Chapitre 2 :
Réveil en enfer
Ce fut avec difficulté que Tsuna commença à se réveiller. Malgré tout le mal qu'il eut à sortir de l'inconscience, il se souvint immédiatement de ce qu'il s'était passé, tentant de se secouer de toutes ses forces. Seulement, une fois de plus, son corps semblait refuser catégoriquement de réagir à sa volonté. Son hyper-intuition martelait toujours dans sa tête et il avait une migraine atroce, son corps complètement engourdis alors qu'il se sentait bien faible. Ne pouvant même pas ouvrir les yeux, il ne put que rester avec ses pensées et sa panique non loin de l'envahir en réalisant sa situation.
Ces hommes qu'il avait vu, qui lui avaient retiré l'Anneau du Ciel, qui l'avaient endormis, ils avaient certainement continué en l'enlevant. S'ils ne voulaient que l'Anneau du Ciel, ils ne l'auraient pas endormis, c'était inutile dans l'état dans lequel il était. Reborn lui avait assez décris ce genre de situation lorsqu'ils parlaient de la mafia pour qu'il comprenne ce qu'il se passait. Son tuteur l'avait prévenu qu'il risquait de subir des attaques de ce genre, il faisait une cible de choix pour atteindre les Vongola de son titre de Decimo. Seulement, ils n'avaient jamais envisagé qu'une telle tentative fonctionnerait. Reborn avait promis de l'envoyer en enfer s'il se laissait kidnapper et il gémit intérieurement en se disant que rentrer à la maison serait une épreuve. Reborn allait le torturer à mort pour cette bêtise et ensuite, il lui ferait endurer des entraînements de fous atroces à n'en plus finir pour corriger sa naze attitude. Il rit doucement, intérieurement, en se rendant compte que penser à ça, penser à Reborn, l'avait calmé.
Il tenta de bouger de nouveau mais il n'arriva qu'à remuer un bout de doigt une seconde et il retourna à ses réflexions. Il avait donc été enlevé mais ce n'était pas ce qui le préoccupait le plus. La première chose qu'il avait en tête été l'image de sa mère évanouie, entourée de ces hommes. Il pria de toute ses forces pour qu'ils l'aient laissé à la maison et qu'ils ne lui aient rien fait, priant pour qu'elle aille bien. Il ne pouvait imaginer que sa mère ait pu être blessé. Elle devait être morte d'inquiétude pour lui maintenant. La seconde question était de savoir comment son père allait. Jamais il ne les aurait laissé entrer dans la maison sans rien dire alors soit il avait été drogué comme lui et sa mère soit il s'était battu et il espéra qu'il allait bien lui aussi. La préoccupation suivante était de savoir si ses amis, ses gardiens, avaient été attaqué eux aussi, la chose plus que possible si lui ou les Anneaux Vongola étaient visés. Ce furent ces trois inquiétudes qui s'approprièrent toute son attention pendant un bon moment et il pria de toutes ses forces pour être le seul à être dans le pétrin.
Il ne put dire combien de temps cela prit mais il retrouva peu à peu conscience de son corps. Cela commença par la sensation de froid qui l'entourait et qui l'étreignait, le faisant trembler un peu. Puis il se rendit compte qu'il était allongé sur un sol dur. Lorsqu'il parvint enfin à ouvrir les yeux ou plutôt à les entrouvrir, il se retrouva dans la pénombre, dans ce qui semblait être une toute petite pièce de la taille d'un placard aux murs de béton, une ampoule faiblarde l'éclairant à peine. Il y avait une grosse porte de métal mais rien de plus qu'il put voir. En tout cas c'était officiel, il était vraiment dans le pétrin. Il peina à contenir la panique et la peur qui menaçaient de l'envahir, se rassurant avec l'idée qu'on le cherchait assurément et que ses amis, Reborn, sa famille viendraient le sortir de là s'il n'y arrivait pas lui même. Mais pour espérer essayer de s'enfuir, il fallait déjà pouvoir bouger et cela, ce n'était pas gagné visiblement.
Il se demanda pourquoi on l'avait enlevé. Pour des informations sur les Vongola, sur autre chose ? Pour une rançon ? Pour faire du chantage à sa Famiglia ? Peut-être pour un mélange de tout ça ? Quand au qui, il ne pouvait le deviner, ne connaissant que trop peu les Vongola et leurs ennemis pour ça. La seule chose dont-il était certain était que cela avait à voir avec la mafia. C'était le Decimo qu'on avait enlevé, certainement pas Tsunaze, cela aurait été aberrant. Il put enfin remuer un peu et il ramena lourdement une main vers sa tête dont la joue était collée au sol. Il ne put pourtant faire plus. Il grimaça. Il avait une migraine carabinée mais il sentait aussi son corps entièrement endoloris maintenant.
Retrouvant petit à petit ses moyens, il se concentra pour tenter d'activer sa flamme. Il n'était parvenu que très rarement à le faire sans les balles de la dernière volonté de Reborn ou ses pilules mais là, il n'avait pas vraiment d'autre solution et il avait besoin de sa flamme pour espérer s'enfuir. Depuis son combat contre Bermuda, il savait qu'il n'avait pas forcément besoin de bague ou de gants pour s'en servir, restait à parvenir à l'activer. S'il y arrivait, cela pourrait déjà l'aider à retrouver ses moyens physiques, puis, avec un peu de chance, à s'enfuir. Sans sa flamme, cela serait beaucoup plus compliqué. Malgré les entraînements de Reborn, il avait un physique naturellement assez frêle et s'il avait gagné une belle et fine musculature, sa force physique simple n'était pas extraordinaire, loin de là. Même son style de combat dépendait de ses flammes. Il se concentra et il paniqua définitivement lorsqu'il parvint à peine à sentir sa flamme en lui. D'ordinaire, il la sentait parfaitement, vive et puissante et là, il n'en percevait qu'une étincelle, sachant qu'il ne pourrait rien faire comme ça. C'était très mal parti et son hyper-intuition qui refusait de s'apaiser ne l'aidait pas à se calmer. Déjà que la maîtrise de lui même n'était pas du tout son fort, là, il n'arrivait plus à garder le contrôle, terrorisé et paniqué, gémissant de peur. Reborn l'aurait certainement frappé pour ça mais il s'en fichait. Là, il savait qu'il avait de très très gros problèmes.
Au bout de ce qui lui sembla être une éternité, il parvint enfin à s'asseoir, s'appuyant sur ses bras tremblants. Il trembla de froid et s'observa un moment. On lui avait retiré ses vêtements et il était désormais vêtu de ce qui avait tout d'une tenue hospitalière composée d'un pantalon et d'un tee-shirt blancs. Cette constatation fit courir un violent frisson dans tout son corps, augmentant encore son mauvais pré-sentiment. Pourquoi lui avait-on passé des vêtements hospitaliers en particulier ? Il remarqua aussi rapidement qu'il avait un très épais et lourd collier de métal très proche de sa peau, la chose terminant de le mettre très très mal à l'aise. Tout ça ne lui disait rien qui vaille.
Il sursauta lorsque le bruit d'une clef que l'on tourne dans une serrure retentit en provenance de la porte. Il ne pouvait toujours pas bouger normalement et il avait à peine pu s'asseoir. Frénétiquement, il poussa sur ses bras et ses jambes pour s'éloigner au maximum dans un réflexe instinctif. Mais la pièce était tellement petite qu'il ne put faire qu'un petit mètre avant de percuter le mur, un petit cri de peur lui échappant. Rapidement, la porte s'ouvrit sur un homme qu'il eut du mal à distinguer, la lumière dans son dos obscurcissant son apparence. Il devina tout de même une blouse de médecin et un masque blanc qui lui couvrait le visage.
- Qui... qui êtes vous ? Que voulez vous ? demanda-t-il frénétiquement.
S'il avait espéré stabiliser sa voix en demandant, il n'y parvint absolument pas. Sa peur et sa panique transparurent dans son ton plus aiguë. Un ricanement amusé émana de l'homme qui ne lui donna aucune réponse, s'écartant plutôt pour laisser entrer deux autres d'allure semblable.
- Allez, emmenez-le, ordonna-t-il en italien.
