit était ailleurs. Dolorès lui emboîta le pas.

Prewett se retourna presque aussitôt qu'elle ait commencé à marcher, et ses yeux se plissèrent. Elle repoussa ses cheveux en se retournant à nouveau, sa main se glissant vivement dans sa poche. Elle s'éloigna avec brusquerie, mais elle était plus petite que Dolorès et pas difficile à rattraper.

« Hum, hum. » dit Dolorès.

Les épaules de Prewett se tendirent. Elle fit volte-face.

« Vous êtes perdues, Madame ? »

« Non, je me trouve exactement où je dois être, merci. » répondit Dolorès en souriant.

Les yeux de Prewett se posèrent sur le nœud dans ses cheveux – Dolorès l'ajusta machinalement – et elle croisa les bras.

« Vous avez un moment, ma chère ? »

« Pour quoi ? »

« Dis-donc, les Aurors rendent leurs recrues suspicieux ces temps-ci ! lança Dolorès en riant de façon à rassurer la fille. Je ne mords pas, ma chère, je veux juste discuter. Mon bureau est libre. »

« Qui êtes-vous ? » demanda Prewett, pas impressionnée.

Le sourire de Dolorès s'effaça habituellement, les gens savaient qui elle était.

« Je suis Dolorès Ombrage, du Département de Régulation et de Contrôle des Créatures Magiques et sous-secrétaire auprès du Ministre. »

Dolorès tapota le bras de Prewett et lui fit signe d'aller vers l'ascenseur.

« Par ici, ma chère. »

Dolorès eut l'impression que Prewett aurait refusé si elle avait trouvé un moyen de le faire poliment elle regarda en direction du bureau de Maugrey, avant de soupirer et de suivre Dolorès, qui mourrait d'envie de dire à la fille de se presser un peu. Elle se retint.

Peu de temps après, elles s'installaient dans le bureau de Dolorès et celle-ci plaça différents sorts de confidentialité, parce que personne ne devait savoir à propos de cette rencontre. Prewett jeta un œil aux chats sur les murs et pinça les lèvres.

« J'aurais pensé que vous aimiez les chats. » dit Dolorès en haussant un sourcil.

Elle tapota sa bouilloire pour la faire chauffer.

« Du thé ? »

Prewett secoua la tête et Dolorès manqua de lever les yeux au ciel elle s'était attendue à ce que quelqu'un portant un nom aussi prestigieux que Prewett montre des manières un peu plus correctes. Elle attrapa le pot de sucre.

« Alors vous n'aimez pas les chats ? »

« Je ne les déteste pas. » répondit Prewett.

Elle fronça les sourcils.

« Vous m'avez vraiment demandé de venir ici pour parler de chats ? »

« De loups, en vérité. Un en particulier. »

Prewett pinça les lèvres.

« Greyback. C'est une de vos connaissances, je crois ? »

« Dans un sens. »

« Vous l'avez tué. » murmura Dolorès en ajoutant une quatrième cuillère de sucre.

Le bureau était silencieux, à l'exception du son de la cuillère contre la tasse. Prewett semblait être à court de mots.

« Je vous ai entendu vous confier à Maugrey et j'ai entendu le Serment que vous avez fait. »

Prewett se pinça le nez et laissa échapper un léger soupir ennuyé.

« Et j'aimerais vous aider. »

Prewett cligna les yeux et la regarda à travers sa frange.

« M'aider ? » demanda-t-elle, confuse et pleine d'espoir.

Dolorès se mit à sourire et lui tapota la main.

« Oui, ma chère. De l'aide. »

Dolorès s'adossa contre sa chaise et prit une gorgée de thé.

« Je peux faire disparaître vos problèmes. »

« Comment ? » demanda Prewett, les sourcils froncés.

