Chapitre 7 : Bienvenue à Lindblum
Lorsque je me réveille, je suis dans un lit chaud et douillet, et en ouvrant les yeux, je distingue des baldaquins ouvragés et couverts de dorures. J'ai mal partout, mais j'arrive à me redresse en grimaçant et je regarde autour de moi. Le lit où je suis allongée se trouve au milieu d'une espèce de kiosque circulaire et je reconnais la pièce où je me trouve : c'est la chambre qui se situe au deuxième étage du château de Lindblum. On est donc bien arrivés à bon port, c'est déjà ça. De larges fenêtres laissent passer une lumière orangée alors que le soir tombe : j'ai dû rester inconsciente pendant plusieurs heures. J'ôte la couverture qui me recouvre et j'essaie de me relever. Je ne peux pas dire que je sois en pleine forme, mais au moins, je tiens debout, même si je rougis en constatant à quel point mes vieux vêtements tachés et déchirés contrastent avec le luxe de la pièce où je me trouve. Au moins, je devrais trouver de quoi renouveler ma garde-robe en ville. Alors que je vais descendre l'escalier en spirale qui quitte la chambre, un Mog s'approche de moi en voletant :
« Attention ! S'écrie-t-il. Les docteurs ont dit que tu devais te reposer et ne pas forcer, car tu es encore convalescente, coubo !
- Merci, je réponds avec un sourire, mais je me sens mieux, vraiment. Comment tu t'appelles ?
- Mokk, coubo ! Et toi ? »
Je lui réponds, et je me rappelle que j'ai une lettre pour lui. Je fouille dans mes poches pour la retrouver et je la lui tends. Il a l'air heureux d'avoir des nouvelles de Geumop et de Steelskin, et il me demande de porter une missive à Hatra qui se trouve à Bloumécia. J'acquiesce, mais cela me fait réfléchir : après la Fête de la Chasse, on va découvrir que Branet a attaqué Bloumécia, et Dagga devrait quitter le groupe avec Steiner pour essayer de convaincre sa mère de renoncer à sa guerre. Il va falloir que je décide si je veux l'accompagner ou suivre Djidane à Bloumécia. Peut-être que je pourrais aider la princesse quand elle passera par Tréno, mais j'en doute, et de toute façon, une fois qu'elle sera à Alexandrie, la reine la capturera et emprisonnera ceux qui l'accompagnent. Ça ne fait pas tellement envie. Mais d'un autre côté, si je vais à Bloumécia avec les autres, nous devrons faire face à Beate et à Kuja, et ce n'est pas une perspective tellement plus rassurante. Plutôt le contraire, en fait. Enfin, dans un cas comme dans l'autre, ça ne vaut probablement pas la peine que je me fasse trop de mauvais sang à ce sujet, parce que ça ne serait pertinent que si les autres voulaient encore de moi après ma piètre performance de ces derniers jours.
« Ça va, coubo ? demande Mokk en me tirant de mes réflexions.
- Ouais, merci, j'étais juste perdue dans mes pensées, ne t'inquiète pas ».
Je le salue, et je quitte la pièce. Les gardes qui sont à l'entrée essaient de me convaincre de rester là, mais ils n'ont pas reçu l'ordre de m'empêcher de sortir, donc ils n'insistent pas, et m'indiquent juste qu'ils devront prévenir Cid et le conseiller Olmetta de mon départ. Je hoche la tête avant de gagner la gare de Taxair pour quitter le château. Je passe d'abord au quartier commerçant, où je trouve enfin une boutique de vêtements. Je n'ai jamais aimé faire les boutiques, mais là, on peut dire que j'en avais grand besoin : en me changeant, je me rends compte qu'outre les trous que j'avais pu voir, mon jean était aussi salement déchiré au niveau des fesses. Cela me fait piquer un fard monumental dans la cabine d'essayage en pensant que Dagga et Djidane ont pu voir ma culotte. Lorsque je ressors, je ressemble un peu plus à une aventurière : je porte désormais un pantalon en tissu un peu grossier, mais en bon état, et qui a suffisamment de poches pour ne pas avoir besoin de toujours chercher des objets dans mon sac. J'ai aussi acheté une longue tunique sombre doublée d'une veste qui me descend aux genoux et qui devrait me tenir chaud sur les routes, en tout cas j'espère.
Je me dirige ensuite vers le quartier ouvrier où j'espère trouver Djidane et me nourrir un peu (mon estomac grogne de faim à la seule idée d'avaler un peu de nourriture), et je réalise que je ne me sentais vraiment pas à l'aise dans le château. Le luxe du palais avait quelque chose d'oppressant pour moi. Peut-être parce que ça me rappelle un peu trop la tendance de mon père à n'acheter que ce qu'il y a de plus cher pour exhiber sa réussite sociale. Ou peut-être seulement que les décorations à base de dorures et de tapisseries sont trop clinquantes pour moi. Dans tous les cas, l'ambiance chaleureuse et active du quartier ouvrier me convient infiniment plus. Les rues sont étroites et encombrées, et des gens de tous genres (et je veux dire tous : hommes, femmes, tapirs anthropomorphes, etc.) s'affairent en tout sens, transportent des marchandises variées, se hèlent d'un bout d'une rue à l'autre, discutent de leurs enfants. Il y a beaucoup plus de sourires et beaucoup moins de bousculades que ce à quoi je m'attendais dans une ville si animée, et je ne peux pas m'en plaindre.