Les deux hommes l'attrapèrent sans ménagement par les bras, le traînant sans considération hors de la petite pièce. Il tenta de se débattre mais son corps encore à moitié endormis et sa faiblesse ne lui permirent pas grand chose. Il ne parvint même pas à se mettre sur ses jambes pour éviter d'être traîné sur le béton éraflant déjà ses pieds nus. Ses vaines tentatives de résistances firent rire les trois autres qui l'entraînaient dans un couloir sombre criblé de portes semblables à celle qui l'avait enfermé une minute plus tôt. Il les questionna de nouveau, fébrile et frénétique mais on lui répondit par une ignorance totale. Il ne savait qu'une chose : ces hommes ne lui voulaient pas du bien. Son hyper-intuition l'enjoignait à se défendre, à se débattre et à s'enfuir, mais il ne pouvait pas, il n'y arrivait pas et cela termina d'installer la panique et la peur en lui.
Rapidement, ils passèrent une autre porte qui avait l'air lourdement blindée et Tsuna dû clore les yeux à la soudaine lumière trop vive qui l'inonda, violente. Il grimaça, se forçant pourtant à regarder de nouveau et ce qu'il vit lui glaça le sang, la peur augmentant lorsqu'il comprit à quoi cet endroit pouvait servir. On l'y traîna sans égard pour sa terreur et on le jeta presque sur ce qui avait tout d'une table d'opération. Une table d'opération munie de liens de contentions dans une salle qui avait l'allure d'un laboratoire d'expérimentation qu'il aurait pu voir dans il ne savait quel film. Murs, sol et plafond étaient couvert d'un carrelage trop blanc et trop parfait, une lumière puissante inondant chaque recoin. Il y avait des armoires vitrées pleines de flacons en tout genre, des machines étranges et des outils peu rassurants. Il tenta de se débattre de plus belle mais cela n'empêcha pas les deux hommes de l'attacher à la table. Son cou, ses bras, ses poignets, son ventre, ses cuisses et ses chevilles enserrés dans des liens serrés. D'autres hommes en blouses entrèrent, tous masqués, tous habillés de la même manière.
- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-il avec crainte. Qu'est-ce que vous faîte ? questionna-t-il la voix tremblante.
- « Ils ne te répondront pas mon cher. » Fit soudain une voix étrange.
Un violent frisson le traversa et son hyper-intuition hurla, lui faisant comprendre que le propriétaire de cette voix était certainement la source de ses soucis présents et à venir. C'était celle d'un homme assez jeune supposa-t-il et elle semblait venir de hauts parleurs, raisonnant dans toute la pièce. Il parlait japonais mais il avait un accent italien. Et il semblait très excité.
- « Ravi de te voir enfin à la maison Tsunayoshi. » reprit-il l'air enjoué en l'intriguant.
- La maison ? bredouilla-t-il complètement perdu maintenant.
- « Oui. » répondit l'autre. « Désormais nous t'appellerons sujet FF-54. Tu vivras ici et c'est ici que tu mourras. » dit-il sans une once d'émotion.
Tsuna se figea, sentant qu'il était parfaitement sérieux, choqué et terrifié d'entendre ça. Ces gens allaient-ils le tuer ? Il eut immédiatement une pensée pour Reborn et sa famille, priant pour qu'ils viennent le sortir de là, terrorisé.
- Qui êtes vous ? demanda-t-il.
- « Ton maître. Et c'est ainsi que tu m'appelleras désormais. » dit-il froidement.
- Même pas en rêve, rétorqua-t-il outré malgré sa peur.
L'autre rit, l'air amusé par un enfant boudant :
- « Je t'apprendrais ne t'en fais pas. » assura-t-il avec une fausse indulgence.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- « Nous verrons cela plus tard. Pour le moment, mettons les choses au clair. Tu es ici pour le reste de ton existence et tu m'appartiens désormais. Tu obéiras et tu feras ce qu'on te dit. Si tu ne le fais pas, cela risque d'être douloureux. » dit-il avec un amusement glacial. « Aujourd'hui, on va déjà te préparer à la suite et attendre que ton corps évacue la drogue qu'on t'a administré. Elle t'empêche de retrouver tout tes sens et toutes tes capacités physiques comme l'usage de ta flamme. Tu ne t'en serviras que lorsqu'on t'y autorisera. Le collier que tu as autour de ton cou est là pour ça. Il fonctionne avec tes flammes. Si tu tentes de t'en servir sans autorisation, si tu tentes de retirer le collier ou de l'abîmer ou s'il m'en prend l'envie, tu recevras une décharge qui te fera passer toute idée de rébellion. Démonstration. »
Une seconde plus tard, Tsuna se retrouvait à hurler sans pouvoir s'en empêcher, traversé par une puissante décharge électrique, répandant une douleur sans nom dans chaque parcelle de son être. Il se rendit à peine compte que son corps tentait de s'arquer de lui même sur la table, retenu par les liens. Sa vue s'obscurcit et il n'y eut plus que la douleur. Le supplice dura une éternité à ses yeux, son cri de souffrance raisonnant dans la pièce sans émouvoir qui que ce soit, ses yeux exorbités pleins de larmes. Lorsque cela cessa, son corps hyper tendu retomba mou sur la table, tenu en place par les attaches. Il toussa, peinant à respirer, n'y voyant plus très clair et tremblant compulsivement.
- « Tu auras compris qu'il est dans ton intérêt d'obéir. » remarqua la voix. « Je ne voulais pas que tu perdes connaissance pendant notre discussion, j'aurais été obligé de te corriger pour cette impolitesse et cela aurait retardé le début de notre projet. Tu n'as donc reçu qu'un peu moins de la moitié de la décharge que tu prendras si tu essayes d'utiliser tes flammes sans ordre de ma part ou de ceux qui s'occupent de toi, ou si tu touches à ce collier. La véritable décharge t'enverras au pays des songes pour un moment, dans la douleur et il faudra corriger cette désobéissance. »
Peinant à reprendre ses esprits, son corps pulsant encore, ses tempes battant de douleur, Tsuna remarqua à peine que les hommes en blouses s'approchaient de nouveau. S'il réalisa qu'on lui mettait quelque chose sur le visage, il ne put se débattre, n'arrivant plus à bouger un muscle. Il se retrouva avec une sorte d'épais masque noir sur la bouche, le nez et toute la mâchoire, une image de Mukuro dans la prison d'eau Vindice s'imposant dans son esprit une seconde par la ressemblance de la chose avec ce qu'il avait eu dans la prison. Le masque fut attaché derrière sa tête, serré au point de lui faire mal et il eut plus de mal à respirer, l'air passant mal à travers l'pbjet. La voix reprit alors :
- « Ce masque aussi puisse dans tes flammes pour fonctionner et là encore, si tu cherches à le retirer ou à y toucher, le collier t'enverras une décharge. Tu ne parleras avec personne sans qu'on ne l'autorise. Et si tu n'es pas obéissant... »
Tsuna entendit un petit clic et très vite, il se rendit compte qu'il n'arrivait plus à respirer. Plus un brun d'air ne parvenait à sa bouche ou son nez. Il écarquilla les yeux, gesticulant laborieusement sous la panique, cherchant désespérément de l'air sans le trouver, suffoquant. Des points noirs se mirent à danser devant ses yeux et il se sentit perdre conscience quand un autre clic se fit entendre et que l'air parvint de nouveau à ses poumons. Il toussa brutalement, sa poitrine en feu, peinant à reprendre sa respiration.
« Tu garderas désormais ce masque et ce collier jusqu'à ta mort. » cingla la voix avec un ricanement. « Maintenant, on va te poser le reste du matériel de recherche dont nous avons besoin puis tu auras droit à un peu de tranquillité pour bien comprendre ta position. Demain, nous commencerons les choses sérieuses. » annonça-t-il. « Tu vas nous permettre de réaliser de grandes choses j'en suis certain. Nous attendions avec impatience que tu sois enfin prêt à commencer mais nous avons le temps, rien ne presse. Ne t'attend pas à être sauvé. Personne n'a la plus petite idée de l'endroit où tu peux te trouver en ce moment et je doute fort que qui que ce soit ne trouve jamais ce lieu. Tu seras mort bien avant que cette base soit découverte. Quand à ta famille, ils ne te chercheront même pas parce que nous les avons persuadé de ta mort. »
Si l'affirmation aurait pu terminer de le désespérer, l'effet fut inverse grâce à son hyper-intuition lui disant que c'était un mensonge. Et même sans son intuition, il savait que de toute manière, Reborn et les autres ne seraient pas tombés dans un tel piège. Il savait, il était certain qu'ils le cherchaient déjà et il priait pour qu'ils le trouvent, ayant désormais bien saisi qu'il avait de très gros problèmes et que s'en sortir serait difficile.
