C'était un samedi soir. Lestrade était chez lui. Jusque-là il avait déjà bu deux bouteilles de London Pride pour lui tenir compagnie. Il avait mangé des restes de pizza et regardé un match de Chelsea sur la chaîne Sky Sports. Dans ses pensées, peut-être de manière inévitable, Mycroft et sa voiture, de l'avant-hier. Il pouvait presque encore sentir les sièges de cuir s'il fermait les yeux.
La carte était dans son portefeuille. Il la récupéra. Elle était devenue douce et légèrement grisée dans les coins, toutefois le centre restait intact, les nombres étant encore parfaitement incrustés. Il les inscrivit dans son téléphone en s'efforçant de ne pas trop y réfléchir et envoya un texto.
* Ce soir ?*
La réponse n'arriva même pas deux minutes plus tard : *Je suis à New York*
Lestrade passa une de ses mains le long de son visage. Il n'était pas encore dur, mais il pouvait le devenir, sans y mettre trop d'effort. Il envoya un autre message.
Occupé ?
Cette fois-ci la réponse mis plus de temps.
Non.
Son téléphone sonna une seconde fois, et il fut surpris que cette fois-ci il ne renverse pas toute sa bière sur ce dernier.
« Je ne m'attendais pas à ce que tu m'appelles », lui dit-il.
« Dans ce cas je ne peux que supposer que tu étais en train de suggérer du « sext », auquel cas j'ai bien peur d'être dans l'obligation de te faire assassiner immédiatement. »
Il n'y avait pas, véritablement, de trace d'humour dans sa voix. Lestrade pouvait toutefois ressentir qu'il y avait quelque chose. Une invitation, peut-être.
« Attends, je vais juste vérifier l'absence de ninja dans mon armoire », dit Lestrade.
« J'emploi rarement des ninjas. Leur insistante volonté d'utiliser des armes traditionnelles les place en complet désavantage dans le jeu moderne de l'assassinat. »
« Ton sens de l'humour est terrifiant. »
« Je n'avais pas compris qu'il s'agissait d'humour. »
« Donc sexting n'est pas acceptable, mais le faire par téléphone l'est ? »
Il y eut une pause. « En théorie, oui. » Dit Mycroft.
Lestrade eut un rictus. « Cela voulant dire que tu ne l'as encore jamais fait auparavant, mais que tu ne l'élude pas d'un revers de mains car ta seule autre option est de louer des hommes ».
« Un risque majeur de sécurité. » Les mots étaient pragmatiques, comme à l'habitude, mais son ton suggérait du dégoût, si ce n'est plus.
« Pas ton truc, hein ? » Lui dit Lestrade.
« Je n'aime pas que des inconnus me touchent. » Mycroft répondit, chaque mot coupé court à la fin. « Les personnes qui apprécient les services de prostitution, ou masseuses, ou manucures, à ce propos, ont accordé très peu de réflexion aux travaux de l'esprit humain.
Cela signifiait qu'il ne leur faisait pas confiance. Signifiant, sans doute, qu'il avait confiance en Lestrade ? Pas la bonne ligne de pensée à poursuivre à ce moment précis.
« Je n'ai jamais eu de manucure », il dit à la place. « J'ai expérimenté le sex phone par contre. ».
« Et était-ce une joyeuse et positive expérience pour toi ? » Lui dit Mycroft. Son ton était de n'ouvrant neutre, mais le choix des mots le trahissait. Il était encore agacé, peut-être même un peu décontenancé. Cela fit sourire Lestrade.
« Ce n'était pas trop mal. Mais j'ai l'impression que nous pouvons faire bien mieux. Qu'est-ce que tu portes actuellement ? »
Il y eut une nouvelle pause. « Ce n'est pas le moment idéal ». Dit Mycroft. « Quand je disais en théorie… Je ne veux pas dire que j'écarte cette possibilité d'un revers de main, mais la possibilité d'une interruption est forte pour le moment. »
Tu es celui qui m'as appelé, répondit presque Lestrade. Mais il s'abstint, car Mycroft venait de l'appeler, même s'il savait que du sex par téléphone ne pourrait pas se faire. « Comment est New York ? » Il demanda à la place. « Prêt pour aller voir Le Roi Lion à Broadway pendant ton séjour ? »
Mycroft fit un son de profond dégoût. « Je m'en vais assister à une série de difficile et superficiel rendez-vous puis je m'en irai, dès que possible. » Dit-il.
« Aller, il doit bien y avoir quelque chose que tu souhaiterais voir ».
« Hormis le terminal des départs à l'international ? »
« Hormis cela, ouais. » Lestrade dit, plus ou moins patiemment. « Quand tu te lamentes, tu deviens un peu comme Sherlock, tu sais. »
« Oubli cette idée. » Murmura Mycroft. Il fut silencieux pendant un moment. « Il y a une production d'Antigone en Grec Ancien actuellement jouée à Greenwich Village. Je ne serais pas complètement rebuté à l'idée de la voir ».