« J'ai de très bonnes connexions. Le Ministre sera ému par votre détresse, j'en suis sûre. »

Et Cornelius avait suivi ses conseils – tout comme ceux de Malefoy – ces derniers mois, pour reconquérir son pouvoir. Cela était une situation délicate, mais il avait réussi à s'en sortir de façon positive. Il avait retrouvé du pouvoir, même s'il n'en avait pas autant que la première fois qu'il avait été élu.

« Ému par ma détresse ? » demanda Prewett.

« Vous avez rendu un service au monde sorcier en détruisant cette affreuse bête, dit doucement Dolorès. Les Aurors ne sont pas autorisés à penser cela, bien sûr, mais nous, dans les autres services, ne sommes pas si aveugles. Vous devriez être récompensée, pas punie. »

« Je ne devrais pas être punie, dit Prewett. Mais je ne mérite pas non plus de récompense. Ça devrait juste rester neutre. »

Dolorès prit un moment pour réfléchir à cela et finit par sourire, satisfaite la fille avait des besoins simples et était désintéressée, tout comme l'étaient la majorité des Aurors. Ce serait facile de travailler avec elle. Dawlish semblait être la seule exception en termes d'égoïsme.

« Mais ce n'est pas neutre, n'est-ce pas ? »

Prewett ne répondit pas.

« Et c'est pourquoi j'aimerais vous aider. »

« Vous pouvez me faire continuer la formation ? »

« Une affaire compliquée, mais oui, je pense que je peux. »

Très compliquée, en considérant qu'elle agirait seule dans cette situation particulière de façon, Prewett serait entièrement à son service, et bien plus influençable que si elles partageaient la recherche du pouvoir, de la même façon qu'avec M. Malefoy et Dawlish. Prewett serait sa petite marionnette, lui offrant des informations internes du Département de la Justice Magique, qui était très difficile à intégrer, et avoir sa propre informatrice réduirait l'importance de Dawlish en vérité, Dawlish était exaspérant et à présent, cela semblait-il, il était irremplaçable. Et cela forcerait M. Malefoy à lui demander de l'aide, au lieu que ce soit l'inverse. Dolorès sentit son sourire s'agrandir.

« Comment ? »

« J'aurais besoin d'accéder à la liste des suspects de Maugrey, dit Dolorès. Assez facile à obtenir, je pense. »

Il y avait des sorts, il y avait les bonnes vieilles méthodes d'espionnage, il y avait la possibilité d'envoyer quelqu'un – un Impérium sur l'apprentie de Maugrey ou l'utilisation du Polynectar – ou même interroger l'apprentie, un ensemble de possibilités.

« Ensuite, je paierais simplement quelqu'un pour tout avouer. Vous pourrez lui donner les détails qu'il aura besoin, nous trouverons un mobile valable et il passera un peu de temps à Azkaban. »

Prewett avait l'air malade.

« Ce ne sera pas long, lui assura Dolorès. Il obtiendra un procès et le Magenmagot est compréhensif dans les affaires spéciales comme celle-là. Et quand il sera libéré, il y aura une certaine somme qu'il l'attendra. Maugrey connaîtra quand même la vérité, mais il ne haussera pas la voix, pas lorsque la preuve est si claire. »

Dolorès lui adressa un sourire encourageant.

« Vous ne forcerez personne à prendre la responsabilité à ma place, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr que non, ma chère. Je ferais une offre et ils seront libres d'accepter ou non. Je suis très diplomate. »

« Je veux rencontrer la personne avant qu'elle n'accepte quoi que ce soit. Je- Je connais l'un des suspects et elle ne doit pas faire ça. »

« Bien sûr. » répondit Dolorès en prenant une autre gorgée de thé.

Prewett était silencieuse, réfléchissant apparemment à tout ça.

« Pourquoi voulez-vous m'aider ? » demanda-t-elle finalement.

« J'ai aussi besoin d'aide. » admit Dolorès, en reposant sa tasse de thé.

Prewett haussa un sourcil.