« Soit bien sage FF-54, nous avons de grands projets pour toi. » termina la voix.
Elle s'éteignit ensuite et les homes en blouses continuèrent à s'affairer autour de lui sans qu'il ne puise faire autre chose que d'être simple spectateur, peinant à rester éveillé, son corps tremblant de douleur. On lui posa des électrodes sur le front, les tempes, dans le cou, sur la poitrine, les bras et les jambes. On plaça aussi un brassard au dessus de l'un de ses coudes et des bracelets étranges à ses poignets et ses chevilles. Et à sa plus grande horreur, on termina en posant des cathéters dans ses avant-bras et son cou. Il eut tout juste le temps de réaliser qu'on allait faire de lui une sorte de rat de laboratoire qu'il sombra de nouveau dans l'inconscience, épuisé et le corps douloureux.
Lorsqu'il se réveilla de nouveau, il se sentait bien moins embrumé mais toujours épuisé. Il put reprendre ses esprits et se réveiller vraiment bien plus rapidement que la première fois. Il ouvrit et referma les yeux avec un grognement à la lumière agressive qui lui brûla le regard. Il remua, parvenant à bouger assez facilement cette fois. Seulement, il était toujours attaché solidement à cette table, dans la même pièce, seul. La panique revint bien vite lorsqu'il releva les paupières et qu'il posa les yeux sur le matériel qui l'entourait. Il n'arrivait pas à comprendre ce qu'on lui voulait exactement. L'homme des hauts parleurs avait dis qu'ils avaient un projet, que cela faisait un moment qu'ils attendaient qu'ils soient prêt. Prêt pourquoi ? Est-ce que ces gens le suivaient depuis longtemps ? Pourquoi lui ? L'inconnu lui avait parlé comme s'il était sa chose, un petit animal à mâter facilement, il avait parlé de recherches. Il avait vraiment un très mauvais pré-sentiment et son hyper-intuition semblait bien d'accord. Il avait dit qu'il allait leur permettre de réaliser de grandes choses mais quoi au juste ? S'il continuait à penser que cela avait à voir avec les Vongola, il était désormais certain que cela le concernait lui particulièrement en premier lieu.
Ces gens avaient prévus de quoi l'empêcher d'utiliser ses flammes et avaient des équipements qui fonctionnaient aux flammes. Il avait vu ça dans le futur mais à cette époque, ce genre de choses étaient encore réservées aux manipulateurs naturels et historiques des flammes. Les Arcobaleno ou ex-Arcobaleno, les Vongola, les possesseurs des Anneaux Mare et les Shimon. Tout cela devrait être très peu développé et à l'état de prototype. Du moins, c'était ce qu'il croyait. Alors c'était étrange et inquiétant. Voyait-il là les prémices de toutes les avancées qu'il avait vu dans le futur en matière de flammes ? Avec ce qu'il s'était passé, il savait que le futur qu'il avait vu était désormais celui d'un univers parallèle et que le sien serait différent mais cela donnait une idée de ce qui pouvait arriver. Le développement de tout ce qui entourait les flammes de la dernière volonté était presque une évidence, tous enviant cette puissance désormais plus ou moins connue à ceux qui la possédaient et savaient s'en servir. Alors était-ce de cela qu'il s'agissait ? Ou d'autre chose ? Une chose était pourtant quasiment certaine : cela devait concerner ses flammes alors qu'il ne voyait pas ce qu'il aurait pu avoir de particulier autre que cela digne d'intérêt.
Il tenta de bouger un peu, son corps perclus de courbatures le faisant grimacer. Il ne put faire grand chose alors qu'il était toujours fermement attaché et il eut beau tester les liens, il comprit rapidement qu'aucun ne bougerait. Le seul moyen de les faire céder aurait été d'utiliser sa flamme mais s'il le faisait, il recevrait une décharge qu'il n'avait aucune envie de revivre. Mais s'il restait attaché là, il n'aurait jamais aucun espoir de fuite. Pour pouvoir s'échapper de là, il devait pouvoir bouger un minimum. S'il restait ainsi, jamais il ne pourrait faire quoi que ce soit. Et puis, peut-être que l'homme avait menti pour l'intimider, c'était une habitude pour des types comme lui. S'il avait été naïf autrefois, il ne l'était plus désormais et il savait qu'il ne fallait pas croire les gens sur parole. Mais en même temps, son hyper-intuition ne lui avait signalé aucun mensonge lorsque l'homme avait fait cette menace. Il retourna le problème un moment dans sa tête, fermant les yeux pour tenter d'échapper à la lumière trop puissante de la pièce. Il en vint finalement à décider d'essayer, refusant de rester là sans rien faire. Il devait savoir ce que ce collier l'empêchait de faire, seulement alors, il saurait ce qu'il pouvait tenter.
Il se concentra alors, heureux de retrouver un contact plus facile avec sa flamme. Il régula sa respiration et se calma autant que possible, se détendant. Activer sa flamme sans aucune aide n'était pas un exercice facile et il ne le maîtrisait absolument pas mais il n'avait vraiment pas le choix. Il connaissait le principe, tout dépendait de lui et de sa volonté. Il fit tout ce qu'il put, commençant par faire circuler sa flamme dans son corps comme il pouvait le faire pendant un combat pour attaquer ou se défendre. C'était loin d'être aussi puissant qu'en hyper-mode mais il sentait cette douce chaleur couler en lui. Seulement, il eut à peine le temps de commencer, de faire couler un peu de pouvoir en lui qu'une violente décharge lui traversa le corps, le faisant hurler dans son masque. Son corps se mit à bouger tout seul, luttant contre les liens sous l'abominable douleur. Il eut l'impression de brûler vif et d'être transpercé par un millier d'aiguilles, les yeux exorbités. La souffrance dura une éternité avant de cesser et de le laisser tomber dans le noir. Il perdit conscience sans pouvoir y faire quoi que ce soit, ayant à peine le temps de réaliser qu'il ne pourrait pas utiliser sa flamme.
Le réveil avait été douloureux et cette fois les hommes en blouse étaient revenus. Tsuna avait à peine eu le temps de reprendre ses esprits que la voix qui lui avait parlé raisonnait de nouveau dans les haut-parleurs, glaciale. L'homme qui semblait diriger cet endroit et qui se voulait son maître avait été furieux, visiblement au courant de sa petite tentative. Il avait alors compris qu'il était certainement surveillé avec des chances que ce fichu collier prévienne s'il essayait d'utiliser ses flammes. La voix l'avait réprimandé et il avait eu droit à une série d'autres décharges comme punition pour sa désobéissance. Cela avait été un supplice atroce et à chaque fois qu'il avait presque perdu connaissance, on l'avait réveillé. Lorsqu'on l'avait enfin laissé, il tremblait compulsivement de souffrance, les larmes coulant en abondance alors qu'il peinait à respirer, gémissant sans contrôle. La pièce s'était vidée, le laissant seul attaché à la table sous cette lumière lui brûlant les yeux et enfin, il avait pu sombrer dans le noir pour fuir la souffrance.