« Ça a l'air plutôt sympas », Dit Lestrade.
« Tu ne peux pas sérieusement le penser. »
« Sympa pour toi. » Lestrade fronça les sourcils. « Tu peux le comprendre alors ? Juste en l'écoutant parlé de cette manière ? »
Il y eut un bref silence. « Quelques années ont passé depuis le lycée ». Dit Mycroft. « Toutefois, j'ai cru comprendre que les lignes seraient projetées sur un écran au-dessus de la scène comme ils le font souvent à l'opéra. »
« Ils le font ? Ceux dans lesquels je me suis rendu n'en avait pas. J'aurais apprécié. «
« As-tu assisté à de nombreuses représentations d'opéra ? »
Lestrade roula des yeux. « Tu n'as pas besoin de prendre ce ton. J'en ai vu quelques-uns ».
« Vraiment ? » Mycroft sonnait, s'il fallait le décrire, encore plus étonné. « Et les a tu appréciées ? »
« Ça allait. Je sais qu'on est supposé aimer ou détester, mais… ce sont des personnes se pavanant sur une scène, bougeant les bras et chantant. Difficile d'en être ébahi. Le chant est sympa. »
« Peut-être faudrait-il que tu assistes à de meilleures représentations. »
« Es-tu en train de m'inviter à un date, Holmes ? » Les mots étaient sortis simplement, mais Lestrade était heureux que Mycroft ne soit pas là pour le voir étrangler sa bouteille de bière.
Il y eut un silence le temps d'un battement. « Aurais-tu une objection si ça l'était ? » Demanda Mycroft.
Si Mycroft ne connaissait véritablement pas la réponse à cette question, alors la jouer cool n'était pas la manière d'aborder la chose. « Pas même si tu devais m'emmener voir une pièce jouée en ancien Grec. » Dit Lestrade.
Mycroft laisser s'échapper un léger rire qui sonnait, semble-t-il, un semblant rassuré. « Je vais devoir me renseigner à mon retour. Je suis persuadé que Londres peut produire quelque chose d'aussi mémorable. »
Lestrade fredonna quelques mesures de Somewhere Over the Rainbow, et termina par : « The dreams that you dare to dream - » (* les rêves qui tu oses rêver*)
« Arrête ça. » Lui demanda Mycroft, amusé et décontenancé. « Est-ce que cela est supposé être du chant ? »
« J'ai une putain de superbe voix » Déclara Lestrade, et il reprit sa chanson, augmentant le volume.
« Vingt ans en arrière et les milliers de cigarettes en moins, peut-être. » dit Mycroft, raisonnant par-dessus les paroles de la musique avec suffisamment de force pour que Lestrade le suspecte d'avoir lui-même une superbe voix. « Maintenant, tu devrais vouloir considérer différents adjectifs. »
« Comme ? » Lestrade demanda, souriant à lui-même.
Il y eut une longue pause. « Adéquate. » Dit Mycroft.
Lestrade fronça les sourcils. « Qu'est-ce que c'est ça ? Tu invites un homme à l'opéra et perd toute habilité de sortir une insulte décente ? D'autres personnes le savent ? »
« Avant que tu ne poses une question évidente, s'il te plait essaye d'extrapoler au regard des informations précédentes s'agissant de mes propres standards et de la pertinence de ma diction."
Lestrade fixa le mur opposé pendant qu'il traitait l'information. "C'était un compliment", il dit.
"Une stupéfiante déduction. Quelqu'un pourrait penser que tu as travaillé avec Sherlock Holmes."
"Je t'emmerdes." Dit Lestrade, sa parole en autopilote alors qu'il essayait de se convaincre qu'il ne rougissait pas.
"Et pourtant, à certains égards-". Il y eut une pause, et la voix de Mycroft passa de chaleureuse et amusé à l'habituel ton monotone. "Attends." dit-il, et il y eut le faible craquement électrique alors que Mycroft prenait un autre appel.
Il fut de retour une minute plus tard, et Lestrade entendit le bruit familier de froissement des vêtements, qui se devait d'être présumément Mycroft qui enfilait son manteau. "Je dois y aller". Dit Mycroft. Cela sonnait plus urgent qu'une simple réunion préalablement prévue.
"D'accord". Il n'allait pas demander pourquoi. C'était inutile.
"Je te souhaite une bonne soirée." Dit Mycroft.
"Elle aurait été meilleure avec – Si tu avais pu rester."
Il y eut une nouvelle pause qui aurait pu être une hésitation, ou simplement Mycroft qui cherchait son parapluie. "De même". Dit-il, et il raccrocha.
Lestrade termina son diner, se jeta sous la douche, se souvint finalement de mettre ses draps au sèche-linge, les remis sur son lit, et sagement alla se coucher. Le jour suivant, il patienta jusqu'à après les petit déjeuner pour envoyer un message et il le considéra comme un triomphe.