« Je travaille pour le Ministre et le Ministre est au service du Ministère … Et le Ministère est plutôt ... divisé depuis le procès de Black. Nous essayons de construire une unité entre les services, mais votre service – le Département des Aurors – résiste. Scrimgeour a l'air de gérer les choses tout seul. »

« Scrimgeour est un bon chef de service. »

« Je n'ai jamais dit qu'il ne l'était pas, ma chère, seulement qu'il devient trop indépendant. Nous commençons à nous inquiéter qu'il s'affranchisse du Ministère au complet- »

Prewett fronça les sourcils, pensive.

« -et que son jugement soit obscurci par son nouveau statut. Nous – le Ministre et moi-même – voulons réparer les choses avant qu'ils ne deviennent de sérieux problèmes. »

« Ça n'a aucun rapport avec moi. » fit remarquer Prewett.

« Pas directement, dit Dolorès. Mais vous avez une vue de l'intérieur que ni le Ministre, ni moi ne pouvons espérer avoir. Vous connaissez les dynamiques du service, ma chère, et vous savez qui gère véritablement les choses et quelles sont leurs opinions politiques. »

« Je suis juste une apprentie. »

« Vous êtes dans une position qu'il est facile de sous-estimer, ce que vous rend d'autant plus précieuse, corrigea Dolorès. Nous pourrions avoir besoin de vos opinions sur la façon dont certaines événements se déroulent et de vos avertissements si Scrimgeour essaye de prendre son indépendance du Ministère, ou pire – s'il choisit un jour d'essayer de nous renverser. »

« Vous voulez que je vous tienne au courant de ce qui se passe dans le service, dit Prewett. En échange de me faire rester dans la formation. »

« Je pense que c'est plutôt raisonnable- »

« Je le pense aussi. » dit Prewett.

Dolorès dissimula son sourire dans sa tasse de thé.


Florence quitta le bureau d'Ombrage en ayant l'impression d'avoir besoin d'une douche. La femme puait littéralement le parfum fleuri, le sucre et la méchanceté.

L'offre d'Ombrage de garder Florence dans la formation suffisait pour le moment et même si ce n'était pas parfaitement sûr, cela assurait ses arrières, bien davantage que ce qu'elle avait pour l'instant réussi à trouver, ce qui ne correspondait déjà pas à grand chose.

En ce qui concernait ce qu'Ombrage voulait en retour … Et bien, Florence n'était pas heureuse à propos de cet aspect de l'échange. Elle n'arrivait pas à croire en le culot de la femme – quel genre de vache fouineuse essayait de faire du chantage à quelqu'un pour qu'il espionne le Département des Aurors ?!

Oh, Florence avait accepté ses conditions – elle ferait n'importe quoi pour garder son travail – mais Ombrage n'obtiendrait rien d'utile venant d'elle, c'était certain.


« Tu es venu. » dit Robards, l'air stupéfait.

Sirius fourra ses mains dans ses poches et s'appuya contre la paroi du box.

« Finalement. » murmura Sirius.

C'était la moitié du mois de juillet – presque deux semaines depuis la réception de la lettre de Robards lui demandant de l'aide – et il avait finalement décidé de rencontrer l'homme. Il avait décidé presque immédiatement qu'il voulait aider, mais alors, il s'était forcé à réfléchir à la situation – sérieusement – avant de s'impliquer véritablement. Il avait réalisé qu'aider Marlène voudrait probablement dire qu'il devrait passer beaucoup de temps avec elle et il avait réalisé que cela signifiait lui pardonner.

Il avait pensé qu'il serait capable de réussir cela – il y avait un tas de problèmes non résolus entre eux, causés par les erreurs (ou les erreurs ressentis) d'eux deux, alors ce ne serait pas simple, mais Sirius avait pensé ou avait espéré que ce serait possible. Il avait plusieurs fois essayé de lui rendre visite au Numéro Treize, mais elle était toujours sortie. Deux jours plus tôt, dans un élan d'immaturité, il était entré par effraction et avait été perturbé de trouver la maison apparemment abandonnée. Bien qu'il avait déjà décidé d'aider, ce fut cet événement qui motiva sa visite à Robards.