Au réveil suivant, le fameux projet de ces gens avaient pu commencer. Deux hommes cette fois-ci entièrement habillés de noir, eux aussi masqués, étaient venus le détacher sous la surveillance des blouses blanches. On l'avait traîné vers la seconde porte blindée de la salle, on l'avait ouverte et on l'avait jeté de l'autre côté sans ménagement. Il s'était alors retrouvé dans une immense pièce ressemblant aux salles d'entraînements souterraines qu'il avait utilisé dans la base Vongola du futur, les murs blancs et la lumière aveuglante. La porte s'était refermée derrière lui, le laissant là seul et libre de ses mouvements. Quelle n'avait pas été sa surprise de tomber sur sa paire de moufles jetée au sol un peu plus loin. Abasourdis, il était resté figé, ne comprenant pas et la voix avait rapidement raisonné autour de lui dans les hauts-parleurs :
- « Bien mon petit FF-54. » Avait-elle commencé l'air enjouée. « Nous allons enfin pouvoir commencer. Nous avons récupéré tes gants chez toi, ils vont t'être utiles. Prend les et passe les, ordonna l'homme. »
Hésitant, Tsuna les avait pourtant pris, ne comprenant pas pourquoi on lui donnait ses armes mais bien heureux de les retrouver. À peine les avait-il passé qu'un coup de feu le surprit. Quelque secondes plus tard, son front et ses poings s'embrassaient de ses flammes du ciel, le laissant choqué. Une balle de la dernière volonté. Il le comprit dés qu'elle avait atteint sa tête et activé ses flammes, le faisant passer en hyper-mode. Il resta pétrifié, ne comprenant vraiment pas pourquoi on faisait cela mais une autre question se posa aussi sur le champs : d'où venait cette balle bon sang ? Bien sûr, il avait bien compris qu'il devait y avoir un tireur quelque part mais ce n'était pas en ce sens qu'il se posait cette question. Ces balles spéciales étaient propres aux Vongola. Reborn lui avait assuré que seul les Vongola savaient les fabriquer et en possédaient, son tuteur se fournissant exclusivement auprès d'eux. Et il savait aussi que très peu de gens étaient autorisés à en avoir par le neuvième lui même. Alors comment ces gens pouvaient-il en avoir ? Il savait qu'il n'allait pas du tout aimer la réponse lorsqu'il l'aurait.
Il sortit pourtant bien vite de ses pensées lorsqu'une grande porte s'ouvrit à l'autre bout de la salle, coulissant vers le haut. Il écarquilla les yeux lorsqu'une série d'une dizaine de machines ressemblant étrangement à des mosca entrèrent, le passage se refermant derrière eux. Ils avancèrent à s'alignèrent sagement à plusieurs dizaines de mètres de lui et il se tendit, croyant deviner ce qui allait se passer. Il scruta les engins, peu rassuré par leur armement lourd et la voix reprit joyeusement :
- « Maintenant, tu vas te battre FF-54. Il n'y a qu'ici qu'on t'autorisera à te servir de tes flammes et n'espère pas pouvoir t'échapper. Cette salle est conçu pour aspirer tes flammes ou l'énergie de tes coups s'ils touchent les murs ou les portes alors même en y mettant toute ta force, tu ne pourras pas sortir. Mais cela à l'avantage de permettre que tu te défoules ici. Bat toi. Si tu ne le fais pas, tu seras mis en pièce. »
Une seconde plus tard, les yeux des androïdes s'illuminèrent et ils se jetèrent sur lui à toute vitesse, attaquant. Ce fut à ses réflexes que Tsuna dû sa première esquive, sortant brusquement de sa confusion. Il se mit en mouvement, grimaçant à son corps endoloris et à sa faiblesse présente. Mais il n'avait pas le choix. Il sentait et voyait parfaitement que ce n'était pas du bluff, ces machines se jetaient vraiment sur lui pour le blesser et son intuition criant au danger de mort lui confirmait qu'il ne valait mieux pas prendre de coup. Il s'échina à esquiver comme il pouvait, assaillis pas la dizaine aussi bien au sol que dans les airs, les machines ne lui laissant pas une seconde de répit. Il réfléchit. Qu'est-ce que ces gens voulaient en le faisant combattre ainsi ? Une image de Spanner analysant ses données de combat dans cette simulation avec les mosca dont-ils s'étaient servis dans le futur lui revint. Cherchaient-il à scruter son style de combat ? Ses flammes ? Il y avait de bonnes chances. Seulement, il n'était pas du tout décidé à les aider. Il fit ce qu'il put pour en faire le moins possible et utiliser ses flammes au minimum pour éviter d'être tué par ces machines. Il se contenta d'esquive et de défense, mais il n'en fit guère plus. Ces ravisseurs pouvaient peut-être le forcer à certaines choses mais il n'était certainement pas question de leur faciliter la tache et il ferait tout ce qu'il pourrait pour leur compliquer les choses et les ralentir. On lui avait dis qu'il mourrait ici et il en déduisait que dés que ces gens auraient obtenu ce qu'ils voulaient de lui, ils le tueraient. Faire traîner au plus était donc une priorité. Pour avoir le temps de trouver une issue, pour laisser le temps à Reborn et à ses gardiens de le trouver.
Il ne sut combien de temps il passa à se battre. De très nombreuses heures, cela était certain. Malgré ce qu'avait dis la voix, il tenta de lancer des attaques sur les murs, le plafond, le sol et les portes mais comme annoncé, il n'arriva à rien. Il ne leur infligea pas une bosse ou égratignure, choc et flammes semblant être absorbés il ne savait comment. Malgré ses efforts, au plus le temps passait, au plus il encaissait les coups, incapable d'esquiver indéfiniment. Le sang tachait sa tenue hospitalière largement déchirée et brûlée, son corps pulsant de souffrance. En sueur et tremblant, la vue brouillée après une éternité d'efforts incessants. Mais les machines ne s'arrêtaient pas. Il n'avait plus entendu la voix depuis le début et n'avait vu personne bien qu'il se doute qu'il devait être observé à distance, en ayant nettement l'impression. Épuisé, il commençait à désespérer que cela s'arrête un jour, ses flammes de plus en plus faibles, peinant à respirer entre la fatigue et le masque qu'on lui avait mis, ses côtes douloureuses après des coups reçus à cet endroit. Mais il ne devait pas s'arrêter, le danger émanant des machines bien trop présent pour prendre le risque. Malgré le calme que lui apportait son hyper-mode, il se sentait paniquer doucement, ne voyant pas comment se sortir de là, se demandant quand ils arrêteraient ça. Il était certain que cela faisait plus de vingt-quatre heures qu'il se battait lorsqu'il se retrouva au sol, paralysé par l'épuisement et la douleur, ne trouvant plus son souffle, trop pâle à cause de perte de sang dont-on voyait les traces partout. Il vit vaguement une machine s'approcher de lui, armer son bras et l'asséner durement sur lui, le plongeant dans le noir.
À partir de ce moment là, les séances de combat du genre se firent presque constantes. Sans égard pour l'état dans lequel il pouvait être, on le jetait dans la salle en lui intimant de se battre contre ce qu'on lui opposait, activant ses flammes de force par une balle de la dernière volonté. Il y avait les androïdes auxquels virent s'ajouter d'autres armes lourdes fixées aux murs. Malgré la dureté des combats, il s'acharnait à en faire le moins possible, refusant catégoriquement de faciliter les choses à ses ravisseurs qui durcissaient le combat en réponse pour tenter de le forcer à faire plus. Il l'avait bien compris mais il ne démordait pas. Rapidement, il s'était retrouvé dans un état pitoyable, couvert de blessures et d'hématomes, épuisé en permanence. Chaque séance durait une éternité, jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement en réalité et lorsqu'il avait tenté de mettre toutes les machines hors services pour arrêter ça, on lui avait envoyé une décharge pour le mettre au sol, ouvrant la porte pour en faire entrer d'autres et relancer l'affrontement. Cela n'en finissait jamais.
Lorsque cela s'arrêtait enfin et qu'on le ramenait dans le laboratoire, cela n'était pas très réjouissant. Bien sûr on lui retirait ses gants à chaque fois. Depuis qu'il était là, on ne l'avait pas autorisé à manger ou boire et c'était via des perfusions qu'on s'assurait que son corps ait ce qu'il fallait pour rester en vie. On s'occupait aussi de ses blessures un minimum pour qu'elles ne s'infectent pas et ne le tue pas, le besoin de le garder en vie se faisant nettement sentir. Mais ces soins n'étaient qu'une torture de plus pour l'adolescent. C'était à l'alcool qu'on désinfectaient ses plaies, le faisant crier de douleurs aux insupportables brûlures que cela provoquait. Lorsqu'il avait besoin d'être recousu on ne s'embarrassait guère d'anesthésie ou de douceur comme lorsqu'il avait une articulation déplacée qu'il fallait remettre en place. On ne lui laissait jamais beaucoup de repos, le réveillant durement et il était toujours inondé de cette puissante lumière électrique qui lui brûlait les yeux.