Je parcours les rues à la recherche de la taverne où Djidane est censé aller, mais après quelques minutes, je m'aperçois que je suis largement perdue. Après tout, c'est un lieu du jeu qu'on ne voit qu'à ce moment-là, car il est... détruit dans l'attaque de Lindblum. Penser à ce qui va venir me fait réaliser que tous les gens qui m'entourent actuellement seront bientôt morts si rien ne change, et je dois m'appuyer à un mur en fermant les yeux pour essayer de reprendre le contrôle de ma respiration. Mais rien n'y fait, la cinématique où Atomos ravage la ville défile devant moi sans que je puisse l'arrêter, et mon imagination se fait un plaisir d'ajouter les détails les plus réalistes possibles pour s'assurer que je visualise bien toute l'horreur de la scène. J'essaie de ne pas me laisser gagner par la panique, mais les larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter, et je me mets à trembler de manière incontrôlable. Je lâche un éclat de rire hystérique : je connaissais le stress post-traumatique, mais je ne savais pas que c'était possible de souffrir de stress pré-traumatique ! Une voix rauque mais pleine de prévenance interrompt ma crise d'angoisse :
« Hé là, tout va bien ? »
Je me retourne et au milieu de mes larmes, j'arrive à distinguer une silhouette vêtue d'une cape rouge et d'un chapeau ailé. Elle tient une lance dans sa main droite, et elle a une longue queue fine et un museau pointu que je reconnais : c'est Freyja Crescent. J'essaie de reprendre ma respiration et je réponds d'une voix mal assurée à la femme-rat :
« Ça...Ça va aller, merci. Désolée, j'ai eu... une semaine difficile.
- Si tu veux en parler, je connais une taverne qui a de la nourriture potable et à des prix abordables. »
Elle m'adresse un sourire maladroit et me tend la main. Je la saisis avec reconnaissance, et je me laisse guider. Elle me conduit dans une rue que je reconnais enfin : c'est là que Djidane devrait la retrouver dans quelques instants. Elle me fait entrer dans un bouge qui ne paie pas de mine, mais elle avait raison : la soupe qu'ils y servent est chaude, et c'est peut-être que j'avais pris l'habitude des rations froides et coriaces que nous consommions depuis le départ d'Alexandrie, mais je la trouve absolument délicieuse. Je savoure ma nourriture pendant quelques minutes pendant que Freyja me regarde en avalant quelques cuillères de potage : elle est clairement moins enthousiaste que moi, sans doute parce qu'étant un chevalier dragon, l'élite de l'armée de Bloumécia, elle est habituée à bien mieux.
Finalement, elle me demande si je veux parler de ce qui m'a mise dans cet état. Je sais que je ne peux pas lui dire toute la vérité, mais je commence à lui raconter ce que j'ai traversé ces derniers jours, en omettant les aspects les plus politiques de la situation. Je sais qu'on peut lui faire confiance, mais je ne pense pas que ça aurait beaucoup de sens de lui parler des manigances de Branet à ce stade. Je dois m'interrompre plusieurs fois pour retenir des sanglots quand j'évoque les moments les plus difficiles (en particulier les rencontres avec les Valseurs), mais quand j'ai terminé, je me sens bien mieux. Et tout du long, Freyja m'a écoutée sans presque dire un mot, et ses seules paroles étaient froides et analytiques plutôt que vraiment réconfortantes mais étonnamment, cela m'aide à me sentir mieux et à prendre mes distances avec les aventures de ces derniers jours. Et malgré les horreurs que j'ai vues et vécues, je me rappelle que j'ai une chance incroyable d'être là : je suis dans l'univers de mon jeu préféré, j'ai pu voir les fleurs gelées de la Grotte des Glaces, et les ruelles tortueuses et animées de Lindblum, j'ai eu la chance de pouvoir voler dans les airs dans un engin qui ne devrait même pas pouvoir exister et je me suis fait des amis, pour la première fois de ma vie. Je suis aussi probablement en train de tomber amoureuse pour la première fois, et de deux personnes à la fois, ce qui est évidemment une moins bonne nouvelle, mais c'est tout de même quelque chose dont je n'aurais jamais fait l'expérience autrement. J'adresse un sourire radieux à la femme-rat :
« Merci beaucoup, j'avais vraiment besoin de parler, en fait. Au fait, je ne me suis pas présentée, je m'appelle Claire. Et toi ? »
Freyja s'apprête à me donner son nom, quand la porte de la taverne s'ouvre et qu'une voix insolente que je reconnais instantanément s'élève :
« Patron, la même saleté que d'habitude ! »
Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est Djidane qui vient d'arriver, comme il le fait dans le jeu. Quelque part, c'est rassurant de savoir que les événements continuent d'être prévisibles (même si cela signifie aussi que les tragédies à venir le sont elles aussi). Et, comme dans le jeu, il commence à draguer la serveuse, qui est encore moins réceptive que dans mes souvenirs. Il faut dire qu'elle a l'air d'avoir plus de trente ans et que Djidane doit être juste un gamin pour elle. Je remarque aussi qu'elle porte une alliance, qui n'est pas visible dans le jeu, et que le voleur ne doit pas avoir repérée. Freyja finit par mettre fin aux tentatives du voleur :
« Eh, queue de rat ! Tu déranges tout le monde ! Laisse donc cette pauvre femme faire son travail !