Tu vas bien ?
Bien sûr, Mycroft allait bien. Il n'était pas James Bond, pour l'amour de Dieu. A tout le moins, il était M, sauf que M ne partait pas dans des endroits inconnus ni ne revenait avec des bleus et une luxation de l'épaule. Lestrade se frappa doucement le front de son poing. Ce n'était pas une conversation saine à avoir, surtout avec lui-même.
Il réfléchit à aller au travail pour se permettre de penser à quelque chose d'autre, mais c'était dimanche, il était supposé être en jour de repos, et l'état de son appartement était bien trop catastrophique pour être ignoré plus longtemps. Il avait presque terminé de gratter une inidentifiable tâche marronnée incrustée sur le sol de sa cuisine quand Mycroft lui répondit.
Situation sous contrôle. Ne t'en inquiète pas.
Lestrade fronça les sourcils. C'était très différent que de simplement dire oui. Il fit de son mieux pour ne pas s'en inquiéter, mais simplement car il n'avait aucune autre option d'envisageable.
Cet après-midi-là, quand Mycroft l'appela, il ne put s'empêcher de demander, "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
"Pas important" Mycroft dit, et se stoppa. "Un projet au travail nous cause certaines difficultés. Vraiment rien dont il faille s'inquiéter."
"Est-ce que ces difficultés sont liés à toi te faisant frapper il y a quelques semaines ?"
Une pause plus longue s'ensuivit. "J'avais été attaqué à la sortie d'un restaurant." Mycroft dit avec précaution. "C'était une tentative de vol extrêmement mal exécutée."
Ce n'était pas ce qu'il avait dit auparavant. Il lui avait dit qu'il ne pouvait en parler, ce qui signifiait que c'était directement lié au travail. Maintenant, au téléphone, là où quelqu'un pourrait éventuellement être en train d'écouter, ce n'était qu'un vol. Lestrade pensa que cette réponse pouvait être un oui, que c'était directement lié à ce mystérieux projet.
"Ont-ils pris quoi que ce soit ? Il demanda. Et, parce que cela aurait été étrange de ne pas demander, "Tu l'as signalé ?"
"Non, et non. Ce n'était pas nécessaire."
Lestrade pensa entendre un certain soulagement dans la voix de Mycroft. Heureux que Lestrade ait pu comprendre l'indice, sûrement. Lestrade l'embêta un peu à propos du signalement jusqu'à la fin de l'appel, juste pour le faire douter.
As-tu le mal de mer ?
Lestrade fronça les sourcils devant son écran de téléphone. Il était minuit passé. Il venait tout juste d'éteindre les lumières. Il répondit par la négative et espéra à moitié qu'il n'obtiendrait aucune réponse. Mycroft ne voudrait rien faire maintenant. Et Lestrade n'était clairement pas suffisamment désespéré pour dire oui si c'était le cas. Même si cela faisait maintenant deux semaines que Mycroft était de retour en Angleterre.
Un autre message : "Il va y avoir une voiture en bas de chez toi dans dix minutes. Si tu ne veux pas venir, tu peux simplement l'ignorer."
Lestrade sourit à l'écran. Il trouvait ça attachant que Mycroft utilise des virgules dans ses textos. Pas suffisamment, évidemment, pour se sortir du lit pour … une partie de sex extrêmement torride, de toute évidence sur un yacht ou quelque chose du genre. Lestrade hésita et réexamina ses priorités.
Seul à l'arrière de la voiture, la route fut longue et quelque peu surréaliste. Il s'assoupit plus d'une fois, seulement pour être réveillé par les sirènes de la ville, ou un virage serré, ou encore les flashs des lumières criardes apposées sur les devantures des magasins.
La voiture se stoppa à St Katherine Docks. Mycroft l'attendait avec seulement la moitié de son costume trois pièces sur lui, la veste ayant disparu, et les manches rapidement relevées. Il apposa sa main dans le dos de Lestrade et le dirigea au travers d'une porte verrouillée puis sur un yacht élégant et blanc. Le nom sur la coque était Eurydice.
Les légères courbes de la coque reflétaient les couleurs de Londres. La tamise frappait méthodiquement contre son flanc, et le son mélangé au grondement du trafic semblait toujours plus distant. Lestrade se demanda même s'il ne rêvait pas.
Il était encore plus irréaliste d'être mené sur le bateau puis dans une véritable chambre. Le lit avait des draps couleurs moutarde, et Mycroft le poussa immédiatement dessus. Il déboutonna son jean, le descendit, retira les sous-vêtements, puis enfin la bouche de Mycroft était sur sa queue, chaude et humide. Mycroft s'accrocha à ses hanches de ses deux mains et les maintint au lit alors qu'il le prenait en bouche, profondément et sûrement et rapidement.