Il ne sut combien de séances de combat on lui fit endurer mais il finit par tenter de refuser catégoriquement de se battre ou de faire quoi que ce soit. Ces gens le voulaient en vie pour le moment et ça, il le savait bien, il en était certain. Ils ne pourraient donc pas faire grand chose. Aussi ce jour là, lorsqu'on activa sa flamme et qu'on lança les machines à son assaut, il ne fit rien, laissant sa flamme frontale s'éteindre toute seule. Le masque qu'il portait depuis son arrivée l'empêchait de faire entendre sa voix et même ses hurlements les plus stridents n'étaient plus que murmures à cause de lui. Il ne se fatigua donc pas à parler, ne l'ayant d'ailleurs plus fait depuis un moment, sachant qu'on ne l'entendait pas de toute manière. Il encaissa les premiers coups qui tombèrent sans rien faire, se retrouvant bien vite au sol et comme prévu, les machines s'arrêtèrent et la voix se fit entendre dans les hauts-parleurs, agacées :
- « Bat toi ! » ordonna l'homme furieux.
Tsuna se redressa péniblement, luttant contre la douleur constante qu'il ressentait désormais, une balle de la dernière volonté venant rallumer sa flamme qu'il laissa aussitôt s'éteindre, faisant ainsi comprendre qu'il refusait. Il aurait voulu lancer un regard brûlant à celui qui lui parlait mais il ne savait même pas où étaient les caméras qui le filmaient assurément pour les observateurs. Il resta sans bouger alors que l'homme renouvelait son ordre avec fureur. Une nouvelle balle fut tirée, sa flamme rallumée puis éteinte dans la foulée.
- « Tu crois pouvoir imposer ta volonté ? » demanda froidement l'homme. « Et bien voyons voir si ta volonté durera. »
Une décharge lui fut envoyée, assez forte pour le mettre au sol et le paralyser sans pour autant le faire plonger dans l'inconscience. Elle le tortura un moment, le laissant haletant et tremblant, paralysé au sol. La grande porte en face de lui s'ouvrit et les androïdes sortirent, le laissant là. Et puis un instant plus tard, des hommes en noirs et masqués entrèrent par cette même ouverture, poussant devant cinq enfants qui devaient avoir dix douze ans. Tsunayoshi écarquilla les yeux, son hyper-intuition s'affolant. Les gamins étaient comme lui habillés de vêtements hospitaliers. Mais heureusement, eux semblaient en forme bien qu'un peu minces. En revanche, ils avaient l'air terrorisés, pleurant, se serrant les uns contre les autres, gémissant de peur lorsque les hommes les poussèrent sans douceur. Tsuna tenta de bouger sans y parvenir, une nouvelle décharge venant s'assurer qu'il reste tranquille. Son corps bougea de lui même, gesticulant sur le sol sous l'effet de la décharge, retombant inerte lorsqu'elle cessa. Cela avait attiré le regard des enfants sur lui, tous l'air terrifiés en le voyant ainsi dans cet état.
- « Alors comme ça tu ne veux pas obéir FF-54. » s'amusa de nouveau la voix. « Vois les conséquences, je suis certain que cela va te plaire. »
Les hommes en noirs alignèrent les enfants à quelques mètres de lui, se tenant derrière eux et il fut horrifié de les voir sortir des armes, s'affolant complètement lorsqu'ils les pointèrent sur les enfants. Il tenta désespérément de bouger, paniqué en comprenant ce qu'ils allaient faire. Non ! Il ne pouvait pas laisser faire ça !
- Non ! hurla-t-il dans son masque. Non ! Arrêtez ! Je vais le faire ! Je vais me battre !
Une nouvelle décharge peu puissante le fit retomber lorsqu'il parvint à se redresser sur ses bras et lorsqu'elle cessa, un premier coup de feu parti. Tsuna se figea d'horreur lorsqu'il vit un enfant en face de lui prendre la balle à l'arrière de la tête, le projectile ressortant violemment par l'avant en explosant son visage et en répandant sang et cervelle partout. Il entendit les cris des autres enfants et une fureur sans nom l'envahit lorsqu'il vit un autre homme commencer à appuyer sur la gâchette. Il tenta de bouger, une nouvelle décharge l'immobilisant. Un second coup de feu partit et un deuxième enfant tomba inerte au sol. Il hurla, sa flamme se rallumant d'elle même sur son front avec puissance alors que les larmes inondaient ses yeux. Encore une fois, le collier l'envoya au tapis. Un troisième coup de feu retenti, le désespérant totalement. Une troisième jeune vie s'éteignit sous ses yeux. Il eut beau lutter et hurler, les décharges le gardèrent clouées au sol et rien n'empêcha un quatrième et un cinquième coup de feu de retentir, abattant les deux derniers gamins qui tombèrent lourdement face à lui. Il resta prostré au sol, le regard fixé sur les cadavres des enfants et leur sang s'étalant en une vaste flaque rougeoyante. Sa douleur physique n'avait soudain plus d'importance devant l'horreur, la culpabilité, la tristesse, la colère et le choc qu'il ressentait devant cette vision abominable, devant les visages défoncés pas les balles de ces enfants. Il éclata en sanglots, hurlant à s'en déchirer la voix.
- « Tu feras ce qu'on te dis FF-54. » reprit la voix alors que les hommes en noirs sortaient en laissant les cadavres sur place. « Je sais comment détruire des gens au grand cœur comme toi. Si tu n'obéis pas, si tu ne te bat pas de toutes tes forces à la prochaine séance et je dis bien de toutes tes forces. Si tu ne cesses pas sur le champs de te retenir et que tu ne te bat pas vraiment, d'autres gosses paieront pour toi. Je me fiche royalement de ces déchets. Les abattre me fait de la place dans cette base et comme tu peux le voir, ce n'est pas une menace en l'air. Maintenant, je vais te laisser réfléchir un peu et admirer les conséquences de ton insoumission. Ne me provoque plus, ce qui vient de se passer n'est rien comparé à ce que je pourrais faire d'autre. » prévint-il froidement.
La voix s'éteignit et on le laissa là, face aux cadavres de ces cinq enfants innocents qui venaient de perdre la vie cruellement. Bon sang mais pourquoi n'avait-il pas obéis ? Il pleura et hurla longuement alors que jamais de sa vie il ne s'était senti aussi mal qu'après ce spectacle atroce. Il n'y avait plus que le sang et les cadavres devant ses yeux et une douleur infinie en lui. Il savait que le monde pouvait être cruel mais la chose se faisait désormais abominablement réelle, une rage et une fureur sans nom grondant en lui envers ceux capables de tels actes. Incapable de bouger après les décharges multiples et le choc des événements, il ne put que rester là, les yeux vides posés sur les enfants, leur demandant pardon en silence. Les heures qui suivirent, on le laissa là, forcé de regarder ce spectacle sanglant et il restant dans un brouillard rouge une fois ses pleurs calmés, l'état de choc l'ayant pris. Ce fut au bout d'un temps interminable qu'un petit clic retentit et qu'il se retrouva soudain privé d'air. Il ne bougea pourtant pas, réalisant à peine et ce fut avec soulagement qu'il accueillit l'inconscience qui le prit.
Il fut surpris lorsqu'un clin d'œil plus tard, il se retrouvait dans un espace différent. Ce fut sur un immense ciel oranger qu'il rouvrit les yeux. Il regarda autour de lui, épuisé. Il flottait dans l'air et il n'y avait aucun sol en vue. Il n'y avait que ce magnifique ciel couleur de coucher de soleil, couleur de ses flammes si pures et belles. Il comprit rapidement, souriant tristement. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait ici. La première fois avait été la nuit juste après sa première balle de la dernière volonté. Il avait cru à un rêve mais cela s'était renouvelé à plusieurs occasions lorsqu'il dormait ou qu'il était profondément plongé dans ses pensées. C'était arrivé à de nombreuses reprises et particulièrement à chaque fois qu'il passait un palier dans la compréhension et la maîtrise de sa flamme. Aujourd'hui, il savait qu'il était simplement au fin fond de son propre esprit. Il se retourna et sourit doucement en voyant sa flamme, sa vie, son âme. Elle était là, immense, magnifique, puissante et belle, brûlant vivement. La première fois qu'il était parvenu à se plonger si loin en lui même, sa flamme était minuscule, tenant dans sa main. Mais maintenant, elle était gigantesque, faisant il ne savait combien de fois sa propre taille. Elle avait grandi avec lui, mûris avec lui, s'était épanouis avec lui. Au plus il la comprenait, au plus il fusionnait avec elle et au plus elle grandissait.