- Queue de rat ? Tu ne t'es pas vue, et la tienne ? » Réplique Djidane, piqué au vif.
Je pique du nez dans ma soupe pour qu'il ne me reconnaisse pas, et aussi pour éviter de pouffer de rire.
« Ne mélange pas les torchons et les serviettes, ça n'a rien à voir, fait semblant de se fâcher Freyja. Mais ça fait un bail, pas vrai, Djidane ? Ne me dis pas que tu ne me reconnais pas !
- Mais si, mais si ! Angélique, c'est ça ? » Fait-il avec un ton moqueur.
Je sens la femme-rat se raidir avec fureur, et le voleur poursuit :
« Ah, non, Christine, je me souviens !
- Pas du tout !
- Ah, j'y suis, tu es Rat-chel, ma voisine de quand j'étais gosse ! »
C'est une blague que j'avais complètement oubliée, et je ne peux pas me retenir d'éclater de rire. Djidane regarde dans ma direction et écarquille les yeux en me reconnaissant :
« Claire ? Qu'est-ce que tu fais ici avec Freyja ? Je te croyais au château ?
- Je ne me sentais pas à ma place là-bas, je commence à expliquer. Du coup, je suis venue dans le quartier ouvrier, mais je me suis perdue et Freyja m'a conduite ici.
- Elle n'avait pas l'air d'aller bien, alors je me suis dit qu'un peu de nourriture chaude lui remonterait un peu le moral, ajoute la femme-rat avant d'ajouter avec un peu d'acrimonie : Et je suis contente de savoir que tu te souviens de moi après tout.
- Tu sais bien que je plaisantais, Freyja, comment j'aurais pu oublier une fille comme toi ?
- Ce n'est pas la peine d'essayer de me séduire, tu sais très bien que ça ne marchera pas, répond le chevalier-dragon avec froideur.
- En parlant de ça, tu as fini par réussir à retrouver ton amour ? » Demande Djidane avec tout le tact d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Freyja lui adresse un regard de reproche, puis me résume sa situation, comment maître Fratley, une chevalier-dragon comme elle, dont elle était profondément amoureuse, a disparu et comment malgré tous ses efforts, elle n'a réussi à découvrir aucun indice concernant l'endroit où il pourrait se trouver. Je hoche la tête en faisant semblant de ne pas être au courant, mis je n'ai pas besoin de feindre ma compassion. Ce n'est pas la partie du jeu qui est la mieux écrite ni la plus développée, mais c'est difficile de ne pas éprouver d'empathie pour la femme-rat, d'autant que je sais que lorsqu'elle retrouvera son amant, il sera atteint d'amnésie et il l'aura complètement oubliée. Et j'ai beau savoir qu'ils arriveront à créer une nouvelle histoire d'amour, j'ai toujours trouvé que c'était une fin douce-amère, car Fratley ne retrouvera jamais ses souvenirs et la relation que Freyja avait avec lui a en réalité complètement disparu. Bien entendu, je ne dis rien de tout cela, et la conversation dévie sur la Fête de la Chasse qui arrive, et à laquelle Freyja espère que Fratley participera (je sais que ce ne sera pas le cas, et mon cœur se serre en pensant à la déception de la femme-rat).
« Tu as l'intention de t'inscrire, Claire ? me demande le voleur avec un grand sourire.
- De quoi ? Je rétorque en m'étouffant à moitié avec ma dernière gorgée de soupe. Tu plaisantes, j'espère ! Tu m'as vue me battre, non ? Je ne me baladerai toute seule dans des rues pleines de monstres sous aucun prétexte !
- En vrai, si on te trouvait une arme potable, je suis sûr que tu te débrouillerais très honorablement, répond Djidane avec le plus grand sérieux. Je veux dire, c'est moi qui vais gagner, de toute évidence, mais je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas t'en sortir. Je suis sûr qu'elle ne te l'a pas raconté comme ça, ajoute-t-il à l'intention de Freyja, mais elle a fait preuve d'un cran assez incroyable.