Lestrade se mit à remuer et à grogner. Ses mains ne faisaient que s'ouvrir et se refermer. Il pouvait entendre l'eau frapper la coque du bateau, tout comme le pouvait Mycroft, car il le suçait en rythme. Lestrade eut un moment fou à se demander si cela voulait dire quelque chose, car tout signifiait quelque chose avec Mycroft, et puis, après quelques interminables minutes, il jouit.
Le plafond était peint d'un bleu très pale. Il cligna doucement des yeux à sa vue. Mycroft était déjà debout, nettoyant sa bouche et lissant ses pantalons, avant que Lestrade ne parvienne à former des mots.
« Attends... Tu pars ? » Dit Lestrade. « Tu ne veux pas... »
« Ça, c'était ce que je voulais » Dit Mycroft. « Objection ? »
« Non... mais... »
Mycroft s'assit à côté de lui. Il posta sa main sur la joue de Lestrade puis lui lissa les cheveux vers l'arrière. « Reste », dit-il. « Dors ».
« Brosse à dent. » Objecta Lestrade.
Mycroft sourit. « Tout ce dont tu as besoin a été fourni. Je la garde bien rangée. »
« Est-ce là ton bateau pour t'échapper ? »
« D'une certaine manière. Cela dépend de ce dont j'ai besoin de m'échapper. Dors, » il répéta, et se leva. « Je suis désolé. J'ai du travail. »
« Il est tard. »
« Quand bien même, » Mycroft dit, et il partit.
Lestrade se réveilla le matin qui suivi entremêler dans les draps et ses étranges rêves. La salle d'eau contenait tout ce qu'il fallait, avec ses marques habituelles, et la cuisine possédait une tasse de café, des croissants frais, et du beurre et confiture, ce qui était meilleur que la plupart des petits déjeuner qu'il avait chez lui.
Il prit la tasse avec lui, partiellement parce que le café était excellent, et partiellement parce qu'il avait besoin d'une preuve matérielle de ce qu'il s'était passé la nuit précédente.
Une suspecte de meurtre de quinze ans courus dans une allée. La police allait l'avoir. Lestrade pouvait les entendre alors qu'il s'écroulait lentement sur ses genoux. Quel genre de personne transporte trois couteaux ? Il lui en avait pris deux. Elle avait planté le troisième sur le côté, juste sous ses côtés.
Respirer faisait mal. Son sang imbibait son haut ainsi que sa veste de costume, coulant le long de sa taille puis sur le sol. Il allait rester immobile dans cette position jusqu'à ce que l'ambulance arrive.
Son nouveau sergent l'appelait depuis l'embouchure de l'allée, et il se prit à espérer qu'il avait de nouveau Donovan, malgré tout ce qui avait pu se passer. Donovan aurait immédiatement compris qu'il ne s'était pas mis à genoux au milieu d'une allée pour son propre plaisir.
La nouvelle était jeune, nouvelle à la crime et nouvelle à Londres, et ne venait d'obtenir son examen que récemment. Elle apprenait vite et était certainement plus rapide que Lestrade ne l'avait été à son âge, mais à cet instant il avait besoin qu'elle arrête de parler et qu'elle soit simplement psychique.
Une fois qu'elle fut suffisamment proche pour voir le sang, tout se passa rapidement. Il y eut des ambulanciers. Il y eut une civière. Être à l'horizontal permettait de penser de manière moins douloureuse, et il donna à son sergent des dernières instructions à propos de l'affaire avant qu'il ne soit emmener dans l'ambulance.
« Y a-t-il quelqu'un qu'il faille prévenir, Monsieur ? » quelqu'un lui demanda.
Il serra ses yeux fermés et essaya de penser. S'il ne donnait pas un nom, ils appelleraient sa sœur, et ce serait de nouveau le retour des rounds pour savoir pourquoi il faisait un métier si dangereux, pourquoi n'a- t-il pas encore été promu à un travail de bureau tranquille et sans danger, et vraiment, devait-il garder ses cheveux coiffés de cette façon ?
Pas Sherlock. Pas John, parce John viendrait avec Sherlock. Pas son dernier petit ami, qu'il n'avait pas vu depuis décembre. Définitivement pas son ex-femme. Ses quelques amis en dehors des forces étaient des personnes qu'il appelait pour prendre une pinte et regarder le match, pas pour ce genre d'évènement.
« Carte », dit-il. « Dans mon porte-monnaie. Mycroft Holmes. »
Surement que Mycroft ne serait pas trop ennuyé. Il n'avait pas à venir lui-même. Il avait des personnes qu'il pouvait envoyer.
Lestrade se réveilla. Ses paupières semblaient avoir été scellées, sa gorge brûlait, et il était complètement shooté aux anti-douleurs. La chambre avait inévitablement une odeur d'air vicié et d'antiseptiques, et quelqu'un était en train de parler.
Mycroft était ici, dans sa chambre, en train de parler au téléphone.