Ce phénomène, se retrouver devant sa flamme ainsi dans ce lieu de son esprit, il n'en n'avait jamais parlé à personne et il ne savait pas si d'autres utilisateurs de flammes avaient chose semblable. C'était son secret, son bastion d'intimité et de calme. Il avança vers sa flamme et y entra sans crainte, restant en son sein. Un calme encore plus parfait que celui de son hyper-mode l'envahit. L'harmonie du ciel. Il la ressentait plus que jamais ici et à ce moment, c'était tout ce don il avait besoin. Un moment de tranquillité loin de la cruauté qu'il était en train de subir. Il se concentra sur sa flamme pour se changer les idées, appréciant sa douce chaleur, sa puissance et le réconfort qu'elle lui apportait. L'harmonie du ciel. Reborn disait qu'il incarnait très bien cette harmonie même s'il ne s'en rendait pas compte lui même. L'harmonie, une chose qu'il aimait vraiment et une aspiration qu'il aurait voulu donner à tous.
Lorsqu'on l'avait réveillé de force, il avait été désespérer d'ouvrir de nouveau les yeux, le choc de ce qu'il s'était passé lui retombant dessus avec une atroce douleur à la fois physique et mentale. On l'avait ramené dans le laboratoire mais on l'avait changé de position. La voix de l'homme des hauts-parleurs avait dit que s'il se rebellait comme il l'avait fait, il n'avait plus droit à aucun confort. Il s'était demandé comment le changer de position pouvait être pire que d'être attaché à une table mais il avait vite compris que l'on pouvait toujours faire pire. Désormais, il était agenouillé sur une table en métal, le bas de ses jambes écartées y étant plaqués par des attaches en métal aux chevilles et sous le genou. Une ceinture reliée à la table par quatre chaînes le forçant à rester en place sans pouvoir se redresser d'un millimètre. Une autre chaîne fixée à l'avant de son collier l'obligé à rester un peu penché en avant. Ses bras enchaînés au plafond avaient été tirés droit dans son dos et relevés vers le haut, douloureusement tendu, ses épaules souffrant de la position. Une dernière chaîne avait été attaché à son masque derrière sa tête et fixée à sa ceinture, l'obligeant à garder sa tête renversée en arrière, son regard ne pouvant plus échapper aux puissantes lumières constantes. C'était une position atroce et très inconfortable, douloureuse, tirant sur ses muscles et s'il avait le malheur de tanguer d'un côté ou de l'autre, la souffrance était pire encore, tirant sur ses épaules. Et il ne pouvait toujours pas bouger ni se détacher, ses mains soigneusement tenue éloignée l'une de l'autre par une barre de fer rigide pour s'assurer qu'il ne pourrait rien faire. S'il penchait trop en avant, ses épaules souffraient atrocement et il ne pouvait se redresser, la chaîne le retenant en avant par le collier l'en empêchant.
La séance de combat suivante n'avait pas trop tardé et dans un sens, il en avait été heureux, suppliant intérieurement de pouvoir bouger après être resté dans cette position un bon moment. Lorsqu'il fut jeté dans la salle de combat, il ne put s'empêcher de revoir la scène qui s'y était produite peu avant. On avait retiré les cadavres des enfants mais il y avait toujours les traces de sang désormais sec au sol. Lorsqu'on l'enjoignit à se battre cette fois, il s'exécuta, ne voulant pour rien au monde revoir une telle chose. La scène le hantait sans arrêt. Et lorsqu'on l'enjoignit à quitter sa position défensive pour enfin se mettre à attaquer, il le fit aussi, désespéré de ne pas pouvoir faire quoi que ce soit pour résister. Il ne cessait de réfléchir à un moyen de faire quoi que ce soit mais il ne trouvait rien. Il pouvait juste survivre du mieux qu'il pouvait. Les séances de combats se durcirent franchement lorsqu'il se mit enfin à combattre vraiment et il sentit nettement qu'on cherchait à le pousser dans ses retranchements. Les armes et les androïdes ne faisaient qu'augmenter en nombre et en difficultés, en puissance et il ressortait de ces séances dans des états pitoyables. Le combat ne s'arrêtaient que lorsqu'il s'écroulait totalement d'épuisement et de douleur.
Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il était enfermé là à souffrir. Il ne savait pas si c'était ces épreuves qui avaient déclenché cela mais lorsqu'il tombait dans l'inconscience ou qu'il parvenait à se calmer voir à s'endormir, il arrivait désormais à rejoindre son bastion mental sans mal. Réfugié au plus profond de son esprit, il parvenait à échapper un instant à la douleur qu'elle soit physique ou mentale. Il parvenait à se calmer et à espérer, à retrouver un peu de force, priant pour que sa famille ou n'importe qui vienne le sortir de là. Seul, il n'y arriverait pas, ses geôliers ne laissaient pas la moindre ouverture et avaient tout prévu pour le contenir. Lorsqu'il n'était pas dans la salle de combat, il était constamment attaché dans la même position sur cette table, le collier et le masque faisant des garanties efficaces s'il tentait quoi que ce soit. Et le seul moment où il pouvait utiliser ses flammes, il était enfermé dans une sorte de bocal géant que son pouvoir ne pouvait briser pour lui permettre de s'enfuir. Quand à trouver un allier parmi ceux qui l'entouraient, il savait qu'il n'y avait aucune chance. Et quand il avait pensé que les choses pouvaient difficilement être pires, elles avaient empiré.
Ce jour là, il était en salle de combat, en pleine séance quand on l'avait arrêté, le surprenant. L'homme des hauts-parleurs était intervenu, disant qu'il ne se donnait vraiment pas à fond, qu'il voulait voir toute sa puissance. Tsuna avait senti la panique l'envahir, redoutant qu'il renouvelle les meurtres qu'il avait vu. Il faisait ce qu'il pouvait pour déployer toute sa puissance et obéir mais cela ne semblait pas satisfaire ses geôliers. Il était épuisé, couvert de blessures, souffrant de tout son corps, peinant à rester conscient... il ne savait pas comment faire plus. Pourtant, l'homme avait trouvé le moyen de le faire exploser de rage et de puissance comme jamais. Il l'avait fait en lui annonçant la mort de sa mère. Il n'avait d'abord pas voulu le croire malgré son hyper-intuition lui disant que c'était la vérité. Un écran géant été sorti du plafond pour lui montrer une vidéo. Une vidéo atroce qu'il aurait voulu ne jamais voir. Il s'agissait de la scène de son enlèvement, la caméras certainement fixée sur l'un des hommes qui l'avait enlevé.
On les voyait entrer dans le salon de sa maison à Nanimori, lui et sa mère drogués ne pouvant bouger. Il vit comment on lui avait retiré sa bague et endormis. Puis on lui avait fait de nombreuses injections avant de lui mettre à masque à oxygène et de le fourrer dans un sac de voyage noir. Cela n'avait pris que deux minutes alors que d'autres hommes avaient sorti un cadavre d'un ados de carrure semblable à la sienne d'un autre sac, lui avaient mis l'Anneau du Ciel et laissé là. On avait récupéré ses gants puis tout ce petit monde était sorti. Visiblement, seul l'homme à la caméra était resté un peu, les autres filant. On le voyait tirer un genre de roquette dans la maison qui sauta en partie puis il avait balancé une grenade incendiaire et elle avait pris feu. Sur l'écran, Tsuna n'avait pu que regarder le corps inerte de sa mère, de sa maman adorée, prendre feu, être avalé et dévoré par les flammes. Il n'avait pu y croire, un choc et une horreur sans nom le prenant. Il était tombé sur ses genoux, ne pouvant détacher ses yeux pleins de larmes du spectacle morbide de sa mère brûlant avec leur maison. Quelque chose s'était brisé en lui à cet instant alors que l'homme chantonnait qu'elle était morte, qu'il ne la reverrait jamais et qu'elle venait d'être enterrée sans lui. Quelque chose s'était brisé en lui et un torrent de fureur, de colère, de tristesse, de douleur et de haine avait déferlé en lui.