- J'avais cru le comprendre, en effet. » commente la femme-rat en hochant la tête.
Je la regarde en haussant un sourcil, dubitative. Je m'apprête à faire un commentaire, mais elle reprend :
« Mais le courage ne suffit pas toujours si l'on n'a pas les compétences et l'entraînement. Ne laisse pas ce macho à la gomme te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas, Claire. » ajoute-t-elle avec un sourire malicieux.
J'abonde dans son sens, mais je ne peux m'empêcher de réfléchir à ce qu'a dit Djidane : il est évidemment hors de question que je participe à la Fête de la Chasse. Je veux bien reconnaître que j'ai pu mettre ma vie en danger pour aider mes amis ces derniers jours, mais ce n'était pas exactement mon intention au départ. Quant à risquer de mourir juste pour le plaisir, c'est absolument hors de question ! Cependant, je me dis que trouver une arme ne serait effectivement pas la pire des idées pour la suite. Bien sûr, il faudra aussi que je m'entraîne, et je ne sais pas combien de temps j'aurai avant l'arrivée du messager qui annoncera la chute de Bloumécia, mais ça vaut au moins la peine d'y réfléchir...
Pendant le reste de la soirée, Djidane et Freyja continuent de discuter tout en s'envoyant des piques régulièrement, puis la femme-rat nous quitte, et nous gagnons l'hôtel qui se situe à l'entrée du quartier commerçant juste en face de la gare de Taxair. Nous sommes accueillis par la statue de pingouin moche que je ne pourrais jamais oublier, même si je le souhaitais (la plaque prétend que c'est un symbole de bonheur et de chance, mais son regard maléfique me fait penser le contraire), et nous allons dans nos chambres respectives. Je sais que techniquement, je ne me suis pas levée il y a si longtemps que ça, mais c'est la première fois depuis que je suis arrivée dans cet univers que je peux vraiment dormir dans un lit pour moi toute seule, et je saute sur l'occasion.
Quand je me réveille, le soleil est déjà levé depuis un certain temps. Je vais frapper à la porte de la chambre d'à côté, où Djidane et Bibi sont logés, mais ils sont déjà partis. J'en profite tout de même pour saluer Mogdon, mais il n'a pas de lettre à faire passer. Je sors et je respire l'air du matin avant de froncer le nez. Je n'avais pas fait attention hier, mais il y a une drôle d'odeur, que je mets quelques minutes à identifier : c'est simplement de la pollution ! C'est la première fois que je me retrouve dans une ville industrialisée depuis que je suis arrivée dans le jeu, et je n'avais pas réalisé à quel point cela faisait une différence ! Ce n'est pas l'odeur des gaz d'échappements à laquelle j'étais habituée, car Lindblum fonctionne plutôt au charbon, mais je reconnais très distinctement l'ambiance. D'une certaine manière, c'est presque nostalgique.
Toute à mes pensées, je remonte la rue principale en direction des commerces. Je salue Bibi, qui est en train de faire du lèche-vitrine dans une sorte de pharmacie, et je me dirige vers l'armurerie. J'y fais les emplettes que j'avais prévues : assez de Chapopointus pour forger huit Robes de Coton. Je vérifie qu'il me reste assez pour les fabriquer, puis je regarde ce que je vois d'autre. Je sais qu'il faudra acheter quelques dagues supplémentaires pour créer les lames doubles de Djidane, mais ça ne me paraît pas urgent pour le moment, et je préfère me concentrer sur les pièces d'armures qui me paraissent meilleures que celles que nous avions jusque-là (je ne suis plus entièrement sûre de ce que porte Freyja à ce stade du jeu, donc je fais au mieux). J'essaie aussi de trouver quelque chose pour moi, mais tout est bien trop lourd, et l'idée d'aller attaquer des monstres de front me terrifie tant que je manque de lâcher la masse d'armes que l'armurier me fait essayer, et j'abandonne vite l'idée. Finalement, je vois un arc et un carquois posés dans un coin, et je demande si je peux les essayer. Je veux dire, au moins, avec ça, je serai loin des monstres et donc un peu plus en sécurité, non ? Le marchand me regarde avec surprise et m'explique que personne ne s'intéresse jamais aux armes de trait, mais il accepte de me laisser essayer dans son arrière-boutique. Il me montre comment tenir l'arc, encocher une flèche et viser. C'est infiniment plus difficile et fatiguant que ce que je pensais, mais lorsqu'à mon quatrième tir, ma flèche se plante enfin dans la cible avec un « chtonk » satisfaisant, je me dis que c'est peut-être encourageant.