Ce fut un tel choque pour Lestrade qu'il releva ses paupières pour confirmer visuellement cette information. Mycroft était debout par la fenêtre, téléphone à l'oreille, parlant dans une voix basse et tendue.
« Je m'en fiche. S'il repère la queue, nous gérerons les conséquences, mais Carruthers ne va nulle part sans qu'il n'y ait des yeux sur lui jusqu'à ce que Deception soit terminée. Compris ? »
Il obtint apparemment la réponse qu'il désirait, car il raccrocha puis se tourna en direction de Lestrade.
« Si quelqu'un a pris un seul couteau à son opposant, ce dernier pourrait, peut-être, être justifié de ne pas se douter qu'il y en ait un autre, mais assurément quand il a arraché deux couteaux à la personne en question, la possibilité d'un troisième se doit d'être au moins suspecté. » Dit Mycroft.
« Elle ne s'est pas enfuie ».
« Je ne pourrai me soucier moins de l'arrestation d'une jeune voyou. Je ne peux pas croire que tu ai été si irresponsable. Ton manque de jugement -"
"Gentil à toi de t'inquiéter." Dit Lestrade, un sourire se dessinant aux coins de sa bouche.
Les muscles de la mâchoire de Mycroft se serrèrent. « Ce fut extrêmement incommodant. S'il te plait prend davantage de précaution dans le futur ». Dit-il. Il ramassa son manteau d'une chaise, pris son parapluie près de la porte, et sortit.
Lestrade sourit pendant un moment puis attrapa le bouton d'appel. Les médecins apprécient de savoir quand leur patient ont repris conscience, et le plus tôt il serait piqué et sondé, le plus tôt il pourrait partir.
A sa surprise, une docteure arriva presque immédiatement. Selon son expérience, le bouton d'appel permettait au mieux d'appeler une infirmière, et seulement quand une pouvait être dérangée pour être honnête. Présumément, la théorie disait que si l'on était capable de presser un bouton, alors vous ne deviez pas être en si mauvais était.
« Margaret Killick, » dit-elle. Et lui serra la main. Pas Dr Killick, alors même qu'elle en était clairement un. Hormis son identité inscrite sur sa veste, Lestrade connaissait bien cet air supérieur de confiance en soi. Elle était grande et mince, des boucles grises remontée en chignon mais s'échappant par ci par là pour tomber autour de son visage. Elle avait un sourire gentil. « Comment vous sentez-vous, Inspecteur ? »
« Vraiment bien », dit-il, honnêtement. « Sous combien de morphine suis-je actuellement ? »
« Sur une échelle d'un à énormément ? », dit-elle. « Enormément. On va arrêter là maintenant. Vous aviez besoin de dormir. »
« Quel jour est-on ? »
« Demain. »
« Et quel est cet hôpital ? »
Elle inclina légèrement la tête. « Mr Holmes ne vous a pas expliqué ? »
« Mr Holmes m'a envoyé balader car je me suis fait poignarder puis a quitté les lieux comme si quelqu'un venait de lui mettre le feu. »
Elle acquiesça comme si c'était un comportement parfaitement normal pour Mycroft, ce que Lestrade serait prêt à parier sur sa sœur que non.
« C'est un établissement privé. » Dit-elle. « Mr Holmes vous a fait transférer ici et m'a demandé de veiller sur vous. »
Lestrade la regarda puis fronça les sourcils. Tout à propos d'elle, de son âge à sa manière de se présenter prouvait qu'elle avait une place bien trop importante pour avoir à le gérer lui et sa petite blessure au couteau. A moins qu'elle ne soit chirurgienne et qu'il lui manquait dorénavant un organe, mais cela semblait comme quelque chose qu'elle aurait immédiatement mentionné.
Il chercha un moyen de demander avec tact, mais cela l'échappait. Il finit par regarder le reflet sur ses lunettes à la place.
Elle ricana et tapota l'arrière de sa main. « Encore avec moi ? » Lui demanda-t-elle.
« Oui, désolé. Juste. Pourquoi vous ? »
Elle leva un sourcil. « Pourquoi pas moi? »
« Je ne voulais pas dire... Mon dieu. Il ne me manque pas une moitié d'estomac, si ? »
« Vos organes internes sont cent pour cent intacts. »
"Alors pourquoi-"
« Vous ne partagez pas une chambre à l'Hopital Charing Cross avec un homme interné pour un calcul rénal qui ne veut regarder que The Only Way Is Essex toute la journée ? »
Il pointa du doigt, avant de le regretter immédiatement. « Ça, oui. Aïe, » dit-il, reposant son bras à ses côtés.