Il ne se souvenait plus de ce qu'il s'était passé, il se souvenait simplement avoir laissé ses flammes exploser, se déchaîner, espérant qu'elles pourraient effacer la douleur abominable qu'il ressentait. Sa mère, la personne la plus précieuse à son cœur... morte... C'était... il ne pouvait pas décrire à quel point c'était atroce pour lui. Il s'était déchaîné comme jamais, hurlant de douleur. Parmi toute les personnes au monde, pourquoi elle qui méritait tant de vivre ? C'était injuste et il se sentait aussi terriblement coupable. C'était à cause de lui qu'on s'était attaqué à elle. Il ne sut pas combien de temps il laissa libre cour à sa fureur et à sa tristesse jusqu'à tomber dans le noir. Il se retrouva près de sa flamme au fin fond de son esprit et même elle semblait s'être assombrie, irradiant d'une douleur infinie. Il s'était roulé en boule et avait pleuré à s'en déchirer l'âme, désespéré et ne pouvant penser à autre chose qu'à sa mère disparut.
- Comment allez vous mon oncle ? demanda en italien le jeune homme en pénétrant sur le balcon.
Il rejoignit son aîné assit là à contempler la magnifique vue dont profitait sa villa et il prit place dans le luxueux siège placé à côté du sien.
- Je vais parfaitement bien Gioele, répondit l'homme en tournant la tête vers lui. Alors, où en est-on avec notre sujet FF-54 ? questionna-t-il. Où en est la première phase ?
- Nous venons de la terminer, sourit-il.
- Oh ? dit-il l'air agréablement surpris. Tu as réussi à le pousser à montrer son plein potentiel ?
- Le faire craquer n'a pas été difficile. C'est un faiblard. C'est à se demander comment un être aussi pathétique peut avoir une si puissante flamme, soupira-t-il. J'ai commencé par abattre quelques cobayes devenus inutiles devant lui pour le convaincre de se battre puis la vidéo de la mort de sa mère l'a fait exploser, s'amusa-t-il. Nous avons pu faire tout les relevés et les analyses que nous voulions.
- Parfait. Cela t'aura pris moins de trois semaines. Nous avions prévu un mois. C'est vraiment parfait. Et les Vongola ?
- Ils le cherchent assidûment mais ils n'ont rien et aucune piste sans parler du fait que nous avons les moyens de les détourner efficacement du bon chemin à suivre pour mener à FF-54. Ils ne le retrouveront jamais et au plus le temps passera, au plus ils perdront espoir et au moins ils seront efficaces.
- Il paraît que l'ex-Arcobaleno, Reborn, le cherche avec grande énergie, s'amusa-t-il.
- Qui aurait cru qu'un hitman d'élite comme lui aurait pu s'attacher à un minable pareil à ce point. Mais il pourra chercher autant qu'il veut, il ne trouvera rien. Toutes les précautions ont été prises et aucune imprudence ne sera permise. Nous allons nous débarrasser des derniers cobayes et restes de recherches inutiles qui se trouvent dans la base avec FF-54 et toute l'équipe va se concentrer uniquement sur lui. Il ne restera que le sujet, nos hommes et les sujets d'Aurore dans la base. Juste ce qui concerne FF-54 et rien d'autre. Personne n'entre ou ne sort depuis qu'il est là bas et personne ne savait avant qu'il n'arrive. Pas de moyen de communication avec l'extérieur sans passer par moi. Personne là bas ne pourra trahir et personne en dehors ne sait si ce n'est nous alors ils ne le trouveront jamais. Ils pourront chercher autant qu'ils veulent. Qu'ils s'épuisent donc.
- Et quels sont les résultats pour FF-54 ? Est-il à la hauteur ?
- Le professeur Aiolois est sur-excité, s'amusa-t-il. Le moucheron dépasse toute nos estimations contre toute attente. Incompréhensible. Quoi qu'il en soit, si le projet ne fonctionne pas avec lui, il ne fonctionnera avec personne. Mais il y a de grandes chances pour que cela fonctionne. Avec une flamme du ciel aussi puissante et pure, ça fonctionnera. L'harmonie incarnée, rit-il. L'harmonie qui va nous permettre de répandre le chaos. Il fera une arme parfaite et très puissante. Il nous permettra de mettre la mains sur les Vongola, la mafia entière et le monde suivra.
- Quand commencez vous les inoculations de flammes ?
- Dés qu'il se réveillera. Son explosion l'a quelques peu mis dans un état critique, rit-il. Ils sont en train de le soigner, on a été obligé d'utiliser un peu de flammes du soleil pour le soigner. On commence dés qu'il sera stable.
- Par quelle flamme commencez vous ?
- Le prof pense commencer par la pluie, la plus calme pour voir comment il réagit. On va faire les flammes du Ciel puis de la Terre et enfin de l'Aurore. Avec la flamme de la nuit ça fait vingt et une flammes à ancrer en lui. À raison d'une flamme toutes les deux semaines environ ça va nous prendre un peu moins d'un an pour terminer. Quand il aura toute les flammes, il va atteindre une puissance démentielle, s'excita-t-il. Quand se sera fait, on aura plus qu'à briser et détruire son esprit totalement pour prendre le plein contrôle de sa personne et de tout le pouvoir qu'on lui aura donné. Et on aura l'arme ultime. Rien ne pourra vaincre une chose pareille.
- Après toute ces décennies de travail, soupira l'autre. Nous touchons enfin au but. Prend ton temps pour bien faire les choses, nous n'avons qu'une chance avec un seul sujet.
- Ne vous en faîte pas mon oncle, ça marchera. Dans un an peut-être deux, nous aurons enfin ce que nous voulons.
Ce fut encore avec cette douleur atroce autant du cœur que du corps que Tsuna se réveilla de nouveau dans ce laboratoire trop blanc, trop lumineux. Les larmes se remirent à couler lorsqu'il repensa encore à sa mère, anéanti. Il se sentait atrocement mal comme jamais et pour la première fois de sa vie, il n'avait plus envie de se battre. Il voulait mourir et que tout ça s'arrête. Il ne sut pas combien de temps cela avait duré alors que plus rien d'autre que la douleur de son âme n'attirait son attention. Il s'était réfugié autant que possible au fin fond de son esprit, au creux de sa flamme alors que son ciel intérieur s'était assombris. Un ciel désespérément seul, sans nuage, sans tempête, sans pluie, sans foudre, sans brouillard, sans soleil, sans rien. Un ciel atrocement vide et inerte. Il n'aurait su dire combien de temps il resta enfermé là mais ce fut en réalisant que la chaleur de sa flamme aurait pu ressembler à cette de sa mère qu'il commença à se réveiller. Rien n'apaiserait la souffrance de cette perte mais il repensa à sa mère, à son sourire et à ce qu'elle aurait pensé de lui en le voyant rester dans cet état. Elle n'aurait pas voulu qu'il se laisse aller au point de vouloir la mort, elle aurait voulu qu'il se batte et qu'il s'en sorte. Il devait faire ça pour elle. S'en sortir et la venger. Ce fut cette idée qui lui permit de tenir et de se réveiller pour se retrouver de nouveau enchaîner dans cette position atroce entouré de ces blouses blanches.
Il n'avait pas fallut très longtemps pour qu'il entende de nouveau cette voix désormais haïs. L'homme lui avait expliqué avec enthousiasme qu'ils avaient terminé la première phase et qu'ils avaient désormais tout ce qu'il leur fallait pour passer à la phase suivante. On lui avait annoncé qu'on allait lui inoculer des flammes qui n'étaient pas les siennes et qui n'étaient pas des flammes du ciel. On voulait lui donner les autres flammes aussi un peu sur le modèle de ceux qui avaient naturellement la maîtrise de plusieurs flammes. Il apprit alors que le projet FF voulait dire Fusion de Flammes, le but étant de créer un être capable de maîtriser toute les flammes. L'homme expliqua rapidement que cela faisait des décennies qu'ils travaillaient sur cette idée et faisaient des recherches sur les flammes. Il n'était pas leur premier essai, il était le cinquante quatrième. Aucun n'avait survécu avant lui, cette information l'ayant paralysé d'effroi. Mais visiblement, l'homme et ses scientifiques avaient très bon espoir avec lui.