J'achète donc mon arme, et lorsque je demande à l'armurier s'il sait où je peux continuer de m'exercer, il me dit que je peux toujours revenir quand je le souhaite, car personne n'utilise jamais ces cibles. Je le remercie chaleureusement, et je le propose de le dédommager, mais il agite la main avec mépris :
« Ne sois pas ridicule, gamine, ça ne me coûte rien, et je ne vais pas te faire payer pour que tu apprennes à te défendre ! »
Je suis très surprise par sa générosité, mais je crois comprendre un peu mieux le caractère de Djidane. De ce que j'ai vu, ça a l'air d'être assez courant à Lindblum, en fait, et le voleur doit avoir l'habitude de trouver normal d'aider les gens dans le besoin. Je remercie à nouveau abondamment l'armurier, avant de me rendre à la forge, où Wayne et son vieux maître se disputent. Quand je passe ma commande, le jeune homme a l'air un peu surpris, mais je lui tends les matériaux et l'argent qu'il me demande, alors il ne pose pas de questions. Il m'explique seulement qu'il lui faudra un peu de temps pour assembler tout ça et que ça ne sera pas prêt avant demain. De toute façon, je ne crois pas que je suis trop pressée, mais par acquis de conscience, je lui demande quand se déroule la Fête de la Chasse. Je dois aussitôt lui expliquer que je ne compte absolument pas participer, à sa grande surprise, mais il finit par m'apprendre que j'ai une semaine avant qu'elle ne commence. Je suis absolument ravie : j'ai tout mon temps pour me préparer et m'entraîner avant la suite des opérations.
Je profite de la journée pour déambuler à travers les différents quartiers, récupérer les quelques objets dissimulés dans le décor. Je passe voir Djidane au quartier général des Tantalas, où il est en train de divertir par le récit de ses aventures Luciella et Vance, deux gamins des rues qui ont l'air de plus ou moins faire partie de la bande. Il va sans dire que le jeune voleur exagère considérablement son propre héroïsme. Par ailleurs, la version des faits qu'il propose contient un chevalier particulièrement ridicule et empoté qu'il appelle Stoner. Très subtil. Je finis mon tour de la ville avant de rentrer à l'hôtel, où je pose avec délicatesse mon nouveau carquois et l'étui de mon arc tout neuf avant de me mettre au lit avec bonheur. Cependant, je me réveille peu avant l'aube, en nage, d'un cauchemar où les yeux malveillants d'un Valseur me poursuivaient. Il me faut quelques minutes pour retrouver ma respiration et me calmer. Je sais que je n'arriverai pas à me rendormir, donc je décide de commencer ma journée dès maintenant. Je me prépare rapidement et je retourne au quartier commerçant. J'achète au passage un genre de viennoiserie à grignoter en guise de petit déjeuner (c'est fou comme ces petits luxes m'avaient manqué !), et j'arrive sur la place principale. La forge n'est pas encore ouverte, mais l'armurier est en train d'ôter les planches qui protègent la devanture de sa boutique, et il m'accueille d'un air surpris :
« Déjà levée, petite ? Que d'enthousiasme ! Je dois encore préparer le magasin, mais si tu veux t'entraîner dès maintenant, tu sais où est la cour. »
J'acquiesce, et je commence à tirer flèche après flèche. Très vite, mes muscles commencent à me faire affreusement souffrir, car je n'ai jamais été une grande sportive, mais je persiste. Je fais des pauses régulières pour ne pas me blesser, comme l'armurier me l'a recommandé, mais je ne m'arrête que lorsque le soleil est assez haut dans le ciel pour qu'il soit environ midi. Je dégouline littéralement de sueur, j'ai le bras gauche en feu à force que la corde claque contre lui, je commence à avoir des ampoules aux doigts de la main droite et je n'ai pas l'impression d'arriver à viser tellement mieux qu'avant. En me voyant revenir de la cour dans cet état, l'armurier écarquille les yeux et s'approche de moi avec empressement
« Eh bah, on peut dire que t'es déterminée, gamine ! Attends, laisse-moi te donner des pansements pour tes mains. Et tu n'as pas de protection pour ton bras ? Quel idiot je fais, j'aurais dû savoir que tu n'y penserais pas ! Je t'apporte un onguent et de quoi éviter que tu te blesses sérieusement. »
Cette fois, j'insiste pour lui laisser un peu d'argent en remerciement pour son aide, avant de sortir pour aller voir si Wayne a fini ma commande. Je m'aperçois que je suis affamée, mais ma curiosité l'emporte sur la faim : je veux vraiment savoir si je peux revendre les Robes pour faire un profit. Comme promis, le jeune forgeron a aligné huit magnifiques Robes blanches qui ont l'air extrêmement confortables. Je les prends et les ramène directement à l'armurier, qui me regarde en haussant un sourcil surpris.
« Qu'est-ce que je peux faire pour toi, cette fois-ci ?
- Combien vous donneriez pour ces robes ?