Elle l'étudia, et son visage en révélait autant que celui toujours impassible de Mycroft. « Quand Mr Holmes s'est décidé à faire quelque chose, il le fait soigneusement. »
Lestrade dériva pour un joyeux court moment à la pensée de Mycroft le touchant soigneusement, puis il secoua la tête dans un futile effort de l'écarter. « Alors... Soit il ignorait l'appel de l'hôpital complètement, soit... soit ça. » Dit il, regardant autour. Il y avait un canapé de cuir, une plante, une peinture abstraite avec de visible grumeaux de peinture prouvant que ce n'était pas seulement une image imprimée. C'était encore clairement une chambre d'hôpital, mais surement la plus belle qu'il ait jamais vu. « C'est ce que vous dites. »
"C'est ce que je dis. D'autres questions ? Qui ne sont pas reliées directement à Mr Holmes ?" Elle ajouta rapidement.
Il referma la bouche et réfléchit à des questions sans lien avec Mycroft. Seule une se présentait à lui. « Quand puis-je rentrer chez moi ? »
« Avez-vous quelqu'un pour s'occuper de vous ? »
« Oui. » dit-il, immédiatement. C'était un vieux et familier mensonge.
"C'est ce qu'il m'a dit que vous diriez." Elle le regarda. "Vous rentrerez chez vous une fois que je serai convaincue que vous n'allez pas vous épuiser et finir inconscient sur le sol. Les gardes à l'entrée sont armés et autorisés à arrêtés quiconque essaierait de sortir du bâtiment sans autorisation, alors n'essayez pas."
Il vacilla devant elle. Une clinique privée avec des gardes armés. C'était... quelque chose pour lequel il était bien trop fatigué pour devoir y réfléchir. Il confirma qu'il n'essaierait pas de s'échapper, elle regarda sa tenue et lui annonça que quelqu'un viendrait pour le changer bientôt, puis on le laissa tranquille.
Cela lui pris une minute ou deux avant qu'il ne parvienne à se lever droit et finalement sur ses pieds. Il utilisa le pied à perfusion pour tenir et traversa la pièce jusqu'à la chaise préalablement occupée par le manteau de Mycroft. C'était finalement encore occupé par un dossier qu'il avait laissé derrière son passage.
C'était tamponné TOP SECRET, ce qui confirma seulement à Lestrade que Mycroft l'avait laissé ici délibérément. Aucun doute qu'ils ne faisaient pas de telles choses dans la vraie vie, et il était sûr que Mycroft Holmes ne pourrait oublier des dossier classifiés top secret dans une chambre d'hôpital.
Il s'assit dans la chaise et l'ouvrit. Presque immédiatement, sa confidence commença à décroitre. Ce n'était clairement pas une blague, et c'était une affaire de meurtre. Ce n'était pas un divertissement pour un inspecteur contraint à rester confiné. C'était, de ce qu'il pouvait en dire, les détails d'une très complexe et confidentielle opération pour démanteler une cellule terroriste anarchiste agissant à Londres, et il était supposé atteindre le stade final la semaine qui suit. Les notes à la fin concernaient du nettoyage et des phrases telles que "enterrer tous les contacts précédents" ce qui était suffisamment vague pour qu'il puisse imaginer le pire.
Il le referma et le teint dans ses mains. Était-ce là l'opération qui causait autant de problèmes à Mycroft ? Jusque-là ça lui avait couté des heures de sommeil, une attaque à la sortie d'un restaurant, et des vols à Baghdad et New York, apparemment à l'encontre de sa volonté, aussi étrange que ce concept puisse l'être s'agissant de Mycroft Holmes.
Il hésita, puis repris le fichier sur son lit. C'était bien trop sensible pour les laisser apposés là, peu importe combien il aimerait pouvoir prétendre ne les avoir jamais vu. Mycroft le saurait de toute façon.
Apparemment, la marche au travers de la pièce a été suffisamment d'exercice pour le mettre à terre. Il ferma les yeux.
Une main était sur son torse. Une voix répétait son nom. Lestrade lutta pour sortir du brouillard de fatigue et de morphine et leva le regard vers Mycroft.
« Où est-il ? »
« Sous mon oreiller. »
Mycroft glissa la main sous l'oreiller, en extirpa le dossier, et l'examina. Ses épaules s'affaissèrent de quelques millimètres, et sa mâchoire se relaxa.
« Cela ne semblait pas être une bonne idée de le laisser trainer. » Dit Lestrade.
« Tu l'as feuilleté. »
« Ouais. Pardon. Je pensais que tu l'avais ici exprès. »
Mycroft s'assit dans la chaise près du lit et entrelaça ses doigts sur ses genoux. « Cela me laisse face à un dilemme. Cette opération est en préparation depuis près de 2 ans. Rien ne doit en entraver le chemin de sa réussite. »
« Que penses-tu que je vais faire ? Exposer une affiche avec la date et la localisation ? Je ne dirai rien. »
« Je suis persuadé que tu ne diras rien. Volontairement. Avec quelque chose de cette ampleur, cependant, je ne peux pas me permettre de prendre de risques. »
Lestrade leva son regard sur le visage de Mycroft. Un sentiment d'inévitabilité glissa sur lui. « Qu'est ce que cela veut dire ? » dit-il.