« Tu es venu, répéta Robards en secouant la tête. Ça me suffit. »

Sirius acquiesça, un peu surpris par sa sincérité.

« Alors qu'est-ce qui lui arrive ? » demanda-t-il avec prudence.

Robards soupira et lui fit signe de s'asseoir. Sirius s'exécuta, s'asseyant sur une chaise en bois très simple et très inconfortable, tandis que Robards sortait un morceau de parchemin et une baguette du tiroir de son bureau.

« Ta lettre était plutôt vague … Et sa maison est vide. »

Robards releva les yeux brusquement, avant de secouer légèrement la tête et de tendre à Sirius un parchemin chiffonné.

Gawain, disait-il.

Je suis sûre, à présent, que Sirius est un homme libre et en voie de se réintégrer dans le monde sorcier. Avec de la chance, ce sera une transition aisée … Pas grâce à moi.

Je suis sûre que si tu avais eu l'occasion de me parler, tu aurais essayé de me faire changer d'avis, mais même si je t'ai écouté dans le passé, je refuse ne-serait-ce que d'entendre ton avis sur la question. Ce que j'ai fais est impardonnable – littéralement – et j'ai besoin de payer pour ça.

La boîte contient la clé de ma maison et celle de mon coffre. Vends ma maison et tout ce qu'il y a dedans – j'ai pris mes affaires importantes avec moi – et place la somme acquise sur mon compte. Contacte Sirius et dis-lui que lui et Harry peuvent prendre tout l'argent qu'ils auront besoin. Ça ne peut même pas commencer à compenser ce que j'ai fait, mais c'est un début. Donne le reste à Sainte-Mangouste.

Fais ce que tu veux de ma baguette. Je n'en aurais plus besoin.

Je suis désolée.

Marlène

Sirius s'adossa à sa chaise et frotta son menton. Il relut la lettre, avant de souffler entre ses dents et de secouer la tête.

Qu'as-tu fait, Marlène ? se demanda-t-il. Je suis d'accord pour dire que tu as fais des erreurs, mais quel genre de sacrifices penses-tu trouver qui n'aurait pu être remplacé par des excuses ? Il réalisa qu'elle avait désormais aussi peur de lui, autant que cette fois où lui avait eu peur d'elle – peur du jugement, de ne pas être pardonné, d'être attaqué au nom de la vengeance. Sirius se sentit malade.

« Quand ? » dit-il.

Il se sentit embarrassé par sa voix rauque. Il s'éclaircit la voix, mais Gawain ne semblait pas le juger pour ça.

« Quand est-ce que ça a été écrit ? »

« En mai. » dit Robards, en croisant les mains et en les posant sur son bureau.

« En mai ? répéta faiblement Sirius. Alors- alors ça fait – quoi – deux mois ? Elle l'a juste laissé et elle a disparu il y a deux mois – sans sa baguette – et personne ne l'a vu ou n'a parlé avec elle depuis ?! »

« Black, assieds-toi. » soupira Robards.

Sirius baissa les yeux et vit qu'il s'était en effet levé et que la lettre était serrée dans son poing. Gêné, il s'assit et la rendit.

« Ton résumé de la situation est correct. J'ai tout essayé – j'ai essayé de penser à elle et de transplaner, j'ai vu des voyants et je leur ai demandé de la traquer pour moi, j'ai transplané dans tous les endroits sorciers et moldus de Londres, j'ai cherché à pied, avec des sortilèges, mais je n'arrive pas à la trouver. »

Robards eut l'air malade pendant toute sa tirade et ses yeux étaient sombres.

« Je n'ai plus d'idées et ça n'aide pas que ce soit une affaire personnelle. »

« Et pour moi, ça ne le sera pas ? »

« Tu auras un regard neuf, dit Robards sur un ton impuissant. Tu la connais et tu n'es pas non plus étranger au fait de disparaître de la surface de la Terre. »

Sirius haussa les épaules.