- Si elles sont de seconde main, je ne peux pas te les acheter pour le prix du marché, tu t'en doutes bien, mais je peux te les faire à 2000 gils l'unité. »
J'hésite à souligner qu'elles sont pour ainsi dire neuves et à marchander davantage, mais je suis déjà incroyablement soulagée que mon pari ait fonctionné : je viens de gagner quasiment 5000 gils presque sans effort. J'en profite pour finir mes emplettes d'hier et je repasse par la forge pour demander à Wayne les deux double-lames que Djidane pourra utiliser ainsi qu'un exemplaire de chacun des accessoires qu'il sait fabriquer. Il me demande ce que je compte faire de tout ça, mais j'élude la question, et comme je viens de lui faire gagner presque un mois de salaire en deux jours, il n'insiste pas. Enfin, épuisée, je trouve une terrasse où je me laisse tomber sur une chaise plus que je ne m'assois, et j'engloutis un déjeuner roboratif.
Je profite du début de l'après-midi pour me balader un peu. Je flâne dans le quartier théâtral, et je m'attarde en particulier dans l'atelier de Michael, qui est tout heureux d'avoir un public. Ses toiles sont effectivement aussi inintéressantes que l'affirme le jeu : ce n'est pas qu'il dessine mal, exactement, mais malgré la passion qu'il manifeste lorsqu'il peint, il ne se dégage aucune émotion de ses œuvres. Cependant, l'artiste est si enthousiaste que je n'arrive pas à être sincère avec lui, et je me retrouve à lui faire des compliments banals, mais il semble s'en contenter. À un moment, l'acteur Roswell arrive, toujours aussi fanfaron dans un costume pourpre flamboyant, et il commence à discuter avec Michael pour essayer de le convaincre de le rejoindre sur les planches. Je ne me souvenais absolument pas qu'ils étaient amis dans le jeu, mais c'est visiblement un sujet qu'ils ont déjà abordé de nombreuses fois, et ils ont une complicité évidente. Je me demande même s'ils ne sont pas davantage que des amis, mais je n'ose pas le leur demander. Je me sens rapidement de trop, et je m'éclipse aussi discrètement que possible, au cas où ils désireraient un peu d'intimité.
Je garde quand même quelques heures pour reprendre mon entraînement, malgré les conseils de l'armurier qui me suggère de ne pas forcer, car je risquerais de prendre de mauvaises habitudes sous l'effet de la fatigue. Son argument me fait réfléchir, mais je finis tout de même par décider de conserver un rythme aussi intensif que possible : j'ai besoin d'être à peu près compétente avant de repartir, ce qui me laisse un temps très limité pour progresser. Je veux dire, je n'ai pas non plus besoin de devenir une archère exceptionnelle ou de concourir aux jeux olympiques, juste de pouvoir tirer à peu près droit pour être capable de participer aux combats à venir, donc je ne pense pas que ce soit si important que ça que ma posture soit parfaite.
Le soir, je retrouve Freyja, Djidane, ainsi que Bibi à la taverne du quartier ouvrier. Djidane écarquille les yeux en apprenant mes dépenses, jusqu'à ce qu'il réalise que malgré tout ce que j'ai acheté pour l'équipe, il nous reste tout de même plusieurs milliers de gils de réserve, plus encore que la part qu'il devait toucher pour avoir amené Dagga à Lindblum. Bibi se contente de me remercier quand je lui tends les pièces d'équipement que je lui ai achetées, et Freyja me regarde d'un air un peu méfiant quand je lui offre une nouvelle armure. Mais elle finit par l'accepter gracieusement et le reste de la soirée se passe dans la bonne humeur.
Les jours suivants se déroulent sensiblement de la même manière : je continue à m'entraîner au tir à l'arc autant que je le peux, et je passe le reste de mon temps à me balader dans les rues actives de Lindblum, avant de passer la soirée à la taverne avec le reste du groupe. Parfois, Freyja a d'autres affaires à régler (je soupçonne qu'elle continue de chercher des indices qui lui permettraient de retrouver Fratley, mais elle refuse de nous en parler plus en détail), d'autres fois, c'est Djidane qui s'absente.
Quand j'y réfléchis, je m'aperçois que je me sens assez à l'aise dans l'ambiance industrielle de la ville, plus que je ne m'y attendais : quelque part, je pense qu'elle me rappelle mon monde d'origine, même si je n'ai pas grandi dans une cité ouvrière. Je n'ai toujours aucune idée de ce que je fais là, si c'est un rêve long et étrangement réaliste, ou si j'ai été transportée dans une dimension parallèle, et j'ignore toujours si je reviendrai un jour chez moi. Mais pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûr que cela me manque réellement, ni si je ne suis pas plus à ma place ici que dans ma vie d'avant : pour la première fois de ma vie, j'ai des amis qui comptent sur moi, et sur qui je sais que je peux compter, j'ai l'impression d'avoir un but, et l'un dans l'autre, même avec toutes les dangers auxquels j'ai fait face, je me plais bien ici.