« Cela signifie que tu as le choix de ton hébergement. Tu peux rester ici, ou tu peux rester avec moi, mais tu ne peux pas rentrer chez toi, et je crains que travailler est aussi hors de question. »
« De quoi est-ce que tu parles ? Je dois aller au travail. Je suis suffisamment en retard comme ça ! »
« Tu n'es pas en condition de poursuivre les criminels, et tu peux faire toutes les formalités administratives aussi bien au bureau qu'à l'extérieur. Je suis sûr que la sergent Cantor sera heureuse de te faire parvenir tout ce dont tu auras besoin. »
« Oubli. »
« S'il te plait ne fais pas l'erreur de croire que je t'offre le choix. Tu ne retourneras pas au travail avant que toute cette opération soit terminée. »
Lestrade repoussa les draps et se mis sur ses pieds. La tenue d'hôpital n'aidait pas à tenir sa position, mais il se sentait mieux débout plutôt que soutenue par des oreillers pour argumenter. « Il n'y a aucune raison justifiant tout cela. » dit-il. Il essaya de garder un ton pas trop élevé, ne pouvant rester calme pour autant. « Les chances pour que quiconque ne réalise jamais que j'ai vu ce dossier, sans compter – »
« Je ne joue pas avec la chance. » Dit Mycroft. « Du moins pas quand cela n'est pas nécessaire, et dans ce cas ça ne l'est pas. Je peux être absolument certain que cette situation n'a aucun impact sur l'opération, et le seul sacrifice - »
« Tu ne peux pas juste m'enfermer en prison parce que – »
« - n'est que quelques jours que tu aurais de toute façon passé à récupérer. Tu dois arrêter d'être aussi borné à ce sujet !" » Les joues de Mycroft étaient colorées, et ses doigts étaient serrés sur le bord du lit.
Lestrade s'avança vers lui. Mycroft maintint sa position.
« Tu vas avoir des difficultés à intimider qui que ce soit avant qu'ils ne t'enlèvent la morphine." Mycroft dit. "Quand bien même je vois que tu essayes. »
« Tu ne peux pas faire ça. »
« Je le peux. Je crois que ce que tu veux dire est que je ne veux pas le faire, sûrement suivis par quelque ineffective manipulation émotionnelle. »
« J'espérais une manipulation émotionnelle effective. »
« Peut-être peux-tu obtenir de Sherlock qu'il t'écrive un guide d'étude sur le sujet, mais jusque-là je crains que tu ne manques de chance. » Mycroft soupira et se pinça l'arête du nez. Si près, Lestrade pouvait voir les ombres sous ses yeux. « Trouverais-tu cela plus facile si je te le demandais ? S'il te plait. Cela rendrait ma vie beaucoup plus simple si je n'avais pas à m'inquiéter à propos de ça. »
Lestrade vacilla. Il ne pensait pas entendre un jour Mycroft dire s'il te plait et que cela sonne un minimum comme s'il le pensait. « Mais ta maison ? Vraiment ? » dit-il.
« Tu me verra très peu, si cela est le problème. J'ai énormément à gérer cette semaine. »
« Ce n'est pas le problème. Bien » dit-il dans un soupir. « Ok. Il faut que je rentre chez moi et récupère quelques affaires avant. »
« Fais une liste. J'enverrai quelqu'un à ton appartement. »
« Il vaut mieux ne pas demander comment il rentreront, je suppose. »
« Il ne vaut mieux pas, » Acquiesça Mycroft. « Veux-tu un coup de main pour retourner à ton lit, ou préfères-tu continuer à vaciller où tu es ? »
« Je vais bien. » Lestrade rétorqua. Il se redressa pour ne plus dépendre de la perche à perfusion et débuta son trajet retour, conscient de Mycroft restant juste derrière lui. Mycroft le surveilla pendant que Lestrade se glissait lentement sous les draps, mais n'essaya pas d'aider.
« Je ne vais pas être agréable à supporter, tu sais. » dit Lestrade. « Je déteste ça, ne pas être capable de vaquer correctement. »
« Comme je le disais, tu en verras plus de ma maison que tu ne me verras. Et quand bien même nous prenions en compte ton avérée mauvaise humeur, je suspecte fortement que tu seras la personne la plus agréable à qui je parles cette semaine. »
« Ta semaine va véritablement être de la merde, dans ce cas. »
Mycroft considéra cette affirmation un moment, puis approuva. « Très probablement, oui. Je vais parler au Dr Killick. Fais ta liste. »
Il posa un petit carnet de cuir et un stylo noir vernis sur la table, adressa à Lestrade un dernier regard, puis sortit. Lestrade prit le stylo. Il était doux et lourd dans sa main. Le capuchon révéla une fine pointe dorée d'un stylo plume. Il leva les yeux au ciel, puisque personne ne pouvait le voir.