« J'ai juste- j'ai besoin d'une piste, j'ai besoin de quelque chose sur lequel travailler. »

« Et tu penses que je peux te donner ça ? » demanda prudemment Sirius.

Par Merlin, Marlène, deux mois ? Il ferma brièvement les yeux.

« Arrivé là, je suis prêt à tout essayer. »

Sirius dévisagea Robards et fut capable de le croire. Sirius resta silencieux pendant un moment, réfléchissant à tout cela.

« Et je peux être flexible – je peux m'adapter à tes obligations et je te paierais- »

« Tu n'as pas besoin de me payer. » lança Sirius.

Même après cette ridicule amende pour ne pas avoir enregistrer Patmol, il avait probablement assez d'argent pour entretenir confortablement Harry, Remus et lui-même jusqu'à la fin de vos vies.

« -et je te fournirais tout ce dont tu pourrais avoir besoin. Ça, pour commencer. »

Robards donna à Sirius un objet lourd et doré qui ressemblait un peu à une montre de poche.

« C'est celui de McKinnon, mais vu les circonstances- »

« C'est quoi ? » demanda Sirius en le secouant.

« Un Système Sécurisé de Communication et d'Identification avec Horloge Coordonnée, autrement appelé Sidekick. »

Robards sourit et sortit le sien, qui était un peu plus terne que celui que Sirius tenait.

« Courage, vertu, détermination et intelligence. » dit-il.

Les deux s'ouvrirent. L'intérieur était incroyablement complexe, mais Robards lui donna une leçon rapide sur la façon dont il fallait l'utiliser – et changea le nom sur le dessus pour qu'il indique Sirius Black – et Sirius pensa qu'il devrait s'en sortir.

« Et ce symbole- »

Robards tapota un petit hibou qui était gravé à l'intérieur du dispositif, prêt d'une vingtaine d'autres symboles – Sirius vit un lynx, un œil, deux petits oiseaux – l'un était un rouge-gorge, l'autre un pinson – un ours, deux runes qu'il ne reconnut pas et une sirène, entre autres.

« -est un lien direct entre ce dispositif et le mien. Certains Aurors ont des phrases en commun, ou des mots de passe. Tout ce que tu as à dire pour me joindre, c'est mon nom. »

« Ton nom complet, ta fonction ou- »

« Robards, indique Robards. Simple et efficace. C'est comme ça qu'ils fonctionnaient avant – avec les noms – et ensuite, Fol-Oeil a décidé que c'était une faille de sécurité, alors il a fait en sorte de rendre les mots de passe possibles. »

Sirius sourit, pour lui-même.

« Qu'est-ce qui a inspiré ces objets ? » demanda-t-il en secouant le Sidekick de Marlène.

« Des miroirs. » lui dit Robards, en sortant un parchemin et une plume.

Sirius sourit largement, bien qu'un peu tristement, et ajouta cela à la liste des choses qu'il devrait dire à James ce soir là, avant d'aller au lit. Sirius était sûr que James, où qu'il soit, apprécierait la nouvelle, bien qu'il soit possible qu'il soit déjà au courant.

« Alors … Quand serais-tu disponible pour aider ? »

Sirius fronça les sourcils, comptant les jours dans sa tête.

« Je prendrais même une heure par semaine si c'est tout ce que tu peux me donner. Une heure différente chaque semaine si ce n'est pas possible pour toi d'être régulier. »

Robards, réalisa Sirius, était désespéré.

« Je peux me rendre disponible plusieurs heures les mercredis et samedis après-midi. » dit Sirius.