Enfin arrive le jour de la Fête de la Chasse. Bien que je ne participe pas, je suis incroyablement tendue. J'ai fait des progrès au tir à l'arc, c'est certain : je parviens désormais à toucher la cible presque une fois sur deux, et j'atteins le centre bien plus souvent qu'au début. J'ai englouti plus de Potions en une semaine que durant tout le reste de l'aventure pour alléger mes courbatures et soigner les cloques et les coupures que je me suis faites, mais je suis plutôt satisfaite du résultat. Pourtant, je reste inquiète : je n'ai toujours pas réussi à décider qui j'accompagnerais pour la suite des événements, et dans un cas comme dans l'autre, je sais que les épreuves auxquelles je ferai face seront infiniment plus dangereuses et tragiques que tout ce que j'ai traversé jusque-là, ce qui n'est pas peu dire.
Malgré cela, je me rends au château en compagnie de Djidane pour lui souhaiter bon courage, même si c'est Freyja que je souhaite voir gagner : la récompense que demandera le voleur devrait être de l'argent, qui ne nous manque pas exactement, tandis que si le chevalier dragon l'emporte, elle devrait obtenir la Coraline, qui est normalement un accessoire très utile pour survivre au premier combat contre Beate.
Une dizaine de candidats sont réunis dans la salle du trône. Le roi Cid n'est pas présent, j'imagine parce qu'il ne veut pas que trop de monde soit au courant qu'il a été transformé en puluche (un genre d'insecte qui ressemble un peu à un cafard), d'autant qu'il y a un certain nombre d'étrangers au royaume. Je reconnais notamment avec surprise une silhouette trapue armée d'une immense hache plus grande qu'elle : j'avais oublié que Lamie la Chasseresse participait à la Fête aussi ! Dire qu'elle sera bientôt engagée par la reine Branet pour capturer la princesse et la ramener à Alexandrie...
J'aperçois Dagga et Steiner qui attendent aussi, et je ne peux m'empêcher d'imiter Bibi et de les serrer dans mes bras : je ne les ai vus qu'en coup de vent en visitant le château depuis le début de la semaine, et ils m'ont affreusement manqué. J'essaie de m'empêcher de piquer un fard en sentant le corps chaud de la princesse contre moi, mais je crains de ne pas du tout y réussir, et je m'écarte plus vite que je ne l'avais prévu. C'est à ce moment-là que je réalise à quel point la réaction de Djidane montre qu'il est lui aussi tombé amoureux : il le cache bien mieux que moi, mais j'ai pu voir comment il se comportait avec les filles au cours de cette semaine, et il agit tout à fait différemment avec Dagga. En temps normal, c'est un dragueur invétéré. Il traite cela comme un jeu, et même s'il n'insiste jamais lorsqu'on le rejette, il ne peut pas s'empêcher de regarder toutes les filles qui passent et de leur faire du charme. Mais avec la princesse, c'est différent : il reste joueur, bien sûr, mais il s'efforce très clairement de surveiller son comportement et d'être plus respectueux, comme s'il voulait se montrer à la hauteur de ce qu'une fille comme elle est en droit d'attendre. Et quand je jette un regard à Freyja, je pense que je ne suis pas la seule à m'en être aperçue : le chevalier dragon observe elle aussi le jeune voleur et semble surprise de ce changement, même si elle ne dit rien.
Le conseiller Olmetta interrompt mes pensées en commençant un discours sur les origines et la symbolique de la Fête de la Chasse, avant de rappeler les règles de la compétition, mais je ne l'écoute que d'une oreille. Je ne réagis que quand j'entends un petit cri à côté de moi : Bibi vient d'apprendre qu'il avait été inscrit par Djidane. Le jeune voleur réagit avec toute la désinvolture dont il est capable, mais il rappelle aussi au petit mage noir qu'il est plus que capable de se défendre. Malgré l'indignation de Steiner, assez légitime par ailleurs (j'aurais détesté que Djidane me fasse ce coup-là), je sais que l'adolescent s'efforce, à sa manière, de redonner confiance en lui à Bibi, qui est toujours un peu secoué par la rencontre avec les Mages Noirs muets et avec les Valseurs.
Olmetta donne le signal du départ, et envoie les combattants dans les différentes zones de la ville. De mon côté, je suis Steiner et Dagga pour aller observer la chasse d'une position plus sûre : nous nous rendons vers un des balcons du château, près de la salle du trône, d'où nous pouvons voir presque la moitié de la ville. La princesse nous tend des jumelles qu'elle a demandées à Cid pour pouvoir profiter du spectacle et nous nous installons aussi confortablement que possible. Contrairement à ce qui se passe dans le jeu, il n'y a pas de limite de temps : les participants sont en lice jusqu'à ce que tous les monstres lâchés en ville aient été vaincus.