Ce fut ce jour là qu'il comprit le « pourquoi lui ». Ce n'était pas spécialement parce qu'il était le Decimo Vongola, c'était pour sa puissante flamme du ciel. Visiblement, leurs meilleurs essais avaient été avec les porteurs de la flamme du ciel, sa propriété d'harmonie permettant à son porteur d'accepter les autres flammes et de les maîtriser. Seulement, pour pouvoir faire accepter toutes les flammes à une seul porteur, il fallait une très puissante flamme du ciel. Ils n'en n'avaient pas trouvé jusqu'à lui. Ils l'avaient repéré il y avait longtemps déjà et ils avaient attendu qu'il développe suffisamment sa flamme. Son dernier combat avec Bermuda les avaient convaincu qu'il était prêt et ils avaient donc décidé de l'enlever pour commencer. Leurs test sur sa flammes avaient confirmé leur idée et ils voulaient donc s'y mettre. Tsuna se demandait vraiment pourquoi ils voulaient lui donner plus de puissance ? Croyaient-ils qu'ils les aideraient pour quoi que ce soit ensuite ? Hors de question. Mais malgré son incompréhension, il avait cependant compris ce qui allait se passer et il avait aussi compris que ça n'aurait rien d'agréable. Il n'avait alors pas idée à quel point...
Lorsqu'ils commencèrent, il se retrouva toujours attaché sur cette table, entouré de machines aux quelles étaient reliées des dizaines de longues aiguilles qui vinrent l'entourer. Il eut bien du mal à ne pas paniquer mais il ne pouvait même pas se débattre alors qu'on lui avait administré de puissantes drogues pour qu'il ne bouge pas. Il n'avait pu que subir lorsqu'ils avaient allumé leurs machines et que les aiguilles s'étaient rapprochées pour venir se planter profondément dans tout son corps, lui arrachant un cri de douleur étouffé par ce masque qu'on ne lui enlevait jamais. Il avait pu apercevoir des flammes de la pluies enfermées dans des cylindres, ces même flammes qu'on commença à lui injecter quelques instants plus tard. La douleur avait été abominable, absolument abominable et il avait hurlé jusqu'à se briser la voix. Le supplice avait duré une éternité, sa vue brouillée et son ouïe assourdie le coupant de ce qu'il se passait autour de lui. Cela s'était terminé en le faisant sombrer dans le noir.
Il s'était alors retrouvé dans son propre esprit, auprès de sa flamme et là, dans son vaste ciel intérieur, il avait vu naître une flamme de la pluie. Elle faisait sa taille, restant bien plus petite que sa majestueuse flamme du ciel, et elle flottait tranquillement non loin. Il fut lui même stupéfait de voir que la chose fonctionnait. Il s'était approché de la flamme de la pluie et y avait plongé une main, l'énergie familière lui faisant penser à son gardien de la pluie. Il s'était demandé s'il pourrait vraiment s'en servir et ses ravisseurs s'étaient posés la même question. Lorsqu'il s'était réveillé, on l'avait jeté en salle de combat et sommé de se servir de ses nouvelles flammes. La séance avait été une torture. Après l'inoculation, tout son corps était douloureux, lui donnant l'impression de brûler vif. Il était épuisé, pas très alerte, la vison flou. Alors devoir combattre et utiliser sa nouvelle flamme avait été terrible. Seulement, la menace d'une autre exécution était encore vive à son esprit et il était hors de question de risquer la vie d'autres innocents. Il s'était donc efforcé de le faire, tentant de se souvenir de tout ce que Takeshi avait pu lui dire sur sa flamme, comme sur ce qu'avait pu dire Reborn ou d'autres, mettant en pratique tout ce qu'il savait et toute l'expérience qu'il avait. Cela avait été laborieux mais il était parvenu à nimber ses gants de flammes de la pluie, la chose l'ayant laissé exténué, palettant et tremblant, affalé au sol. Mais cela avait suffis à ses tortionnaires. On l'avait alors ramené au laboratoire, rattaché sur la table et on avait mis en place les perfusions pour le nourrir et l'hydrater, les scientifiques disant qu'il devait rester en bon état pour les inoculations suivantes.
On l'avait laissé se reposer pour la première fois depuis qu'il était là mais ça n'avait pas duré longtemps. On l'avait vite renvoyé en salle de combat pour lui faire utiliser sa nouvelle flamme pour l'entraîner et analyser, reprenant les séances de combats ardues jusqu'à l'épuisement. Cela dura quelques temps, il n'aurait su dire combien, n'ayant plus aucune notion de temps. Aucune lumière naturelle n'arrivait dans le laboratoire ou la salle de combat, seuls endroits où il allait et les lumières électriques étaient étaient toujours allumées. Jamais il n'aurait cru pouvoir autant souhaiter un moment d'obscurité, ses yeux le brûlant d'être ainsi constamment exposé aux lumières puissantes.
La seconde inoculation arriva, la torture atroce recommençant sans que personne ne se soucie de son état désastreux ou de sa douleur. La seconde flamme fut celle de la foudre et cela se passa de la même manière que la première fois. Une flamme verte apparut dans son ciel intérieur, de taille identique à celle de la pluie, flottant tranquillement autour de celle du ciel, comme gravitant autour d'elle. Dans le temps qui suivit, on le força de nouveau à se battre et à utiliser cette nouvelle flamme, ce qu'il parvint à faire. Les inoculations continuèrent alors à s'enchaîner dans un rythme régulier, entrecoupé de ce qui lui semblait être des jours de séances de combat et d'analyse. Autour de lui, l'homme des hauts-parleurs et les scientifiques semblaient de plus en plus excité alors que visiblement, il dépassait leurs espérance. Cela n'était pas pour lui plaire mais son soucis principal était de tenir le coup, son monde s'étant transformé en un monde de souffrance constante. Il avait bien du mal à suivre ce qu'il se passait autour de lui, essayant pourtant d'écouter et de comprendre les conversations en italiens de ceux qui l'entouraient, espérant récolter quelques informations.
Après la foudre, ce fut le brouillard, puis la tempête, le soleil et le nuage, son ciel intérieur se remplissant doucement. Il commençait pourtant à ressentir la tension que toutes ses flammes provoquaient en lui, chacune cherchant à prendre l'ascendant comme pour être son unique flamme. Entre ce qu'il entendait des hommes en blouses et ce qu'il constatait, il avait compris que les flammes s'affrontaient entre elles pour trouver leur place qu'elles n'avaient pas eu naturellement. Il avait aussi compris que ces flammes avaient été prises à des porteurs vivants à qui on avait aspiré leurs flammes, les tuant dans le processus. Puis elles avaient été conservé pour être utilisées plus tard. Il avait aussi entendu que dans leurs précédentes expériences, ils n'avaient inoculé qu'une petite partie de ces flammes mais qu'avec lui, ils injectaient la flamme d'une personne toute entière, semblant penser que cela facilitait le processus, la survie et l'ancrage de la flamme en lui et on se fichait que cela rende l'opération encore plus douloureuse et brutale pour lui. Une inoculation avait visiblement trois issues possibles : la réussite, l'évaporation pure et simple de la flamme ou la mort du sujet. Et de ce qu'il avait saisi, la flamme utilisée étant à l'origine la flamme principale de son porteur, elle cherchait à reprendre cette place principale en lui, quitte à affronter les autres flammes et à le tuer.
Tsuna avait vite compris qu'il devait batailler en lui même pour contrôler toutes ces flammes, les stabiliser pour qu'elles ne le tuent pas et trouvent une place secondaire. Heureusement, manipuler ses flammes au plus profond de lui même n'activait pas le collier. Chaque inoculation commençait à se transformer en combat intérieur. Pour arriver à maîtriser tout ça, il s'appuyait sur son hyper-intuition qui l'avait toujours aidé dans le contrôle de sa flamme et son apprentissage et il se servait plus que jamais du facteur d'harmonisation de sa flamme du ciel. Le temps où il n'était pas réveillé à souffrir et se battre, il le passait dans son bastion intérieur à se concentrer pour maîtriser tout ça. C'était un enfer mais il refusait de mourir, de laisser tomber. Il luttait. Il ne savait pas comment mais il finirait bien par trouver un moyen de sortir de là et toutes ces flammes pourraient assurément lui servir. De toute manière, il ne pouvait pas empêcher les inoculations. Tout ce qu'il pouvait faire était de faire en sorte d'y survivre et de maîtriser ces flammes au mieux.