Il leur avait fallu presque deux semaines, mais lui et Remus avait finalement convaincu Harry de rejoindre une école moldue, en septembre. Remus avait fait des recherches – Matt et Dora avaient tous les deux fréquenté des écoles primaires moldues – et essayait d'aider Harry à rattraper l'année et demi d'école qu'il avait manqué lorsque lui et Sirius étaient en fuite. Sirius trouvait généralement d'autres choses à faire pendant que Harry et Remus travaillaient là-dessus, de la même façon que Remus faisait lorsque Sirius aidait Harry dans son projet d'Animagus.

Par chance, arrivé en septembre, les manques dans l'éducation moldue de Harry seraient légers et il pourrait se concentrer sur sa socialisation, ce qui était tout l'intérêt de l'envoyer à l'école en premier lieu. Se faire des amis était aussi la chose qui faisait le plus peur à Harry, grâce à son cousin et Sirius était éternellement reconnaissant que Harry ait pu rencontré les Weasley et Drago Malefoy, qu'il ait eu surtout des expériences positives, ou le convaincre qu'il était capable de se faire des amis aurait été chose impossible.

« Mercredi et samedi ? » écrivit Robards.

« Sauf le trente-et-un, dit Sirius. Je ne travaillerais pas ce jour-là. »

« Je peux t'accorder des congés si tu as besoin. » lança rapidement Robards.

Sirius sourit.

« Ces deux après-midi, c'est tout ce que je peux faire pour l'instant. »

Robards acquiesça, n'ayant pas l'air du tout déçu.

« Mais en septembre, Harry commencera l'école et je pourrais être libre les jours de semaine. »

« Je prendrais tout ce que je peux avoir, répondit Robards avec ferveur, en écrivant cela. Tu ne comprends pas ce que ça signifie pour moi – à quel point j'avais besoin d'aide. Je vais arranger un deuxième bureau – ce sera petit, mais il n'y a pas de place pour quelque chose de plus grand, je le crains – dans le coin là. Considère ce box comme le tien tant que tu en as besoin. Ce Sidekick te donnera accès à la bibliothèque du Ministère, si t'as besoin de quoi que ce soit là-bas, ou quelque chose du Département des Fichiers Magiques. Il te donne pas mal de droits. »

Pour la première fois, Robards retrouva son habituel air sévère et Sirius commença à s'agiter. La forme n'était pas la bonne, mais les yeux étaient assez verts pour lui rappeler ceux de Lily et ses regards avaient toujours été terrifiants.

« Ça va sans dire que si tu abuses de ces droits, je devrais confisquer ce Sidekick et ça rendra la recherche de McKinnon beaucoup plus difficile. »

« Je me comporterais bien. » lui assura Sirius.

Robards lui lança un regard pensif, presque méfiant, qui fit se demander à Sirius quelles histoires il avait entendu à propos de sa scolarité ou même des premiers temps de Sirius en formation d'Auror. Par chance, cela dit, soit il n'avait pas entendu le pire, soit tout ce qu'il voyait en regardant Sirius à cet instant lui faisait oublier ça. Sirius se dit en silence que ça devait être la première option.

« Merci, dit Robards. Pour respecter les règles et pour avoir accepter de m'aider. »

Robards se leva et tendit la main. Sirius la serra.

« Je sais qu'après tout ce qu'il s'est passé, accepter de m'aider pour l'aider, elle, ne doit pas être simple. »

« C'est bien plus simple que tu ne crois. » dit doucement Sirius.

Robards le dévisagea un moment, avant de sourire tristement et d'acquiescer. Cette fois, Sirius s'agita un peu.

« Alors, dis-moi ce que tu sais. »

« Elle n'a pas sa baguette, dit Robards en levant une baguette fine que Sirius connaissait aussi bien que la sienne. Et que le dernier sort qu'elle a jeté avec, c'était une métamorphose permanente sur ses cheveux, pour la rendre blonde. »

Sirius fronça le nez.