Djidane fait un beau départ : il se déplace vite et avec assurance à travers les rues qu'il connaît visiblement comme le dos de sa main. De plus, il fait un usage redoutable de l'Organix dont j'ai fait l'acquisition il y a quelques jours, et chaque fois qu'il croise un Eskuriax ou un Moinosor, il parvient à les éliminer d'un seul coup sans même paraître ralentir. Cependant, il s'aperçoit vite que le quartier ouvrier où il se trouve ne regorge pas de monstres quand le conseiller Olmetta annonce que le score le plus haut est celui de Freyja. Je reporte mon attention sur celle-ci : c'est le quartier théâtral qui lui a été attribué, et elle bondit de toit en toit, pourfendant les créatures sans effort apparent. J'entends alors Dagga s'écrier avec terreur :
« Oh non ! Bibi, attention ! Oh, je n'ose pas regarder ! »
Elle détourne les yeux, et j'interroge Steiner du regard. Celui-ci m'aide à voir la source de l'angoisse de la princesse : Bibi est arrivé dans le quartier commerçant, où il est tombé sur le Phacoche, une créature à l'apparence d'un phacochère, mais qui fait bien trois mètres de haut et qui peut lancer de la foudre ! De fait, à lui seul, je ne suis pas sûr qu'il puisse venir à bout de ce monstre ! Heureusement pour lui, il a l'intelligence de courir et de se cacher, et il parvient à s'en sortir sans être blessé, mais il a perdu du temps, et il se retrouve à la traîne dans les scores. Cependant, le Phacoche a trouvé une autre cible, un homme aux cheveux blonds, vêtu d'un survêtement violet et armé d'une épée gigantesque, qui essaie de lui faire face avec ce que certains appelleraient sans doute du courage. Mais vu qu'il est immédiatement expédié contre un mur à plusieurs mètres de distance par la charge du Phacoche et qu'il retombe inconscient, je vais plutôt considérer que c'est de l'idiotie. Et je suis bien placée pour savoir que c'est complètement stupide de faire face à des ennemis bien plus fort que soi !
Steiner et moi rassurons Dagga sur le sort de Bibi, et nous continuns d'observer la chasse. Plusieurs autres participants sont éliminés, la plupart d'entre eux par le Phacoche, et les gardes de la ville s'empressent de venir les mettre à l'abri. Après plusieurs heures, les combattants ont considérablement ralenti leurs mouvements, sans doute en partie à cause de la fatigue, mais aussi parce que presque tous les monstres ont été éliminés, à l'exception notable du Phacoche qui continue de faire des ravages au centre du quartier commerçant. Un mouvement attire mon regard : Djidane vient de sortir de la gare de Taxair dans cette zone. Et comme j'ai aperçu Freyja à proximité il n'y a pas longtemps, je commence à observer attentivement la situation. Le voleur semble avoir remarqué les traces de la destruction causée par le monstre, et il avance avec la plus grande circonspection. Malgré sa prudence, quand il arrive sur la place centrale, il marque un temps d'arrêt devant le monstre, qui pousse un rugissement. Mais celui-ci est immédiatement interrompu quand Freyja, qui vient de bondir d'un toit proche, lui plante sa lance dans l'épaule. Cependant, la blessure ne sembe pas affecter le Phacoche, qui se débarrasse du chevalier-dragon d'un coup d'épaule. Djidane en profite pour se remettre de sa surprise initiale, et il s'élance, tournant autour du Phacoche avec rapidité et adresse, tout en lui lançant des coups d'épée qui semblent énerver la créature sans lui cause de graves dommages. Freyja revient à l'assaut, et à eux deux, ils parviennent à repousser peu à peu leur ennemi, lui infligeant des blessures qui s'accumulent peu à peu et ralentissant ses mouvements. Mais le sang qui s'en écoule forme des flaques visqueuses sur le sol, si bien que Djidane, sans doute en partie sous l'effet de la fatigue, glisse dessus et, déséquilibré, tombe au sol. Le Phacoche profite de cette opportunité et se rue sur le voleur ne poussant un rugissement de rage. À côté de moi, Dagga pousse un cri et elle m'agrippe le bras de toutes ses forces, mais cette fois, elle ne peut détacher son regard du spectacle. Heureusement pour Djidane, Freyja s'élance en avant et le protège en plantant sa lance en plein dans le cœur du Phacoche, qui pousse un cri de douleur qui s'éteint rapidement alors que la créature glisse au sol, sans vie.
Dagga et moi poussons toutes les deux un cri de joie, et elle s'élance vers moi pour me serrer dans ses bras avec soulagement. Steiner quant à lui grommelle un peu, mais il doit reconnaître que le combat était ardu et que Djidane a fait preuve d'un certain courage. Je pense que c'est surtout l'annonce des scores qui aide le chevalier à ne pas être trop déçu que Djidane ait survécu : Pour avoir vaincu le Phacoche, Freyja remporte tellement de points que même tous les autres monstres accumulés ne suffiraient pas à la priver de la première place.