D'ici le lendemain après-midi, il était installé dans une des chambres d'ami de Mycroft. La maison se trouvait dans le Hertfordshire, cachée derrière de grands murs de pierre et placée au centre d'un jardin mesurant la taille d'un petit parc. L'intérieur était fait de beaucoup de bois et de cuir et correspondait tellement aux attentes stéréotypées de Lestrade d'un décor poch que cela en devenait déconcertant.
Le lit qui se trouvait dans la chambre de Lestrade était probablement plus vieux que certains Etats. Deux sacs étaient posés en son centre. Le premier était un sac à dos qui contenait de toute évidence ses vêtements, et l'autre était son propre sac de boulot, une chose en cuir abîmée achetée pour lui par sa sœur il y a vingt ans.
Une délicate table en bois sur le côté du lit supportait une carafe en Crystal pleine d'eau et un verre. La salle de bain qui était attachée à la chambre avait une baignoire sur pieds, un miroir massif au cadre doré, et un chauffage au sol. C'était là la plus belle chambre que Lestrade n'avait jamais occupée. Il se tenait en son centre, fatigué de la simple montée d'escalier, une douleur lancinante à sa taille, et souffrant de ne pas être chez lui avait son sofa affaissé et son sol stratifié. Il se laissa le temps de se lamenter jusqu'au décompte de soixante. S'il comptait lentement, il n'y avait personne ici pour s'en soucier.
Quelqu'un lui prouva le contraire en toquant à la porte. Il se trouva que c'était la gouvernante de Mycroft, ou peut-être une gardienne, et, Lestrade soupçonnait son système de sécurité. Elle était une femme petite et robuste dans un tailleur strict qui ne cachait en rien l'amas de muscles qu'elle avait.
« Que puis-je faire pour vous, Mme Simmons ? » Demanda Lestrade. Elle portait une alliance, mais son regard le laissa regretter d'avoir supposé qui que ce soit. Il portait encore la sienne, après tout.
« Juste Simmons. Vous pouvez venir et prendre le thé à la bibliothèque, » dit-elle. « En bas des escaliers, seconde porte à droite. »
« Et tout droit jusqu'au matin ? »
Elle lui lança un regard aussi sévère que son tailleur et partit. « Cinq minutes. » Dit –elle.
Il envoya un message a Mycroft, parce que le bâtard ne devrait pas oublier qu'il a enfermer Lestrade ici.
Ta majordome/gardienne/ninja ne m'aime pas.
La réponse arriva immédiatement : Ne l'appelle pas Mme Danvers. Je sais que tu en es tenté.
Lestrade renifla. Je pensais plutôt à grace poole.
Est-ce que cela fait de toi Jane Eyre or ma folle de femme dans le grenier ?
Lestrade tapa une réponse alors qu'il descendait les escaliers.
Probablement encore sain d'esprit, au moins encore pour quelques jours.
La bibliothèque était encore plus garnie de bois et de cuire que le reste de la maison. Lestrade s'enfonça dans un fauteuil à oreillettes en cuir vert. La cheminée était allumée. Il ne faisait pas froid dehors, mais la maison semblait emplie d'un léger froid humide. Lestrade en était ravi, ainsi que de son thé qui était posé sur la table à côté de sa chaise.
C'était ce à quoi il s'imaginait : porcelaine d'os, détails en or discret. En plus de la tasse de thé, il y avait de petits gâteaux, et deux sortes de petits sandwiches. Un était au concombre, et l'autre, il le comprit quand il croqua dedans, était jambon et brie. Les deux étaient sans croutes.
Ils étaient bien plus de goûts que des petits sandwiches avaient normalement le droit d'avoir. Il n'avait pas tellement d'appétit à l'hôpital, mais il vida l'assiette entière et pris une autre tasse de thé avec le gâteau. Il ferma les yeux en croquant dedans. C'était moelleux et tendre, et avait le gout d'oranges. Il n'y avait qu'un morceau. Il en était arrivé au point de récupérer les miettes avec le bout de son doigt quand Simmons revint.
Il s'immobilisa puis lui adressa ce qu'il espérait était un sourire charmant. « Y a-t-il autre chose ? » demanda-t-il.
Ses yeux allèrent jusqu'à l'assiette vide et elle acquiesça. « Un autre, » dit-elle. « Je vais le chercher ». Elle commença à ramasser ses vaisselles sales.
Il atteint une des assiettes. « Je peux aider. » dit-il. « Porter des choses ? »
« Vous resterez assis », dit-elle. Elle lui arracha l'assiette de gâteau des mains et s'éloigna.
Quand elle revint, elle lui servit du thé, comme pour marquer son point.
Il s'assit. Bu le thé. Il mangea le plus délicieux des gâteaux connus à travers tout l'univers. Le sifflement et le bruit du feu, des sons familiers d'une enfance lointaine, l'endormit.