« Elle est sans abri – j'ai placé des protections spécifiques pour me faire savoir si elle retourne chez elle – et je me suis rendu au Bureau des Histoires Familiales Magiques pour obtenir son arbre généalogique et j'ai rencontré toute sa famille encore en vie, jusqu'au cousin au troisième degré, pour vérifier s'ils l'avaient vu ou s'ils avaient entendu quelque chose, mais ils sont aussi ignorants que moi. J'ai parlé à Fol-Oeil, à Dumbledore et aux apprentis pour faire une liste de ses amis ou des gens vers qui elle pourrait se tourner pour demander de l'aide, mais- »

« Mais pas moi ou Remus ? »

« Remus est ton ami et sa culpabilité envers toi est la raison qui l'a poussé à disparaître- »

« Un point pour toi. » dit Sirius en se sentant nauséeux.

« Ce n'est pas ta faute. » dit doucement Robards.

Sirius sourit avec ironie. Ça l'est, plus ou moins, pensa-t-il, mais il ne répondit rien. Les yeux de Robards le dévisagèrent.

« La dernière fois que je l'ai vu, McKinnon n'allait pas bien et je ne crois pas que les décisions qu'elle a prise aient été réfléchi. C'était purement instinctif. »

« Et c'est censé me réconforter ? »

« C'est censé te donner une idée de ce à quoi nous avons affaire. »

Sirius soupira et agita la main pour encourager Robards à continuer.

« Elle n'a pas non plus d'argent. Elle n'a pas touché à son coffre à Gringotts depuis le jour où elle est partie pour surveiller Potter au Manoir Malefoy et c'était seulement quelques Gallions. J'ai aussi jeté un œil aux usages de la magie en présence de moldus – si elle avait réussi à mettre la main sur une autre baguette ou si elle utilisait la magie accidentelle ou la magie sans baguette- »

« Sans baguette ? »

« Les apprentis reçoivent des leçons particulières sur une compétence particulière, dit Robards sur un ton impatient. Tout ce qu'ils font en première année, c'est surtout de faire un choix, de trouver un professeur et de faire quelques recherches théoriques, mais c'est possible qu'elle ait réussi à trouver quelque chose. Ou même qu'elle utilise la magie accidentelle – elle est probablement assez instable en ce moment. »

« Et ? »

« Et rien. Seulement une poignée de personnes qui pouvaient correspondre à sa description ont été arrêté, mais aucun d'eux n'avait la bonne signature magique. Elle n'a pas utilisé la magie depuis des mois. »

« Ou elle est cachée derrière des protections puissantes, dit Sirius. Il y a des endroits qui cachent ces choses. »

« Il n'y a pas beaucoup d'endroits comme ça et McKinnon n'y a pas accès, sauf si elle dort sous une poubelle sur le Chemin de Traverse. »

« Sainte-Mangouste ? » demanda Sirius.

« J'ai tout vérifié. »

« Alors elle est seule, sans baguette- »

Sirius ne dirait pas 'sans défense', parce que Marlène avait une droite plutôt impressionnante – elle avait cassé le nez d'un Mangemort quand Sirius était en septième année.

« -sans abri et elle n'a pas d'argent ? »

Robards acquiesça.

« Je dirais qu'elle est dans le monde moldue. Si elle n'utilise pas la magie, c'est qu'il y a une bonne raison derrière et c'est la seule idée que j'ai. Et elle doit vivre avec quelqu'un, parce que c'est impossible qu'elle soit capable de se débrouiller seule. »

Quand ils avaient partagé son appartement pendant la guerre, ils s'étaient débrouillés avec des repas simples (les seuls que Sirius était capable de faire), sur les autres membres de l'Ordre (Lily et Bean), en mangeant à l'extérieur ou dans les cuisines de Poudlard. Marlène avait du apprendre à cuisiner, au moins passablement, vu qu'elle avait vécu seule, mais elle avait eu la magie pendant tout ce temps-là. Elle ne ferait pas beaucoup que Sirius dans le monde moldu.

Et ça ne me rassure pas beaucoup, pensa-t-il misérablement. Qu'as-tu fait, Marlène ?